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Animality

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Philosophie

Notre humanité. D'Aristote aux neurosciences

Les idées ne mènent pas le monde. Pourtant, les représentations que les hommes ont de leur humanité le font tourner dans un sens ou dans l'autre. A l'origine des grandes révolutions scientifiques, il y a une idée philosophique de l'homme : l'" animal rationnel " de l'Antiquité est lié à la naissance des sciences naturelles ; à l'âge classique, l'" âme étroitement unie à un corps " de la métaphysique cartésienne est indissociable de la physique mathématique ; le "sujet assujetti" du structuralisme était l'objet privilégié des sciences humaines triomphantes du siècle passé ; et le vivant défini par ses " capacités cognitives " marque la victoire actuelle des neurosciences. Chaque définition de l'homme charrie aussi son lot de croyances morales et d'idéologies politiques, d'autant plus puissantes qu'elles semblent soutenues par les certitudes scientifiques de leur époque. Derrière l'esclavagisme ou le racisme, à l'origine du totalitarisme ou des formes les plus subtiles de l'antihumanisme contemporain, se trouve une définition de notre humanité. C'est toujours au nom de ce qu'est l'homme ou de ce qu'il doit être que l'on prescrit ce qu'il faut faire et ne pas faire. L'idée d'humanité se situe à l'entrecroisement d'un rapport aux savoirs qu'elle permet de garantir et d'un rapport à des normes qu'elle permet de fonder. Elle est donc l'enjeu de toutes les querelles de légitimité. Quelle idée de l'homme pouvons-nous encore avoir aujourd'hui qu'on le décrète un " animal comme les autres " ? Que reste-t-il de notre humanité si elle ne peut plus se définir par sa place entre divinité et animalité ? L'" animal rationnel " n'a pas dit son dernier mot. Pas plus que l'humanisme, que l'on annonce pourtant " épuisé ".

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Philosophie

L'Homme achevé. Ou la fin des rêves

Ce livre, qui fait suite aux deux essais L'homme seul et L'homme religieux, est une vaste réflexion sur l'homme, la culture, la civilisation, une manière de " requiem pour un temps défunt ". L'humanité a vécu son enfance du néolithique à 1960. De 1960 à 1975, elle connut une adolescence effervescente et agitée. À partir de 1975, elle est entrée dans l'âge adulte. L'homme était achevé : c'était la fin des rêves. La revanche de la réalité, avec prédominance sur l'imagination, est alors entrée en action. Une période nouvelle qui exigeait qu'on récrive l'Histoire. Dans cette perspective. Depuis la sortie de l'animalité, jusqu'à notre époque. Jusqu'à la fin de l'Histoire " d'avant " et l'amorce de l'Histoire " d'après ". Celle que nous vivons aujourd'hui. Claude Frochaux fait des études classiques au gymnase de Neuchâtel qu'il interrompt à 17 ans pour se consacrer entièrement à sa passion du livre et de l'écrit. En 1954, il commence un apprentissage de libraire à la librairie Payot à Lausanne et obtient un diplôme de libraire en 1956. De 1956 à 1958, il travaille à la libraire Payot de Zurich et participe, par deux longs articles, l'un consacré au théâtre contemporain et l'autre à Georges Bataille, à la revue Présence animée par Gilbert Troilliet. De 1958 à 1959, libraire à Londres, Claude Frochaux participe, sans travaux concrets, au Free Cinema Group de Lindsay Anderson en même temps qu'il adresse quelques articles sur le cinéma anglais à La Tribune de Genève. De retour en Suisse il est libraire à Genève de 1959 à 1962, réalise un voyage au Moyen Orient en pratiquant un peu de journalisme libre. De 1962 à 1964, il part travailler à Paris comme libraire et éditeur chez Jean-Jacques Pauvert, Le Palimugre.

03/2012

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Sciences PCEM

Embryologie humaine élémentaire UE 2. L'individu de sa naissance à sa mise au monde, 2e édition

