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Édouard Glissant Laure Adler

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Philosophie

Edouard Glissant. Déchiffrer le monde

Du traumatisme des esclavages aux mouvements de protestation contre le racisme et les violences policières, comment réinventer la relation dans nos sociétés fractionnées, confrontées aux tumultes de l'Histoire ? Pour le penseur antillais Edouard Glissant, le monde nous bouscule et il faut entrer dans le chaos pour y porter l'action, le rêve, l'espoir du renouveau. Le philosophe Aliocha Wald Lasowski saisit dans cet ouvrage toute l'actualité de Glissant pour déchiffrer le monde, dix ans après sa disparition. Comment ancrer le multiculturalisme dans la république ? Comment éviter à la fois les pièges de l'universalisme abstrait et du repli identitaire ? Du débat avec Aimé Césaire sur la négritude à la lutte anticoloniale avec Frantz Fanon, du projet d'indépendance par l'antillanité à l'interdépendance de la créolisation, Glissant nous invite à une pensée-monde qui décrypte nos paysages bouleversés. Poésie, roman, philosophie mêlés, la mémoire historique redonne chance au langage. L'humanité vaut par la rencontre des cultures. La volonté de liberté rythme ses passions. Tel est le pari et la beauté d'une philosophie de la relation que ce livre met en scène.

01/2021

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Critique littéraire

Edouard Glissant. L'identité généreuse

Né en 1928, Edouard Glissant est l'un des écrivains et penseurs les plus importants du XXe siècle. Auteur d'une quarantaine d'essais, de romans, de recueils poétiques et de pièces théâtrales, il a donné une mémoire aux peuples issus de l'esclavage et de la Traite. La créolisation du monde lui a inspiré une philosophie de la Relation qui s'adresse à tous. Partant de la transformation de soi, dans la rencontre des autres, il a pensé une nouvelle identité, non plus fondée sur les racines, mais nomade et généreuse. François Noudelmann, qui l'accompagna pendant les douze dernières années de sa vie, a mené l'enquête sur les traces du poète-philosophe en Martinique, en Louisiane, à Cuba, Paris, Tokyo et New York. Dans ce portrait sensible, il suit l'enfance tourmentée de "ti-Edouard", ses relations admiratives et critiques avec Aimé Césaire, son arrivée à Paris dans le renouveau artistique de l'après-guerre, ses succès littéraires, ses amours et ses amitiés. Il analyse ses engagements politiques pour la décolonisation et les indépendances, sa lutte inlassable contre les enfermements identitaires, son activisme culturel à l'Unesco. Il découvre aussi les visages intimes d'Edouard Glissant : les gouffres et les désirs, les nourritures et les vertiges qui ont inspiré ses utopies pour le XXIe siècle.

02/2018

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Ecrits sur l'art

Christian Boltanski - Récits. Conversation avec Laure Adler

Christian Boltanski vient de disparaître. Ce livre d'entretiens s'est achevé quinze jours auparavant. Il avait décidé de tout, du titre, de la couverture, de l'ordre des chapitres. Il semblait heureux de ce texte qu'il avait minutieusement relu et corrigé. Il ne faut pas y lire la moindre dimension testamentaire. Christian était habité par une force de vie peu commune, il riait tout le temps, il était très drôle, et ce fut une joie de faire ce livre avec lui. Il était comme on dit "un bon vivant", même si son oeuvre, dans ses différents registres et ce, depuis l'origine, était hantée par la mort. L'éphémère, la finitude, la fragilité, le hasard constituent en un entrelacs serré l'arche de ses pensées. L. A.

