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Jacques Chessex, François Nourissier

Extraits

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Critique littéraire

François Nourissier. Portrait-vérité

Pol Vandromme, un de nos meilleurs critiques, se soucie peu du masque de grand mandarin de la République des Lettres dont on affuble François Nourissier. Il cherche, derrière le personnage, l'homme, et il le cherche seulement à travers ses livres. Ce portrait est avant tout une lecture minutieuse, décapante, passionnée, des douze romans et de la demi-douzaine de libelles et textes autobiographiques qu'a publiés Nourissier depuis 1951. Ainsi se dessine peu à peu le vrai Nourissier : enfant de la petite bourgeoisie, orphelin précoce, Lorrain obstiné, qui de la banlieue de ses origines à Sciences Po et à l'Académie Goncourt, en passant par le Secours catholique, l'aide aux réfugiés palestiniens, l'amour des jeunes filles, l'aventure de La Parisienne, la familiarité avec le judaïsme, a suivi un itinéraire très "français" et plus complexe que l'étiquette d' "écrivain de droite" ne voudrait le faire croire. Ce portrait-vérité ménage donc pas mal de surprises. Secrétaire général de l'Académie Goncourt, critique au Figaro Magazine et au Point (des Nouvelles littéraires aux Lettres françaises, il a collaboré à bien des journaux...), longtemps éditeur, membre de plusieurs jurys, Nourissier n'est pas un notable ordinaire.

12/1993

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Littérature française

Le simple préserve l'énigme. Précédé de Vrac

" J'ai vingt-six ans, lui trente-trois. A l'époque il est long, maigre, souple, rapide, rieur et même moqueur. Le teint coloré, tirant sur le carmin en fin de repas, le sourire inquiété d'une petite cassure à une incisive. Quarante-huit ans d'amitié sont nés là, je veux dire de mutuelle curiosité, d'histoires de livres, d'enfants, de maisons, de séparations, dans l'exigence légèrement consentie d'une communauté de sentiment sur nos lieux, nos origines, notre proximité, - une totale indépendance des esprits et des mouvements. L'un et l'autre sachant ce qu'écrire pèse de silence, de travail contre soi et le monde, et d'exposition aux coups. " Dans ce récit où le temps, la poésie et la folie ont leur part, une amitié apparaît. François Nourissier et Jacques Chessex sont liés depuis quarante-huit ans par une singulière affection dans la liberté et la curiosité mutuelles. La Suisse, pays inattendu, y joue son rôle et en arrière-fond la lumière du travail et de la mort.

04/2008

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Critique Roman

Jacques Chessex et la réception du roman. <em>Un juif pour l'exemple</em> à Payerne

En avril 1942, un crime odieux est perpétré à Payerne : cinq sympathisants nationaux-socialistes attirent Arthur Bloch, un marchand juif, dans une grange et l'assassinent. Jacques Chessex, lauréat du prix Goncourt en 1973, natif de la ville, est bouleversé. En 2009, il fait paraître un roman chez Grasset qui a un retentissement dans tout le monde littéraire francophone : Un juif pour l'exemple. Il demande aux autorités communales de poser une plaque pour que les habitants se souviennent de ce tragique événement. Le conseil législatif, qui ne veut pas entrer en matière, opte pour une simple résolution. Mais au sein de la population, qui se sent stigmatisée, la colère gronde. Lors du cortège des Brandons, le carnaval protestant, l'écrivain est moqué. Un bras de fer s'engage alors entre le célèbre romancier et les autorités dont l'enjeu est le devoir de mémoire d'une collectivité.

07/2022

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Littérature française

Fraternité secrète. Correspondance 1975-2009

En 1975, alors qu’il a tout juste dix-huit ans, Jérôme Garcin écrit pour la première fois à un écrivain qu’il admire, Jacques Chessex. C’est le début d’une correspondance passionnée et passionnante, qui durera plus de trente ans, jusqu’à la mort de Chessex en 2009.Ces lettres sont d’abord le lieu, puis le témoin, de la naissance d’une amitié. Une amitié littéraire hors du commun, entre un jeune garçon au seuil de son existence, et un homme de vingt ans son aîné, un écrivain reconnu, exigeant, curieux de tous les excès et objet de tous les scandales.Elles sont aussi, ces lettres, le journal de création d’un auteur majeur, l’antichambre de ses œuvres.On y voit passer, en ombres chinoises, les hommes et les femmes qui firent la littérature du second vingtième siècle : des éditeurs - Bernard Privat, Bertil Galland, Jean-Claude Fasquelle -, des journalistes, et des auteurs, comme François Nourissier, Gustave Roud, Francis Ponge ou Yves Berger. On y croise, aussi, année après année, les grands modèles sans cesse convoqués (Flaubert), les inspirateurs obsédants (Jean Paulhan)…Des méditations sur le métier d’écrire, des émerveillements devant la nature vaudoise, des inquiétudes, des joies, et, surtout, une langue juste, ciselée, d’une grande beauté.

