Hachette ne fera pas de commentaires, mais la signature d'un accord avec Apple place le groupe en fausse position de précurseur en France sur le domaine pour l'iPad, tous les autres restant à peu près silencieux. Bilan des courses, l'avis d'Arnaud Nourry, le PDG, devient intéressant.
Mais en la matière, si la presse est en fête, quid du livre sur la tablette de Cupertino ? Eh bien... c'est pas pareil : les contenus d'un éditeur (ses oeuvres ?) sont « exclusifs et donc irremplaçables ». De la sorte, on ne peut comparer ce modèle à celui de la presse, parce que l'on retrouve facilement les articles d'un même sujet sur tel ou tel autre journal. Donc le livre est unique, qu'on se le dise.
C''est cette unicité qui aurait d'ailleurs pesé : « Les éditeurs américains ont ainsi résisté à une tarification qui mettait en péril nos maisons, les auteurs et le réseau de librairies. L'arrivée d'Apple a changé la donne depuis, puisqu'ils ont donné une place éminente au livre sur leur machine », explique le PDG de Hachette dans un entretien accordé au Nouvel Observateur.
Le livre de poche ? Le sujet qui fâche, passons
Et fort de son regard de part et d'autre de l'Atlantique, Arnaud Nourry peut assurer que « le marché du numérique n'a pas cannibalisé celui du papier ». La transformation numérique est en marche, mais pas encore achevée cependant. Ce n'est que du bout des lèvres qu'il amorce les menaces qui pèseront sur le livre de poche, estimant toutefois que l'on ne peut pas encore en juger. Et pourtant, ça doit turbiner sec chez Hachette pour trouver une solution : le livre de poche est directement concerné par les ebooks, dont le tarif sera clairement plus attrayant...
Politique tarifaire, justement : « En France, il faut que nous visions pour le numérique des tarifs de 20 % à 25 % inférieurs aux tarifs des livres traditionnels. » Ce qui se passe, évidemment de commentaires. Et le PDG d'assurer qu'une loi fixant un prix unique pour le livre numérique est clairement attendue par le groupe pour s'épargner les désordres commerciaux constatés outre-Atlantique.
Libraires, nous vous avons compris !
Et quid des librairies ? Difficile de dire qu'elles seront frappées elles aussi, mieux vaut annoncer que c'est un tout autre marché qui va s'ouvrir. D'ailleurs, Numilog, ePagine, Eden et ePlateforme vont ouvrir une plateforme commune pour ce faire, à leur intention, pour simplifier l'achat d'ebooks. « Ainsi, les clients attachés aux conseils de leur libraire habituel pourront-ils acheter et télécharger sur place ou sur le site de ce libraire. »
Et de rassurer largement : « Et je le répète aux libraires français : ils ne doivent avoir aucun doute. Tous les acteurs français du livre tiennent au maintien du réseau de librairies indépendantes. » Nous sommes loin de la volonté hégémonique tout juste voilée d'un Numilog réunifiant tous les acteurs de bonne volonté...
Passons rapidement sur la fonctionnalité exceptionnelle du petit Larousse pâtissier, dont les pages tournent quand on souffle dessus, « très utile quand on a les doigts pleins de farine ». Ça, c'est de l'évolution éditoriale et de l'ebook augmenté !
15 % du marché, d'ici 5 ans. Sûrement, oui
Or, peut-être qu'il n'est pas utile de se précipiter, de toute manière, puisque le numérique ne « prendra pas plus de 15 % du marché de l'édition dans les cinq ans qui viennent. Et comme ces 15 % se répartiront entre de nombreux distributeurs, ils ne représenteront pas une part inquiétante de notre chiffre d'affaires ». Et même si dans l'ensemble tout va très vite, Arnaud Nourry, reste « optimiste » sur le sujet.
À 25 % de moins que le prix du papier, 15 % du marché qui serait numérique, en effet, ça pousse à l'optimisme.
Et au piratage.
Mais ça, hein, tant qu'il y a des DRM, on est protégé...