#Essais

La consumation. Une métaphore de la pensée littéraire chez Bachmann, Plath et Duras

Catherine Lemieux

J'entends par consumation un acte excédant les exigences du bon sens, exigences auxquelles se plie l'individu qui voudrait seulement — quelle humilité! — l'accroissement des richesses et du pouvoir. Dans le domaine de la connaissance, la consumation désigne une activité spirituelle irrécupérable en ce qu'elle ne se solde pas par une nouvelle ligne au CV ou une promotion pour penseur patenté. Elle se distingue de la consommation culturelle et protège de son infirmité érudite : le trouble anxieux de qui se goinfre de toutes les grosses Lettres de l'humanisme et peine à les métaboliser. La consumation est irréductible aux conditions du marketing intellectuel visant à la maximisation du rendement, principe dont découle le fameux et malheureux impératif publish or perish. On remarque ces dernières années une prolifération d'appellations conceptuelles branchées qui témoignent de cette marchandisation du savoir. Le consumérisme académique assigne la pensée littéraire à la résolution — supposée "effective" — de problèmes. Ces pseudo-problèmes — on aime qu'ils soient éthiques, politiques ou, encore mieux, économiques — désancrent la littérature de son port d'attache : la vie spirituelle.

Par Catherine Lemieux
Chez Nota Bene Editions

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Critique littéraire

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12/08/2019 321 pages 25,00 €
Scannez le code barre 9782895186687
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