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9782213651347

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Philosophie

Notre humanité. D'Aristote aux neurosciences

Les idées ne mènent pas le monde. Pourtant, les représentations que les hommes ont de leur humanité le font tourner dans un sens ou dans l'autre. A l'origine des grandes révolutions scientifiques, il y a une idée philosophique de l'homme : l'" animal rationnel " de l'Antiquité est lié à la naissance des sciences naturelles ; à l'âge classique, l'" âme étroitement unie à un corps " de la métaphysique cartésienne est indissociable de la physique mathématique ; le "sujet assujetti" du structuralisme était l'objet privilégié des sciences humaines triomphantes du siècle passé ; et le vivant défini par ses " capacités cognitives " marque la victoire actuelle des neurosciences. Chaque définition de l'homme charrie aussi son lot de croyances morales et d'idéologies politiques, d'autant plus puissantes qu'elles semblent soutenues par les certitudes scientifiques de leur époque. Derrière l'esclavagisme ou le racisme, à l'origine du totalitarisme ou des formes les plus subtiles de l'antihumanisme contemporain, se trouve une définition de notre humanité. C'est toujours au nom de ce qu'est l'homme ou de ce qu'il doit être que l'on prescrit ce qu'il faut faire et ne pas faire. L'idée d'humanité se situe à l'entrecroisement d'un rapport aux savoirs qu'elle permet de garantir et d'un rapport à des normes qu'elle permet de fonder. Elle est donc l'enjeu de toutes les querelles de légitimité. Quelle idée de l'homme pouvons-nous encore avoir aujourd'hui qu'on le décrète un " animal comme les autres " ? Que reste-t-il de notre humanité si elle ne peut plus se définir par sa place entre divinité et animalité ? L'" animal rationnel " n'a pas dit son dernier mot. Pas plus que l'humanisme, que l'on annonce pourtant " épuisé ".

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Notions

Notre humanité. D'Aristote aux neurosciences

A l'origine des grandes révolutions scientifiques, il y a toujours une idée philosophique de l'homme. L' "animal rationnel" de l'Antiquité est lié à la naissance des sciences naturelles. A l'âge classique, la métaphysique cartésienne est indissociable de la physique mathématique. Au siècle passé, les sciences humaines prenaient pour objet le "sujet assujetti" du structuralisme. Enfin, le vivant défini par ses "capacités cognitives" marque la victoire actuelle des neurosciences. Chaque définition de l'homme charrie son lot de croyances morales et d'idéologies politiques. Au fondement de l'esclavage ou du patriarcat, derrière le châtiment promis aux homosexuels ou à la condamnation de l'homophobie, à la racine des droits humains ou de l'antispécisme, il y a forcément une conception de l'être humain. Aujourd'hui, on fait de l'homme un "vivant comme les autres" . L' "animal rationnel" n'a pas dit son dernier mot. Pas plus que l'humanisme, que l'on croit dépassé. Professeur émérite au département de philosophie de l'Ecole normale supérieure, Francis Wolff est notamment l'auteur dans la collection "Pluriel" de Penser avec les Anciens (2016), Pourquoi la musique ? (2019), Dire le monde (2020) et Plaidoyer pour l'universel (2021).

01/2023