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9782738417442

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L'entrepreneur africain face au défi d'exister

L'entrepreneur africain, après 30 ans d'indépendances nationales, est affligé de tares incompatibles avec sa profession et, de plus, il doit évoluer dans un milieu défavorable. Plusieurs complexes, en effet, assaillent notre fantassin du développement économique. D'abord, un sentiment d'infériorité vis-à-vis du Blanc. Ensuite, la dévalorisation de sa culture au profit des critères occidentaux. D'où une non-confiance en soi et en son milieu et un conflit permanent qui en résulte : "l'esprit d'entreprise", s'il veut triompher doit-il faire fi de la redistribution traditionnelle des richesses au sein de la famille élargie (qui tarit bénéfice, investissement voire même capital ! )? l'entrepreneur doit-il devenir "l'égoïste" réprouvé et isolé par sa société ? Enfin, sa connaissance du champ économique global est peu élaborée et contribue à sa fragilité. Les tares externes sont tout aussi pesantes : une fiscalité écrasante exercée par son Etat souvent la proie d'un tribalisme exclusif, et une concurrence déloyale de la part de ses collègues européens quand ce ne sont pas des multinationales géantes. Le trio Etat/Bailleurs de fonds/Firmes étrangères achève d'étouffer la faible pratique entrepreneuriale africaine. En définitive, seul le "secteur informel" tourne : il fait appel aux réflexes culturels locaux (réseaux de solidarité, tontines, responsabilités hiérarchisées, services miniaturisés, produits adaptés, etc.). On est loin de l'entreprise livrée "clé en main"! Face aux 1001 termitières et fondrières qui minent les petits patrons et leur terrain d'action, il est évident que la culture d'entreprise africaine ne doit pas copier son homologue occidentale si elle veut survivre et progresser. Elle doit s'enraciner dans son terroir et savoir apprécier et mobiliser les forces et initiatives locales. Une Afrique moderne viable, enfin indépendante, est à ce compte-là.

12/1993