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Ce premier roman évoque l’histoire d’une enfant, Nieve, développant peu à peu des troubles psychotiques après la mort de sa mère.
Il s’agit, tout à la fois, d’une fiction et d’un texte d’inspiration autobiographique : j’ai moi-même fait l’expérience de l’hôpital psychiatrique, de cette traversée difficile, empreinte de violence, dont il est malaisé de se remettre. S’il repose sur une base au- to-biographique, le texte a pour objectif de transcender, dans un but cathartique, le vécu par le biais d’une fiction très libre, et d’évoquer la découverte initiatique, par une enfant, du monde, de la langue, de l’écriture. Le tout fortement sous-tendu par la structure et l’imaginaire des contes de fées, où la mère est la reine, où les hommes sont des ogres, où Nieve est Blanche-Neige, où la mauvaise sœur est la mauvaise fée dont les sorts et les malédictions sont rompus par Svet, la bonne fée. La dernière phrase du roman, adressée à la mère, condense l’enjeu du texte : « Qu’avais-je à expier, Maman, sinon le crime de te survivre ? »
Les dimensions sociale et politique sont esquissées dans le roman : Nieve est en effet d’origine argentine ; sa mère, au fil des souvenirs, évoque la dictature militaire qui a sévi dans son pays natal, et son expérience de l’exil en France, à la fin des années 1970.
Nieve s’identifiera volontiers aux enfants perdus ou adoptés (les desaparecidos), victimes de disparition forcée en Argentine.
Ce texte est par ailleurs porteur d’interrogations politiques et sociales sur la psychia- trie occidentale : « Et je pense, humiliée de ma miction, que l’hôpital est moins le lieu du soin que de la régression. Que la violence détermine le monde psychiatrique, que la mé- thode consiste à mater le fou, l’aliénation, à obtenir par le mépris sa docilité, et qu’une sollicitude maternelle, par instants, est le baume de ces tactiques ».
L’intérêt du roman réside à mon sens dans son originalité, tant dans son sujet que dans sa forme hybride (mi roman d’inspiration autobiographique, mi conte de fées), qui devrait pouvoir intéresser un public avisé.
Paloma Hermina Hidalgo
Jeune poète et dramaturge, Paloma Hermina Hidalgo est déjà l’auteur de Cristina, « chef-d’œuvre de la poésie contemporaine » selon Marianne, et Rien, le ciel peut- être, deux premiers livres « d’un génie intempestif qui, sans l’ombre d’un doute, marquera la poésie française » (toujours selon Marianne). Elle signe ici un premier roman époustou- flant, inspiré de sa vie.»
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