10/2021

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Esthétique

Sur l’épaule des dieux. Les arts d’Edouard Glissant

Passionné par les arts et cultures, Edouard Glissant fréquente les artistes, tout au long de sa vie : il se rend aux ateliers, accompagne les créations, écrit pour les catalogues d'exposition ou les festivals de musique. Il se lie d'amitié avec plusieurs d'entre eux, comme le sculpteur cubain Agustín Cárdenas, le peintre argentin Antonio Seguí ou le trompettiste de jazz martiniquais Jacques Coursil. Le poète-philosophe, disparu en 2011, multiplie les occasions pour faire découvrir l'art des Caraïbes et de l'Amérique du Sud, tremplin pour la mondialité. Sa relation aux peintres, sculpteurs et musiciens, ouvre son oeuvre à une nouvelle pensée de l'art, qu'Aliocha Wald Lasowski nomme ici chaosthétique : beauté de la trace, fulgurance de l'éclat, puissances de l'étendue et du tremblement s'accordent à l'expérience baroque du Tout-monde. A travers les imaginaires de l'archipel, le penseur de la créolisation fait entendre une partition inattendue du réel, tout en ritournelles, puissantes et légères, qui renouvellent les rythmes du vivant.

02/2022

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Sociologie

Imaginaire et politique de la créolisation. Edouard Glissant et nous

Pendant cinq ans, Aliocha Wald Lasowski a arpenté le Tout-monde, à la rencontre de celles et de ceux qui ont échangé avec Edouard Glissant ou qui s'inspirent de sa pensée en France et ses outre-mer, en Italie, au Japon, en Afrique et Amérique. Les entretiens réunis dans cet ouvrage témoignent, d'une part, de la diversité des regards politiques, sociaux ou culturels, sur l'actualité de la créolisation et, d'autre part, de la manière dont Glissant nous permet d'affronter les défis du temps présent, sur des thèmes aussi divers que l'écologie, le langage, l'universalité, le mondialisme, l'identité, la mémoire, l'art ou le cinéma... Un livre essentiel pour des temps troublés. Aliocha Wald Lasowski philosophe, lauréat 2008 de la Bourse Edouard Glissant, lui a consacré plusieurs essais.

06/2023

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Critique littéraire

Essai sur une mesure du monde au XXe siècle. Edouard Glissant

Pour les écrivains issus des sociétés dominées après leur découverte, par l'esclavage et la colonisation européens, la mesure du monde procède par la littérature. Elle consiste à opposer aux visions du inonde créées par l'occident européen (à travers le voyage notamment) leur propre vision du monde. Elle consiste aussi à inventer un discours de savoir (sociologique, historique ou psychiatrique) sur le monde à partir d'une critique des sciences humaines. Elle consiste enfin à affronter le langage qui est monde, quoiqu'on dise, dès qu'on se propose de dire ou d'écrire le monde. Ces réflexions sur une mesure du monde au XXe siècle prennent appui sur l'oeuvre de l'écrivain martiniquais Edouard Glissant mais ne se restreignent pas à celle-ci. Elles la mettent en perspective avec l'oeuvre de Césaire, Claudel, Fanon, Faulkner, Leiris, Lévi-Strauss, Saint-John Perse, Segalen, Senghor et Whitman. Si l'oeuvre de Glissant est un pivot, c'est parce qu'elle condense les interrogations, les contradictions et les enjeux de ce discours sur le monde qui traverse toutes les littératures contemporaines, dont le rapport à la domination et à la violence est l'une des caractéristiques.

01/2002

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Critique

Le Nouvel Edouard Glissant. De l'opacité poétique à la limpidité politique

Dans ses derniers ouvrages publiés quelques années avant sa mort en 2011, Edouard Glissant renouvelle le fond politique et la forme poétique de ses représentations de la Martinique et de la France, du Reste du monde et de l'Occident, qu'il convoque dans son Tout-monde, le "kay tout moun", le monde dans sa totalité perçu comme "la maison de tous, [qui] appartient à tous et [dont] l'équilibre passe par l'équilibre de tous". Dans ses "interventions politiques", d'Une Nouvelle région du monde (2006) à La Terre, le feu, l'eau et les vents : Une Anthologie de la poésie du Tout-monde (2010), Glissant saisit l'événementiel non sans dire la réalité limpide du Tout-monde par le truchement de la réactualisation de ses théories opaques conceptualisées dans ses premiers écrits phares tels Le Discours antillais (1981), Poétique de la Relation (1990) et Introduction à une poétique du Divers (1996). Glissant invite l'humanité ou plutôt les humanités à se démarquer de toute pensée de systèmes définie et régie globalement par la mondialisation, une variante subtile du capitalisme néolibéral. Sans imposer un modèle unique quelconque, il propose la Relation et la mondialité comme alternatives permettant à tout étant du monde d'aller à la rencontre de l'autre pour changer et échanger avec lui ou elle "sans se perdre". Assurant une vraie visibilité inclusive et équitable à tous les niveaux, ces possibilités sont des manières de vivre présentes et futures en harmonie avec le monde qui se créolise imprévisiblement de jour en jour.

