La Caroline du Nord n'en voudrait pas spécialement aux lectures personnelles, ni à leurs goûts musicaux que possède Amazon ? Ah bon ? Mais alors, quand le cybermarchand de Seattle annonçait qu'il souhaitait protéger la vie privée de ses clients, c'est une campagne de bluff qu'il nous aurait servie ? Bien... faut croire.
Parce que, selon l'État, la seule chose à laquelle il s'intéresse, ce sont les informations des clients qui permettront d'établir les taxes dont ils sont redevables. Parce qu'en achetant chez Amazon, ils ont contourné la législation en vigueur qui ponctionne les marchands de brique et de mortier, et à laquelle Amazon a échappé, parce qu'il est sur internet et qu'il s'est commodément arrangé avec les conditions en vigueur dans l'État.
« C'est véritablement une question de justice et d'équité avec les petites entreprises », explique le secrétaire aux revenus de Caroline du Nord. Les renseignements demandés ne concernent donc que cette taxe et rien d'autre. On se fiche de savoir que certains aiment Histoires d'O et que d'autres relisent Sade, rapporte (presque) le Wall Street Journal.
Pourtant, Amazon n'en démord pas : les données que réclame l'État ont trait aux informations personnelles des clients de Caroline du Nord alors que le cybermarchand a déjà fourni des informations anonymes sur ce qui avait pu être acheté.
Juste des informations pratiques !
Tentant de déjouer les communications louvoyantes d'Amazon, le porte-parole explique que pour établir le montant exact de la taxe, il est nécessaire de disposer des informations type Code de l'article, à savoir, achat d'un livre, distingué de l'achat d'un CD. Mais qu'en aucun cas, ils n'ont besoin de savoir quel CD ni quel livre a été acheté.
Une distinction assez subtile pour que la firme de Seattle tente d'introduire le doute dans l'esprit du consommateur. Et son procédé a suffisamment fonctionné pour que déjà l'American Civil Liberties Union of North Carolina envoie une lettre pour demander à l'État de respecter la vie privée et les droits des consommateurs.
Jennifer Rudinger, la directrice exécutive, dans ce courrier, précise qu'une pareille démarche est anticonstitutionnelle...