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Molière, dramaturge libertin

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Critique littéraire

Ecrire la catastrophe. L'Angleterre à l'épreuve des éléments (XVIe-XVIIIe siècle)

De par sa situation insulaire, l'Angleterre n'a cessé de s'approprier les récits des catastrophes naturelles qui ont façonné son histoire pour se forger une identité poétique qui lui est propre et affirmer une sensibilité particulière aux phénomènes extrêmes. Cet ouvrage se propose d'explorer la première modernité anglaise (XVIe-XVIIIe siècles), époque du "petit âge glaciaire" où l'écriture du moi l'emporte peu à peu sur l'écriture du nous, à travers le prisme de catastrophes naturelles vécues ou fantasmées par les dramaturges, les poètes, les théologiens, les philosophes et les explorateurs de la période. Entre mathématisation du monde et reconstruction du réel, l'écriture de la catastrophe participe autant d'une volonté de résilience que d'un désir de mise en scène, comme le montrent les treize chapitres du livre : les récits d'événements hors-normes sont tous soigneusement construits et contribuent à unir une contrée en proie à des tensions religieuses et à une forte instabilité politique. Il s'agit pour les écrivains de dépasser la terreur suscitée par les inondations, les vents violents, les tremblements de terre et le froid glacial, afin de promouvoir une vision sociale prônant l'entraide et une réflexion sur la manière dont foi et science peuvent se nourrir l'une l'autre, sans oublier de mettre en avant l'image d'une Angleterre endurante et conquérante. Cette poétique du cataclysme permet en outre de mettre en lumière les rapports que les contemporains de Shakespeare, de Bacon ou de Cook entretenaient avec une Nature désenchantée et progressivement muée en "environnement". Plus encore, elle nous conduit à mieux comprendre comment et pourquoi l'avènement de l'Anthropocène, ère géologique qui correspond au moment où les effets de l'activité humaine ont véritablement commencé à modifier notre écosystème, est situé par certains climatologues au début du XVIIe siècle.

11/2019

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Littérature française

Le Bloc-notes Tome 1 : 1952-1962

De 1952 à 1970, pendant près de vingt ans, François Mauriac a régné sur le journalisme politique, à L'Express puis au Figaro, dont il fut l'éditorialiste vedette. Il y a inventé une catégorie particulière, celle de l'écrivain-journaliste. Il connut à travers son Bloc-notes un rayonnement exceptionnel. Son influence sur l'opinion lui valait d'être craint par les pouvoirs en place, de droite comme de gauche, dont il ne cessa de stigmatiser, souvent avec férocité, la corruption, l'impuissance et la médiocrité. Mauriac maniait avec un brio implacable l'art de la polémique et rares sont ceux qui eurent grâce à ses yeux : essentiellement Pierre Mendès France, qu'il défendit avec fougue au moment de son bref passage à la tête du gouvernement, et Charles de Gaulle, auquel il apporta un soutien fervent, notamment durant la guerre d'Algérie et jusqu'à son départ. Malgré son peu d'indulgence, Mauriac s'exprimait en tant que chrétien au nom d'une exigence de justice et de charité. Ce sont ces convictions qui inspirèrent son combat en faveur de la décolonisation et contre toutes les formes d'oppression et de discrimination. Oeuvre d'engagement, son Bloc-notes raconte et traverse deux décennies d'histoire française comme une véritable dramaturgie romanesque. L'écrivain y livre aussi beaucoup de lui-même, de sa foi, de ses goûts littéraires, de son amour de la nature et des paysages qui lui sont restés familiers depuis son enfance. Témoin tour à tour fasciné, amusé, indigné et plus rarement admiratif d'une actualité souvent tragique, il ne s'éloigne jamais de lui-même en parlant des autres, explorateur inlassable des passions humaines. Jean-Luc Barré.

08/2020

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Communication - Médias

Codes, races, climat, habitudes. Implications sociales de la numérisation

Depuis le début des années 2000, Wendy Hui Kyong Chun a publié cinq ouvrages qui ont profondément modifié la façon dont nous concevons les logiciels, les socialités sur plateforme et les modes de subjectivation qui en émanent. Malgré sa célébrité internationale, cet ouvrage est le premier qui introduit ses travaux aux publics francophones. On y trouvera des analyses du code comme sorcellerie, de la racialisation comme technologie, du changement climatique comme modélisation et des big data comme dramaturgie. Ces questions centrales pour notre époque sont dynamisées par la triple perspective caractéristique de ses recherches : une ingénieure qui nous fait entrer dans les boîtes noires de la computation ; une historienne des sciences sociales sensible à leurs biais coloniaux et patriarcaux ; et une philosophe politique en prise directe avec les luttes d'émancipation. Après une préface donnant une vue d'ensemble du travail mené par Wendy Hui Kyong Chun au cours des vingt dernières années, deux chapitres exposent l'originalité de sa conception de la programmation et du code, dont elle analyse différentes dynamiques paradoxales : plus une interface est user-friendly, plus elle est rendue opaque par la multiplication des couches nécessaires à la rendre intuitive ; plus on prétend se mettre à l'écoute algorithmique des "données" , plus on reproduit des biais discriminatoires cachés. Le troisième chapitre traite plus particulièrement de certains biais de racialisation, le quatrième fait la généalogie de la notion d'homophilie, qui organise actuellement nos interactions sur plateformes mais qui hérite d'une conception eugéniste des populations humaines, tandis que le cinquième chapitre porte sur le besoin de convoquer les sciences humaines et sociales dans la conception des modèles algorithmiques chargés de prédire les évolutions et impacts du dérèglement climatique. Une postface rebondit sur le contenu de ces différents chapitres pour réfléchir à leur pertinence dans le contexte des cultures francophones contemporaines.

05/2023

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Histoire du protestantisme

Revue d'Histoire du Protestantisme N° 3/2023 : Pouvoirs et institutions dans les protestantismes européens (vers 1840 - vers 1900)

SOMMAIRE - Articles - Pouvoirs et institutions dans les protestantismes européens (vers 1840 - vers 1900) - P. HARISMENDY, "Le gouvernement des Eglises dans l'Europe protestante au XIXe siècle : un moyen efficace d'arbitrer les dilemmes ? " - Le monopole réagencé des Eglises-Peuple - E. SIDENVALL, "Un luthéranisme en transition : Suède, 1840-1900" ; P. MARKKOLA, "Le luthéranisme en Finlande : entre religion d'Etat et Eglise du Peuple" ; S. BARAL, "Devenir italienne : l'Eglise évangélique vaudoise de la Restauration à la Belle Epoque" - Acteurs et dramaturgie de la scène ecclésiologique - M. FRIEDRICH, "Power, Institutions and Factions in German Protestantism" ; B. REYMOND, "Déchirures ecclésiastiques dans le Canton de Vaud au XIXe siècle" ; T. -E. KRIJGER, "The Reformation that Failed to Occur : Liberal Protestantism as an Organised Movement in the Netherlands (c. 1860 - c. 1920)" - Libertés religieuses et incidences organisationnelles - K. E. LARSEN, "Freedom of Religion but with Exceptions. Opportunities and Difficulties for non-Lutherans in Denmark, 1840-1900" ; S. SCHOLL, "Sortir du calvinisme d'Etat au XIXe siècle : les clivages genevois" ; G. LLOYD, "Forces et faiblesses du protestantisme gallois (1840-1900)" ; H. LANUSSE-CAZALE, "Le contrôle de la chaire par les institutions représentatives dans les Eglises protestantes du Sud aquitain (vers 1840 - vers 1905)" - Par où se réajustent les normes - J. BECKER, "Hiérarchie et obéissance dans les missions protestantes allemandes au XIXe siècle : le cas de la Mission de Bâle en Inde (1830-1870)" ; C. GROSSE, "Une polémique en sourdine : l'introduction d'une liturgie funèbre dans les Eglises réformées francophones au XIXe siècle" ; P. -Y. KIRSCHLEGER, "Les évangéliques de Provence et Bas-Languedoc, pionniers de la réorganisation synodale en France (1879-1896)" ; M. MAZET, "Les débats dans les synodes réformés particuliers des 17e, 18e et 19e circonscriptions (Basse Ardèche, Haute Ardèche - Haute Loire et Drôme) entre 1879 et 1905" - Assemblée Générale - I. SABATIER, "Rapport moral annuel pour l'année 2022" - Comptes rendus.