01/2012

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Critique littéraire

Les têtes. Portraits

" J'ai beau fouiller, c'est les têtes autres que je fouille à la recherche peut-être de quoi fut la mienne il y a quarante mille ans penchée, acharnée, obstinée sur une pierre, ou un os, une tête d'os à aiguiser ou à polir. " Ce ne sont pas exactement des Portraits, mais des visages taillés, comme issus des cavernes du fond des âges, que Jacques Chessex nous donne ici à toucher. Il y en a de célèbres. Voici un François Nourissier en " jeune chien cruel ", un Robbe-Grillet en " tête à fraise au lieu de l'écharpe de laine rouge ", un hibou Jean Paulhan, un " légat de César " nommé Yves Berger, ou le profil sarrasin de Maurice Chappaz, le stendhalien Jérôme Garcin, pour ne citer qu'eux. Il y en a d'anonymes, têtes recuites par la mémoire, surgies de la nuit du passé ou de la lumière du jour. Il y a celle de l'auteur aussi, qui s'observe singulièrement. Entre une série d'eaux-fortes et la chirurgie des chairs, à la manière du peintre Giacometti, entre l'exercice d'admiration et le croquis du physionomiste, Jacques Chessex invente ici, non sans humour, un genre nouveau : la Galerie de têtes.

04/2003

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Littérature française

Dire la gloire et la menace

Jacques Chessex (1934 - 2009) est l'auteur d'une oeuvre considérable. Romancier à succès, Prix Goncourt (L'Ogre, 1973), Prix Goncourt de la poésie (Allegria, 2004), Grand prix Jean-Giono (Le Vampire de Ropraz, 2007), il était autant un poète délicat qu'un nouvelliste subtil, un pamphlétaire redoutable qu'un épistolier savoureux. Entre mars 2000 et août 2001, il fut chaque quinzaine chroniqueur pour le newsmagazine de Suisse romande L'Hebdo. Au final, une trentaine de textes personnels, nés du mariage entre l'air du temps et l'intemporalité. D'une vivacité et d'une élégance d'écriture rares, ces chroniques, jamais encore rassemblées pour publication, évoquent son amour de la peinture, du jazz, de la littérature, du cinéma et quelques amitiés fortes. Parce qu'une chronique, "C'est justement le lieu où l'on dit "je" dans le temps qui passe" .

06/2019

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Littérature française (poches)

L'ogre

Détruire son père. En faire un petit tas de cendres au fond d'une urne. Comme du sable. De la poussière anonyme et sans voix. Cela peut sembler facile à une époque où la jeunesse tuait ses pères en écoutant Joan Baez et Donovan. C'est impossible pour Jean Calmet, professeur de latin à Lausanne. Comme il vient d'assister à la crémation de son père, les fantômes et les outrages du passé reviennent le tyranniser. Dans ce livre qui obtint le prix Goncourt en 1973, Chessex déroule le fil d'une vie dévorée par un ogre jouisseur et tonitruant, qui aura volé le plaisir de vivre à sa progéniture et crédité sa lâcheté. Un père ne meurt jamais...

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Littérature française

Un Juif pour l'exemple

Nous sommes en 1942: l'Europe est à feu et à sang, la Suisse est travaillée de sombres influences. A Payerne, rurale, cossue, ville de charcutiers "confite dans la vanité et le saindoux", le chômage aiguise les rancœurs et la haine ancestrale du Juif. Autour d'un "gauleiter" local, le garagiste Fernand Ischi, sorti d'une opérette rhénane, et d'un pasteur sans paroisse, proche de la légation nazie à Berne, le pasteur Lugrin, s'organise un complot de revanchards au front bas, d'oisifs que fascine la virilité germanique. Ils veulent du sang. Une victime expiatoire. Ce sera Arthur Bloch, marchand de bestiaux A la suite du Vampire de Ropraz, c'est un autre roman, splendide d'exactitude et de description, d'atmosphère et de secret, que Jacques Chessex nous donne. Les assassins sont dans la ville.

