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Jacqueline Payssan***

Extraits

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Littérature française

Nous tous sommes innocents

Les Passereaux, mai 1957. Jean est un jeune paysan qui aime inventer des histoires et rêve de devenir instituteur et de s’installer à la ville. Mais, seul garçon de la famille, il ne peut échapper à la ferme et à ses obligations familiales. Seule Odette, la jeune fille rêveuse et douce qu’il fréquente, parvient à lui faire oublier cette vie qu’il voudrait fuir : le père, Martin-la-Corneille, sombre et colérique, délaisse ses responsabilités ; la mère, Joséphine, est sévèrement brimée par sa fille aînée... Lorsqu’on lui refuse d’épouser Odette, et que Paule, sa petite soeur chérie qui n’a pas toute sa tête, tombe enceinte et qu’on songe à une faiseuse d’anges, Jean est bouleversé. Abandonné et trahi, il se noie jusqu’à l’abrutissement dans le travail à la ferme pour oublier. La famille se replie sur elle-même. Acculé, cerné, Jean est gagné par la paranoïa et se ferme au monde au point de sombrer dans la folie. Dans un ultime acte de désespoir, il grave à mains nues le plancher de sa chambre et s’y laisse mourir. Tragédie au sens théâtral du terme, Nous tous sommes innocents raconte l’histoire déchirante d’un homme vaincu par la folie et, à travers ses yeux, d’une famille qui porte en elle le ferment de sa propre malédiction. Roman du tourment inspiré d’une histoire vraie, il interroge : sommes-nous tous innocents ? Sommes-nous tous coupables ? Peut-on échapper à la fureur de la fortune ? Tout comme le destin s’abat sur Jean, l’étau se referme sur le lecteur, qui en sera irrémédiablement bouleversé.

01/2015

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Littérature étrangère

Norte

Trois destins, trois époques, une frontière. Le roman, inspiré de personnages réels, commence en 1984, dans le nord du Mexique, avec Jesús, un adolescent obsédé par la beauté de sa soeur et qui, au fil des années, va devenir le Railroad Killer, l'un des tueurs en série les plus recherchés par le FBI à la fin du XXe siècle. Véritable descente aux enfers, son périple de sang et de sexe dessine une autre carte de la frontière et nous révèle mille routes secrètes pour la traverser. Nous partons ensuite en Californie où, dans les années 30, Martín Ramírez, un paysan sans papiers, est sur le point d'être envoyé en hôpital psychiatrique. Incapable de parler, il peint inlassablement des hommes à cheval et des scènes de guerre qui finissent par attirer l'attention des médecins mais aussi de la critique. Ramírez est aujourd'hui considéré comme l'un des grands maîtres de l'art brut contemporain aux États-Unis. Enfin, nous retrouvons, au début des années 2000, Fabián Colamarino, brillant professeur universitaire au Texas. Sa lutte et sa déchéance sont racontées à travers les yeux de Michelle, une ancienne étudiante bolivienne avec qui il entretient une liaison coupable et passionnée. A travers une langue tantôt onirique et émouvante, tantôt proche du réalisme plus dur d'un Bret Easton Ellis, Edmundo Paz Soldán excelle à décrire ces trois expériences du déracinement et de l'exil, et nous rappelle avec brio que la porte vers le Norte n'est pas toujours celle de l'Eldorado. Mario Vargas Llosa nous avait prévenus : "Il s'agit de l'une des voix les plus novatrices de la littérature latino-américaine d'aujourd'hui".

11/2014

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Littérature étrangère

A travers les champs bleus

Enracinées pour l’essentiel dans la terre d’Irlande, les nouvelles de ce recueil confirment l’éblouissant talent de Claire Keegan qui, sous la surface lisse de situations ordinaires, excelle à déceler le trouble et la dissonance. Dans La Mort lente et douloureuse, un écrivain se venge de l’incursion d’un importun. Le Cadeau d’adieu met en scène la dernière matinée d’une jeune fille dans la maison de son père avant son départ pour l’Amérique. Pourquoi le prêtre de À travers les champs bleus est-il particulièrement attentif, lors de la cérémonie, au désarroi de la mariée ? Au début de Chevaux noirs, Brady se réveille seul dans sa ferme désertée. Quand il part dans la ville voisine pour trouver une femme, le paysan avide de La Fille du forestier n’a sans doute en tête que la préservation de son domaine… Près du bord de l’eau (l’intrigue se situe sur la côte du Texas) interroge la sourde hostilité d’un homme à l’encontre de son beau-fils. Dans Renoncement, le brigadier volage n’ose pas ouvrir la lettre qu’il garde dans la poche de son uniforme. Et quand la femme aux longs cheveux de La Nuit des sorbiers vient s’installer dans la maison du prêtre défunt, elle réalise que son voisin vit dans la maison mitoyenne avec pour seule compagne une chèvre. Dans ces huit textes d’une beauté lapidaire, les personnages et les situations ne vous lâchent plus. S’inscrivant dans la plus belle tradition du genre, Claire Keegan s’impose comme une des nouvellistes anglo-saxonnes les plus douées.

10/2012

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Romans historiques

Les imposteurs. Le laboureur, le roi et l'ange - L'improbable rencontre entre Louis XVIII et le "prophète" Martin de Gallardon

L'histoire de Martin de Gallardon n'aurait pas dû dépasser la chronique villageoise des visionnaires hallucinés. Pourtant ce laboureur beauceron va connaître un fabuleux destin, à l'époque de la Restauration des Bourbons. De simple haricotier il va devenir "prophète", non pas en son pays de Gallardon (Eure-et-Loir), farouchement républicain, mais dans la France entière. En janvier 1816, un ange le visite quand il est à son ouvrage et lui commande d'aller avertir Louis XVIII qu'un grand danger le menace, lui et son royaume. Depuis Jeanne d'Arc, aucun maltent n'a pu parler au roi. De l'avis général, l'entreprise est vouée à l'échec. Mais c'est sans compter avec les ambitions de tous ceux que le paysan croisera sur sa route qui ressemble fort à un chemin de croix : le curé, l'évêque, le ministre, les aliénistes et l'entourage du monarque ont tous un intérêt à instrumentaliser le bonhomme. Dans la tourmente de 1830, Martin scelle le destin de Charles X quand il "reconnaît" en Naundorff Louis XVII échappé de la prison du Temple. En voyant dans ce prétendu prince surgi de nulle part l'héritier légitime des Bourbons, il va contrarier le pouvoir de Louis-Philippe d'Orléans. Le roi des Français ira-t-il jusqu'à faire éliminer l'encombrant Savonarole ? C'est tout l'objet de cette "fable" historique qui se veut aussi une réflexion sur la légitimité du pouvoir. Mené tambour battant, ce roman historique revient sur un épisode méconnu de la Restauration, aussi véridique qu'étrange, riche en rebondissements et en révélations historiques.