07/2023

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Mythologie

Po-greek myths

Les mythes grecs sont des classiques intemporels, dont les scènes et les personnages nous captivent depuis l'Antiquité. Les dieux et les héros de ces légendes tendent un miroir à la condition humaine, incarnant des caractéristiques et des vérités universelles, comme le courage, la cupidité, l'ambition, la vengeance ou l'hubris. Ces traits de caractère sont à la base de drames immortels et de récits riches, aussi profonds que divertissants, qui forment encore aujourd'hui le socle de notre culture et de notre littérature, toujours pertinents et fascinants pour tous les lecteurs, petits ou grands. Cette édition contient 21 histoires tirées des épisodes les plus célèbres depuis la guerre de Troie, la suite des pérégrinations d'Ulysse et son retour tant attendu à Ithaque. Les textes ont été soigneusement compilés à partir de l'ouvrage de référence Sagen des klassischen Altertums (Dieux et héros : mythes et épopées de la Grèce antique) de Gustav Schwab (1792-1850), et illustrés de manière saisissante par 15 artistes, parmi lesquels des représentants éminents de l'âge d'or de l'illustration de livres et du mouvement Arts and Crafts, dont Walter Crane (1845-1915), William Russell Flint (1880-1969), Newell Convers Wyeth (1882-1945) et Virginia Frances Sterrett (1900-1931). Ces illustrations sont complétées par des vignettes mettant en scène chaque récit et un arbre généalogique des divinités grecques par Clifford Harper. Plaçant les récits dans leur contexte, cet ouvrage contient une introduction historique du Dr Michael Siebler, et un glossaire complet des plus célèbres protagonistes de la Grèce antique. L'héroïsme, la tragédie, et la dramaturgie de la mythologie grecque illuminent chaque récit de cette édition magnifiquement illustrée et redonnent vie à leurs personnages, divins et mortels.

04/2023

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Littérature française

Le siècle des coureurs

Confetti sur la mappemonde, la Belgique a engendré parmi les plus grands cyclistes de l'histoire, hébergé parmi les courses les plus prestigieuses ; c'est encore vrai aujourd'hui, en dépit de l'émergence de nouvelles puissances du vélo. Une si vaste histoire ne se débobine pas sans ses secrets, ses récits cachés dans les replis de la pellicule, tantôt glorieux, tantôt honteux. Le film commence au début des années 1920, lorsqu'un escadron de cyclistes wallons annexait les premières places au Tour de France, dans une compétition qui exigeait du vainqueur un effort herculéen. Il se termine par le portrait de Guillaume Martin, coureur philosophe passé par l'équipe Wanty-Gobert ; curieux mélange entre pensée abstraite et Wallonie entrepreneuriale. Dans l'intervalle, trois monstres belges de la pédale revisitent leur époque et auscultent le cyclisme moderne : Patrick Lefevere, patron de Julian Alaphilippe et Remco Evenepoel ; Johan Museeuw, roi des classiques flandriennes au tournant du millénaire ; et Johan Bruyneel, ancien directeur sportif de Lance Armstrong et de l'US Postal, aujourd'hui banni à vie du vélo. Il était impossible d'évoquer l'histoire du cyclisme belge, aussi secrète soit-elle, sans se cogner au grand Eddy Merckx. Non pas pour raviver une millième fois le souvenir de ses exploits, mais pour enquêter sur les coulisses du départ du Tour de France 2019 organisé en son honneur à Bruxelles, où la Belgique a rappelé dans un barnum de bidons et de boyaux qu'elle tient à rester l'épicentre mondial du cyclisme, peut-être le seul sport qui par sa dramaturgie surpasse la vie. Les textes de ce recueil, légèrement remaniés par leurs auteurs pour l'occasion, sont initialement parus dans les magazines Wilfried et Eddy.

07/2022

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Histoire de France

Indo-chine. Une histoire coloniale oubliée Tome 1, Découverte, évangélisation, colonisation

L'Histoire de l'Indo-Chine (orthographe d'avant 1909) est mal connue des Français qui pourtant s'y installèrent en maîtres durant un siècle. La colonisation, fait récurrent des peuples dominants depuis l'aube des temps, n'en finit pas de soulever de vives controverses en France. Ce livre tente d'apporter un éclairage sur notre aventure coloniale en Asie du Sud-Est. Pour le meilleur et pour le pire, c'est en Indochine que l'influence de la France s'est exercée le plus tôt, avec le plus de persévérance et avec le plus de bonheur. Qui de nos jours connaît l'équipée évangélique en cette terra incognita des jésuites Alexandre de Rhodes ou Pigneau de Behaine, qui se souvient des aventures commerciales et guerrières de Jean Dupuis, des exploits de Francis Garnier, Henri Rivière, de la conquête des coeurs avec Henri Mouhot, Auguste Pavie ou Alexandre Yersin ? Durant près de trois cents ans la France a exercé là-bas son influence, au point d'en modifier le mode de vie, les croyances morales, la géographie physique et celle des frontières et la pensée de ses habitants. L'auteur raconte l'histoire, insupportable et remarquable à la fois, de l'épopée coloniale de nos aïeux dans ce territoire d'Asie qu'ils appelèrent Indo-Chine. Il conte le passé que nous avons eu de 1550 à 1956, avec ces peuples Kinh, Khmer et Lao qui restent nos amis, nos frères à jamais. L'ouvrage abondamment pourvu des faits événementiels de l'Histoire se lit, sans précipitation, tel un roman d'aventures épiques. La dramaturgie qui suit les indépendances des trois pays de l'ex Union française et le désintérêt lamentable apporté ensuite par la France n'y est que rapidement évoqué.

11/2012

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Théâtre

Tom à la ferme ; Le Peintre des madones ou la Naissance d'un tableau

Dans Tom à la ferme, Tom, publicitaire, se rend dans la famille de son amant, décédé lors d'un accident. Ce garçon de la ville se trouve projeté dans un monde qu'il ignorait : une laiterie isolée dans la campagne profonde. II subit alors un choc culturel, tant sa vie est différente ; et un choc émotionnel, car il comprend que son existence et que la vraie identité de son compagnon ont été cachées par le frère du défunt à leur mère. C'est violent et sensuel, car c'est bien son deuil qu'on lui vole. Mais c'est universel, car comprendre et accepter l'autre dans ce qu'il est vraiment reste l'aventure humaine la plus exigeante. Le Peintre des madones : à la fin de la première guerre mondiale, un jeune prêtre récemment nommé dans une paroisse québécoise lutte contre l'épidémie répandue par les soldats rentrés d'Europe. Dans un geste mystique et superstitieux, il propose de s'en débarrasser en ornant le mur de l'église d'une fresque à la gloire de la Vierge. Mais en engageant un peintre italien, qui prend toujours une jeune femme de la localité comme modèle, il sème le trouble dans les esprits et les corps des croyantes, au coeur de la communauté villageoise. Voici deux des dernières pièces de Michel Marc Bouchard, différant par la thématique, la dramaturgie et l'époque évoquée, mais liées par le pivot du mensonge, des apparences, de la mesquinerie humaine que l'amour physique ou mystique tente de dépasser, le tout servi par la grande maîtrise dramaturgique de Bouchard, qui lui vaut d'être un auteur très joué et apprécié des professionnels et des amateurs de la scène.