01/2009

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Littérature française (poches)

Hosanna

Ce récit posthume de Jacques Chessex aurait pu s'appeler La Mort du voisin. En effet, lorsqu'un voisin nonagénaire meurt de sa mort naturelle et qu'une cérémonie a lieu dans la chapelle du village, l'écrivain s'y rend. Tout son talent va consister à restituer la palette d'émotions qui le saisit et nous saisit. Bonheur et honte de survivre, et certitude, hélas, de ne pas survivre longtemps. Mais aussi le retour du passé, en images fulgurantes et superbes : un fou qui hante les rues de Ropraz, un visage de jeune homme suicidé, une amante au sexe de miel...

07/2015

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Littérature française

Sosie d'un saint

" Il y avait l'air le plus suave d'Europe, la brillantine, la poudre de riz, les loukoums du Café Hoggar, le vin blanc glacé, l'odeur de poisson, dans les ports de la rive où ne vient pas le vent. La mer dans le sexe des voyageuses qui rentrent dormir. L'aigle à la cime. Les sources chaudes aux fentes du sol. Donnez fortunes protégées, paupières bleues, visages démaquillés que la fatigue ne ronge pas. Ici sèchent les os des morts, les vies rêvées, le souvenir des errances idiotes et le guet de l'unique révélation encore souhaitable : ce corps ouvert qui gémit sous le souffle de l'alpe. " Ecrits sur la neige et le bleu du lac, ces récits vagabonds mettent en scène le même personnage : un maraudeur, un saint dévoyé. La langue superbe de Jacques Chessex nous emporte entre exaltation et contrition, entre la chair et la mort.

02/2000

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Littérature française

Le désir de Dieu

" Dieu est le sujet immanent ou explicite de mes livres, récits ou poèmes qu'il porte, inspire, suscite dans la culpabilité, le désir de lui ou l'allégement du superflu que j'abandonne pour mieux voir. Des milliers d'heures, j'ai envié l'idiot de Dieu. " Mon problème avec Dieu, aurait pu titrer Jacques Chessex. L'auteur dialogue ici, adoptant tour à tour l'interpellation blasphématoire, la lettre, l'essai et le récit autobiographique, avec l'idée qu'il se fait de Dieu : " Une sorte de perpétuel entretien entre moi qui suis l'habitat, provisoire et menacé, et Dieu infini qui m'habite. " Ermite intérieur, songeant davantage au repos du cimetière qu'aux vanités terrestres, mais jamais lassé de vivre, Chessex ne choisit pas entre l'énigme de l'injure et l'énigme de la foi. Ce livre brûlant, puisque " Dieu vomit les tièdes ", exercice de mystique autant que vœu d'idiotie, nous mène aussi dans les coulisses de la création. Chessex visite les ateliers de Dubuffet. Francis Bacon, Pietro Sarto. Il relit les pages de Bossuet, saint Augustin, Bataille, pour comprendre à travers eux le Dieu qu'il désire.

03/2005

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Littérature française

Carabas

Carabas publié en 1971 à Paris et à Lausanne constitue un livre charnière dans son oeuvre. Ecrit à l'âge de trente-six ans, l'âge des grandes conquêtes, Jacques Chessex se libère de l'héritage de ses aînés qui ont influencé son oeuvre de jeunesse. Il en profite pour écrire un autoportrait baroque où l'on sent la rage de vivre et d'écrire. Ne disait-il pas en privé qu'il avait écrit ce livre avec des gants de boxe, ce qui ne l'empêche pas de saluer au passage ses frères d'écriture les Normands Flaubert et Guy de Maupassant et le poète valaisan Maurice Chappaz. Carabas est un livre de règlements de comptes mais d'abord un règlement de comptes avec lui-même. Un ouvrage généreux écrit avec fougue où la lumière oscille entre le noir intense et l'orange de Fra Angelico.