11/2018

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Biographies

Les infréquentables frères Goncourt

Edmond et Jules de Goncourt sont comme écrasés par leur nom. Si nul n'ignore le prix qu'ils ont fondé, l'oubli a frappé la vie et l'oeuvre de ces deux frères qui se sont attaqués pendant près d'un demi-siècle à tous les genres littéraires, et plus encore au genre humain. Suivre les Goncourt, c'est courtiser la princesse Mathilde, dîner avec Zola, survivre à la Commune, passer des salons des Rothschild aux soupentes sordides et recevoir toute l'avant-garde artistique dans leur Grenier de la Villa Montmorency. Pamphlétaires incisifs, romanciers fondateurs du naturalisme, dramaturges à scandale, collectionneurs impénitents, ces langues de vipère ont légué à la postérité un cadeau empoisonné : un Journal secret qui fait d'eux les meilleurs chroniqueurs du XIXe siècle. Seule la méchanceté est gratuite, aussi les deux écrivains la dépensent-ils sans compter. Chaque page laisse éclater leur détestation des femmes, des parvenus, des Juifs, des artistes et de leurs familiers. On découvre Baudelaire ouvrant sa porte pour offrir aux voisins le spectacle du génie au travail, Flaubert invitant ses amis à déguster des "cervelles de bourgeois", les demi-mondaines étalant un luxe tapageur ou Napoléon III entouré d'une cour servile qui met en bouteilles l'eau de son bain... Réactionnaires ne jurant que par la révolution en art, aristocrates se piquant de faire entrer le bas peuple dans la littérature, les Goncourt offrent un regard aiguisé sur un monde en plein bouleversement, où, de guerres en révolutions, le paysan fait place à l'ouvrier, la bougie à l'ampoule et le cheval à l'automobile.

01/2020

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Romans policiers

Deuils blancs

Le témoin, un paysan surnommé La buse, prend sa tête entre les mains et se balance sur sa chaise. Il ne relève pas les yeux, comme s'il prenait conscience qu'il garderait le souvenir de ce drame à tout jamais. Le commissaire Lamarque fait signe au gendarme devant la porte de lui ramener un autre verre d'eau et le tend au témoin. Puis, le chef de la police accompagne La buse jusqu'à la salle d'attente où se trouve son épouse, Yvonne (prénom optionnel). Elle et lui se serrent dans les bras. De même corpulence, ils paraissent réunir en une seule étreinte toutes leurs années de vie commune. Le commissaire, ému, s'éloigne... ". Trente-sept personnes viennent d'être retrouvées mortes dans les bois, à quelques dizaines de kilomètres de la frontière franco-suisse. Tout ce que l'on sait pour le moment, c'est qu'un incident sur les voies du TGV de Genève pour Paris les a contraints à passer la nuit sur place. L'enquête est confiée à la police de Bourg-en-Bresse, déjà fort occupée par une autre affaire inquiétante : la disparition d'une adolescente la veille au soir. Mais le sort n'a pas fini de s'acharner sur la région : dans les heures qui suivent, le commissaire Noël Lamarque apprend l'assassinat de son adjoint. Bouleversé et en manque d'effectifs, il appelle un ancien collègue en renfort. Cet inspecteur parisien n'est pas un inconnu pour les gens du pays. Il y a en réalité passé toute son enfance. A son retour, il se voit confronté aux souvenirs douloureux de son passé.

11/2022

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Littérature française

THEATRE TOME 2 : ELECTRE OU LA CHUTE DES MASQUES. LE MYSTERE D'ALCESTE QUI N'A PAS SON MINOTAURE ?

THEATRE II Electre ou la chute des masques, Le Mystère d'Alceste et Qui n'a pas son Minotaure? Constituent un groupe de pièces inspirées à Marguerite Yourcenar par la légende grecque. A son tour, et prenant la suite d'une longue chaîne d'auteurs qui se sont succédé à travers les siècles, elle imprime sa propre vision aux vieux mythes. Electre mariée à un paysan, vit avec lui dans une misérable hutte où elle attire sa mère pour la mettre à mort, avec l'aide de son frère Oreste. Mais tout changera de face quand elle découvrira qu'Oreste est fils, non d'Agamemnon, mais d'Egisthe, et de la race de l'assassin, de l'usurpateur, et non de la victime. Le Mystère d'Alceste, consacré à l'émouvante aventure d'Alceste, sacrifiant sa vie par amour conjugal et ramené d'entre les morts par Hercule, insiste sur les aspects tragicomiques de la légende, sur la ronde grotesque des importuns et des indifférents autour de la morte et du jeune veuf. Mais il souligne aussi les côtés sacrés de ce récit mythique, par lesquels il s'apparente aux mystères du Moyen Age. Il évoque le drame de la mort et le miracle de la résurrection. Qui n'a pas son Minotaure? divertissement allégorique, satirique parfois, s'inspire librement de l'aventure de Thésée au Labyrinthe. Les thèmes de l'imposture et de l'erreur, du destin et du salut s'entrecroisent. Thésée aux prises avec le Minotaure combat sans le savoir avec soi-même. Ariane finit par rencontrer un étrange personnage appelé Bacchus-Dieu.