04/2012

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Critique littéraire

Théâtre de la cruauté et récits sanglants. En France (XVIe-XVIIe siècle)

C'est ainsi : nous prenons parfois plaisir à voir et à lire les horreurs du monde. L'actuel succès des films gore témoigne de ce penchant mais la représentation du sang et de la cruauté n'a rien de nouveau. Au tournant des XVIe et XVIIe siècles, la France est en charpie : le terrible bain de sang des guerres de Religion a marqué les esprits et le calme relatif du règne d'Henri IV n'empêche pas la mémoire des violences passées. De nouveaux auteurs, s'adressant à de nouveaux publics, ont ainsi, en France, la liberté d'inventer d'étonnantes formes littéraires. Alexandre Hardy, le plus prolifique des auteurs dramatiques du XVIIe siècle, et de nombreux dramaturges normands mettent le crime en honneur et la rime à l'horreur sur les échafauds de théâtre : ici, on ne se cache pas hors scène pour tuer. François de Belleforest, François de Rosset, Jean-Pierre Camus publient des recueils d'" histoires tragiques " qui deviennent, et pour longtemps, de véritables best-sellers, catalogues de récits de viols, de meurtres, de nez coupés, d'yeux crevés, de cœurs mangés et de toutes sortes de catastrophes. Cette littérature qui n'a pas froid aux yeux pose aussi des questions essentielles : qu'est-ce que l'acte d'un régicide ? qui est cet Autre qu'on assassine ? Ce volume, Décaméron sanglant de romans à sensations et de pièces à frissons, réunit plus de cent " histoires tragiques " et une dizaine de tragédies particulièrement saisissantes. Elles bouleversent l'idée que l'on peut avoir du XVIIe siècle et font ressurgir une partie de notre histoire littéraire longtemps niée, aussi moderne que le théâtre de Shakespeare ou que les récits sadiens. Leurs héros, s'ils ne sont pas des saints, n'en incarnent pas moins, à leur manière, une légende non plus " dorée " mais " écarlate ".

05/2006

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Littérature française

Le Bloc-notes Tome 2 : 1963-1970

De 1952 à 1970, pendant près de vingt ans, François Mauriac a régné sur le journalisme politique, à L'Express puis au Figaro, dont il fut l'éditorialiste vedette. Il y a inventé une catégorie particulière, celle de l'écrivain-journaliste. Il connut à travers son Bloc-notes un rayonnement exceptionnel. Son influence sur l'opinion lui valait d'être craint par les pouvoirs en place, de droite comme de gauche, dont il ne cessa de stigmatiser, souvent avec férocité, la corruption, l'impuissance et la médiocrité. Mauriac maniait avec un brio implacable l'art de la polémique et rares sont ceux qui eurent grâce à ses yeux : essentiellement Pierre Mendès France, qu'il défendit avec fougue au moment de son bref passage à la tête du gouvernement, et Charles de Gaulle, auquel il apporta un soutien fervent, notamment durant la guerre d'Algérie et jusqu'à son départ. Malgré son peu d'indulgence, Mauriac s'exprimait en tant que chrétien au nom d'une exigence de justice et de charité. Ce sont ces convictions qui inspirèrent son combat en faveur de la décolonisation et contre toutes les formes d'oppression et de discrimination. Oeuvre d'engagement, son Bloc-notes raconte et traverse deux décennies d'histoire française comme une véritable dramaturgie romanesque. L'écrivain y livre aussi beaucoup de lui-même, de sa foi, de ses goûts littéraires, de son amour de la nature et des paysages qui lui sont restés familiers depuis son enfance. Témoin tour à tour fasciné, amusé, indigné et plus rarement admiratif d'une actualité souvent tragique, il ne s'éloigne jamais de lui-même en parlant des autres, explorateur inlassable des passions humaines. Jean-Luc Barré.

08/2020

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Critique littéraire

Operratiques

Operratiques est l'un des importants manuscrits inédits que Michel Leiris a laissés après sa mort. Ce titre est construit à partir d'une juxtaposition de deux termes - opéra et erratique - qui forment ce que l'on appelle un "mot valise" , il place cet ouvrage sous le signe de ce que Michel Leiris lui-même appelait l'une de ses "aficion" - l'autre étant la tauromachie - avec, comme il se doit, ses emportements, ses retraits, ses manies et ses égarements, ses injustices et ses repentirs, avec ses interrogations aussi : celles d'un écrivain pour qui toute réflexion sur l'opéra paraissait être de nature à résoudre quelques-uns des problèmes esthétiques qu'il se posait, entre autres ceux de la "présence" , du "merveilleux" , de la "modernité" ou, plus généralement, du "langage" , en l'occurrence chanté. L'ouvrage est composé de trois mouvements. Le premier aborde l'opéra d'un point de vue objectif, parfois sociologique et même ethnographique, que ce soit par les thèmes de l'exotisme, de l'érotisme, du fantastique, de la pataphysique ou de l'engagement politique dans l'opéra sur lesquels Michel Leiris s'interroge. Le second, le plus important et de nature plus subjective, propose une réflexion sur l'esthétique et sur la dramaturgie de l'opéra, l'auteur évoquant ses souvenirs d'oeuvres vues ou entendues, justifiant ses attirances (Mozart, Verdi), exprimant ses réserves, voire ses répugnances (Wagner surtout), manifestant l'un de ses plus célèbres remords (Puccini), faisant appel à son expérience d'ethnographe et de voyageur (opéra chinois, vaudou), traitant l'opéra comme une fête, comme un plaisir de dilettante, mais aussi, empruntant l'expression d'Antonin Artaud, comme "théâtre de la cruauté" . Le dernier mouvement est surtout consacré aux chanteurs ("monstres sacrés"), à la mise en scène, aux théâtres d'opéra, aux rituels des représentations.

03/1992

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Critique littéraire

De la mélancolie du drame baroque au théâtre de la politique moderne. Le tournant de l'Angleterre élisabéthaine vers l'ordre et la synchronisation

Cette étude examine les aspects de la souveraineté politique sur la scène élisabéthaine, notamment sur la scène shakespearienne, dans l'Angleterre du XVIIe siècle. A la lumière des analyses consacrées par Walter Benjamin au drame baroque en 1928, et de la réaction que Carl Schmitt leur a opposée dans Hamlet ou Hécube (1956), elle vise à montrer que Shakespeare met en scène la mortalité des corps politiques et la souveraineté nouvelle de l'intrigant dans le temps terrestre. Sommé de maîtriser l'art et le tempo de l'intrigue, le Prince ne sait toutefois pas empêcher la décomposition de l'Etat, aussi bien sur la scène théâtrale - comme personnage - que dans l'Angleterre contemporaine - comme représentant officiel de la Dignité et de l'unité du Royaume. En sondant le vertige mélancolique (et sceptique) d'Hamlet, nous interrogeons dès lors le mouvement des institutions civiles vers l'ordre et la synchronisation du commerce entre les individus, le Prince appelant lui-même de ses voeux un autre "corps politique", un autre gouvernement, une autre discipline, une autre écriture du pouvoir. Le moment pré-hobbesien de la scène élisabéthaine coïncide avec le déchaînement de la mélancolie et du scepticisme baroques, la création théâtrale anticipant de la sorte certains accents et aspects de la révolution puritaine. L'ordre et la synchronisation du commerce entre les individus pourraient bien constituer, du reste, la réponse puritaine - et non pas hobbesienne - à ce "monde à l'envers" qui préoccupe tant les dramaturges et leurs spectateurs. Irréductible au projet de l'ordre et de la synchronisation dans sa variante puritaine, la scène shakespearienne reflète et réfléchit suffisamment celui-ci pour fournir l'occasion d'interroger ici le déploiement du théâtre de la politique moderne, notamment sa genèse dans la mélancolie.