04/2017

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Littérature française (poches)

L'imitation

Pour échapper à la " servitude d'être soi ", Jacques-Adolphe, héros de ce livre, a résolu de se donner un modèle. Il a choisi l'écrivain Benjamin Constant, dont l'œuvre et la personnalité le fascinent. Choix paradoxal, inquiétant même : l'auteur d'Adolphe, amant volage, perpétuellement hésitant, contradictoire, fasciné par l'échec, n'est sans doute pas un guide susceptible de faciliter l'existence... Pourtant Jacques-Adolphe va s'appliquer à vivre, à sentir, à penser comme lui. Comme lui, il joue et ne gagne pas. Comme lui, il aime et abandonne l'opulente Gloria, la secrète Charlotte, la rousse Anna. Comme lui, il détruit la vie d'une Ellénore qu'il a séduite, qui a tout quitté pour lui. Comme lui, il se brûle. Au soir de sa vie, il comprendra qu'il a vécu d'illusions. Le romancier de L'Ogre (prix Goncourt 1973) et de Morgane Madrigal poursuit ici l'exploration, menée à travers toute son œuvre, de la part d'ombre de l'être humain. A mi-chemin de l'étude psychologique et de la fable faustienne, il nous donne le portrait d'un homme qui perdra son identité et son âme.

10/2000

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Littérature française

Pardon mère

"Longtemps j'ai eu le temps. C'était quand ma mère vivait. J'étais désagréable avec elle, ingrat, méchant, je me disais: j'aime ma mère. Elle le sait ou elle finira bien par le savoir. J'ai le temps. En attendant, le temps passait. Je rencontrais ma mère, je la blessais parce que tout en elle me blessait. Son esprit était droit, sa pensée juste, son élégance de bon goût, sa taille bien prise, son regard d'un bleu un peu gris était pur et nie voyait. Et moi je n'étais pas digne de ce regard. " Un fils parle de sa mère. Sa mère, " le contraire de la vanité et du tapage", lectrice de La Fontaine au regard bleu clair, et lui, l'écrivain, Jacques Chessex, l'excessif, le mauvais fils, le fils rebelle. Tombeau et résurrection, "fontaine de regret", violence et douceur, évocation pudique mais charnelle, ce récit autobiographique est l'un des plus beaux, des plus émouvants de l'auteur.

02/2008

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Littérature française

Monsieur

" Il y a un goût du secret, du caché, de l'interdit, qui m'est venu très tôt avec la détestation de ma condition d'enfant et la rumination de quelques jouissances. Qu'est-ce que je cherchais dans le noir, coincé sous cette carcasse de gamine qui tremble nerveusement et m'écrase ? Je m'en souviens : je cherche mon bien. J'avais huit ans, je ne l'oublie pas ! Mais je me rappelle ces moments avec une précision d'autant plus exacte qu'elle est le miroir de ce que je suis aujourd'hui. C'est la première fois qu'on s'oublie sur moi. " L'autobiographie inattendue de Jacques Chessex ? Dans le clair-obscur du temps et de la mémoire, certaines scènes frappent, cinglent, retiennent. Une jeune fille battue au fouet à chien. La peau interdite et offerte d'une femme dans l'église de Fribourg. L'odeur de l'encens froid. Une mère aux yeux bleus qui ne pardonne pas. Une lettre à ses propres fils où il leur demande le jour venu de l'aider à mourir. Chessex dit la vérité. Il dit parfois l'innommable. Il dit le trouble du passé. Il n'a pas peur d'être si magnifiquement impudique.

10/2001

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Littérature française

L'Ogre

- Une collection exceptionnelle pour découvrir ou redécouvrir les plus grands auteurs français ayant reçu le prix Goncourt depuis 1903, date de sa création - L'ouvrage de Jacques Chessex est le 35e des 40 sélectionnés par Le Figaro et l'Académie Goncourt, vendu 12, 90 ? - Plan média radio, print, digital

09/2023

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Littérature française (poches)

Avant le matin

Peut-il y avoir un plus grand péché qu'aimer une sainte d'amour charnel ? Le narrateur croise le chemin d'Aloysia Pia Canisia Piller, dite Canisia, à Fribourg. Il la suit dans la cité médiévale et catholique où il surprend les secrètes amours de l'abbesse avec les rebuts de l'humanité : pour élever les hommes vers Dieu, elle se donne, et plus elle est souillée, mieux elle est sanctifiée, offrant le double visage de la déchéance et de l'élévation. Prose entre sépulcre et ciel, prose en couronne d'épines, ce roman d'un christianisme tout à la fois pacifié et exaspéré confirme que Jacques Chessex est l'un de nos plus grands écrivains.