10/1971

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XVIIIe siècle

Jacques-Pierre Brissot. Sociologie historique d'une entrée en révolution

Dans les Origines intellectuelles de la Révolution française, publiées en 1933, Daniel Mornet voit en la figure de Brissot "l'image complète de toutes les aspirations d'une génération" . Cet ouvrage vise à relancer son intuition en proposant, grâce à un travail inédit de dépouillement systématique de ses archives privées, une sociologie de l'entrée en révolution (et non de la pré-révolution, car on ne pouvait la prédire alors) d'une jeunesse intellectuelle au crépuscule de la société française d'Ancien Régime. Cet ouvrage permet de comprendre comment un homme du commun éduqué, d'abord désireux d'intégrer les hautes sphères de la société de son temps, devient l'un des principaux agents de son renversement. Habité par une idée de la noblesse fondée sur la vertu plutôt que sur la naissance, il s'en attribue les qualités et tente de les faire reconnaître sur le champ littéraire. Mais il se heurte à l'indifférence de ses pairs illustres et à ce qu'il appelle le "crime de bassesse" , soit le destin d'être né dans la "classe des artisans" . Brissot a le sentiment de ne pas occuper sa juste place dans une société d'ordres et d'états. De frustré et méprisé, Brissot renaît à l'identité au sein d'une communauté des opprimés aux côtés du protestant, du juif, du quaker, de l'américain, du genevois, de l'anglais, du valaque, du brabançon, du batave, du paysan, du prisonnier et de l'esclave noir. De victime, il se fait observateur de la souffrance universelle, produit du despotisme, puis acteur de la Révolution, d'une révolution d'abord philosophique puis politique, à la fois universelle et nationale.

06/2023

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Faits de société

Elle n'a pas compris

Lily est une petite fille née dans une famille unie, elle avait tout pour mener une existence heureuse. La disparition brutale de ses parents dans un accident de voiture la fit basculer dans un cauchemar qui la poursuivit toute sa vie. Elle n'avait que 6 ans quand elle vécut ce drame de la séparation. Elle fut recueillie par un couple de fermiers qui n'avaient pas voulu d'enfant. Ils ne savaient pas l'aimer. Elle devint au fil des mois le souffre douleur de cet homme qui passait son temps à la martyriser et à l'humilier. A 17 ans, elle choisit de vivre avec un garçon qui lui témoignait un peu de sympathie, lui aussi était fils de paysan qu'elle rencontra dans son village, mais très vite sa vie tourna au cauchemar. Elle le quitta et fit la rencontre d'un jeune journaliste américain, qui la rendait heureuse comme une reine. Le destin les sépara brutalement le jour où Jack disparut à son tour dans un accident de voiture qui lui ôta la vie. Elle traîna sa tristesse pendant quelques temps avant de faire la connaissance d'Adrien, un producteur de choux-fleurs qui lui aussi lui témoignait un grand intérêt. Ils se marièrent mais très vite il tomba dans les travers de l'alcool qui entraîna une violence presque quotidienne. Lily subissait les châtiments sans même savoir pourquoi elle était frappée, son calvaire dura jusqu'au jour où elle rencontre Xavier un chirurgien qui ne vivait que pour la voir heureuse. Ils fondèrent une famille et leur vie s'écoulait aussi douce que du bon miel. Lily était enfin heureuse comme elle le méritait.

10/2021

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Littérature anglo-saxonne

Dans leur travail. Une trilogie

C'est en 1973 que John Berger, presque cinquantenaire, s'installe en Haute-Savoie dans le petit village de Mieussy. La vie rurale est celle des paysans de montagne du début du XXe siècle. On parle encore le patois dans les cafés, les chevaux de trait sont plus nombreux que les automobiles. Une fois installé, il épouse la vie du lieu. Rien ne prépare l'écrivain à un changement de vie si radical. L'écriture de la trilogie paysanne Dans leur travail s'étalera sur une quinzaine d'années. Sans idéalisme ni nostalgie, John Berger capte différents moments de ce monde en mouvement, dont les témoignages illustrent le lien au temps, à la terre, à l'amour également, et les valeurs de préservation face au changement qui les étreints. A la fois roman de fiction et roman documentaire engagé, le récit rend compte de l'évolution du monde paysan. La vie dans un village traditionnel pour le premier volume. Ses transformations et profondes évolutions dans le second, avec l'arrivée de la mécanisation, des planifications européennes, jusqu'aux pesticides de Monsanto. Le troisième volume raconte l'exil forcé des paysans, arrachés à leur terre, vers la métropole et la difficile intégration dans le milieu urbain. Une évolution historique, universelle, dont l'histoire n'a cessé de se poursuivre sous nos yeux, bien qu'à l'abri des regards, isolée en haut de nos montagnes. Au travers de la sensibilité de l'auteur britannique, on voit derrière ces visages la grande détresse d'une profession si souvent dénigrée face à la modernité capitaliste. Une trilogie proposée pour la première fois en intégrale et dans une nouvelle traduction.

10/2023

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Histoire de la photographie

Antonin Personnaz - Autochromes 1907-1914. La vallée de l'Oise en couleurs

Antonin Personnaz (1854-1936) est surtout connu pour avoir légué à la France son importante collection de peintures impressionnistes aujourd'hui au musée d'Orsay (et qui comprenait no-tamment 25 oeuvres de son ami Camille Pissarro), il fut aussi un pionnier de la photographie en couleurs. Alors qu'il résidait souvent à Auvers-sur-Oise entre la fin des années 1890 et 1914, il réalisa de très nombreuses photographies en noir et blanc puis à partir de 1907 des auto-chromes illustrant la vie rurale dans la vallée de l'Oise entre Auvers et Pontoise. Ce sont ces auto-chromes pour l'essentiel demeurés inédits et conservés par la Société française de photographie que l'exposition du musée Pissarro se propose de faire découvrir cet été. Ami et collectionneur de Camille Pissarro, c'est à lui que nous devons la majorité des photogra-phies montrant le maître dans son atelier d'Eragny-sur-Epte mais aussi des portraits d'Emilio Boggio et d'Armand Guillaumin au travail. Personnaz a conçu la photographie comme un art sensible influencé par les oeuvres des impres-sionnistes. Il a souvent choisi pour sujets, le monde paysan, les moissons, les labours et les meules et plus souvent encore les bords de l'Oise, s'inspirant des gelées blanches ou encore des effets de soleil perçant les frondaisons des arbres en hiver. L'exposition du musée Pissarro qui présentera des perspectives de Pontoise, Auvers-sur-Oise et Nesles-la-Vallée, sera une belle découverte tant pour les amateurs de photographies que pour les amoureux de la peinture impressionniste. Du 26 juin au 3 octobre 2021 - Musée Camille-Pissarro