Cet abrégé d'embryologie s'adresse en priorité aux étudiants du 1er cycle des études médicales et paramédicales, mais aussi à tous ceux qui souhaitent s'intéresser à la naissance d'une nouvelle vie. Car sitôt que le spermatozoïde de l'homme a fécondé l'ovule de la femme, que le premier a fait présent de ses chromosomes au second, surgit l'oeuf et dans cet oeuf, l'humain. Dans celui-ci pourtant, homme ou femme, ne figure même pas de miniature humaine, comme aucun organe n'y figure en germe. C'est cela la merveille, le prodige, car cet homme, cette femme, n'est ni banal, ni quelconque, il est particulier, il est une personne. L'adulte qu'il deviendra sera unique comme n'importe lequel d'entre les autres hommes. Depuis que notre humanité existe, personne ne fut son semblable et personne ne sera jamais non plus son semblable, dût cette humanité vivre encore les millions de siècles que nous promettent les astrophysiciens. Sa chair ne sera pas la vôtre, ni sa pensée votre pensée. Voilà bien le prodige et le mystère qui initie le début d'une histoire tout abritée dans l'obscure et douce tiédeur du ventre maternel. Il faut certes toute la douceur maternelle pour protéger ce nouvel être. Ce petit livre raconte cette histoire, non dans tous ses détails, il n'en a pas la prétention, mais l'histoire abrégée de notre méconnu commencement, de notre ignorée transformation jusqu'à ce que nous prenions la forme reconnaissable d'un petit d'homme. Vous vous étonnerez aussi de ce que nous partageons avec d'autres animaux la même métamorphose, que des règles communes président à notre développement, mais que dans l'apparente simplicité de l'oeuf se dissimule aussi la puissance de nous affranchir de la pure animalité et de nous faire intelligent. Vous trouverez enfin dans ce petit livre les péripéties, les accidents qui peuvent malheureusement survenir au cours du développement. Ils renvoient aux faits cliniques essentiels.

10/2017

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Sciences historiques

Histoire du hasard en occident

Penser une histoire du hasard est se demander comment le hasard est perçu par les sociétés au fil des âges. Toutes n'ont pas la même sensation du phénomène ; l'Orient et l'Occident, les peuples d'Afrique ou d'Amérique du Sud, les différentes religions, entretiennent avec le hasard des relations spécifiques. De plus, le voyageur, dans cet univers étrange, est habité lui-même par ses sentiments et conceptions. Quatre époques scandent les siècles où se déploie cette histoire ; elles sont ossature et fil conducteur, de la préhistoire à nos jours. Homme hasardeux. Impossible de fixer la date originelle mais à un moment de la préhistoire l'être humain découvre le tirage avec un instrument : fruit dissymétrique, écorce, coquillage... Est-ce le signal qui le distingue de l'animalité ? Il perçoit le fortuit, l'aléa des jeux, le sort des espérances, les manifestations des divinités en bonheurs et malheurs. Homme de destin. Les religions subliment le hasard et ses manifestations. Le christianisme permet la découverte de la Providence et de la Grâce. La croix fixe est irréductible au cercle mobile. Mes codes et les règles tentent de circonscrire les vertiges des hasards. Homme improbable. Paradoxe étrange qui voit le développement du calcul des probabilités, à partir de la Renaissance, coïncider avec la perte des repères anciens, engendrant incertitudes et troubles contradictoires. Homme téméraire. Né au mois d'août 1945 dans l'explosion des bombes atomiques à Hiroshima et Nagasaki. Age de tous les risques et de tous les excès, nourri de spéculations, de paris, de jeux et de tricheries. Fondé sur une documentation étendue, cet ouvrage propose une vision globale de l'histoire des sociétés occidentales. Vision qui ne manquera pas d'être discutée si l'on sait que l'origine du mot téméraire renvoie à ténèbres. Sommes-nous aujourd'hui dans les ténèbres ? L'auteur a publié Bizarre, anthologie, le symbolisme des jeux, la Tarot de Court de Gébélin (Berg International), Histoire des jeux de société (Flammarion).