01/2019

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Théâtre

Le théâtre noir brésilien. Un processus militant d'affirmation de l'identité afro-brésilienne

L'ouvrage de Christine Douxami «Le théâtre noir brésilien : un processus militant d'affirmation de l'identité afro-brésilienne», met en avant les différentes formes artistiques et esthétiques du théâtre noir au Brésil de sa création en 1944 jusqu'à aujourd'hui. Ce théâtre constitue une réponse militante et artistique de la part de membres du groupe ethnique afro-brésilien à un sujet jusqu'à aujourd'hui tabou au Brésil : la discrimination raciale qui émane de l'ensemble de la société brésilienne envers les populations afro-brésiliennes. Depuis 2001, le gouvernement fédéral brésilien met toutefois en avant des politiques d'action affirmative en faveur des populations noires et commence à admettre l'existence du racisme. Le théâtre noir a donc parallèlement connu un nouvel essor et traduit, tant en termes de dramaturgie qu'esthétiquement sur le plateau, les nouvelles aspirations des populations afro-brésiliennes. L'ouvrage, en soulignant le travail des précurseurs brésiliens dans ce domaine de l'art engagé et en montrant quels sont les choix artistiques et politiques actuels de ce théâtre de revendication identitaire est donc particulièrement actuel et nécessaire. Entre théâtre épique, théâtre documentaire, théâtre Butô, conte, les sources de ce théâtre politique sont nombreuses. Le livre est inédit et se fonde sur des entretiens de plus de 150 personnes qui incluent les pionniers du théâtre noir comme les comédiens et metteurs en scène d'aujourd'hui. Il articule à la fois des formes théâtrales passées et présentes et des espaces géographiques brésiliens très distincts comme Rio de janeiro, Sao Paulo et Salvador. L'ouvrage reflète un questionnement autour de la négritude et de ses héritiers et amène à s'intéresser plus largement à l'engagement politique des artistes africains et de la diaspora au sein du théâtre contemporain.

06/2015

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Littérature française

Monument Valley

Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose. Un motel, posé au milieu de nulle part mais proche de Monument Valley. Un homme y fait étape, lors d'un voyage dans l'Ouest des Etats-Unis durant lequel il essaie de faire un deuil que l'on devine difficile. Mais le lieu, dans son étrangeté, faite d'immobilité et de mystère, le retient. Il s'y installe tout naturellement, trouvant peu à peu sa place dans la petite "société" qui l'habite, à commencer par Monsieur Heartwood, le propriétaire et sa fille Lisa. Il y a aussi Madame Delcour, énigmatique Française installée là depuis plusieurs années, Anoki, l'Indien Navajo, et quelques clients de passage qui disparaissent comme ils sont arrivés. Au fil des jours, des habitudes se prennent. Lire l'oeuvre de James Hadley Chase, dont les romans garnissent à eux seuls la bibliothèque du motel, donner un coup de main au propriétaire en le remplaçant à l'accueil, chevaucher dans le désert, cuisiner à l'occasion, toutes ces choses aident Pascal à trouver un début d'apaisement. C'est comme si le motel, le désert qui l'entoure, toute cette beauté minérale et épurée, apportaient enfin une réponse muette au questionnement douloureux qui semble l'avoir jeté là. Mais l'équilibre est fragile. Dans une sorte de lente dramaturgie, le récit, tout en émotions contenues, nous mène vers un dénouement inattendu. Avec ce texte à l'écriture tendue, toujours juste, Pascal Chapus nous donne un premier roman tout en nuances, où la perte et le deuil, loin d'être effacés, seront peut-être seulement le début d'autre chose.

03/2023

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Théâtre - Pièces

Oeuvres complètes. Tome 4, Les Tragédies

TEXTE DE L'AGRÉGATION DE LETTRES 2023, MËME PAGINATION QUE L'ÉDITION FORMAT SEMI-POCHE PRESCRITE. Tristan L'Hermite, que ses tragédies ont rendu célèbre au XVIIe siècle, est l'un des premiers dramaturges à restaurer le genre, avec le succès de La Mariane en 1636. Ses cinq tragédies, sur des sujets historiques, puisent aux trois grandes sources d'inspiration de la tragédie française. L'inspiration romaine est représentée par La Mort de Sénèque, évocation d'une conspiration avortée contre Néron, où se détache la figure émouvante du philosophe stoïcien ; et par La Mort de Chrispe, drame de l'épouse de Constantin, éprise de son beau-fils et provoquant sa mort, nouvelle Phèdre plus jalouse qu'incestueuse. À l'inspiration biblique se rattache La Mariane, où l'intérêt se porte moins sur la pathétique jeune femme que sur son époux, Hérode, tyran cruel et jaloux, mais épris de celle dont la mort le plongera dans la folie. L'inspiration orientale nous vaudra Panthée, pièce méconnue, où l'intérêt se partage entre le destin tragique de l'héroïne, qui cause la perte d'un époux aimé en le ralliant à Cyrus, et l'amour sans espoir d'Araspe, qui se suicide en apprenant sa mort ; et Osman, sujet moderne, qui représente la fin héroïque du sultan, victime des janissaires révoltés, animés par la fille du muphti, qui se venge ainsi de ses dédains, mais ne lui survit pas. Ces cinq tragédies illustrent des thèmes chers à Tristan : l'impuissance de l'homme face à un destin aveugle, le pessimisme tempéré parfois par une espérance chrétienne (Mariane, Sénèque, Constantin) ; et la solitude de l'individu tragiquement incompris par les autres (Hérode, Araspe, Fauste, la fille du muphti).

04/2022

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Théâtre

L'anti-Brecht. Le théâtre, sa mort, sa vie

Il y a vingt ans, j'ai publié un opuscule polémique, Thaumaturgie du théâtre ou l'Anti-Brecht, où j'annonçais avec des arguments de fond la dégringolade de cette icône stalinienne du mur de la honte où elle était accrochée. Certes, je n'étais pas le seul, bien qu'ayant ouvert le feu dès 1968 - moment particulièrement choisi ! - dans les Nouvelles littéraires et enfoncé le clou à partir de 1971 dans Matulu, tandis que les godillots défilaient en colonnes compactes dans les médias aux ordres, sous la bannière rutilante du compagnon de la Stasi. Parmi d'autres, Ionesco, Weingarten, le cher Georges Vitaly, Arrabal, Sacha Pitoeff, Guy Scarpetta, plus récemment John Fuegi ont dénoncé les impostures de l'homme, et surtout la fadeur du ragoût mitonnée dans le chaudron du Berliner Ensemble. Les chapitres qui composent cet Anti-Brecht revu, augmenté et actualisé entendent, non seulement en finir avec l'idole, mais aussi, d'une part, réfléchir sur la nature... anti-brechtienne du théâtre telle qu'Aristote, Corneille, Jouvet l'ont analysée ; d'autre part, prendre en compte ce qu'on nomme périodiquement la " crise du théâtre " et son évolution durant ces dernières années. L'ouvrage est dédié à la mémoire de Silvia Monfort, qui a suivi mes travaux pendant dix ans avec autant d'attention que j'ai suivi les siens, et de Jacques Mauclair, éveilleur et animateur de théâtre exemplaire. Après en avoir lu la version de 1989, ce dernier avait écrit de mon Anti-Brecht : " Il était temps que l'on sorte de cette ère de terrorisme brechtien et surtout de celui qu'ont exercé les médiocres successeurs du maître, brechtologues sourcilleux, critiques et autres " dramaturges ". M. M.