08/2021

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Alimentation

La révolution agroécologique. Nourrir tous les humains sans détruire la planète

Mûrs pour la révolution agroécologique ? Les échecs de la révolution verte des années 1960 et les dysfonctionnements du système alimentaire mondial actuel ne sont plus à démontrer : épuisement des sols, érosion de la biodiversité, problèmes de santé liés aux pesticides, carences alimentaires chez des millions de personnes, sans compter l'endettement des paysans, la privatisation du vivant et la domination des géants de l'agrobusiness sur les semences et les réseaux de distribution alimentaire... Il est temps de conjuguer agriculture et écologie ! Fort de son parcours d'enseignant et de chercheur en agriculture, Alain Olivier nous guide dans cet ensemble de principes scientifiques et de pratiques agricoles qu'est l'agroécologie. Il est important de miser sur une gestion appropriée des sols, sur le recyclage de la biomasse végétale et animale, sur la protection de l'eau et des écosystèmes. Rotations, associations des cultures et agroforesterie devraient être la norme, tout en intégrant l'élevage de façon raisonnée. Puisque l'agroécologie valorise le terroir, le savoir paysan et le rôle des femmes, il est également crucial que ceux et celles qui nous nourrissent aient accès à la terre et aux semences. A l'ère des changements climatiques, les processus écologiques, la justice sociale et la souveraineté alimentaire doivent se trouver au coeur du fonctionnement des agroécosystèmes ainsi que du système alimentaire en général. Vaste mouvement social qui cherche à établir des pratiques plus soutenables et plus justes, l'agroécologie est la voie toute désignée pour métamorphoser les liens qu'entretient l'être humain avec sa nourriture, son territoire et une nature à bout de souffle.

04/2021

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Histoire et Philosophiesophie

L'origine des génies

Pourquoi telle femme, tel homme deviennent-ils ce que nous appelons un " génie " ? Claude Thélot s'est posé la question en contemplant le plafond de la chapelle Sixtine. Puis il s'est mis au travail, en sociologue et en homme de culture. Sur les 450 dernières années, et en se limitant à l'Europe, à l'Amérique et à la Russie, l'auteur a retenu 350 noms. La plupart font l'unanimité : Einstein, Léonard de Vinci, Shakespeare, Beethoven, Picasso, Marie Curie, etc. Mais le choix de certains est fatalement plus arbitraire. Libre à chaque lecteur de compléter la liste. L'essentiel, démontre Claude Thélot, est que ces variations du palmarès ne modifient en rien les tendances fortes. La moitié des génies sont issus d'un milieu supérieur, le quart d'une famille populaire. Le génie est urbain, très rarement paysan. Les artistes et les inventeurs sont fréquemment d'origine populaire, les intellectuels parfois, les génies de l'action jamais. Il arrive que le génie se fasse tout seul. Et quatre fois sur cinq, il s'affirme dans un domaine nouveau par rapport à l'héritage familial. On s'amusera à noter l'abondance des fils de pasteur, et aussi la profusion d'orphelins. Et l'on verra, finalement, se profiler deux grandes silhouettes. Le génie précoce, éblouissant, qui aurait jailli quelles que soient les circonstances. Et le génie qui n'aurait pas éclos sans son environnement, voire sans un coup de chance. " J'espère, conclut Claude Thélot, que ce livre sera aussi agréable et instructif à lire qu'il le fut à écrire. " Pari gagné. L'idée en était géniale.

02/2003

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Littérature étrangère

Se coucher pour mourir

Au début des années 1970, à Ankara, la capitale de la Turquie, une femme, Aysel, entre dans une chambre d'hôtel, s'y déshabille et se couche, bien décidée à boire le calice de la vie. Acte radical, c'est aussi le prétexte pour elle, dans ce crépuscule d'une mort ­orchestrée, de mesurer le chemin parcouru, de faire le bilan de son ­existence. Que de chemin en effet ! Fille de petit commerçant d'Anatolie, Aysel devient professeure d'université ! Mais à l'afflux des réminiscences que reste-t-il ? Une liberté durement acquise, une vie construite surtout en réponse aux exhortations modernisatrices de la République ; en butte aux valeurs et références de sa famille. Alors cette existence, l'a-t-elle vraiment voulue ? Dans le sillage d'Aysel, l'auteure nous plonge aussi dans les vies des jeunes de son âge, tout juste immergés dans la Turquie moderne. C'est le journal intime du fils du sous-préfet appartenant à l'élite et a priori promis à un bel avenir qui nous est alors montré, ou, a contrario, les souvenirs du jeune paysan que son instituteur envoie à Ankara afin qu'il essaie, justement, d'en avoir un d'avenir, ou la correspondance épistolaire de jeunes filles promises au mariage... Ce roman choral brosse un portrait vivant, complexe et subtil des trois premières décennies de la république en Turquie après la mort de Mustafa Kemal Atatürk, de 1938 à 1968, et nous confronte également aux conflagrations de la seconde guerre mondiale. Sont alors dévoilés avec brio les espoirs, les illusions et les contradictions de cette époque et de cette modernité imposée d'en haut.

02/2014

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Littérature française

Dialogue avec les morts

" Ce jour où je revenais, soixante ans plus tard, quelqu'un, dans cette désolation, habitait toujours la ferme où j'avais vécu, mais ne se montrait pas. Personne n'est sorti pour me demander qui j'étais, ce que j'étais venu faire ni ce que je cherchais. Dans ce pays de bocage, l'étranger était toujours assez mal reçu ; il apportait l'extérieur, c'est-à-dire le mal. J'ai vu, en un instant, dans cette solitude et dans ce silence, la seconde mort des paysans, leur mort définitive. Quand je songeais à la Mayenne, à la terre maternelle d'où j'étais venu, l'image avait gardé ses traits, sa profondeur, sa lumière. Mais la terre paternelle demeurait inaccessible, c'était un lointain, une ombre bleutée. On venait d'un pays natal, mais on n'atteindrait pas la patrie, qui resterait un horizon ". Ce nouveau volume du " journal " de Jean Clair s'ouvre sur une longue, précise et émouvante description du monde rural, en Mayenne, où l'enfant fut envoyé à la fin de la Deuxième guerre mondiale. Sans idéaliser le monde paysan, dont il rappelle la dimension arriérée et souvent insupportable, il en fait la jauge d'une évolution sociale et civilisationnelle qui se confond avec ce qu'on pourrait appeler la provincialisation de la France. A partir de ce souvenir, Jean Clair évoque, avec un art consommé de la digression savante, ses thèmes favoris, comme le sens de l'art, ou encore la défense de la psychanalyse, la sexualité, la solitude, le vieillissement. L'écriture, serrée, alerte, évitant toute complaisance, participe à donner à ce volume une profondeur particulière.