08/2021

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Théâtre

Fracas et poétique du théâtre. Entretien réalisé par Laure Adler

"Dans le monde dans lequel nous vivons aujourd'hui, on a besoin d'avoir des littératures immenses, d'être face à des choses qui sont gigantesques, pas par la taille ou la durée, mais par la pensée, l'élégance, la puissance de l'écriture. La situation est tellement critique qu'il ne suffit pas de choses "grandes" ou "bonnes" , il faut des choses gigantesques". Faut-il lire au théâtre ? Julien Gosselin montre à quel point il peut être intéressant, voire essentiel, d'aller au-delà du théâtre parlé. Le théâtre, c'est aussi une lecture, des vidéos, de la poésie, de la musique. Un mélange des genres mis en pièces autour de grandes oeuvres.

07/2017

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Histoire de France

Avant que la nuit ne vienne. Entretiens avec Laure Adler

" Acteur essentiel du XXe siècle, Pierre de Bénouville en épousa les tourments et les contradictions. Après avoir adhéré aux idées de l'Action française dès les débuts de son adolescence, il s'engagea dans la Résistance aux côtés d'Henri Frenay, qui en fit son second. Figure lumineuse de la Résistance intérieure, il rencontra le général de Gaulle à Alger, dont il devint un des amis et un des collaborateurs les plus actifs après la Libération. Il joua un rôle important dans la constitution du RPF puis s'engagea en politique. Ami de François Mitterrand depuis l'adolescence, ses choix ne l'éloignèrent jamais du futur président de la République. Son amour inconditionnel de la patrie le porta à militer pour l'Algérie française et à jouer un rôle actif chez les militants de l'OAS. Journaliste, homme de presse, ami intime de Marcel Dassault, il était le - coffre-fort symbolique - de la IVe et de la Ve République. Homme de secret, il fut mêlé de près aux épisodes les plus douloureux de la Résistance et donne ici sa version de l'arrestation de Jean Moulin et de l'affaire René Hardy. Pierre de Bénouville a souhaité que ces entretiens, menés entre septembre 1998 et juin 2001, ne soient publiés qu'après sa mort. Ces pages sont un cheminement plus qu'une élucidation. Pas " rien que la vérité ", mais " presque toute la vérité " sur un homme qui eut l'élégance suprême : risquer sa vie pour une idée essentielle - la liberté. " Laure Adler

05/2002

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Littérature française

L'esclave vieil homme et le molosse. Avec un entre-dire d'Edouard Glissant

" Du temps de l'esclavage dans les isles-à-sucre, il y eut un vieux-nègre sans histoires ni gros-saut, ni manières à spectacle. Il était amateur de silence, goûteur de solitude. C'était un minéral de patiences immobiles. Un inépuisable bambou. On le disait rugueux telle une terre du sud ou comme l'écorce d'un arbre qui a passé mille ans. Pourant, la Parole laisse entendre qu'il s'enflamma soudain d'un bel boucan de vie. Ainsi m'est parvenue l'histoire de cet esclave vieil homme, de son Maître-béké et du molosse qu'on lança à ses trousses. Une histoire à grands sillons d'histoires variantes, en chants de langue créole, en jeux de langue française et de parlures rêvées. Seules de proliférantes mémoires pourraient en suivre les emmêlements. Ici, soucieux de ma parole, je ne saurais aller qu'en un rythme léger flottant sur leurs musiques... "