10/2012

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Autres philosophes

L'identité humaine

Après Michelle Perrot et Elisabeth Badinter, la collection Bouquins accueille dans son catalogue l'une des grandes intellectuelles de notre époque. Issue, par son père, d'une vieille famille catholique de droite, Elisabeth de Fontenay a été élevée dans l'ignorance des racines juives de sa mère, convertie au catholicisme, dont la famille fut exterminée à Auschwitz. A vingt-deux ans, elle rompt avec la religion catholique pour se tourner vers le judaïsme et assumer son ascendance juive. A la fois détruite et construite, dit-elle, par le secret qui entoura ses origines. Dans toute son oeuvre, elle n'a cessé de s'interroger sur les devoirs que nous avons envers les êtres vulnérables et de chercher à combler le silence de sa mère, celui de son frère, celui aussi des animaux qu'on extermine. Elisabeth de Fontenay, inlassablement, s'est attachée à mettre la philosophie " à l'épreuve de l'animalité ", sans pour autant " offenser le genre humain ". Elle dénonce une tradition philosophique responsable, à ses yeux, de la longue méconnaissance de l'animal au nom du " propre de l'homme ", et rappelle avec force que l'attention portée aux animaux ne saurait entrer en contradiction avec celle que l'on porte aux êtres humains et à leur propre identité. Fragilité, animale ou humaine, stupeur face à la violence génocidaire, amour de la littérature, admiration et méfiance mêlées vis-à-vis des Lumières, mais passion pour Diderot, " inventeur d'un matérialisme enchanté ", engagement politique, autant de thèmes qui s'entrelacent dans ce volume rassemblant l'essentiel d'une oeuvre sensible, dense et inclassable, qui fait autorité et assure à son auteur un grand rayonnement. Ce volume contient : Actes de naissance - Gaspard de la nuit - En terrain miné (avec Alain Finkielkraut) - Une tout autre histoire - La Prière d'Esther - Diderot ou le matérialisme enchanté - " Flaubert, un pensum mystique " - " Barbey, cet absolu littéraire " - La Grâce et le progrès - Sans offenser le genre humain - " Lucrèce, la force de dissidence du poème " - " La raison du plus fort " - " Entretien avec Jean-Louis Poirier ".

10/2021

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Ouvrages généraux

L'éveil des consciences ou comment devenir un homme libre. 2e édition revue et augmentée

Pour comprendre le monde et devenir un homme libre, il faut avec pragmatisme se détacher de son animalité en se détachant de ses passions humaines qui ne sont que des pulsions animales sous couvert de sentiments humains, et ne garder que deux paradigmes permettant d'avoir une vision claire, nette et précise de ce que nous sommes réellement et du fonctionnement du monde. Premièrement : il faut toujours concevoir le monde comme un ensemble de flux énergétiques, de prédations et d'échanges caloriques entre les êtres, chaque être ou entité organique, que ce soit l'individu ou le groupe, ayant pour fonction de prendre la calorie et de la conserver pour rester en vie et la transmettre avant de mourir. Secondement : il faut avoir à l'esprit que dans un groupe, tout caractère physique ou tout comportement qui se conserve au cours du temps a toujours une fonction positive pour ce groupe, même si ce caractère paraît inutile ou ce comportement paraît stupide, car dans la nature tout ce qui n'est pas positif pour le groupe finit fatalement à plus ou moins long terme par être éliminé. En comprenant que toutes nos relations et comportements ne sont que des relations énergétiques, et que ce qui perdure dans une communauté organique de l'ordre du caractère physique, comportemental ou culturel, a toujours une valeur positive pour le groupe, on devient un être éveillé, détaché spirituellement de ses passions, capable enfin de raisonner avec sagesse. Quand vous aurez intégré cela, vous rechercherez instinctivement pourquoi des comportements paraissant si stupides, cruels ou primitifs perdurent, et quelles causes énergétiques se cachent derrière des luttes entre Etats, des conflits religieux, ou des haines entre individus ou des rapprochements amoureux. Cette façon de penser le monde peut être intégrée dans tous les domaines de la vie organique, de la cellule à la civilisation, en passant par l'individu et la communauté et fera de vous des hommes capables de diriger votre vie en choisissant votre avenir en pleine conscience. Vous serez alors des hommes libres.

03/2021

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Poésie

Maison de personne

Les poèmes de Claire Genoux sont comme les fragments d'un grand roman disparu. Fragments d'une pièce plus ample et fracturée, qui cherchent en s'ajustant à recomposer les drames mêmes qui l'ont brisée. Ils ont le bruit sourd de l'abandon, du couple dissout, "d'une enfance qui s'en va" . Bruit sourd, bruit lourd des corps qui tombent, des coups et des étreintes, "bruit d'être deux" . Dans cette Maison de personne tout bruisse, tout chuchote, tout crie et se tait avec stupeur. Il y a chez Claire Genoux ce léger décalage de l'effroi, comme si les images, saisissantes de violence, surgissaient de façon trop brutale mais que la tristesse ne permettait pas de les exprimer autrement. Poèmes comme une corde nouée qui se resserre à mesure que l'on se débat, que l'on tourne les pages, et ce qui peut se prononcer est trop bref, trop assailli de douleur pour prendre le temps de respirer. Claire Genoux fluidifie les corps et les espaces, mêle les fentes de la chair et celle des murs, l'ouverture de la peau et celle des portes, tout se transpose, passe, s'emplit et se vide, se prend dans les mains, se traverse ou se mâche. La maison où "chacun est plié dans sa peau" abrite une violence érotisée, une folie détraquée, on y "entend des choses qu'il ne faudrait pas" , elle est traversée d'orages de souvenirs simultanés qu'elle est impuissante à contenir : les enfants enfouis dans le jardin, le père disparu, l'animalité des êtres, le brusque passage de la vie et de la mort. Près de la forêt, la maison est un "dur cercueil contre le vent" , mais il faut bien habiter quelque part, même rendu à sa solitude, il faut bien regarder la douceur douloureuse de la douleur tant que c'est encore possible, exister avec nos pertes, car si "personne n'existe pour longtemps" , "vivre continue" et rien ne nous en console, pas même écrire.

