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lithographie Cocteau Orphée

Extraits

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Théâtre

L'ombre de Stella. Avec 1 CD audio

Rares sont les stars qui, après avoir éclairé une époque, défient le temps. Leurs noms s'éteignent comme des étoiles mortes. Stella Marco, dont le sien, connu de tous hier encore, a brillé en lettres de feu aux frontons des cinémas et des théâtres, est une héroïne de fiction, un amalgame de ces grandes vedettes qui, bien réelles, ont ému, fait rire et pleurer des générations. Leurs vies privées, plus facilement secrètes jadis qu'aujourd'hui, défrayaient la chronique en alimentant des rumeurs, parfois vraies et souvent fausses. Stella Marco a traversé trois décennies sur la corde raide, et survécu aux années maudites de l'Occupation qu'illustrèrent pour exemple Edwige Feuillère, Gaby Morlay, Elvire Popesco qui étaient alors des idoles nationales vénérées de tous les publics. Aujourd'hui oubliée, Stella s'éteint dans l'anonymat. Seule... enfin presque. Tapie à ses côtés, il y a Mylène Janvier (de son vrai nom Josette Puchaud), le témoin des bons et des mauvais jours, l'obscure, la sans grade, la groupie, tiraillée entre la passion et la jalousie que lui inspire son idole, l'ombre de Stella qui, dans un flot d'aveux se trahit et se délivre d'un secret qui l'étouffe. Denis D'Arcangelo, qui a imposé le personnage mythique de "Madame Raymonde", incarne avec maestria celui de Mylène Janvier (de son vrai nom Josette Puchaud), ombre de Stella Marco, la grande vedette qu'elle hait pour l'avoir trop aimée. Enfermé dans sa solitude par la mise en scène épurée de Thierry Harcourt, Denis D'Arcangelo ressuscite cette espèce de comédiens qui n'existe plus, jouant du coeur et des tripes, ceux que Jean Cocteau appelait les "monstres sacrés". Il change de sexe comme on change de costume, mais la métamorphose est intérieure, profonde, sans la moindre afféterie. Il pousse au paroxysme la confession de son héroïne, gouailleuse et tragique, sans jamais la travestir. Ne faisant qu'une avec elle, il l'incarne avec une vérité déchirante, donnant à la fois vie à deux personnages qu'elle oppose et fait revivre. Du grand art. Pierre Barillet

07/2017

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Acteurs

Scandaleuse Sarah. La folle vie de Sarah Bernhardt

Pour les 100 ans de la mort de Sarah Bernhardt, Elizabeth Gouslan retrace l'incroyable parcours de ce monstre sacré, une féministe avant l'heure qui fit scandale à son époque. L'incroyable destin de Sarah Bernhardt, disparue il y a cent ans Elle a vécu au triple galop, à cheval sur deux siècles, exportant sa légende sur cinq continents. De Paris à New York, de Londres à Moscou, tous ont célébré sa beauté, son culot unique et son ambition. Cocteau parle de " monstre sacré " pour la définir et même Freud suspend son portrait dans son cabinet ! De sa naissance en 1844 à sa mort en 1923, la diva a dicté les règles de la vie mondaine, arbitré les élégances, anticipé l'Art Nouveau... Pionnière et narcissique, elle a fabriqué le star system. Seule Sarah Bernhardt sut faire de son quotidien une telle mise en scène, et de sa vie un tel roman à rebondissements. Née dans le ruisseau, d'une mère néerlandaise et d'un père inconnu, elle ne doit sa survie qu'aux largesses du duc de Morny qui entretenait la tante de Sarah. Le dandy donne le coup de pouce qui permet à la sauvageonne d'entrer au Conservatoire et de faire ensuite une carrière sur les planches, à la Comédie française puis au théâtre de l'Odéon. Parcours fulgurant : Sarah, bulldozer à la voix d'or, écrase toutes ses rivales, décroche les rôles titres qu'on ne pensait même pas lui confier, affichant à son palmarès plus de cinq cents spectacles, des dizaines de tournées dans le monde entier et un capital à faire pâlir les plus fortunés. Féministe avant l'heure, Sarah Bernhardt a su tracer sa route dans un monde d'hommes, damant le pion aux machos qui tiraient les ficelles - quitte, notamment, à les mettre dans son lit. Nul doute que cette tornade brune a ouvert la porte à une galaxie d'étoiles. Car, de Bette Davies à Edith Piaf, de Barbra Streisand à Amy Winehouse, de la Callas à Madonna, ces amazones de la scène, à bien y regarder, on toutes quelque chose de Sarah Bernhardt.

02/2023

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Thèmes photo

Gaston Paris. La photographie en spectacle

Cette première monographie et l'exposition qu'elle accompagne permettent de redécouvrir l'importance de ce photographe, profondément influencé par le surréalisme et le " fantastique social " de l'époque. Photographe talentueux, reporter assidu et le plus publié dans le magazine Vu, célèbre pour ses mises en pages et images avant-gardistes, Gaston Paris (1905-1964) reste étonnement l'un des oubliés de l'histoire de la photographie. Ses images figurent, dans toute la presse de l'époque, aux côtés de celles de Laure Albin-Guillot, Germaine Krull, ou encore André Kertész. Equipé de son Rolleiflex et politiquement engagé, il saisit, dès les années 1930, le Paris des noctambules, le monde du cirque et des cabarets, les luttes sociales : ses cadrages audacieux, ses vues en contre-plongée, ses noirs et blancs contrastés témoignent d'un regard acéré et moderniste. Parallèlement à cette production dédiée aux grands sujets louant la modernité, Gaston Paris livre de nombreux reportages étranges et personnels, aux inspirations surréalistes. Il excelle dans les mises en scènes étonnantes et devient l'un des collaborateurs attitré du magazine Détective de la fin des années 1930 aux années 1950 ; entre horreur et Grand Guignol, il reconstitue des drames peuplés de gangsters et de personnages mystérieux. Cet ouvrage offre aussi un éclairage sur la pratique naissante du photojournalisme, en particulier sur quelques-uns des grands sujets alors privilégiés (le monde de la nuit, la misère, les stars parmi lesquelles Piaf ou Cocteau, l'idée de progrès, etc.) et un témoignage exceptionnel de l'évolution de la société de l'entre-deux-guerres. Menée sous la direction scientifique de l'historien de la photographie Michel Frizot, cette monographie présente les multiples aspects d'un travail jusqu'ici méconnu et redécouvert par le Cabinet de la photographie du Centre Pompidou. Photographies, planches-contact thématiques consciencieu-sement réalisées par Gaston Paris, ainsi que des extraits de pages de magazines, avec lesquels il collaborait régulièrement, laissent entrevoir l'étendue de son vocabulaire esthétique et photographique. Cette exploration visuelle sera enrichie d'une introduction à l'oeuvre par Michel Frizot, d'un essai de Julie Jones sur la représentation de la femme dans le Paris des années 1930 et d'un texte de Delphine Desvaux, responsable du fonds Gaston Paris.