04/1997

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Récits de voyage

La Terre magnétique. Les errances de Rapa Nui, l'île de Paques

L'écriture poétisée d'Edouard Glissant nous invite à la rencontre de Rapa Nui, en nouant le fil entre les impressions de terrain de son émissaire sur place, Sylvie Séma, et la transcription littéraire, impressive, qui en est faite. Placée au centre d'un faisceau de correspondances avec le monde, l'île de Pâques perd en isolement et préserve son mystère. Né en 1928 et décédé en 2011, Edouard Glissant, poète philosophe martiniquais, est une des voix les plus essentielles de la créolisation des cultures, du jeu des identités et de la Poétique de la Relation. Esprit épris du dialogue entre les peuples, il a reçu le prix Renaudot en 1958 pour son roman La Lézarde, disponible en Points.

10/2019

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Littérature française

Tout-monde

Les quatre morts du vieil homme Longoué, les fiertés de Rochebrune, la folie de Marie Celat, les résurrections de Stepan Stepanovitch, les Mémoires de guerre de Rigobert Massoul, les prédestinations d'Artémise et de Marie-Annie, et combien d'autres épisodes, avec une multitude de personnages, - les trois Anestor, le dieu du commerce et de l'invention, sans compter ces bêtes prédestinées : le cochon fou et la vache consacrée de Monsieur Lomé, le coq sauvage et le matouchatte - précèdent, préparent ou accompagnent la dérive de Mathieu Béluse et de Raphaël Targin, dans le Tout-monde. Ils sont le sel de la Diversité. Ils ont dépassé les limites et les frontières, ils mélangent les langages, ils déménagent les langues, ils transbahutent, ils tombent dans la folie du monde, on les refoule et les exclut de la puissance du Territoire mais, ils sont la terre elle-même, ils vont au-devant de nous, ils voient, loin devant, ce point fixe qu'il faudra dépasser une fois encore. Ce roman est une anthologie de toutes les sortes de voyages possibles, hormis ceux de conquête.

11/1995

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Littérature française

Poétique. Tome 4, Traité du tout-monde

J'appelle Chaos-monde le choc actuel de tant de cultures qui s'embrasent, se repoussent, disparaissent, subsistent pourtant, s'endorment ou se transforment, lentement ou à vitesse foudroyante : ces éclats, ces éclatements dont nous n'avons pas commencé de saisir le principe ni l'économie et dont nous ne pouvons pas prévoir l'emportement. Le Tout-Monde, qui est totalisant, n'est pas (pour nous) total. Et j'appelle Poétique de la Relation ce possible de l'imaginaire d'un tel Chaos-monde, en même temps qu'il nous permet d'en relever quelque détail, et en particulier de chanter notre lieu, insondable et irréversible. L'imaginaire n'est pas le songe, ni l'évidé de l'illusion.

09/1997

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Théâtre

Le monde incréé

Les trois pièces que voici, composées, dans l'ordre de leur actuelle présentation, à des époques éloignées (1963, 1975, 1987), trament un hypothétique roman. Elles ne souffrirent pas, ni ne me firent souci, d'être restées resserrées au bas d'une pile de papiers, sans que pour autant je les eusse oubliées. Comme si elles avaient attendu que la dernière fût venue accomplir leur courbe commune et leur trace. J'ai parcouru quelques-unes de ces traces dans des poèmes et des récits antérieurs - il faut sans cesse reprendre. Peut-être que par leurs manières différentes, tellement discontinues, de telles paroles réservent le seul secret d'un chemin souterrain, d'une errance de celui, ou de ceux, qu'elles concernent, errance partagée mais insue, tout en fractures et soudainetés. E. G.