03/2011

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Littérature étrangère

Le ravin des gitans

A l'orée d'un petit village de la côte andalouse, des gitans habitent le quartier troglodyte au fond d'un ravin dont les versants sont flanqués de grottes. Entourés de la méfiance des habitants et surveillé par la garde civile, ils luttent contre la misère. Ils essaient de gagner un peu d'argent en revendant du tissu, du bétail, en travaillant comme journalier, et se retrouvent traditionnellement le soir autour de feux pour deviser et commenter les événements du jour. Parmi eux le vieux Papaé, connu de tous et apprécié pour sa bonne humeur et sa dignité. Il quitte souvent le ravin, escorté de sa petite fille juchée sur l'âne, pour faire de grandes randonnées en quête de quelque marché. Autour de lui, sa femme Rosa, qui nettoie la grotte, range les poteries, et sa fille Maria, qui a épousé le beau Joaquin, dont la seule préoccupation est de prouver aux autres qu'un gitan est un grand seigneur. Poussé par son ami Ramon, il se lance dans de grandes entreprises, qui sont en réalité des escroqueries. Condamné à une amende, Papaé est obligé de vendre l'âne de la famille pour pouvoir la payer. Joaquin s'engage comme journalier chez un paysan enrichi, Don Remigio, pendant que Maria, folle de rage, pousse leur petite fille à la mendicité. Le jour de la Procession de la Vierge qui déchaîne un délire général, Maria et son mari se retrouvent et se réconcilient. Les aventures de Papaé et de sa famille ont permis à Fernando Robles de décrire avec pittoresque et dans le moindre détail la vie turbulente des gitans.

05/1965

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Théâtre

Les Sangsues suivi de Le Pain, La Folie de Salim, Les Thermes du Bon-Dieu

LES SANGSUES : En Algérie, aux premiers jours de l'indépendance ; un service administratif se met en place. Immédiatement, la corruption, la paresse et l'arbitraire y font leur nid, s'abritant derrière une langue de bois qui martèle sans nuances que l'administration est au service du peuple. Derrière la fable pointe clairement la dénonciation du pouvoir bureaucratique qui commence à prendre en otage la société algérienne. LE PAIN : Si-Ali, l'écrivain public, tire le diable par la queue : les petites gens pour lesquelles il travaille n'ont pas de quoi le payer. Alors, il décide de fermer boutique et d'écrire un livre sur eux ; mais pour cela, il doit partager leur quotidien, le vivre intimement. Sans oublier d'apprendre à lire à sa femme... Car s'instruire, c'est lutter contre la misère. Son livre s'intitulera Le Pain. LA FOLIE DE SALIM : Salim, petit fonctionnaire de l'État, tombe amoureux de la fille de son directeur. Afin de combler l'immense fossé qui le sépare d'elle, de son monde, il s'invente petit à petit un double, Salim Ier, roi de Bureaucratie. La folie de Salim, c'est aussi un message de bon sens : le rapport le plus naturel de l'être humain à l'être humain - l'amour - est-il possible dans une société hiérarchisée ? LES THERMES DU BON-DIEU : Comment approcher une personnalité officielle pour lui demander de l'aide, quand on est un petit paysan pauvre floué par la réforme agraire ? Mokhtar usera de tous les subterfuges pour s'introduire incognito dans l'établissement thermal où se trouve en villégiature "monsieur la Personnalité". Il ne sait pas ce qui l'attend...

11/2002

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Littérature francophone

Le lac de Côme ou la symphonie des ombres

Un jour, sur les bords du lac de Côme, la rencontre d'un ancien violoncelliste, Anton Domirer, va confronter Sarah, une jeune femme de vingt-trois ans, à tout un pan de son histoire. Un amour disparu, des énigmes familiales, des vérités se révèlent au grand jour, d'autres semblent étouffées. Sarah ne se doute pas que ces quelques heures passées en Italie vont l'entraîner dans un univers énigmatique où la volonté de maîtriser son destin croise des forces qui la dépassent. Ce roman est l'histoire d'une jeune femme de son temps, révoltée par l'injustice, militante féministe, prête à tous les combats, que la présence accablante d'Anton Domirer va tirer vers l'inconnu. Du lac de Côme à Rennes en passant par New-York, Sarah reviendra toujours vers la ferme de ce paysan berrichon où elle occupe deux pièces dans les dépendances. Assistante sociale, elle a fui ses origines rennaises pour tenter de se reconstruire. Elle ne savait pas que les ombres du passé ne s'effacent pas. Avec Le lac de Côme ou la symphonie des ombres, Jacques-Yves Bellay poursuit son travail de romancier dont la tâche principale est de lutter contre l'oubli. Tantôt sur le mode jubilatoire, pour dire la joie du monde, tantôt sur le mode tragique pour en confier la douleur. Par la finesse de ses entrechats littéraires, l'auteur conduit le lecteur dans le tourbillon de tous les possibles. A l'image de Sarah, si on ne sort pas indemne de ce livre, on se découvre réconcilié avec ce que la vie, parfois, réserve de mystères.

05/2021

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Critique

Georges Perec

Il est mort jeune, à quarante-cinq ans, mais il laisse une oeuvre considérable, labyrinthique, construite comme autant d'expériences d'écriture. Une vie anéantie à peine commencée - père tué en 1940, mère disparue à Auschwitz. Pas de souvenirs d'enfance. De cette amnésie, Georges Perec fera le ressort de sa création littéraire : il ne cesse de chercher à retisser des liens et des repères par les lettres, le jeu, l'invention narrative. Son oeuvre trace des chemins obliques pour lire le monde et son histoire. La vie de cet homme qui s'est reconstruit grâce à sa passion des mots s'entrevoit essentiellement à l'ombre et à la lumière de ses livres. C'est en les lisant que Claude Burgelin s'efforce de retrouver la trame d'une vie et les secrets d'un imaginaire qui continue à fasciner par son charme indicible et ce qu'il conserve d'énigmatique. Il accompagne une enfance cassée avant d'être recréée par les ressources de l'intelligence. Esquisse le portrait d'un jeune homme déterminé à affronter l'existence en écrivant. Dessine un Perec partagé entre le travail de bureau et l'artisanat de l'écriture, expérimentateur de l'art d'écrire et de dire, paysan de Paris à la recherche de "l'infra-ordinaire", présent-absent de sa judéité qu'il revisite à Ellis Island, homme d'amitiés et de grands rires. Il vivra entouré d'une seule vraie parenté, tôt retrouvée auprès de certains auteurs, la famille de cet enfant de la littérature, qui a su devenir, par un infatigable labeur, un écrivain singulièrement heureux.