01/2022

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Beaux arts

Delacroix

Catalogue officiel de l'exposition Delacroix (1798-1863) au musée du Louvre du 29 mars au 23 juillet 2018. Depuis l'exposition mémorial de 1963 au musée du Louvre, Eugène Delacroix n'a jamais fait l'objet d'une telle exposition monographique. Organisée en 2018 à Paris par le musée du Louvre, puis à New York par le Metropolitan Museum of Art, cette rétrospective inédite rassemblera près de 200 oeuvres, en majorité des peintures, dont la plupart sont des chefs-d'oeuvre du peintre. Si les oeuvres et les activités de Delacroix sont connues, il reste encore beaucoup à comprendre sur la manière dont Delacroix a dirigé sa création. Il travaille un peu plus de quarante années (de 1821 à 1863), mais les peintures qui font sa célébrité ont pour la plupart été produites durant la première décennie. C'est le temps des coups d'éclat au Salon et des audacieuses lithographies romantiques. Souvent cité comme ancêtre des coloristes modernes, Delacroix décrit en réalité un parcours parfois peu compatible avec la seule lecture formaliste de l'histoire de l'art du XIXe siècle. Le présent projet adopte un point de vue volontairement synthétique et subjectif ; il propose une vision des motivations susceptibles d'avoir inspiré et dirigé l'activité picturale du peintre au fil de sa longue carrière, déclinée en trois grandes périodes. La première décennie est placée sous le signe de la rupture avec le système néoclassique, au profit d'un recentrement sur les possibilités expressives et narratives du médium pictural dans un contexte de crise de la peinture d'histoire traditionnelle ; la seconde partie cherche à évaluer l'impact du grand décor public, principale activité de Delacroix dans les années 1835-1855, dans sa peinture de chevalet où s'observe une tension entre le monumental et le décoratif ; enfin, les dernières années semblent dominées par une forte attraction pour le paysage, tempérée par un effort de synthèse personnelle rétrospective. Ces clés interprétatives permettent de proposer une classification renouvelée qui dépasse le simple regroupement par genres ainsi que le clivage romantique classique, et ménagent des effets de contrastes. Elles permettent enfin de placer la production picturale de Delacroix en résonnance avec les grands phénomènes artistiques de son temps : le romantisme certes, mais aussi le réalisme, les historicismes, l'éclectisme. Ce catalogue est une coédition Hazan/Editions du Musée du Louvre.

03/2018

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Beaux arts

Andy Warhol, Seven Illustrated Books 1952-1959. Coffret en 7 volumes : Love in a Pink Cake ; A is an Alphabet ; 25 Cats Name(d) Sam and One Blue Pussy ; A la recherche du Shoe perdu ; In the Bottom of my Garden ; A Gold Book ; Wild Raspberries, Edition fr

Dans le New York des années 1950, avant qu'il devienne l'un des noms les plus célèbres du XXe siècle, Andy Warhol fut un dessinateur publicitaire talentueux et apprécié. A cette époque, dans le cadre de sa stratégie pour séduire et fidéliser ses clients et sceller des amitiés, il réalisa de sa main sept livres promotionnels envoyés à des contacts triés sur le volet, où s'exposent ses dessins uniques et ses textes excentriques, et où s'exprime son goût pour les chats, la nourriture, les mythes, les chaussures, les beaux garçons et les filles magnifiques, entre autres sujets. Des dizaines d'années plus tard, alors que les originaux s'échangent pour des milliers de dollars en salles des ventes, TASCHEN présente un impeccable coffret rassemblant les sept livres, reproduisant aussi fidèlement que possible les originaux de Warhol jusque dans le format, les dimensions et le papier. Avec des titres comme Love Is A Pink Cake (L'Amour est un gâteau rose), 25 Cats Named Sam (25 Chats nommés Sam) et A la Recherche du Shoe Perdu, la série révèle le caractère excentrique de l'artiste autant que ses talents de dessinateur accompli, sa créativité sans limites et son humour rempli de sous-entendus. Les livres jouent délicieusement avec les styles et les genres autant qu'avec la maquette, les matériaux et les formats. Le portfolio de lithographies A is for Alphabet consacre une page à chaque lettre de l'alphabet, avec des illustrations complétées par des strophes déroutantes de trois vers qui racontent des rencontres étranges entre l'homme et l'animal. In the Bottom of My Garden est à la fois la version warholienne d'un livre pour enfants et une célébration cachée de l'amour homosexuel. Quant à Wild Raspberries, il s'agit d'une parodie de livre de cuisine contenant pléthore de recettes audacieuses en 19 pages au format portrait contenant instructions et illustrations. Joyaux peu connus mais fort convoités de la couronne du roi Warhol, ces opus écrits et dessinés à la main sont aussi intéressants et originaux aujourd'hui qu'ils le furent dans les lointaines années 1950. Avec un essai introductif de la spécialiste de Warhol Nina Schleif ainsi que des illustrations contemporaines et des photographies de Warhol, cette reproduction méticuleuse offre un regard unique sur un génie en herbe, à l'aube de la renommée mondiale.