01/2010

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Littérature française

Jonas

Pourquoi, vingt ans après, Jonas est-il revenu à Fribourg, a-t-il accepté le principe d'une conférence dans cette ville universitaire, quittée au lendemain de ses études ? Ecrivain reconnu mais aujourd'hui tari, marchand de tableaux avisé mais fatigué de son commerce, Jonas va de bar en bar, de verre en verre, poursuivi par les souvenirs, ses longues conversations avec le maître qui lui fit découvrir et aimer la philosophie, ou encore avec celui qui lui enseignait Dieu... Jusqu'à ce que le passé l'assaille. Il retrouve l'amie abandonnée en même temps que la bande de copains à l'issue des examens. Elle n'a guère changé mais porte un terrible secret : il lui est né un fils de Jonas, qui ressemblait tellement à son père qu'il a fait les mêmes études, dans le même collège avec, peut-être, les mêmes maîtres. Mais l'adolescent est mort. Huit jours durant, Jonas, comme son antique homonyme, va dériver dans cette ville matrice, étrange retour aux sources. Un livre d'une très grande tendresse, chaleureux et sensuel, mais encore âpre et violent, intelligent sans pédanterie, riche avec modestie. Un livre de métaphysicien du roman.

12/1987

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Poésie

Revanche des purs

"Maintenant ce qui a été moi est libre De recevoir la vraie neige Ouverte à l'absence de moi Elu le voyageur qui chante Parce qu'il est attendu Mais plus heureux celui qui se perd Déjà sans corps sans regard O buée de l'Imparfait Dans le puits de Dieu et du vide" Prosaïsme et sublime, nature et humanité dévoyée, Dieu et son absence, animaux et odeurs, plantes et crânes des vanités, ainsi va la poésie de Jacques Chessex.

02/2008

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Littérature française

L'économie du Ciel

" Je suis figé au bord de la route, mon père s'est arrêté lui aussi, maintenant il vient sur moi, il me saisit durement par le bras, le chapeau est baissé sur les yeux, sur les lunettes, le col du manteau relevé, mon père est pâle, les yeux bleus terriblement brillent. Il me tient toujours par le bras, il regarde autour de lui, devant, derrière. " Il n'y a personne ", dit sa voix que je reconnais mal. " Personne. Et toi tu ne m'as pas vu. Souviens-toi. Toi tu ne m'as pas vu à ce moment et sur ce chemin. " Il m'a lâché, il ne me regarde pas, déjà il marche à grands pas, le chapeau enfoncé, le col haut, sur la route où il n'y a personne. " L'enfant de huit ans auquel son père a demandé de se taire se confesse enfin. Cet enfant s'appelle Jacques Chessex.

04/2003

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Littérature française

Le vampire de Ropraz

En 1903 à Ropraz, dans le Haut-Jorat vaudois, la fille du juge de paix meurt à vingt ans d'une méningite. Un matin, on trouve le couvercle du cercueil soulevé, le corps de la virginale Rosa profané, les membres en partie dévorés. Horreur. Stupéfaction des villages alentour, retour des superstitions, hantise du vampirisme, chacun épiant l'autre au cœur de l'hiver. Puis, à Carrouge et à Ferlens, deux autres profanations sont commises. Il faut désormais un coupable. Ce sera le nommé Favez, un garçon de ferme aux yeux rougis, qu'on a surpris à l'étable. Condamné, emprisonné, soumis à la psychiatrie, on perd sa trace en 1915. A partir d'un fait réel, Jacques Chessex donne le roman de la fascination- meurtrière. Qui mieux que lui sait dire la " crasse primitive ", la solitude, les fantasmes des notables, la mauvaise conscience d'une époque ?