02/2023

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Généralités

La Vénus de Milo

Pendant le siège de Paris par l'armée allemande, le ministre de l'instruction publique et des beaux-arts avait fait porter hors du Louvre et déposer dans un souterrain la Vénus de Milo. Elle a été retirée de cet asile et rapportée au Musée des Antiques vers la fin de juin de cette année. Le procès-verbal des opérations d'extraction et de transport, qui fut dressé séance tenante, constate que la statue n'a souffert en rien, que des fragments du plâtre employé à souder les pièces dont elle est composée, amollis par l'humidité, se sont détachés, mais que le marbre est intact. Par les relations qu'avaient publiées sur la découverte de la Vénus de Milo en 1820 et son arrivée au Louvre en 1821 M. Dumont d'Urville, M. de Marcellus, M. de Clarac, on savait que cette statue avait été trouvée en plusieurs morceaux, qu'elle avait été embarquée d'abord sur un bâtiment turc, puis successivement sur la gabarre la Chevrette, sur la goélette l'Estafette et sur la gabarre la Lionne, enfin que dans le laboratoire du Louvre les morceaux avaient été assemblés comme ils le sont encore aujourd'hui... La Vénus de Milo, dans le caveau de l'ancienne Mélos, où elle fut trouvée en 1820 par un paysan, était divisée en deux grands morceaux. Il y avait de plus des fragments qui en avaient été détachés, sans parler du noeud de cheveux derrière la tête, qui en fut séparé dans le transport du caveau au bâtiment turc, mais qu'on remit aussitôt en sa place. Elle arrivait ainsi au Louvre.

03/2023

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Religion

Christ ou Hitler ? Vie du bienheureux Franz Jägerstätter

V Franz Jägerstätter (1907-1943) était un simple paysan qui vivait dans un petit village de la Haute Autriche. Pourtant, il sut dire non au mal que représentait le nazisme, et lui opposer une résistance ferme, ce que bien des élites n'ont pas su faire. Cette résistance était fondée sur une foi vécue profondément, nourrie de l'Ecriture, et renforcée par la prière. Il fut éxécuté à Berlin le 9 aout 1943. Il a été béatifié le le' juin 2007 par Benoît XVI, comme martyr de la foi. Le livre de l'historien italien Cesare Zucconi retrace le parcours d'un homme simple, un catholique de base, mais ardent, un homme de la campagne qui ne fréquentait pas les théologiens ni les grands penseurs, mais qui, instinctivement, parce que vivant intensément sa foi, avait compris l'incompatibilité fondamentale entre christianisme et nazisme et refusa de participer en quoi que ce soit à l'effort de guerre du IIIe Reich. Il s'appuie sur de nombreux documents, en particulier les notes spirituelles de Franz Jägerstätter, sa correspondance, mais aussi sur les archives du Vatican. L'intérêt majeur de ce livre vient de la mise en perspective que l'auteur établit constamment entre le refus absolu d'une personne quelconque, isolée, qui montre ce que le courage et la force faible de l'Esprit peuvent contre le pouvoir totalitaire, et l'évolution de la catholique Autriche face au nazisme, les compromissions de certains évêques, la soumission ou l'adhésion de la population. Cette biographie retrace aussi l'histoire dramatique de l'Autriche entre 1933 et 1943.

09/2010

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Vie chrétienne

Ils ont besoin d'être dérangés. Recueil d'articles de Dorothy Day

De 1933 à sa mort en 1980, l'activiste et journaliste américaine Dorothy Day raconte son quotidien dans le journal The Catholic Worker, dont les extraits sont ici sélectionnés et traduits par Baudouin de Guillebon. Une véritable épopée à travers les quartiers défavorisés des Etats-Unis où elle se fait la voix de la doctrine sociale de l'Eglise. Au fil des pages, Dorothy Day conduit ses lecteurs aux quatre coins de l'Amérique, visitant les usines et les champs de coton, racontant le quotidien des sans-abri, décrivant de l'intérieur un pays dont l'atmosphère est proche de celle des romans de Steinbeck. Ce combat extraordinaire contre la misère, Dorothy Day le vit au milieu des plus démunis, dans ces maisons qu'avec Peter Maurin, cofondateur du mouvement des Catholic Worker, ils nomment "maisons d'hospitalité" . On y trouve un réconfort matériel, intellectuel et spirituel, mais aussi une secousse, une décharge : la lecture n'est pas paisible. Dorothy Day invite à un engagement complet - intégral - de la personne humaine, afin de créer cette société "où il serait plus facile d'être bon" . Un appel aux âmes libres, radicales, sans concession avec elles-mêmes et qui portent avec détermination la force incroyable de la charité. Dorothy Day (1897-1980) s'est convertie au catholicisme romain au début des années trente. Elle décide de créer avec le paysan français Peter Maurin, le mouvement des Catholic Worker, afin d'annoncer aux Etats-Unis que l'Eglise a une doctrine sociale. Décédée à New York le 29 novembre 1980, le pape François la cite comme l'une des quatre figures américaines majeures du XXe siècle.

05/2023

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Economie Prépas

100 fiches pour comprendre les sciences économiques. 10e édition actualisée

Cet ouvrage présente en 100 fiches synthétiques les notions de base des sciences économiques et des mécanismes économiques. Organisée en 10 parties, cette nouvelle édition mise à jour et augmentée fournit l'ensemble des clés et des repères pour comprendre les grands champs de la discipline. Deux index (termes majeurs et auteurs) permettent une consultation rapide et efficace sur un point précis. Un ouvrage de référence pour réussir examens et concours.