10/2017

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Romans de terroir

Les trois fleurs

Voilà près d'un siècle que la famille Ogier, des paysans aisés, estimés et respectés, cultive la vigne et les arbres fruitiers. Depuis le décès du patriarche Joannès, c'est au tour de ses fils, Fleury et Eloi, de faire prospérer le domaine des Terres-Hautes. Mais, en 1918, le monde a changé. La grande hécatombe a vidé les campagnes de ses forces vives et les filles sont devenues des femmes avant l'heure. Pétries par les valeurs, les idées et l'amour que leur a transmis leur grand-père, les trois enfants de Fleury se débattent face aux vicissitudes de l'existence. Florine, l'aînée, jeune veuve de guerre, s'occupe désormais seule de l'exploitation sur le coteau. Tonia, originale et sensible, enseigne la littérature à Lyon dans un cours privé et s'amourache d'un séducteur sans vergogne. Quant à Rosie, la cadette, elle attend son premier poste d'institutrice en Ardèche. Si les deux dernières s'enracinent ailleurs, Florine se tue au travail sur les terres qu'elle a exigées en partage. Peut-être pour oublier qu'elle ne s'accorde plus le droit d'être heureuse... Amours contrariées, rivalités, conflits familiaux, formidables espoirs... Alors que les filles forgent leur destin, l'avenir des Terres-Hautes se joue avec les héritiers mâles. Sous une plume pleine d'admiration et de tendresse, Suzanne de Arriba nous offre ici une saga familiale dont elle a le secret. Elle nous fait partager les quêtes de ses héros dans ce qu'elles ont de plus noble et de plus désespéré. Une magnifique aventure humaine, chargée d'émotion et de vérité, au cœur du XXe siècle.

03/2013

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BD tout public

Le patient. Edition collector

A quoi bon se souvenir qu'on a vécu l'enfer ? La police arrête une jeune fille errant dans la rue, couverte de sang, un couteau à la main. En se rendant chez elle, les agents découvrent avec effroi une scène de massacre : toute sa famille a été assassinée... 6 ans plus tard, Pierre Grimaud, l'unique survivant du " massacre de la rue des Corneilles ", se réveille d'un profond coma. L'adolescent de 15 ans qu'il était au moment des faits est aujourd'hui un jeune homme de 21 ans. Désorienté, encore paralysé et souffrant d'amnésie partielle, il est pris en charge par le docteur Anna Kieffer, psychologue spécialisée sur les questions de criminologie et de victimologie. Pendant leurs séances, Anna tente de l'amener à se souvenir des circonstances du drame, malgré ses pertes de mémoire. Pierre lui évoque la présence mystérieuse d'un " homme en noir " qui hante ses rêves, probable réponse inconsciente à son traumatisme. Après plusieurs rendez-vous, Anna découvre en Pierre un être sensible et très intelligent. Touchée par son histoire, elle se met même à le prendre en affection. Petit à petit, une véritable complicité s'installe entre eux. Anna n'imagine pas à quel point ce patient va changer sa vie... Après le remarqué Ces jours qui disparaissent, Timothé Le Boucher revient avec un ouvrage témoignant une nouvelle fois de sa science narrative exemplaire. S'inscrivant dans une veine plus réaliste, Le Patient est un thriller psychologique prenant et surprenant, laissant entrevoir quelques-uns des thèmes de prédilection de l'auteur : le rapport à l'autre, la notion du " temps ", de l'identité et de la mémoire. A l'occasion des 50 ans d'édition de la maison Glénat, retrouvez cette oeuvre marquante dans une édition spéciale avec jaquette-poster, couverture inédite et 16 pages de bonus.

11/2019

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Policiers

Sème la mort. Une enquête de Mathieu Gange

A la suite de l'épisode douloureux de L'Abbaye Blanche, le lieutenant Gange s'est séparé de sa femme. Pour conserver la garde alternée de leur fille, il a quitté son Jura natal pour s'installer à Etampes. Mais cette ancienne ville royale du sud de l'Essonne symbolise l'échec de son couple, et il a du mal à s'y investir. Dans son nouveau commissariat, on le surnomme "l'autiste des montagnes". Un quadruple meurtre secoue alors la ville. Arrêté avec un couteau à la main et du sang sur ses vêtements, un ado de 14 ans se mure dans le silence avant d'être interné en hôpital psychiatrique. Gange, aux affaires courantes, reste en retrait. En arrêtant un jeune qui sème le trouble dans les rues, il croise la route de sa mère, femme de pouvoir séduisante, prête à tout pour protéger son fils. Une femme d'influence que personne, à Etampes, n'ose vraiment contredire... Survient alors un cinquième crime sauvage. Dans une ville qu'il apprend à aimer peu à peu, autour d'une enquête mêlant agriculture bio, pouvoir des puissants, mais aussi l'éducation des enfants, Gange se retrouve sur les traces d'un dangereux psychopathe. Sans se douter un instant qu'il met les siens en danger... Avec Sème la mort, Laurent Malot situe son intrigue dans le grenier céréalier de la France, en pleine Beauce, pour interroger nos aspirations et nos résistances au changement, à travers le prisme des lobbies surpuissants de l'agriculture conventionnelle. Semer la mort ou semer la vie... c'est une façon de penser le monde et de préparer l'avenir de nos enfants. Un polar résolument noir, ancré dans le réel et son époque, où l'on retrouve l'humour féroce et l'intégrité de Gange, le flic de L'Abbaye blanche…