10/2000

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Littérature française

Malemort

Dlan, Médellus, Silacier : un peuple en trois personnes, le "petit peuple" antillais de qui la "gentillesse" , la malice et la philosophie désabusée pourraient prêter ailleurs à d'aimables tableaux folkloriques. Mais on ne s'y trompera pas. La trame de l'histoire n'est rien de moins que la difficile recherche d'une vérité : à propos d'un tueur à gages (antillais) et pour venger peut-être sa victime (antillaise). Et les péripéties apparemment les plus plaisantes de cette histoire - par exemple les mises en scène électorales - s'inscrivent ainsi dans une Histoire qui déborde la chronologie et qui fait, au même titre que la "vision de ceux qui sans fin tombent et se relèvent fusillés" , de la dérision une violence constante. Il s'agit bien d'une "malemort" , de ce que l'auteur appelle "une colonisation réussie" , celle du peuple antillais économiquement et culturellement déraciné sur son propre sol ; malemort que le langage d'un poète - musique, danse, liane -, recréant de l'intérieur un parler lui aussi "colonisé" , dénonce et combat encore.

01/1997

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Poésie

SOLEIL DE LA CONSCIENCE POETIQUE I

«Vue de l'esprit. Ecume de la ville, sur la vague, inaperçue. Soit sur la vague, soit dans la ville, l'écume est fragile. Elle attend le moment d'être à l'épreuve du rivage, et jusque-là elle s'efforce de durer sur sa crête. Quant au passeur d'écumes, que peut-il à son tour, sinon tâcher de durer ? Sans même que la confrontation sur le rivage lui soit certaine. Avec seulement, entre deux souffles, la voix portée de ceux qui lui sont, ici, proches et inconnus. Sachant ainsi, à ce moment, qu'il lui est donné à la fois, et pour toutes les raisons, d'être le même et d'être l'autre, le fils ensemble et l'étranger.»

06/1997

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Critique littéraire

Esthétique. Tome 1, Une nouvelle région du monde

"Chacun de nous rapproche les uns des autres et à son gré ses fleuves, ou ses montagnes, ou bien ses canyons ou ses forêts et ses brousses, ses baies ou ses lacs, ses vals ou ses fjords, qui partagent les géographies et qui assemblent les histoires du monde, tous les fleuves où des peuples brûlèrent des feux pour la clarté de leur eau, et les montagnes où tant d'autres piétèrent, et les grandes vallées et les ravines qui ont frayé des traces légères pour les marronnages, et les brousses où tant de marrons et de résistants s'acassèrent. Les réunir à chaque fois dans une poétrie ou un chaos-opéra, c'est une manière fertile de se déposséder de ces lieux, pour mieux y convenir. Les poétiques du Tout-monde sont issues des imaginaires de nos politiques les plus disséminées, les plus obstinées, ici et partout, combats ignorés et cris mal entendus et rassemblements fragiles et visées tellement impossibles à tenir". Edouard Glissant.

10/2006

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Sciences historiques

Mémoires des esclavages. La fondation d'un centre national pour la mémoire des esclavages et de leurs abolitions

" S'il y a une raison de fonder un Centre national autour d'un pareil sujet, c'est-à-dire de cet esclavage-ci plus particulièrement, oui de cet esclavage-ci, africain, caraïbe, américain, transindien, européen, alors que nous savons que tous les esclavages sont également monstrueux et hors humanité, peut-être la trouvons-nous avant tout dans ceci qu'il a intéressé la plupart du monde connu à l'occident du monde, c'est-à-dire qu'il a établi un lien d'un ton nouveau entre pays et cultures, que ce lien, on a voulu le faire méconnaître, qu'il a brassé un nombre incalculable de beautés dans un nombre aussi incalculable de supplices, qu'il en est résulté la créolisation de ce grand pan du monde, créolisation aussi belle que sa démocratisation, qui a répercuté sur une partie de notre monde actuel et qui a fait que nous y sommes entrés, et qu'alors ce Centre doit être national parce que c'est là le meilleur chemin pour en démultiplier toutes les approches et toutes les résonances internationales. " Edouard Glissant