02/2024

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Ecrits sur l'art

Là, il y aura oracle.. Pour André Masson

L'art fut une source inépuisable de réflexion et d'écriture pour Bernard Noël, dont le travail sur le regard est essentiel. L'oeuvre d'André Masson a constitué un vivier particulièrement fécond puisqu'il lui a consacré une monographie, un récit-monologue à partir des autoportraits ainsi que de nombreux autres écrits. Ce volume rassemble ses onze textes critiques sur Masson, parus entre 1985 et 2010. L'Atelier contemporain réalise là un projet d'édition que l'auteur avait lui-même en tête dès 1995 et qui n'avait pu voir le jour. Noël considère Masson comme "? un peintre majeur du XXe siècle ? " et "? l'un des très grands dessinateurs de notre temps ? ". Grièvement blessé lors de la Grande Guerre, l'artiste crée dans une urgence vitale pour exprimer son tumulte intime. Bernard Noël compare le geste automatique d'André Masson à un "? sismographe de pulsions internes ? ". Mais cette spontanéité a la particularité d'être nourrie d'une intense recherche intellectuelle. Le peintre entretient ainsi en lui "? un court-circuit constant entre la culture avec ses éclaircies et l'animalité profonde avec ses pulsions obscures. Son graphisme est en quelque sorte l'éclair électrique - la décharge - résultant de ces commotions entretenues et provoquées. ? ". C'est ce que Noël appelle "? la main-cerveau ? " de Masson ? ; elle combine corps organique et corps culturel en réussissant à "? rétablir l'origine de la pensée dans la chair ? ", une démarche qui le touche car elle rejoint la sienne en tant qu'écrivain. Son admiration pour l'artiste s'augmente de ce qu'il fut l'ami de Georges Bataille qui lui est cher. Il consacre d'ailleurs un texte au lien entre ces deux êtres excessifs qui voulaient chacun franchir les limites de leur art en engageant "? tout ce qu'ils savent vers ce qu'ils ne savent pas ? ". Etonnamment, Bernard Noël n'a jamais rencontré André Masson mais par le travail verbal, il parvient à capter son énergie à la fois tellurique et pensive, si bien que Guite et Diego Masson lui écrivent, à propos de l'un de ses textes ? : "? Vous nous faites retrouver l'homme avec une réalité fulgurante. ? "

04/2024

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Histoire de la philosophie

Naissance du sous-homme au coeur des lumières. 2e édition

Un mérite essentiel de l'esprit des Lumières ? Avoir promu et fortifié la haute idée d'une unité du genre humain. Tous les traités, tous les manuels, tous ceux qui forgent l'opinion en réitèrent l'affirmation avec un tel ensemble et un tel enthousiasme, qu'il est probable qu'ils y croient. Etrange phénomène : la réalité est très différente. L'esprit de libre examen, dont également sont crédités avec ferveur les philosophes ceux-ci l'ont appliqué, parmi d'autres objets de quelque conséquence, à la notion même de l'humanité, qu'ils en sont venus à nier comme essence au nom du progrès. Il en résulte, sous leur plume, au moins à titre de tendance très appuyée, une dilution du genre humain dans l'animalité, dilution d'autant plus séduisante à leurs yeux qu'elle bat en brèche, comme dépassée scientifiquement, la conception biblique de l'homme. Les retombées n'en sont pas minces. L'humanité, dans le propos des philosophes devient friable. Lorsque ceux-ci vont jusqu'au bout des conséquences de leurs principes, des éboulements s'en suivent, qui sont spectaculaires : ce sont des pans entiers de la famille humaine qui se trouvent dissociés de l'humanité pleine, qui sont bestialisés ou sous-humanisés, ou exposés à l'être. Pierre-André Taguieff avait pu l'écrire : le siècle des Lumières est bien celui, effectivement, de la construction intellectuelle du sous-homme . Vont en faire les frais des minorités. très majoritaires : les ethnies exotiques, le sexe féminin, le peuple en général. Cet effondrement de l'image de l'homme appellera des suites. Il pèsera sur toute l'anthropologie du XIXè siècle. Au bout du compte, en procéderont un peu plus tard des hécatombes qu'il est curieux, voire incongru, de n'imputer tout au contraire qu'à la noirceur de prétendues et irnprobables anti-Lumières. Selon une méthode qui a fait ses preuves, l'auteur cite massivement les documents d'époque, pèse prudemment ses analyses, et ne s'autorise aucun schématisme interprétatif. AUTEUR Xavier Martin, historien des idées politiques et du droit, est professeur émérite des Universités. Ses travaux sur l'anthropologie révolutionnaire remettent parfois en cause de façon très inattendue la saisie historique de la vision de l'homme au siècle des Lumières.