11/2017

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Littérature étrangère

Le Justicier

Vivian Winter, avocat londonien, jeune, riche, séduisant, est retrouvé mort dans sa cuisine, transpercé de seize coups de couteau. Sa mère, lady Winter, charge son meilleur ami de mener une enquête parallèle à celle de la police. En se fondant sur les indices de deux documents, le testament du défunt et la liste des meurtriers qu'il a défendus au cours des dernières années et qui ont pour point commun d'avoir assailli sexuellement et tué des femmes enceintes, le narrateur se lance dans une série d'investigations de plus en plus déconcertantes. Il est sur le point de renoncer à sa mission - dont lady Winter a d'ailleurs voulu le décharger très tôt - mais s'obstine, poussé par les doutes et les réticences des enquêteurs officiels. Sa théorie, tantôt étayée et tantôt ébranlée par le psychiatre qui a eu à connaître de plusieurs de ces cas, le conduit à rencontrer les proches de ces meurtriers ou de leurs victimes, et le lecteur se voit offrir un champ très vaste où risquer ses propres conclusions. L'énigme se résoudra au prix de deux morts supplémentaires, mais nous n'en sommes déjà plus à les compter. Il ne faudrait pas insister beaucoup auprès de l'auteur pour lui faire admettre qu'il partage nombre des curiosités, des raisonnements et des réactions du narrateur. Presque tous les ouvrages de Julian Gloag offrent une trame d'enquête policière, même ceux où l'analyse psychologique domine de beaucoup la recherche d'une solution satisfaisante aux yeux de la justice. C'est toujours un plaisir pour le lecteur quand le mystère de l'intrigue sert de support à une ouvre littérairement riche et accomplie. Le cas n'est pas si courant.

03/1987

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Sciences politiques

L'affaire Rambla ou le fantôme de Ranucci

La reconstitution passionnante de l'affaire Ranucci. Avec elle, les débats houleux de l'erreur judiciaire et de la peine de mort. Trente ans plus tard, Jean Rambla, victime et témoin de l'affaire et du " pull-over rouge ", sera accusé de meurtres. Concis, humain, passionnant, ce récit raconte une époque et ses destins. Entre doute et intime conviction : une quête de vérité. Juin 1974, Marseille. Marie-Dolorès Rambla, huit ans, est enlevée sous les yeux de son petit frère et retrouvée morte deux jours plus tard, le corps lardé de quinze coups de couteau et le crâne fracassé. Aucune trace de violences sexuelles, pas de mobile. Un crime gratuit pour lequel Christian Ranucci sera guillotiné deux ans plus tard. Derrière l'affaire du " Pull-over rouge ", le destin tragique du frère de Marie-Dolorès, Jean-Baptiste Rambla, aujourd'hui en attente d'être jugé en appel pour le meurtre, en juillet 2017, d'une femme de 21 ans. En état de récidive, il avait bénéficié d'une libération conditionnelle après avoir été condamné, en 2008, pour le meurtre de sa patronne. Les deux victimes ont été massacrées. Aucune trace de violences sexuelles. Pas de mobile. Le destin de cet homme interroge celui de sa famille, disloquée par la perte et le chagrin, emportée dans la tourmente judiciaire, broyée par la machine médiatique. Comment se construire dans un tel chaos ? Revenir sur la tragédie de Jean Rambla, c'est aussi se replonger dans une époque : les années 70, la France de Giscard, quand les cités marseillaises étaient encore riantes, le débat sur la peine de mort suscitait les passions, jusqu'à son abolition. Et les ombres de l'affaire Ranucci.

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Littérature française

Fil d'or

Longtemps la mer et le désert ont été des territoires d'aventures réservés aux hommes. Suzy Solidor, une auteure lesbienne, a osé troubler les codes du genre en racontant l'histoire de Fil d'Or, un marin aux secrets insaisissables... Au début des années 1930, deux légionnaires français fraternisent dans le Sahara occidental. Ils font face à l'ennui et au vent brûlant du désert en déroulant leur vie. L'un s'appelle Dussaud, l'autre Matelot parce qu'il vient d'Ouessant, cette île bretonne assiégée par l'océan. Tout à ses souvenirs, Matelot raconte comment, quelques années plus tôt, un jeune étranger connu sous le nom de " Fil d'Or " y a fait irruption. Sur l'île, les hommes comme les femmes étaient fascinés par sa beauté trouble et ses dispositions de marin. Envoûté lui-même, Matelot se mit à son service... jusqu'à ce qu'il découvre que sa fiancée avait à son tour succombé au charme de Fil d'Or. En pleine tempête, une bagarre éclata alors entre les deux hommes et, au milieu des éléments déchaînés, un coup de couteau traversa l'écume, laissant entrevoir un impensable secret... Dès lors, hanté par le récit de Matelot, Dussaud n'aura plus qu'une obsession : retrouver Fil d'Or pour éclaircir le mystère. C'est le début d'une quête qui l'entraînera du désert africain aux îles celtes, jusqu'aux limites du monde et de la raison. Avec Fil d'Or, Suzy Solidor signe un roman d'aventures porté par une écriture éblouissante. Paru en 1940, il fut injustement oublié - peut-être parce que son auteure, en osant troubler les codes du genre, avait tout simplement un siècle d'avance.

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Littérature étrangère

La guerre dans le sang

Vingt ans après la conquête du Mexique, Hernan Cortès, écarté du pouvoir, a été remplacé par un vice-roi. Les "conquistadores" ont épousé des Indiennes et ces unions ont porté leurs premiers fruits. Mais les métis sont tiraillés entre leur double origine, la guerre est dans leur sang : il faut choisir d'être Indiens ou Espagnols. Tel est le drame de Rodrigo, fils d'un compagnon de Cortès et d'une princesse indienne, petite-nièce de Montezuma. Affecté d'un violent complexe d'Oedipe, c'est le sang de sa mère que choisit Rodrigo. Il participe à la "résistance" indienne contre le conquérant, fréquente les réunions du culte des dieux aztèques, épouse secrètement une Indienne et va jusqu'à sacrifier une victime sur l'autel du dieu barbare avec le couteau d'obsidienne. Passé aux insurgés au cours d'une révolte, il finit par tuer son propre père. A ce drame principal se mêlent d'autres intrigues tout aussi riches de signification : le mariage d'un Juif avec une fille du grand Cortès ; le drame de la soeur de Rodrigo, qui, elle, ressemble à son père ; le supplice de l'oncle des deux métis, qui meurt brûlé vif pour être retourné au culte des ancêtres. C'est une fresque magistrale, aux couleurs violentes, que l'auteur a brossée, en s'appuyant sur une information historique considérable. Nous voyons vivre, s'aimer, s'affronter, se haïr et se tuer deux races qui n'ont pas réussi, en mêlant leur sang, à unir leurs coeurs et leurs croyances. Ceux qui ont aimé Coeur de jade retrouveront dans ce nouvel ouvrage la maîtrise de Salvador de Madariaga, qui sait faire revivre les premières années de la domination espagnole et nous introduire au coeur des difficultés politiques et humaines qu'elle a tout de suite connues.