05/2007

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Littérature francophone

Le quatrième siècle

"... Alors ! Tu espères qu'un registre, un de ces gros cahiers qu'ils ouvrent à la mairie sous ton nez pour t'impressionner, peut te dire pourquoi un Béluse suivait ainsi un Longoué, ou pourquoi Louise avait obéi au geste, elle qui se considérait déjà une parente de La Roche, ou encore comment il se fait que toutes ces langues africaines sont parties de leur cervelle comme un vol de grosbecs ? Ouvre tes registres, bon, tu épelles les dates ; mais moi tout ce que je sais lire c'est le soleil qui descend en grand vent sur ma tête [... ]. Car le passé est en haut bien groupé sur lui-même, et si loin ; mais tu le provoques, il démarre comme un troupeau de taureaux, bientôt il tombe sur ta tête plus vite qu'un cayali touché à l'arbalète. ". .

11/2021

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Poésie

La cohée du Lamentin. Poétique V

" Les marches extrêmes de la pensée comme les bienheureux accidents du style sont atteints et relevés par l'acuité ou le pur toucher poétiques, dans une manière concrète de vivre les paysages. Ni une communion mystique ni le retour intéressé à la terre. Les paysages du monde actuel sont le plus souvent éventrés, délavés, détruits jusqu'à leurs sources souterraines par les guerres, les oppressions, l'imprévoyance ou la bêtise des humanités, c'est une de nos approches de la connaissance aujourd'hui que de les fréquenter par-delà ces ravages, que nous tentons par ailleurs de limiter, et de plonger à cet inextricable et à cette opacité qu'ils continuent de tendre sur le Tout-Monde, pour le protéger. C'est bien là le lieu, inexplicable, inexpugnable, de la connaissance tremblante dont la poésie est la garante la plus assidue. "

02/2005

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Littérature française

Ormerod

"Le corps le plus important de l'armée tentait de gagner du repos à mi-chemin du sommet d'un Piton qui avait semblé facile à passer, le soleil tombait du poids de trois mille laines et toits chauffants, pas une personne ne le voyait mais vous le portez sur la tête, il n'y avait pas la moindre clairière pour récolter ne disons pas un peu de pluie en miracle mais au moins une petite clarté de fraîcheur, le galetas des lianes et des branchages brûlants ne faiblissait en aucun endroit, alors soudain une racine péta, toutes les feuilles craquèrent et d'un seul bond ils tombèrent les uns sur les autres sans discernement, soldats et chefs de groupe, la guerre mains à mains la colère et le débordement toutes les bêtes des environs s'enterrèrent ou s'enfuirent au loin, les Brigands faisaient la guerre entre eux, Flore Gaillard essaya de s'interposer elle fut obligée d'entrer dans cette folie, enfin Alvares et Makondji se battaient, Gros-Zinc fut étripé, dépenaillé par quelques-uns qui avaient trop tiré sur la Machine, la clameur du combat domina le sommet du piton Tabac et brusquement tout s'arrêta, les bourgeons au plus haut des lianes tremblèrent de ce silence inattendu et bouleversant, les Brigands se regardèrent et s'examinèrent, il n'y avait pas un mort, à peine quelques mains cassées, ils éclatent de rire et d'une plaisanterie qui semblent ne pas finir, plus formidables que la bataille d'avant".

02/2003

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Poésie

Pays rêvé, pays réel suivi de Fastes et de Les Grands Chaos

Passeur d'univers, capteur de tous les chants, de toutes les rumeurs, Edouard Glissant ne cesse d'inventer son espace, sa langue et ses envoûtements. Il est celui qui impose sa création et ses échos au monde. Il accueille le rythme tellurique des âges, la scansion des légendes et des mythes. Il risque le sursaut mêlé du réel et des songes. Sa voix est irruption, éruption, débordement de soufre, de flammes, de ténèbres, mais aussi de bruissements, de touffeurs, de syllabes suaves. Il va par les îles de la terre. Il pense et parle en archipel, renoue torrents et fleuves : le Mississippi à la Seine, le Nil à la rivière Lézarde ou à une eau de volcan enfouie sous la lave et le feu. Cette géographie secrète donne force à l'étendue, sens à la migration et dérive au sens. Edouard Glissant dit la connaissance en abîme et l'éclosion des mots. La création aime autant ce qui surgit que ce qui sombre. La création vient avec ses gongs et ses syncopes. La création est un combat. La création est un chaos.