06/2023

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Poésie

Cahiers de la Kolyma et autres poèmes

"De 1937 à 1956, je vécus dans les camps et en exil. Les conditions du grand Nord excluent la possibilité décrire et de conserver des récits et des poèmes - à supposer qu'on veuille le faire. Quatre ans durant je n'ai eu ni livres ni journaux. Ensuite il s'est trouvé que de temps en temps on pouvait écrire et garder des poèmes. Beaucoup de ce qui fut écrit - une centaine de poèmes - a disparu à jamais. Quelque chose cependant a été sauvegardé. En 1949, travaillant comme aide-médecin dans un camp, je me trouvai en "mission forestière" et pendant tout mon temps libre j'écrivais : sur les revers et les pages de garde de pharmacopées, sur des feuilles de papier d'emballage, sur des sachets. En 1951, je n'étais plus détenu mais je ne pus quitter la zone de la Kolyma. Je travaillai comme aide-médecin près de Oimiakon en amont de l'Indighirka ; il faisait très froid et j'écrivais jour et nuit dans des cahiers de fortune. En 1953, je quittai la Kolyma et m'établis dans la région de Kalinine près dune entreprise de tourbe. J'y travaillai deux ans et demi comme agent d'approvisionnement technique. Les exploitations de tourbe avec leurs saisonniers, les tourbiers, étaient des endroits où le paysan devenait ouvrier. Ce n'était pas sans intérêt mais je n'avais pas le temps. J'avais quarante-cinq ans, je cherchais à devancer le temps et j écrivais jour et nuit vers et récits. Je craignais chaque jour que mes forces ne m'abandonnent et de ne plus écrire une ligne et de ne pouvoir plus écrire tout ce que je voulais." Varlam Chalamov

11/2016

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Littérature française

Religiosité innée & subterfuges d'imposteurs

Le visage de la religiosité innée était celui reflété à travers le comportement sans témoin du paysan, du laboureur, du berger, d'il y a encore quelques cinquante ans, levant son chapeau, sa caquette, son béret, dès les premières notes de l'Angélus égrenées par la cloche de l'église la plus proche. Le visage de la religiosité innée est toujours celui que porte tout Etre humain conscient du Mystère que représente son "Univers" environnant et accepte, de par son ignorance-née, le dogme d'un Dieu-créateur transmis de génération en génération et lui paraissant être authentifié, déjà de par l'avis de ses parents, grands-parents, etc. L'ignorance-née est celle du tout jeune enfant, dont le cerveau, vierge de tout et encore sans défense, est facilement violé par le premier venu - parent comme étranger - en y enseignant, professant, inscrivant, tel ou tel dogme mémorisé de la même façon et avec la même résistance au temps que ses nom, prénom, date de naissance, etc, donc "à Vie". Le principal subterfuge de l'imposteur consiste à repérer, chez sa cible, la faille qu'il utilisera, soit étant déjà en charge de l'éducation de l'enfant, comme lors de sa rencontre avec un adolescent en recherche d'un concept de vie, ou qu'il croise un adulte non encore socialisé à la suite d'échecs successifs... Pour les parents, devant se prémunir contre toute imposture vis-à-vis de leurs enfants, et ne plus pouvoir se retrancher derrière l'habituel "je n'ai rien vu venir", c'est, au moins, "suivre leur quotidien", à travers leur scolarité, les éléments socio-culturels qui leurs sont enseignés, la façon dont ils en rendent compte lors des entretiens familiaux, en tête-à-tête... et, d'actualité, leur "crédit" pour les impostures sous forme de propositions de combines d'argent "facilement gagné"...

10/2017

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Développement durable-Ecologie

Omerta sur la viande... Un témoin parle

Pierre Hinard est un cas unique. Eleveur et fils d'éleveurs à une époque où les traditions d'élevage, d'abattage et de consommation n'étaient pas encore devenues industrielles. Près de Châteaubriant, il choie et engraisse aujourd'hui une trentaine de vaches, des Salers élevées à l'herbe et soignées aux huiles essentielles. Un puriste. Ancien créateur de marchés bio à Paris, bien avant la mode, ingénieur agronome, il a longtemps voulu croire que la qualité et l'excellence pouvaient trouver leur chemin jusqu'aux rayons viande de la grande distribution. Un jour, il est arrivé dans une importante société d'abattage et de découpe de Loire-Atlantique qui travaillait pour Auchan, Flunch, Mc Do, William Saurin, Lustucru tout le bottin de l'agro-alimentaire ou presque. Un parcours exceptionnel et très spécialisé, des vertes prairies normandes aux steaks hachés en barquettes, via le monde secret des abattoirs. Chez Castel Viandes, Pierre Hinard découvre les dessous pas très propres des "usines à viandes" : des asticots dans la viande hachée, des pièces congelées, décongelées, recongelées, des analyses faussées, des dates truquées, du sang déversé dans les champs. Face aux manquements répétés, des services vétérinaires absents ou corrompus et des pouvoirs publics pour le moins distraits... Et en bout de chaîne, des consommateurs lésés, méprisés... et trop souvent malades. Quand il lance l'alerte, Pierre Hinard est licencié sur le champ et cinq ans plus tard rien n'a vraiment changé. Il n'est jamais bon d'avoir raison seul contre tous. Il décide aujourd'hui de raconter de l'intérieur les dérives d'un système qui méprise le paysan et le consommateur pour ne servir que les intérêts d'une minorité sans honneur ni conscience.

11/2014

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Littérature française

Sans arme ni refuge

La narratrice évoque par fragments syncopés l'existence de Lise qu'un après-midi elle a vu apparaître dans la banlieue où, comme dépossédée de toute attente, elle vit, rêve, construit peu à peu, au fil des jours, une réalité particulière composée d'une part de faits concrets, d'autre part d'images à peine perçues d'un monde insaisissable et cependant tyrannique. La narratrice a rencontré Pierre, qui est le frère de Lise. Ils se sont aimés. Ils ont décidé de se marier. Mais, pendant la fête du mariage, Lise s'est mystérieusement retirée dans sa chambre. Et ce n'est qu'un peu plus tard qu'on découvrira sa mort. Ainsi, celle qui dit "je" dans le livre (et qui se nomme également Lise - mais n'agit-elle pas comme un reflet de l'autre) songe à ces événements et tente, à travers ses souvenirs, ses suppositions, de recomposer la vérité du drame. Le lecteur est obligé de suivre le cheminement de cette étrange histoire où l'on apprend que le frère et la soeur vivaient ensemble dans une grande maison en compagnie de leur mère. L'un et l'autre ne se posaient jamais de questions quant au secret de leur naissance, quant à l'absence du père, quant aux visites furtives d'un homme qui, chaque mois, apportait à la mère l'argent de leur subsistance. Ils ne cherchaient pas davantage à préciser la nature des sentiments qui, inconsciemment, les unissaient. Et si Lise s'est mariée avec un paysan, Julien Crafin, si elle a supprimé l'enfant à naître, si elle n'a pas pu croire au mariage de Pierre, c'est que l'amour silencieux, absolu, qui était son unique réalité ici-bas, ne pouvait accepter la moindre compromission.