06/1958

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Western

Hacendado, l'honneur et le sang

Une aventure impitoyable au coeur du désert mexicain. Mexique, 1863. Sur ces terres arides où la violence et le crime sont le lot quotidien de la population de l'Etat de Sonora, le descendant d'une ancienne lignée de conquistadors tente de faire perdurer les notions de justice et d'honneur. C'est pour sauver l'honneur bafoué de son nom que Don Armando, riche Hacendado, décide de faire justice lui-même en condamnant son propre fils à une mort lente mais certaine... Plus tôt en ville, le jeune Don Diego aurait été aperçu couteau à la main, laissant la belle Dona Joselita au milieu d'une mare de sang. Convaincu de la culpabilité de ce fils retors au visage d'ange qui ne cesse de clamer son innocence, Don Armando l'emmène dans le sinistre désert de Sonora et l'y abandonne ! Or, dans ces sierras, il faut autant redouter la sauvagerie des bêtes que celle des hommes. Territoire de la bande d'Abraham Hinter, le plus cruel des chasseurs d'Apaches, le désert est un enfer peuplé de tueurs que le dernier sentiment humain a quitté depuis longtemps... Partie à la recherche de Diego, sa mère Dona Maria, qui refuse de croire à l'horreur, va tout faire pour retrouver ce fils, quitte à se perdre. Car hélas, le désert peut nous révéler parfois plus que ce que l'on aimerait savoir... Ce western brutal et sauvage nous ouvre les portes d'un univers sans concession pour un one shot sombre et noir, qui nous tient en haleine jusqu'au bout grâce au scénario ciselé de Philippe Thirault et au dessin impeccable de Gilles Mezzomo. Un album saisissant.

06/2023

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Romans policiers

Du noir à Bordeaux

Les nouvelles Patrick NIETO : Quand on sait qu'une bande de punks à chiens traîne dans les parages et que monsieur Martin a longtemps manié le couteau pour découper des quartiers de boeufs on est en droit de s'attendre à tout. Frédéric VILLAR : Vous est-il déjà arrivé de mourir et de venir le raconter à vos amis ? Manuel Nadal, 102 kg sur la balance est encore sous le choc. Ovide BLONDEL : La Saint-Valentin, ça vous concerne ? Quand votre compagne, infirmière est d'astreinte et porte dans son ventre votre progéniture ? Pierre WILLI : La nuit a été calme, douce. Trop douce. Un vagabond à la réputation sulfureuse. Une vie en faux-semblant. Quelque chose ne tourne pas rond. Dan EDRAGAL : Dans une étrange confession où la mort danse avec l'amour tissant ses liens jusqu'au frontières de la raison, serez-vous capables d'échapper à la noirceur et de ne pas être, à votre tour, maudits ? Ludovic BOUQUIN : Une villa avec vue sur mer bâtie sur la colline de Sainte Barbe à Saint-Jean-de-Luz, un chalet en bois à Baqueira. Une épouse top-model, amatrice de trekking. Faudrait jamais quitter Saint-Jean. Jérémy BOUQUIN : Un homme retrouvé pendu par les pieds, la tête fracassée à coups de barre à mine. Un autre crucifié sur une cloche. Un troisième transformé en bouclier humain... Y'a pas photo, faut jamais jouer avec la mort ! MAXBARTEAM : Le Grand prix de Bordeaux sur l'hippodrome. De quoi attirer les parieurs invétérés mais aussi les margoulins détrousseurs. Attention, pourtant, de miser sur le bon cheval ! Simone GELIN : Une soirée un peu trop arrosée entre amis. Un corps d'enfant, recroquevillé dans une position foetale, nu. Encore visibles, les bracelets de fer qui enserrent ses poignets et ses chevilles.

07/2023

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Policiers

Vieux Bob

"C'est vrai, vieux Bob a pas pu s'empêcher. C'était si bon, le calme et puis la sciure sous son ventre, bref, il a pas pu se retenir. A coups de pompe dans le train il se traîne jusqu'à l'arbre, lève à peine la patte, fait trois gouttes qui se perdent dans ses poils". Un vieux clébard incontinent, un simple d'esprit fasciné par les avions, deux étrangers dans le métro qui ne savent se dire leur attirance... Les personnages de ces neuf nouvelles sont attendrissants. S'ils sont pathétiques ? Oui. Et meurtriers, souvent. A l'image de John Fante, Pascal Garnier donne toujours l'impression de se balader avec un couteau en poche. Mais chez lui, l'effarement ne conduit pas à la rage : nous sommes ici du côté du coeur. L'auteur de Comment va la douleur ? Et de La Théorie du Panda est mort en 2010. Le recueil Vieux Bob s'inscrit pleinement dans l'oeuvre de cet entomologiste sentimental. Les éditions in8 ont souhaité rééditer ce recueil paru aux éditions Syros en 1990 sous le titre "Cas de figures" . L'auteur dissèque des solitudes au long cours où animaux, jeunes et moins jeunes rivalisent de lassitude. Qu'advient-il alors de la banalité pesante et de ces êtres fossiles que les jours calmes et monotones assassinent sous un soleil de plomb ? Aux surgissements de coïncidences réelles ou simulées, l'habitude croise les fulgurances de l'inouï. A l'orée du tragique, dans un glissement palpable sous l'ivresse d'un quotidien qui n'en finit jamais de s'éteindre, la vie laisse alors entrevoir la mort - à moins que ce ne soit la mort qui, aux prises avec la vie, lui rende tout son éclat. Garnier distille la subtilité grossière d'une vie mortelle avec beaucoup de poésie.