05/2023

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Cinéma

Le corps du cinéma. Hypnoses, émotions, animalités

Ce livre cherche à mieux comprendre ce qu'est un spectateur de cinéma, un corps de spectateur pris dans le corps du cinéma. On y mène d'abord une comparaison, classique mais jamais éclairée, entre le cinéma et l'hypnose - cet état énigmatique, intermédiaire entre la veille, le rêve et le sommeil. Ressaisie dans l'histoire des dispositifs de vision dont l'hypnose participe, depuis la fin du XVIIIe siècle, cette vue du cinéma comme hypnose s'engage dans trois directions : une analogie de dispositifs; une interprétation métapsychologique ; la réévaluation contemporaine de l'hypnose stimulée par la recherche neurobiologique. Le parti pris essentiel de ce livre suppose une équivalence entre l'état de cinéma compris comme hypnose légère et la masse des émotions éprouvées au cours de la projection d'un film. Mais plutôt que des émotions conventionnelles, de nature psychologique, il s'agit des émotions premières que Daniel Stern a nommées des affects de vitalité : les réactions sensibles induites chez le tout petit enfant par la construction corporelle et psychique de son expérience, qui sont autant de signes précurseurs du style dans l'art. De ces émotions sans nom, aussi variables que toujours recommencées, le cinéma semble par excellence être le lieu, lui qui se donne, dans ses films authentiques, pour la réalité faite art. Enfin, ce corps d'hypnose et d'émotion est aussi un corps animal. Part d'animalité de l'homme, tenant au mouvement, au plus élémentaire du corps affecté. Dès sa conception et sans cesse au fil de son histoire le cinéma s'est voué à la figuration animale. On la cerne ici à travers le cinéma américain où l'animal, entre pastoralisme et wilderness occupe une fonction anthropologique première; et dans des œuvres du cinéma moderne européen, d'où ressort une vision plus ontologique. Ce livre est largement conçu à partir d'analyses de films. On cherche à ressaisir le film dans son détail le plus intime, là où, de micro-émotions en émotions plus vastes, sans cesse il se construit. Le choix des films a été aussi divers que possible, dans l'histoire comme dans la géographie du cinéma : des films Lumière aux œuvres du cinéma moderne et contemporain, en passant par le cinéma classique et le cinéma expérimental ou d'avant-garde. On aimerait avoir ainsi touché le cœur du cinéma. Quelques auteurs surtout ont inspiré cette approche : pour l'hypnose, Lawrence Kubie, Sigmund Freud, Léon Chertok et François Roustang; pour le développement de l'enfant et la neurobiologie, Daniel Stern et Antonio Damasio; pour la pensée et la critique du cinéma, Gilles Deleuze et Serge Daney.

