Moins connu que le classement dit de Shanghai, le « Webometrics Ranking Web of Universities » a le mérite de prendre en compte un élément essentiel : la visibilité sur internet. Le classement a mesuré la visibilité sur Internet de pas moins de 12 000 établissements d’enseignement supérieur partout dans le monde.
En tête, pas de surprise, les grandes universités américaines trustent les premières places. Le trio gagnant se compose d’Harvard, du MIT et de Stanford. Viennent ensuite Cornell, l’University of Michigan, Berkeley, Columbia, l’University of Washington, l’University of Minnesota et l’University of Pennsylvania. Remarquons tout de même l’absence des deux grandes universités anglaises, Oxford et Cambridge.
En effet, si l’on compare rapidement ce classement avec celui de Shanghai, on note quelques différences, qui tendent à montrer que la visibilité sur le web n’est pas forcément liée à la réputation générale de l’université. Ainsi, Oxford, 10e dans le dernier classement de Shanghai, arrive à la 17e place du classement web. À noter que le tableau du classement web permet la comparaison entre le degré d’excellence et la visibilité web.
On constate donc qu’un certain nombre d’établissements ont un rang sur le web qui ne correspond pas vraiment à leur degré d’excellence. La Michigan State University se place 23e du classement web alors qu’elle n’est que 93e en termes d’excellence. De même, l‘University of Minnesota, présente dans le top dix, est 23e en termes d’excellence.
Faut-il en conclure que la visibilité sur le web n’a pas grand-chose à voir avec la qualité de l’établissement ? En tout cas, dans les deux domaines, les universités françaises ont du mal à percer. Dans le classement web, l’Université Pierre et Marie Curie (Paris 6) arrive à la 390e place. Il s’agit de la première université française. Paris-Sud est 405e, l’ENS Paris 416e. Et selon le classement Times Higher Education, une alternative proposée au classement de Shanghai, Pierre et Marie Curie se situe entre 81e et la 90e place. Elle était 37e dans le classement de Shanghai.
Avant de crier à l’ineptie de tels classements, revenons sur les motivations du classement Webometrics. Le classement se veut moins un distributeur de mauvais points que la promotion de la présence universitaire en ligne, « encourageant les initiatives Open Acces pour améliorer de manière significative le transfert du savoir scientifique créé par les universités vers la société en général ». « Pour atteindre cet objectif, la publication d’un classement est l’un des outils les plus efficaces pour démarrer et consolider le processus de changement dans le monde universitaire, favorisant l’engagement des universitaires et mettant en place des stratégies sur le long terme », peut-on lire sur leur site internet.
De notre côté, nous avons cherché à voir ce que ces différences de visibilité pouvaient signifier concrètement. Si l’on se fonde sur des chiffres obtenus par SimilarWeb, on remarque une différence importante de fréquentation des sites internet des universités françaises et américaines. En mars 2014, Harvard.edu avait reçu pas moins de 18,9 millions de visites, tandis que, sur la même période l’Université Pierre et Marie Curie atteignait 990 000 visites.
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Roger Wollstadt
Harvard University - Eliot House
CC BY-SA 2.0