09/2014

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Littérature française

Les dits de Till. Mémorable Geste d’Eulenspiegel ou Miroir d’un Gueux

Entouré de la presse babillarde, en tailleur assis face au jovial et volubile Guacanagari, étourdissant moulin à paroles, nous simulions les polis, déguisant notre perplexité d’un sourire tolérant. D'un oeil je guettais l’arrivée des mets qu’on nous avait promis. Et ma langue câlina mes lèvres quand le cacique se fit apporter un oeuf, tout noir de nature (de quelle volaille ?), aussi gros que celui d’une autruche, qu’il posa dans une main et de ses jacasseries incompréhensibles nous tint en haleine en pointant d’un doigt divers endroits de la coquille. Soûlé par son verbiage brise-raison, je perdis le fil de ses pensées. Nous parlait-il de la terre ? (qu’entre cuir et chair l’amiral refusa de croire qu’il la pût savoir ronde !), de leur cosmogonie ? (que le père Pané, aussi dissimulé, qualifia de païenne !), ou de la façon sienne de cuire l’affriandant régal ? Nous le sûmes. Il se tut et cérémonieux tendit l’œuf à l’amiral qui le saisissant faillit le faire chuter. Croyant à politesse de rencontre, incommode et inquiet, Cristóbal Colón à son tour marqua sur la déroutante mappa mundi l’Espagne, le ciel, la mer obscure et un point entre Cipango et les Indes où nous avions jeté les ancres. Derechef ses gestes imprécis manquèrent de le faire choir. Pour l’aise de son hôte, le cacique le lui reprit des mains et, sur la terre battue dure comme roche, d’un coup juste plus fort que de le vouloir poser, le planta sur sa base : l’oeuf resta immobile en quille, exempt de quelconque fissure nonobstant l’audible craquement. Nous étions stupéfaits comme poule qui déterre un couteau. Traduisant la mine futée et les mains écartées d’évidence de Guacanagari, l’amiral inféra : "Il suffisait d’y penser !".

04/2013

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Littérature française

Le Zaroff

Zaroff manie du couteau comme personne. Il sait écraser une trachée en moins de deux. Noyer une victime est pour lui une promenade de santé. Il a un talent incontesté pour la dissimulation des corps et le recouvrement des traces. Une vieille peau qui bloque la caisse d'un supermarché le samedi, un chanteur moustachu irritant, une troupe de mimes, un théâtreux à écharpe, un pizzaïolo peu attentif... : il tue, il tue, c'est tout ce qu'il sait faire et d'ailleurs c'est son métier. Un métier qu'il exerce avec enthousiasme, sous la plume virtuose de Julien d'Abrigeon qui propose un parcours possible de son destin en forme de " chasses ", " traques " et autres " cavales ". A vous, lecteurs, de choisir le sens de la fuite, de renverser le suspens, en permutant les épisodes. " Je m'appelle Zaroff est le nom que l'on me donne. Je suis vieux, 23 ans, âgé depuis longtemps, j'accumule les richesses dans le dénuement le plus total, j'habite Paris, en Angleterre, sur le continent asiatique, une île de terre ferme. Je suis blond aux cheveux très noirs, le regard sombre, bleu clair, ma taille est imposante, je suis trapu, fort, ma faiblesse physique due à mon âge se ressent sur ma voix claire, étouffée, je déteste les pauvres car ils n'ont pas vécu ce que nous, les pauvres, avons vécu, c'est pour cela que j'abats les riches, j'en suis un, je sais ce que c'est, je suis pour plus d'équité sociale même si cela doit aggraver les inégalités, j'existe n'existe plus n'ai jamais existé sinon dans les rêves de ceux qui ne rêvent pas. J'aime tuer, cela me dégoûte. Je me sens moralement bon mauvais puisque je suis amoralement immoral. "

11/2009

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Policiers

L'Hypnotiseur

Erik Maria Bark, un psychiatre spécialisé dans le traitement des chocs et traumas aigus, a longtemps été l'un des rares véritables experts de l'hypnose médicale. Jusqu'au jour où une séance d'hypnose profonde a mal, très mal tourné. Sa vie a frôlé l'abîme et, depuis, il a promis de ne plus jamais hypnotiser. Dix années durant, il a tenu cette promesse. Jusqu'à cette nuit où l'inspecteur Joona Linna le réveille. Il a besoin de son aide. Josef, un adolescent, vient d'assister au massacre de sa famille. Sa mère et sa petite soeur ont été poignardées, mutilées et dépecées sous ses yeux. Le corps lardé de centaines de coups de couteau, Josef vient d'être hospitalisé, inconscient et en état de choc. Mais il est le seul témoin du carnage et Joona Linna, pris dans une course contre la montre, veut l'interroger sans tarder. Car tout indique que l'assassin est maintenant aux trousses de la soeur aînée de Josef, mystérieusement disparue. Et pour lui, il n'y a qu'une façon d'obtenir un quelconque indice de l'identité du meurtrier : hypnotiser Josef. Tandis qu'il traverse un Stockholm plus sombre et glacial que jamais, Erik sait déjà que, malgré toutes ses protestations, il brisera sa promesse pour tenter de sauver une vie. Ce qu'il ne sait pas, c'est que la vérité que porte Josef va changer sa vie. Que son fils est sur le point d'être enlevé. Et qu'en réalité, c'est pour lui que le compte à rebours vient de commencer. Intrigue implacable, rythme effréné, richesse et complexité des personnages, écriture au cordeau, tout concourt à faire de L 'Hypnotiseur un thriller unique. La première enquête de l'inspecteur Joona Linna fait date.

