Recherche

Yashiro Chiyo

Extraits

ActuaLitté

BD tout public

Journal du Voleur

"N'est pas Narcisse qui veut. Combien se penchent sur l'eau qui n'y voient qu'une vague apparence d'homme. Genet se voit partout ; les surfaces les plus mates lui renvoient son image ; même chez les autres, il s'aperçoit et met au jour du même coup leur plus profond secret. Le thème inquiétant du double, image, sosie, frère ennemi, se retrouve en toutes ses oeuvres. Chacune d'elles a cette étrange propriété d'être elle-même et le reflet d'elle-même. Genet fait apparaître une foule grouillante et touffue qui nous intrigue, nous transporte, et se change en Genet sous le regard de Genet. Dans le Journal du voleur, le mythe du double a pris sa forme la plus rassurante, la plus commune, la plus naturelle : Genet y parle de Genet sans intermédiaire ; [. . . ] Son autobiographie n'est pas une autobiographie, elle n'en a que l'apparence : c'est une cosmogonie sacrée. Ses histoires ne sont pas des histoires : elles vous passionnent et vous fascinnent mais vous croyiez qu'il vous racontait des faits et vous vous apercevez soudain qu'il vous décrit des rites ; s'il parle des mendiants pouilleux du "Barrio Chino" c'est pour agiter somptueusement des questions de préséance et d'étiquette : il est le Saint-Simon de cette Cour des Miracles. Ses souvenirs ne sont pas des souvenirs : ils sont exacts mais sacrés ; il parle de sa vie comme un évangéliste, en témoin émerveillé. . . si pourtant vous savez voir, à la jointure, la ligne mince qui sépare le mythe enveloppant du mythe enveloppé, vous découvrirez la vérité, qui est terrible". Jean-Paul Sartre.

10/1993

ActuaLitté

Policiers

La vie de nos morts

La vie de nos morts est un recueil de six nouvelles écrites entre 1990 et 2008.Les trois premiers récits nous plongent dans la Barcelone des années 1940 et la terreur de la guerre civile espagnole. Prisons glauques, tortures quasi systématiques, assassinats en série, dénonciations, chasse aux « rouges »… Nati, Eva et Ana sont trois femmes prises dans la tourmente de l’Histoire, qui tentent désespérément de ne pas perdre l’amour et de sauver leur peau. Trois nouvelles, trois femmes, trois destins. La fragilité et la force réunies sous la plume mélancolique et rageuse du Catalan.Les trois nouvelles suivantes ramènent le lecteur aux années 2000. La douce mademoiselle Cobos est une sombre histoire de tueur obnubilé, de femmes bafouées qui meurent à petit feu derrière les persiennes du Barrio Chino. La colère du père éternel et Le cœur de la mère éternelle sont deux histoires qui se répondent. On y croise l’inspecteur Ricardo Méndez, héros récurrent de González Ledesma, confronté aux meurtres sordides d’enfants. Face à l’insoutenable et au chagrin des familles, le vieux policier se trouve plongé dans une position délicate : doit-il laisser faire la justice de son pays ou celle de la rue ?On retrouve dans La vie de nos morts ce regard touchant et désabusé que porte González Ledesma sur sa Barcelone : les vieux bistros se meurent, les prostituées ne sont plus que des fantômes, les ruelles sont toujours aussi étroites et nauséabondes et les plages deviennent les lieux de rencontres malsaines.Avec son talent habituel de conteur, Ledesma tisse des histoires simples et cruelles, comme autant de tragédies sous le soleil barcelonais.

09/2011

ActuaLitté

Littérature étrangère

Histoire d'un vaurien

Histoires d'un vaurien de Rio de Janeiro est un des chefs-d'oeuvre de la littérature brésilienne. Ecrit et publié en feuilletons dans un journal de Rio de Janeiro en 1952-1953, il est devenu un de ces ouvrages inspirateurs et sans lequel bien des écrivains et personnalités n'auraient pas été possibles ou connues : Machado de Assis, Lima Barreto, Carmen Miranda, Chico Buarque, etc. sont tous disciples de Manuel Antônio de Almeida. Leonardo, le protagoniste de cette Histoire d'un vaurien de Rio de Janeiro, n'a rien de commun avec les héros romantiques de son époque. Il serait né " d'un écrasement de pied et d'un pincement " lors d'un flirt en haute mer ; très tôt il choisi l'oisiveté comme seul mode de vie, créant ainsi le premier personnage si brésilien du malandro : sorte de héros mixte entre Oblomov et un malandrin, roi du hamac, de l'inconvenance, mal élevé, malgré lui... " L'enfant avait un penchant à l'effronterie, et l'indulgence de son parrain aidant, cela en fit un petit impertinent accompli. " On suit ainsi les frasques et péripéties de la vie de Leonardo dans le Rio du début du xixe siècle, résidence du roi, ville métissée, non sans rire et en nous attachant à ce personnage finalement faible, neutre et jouet des uns et des autres. Dans une telle ambiance, cette Histoire avec le ton désinvolte du récit, la saveur piquante des conversations cueillies sur le vif et une foule de personnages robustes et vulgaires pataugeant joyeusement dans la plus tangible des réalités, peuvent sembler le produit d'un autre siècle, d'un autre monde. Un livre pour tous à lire dans son hamac...