06/1963

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Littérature étrangère

Séduit et abandonné

«Séduit et abandonné : le titre, emprunté ironiquement à la littérature de gare, résume bien le sens de ce roman profondément ironique. Son héros est un homme séduit (par la religion, par l'utopie du marxisme, par une femme, par des hommes) et abandonné (par tout et par tous). Son histoire personnelle se confond avec l'Histoire de son pays, lui aussi perpétuellement séduit et abandonné. Les deux participes passés de ce titre sentimental se transforment chez Jan Trefulka en catégories de la condition humaine analysées sans sentimentalité aucune. Joyeusement indifférent à sa notoriété, Jan Trefulka vit en Tchécoslovaquie, à Brno, cette grisâtre ville de province qui, sans jamais être nommée, joue un si grand rôle dans les romans de Musil. C'est là qu'a vécu Tonka, c'est là qu'Ulrich a rencontré Agathe. C'est là qu'avec une lenteur toute flaubertienne et avec un souci (tout flaubertien aussi) de chaque mot, Jan Trefulka se consacre à sa prose qui se distingue par un sens extraordinaire du réel, du quotidien, de l'ordinaire (ah oui ! Trefulka est flaubertien...). Son roman précédent, Hommage aux fous, m'a fait penser à Tolstoï qui, les derniers jours de sa vie, est parti pour un long voyage afin de fuir sa femme Sophie. Curieusement, c'est Hommage aux fous qui m'a rendu soudain compréhensible et proche la folle évasion du vieil écrivain russe et m'a rempli d'une étrange tendresse pour lui. Et pourtant le héros n'est pas Tolstoï : c'est un vieux paysan d'un village morave qui fuit sa vieille épouse. Car tel est le principe artistique de Jan Trefulka : les grands thèmes de la condition humaine (la fuite, la séduction et l'abandon), il faut les chercher et les saisir tels qu'ils se manifestent dans la vie des gens les plus modestes.» Milan Kundera.

02/1990

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Photographie

Mémoires de l'oeil

Née sous un tableau de Caspar David Friedrich, le grand peintre du romantisme allemand, Gisèle Freund a quinze ans quand son père lui donne son premier appareil photo. Jeune étudiante en sociologie à l'université de Francfort, élève de Karl Mannheim et d'Adorno, elle doit fuir le régime nazi et quitter l'Allemagne en 1933. A Paris, elle passe sa thèse de doctorat sur la photographie en France au XIXe siècle, puis se consacre au reportage. Elle innovera dans ce domaine et sera la première à utiliser couramment des films en couleurs. D'André Malraux à Virginia Woolf, de Colette à James Joyce, c'est le monde littéraire de l'avant-guerre qui devient le sujet privilégié de son objectif. Les nombreux portraits de célébrités qu'elle réalise alors la rendront célèbre à son tour. L'ensemble d'images et de textes que Gisèle Freund réunit aujourd'hui sous une forme autobiographique reflète plus de quarante ans de familiarité avec un métier - le photojournalisme - qu'elle continue de juger irremplaçable. Pour avoir traversé l'histoire, elle écrit la sienne à sa manière, toute d'attention aux autres, de lucidité et d'humour. Et, sous leur apparente discontinuité, les séquences du livre s'ordonnent autour de quelques idées-forces auxquelles l'oeuvre de Gisèle Freund n'a cessé d'être fidèle. La réalité sociale, l'événement politique, les visages d'un écrivain connu et d'un enfant anonyme, la vie quotidienne des chômeurs de l'Angleterre industrielle et du paysan mexicain, autant de territoires où s'inscrit, dans la vigilance de l'instant, le regard du photographe. Témoin exemplaire, Gisèle Freund a toujours su regarder activement le monde : révéler l'homme à l'homme, telle est, pour elle, la tâche primordiale de la photographie. 89 photographies, 12 pages en couleurs.

05/1977

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Littérature étrangère

L'invention de la Vénus de Milo

L'invention de La Vénus de Milo. Comment un marbre antique découvert par hasard dans le champ d'un paysan grec, brisé en deux morceaux de surcroît, est devenu l'un des symboles majeurs de l'art occidental, voilà l'enjeu de cette enquête menée tambour battant. Au printemps 1820, il y avait foule dans la petite île cycladique de Milo : Olivier Voutier, aspirant de la Marine française nostalgique de l'empereur, fut le premier à dessiner le fascinant visage de la statue, à qui il donna les traits de la femme de ses rêves, épouse du consul local. Dumont d'Urville, le futur explorateur de l'Océanie, n'eut aucun scrupule à s'attribuer la paternité du croquis et de la découverte du marbre, tant il rêvait d'en faire hommage à son roi Louis XVIII. C'était sans compter avec le comte de Marcellus, le futur secrétaire de Chateaubriand, alors en poste à l'ambassade de Constantinople. Les notables locaux ne restèrent pas inactifs, et moins encore les pilleurs d'antiques ottomans. Au cœur de ces rebondissements sentimentaux, politiques et diplomatiques, s'inscrit pourtant la question principale : celle de l'identité de la statue. Que Voutier se soit écrié " ma Vénus ", devant la pureté et le mystère de ses traits ne constitue en rien une preuve... et jamais on ne retrouva la main gauche censée tenir la pomme de discorde, attribut de la déesse de l'amour ! Takis Théodoropoulos, dont l'iconoclaste ironie n'épargne aucun des acteurs impliqués dans cette affaire, montre ici avec brio que la Vénus de Milo fut l'invention paradoxale que tout le monde attendait. Produit d'une sensibilité néoclassique alors en vogue, elle contribua à renforcer les valeurs dont nous sommes encore les héritiers, à l'heure où triomphe la culture des musées.

05/2008