09/2010

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Policiers

Une grande famille

Ai Kitazawa, la trentaine, est dans une très mauvaise passe. Trompée par son mari, elle émerge à peine d'un divorce houleux. Sa belle-famille, qui l'a toujours méprisée, l'empêche de voir ses deux enfants. Et elle vient d'être licenciée de son emploi à temps partiel suite au scandale suscité par son aventure avec le responsable du personnel. Sans ressources, n'ayant jamais eu les moyens et le soutien qui lui auraient permis de faire de bonnes études, elle n'a d'autre choix que de repartir vivre dans sa maison familiale, où elle n'était pas revenue depuis plus de dix ans. Celle-ci se trouve à une cinquantaine de kilomètres de Tokyo, dans une impasse au fin fond d'une banlieue défavorisée, bâtie à la hâte après la guerre et bordée par une ligne de chemin de fer. Sous le même toit cohabitent Takako, la mère, qui vogue comme d'habitude d'homme en homme et de bouteille en bouteille, et Yasu, la grand-mère, aussi fière que pauvre. Les deux femmes se querellent sans cesse. Quant au père, il est parti depuis longtemps. Lorsque Ai pose ses valises, Yasu est à l'hôpital après avoir reçu un coup de couteau de Takako ; heureusement, la blessure est sans gravité. Ai s'interroge : sa vie est-elle devenue un désastre parce que sa famille était elle-même désastreuse ou est-ce une question de malchance et de destinée ? Pour échapper à cette ambiance délétère, elle renoue le contact avec sa douce et dévouée voisine, Miyoko, qui prend bien soin de son vénérable grand-père. La retraite de ce dernier leur permet de survivre. Mais cette charmante voisine ne cacherait-elle pas un secret ?

03/2020

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Kant

Les Derniers Jours d'Emmanuel Kant

Thomas De Quincey n'aima personne autant que Coleridge, mais révéla les manies de son poète préféré avec volupté. Il adora Wordsworth, et en trois pages d'extase il montre le grand homme coupant un beau livre avec un couteau souillé de beurre. Mais parmi les héros de Thomas De Quincey, sans contredit le premier fut Kant. De Quincey considère que jamais l'intelligence humaine ne s'éleva au point qu'elle atteignit en Emmanuel Kant. Et pourtant l'intelligence humaine, même à ce point, n'est pas divine. Non seulement elle est mortelle mais, chose affreuse, elle peut décroître, vieillir, se décrépir. Et peut-être De Quincey éprouve-t-il encore plus d'affection pour cette suprême lueur, au moment où elle vacille. Il suit ses palpitations. Il note l'heure où Kant cessa de pouvoir créer des idées générales et ordonna faussement les faits de la nature. Il marque la minute où sa mémoire défaillit. Il inscrit la seconde où sa faculté de reconnaissance s'éteignit. Et parallèlement il peint les tableaux successifs de sa déchéance physique, jusqu'à l'agonie, jusqu'aux soubresauts du râle, jusqu'à la dernière étincelle de conscience, jusqu'au hoquet final. Ce journal des derniers moments de Kant est composé au moyen des détails que De Quincey tira des mémoires de Wasianski, de Borowski, et de Jachmann, publiés à Königsberg en 1804, année où Kant mourut ; mais il employa aussi d'autres sources. Tout cela est fictivement groupé dans un seul récit, attribué à Wasianski. En réalité l'oeuvre est uniquement, ligne à ligne, l'oeuvre de De Quincey : par un artifice admirable, et consacré par DeFoë dans son immortel "Journal de la Peste de Londres", De Quincey s'est révélé, lui aussi, "faussaire de la nature" , et a scellé son invention du sceau contrefait de la réalité. - Marcel Schwob.

10/2023

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Géopolitique

La globalisation piteuse Tome 2 : Tu ne tueras point

Toulouse : un couple a été agressé place du Capitole. La jeune femme a été défigurée et son compagnon blessé. Evreux : deux hommes lourdement armés ont criblé de balles une voiture, laissant deux morts et un blessé grave. Cherbourg : un individu est parvenu à s'introduire chez une jeune femme seule, l'a frappée sur tout le corps, puis l'a violée de manière barbare plusieurs fois. Elle a dû être plongée dans le coma. Lyon : une femme a été retrouvée morte dans le hall de son immeuble. Elle présentait des plaies sur le corps. Marseille : un homme âgé de 27 ans a été tué dans un quartier du nord. Il s'agit du huitième mort par balles dans la deuxième ville de France en six mois, victime des luttes sanglantes pour le contrôle du trafic de stupéfiants. Nîmes : Fayed, un enfant de 10 ans, a perdu la vie, touché par balles lors d'une fusillade entre trafiquants de drogue dans le quartier populaire de Pissevin. Crépol : Thomas, un adolescent de 16 ans, a été tué au couteau et plusieurs personnes ont été blessées lors d'un bal populaire. Valenton : un adolescent a été poignardé à mort, alors qu'il voulait vendre un jogging. Au moment où il s'apprêtait à faire la transaction avec l'acheteur, le jeune homme s'est retrouvé face à un groupe de six personnes encagoulées, venues pour le voler... . "La violence se construit à partir de petits faits, réguliers, quotidiens, qui ne traumatisent que les victimes et n'intéressent pas les médias. Puis l'ordinaire de la violence produit soudain des faits divers qui, par leur intensité, choquent et mobilisent, réveillent ou terrorisent. Jusqu'à ce que l'extraordinaire devienne si fréquent qu'il se fasse ordinaire".

01/2024

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Littérature française

La Négresse du Sacré-Coeur

Quand La Négresse du Sacré-Coeur a paru, en 1920, aux Editions Gallimard, le public y a vu un roman montmartrois où se croisent des personnages venus de la pègre, du petit peuple de la Butte et des ateliers d'artistes. Tout ce joli monde entoure Cora, la belle mulâtresse, promue esclave-maîtresse de Médéric Bouthor, le planteur de Montmartre, collectionneur d'idoles zapotèques, qui se vante de faire pousser des aloès, des lataniers et des baobabs sur un terrain pelé du maquis et de récolter le caoutchouc, le poivre et la canne à sucre. Dans ce livre qui tient à la fois du récit-promenade, de l'album d'images et du kaléidoscope, l'intrigue se noue lorsque le beau Mumu, jeune marlou favori de ces dames, devient l'enjeu d'un drame passionnel. Etrange intrigue, qui se dénoue en trois temps : mort d'une gamine de treize ans, Léontine, qui se serait jetée dans une carrière du haut de la rue Berthe, meurtre de Mumu, saigné d'un coup de couteau par un tueur à gages anonyme, émancipation de la négresse par le planteur, au terme d'une cérémonie parodique d'abolition de l'esclavage... Aujourd'hui, La Négresse du Sacré-Coeur est un roman à clé. Salmon lui-même n'a pas caché qu'il jouait à la fois le rôle du narrateur dans un récit écrit à la première personne, achevé après la guerre de 1914, et celui du jeune poète, Florimond Daubelle, personnage dans une fiction datée de 1907, ami de Sorgue (Picasso), de Septime Febur (Max Jacob) et d'O'Brien (Pierre Mac Orlan). Il s'en est expliqué plusieurs fois, en particulier dans ses Souvenirs sans fin, et dans un long texte inédit, " Véritable clé d'un domaine imaginaire ", qu'on trouvera ici. Jacqueline Gojard.