03/2017

ActuaLitté

Littérature étrangère

Le palmier de Palerme

" Le Palmier de Palerme ". Dans une longue lettre adressée à son fils, Gioacchino Martinez se confesse. C'est le dernier acte d'une lutte que l'écrivain sicilien a menée en vain toute sa vie, se soldant par sa défaite et l'abandon de la plume. La déflagration qui déchire soudainement l'air, l'attentat dans lequel un juge et son escorte trouvent la mort sous ses yeux consacreront définitivement son silence. Ainsi s'achève un récit douloureux et amer qui, au-delà de l'autobiographie, évoque l'Histoire, celle de la Sicile et de l'Italie, de l'après-guerre à nos jours : car les fautes et les remords qui rongent l'écrivain, les imprécations qu'il lance contre la société qui l'entoure concernent toute une génération, tout un pays. Comme dans un jeu de miroirs, les déplacements d'une ville et d'une époque à l'autre se multiplient et se répondent au gré des souvenirs de Chino : Paris, Milan et Palerme, la violence de la guerre et celle de la mafia, le sentiment de culpabilité pour un parricide présumé et l'incompréhension qui mine les rapports avec son propre fils, son amour pour Lucia, profond et inextinguible, annihilé par la folie, le palmier de son enfance misérablement abattu par la spéculation mafieuse, l'image du justicier au manteau noir dans un film de son enfance et la figure du juge assassiné. Ces cauchemars de l'Histoire, civile et privée, se transforment en poésie qui, dans le dialogue qu'elle entretient avec la grande littérature, rallume sur la page quelques lueurs d'espoir. Vincenzo Consolo, né en 1933 en Sicile, vit depuis trente ans à Milan. Mais toute son œuvre est imprégnée de souvenirs siciliens. " Le Sourire du marin inconnu " le consacra, il y a maintenant vingt ans, comme l'un des plus grands écrivains italiens de son époque. On lui doit également " La Blessure d'avril ", " Lunaria ", " Le Retable ", " Les Pierres de Pantalica ", " D'une maison l'autre la nuit durant " (avec lequel il obtint le prestigieux prix Strega) et " Ruine immortelle ". En 1994 l'Union latine lui a octroyé le Prix international de littératures romanes pour l'ensemble de son œuvre.

08/2000

ActuaLitté

Littérature française

La comédie humaine. L'élixir de longue vie

" Dans un somptueux palais de Ferrare, par une soirée d'hiver, don Juan Belvidéro régalait un prince de la maison d'Este. A cette époque, une fête était un merveilleux spectacle que de royales richesses ou la puissance d'un seigneur pouvaient seules ordonner. Assises autour d'une table éclairée par des bougies parfumées, sept joyeuses femmes échangeaient de doux propos, parmi d'admirables chefs-d'oeuvre dont les marbres blancs se détachaient sur des parois en stuc rouge et contrastaient avec de riches tapis de Turquie. Vêtues de satin, étincelantes d'or et chargées de pierreries qui brillaient moins que leurs yeux, toutes racontaient des passions énergiques, mais di- verses comme l'étaient leurs beautés. Elles ne différaient ni par les mots ni par les idées ; l'air, un regard, quelques gestes ou l'accent servaient à leurs paroles de commentaires liber- tins, lascifs, mélancoliques ou goguenards. L'une semblait dire : Ma beauté sait réchauffer le coeur glacé des vieillards. L'autre : J'aime à rester couchée sur des coussins, pour penser avec ivresse à ceux qui m'adorent. Une troisième, novice de ces fêtes, voulait rougir : Au fond du coeur je sens un remords ! disait-elle. Je suis catholique, et j'ai peur de l'enfer. Mais je vous aime tant, oh ! tant et tant, que je puis vous sacrifier l'éternité. La quatrième, vidant une coupe de vin de Chio, s'écriait : Vive la gaieté ! Je prends une existence nouvelle à chaque aurore ! Oublieuse du passé, ivre encore des assauts de la veille, tous les soirs j'épuise une vie de bonheur, une vie pleine d'amour ! La femme assise auprès de Belvidéro le regardait d'un oeil enflammé. Elle était silencieuse. Je ne m'en remettrais pas à des bravi pour tuer mon amant, s'il m'abandonnait ! Puis elle avait ri ; mais sa main convulsive brisait un drageoir d'or miraculeusement sculpté... . ".

02/2023