03/2010

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BD tout public

1989, le grand Tour. Edition spéciale

"En matière de rêve, j'ai appris à être patient. J'ai fini par admettre qu'il existe bien une sorte d'harmonie du hasard, plus ou moins favorable aux accomplissements. J'ai fini par admettre qu'un simple coup de fil peut vous installer à l'arrière d'une limousine du Tour de France, avant même de réaliser que l'enchanteur s'appelle Pierre Christin et qu'il vient de se servir de sa baguette d'éditeur magique. C'était en 1989. J'étais ce môme qui avait suivi jadis les exploits du Tour au transistor et qui voyait enfin les figurines de plomb rouler à 60, tomber dans des ravins et manger comme des ogres, le soir, en chantant victoire dans des hôtels hallucinés. 30 années plus tard, les repentirs flottent, comme un rêve à reprendre." Voici comment Max Cabanes parle de sa boucle magique réalisée en 1989. Un vrai rêve d'enfant qui se réalise ! Lui qui suivait le Tour dans les années 60 en déplaçant des figurines sur un jeu de l'oie va pouvoir le vivre en personne. Il en tirera un récit d'une soixantaine de pages, racontant les anecdotes qui l'ont marqué, ému, frappé. Mille choses qui permettent de mieux appréhender cette épreuve fabuleuse qui existe depuis 1903 ! Et, par un coup du sort, cette épreuve de 1989 sera incroyable. Qualifiée par la presse de l'époque de "Tour le plus fou", force est de reconnaître que le contexte est parfait pour une dramaturgie sportive de haut vol. Un plateau de favoris exceptionnel, des épreuves à suspens, et un final qui reste encore dans les esprits aujourd'hui. Un récit à revivre à travers les superbes illustrations dessinées dans la caravane par l'auteur-reporter.

07/2019

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Sciences historiques

Les vieux. De Montaigne aux premières retraites

Un chirurgien parisien du XVIIe siècle imaginait qu'on pourrait prolonger indéfiniment l'existence des vieillards en injectant dans leurs veines le sang d'un homme jeune. Mais l'espoir fut de courte durée et dans l'Europe classique il resta difficile de vieillir. En société, tout vieillard est alors " un Huron ". Molière ironise sur les duègnes et les barbons tandis que Corneille déplore cette " vieillesse ennemie ", dont Rembrandt et Frans Hals donnent une vision bien pessimiste. Au XVIIIe siècle, tout bascule. Greuze, Diderot et les préromantiques s'attendrissent sur les bons vieillards. Mieux soignés _ l'élixir de longue vie de Cagliostro n'y fut sans doute pas pour grand-chose _ ils sont aussi plus nombreux. Les catalogues de centenaires fleurissent. Finie l'époque des vieux repoussants. Les rôles sont maintenant inversés : les grands-mères racontent les sorcières aux enfants, les grands-pères deviennent des patriarches " sages et frais ". La Révolution, qui célèbre les vieillards dévoués à la patrie, élabore de beaux projets de pensions de retraite, mais ils n'aboutissent pas. Au même moment, le médecin du roi de Prusse s'intéresse à La Macrobiotique ou l'art de prolonger la vie de l'homme. Et en effet, l'espérance de vie commence à s'allonger, sans que Malthus en devine les conséquences. Car au XIXe siècle, la vieillesse part à la conquête de l'Europe. Les têtes grises triomphent à la tête des Etats : Louis-Philippe, Victoria, Metternich, François-Joseph, les présidents de la IIIe République... Charcot fonde une véritable médecine de la vieillesse. En France, comme en Angleterre ou en Allemagne, se met enfin en place une politique sociale en faveur des vieux. Certes l'éclatement de la famille entraîne pour beaucoup une nouvelle solitude, mais ils acquièrent un petit revenu en même temps qu'un statut social. Et le plus célèbre d'entre eux, Hugo, " le grand-père sans mesure ", donne à la vieillesse sa plus belle dimension symbolique. Jean-Pierre Bois, né en 1945, est ancien élève de l'Ecole Normale Supérieure de l'Enseignement Technique, agrégé d'Histoire et docteur ès Lettres. Il est actuellement professeur à l'Université de Nantes.

02/1989

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Thèmes photo

PORTRAITS CROISÉS

La série de photographies en couleur et en noir & blanc, Portraits Croisés, nous offre une vision de la culture à la fois positive et réjouissante dans laquelle se mêlent les grands classiques des siècles derniers (Molière, Victor Hugo, Beethoven...) aux contemporains (Wonder Woman, Pac Man, Dallas...). Portées par des artistes en tous genres (David Abiker, Irène Frain, Bartabas, Joann Sfar et tant d'autres) et grâce au travail méticuleux de mise en scène de Sacha Goldberger et de son équipe, ces figures emblématiques du monde de l'Art semblent avoir traversé les époques pour nous réconforter dans l'idée d'une culture universelle qui se moque des lois et des frontières, mais surtout dans l'espoir qu'elle demeure essentielle et qu'elle continue à donner du sens. A travers Portraits Croisés le photographe rend hommage à tout ce qui nous fait vibrer : des Arts nobles à la Pop Culture en passant par le cinéma, les jeux vidéo, la musique, la bande dessinée, etc. : tout ce qui nous enrichit et nous rend meilleurs, ou comme le disait encore Malraux, "La culture, c'est ce qui répond à l'homme quand il se demande ce qu'il fait sur la terre" . Mais portraits croisés n'est pas seulement une série de photos, c'est aussi l'engagement de la plupart des artistes qui ont posé pour ce projet et qui, au travers de textes et de dessins originaux, ont participé à enrichir ces portraits complètement dingues, tel Eric-Emmanuel Schmitt qui signe la préface de ce livre. Après avoir été révélé en France avec sa série sur sa grand-mère "Mamika" et celle sur les "Super Flemish" , Sacha Goldberger réalise depuis plus de 10 ans de nombreuses séries de photos dignes de productions cinématographiques. Le photographe navigue dans les époques à travers des costumes et des décors chargés d'Histoire. Il a publié plusieurs ouvrages et a été exposé dans de nombreuses villes, de Paris à Londres, en passant par Rio de Janeiro, New Delhi et Los Angeles. En 2021, Sacha a remporté le prix du Ministère de la Culture, "1 immeuble, 1 oeuvre" avec son projet "Les Compagnons Renaissance" . Il est aujourd'hui l'ambassadeur de la marque Leica®.

02/2023

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Critique littéraire

Henrik Ibsen

De Brand à Peer Gynt, d'Une maison de poupée à Hedda Gabier, en passant par Un ennemi du peuple et Les Revenants, Henrik Ibsen a profondément marqué l'histoire du théâtre. Et si son oeuvre est parmi les plus jouées et les plus traduites dans le monde, c'est probablement parce qu'elle jette sur l'âme humaine un regard aussi lucide qu'impitoyable, aussi universel qu'implacable, ce qui n'étonnera personne, venant d'un homme qui considère qu'écrire, " c'est prononcer sur soi le jugement dernier ". Hans Heiberg nous propose ici un portrait vivant et détaillé de cet écrivain demeuré caché derrière son oeuvre et, pour beaucoup de ses contemporains, impénétrable sous son " masque de sphynx ". Né en 1828 en Norvège, Henrik Ibsen voit le jour dans un pays qui vient de retrouver une indépendance relative en 1814 et qui n'a alors plus ni langue nationale ni vie culturelle propre. Issu d'une famille appartenant à la haute bourgeoisie, son père fait faillite alors qu'il n'a que sept ans. Dès lors, il va connaître une enfance et une jeunesse difficiles. Apprenti pharmacien, journaliste et poète de cérémonies, puis enseignant occasionnel, il finit par publier à compte d'auteur sa première pièce, Catilina. C'est à cette époque qu'Ole Bull, un des plus célèbres violonistes de l'époque, crée un théâtre national à Bergen et y engage Ibsen comme dramaturge. Il y reste six ans, apprend péniblement son futur métier et écrit huit pièces qui seront toutes des échecs. En 1857, il retourne dans la capitale pour diriger le Théâtre norvégien, mais la défaite est encore au rendez-vous. Lentement, il sombre dans l'alcoolisme et ne peut plus écrire. C'est son ami, Bjemstjeme Bjornson, futur prix Nobel, qui lui vient en aide en lui trouvant une bourse de voyage pour l'Italie. A Rome, une prodigieuse métamorphose s'opère en lui et, en trois ans, il écrit deux véritables chefs-d'oeuvre, Brand et Peer Gynt, et connaît enfin la célébrité. L'aventure, alors, ne fait que commencer...