02/2009

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Poésie

La Déployée / Des pas sur Moà-neige

Autrice, artiste plasticienne et commissaire d'exposition indépendante, Juliette Fontaine a déjà publié plusieurs recueils de poèmes, dont (Avant l'hiver) des fenaisons, préfacé par Yves Bonnefoy aux éditions L'entretoise en 2003 et Tu dis, aux éditions Isabelle Sauvage en 2006. Tout en continuant sa pratique artistique (dessin, vidéo, expositions, commissariats et direction du Centre d'arts plastiques d'Aubervilliers depuis 2013), elle est récemment revenue à l'écriture de manière durable et intense : ce recueil en est le témoignage le plus saisissant. Tout y résonne d'une intériorité vibrante & retenue. Quelque chose y palpite continûment : au rythme d'un intime trouvant à s'éployer ? sans s'épancher. Les mots alors figurent & paysagent. L'autre tacitement apparaît. "J'écris dans les marges du monde", dit-elle ? simplement, doucement. Et à partir d'où, en effet ? écrire ? De quel pudique endroit ? en retrait, sans être retiré/e du monde ? trouver à voir et à dire l'en-vers des choses, la jointure [des] corps ; la soudure des eaux ? Membrure du réel invisible jusque-là. De ces marges seulement. Là : seule, seulement, à l'écart du bruit du monde et de sa rumeur, peut se former, se déployer ? tu as raison délie tous tes bras ? quelque chose comme un chant : mots-musique, mots-image qui naissent du silence, trouvent là leur source : leur ombre-source précisément. Marges du monde, donc : silence _ dévalement ; germoir qui s'ouvre. Là, seulement, s'ouvre la patine noire du ciel. Là, seulement, on entend du vent le prologue et la promesse, on voit les granits et les anges ? ceux-là même qui, nuit après nuit, la rêvent, elle : l'Enigmatique, Laylâ l'obscure ? Lilith ourdie des mains. A l'orée du monde, l'oreille se tend, écoute l'eau _ la pluie Schönberg, se surprend engouffrée par l'entrée d'une aube et la parole tonnante qui vient avec. Tonnerre en effet ! : la parole habituelle ? bavarde et affairée ? vidée de ce qu'elle désigne, pour être efficace, rapidement communiquer ? parole-affolée ? se fait à nouveau pleine et sereine : alentie ; fait à nouveau paraître ce qu'elle nomme ? parole héliotrope. Parole aux couleurs nombreuses, aux senteurs odorantes, entêtantes comme la plante ? il y a ce peuplement de l'ocre, cette nausée blanche du jour aussi, que l'on sent ; parole tournée, se tournant vers le soleil, l'ombre que ce dernier fait naître & varier ? alors on voit que l'ombre sur l'herbe recule lentement / et quitte le jardin ; on perçoit la densité brute des sous-bois. L'héliotrope, c'est aussi l'instrument qui de son miroir renvoie les rayons solaires et permet(tait) l'arpentage ; mais si la parole, dans le poème & par le poème, arpente marges du monde, s'y établit furtivement, en dresse comme une "cartographie", dans les paysages et figures qu'elle évoque et convoque à la fois ? oh rive rougie des yeux ; nudité insolente des bras ? pourtant il y a dérivation nouvelle / _ lumières courbes. Car l'arpentage est du corps d'abord : mesure de ce qui ne se mesure pas ? cette grande forme immense-ouverte plus tard d'infinis, désinscrits des routes ? dont on il faudra bien tenter ? oui ! : la danse nerveuse des mésanges ? de prendre la mesure ? l'ampleur et le rythme, le pouls aussi ? dans l'ajustement des pas : marchant, c'est cela, dans _ à tâtons. Alors dans l'écart du Dehors ? le pli des choses ? le repli du corps ? l'approche s'invente : le corps devient désir : va à l'autre ; et dans l'étreinte tentée/tentante, inverse la nomination devenue imprécation : donne-toi ton Nom / donne-toi ton Nom ? il y a le vocable blanc des mains / offerte à la saillie lunaire ? et maintenant le creuset visité du corps. Intensité sensible qui seule mesure l'être. "J'écris dans les marges du monde", dit-elle ? simplement, doucement. Et elle veut dire qu'il est possible de laisser trace de ses pas dans ces marges, que d'autres suivront. Le bruit du monde s'atténuant & sa rumeur diminuant, il y a ce bruissement retrouvé du silence où tout vit ténûment ? de cette animalité qui caractérise alors les eaux, limpides ou troubles. Alors : l'avenir des crues / l'érection des pistils ; les loups turbulents ; cette ligue des vents limeurs et la nuit partout est une mer de lait. Car écrire dans les marges du monde, ce n'est pas seulement écrire depuis ces dernières, mais, également, s'y frayant un chemin ? nichée contractile / géologie de notre langue ? ou le découvrant opportunément ? passage inattendu pour des pas dans la neige ? venir tracer dans cet espace signes et voies : lignes d'erre que d'autres à leur gré suivront par la souche effleurée des réminiscences. Et alors, forpaysés, on trouvera devant soi l'empreinte des doigts sur la roche ? tout un poème. "J'écris dans les marges du monde", dit-elle.

05/2023