02/2007

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Contes et nouvelles

Passage de l'ombre et autres nouvelles

Jacques Chessex fut un de nos très grands écrivains, travaillé par la question du mal, du désir, du salut - que les paysages et montagnes vaudoises ne purent jamais enserrer ou résoudre. Dix ans après sa mort, nous publions ce recueil de magnifiques nouvelles inédites, toutes teintées d'érotisme et de mysticisme. Plusieurs d'entre elles se déroulent dans un espace clos : hôpital psychiatrique ou pensionnat, qui ne sont pas sans rappeler le monde de l'enfance de Chessex - approché autrefois dans L'économie du ciel et dans Monsieur. Ainsi la première, Le Portier, met en scène des jeunes filles, livrées, ou plutôt se livrant, aux attouchements du portier. Celui-ci, égaré, voit en elles des brebis, dont il est le berger et le consolateur. Dans Innocenti, les pensionnaires d'un établissement religieux sont abusées par des religieuses et une infirmière. Chez Chessex, le monde de dieu n'est jamais loin, mais inatteignable - et son calvinisme austère toujours transgressé : toute laideur peut devenir grâce, quand l'écriture et l'envie s'en mêlent. Il y a dans ces pages une vitalité, un goût pour l'extase, pour l'amour en toutes ses formes, et une écriture sublime, provocante et tendre, que n'oubliera jamais le lecteur - familier ou découvrant cette oeuvre.

10/2019

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Littérature française

Incarnata. Récit

" Incarnata est musica " : la phrase est de Mozart, en marge de ses carnets. Mozart, que jalousait Antonio Salieri tout comme le narrateur du récit de Jacques Chessex jalouse le grand Ramuz (1878-1947). L'un fréquente la lumière de la création, l'autre l'ombre et l'amertume. L'un travaille, l'autre se dissipe. Jacques Chessex imagine ici, en phrases souples, un duel entre un maître écrasant et son témoin rebelle : " Ai-je rêvé un sort parallèle au mien, qui fût à la fois le mien et celui de la personne que j'aurais dû être. " Ce récit grave et transparent est une réflexion sur les pouvoirs de la littérature. C'est aussi une allégorie de toute chair. On y assiste au triomphe et à la dérision de la vanité. On y rencontre une femme aimée malgré sa laideur, Ariane D., " une vraie sorcière de Goya " mais à l'âme si pure, qu'elle fascine jusqu'à la mort. Tout Chessex est là : dans le vertige entre l'élégie de la beauté, la volupté et le renoncement.

02/1999

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Histoire de France

Jacques Coeur. Le Médicis français

Marchand armateur, banquier, industriel, maître de mines, Jacques Coeur, né à Bourges en 1395, fut investi des plus hautes charges publiques. Génial administrateur doublé d'un inégalable esprit d'entreprise, il passa pour l'homme le plus riche du royaume. Commissaire royal et grand argentier de Charles VII, Jacques Coeur restaura le commerce français après la guerre de Cent Ans et rétablit les échanges avec l'Orient. Créateur avant la lettre de sociétés multinationales et d'entreprises à succursales multiples, il s'efforça d'instaurer une justice fiscale. Arrêté sous un prétexte futile, il fut condamné, au terme d'un simulacre de procès, à une énorme amende, à la confiscation de ses biens et au bannissement, transformé en emprisonnement par ordre du roi. Sa chute brutale, sa captivité aggravée de tortures, son extraordinaire évasion et sa mort lointaine ajoutent une touche tragique à sa destinée prodigieuse.

05/2018

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Littérature française

Le maître de maison

Un homme et une femme, en automne, parcourent les routes du Midi à la recherche d'une maison. Ils en choisissent une, l'achètent, la restaurent, s'y installent. Voilà bien l'aventure la plus raisonnable. D'où vient alors qu'ils la mènent dans cette fièvre, ces incertitudes ? Autour d'eux - le village, les gens - on observe ces nouveaux venus. On se pose sur eux des questions. D'autant plus de questions que leur vie ne ressemble pas à l'idée qu'on s'en fait. Trop nocturne, peut-être ? Ou bien quelque angoisse qui sourd d'eux comme une sueur sur le visage des citadins qu'indispose la chaleur de ces pays... Un voisin parle d'eux. Agacé parfois, ou fasciné, ou dérouté, il donne forme aux chuchotements, aux racontars qui se colportent. Sa propre vie, bientôt, lui remonte aux lèvres. Les usages de parole et de liberté qu'il découvre, trop étrangers aux siens, lui tournent la tête, comme la lui font tourner ces verres d'alcool qu'on lui offre au Lossan en trop grande abondance. Entre le moment où les étrangers sont arrivés au village, sous la pluie, pour la première fois, et le drame confus où paraît se dissoudre leur histoire, une année s'écoule. Les quatre saisons des efforts vains, des travaux, des peurs, des mauvais rêves. Arracher une maison à son passé, à sa vermine, tirer de la ruine et de la léthargie ce qui aurait tellement tendance à s'y enfoncer : il y faudrait une force et une lucidité que ne paraît pas posséder le maître de maison. Loin de là. On habite sa maison comme on habite sa vie, mais celui qui n'a pas appris à vivre, comment saurait-il aménager les lieux qui se refusent à lui ?