10/2018

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Littérature étrangère

Imoseyama ou L'éducation des femmes

" Imo, Sé, ces monts en bordure de montagnes et montagnes, entre eux s'écoule la rivière Yoshino. Poussières aussi, moutardes aussi, fleurs de montagnes, en réalité décharge des feuilles et herbes des mots, ceux des poètes qui jouent dans le monde. " A ces feuilles et à ces mots qu'évoque Chikamatsu Hanji, il ajouta les siens, notamment dans Imoseyama ou L'éducation des femmes, ce chef-d'œuvre du répertoire du Bunraku, du répertoire japonais tout court. Le succès à la création, en 1771, ne s'est jamais démenti. A un premier niveau, le caractère intensément vivant, attachant des personnages, la force des passions qui les anime, passion amoureuse ou soif de pouvoir, ne peuvent que retenir l'intérêt du spectateur, éveiller son émotion. A un second niveau, à travers les péripéties de l'action, se dégage une vision distanciée, éclairante de la situation politique de l'époque par laquelle l'œuvre joue son rôle d'" art de la cité ". Elle témoigne du degré de développement atteint par le Japon au XVIIIe siècle et, indirectement, par les nombreuses allusions à la Chine, rappelle l'importance millénaire du pôle de civilisation de l'Extrême-Orient. Les conflits, généralement ceux du théâtre de la période d'Edo, où se développait la puissance de la bourgeoisie, sont de type cornélien : devoir de loyauté contre inclination du cœur. Placés devant ces conflits, les personnages principaux vont choisir. Par cette liberté de jugement jusqu'à la mort s'exprime une exigence de pouvoir légitime et juste. L'œuvre éveille ainsi un écho qui s'entendrait à travers les bouleversements des époques subséquentes et peut atteindre une écoute au-delà des mers. L'introduction analyse les intrigues, le contexte historique, rapporte la formation et le parcours du dramaturge. Elle rend compte des étapes et des épreuves traversées par le Bunraku, ce sommet absolu de l'art de la marionnette, jusqu'à sa reconnaissance par l'Unesco comme " chef-d'œuvre du patrimoine oral et immatériel de l'humanité ". Une description détaillée de la scène du Bunraku permet d'imaginer une représentation avant d'y assister.

01/2009

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Ecrits sur l'art

Pierre entourée de chutes

Peintre des zoos, membre de la Figuration narrative, meurtrier symbolique de Marcel Duchamp, président du Salon de la Jeune Peinture de 1965 à 1969, décorateur pour le théâtre, philosophe, poète, dramaturge ? : les catégories qui décrivent le travail de Gilles Aillaud sont aussi ce qui empêche d'y accéder. S'en affranchir suppose moins un effort qu'un suspens devant son oeuvre. Ses tableaux et ses écrits produisent eux-mêmes cet arrêt. Tandis que ses articles politiques des années soixante s'engagent dans la lutte des classes, les essais critiques et les poèmes qu'il publie après le reflux idéologique des années soixante-dix établissent une relation directe avec les choses. Alors que les premiers cherchent à opposer d'autres notions à celles de la culture bourgeoise, les seconds délaissent les concepts organisateurs. Cette évolution n'est pas un abandon du projet socialiste, mais un élargissement de sa portée, un approfondissement de ses conditions. Ouvrir les yeux, réfléchir au sens que prend l'histoire, se focaliser sur le soubassement relationnel qui préexiste au lien social, est à la fois ce qui anime Gilles Aillaud avant Mai 68 et ce sur quoi il se concentre particulièrement dans la suite de son oeuvre. Et c'est aujourd'hui, où les activités dominantes emportent tout dans le chaos, notre propre urgence. Sont réunis dans la première partie de cet ouvrage tous les articles politiques de Gilles Aillaud, ses essais philosophiques, ses écrits de catalogue, un choix de poèmes et de proses poétiques concernant l'art, ainsi que la transcription de quatre manuscrits inédits. N'y sont pas reprises ses contributions à L'Encyclopédie de tous les animaux y compris les minéraux, ni ses pièces de théâtre, ni la plupart de ses poèmes. La seconde partie réunit d'abord les entretiens les plus importants dans lesquels Gilles Aillaud aborde son travail de peintre et de décorateur de théâtre, puis en annexe les principales réactions suscitées par le meurtre symbolique de Marcel Duchamp. En tant que président du Salon entre 1965 et 1969, Gilles Aillaud est l'auteur des éditoriaux des quatre premiers numéros du Bulletin de la Jeune Peinture. Comme les autres articles du journal, ils n'étaient pas signés, par rejet de l'individualisme.

11/2022

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Théâtre

Cardenio entre Cervantès et Shakespeare. Histoire d'une pièce perdue

Comment lire un texte qui n'existe pas, représenter une pièce dont le manuscrit s'est perdu et dont on ne sait pas avec certitude qui fut son véritable auteur ? C'est l'énigme que pose Cardenio - une pièce jouée en Angleterre pour la première fois en 1612 ou 1613 et attribuée quarante ans plus tard à Shakespeare (et Fletcher). Elle a pour trame une " nouvelle " insérée dans Don Quichotte, oeuvre qui circula dans les grands pays européens où elle fut traduite et adaptée pour le théâtre ; en Angleterre, le roman de Cervantès était connu et cité avant même d'être traduit en 1612 et d'inspirer Cardenio. Mais cette énigme a d'autres enjeux. C'était un temps où, grâce notamment à l'invention de l'imprimerie, proliféraient les discours : la crainte de leur excès conduisait souvent à les raréfier. Tous les écrits n'avaient pas vocation à subsister, et particulièrement les pièces de théâtre qui, très souvent. n'étaient pas imprimées - le genre, situé au plus bas de la hiérarchie littéraire. s'accommodait fort bien de l'existence éphémère des oeuvres. Mais qu'un auteur devienne fameux, et la quête de l'archive inspirait l'invention de reliques textuelles, la restauration des restes abîmés par le temps, voire, pour combler des manques. parfois la fabrication de faux. C'est ce qui arriva à Cardenio au XVIIIe siècle. Retracer l'histoire de cette pièce conduit alors à s'interroger sur ce que fut, dans le passé, le statut des oeuvres jugées aujourd'hui canoniques. Le lecteur redécouvrira ici la malléabilité des textes, transformés par leurs traductions et leurs adaptations ; leurs migrations d'un genre à l'autre : les significations successives qu'en construisirent leurs différents publics. Pour nombre de ses lecteurs, Don Quichotte fut longtemps un répertoire de nouvelles. bonnes à publier séparément ou à porter sur la scène, aux dépens de la cohérence des aventures du héros éponyme. et Shakespeare un dramaturge qui, à l'instar de nombre de ses confrères, écrivait en collaboration, recyclait des histoires empruntées à d'autres écrivains et dont certaines oeuvres ne rencontrèrent pas d'éditeur. Ainsi, grâce à Roger Chartier, s'éclaire le mystère d'une pièce sans texte niais non sans auteur.