05/2000

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Poésie

Poèmes complets

"Non pas l'oeuvre tendue, sourde, monotone autant que la mer qu'on sculpte sans fin - mais des éclats, accordés à l'effervescence de la terre - et qui ouvrent au coeur, par-dessus le souci et les affres, une stridence de plages - toujours démis, toujours repris, et hors d'achèvement - non des oeuvres mais la matière elle-même dans quoi l'ouvrage chemine - tous, liés à quelque projet qui bientôt les rejeta - premiers cris, rumeurs naïves, formes lassées - témoins, incommodes pourtant, de ce projet - qui, de se rencontrer imparfaits se trouvent solidaires parfaitement - et peuvent ici convaincre de s'arrêter à l'incertain - cela qui tremble, vacille et sans cesse devient - comme une terre qu'on ravage - épars". Edouard Glissant.

04/2016

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Poésie

Le Sel noir. Le Sang rivé. Boises

"La raison à quoi tendent les pages du Sel noir, c'est une raison marronnante et succulente, une raison de forêts et de lianes, et pourtant qui s'offre aux défrichements de la liberté. Une raison qui certes ne s'assurera de sa propre justesse qu'à une certaine consonance entre elle-même et le monde. De là, dans un premier temps, le risque de ne sonner que pour elle seule : et c'est pourquoi il lui faut recourir aux arbitrages de l'histoire. Aussi Glissant : "Je suis dans l'histoire", écrit-il, "jusqu'à la moindre moelle." Ainsi l'île, au lieu de se laisser découvrir par les autres, entend-elle découvrir le monde à son tour. Imaginons qu'au rebours de l'éruption de la montagne Pelée, ce soit en rêves, en chairs vivantes, en verdures, en humus qu'explosent les profondeurs de la Martinique, et cela dans le déploiement d'un signe ternaire : depuis toujours l'appel caraïbe d'un Nouveau Monde d'indianité ; déjà l'Afrique... "Moins une Afrique retrouvée, d'ailleurs, qu'une référence, contraire et complémentaire à celle de l'Europe, et dont j'use surtout pour dégager ma propre vérité et celle des miens." Voilà les trois branches d'un étoilement dont une identité insulaire serait le foyer et la résultante. En définitive, ce qui émerge du recueil d'Edouard Glissant, c'est la requête de l'identité. Non plus rivage d'au-delà de la mer, puisque désormais c'est elle qui regardera l'horizon de mer. Et non plus Eldorado, Hespérides pour les autres, mais Atlantide revenue des abysses du monde pour devenir construction de soi" Jacques Berque.

05/1983

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Critique littéraire

Faulkner, Mississipi

"L'oeuvre de Faulkner m'a toujours paru être ainsi: une révélation différée (sans qu'il y eût là quoi que ce soit à voir avec le suspense du roman policier), qui engendre sa technique, non pas d'élucidation (psychologique, ni sociale, ni ... ) mais, en fin de compte, d'amassement d'un mystère et d'enroulement d'un vertige - accélérés plutôt que résolus par cette folle vertu du différement et du dévoilement - autour d'un lieu qu'il lui faut signifier." Cette intuition profonde, à la fois de la nature et de l'enjeu de l'oeuvre faulknérienne - "la légitimité absolue d'une fondation du Sud" - Edouard Glissant en suit les proférations et proliférations, les dérives et les dénis dans cet essai où l'acuité le dispute à l'ampleur, la subtilité d'analyse à la véhémence poétique. Si Faulkner a, selon Edouard Glissant, "renouvelé de fond en comble", c'est-à-dire de case en Grande Maison, les principes de l'épique et du tragique ", lui-même, dans cette "approche" où l'altérité fonde paradoxalement la connivence, renouvelle l'essai, rapportant la littérature à son plus haut objectif, "la totalité-monde".