09/1968

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Littérature française (poches)

Bleu comme la nuit

Les années d'après-guerre paraissent déjà antédiluviennes : le statut immémorial des jeunes filles, les Allemands " ennemis d'hier ", les blessures de l'Occupation et de la Libération mal cicatrisées, les écrivains " compromis " réfugiés en Suisse et impatients de reprendre leur place à Pais, la France vieillotte mais avide de vivre, un temps où l'on croyait encore, pêle-mêle , aux entreprises de séduction, au dandysme des hussards, aux lendemains qui chantent et au désenchantement... En 1958, âgé de trente ans, François Nourissier se retournait moins sur un passé encore bref qu'il ne dressait le bilan et fredonnait les chansons d'une époque et de sa jeunesse. Souvenirs amoureux, rencontres littéraires et politiques, paysages, silhouettes imaginaires ou réelles traversent, porté par une très belle langue, ce roman parfois déchirant comme un aveu. " Le temps d'apprendre à vivre, écrivait Aragon, il est déjà trop tard. " Bleu comme la nuit, c'est exactement ça : le temps d'apprendre à vivre. En d'autres termes : " un roman d'apprentissage ", à la fois source et estuaire de tout romanesque.

03/1983

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Littérature française

Les chiens à fouetter et le jeu de l'oie du petit homme de plume. Avec 1 Jeu

Plaidons coupable. A tout le moins plaidons inquiet : dans toute représentation moqueuse ou gentiment agressive d'une carrière, d'une ambition ou simplement d'un métier, on peut flairer un peu d'envie ou d'embarras, déplorer tout ce bruit pour rien. Ces sortes de farces côtoient toujours la gaffe. Attention au larbin congédié. La roture guette le malheureux caricaturiste qui s'échine à faire sourire pendant que de plus nobles que lui aiguisent noblement leur noble plume.

08/2009

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Littérature française

Eau-de-feu

"A ses débuts, un couple se vit comme stable et durable. Les partenaires ne guettent aucun changement, sauf, bien sûr, les tempêtes et ravages de la passion, inopinée et brutale. Ce n'est pas de passion qu'il est question ici, mais de l'ennui - le plus subtil des périls. Je me disais heureux, comme Reine se disait heureuse : pourquoi taquiner ces sentiments-là? Depuis quatre ans, la bataille où se débat Reine m'a laissé le loisir de me poser des questions. Je pense avoir compris combien j'avais laissé Reine s'appauvrir. "

12/2010

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Littérature française

La maison Mélancolie

Je voudrais exprimer, et si possible illustrer cette affirmation : les maisons sont les lieux du monde (de notre petit monde) où prospèrent le plus somptueusement les nourritures et les poisons de l'amour. Sa pompe et ses indignités. Les maisons sont des couveuses à regrets, remords, amertumes, autant que des refuges pour les passions de l'amour. (J'appelle passions de l'amour les flambées aussi bien que les braises, les flammes claires, la cendre.) Les maisons sont les formidables cachettes où entreposer la vraie vie.

10/2005

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Littérature française (poches)

Un petit bourgeois

En 1961, j'étais grand lecteur depuis vingt bonnes années. Une évidence s'imposa : les livres abrupts, secrets, qui nourrissaient en moi le plus d'énergie et de rêves, me constituaient aussi une famille : Montaigne, Rousseau, Constant, Michel Leiris. Les hors-la-loi de la première personne, les innocents de l'aveu. Ma résolution fut vite prise : occuper ma place, fût-elle modeste, dans cette histoire d'amour et de vacherie que l'autobiographie mène avec soi-même et avec le style, l'allure qu'exige le genre. Un petit bourgeois (1963) fut le premier d'une suite d'ouvrages qui en comptera - Dieu dispose... - sept ou huit le jour de mon départ.

05/2002