08/2011

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Littérature étrangère

Les aventures d'Augie March ; Le don de Humboldt

Roman de la dure découverte du monde par un enfant, Les Aventures d'Augie March se déroule d'abord dans les miasmes d'un quartier pauvre de Chicago. Mais pour le jeune Augie, c'est une ville magique où se déploie sa profonde joie de vivre. Son théâtre enfantin, c'est une famille qui se compose d'une mère presque aveugle, d'un frère aîné admiré sans réserve, d'un jeune frère débile mental et de Grandma Lausch, qui veille sur la présence en classe des garçons tout en les envoyant gagner de l'argent. Si Augie commence sa carrière en livrant des fleurs pour les enterrements de gangsters assassinés, il ne vit pas moins en plein mythe : il projette les héros de la grande histoire ; César, Néron, Pierre le Grand, Alcibiade, le roi David ; sur les bootleggers, les parieurs et les trafiquants. Ainsi avance et grandit Augie, qui se laisse bercer par l'existence, charmant, sans projet précis... Roman dont le génie tient au double regard enfant-adulte, Les aventures d'Augie March est un livre joyeux d'hymne à la vie. Le Don de Humboldt met en scène deux écrivains que tout oppose : Von Humboldt Fleisher, poète prodige aux sommets de la gloire littéraire à vingt ans, mort à trente dans la misère, l'alcool et l'oubli. Et son ex meilleur ami, Charlie Citrine, devenu un dramaturge à succès. Mais Citrine est conscient de ses failles : tombé sous la coupe d'un petit gangster, Rinaldo Cantabile, ruiné par un divorce, traqué par le fisc, abandonné par sa maîtresse... Seul peut le sauver un legs imprévu de Humboldt : un synopsis qui devrait devenir un grand film. Ironie de l'histoire, c'est un tout autre scénario, soufflé involontairement par Cantabile, qui permettra à Citrine de recouvrer la fortune et la gloire. Roman picaresque d'une étonnante richesse d'invention, de culture et de réflexion colorée par l'humour, tableau de la vie intellectuelle américaine au XXe siècle, Le Don de Humboldt porte aussi un regard désabusé sur le métier d'écrivain aux Etats-Unis. Le roman, prix Pulitzer 1976, a propulsé Saul Bellow vers les sommets. Nouvelle traduction intégrale de Michel Lederer.

09/2014

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Revues

Europe N° 1106-1107-1108, juin-juillet-août 2021 : La marionnette aujourd'hui

Sur les scènes contemporaines, les créations associées à l'art des marionnettes sont aujourd'hui parmi les plus originales et inventives. Quel chemin parcouru depuis un siècle ! En 1920, la présence du théâtre de marionnettes dans la vie culturelle européenne se divisait entre des formes traditionnelles en déclin - les Guignols des jardins publics, entre autres - et sa présence dans un théâtre d'avant-garde qui, si elle fut intense et très créatrice, toucha une frange relativement faible du public. Aujourd'hui on ne sait plus comment nommer le théâtre de marionnettes, tant son extension et ses formes ont évolué. L'art des marionnettes s'est considérablement ouvert et mêlé à toutes sortes de recherches scéniques. Ce numéro d'Europe entend brosser un paysage de la création contemporaine et explorer les multiples manières d'"être marionnette", de "faire marionnette" sur un plateau. C'est-à-dire aussi les façons de faire coexister, sur scène et dans l'écriture, l'homme et ces "autres que lui" auxquels la vie courante et la scène traditionnelle n'accordent souvent guère plus que le statut d'objet. La question du comique, largement délaissée depuis quelques lustres, est également abordée ici sous un nouveau jour, en relation avec les mutations profondes de l'art de la marionnette. Un rire souvent subversif grinçant, voire inquiétant, qui nous fait remonter jusqu'aux endroits où nous ne maîtrisons plus notre corps et nos actes. Un rire qui sonne conne une réaction de survie devant les excès de notre condition humaine à laquelle, sans cesse, le théâtre de marionnettes nous ramène. Originaire de Roubaix où il agrandi dans un quartier ouvrier, Daniel Lemahieu (1946-2015) fut attiré arks l'enfance par les marionnettes à tringle. Devenu à la fois écrivain, dramaturge, formateur et animateur de théâtre, son oeuvre pour la scène est de celles dont la dimension s'affirme et grandit avec le temps. Elle est souvent âpre, traversée par les ombres de l'Histoire - la guerre d'Algérie, le génocide rwandais - mais caractérisée aussi par le goût des matières, l'appétit de la langue, des sons et du rire carnavalesque.

06/2021

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Poésie

Corollaire. Edition bilingue français-italien

Corollaire est un livre composé de 53 poèmes qui sont autant de cartes postales, écrites des quatre coins du monde, dont l’agencement constitue une sorte de journal. L’écriture de Corollaire, vivante et ludique, mêle des éclats de narration documentaire et des séquences d’introspection cryptée. Ces poèmes du voyage, de l’autobiographie et de la rencontre — qui prennent souvent la forme de confessions que Sanguineti adresse à sa femme — sont teintés d’une ironie et d’une autodérision désacralisantes. La langue de Corollaire est extrêmement inventive, elle mélange la culture la plus haute et ancienne et le langage de la rue le plus contemporain. La langue de Sanguineti est également « élargie » par des expressions de la langue italienne parlée et dialectale, ainsi que par des mots et expressions des langues étrangères, des néologismes, et par un usage saccadé de la ponctuation. Les éditions Nous sont heureuses de proposer au public français la poésie d’Edoardo Sanguineti, considéré comme une des figures majeures de la poésie italienne contemporaine, mais dont les traductions sont à ce jour encore rares. gravez-les en toutes lettres, lecteurs testamentaires (c’est à mes écoliers que je parle,/mes hypocrites enfants, les philoprolétaires qui me ressemblent tant, innombrables,/désormais, comme les grains de sable de mon désert vide), ces paroles miennes, sur ma tombe,/avec la salive, en vous trempant un doigt dans la bouche : (comme je le trempe, maintenant, /entre les excessifs abcès de mes gencives glacées) :/ j’en ai joui, moi, de ma vie :Edoardo Sanguineti (Gênes, 1930-2010)poète, professeur d’université, romancier, critique, traducteur, dramaturge, homme politique. Figure de proue des« novissimi », il crée en 1963, avec Umberto Eco, Nanni Balestrini et Giorgio Manganelli, le « Gruppo 63 », dont lebut est l'expérimentation littéraire et le questionnement des langages artistiques. De sa vaste œuvre poétique n’ont à ce jour été traduits en français qu’un recueil, Postkarten (Éditions l’Âge d’Homme, 1990) et une petite anthologie chez Textuel en1999. Corollario, publié en Italie en 1997 chez Feltrinelli, a été écrit entre 1992 et 1996.

05/2013

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Critique littéraire

Le "Sur Racine" de Roland Barthes. Edition revue et augmentée

Le Sur Racine de Roland Barthes a connu un succès et une diffusion qu'aucun livre de critique, du moins en France, n'a sans doute connus à notre époque. Cette audience exceptionnelle est due en grande partie à la "querelle" déclenchée par le pamphlet de Raymond Picard, Nouvelle Critique ou Nouvelle Imposture. Raymond Picard avait seulement voulu jeter un cri d'alarme en épinglant quelques affirmations aussi arbitraires que ridicules qui devaient suffire à discréditer leur auteur. Au lieu de cela, hélas ! il a fourni à Roland Barthes l'occasion de se poser en victime de l'Université "traditionnelle", d'affecter d'avoir été choisi comme "bouc émissaire" par les organisateurs d'une opération réactionnaire d'intimidation et de répression intellectuelles, et ainsi de mobiliser en sa faveur la quasi-totalité des intellectuels de gauche. René Pommier a donc pensé qu'il fallait soumettre le Sur Racine à un examen aussi minutieux et aussi méthodique que possible. Et c'est ce qu'il a fait dans sa thèse de doctorat d'Etat, en montrant que ce livre témoignait d'abord d'une réelle inintelligence des textes — Roland Barthes faisant sans cesse dire à Racine ce qu'il n'avait jamais voulu dire et souvent tout le contraire, et méconnaissant totalement l'art du poète et du dramaturge — ensuite d'une constante incohérence — Roland Barthes ne craignant pas de se contredire continuellement et de soutenir successivement des thèses strictement incompatibles entre elles — et enfin d'une parfaite extravagance — Roland Barthes ne cessant de prêter à "l'homme racinien" des sentiments que non seulement aucun personnage de Racine, mais sans doute aucun homme n'a jamais éprouvés. Mais la thèse de René Pommier n'est pas seulement celle d'un polémiste ; elle est aussi, et sans doute plus encore, celle d'un racinien qui, pour réfuter les interprétations arbitraires de Roland Barthes, ne cesse de se livrer à son exercice de prédilection, l'explication de textes, et qui éclaire aussi des aspects très importants de la tragédie racinienne, et notamment la construction de l'intrigue ou le rôle joué par les dieux. Contrairement au Sur Racine, la thèse de René Pommier est d'abord et surtout un livre sur Racine.