10/1998

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Littérature française

La lézarde

Dans une île tropicale, de jeunes révolutionnaires décident de tuer l'homme chargé de réprimer les soulèvements populaires. Leur premier acte de liberté est un meurtre. La Lézarde, rivière qui unit les montagnes secrètes à l'océan, accompagne, dans sa traversée, les étapes dramatiques que vivent Mathieu, Thaël et leurs amis, leur montrant le chemin du monde. Prix Renaudot 1958, ce livre exceptionnel témoigne de l'émergence de la parole antillaise et de la genèse d'un langage.

05/1997

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Poésie

Poétique

Il n'y a pas un poème qui donne, il n'y a pas poème qui résume. La poétique est vrillée à l'énorme encan où le monde enfin réuni et divers se vend, s'offre, se rassemble. La poétique perce au profond (n'en remonte pas indistincte), exige de se nier là où elle affirme ; d'une poétique des poétiques du monde il ressort une antipoétique (une négation de l'Un dans le champ du Divers). Le poème est l'outil poétique de l'Un. Le bruit du poème aujourd'hui est donné dans un autre bruit : cette voix totale, armée, niante, reliante. Le poème est un moment de la voix, il ne se pose. C'est un pan du tout, qui ne se dévale pas tout. Je peux dépasser le poème, si ma voix est soutenue de l'énorme balan, si je consens aux densités de perfection que le poème imposait ; si, le quittant, je tends à y venir.

06/1997

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Littérature française

Poétique de la relation

"Esthétique de la terre ? Dans la poussière famélique des Afriques ? Dans la boue des Asies inondées ? Dans les épidémies, les exploitations occultées, les mouches bombillant sur les peaux en squelette des enfants ? Dans le silence glacé des Andes ? Dans les pluies déracinant les favelas et les bidonvilles ? Dans la pierraille et la broussaille des bantoustans ? Dans les fleurs autour du cou, et les ukulélés ? Dans les baraques de fange couronnant les mines d'or ? Dans les égouttoirs des villes ? Dans le vent aborigène ravagé ? Dans les quartiers réservés ? Dans l'ivresse des consommations aveugles ? Dans l'étau ? La cabane ? La nuit sans lumignon ? Oui. Mais esthétique du bouleversement et de l'intrusion. Trouver des équivalents de fièvre pour l'idée "environnement" (que pour ma part je nomme entour), pour l'idée "écologie", qui paraissent si oiseuses dans ces paysages de la désolation. Imaginer des forces de boucan et de doux-sirop pour l'idée de l'amour de la terre, qui est si dérisoire ou qui fonde souvent des intolérances si sectaires". Edouard Glissant.

10/1990

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Poésie

Le sang rivé

Ce volume reprend dans son état initial le recueil publié par Edouard Glissant en 1961. II contient les poèmes écrits entre 19 et 26 ans, de 1947 et 1954. Le titre et les poèmes sont à l'image du poète. Le sang rivé est un hymne à la nature des Antilles, cette rive de l'Atlantique, éloignée de l'Afrique-mère à laquelle enfin l'homme noir hier encore esclave a fini par s'adapter. Le sang rivé est un manifeste d'enracinement dans cette terre d'adoption : le noir africain arrivé aux Antilles y fixe son sang ; percevant désormais le monde à partir de son lieu. Le sang rivé est une exposition de soi : l'écrivain assume clairement son statut de poète engagé, partageant l'histoire de son peuple sans oublier de se mesurer aux autres histoires du monde. Edouard Glissant confirme par ces textes sa place de héraut du monde noir après le rôle qu'il a joué lors des deux Congrès internationaux des écrivains et artistes noirs (Paris, 1956 ; Rome, 1959) qui constituent le moment où se forge une parole autonome, authentique et collective des intellectuels noirs dans l'espace littéraire et politique européen.

09/2012

ActuaLitté

Poésie

Le sel noir ; Pays rêvé, pays réel suivi de Fastes et de Les grands chaos

Coffret de deux volumes vendus ensemble.

05/2021