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9782907883610

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Sociologie

Antigone encore les femmes et la loi

Suivant le fil des questions posées par Virginia Woolf dans Trois Guinées, Françoise Duroux découvre ici une Antigone non pas "contre" la loi, mais "obstinée à découvrir la loi" — la Loi universelle qui rend tous les humains égaux devant la mort, celle qui ne confondant pas justice d'en haut et justice d'en bas constitue sans doute la condition de la citoyenneté effective de tous les humains, hommes et femmes. Il s'agit ici de l'Antigone de Sophocle et des lectures multiples et contradictoires qu'en ont données Anouilh (qui la voyait fasciste), Brecht (qui la voulait rebelle) Goethe et Lacan après lui (qui la campent en "hérault" d'une éthique dont le pouvoir ne saurait satisfaire les exigences). Or, soutient Françoise Duroux, ce qui est ici en question c'est la différence des sexes, le partage entre hommes et femmes, et pour finir l'impossible inscription d'une position féminine dans les réalités de la construction et de l'exercice du politique. L'"obstination" d'Antigone, son désir et sa volonté, l'auteur les retrouve notamment dans leurs aléas tragiques et historiques, chez la Camille d'Horace, chez Théroigne de Méricourt, chez les Mères de la place de Mai qui manifestent à Buenos Aires. Autant de cas où l'enjeu est chaque fois de réintégrer dans le champ du politique quelque chose "du féminin." susceptible de déplacer le cadre biologique, naturaliste, de passer de la loi du genos à celle de la philia.

10/1993