11/2008

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Cinéma

Alain Resnais. Liaisons secrètes, accords vagabonds

Photographe, monteur, documentariste, Alain Resnais signe tout d'abord de remarquables films sur l'art dont Les Statues meurent aussi avec Chris Marker. En 1955, Nuit et brouillard provoque un choc dont l'écho persiste toujours cinquante ans après. A l'orée des années soixante, ce furent trois longs métrages qui stupéfièrent le monde : Hiroshima mon amour (1959), L'Année dernière à Marienbad (1961), Muriel ou le temps d'un retour (1963). La diversité de son œuvre entre ses films " engagés " et les comédies récentes comme Pas sur la bouche (2003) lui accorde une place tout à fait particulière dans le paysage cinématographique. Ses goûts pour la littérature populaire et la bande dessinée, le théâtre et la peinture, la chanson, le surréalisme et la culture britannique, les chats... nourrissent son œuvre. Il choisit ses partenaires parmi les écrivains : Marguerite Duras, Alain Robbe-Grillet, Jean Cayrol, Jorge Semprun ; les musiciens : Giovanni Fusco, Krzysztof Penderecki, Miklos Rozsa ; les graphistes comme Gébé, Enki Bilal, Guy Pellaert. Il est fidèle à une troupe d'acteurs, premiers comme seconds rôles, que le spectateur prend plaisir à retrouver : Delphine Seyrig, inoubliable, Claude Rich, Gérard Depardieu, Sabine Azéma, André Dussollier, Pierre Arditi... Cet ouvrage est une invitation dans l'univers d'un artiste habité par un constant souci de la forme accompagné d'une hésitation devant l'impossibilité de toute certitude. La phrase de Clive (John Gielgud) à la fin de Providence résume cette attitude : " Car rien n'est écrit, n'est-ce pas ? " Il reste toujours quelque chose d'incompréhensible devant quoi tout principe, toute morale ou toute stratégie aussi soigneusement élaborés soient-ils, doivent s'incliner. Un entretien avec Alain Resnais complète cet ouvrage. Les auteurs y abordent avec le cinéaste ses promenades en vélo dans Paris, ses relations avec Nicole Vedrès, ses échanges avec André Bazin, son intérêt pour la série télévisuelle " Millennium " ; on y apprend quel a été le lieu de tournage de Providence ou comment le cinéaste a dialogué avec l'acteur japonais de Hiroshima mon amour via Tchekhov... ou encore comment il réalise aujourd'hui Private Fears in Public Places d'après la pièce du dramaturge britannique Alan Ayckbourn.

04/2006

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Poésie

A Julia de Burgos . Anthologie bilingue Français-Espagnol

Julia de Burgos est née à Porto Rico en 1914, et elle s'est Déteinte à Harlem (New York) en 1953. Poète, journaliste, maîtresse d'école et dramaturge, elle est considérée comme étant l'une des plus grandes figures de la poésie portoricaine du XXe siècle. Femme engagée dans une société marquée par les conventions bourgeoises, elle combat les injustices sociales, défend la cause des opprimés, et déclare dans son premier recueil Poème en vingt sillons (1938) son détachement de l'ordre matériel. Sur les pas du poète frère Pablo Neruda, qui chante la terre et l'amour dans Vingt poèmes d'amour (1924), elle célèbre à son tour l'Amour et les fleuves. Au-delà de son engagement politique, elle va poursuivre dans ses vers, une quête de l'indicible vérité qui transcende l'existence. Aimer l'Autre. Envol quasi mystique qui l'arrache à la terre matrice, et la porte vers la grâce des éléments. L'air, l'eau et les songes. Chanson de la simple vérité (1939) est l'ouvre dans laquelle elle fait de son amant le confident, lui avouant le cours de son lyrisme. Une curieuse symbiose s'opère entre le Fleuve Grande de Loiza, témoin de sa vie, et la présence à ses côtés de l'aimé. Ses vers intuitivement annoncent l'éloignement de l'amant mais la nature triomphe de sa douleur. L'homme Fleuve Grande accueille dans ses eaux sa passion entière. [...] Dans notre traversée de son ouvre complète, nous laissons sourdre les images de la passion amoureuse tourmentée. Ces dernières s'enchevêtrent dans un rêve de l'exil. Son transport la fait sombrer dans une mer de douleur, où peu à peu elle se consume, où les distances s'écourtent entre la vie et la mort. C'est dans son dernier recueil La filer et toi et autres poèmes, publié un an après sa mort, qu'elle pressent dans la figue de ses vers sa mort prochaine. Elle apparaît dans sa poésie comme une héroïne tragique de l'amour absolu, transmuée en rêve, en eau, en mémoire d'un cri de douleur.

04/2004

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Théâtre

Shakespeare ou L'âme dévoilée

Rarement un livre sur Shakespeare n'a mêlé aussi intimement que celui de Nicole Marchand une étude philosophique, historique et littéraire du grand dramaturge à la vie intime même de son exégète. En même temps que cet ouvrage nous dévoile la profondeur énigmatique de Shakespeare, il nous livre le témoignage vivant de ce qu'est véritablement aimer Shakespeare de tout son coeur et de toute son âme. Ce livre ne peut que bouleverser ceux qui cherchent le sens de la vie : une traversée tumultueuse de l'existence terrestre illuminée et guidée par la Lumière de l'Eternité. Sur ce plan, Shakespeare est un révélateur, un instructeur de l'âme, nous dit Nicole Marchand. Et elle le prouve ! Elle le prouve par de multiples références à l'oeuvre où la fermeté et la subtilité, jamais démenties de Shakespeare, nous placent devant les mondes multiples qui veulent attirer à eux l'âme humaine égarée. Nous sommes ainsi conduits jusque dans les sphères cosmiques qui déterminent les états correspondants de la psyché humaine, depuis la sphère terrestre, en passant par les sphères occultes, jusqu'au plus haut des Cieux. Sur le plan historique, l'auteur s'interroge sur les liens de Shakespeare avec son temps et surtout avec les théories et pratiques magiques vers lesquelles on tire généralement son oeuvre. Nicole Marchand conteste vigoureusement cette interprétation tendancieuse. Elle est conduite à examiner sans concession les thèses de l'historienne Frances A. Yates, en ce qui concerne l'interprétation et le sens spirituel des dernières oeuvres de Shakespeare, notamment La tempête : Frances A. Yates a-t-elle bien saisi les relations exactes de Shakespeare avec l'essence du rosicrucianisme ? Shakespeare était-il vraiment inspiré par le rosicrucianisme impur et semi-occulte de John Dee, ancien mage de la grande Elisabeth d'Angleterre ? Ou bien était-il, et est-il à jamais, comme Nicole Marchand le sou-tient , un parfait disciple de la pure et intangible magie christique ? Débat historique sans doute mais passionné et passionnant ! La brillante synthèse que ce livre tisse sur fond hermétique entre toutes les pièces de Shakespeare est une réjouissance pour l'esprit.

06/2013