05/2009

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Poésie

Totem normand pour un soleil noir

L'oeil à l'abîme" ou à la merveille, Christophe Dauphin pense que "les utopies du coeur donnent aux mots les sommets de vivre et de rêver" . Mais il n'ignore pas que l'Histoire nous préface et nous achemine vers la grande nuit sacrificielle, que l'ombre et la lumière sont des gotons qui couchent ensemble, que l'injustice est l'un des brins de notre osier et la Beauté le masque du terrible. "Pas un espace sans combat" , pas un mot sans cri : puissance et jaillissements constants d'une inquiétude, attisée logiquement par l'énigme d'être (sans doute, pour "mourir sans rature, faudra-t-il s'habiter de rêves et de fougères"), dans sa passion ignée pour les mots qui témoignent, la poésie de Christophe Dauphin se penche autant sur les poètes amis disparus (d'Yves Martin à Senghor, de Jean Sénac à Marc Patin, Jacques Prevel et Jean-Pierre Duprey...) que sur les exclus de la société, insurrection canari, dont la révolte se trouve incarnée dans cette magnifique formule : "Mille visages en une seule pierre" . Car une incessante colère sourd de la plaie du chant d'Orphée qui hante toujours la "cité à la dérive" de sa jeunesse - loin de la misère tirée à quatre épingles où certains tribunaux du beau désespoir ont élu domicile. Les textes de cet ensemble racontent la naissance à la poésie parmi les poubelles fracturées des "tours-totems" ("J'entre par effraction dans l'alphabet") et l'importance de cet engagement ("Mise à nu/Mise à mort") ; ils disent aussi l'amour du pays normand et de la Provence ; dénoncent la "République du glyphosate" ainsi que les "églises, les mosquées, les synagogues et leurs armureries" , et incantent la souffrance du Gaza d'Amir Hassan, le poète palestinien. En somme, ils montrent un ciel intérieur encré par l'art, la fraternité et l'insoumission. Il s'agit bien de survivre dans un monde confisqué, de plaider la cause des "soeurs et frères de l'arbre sec" ou des migrants, face aux "horizons noyés de matraques" , de s'insurger contre la fatalité de la drogue, et d'aimer, le plus possible, le plus vite possible, le plus loin possible. A chaque fois, le poète s'invite aux "Assises du Feu" . Le "pouvoir éruptif de cette poésie" (Paul Farellier), "La grâce de sa juste vision" (Paul Sanda) font de son auteur "un guetteur insatiable d'étoiles" (Odile Cohen-Abbas), "celui qui ne recule pas" (Adeline Baldacchino), attentif "à toutes les formes possibles de l'obtention de la parole heureuse" (Gabrielle Althen). Le lecteur pourra apprécier les sourires et sanglots de sa démesure, la générosité qui s'en dégage, sa violence verbale au service du diamant.

10/2020

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Poésie

Alcools. Poésies et poèmes de Guillaume Apollinaire

Alcools est un recueil de poèmes de Guillaume Apollinaire, paru en 1913. Ce recueil, qu'Apollinaire mit 15 ans à élaborer, annonce la quête de modernité, de jeu avec la tradition, de renouvellement formel de la poésie de l'auteur. Alcools est un recueil pluriel, polyphonique, qui explore de nombreux aspects de la poésie, allant de l'élégie au vers libre, mélangeant le quotidien aux paysages rhénans dans une poésie qui se veut expérimentale, alliant un travail sur la forme et sur l'esthétique à un hermétisme et un art du choc. Alcools montre le poète déchiré par ses ruptures amoureuses (avec Annie Playden, avec Marie Laurencin), ruptures qui résonnent au travers de poèmes tels que Mai2, Les Colchiques3 et, surtout, La Chanson du mal-aimé. Au sein de ses poèmes, Apollinaire abolit la temporalité interne classique mise en vigueur par Ronsard : le passé, le présent, le futur se mêlent en un seul et même univers de vin et d'ivresse. Le poète distille aussi l'espace, en mettant en scène l'univers de son enfance. Il modifie la perception poétique classique du temps et de l'espace : La Chanson du mal-aimé, Zone. Il se distingue comme le dieu poète en établissant une cosmogonie personnelle. Il réécrit les mythes fondateurs avec Orphée. Il se réclame d'Apollon. Mais il réinvente aussi la forme poétique dans son style : il détruit la conception classique syntaxique de Ronsard. Il est le précurseur du surréalisme et consacre une nouvelle poésie d'ivresse et de mythes. C'est après avoir assisté à une lecture par Blaise Cendrars de sa future publication, La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France, qu'Apollinaire aurait décidé de transformer à son tour son futur recueil. Il y plaça Zone en ouverture, ce qui lui donna valeur de manifeste, et supprima toute trace de ponctuation, s'inspirant de l'innovation de Cendrars. Alcools ayant été publié avant la Prose du Transsibérien, on attribue souvent à tort la primeur de la suppression de la ponctuation à Apollinaire. Selon lui, en poésie, le rythme du vers et de la respiration suffisent. Au-delà de cette considération, cette suppression lui permit de faire naître des images inédites en rapprochant certains termes comme par accident. On pense par exemple au vers de Zone : "Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants" où, dans une première lecture, à cause de l'utilisation transitive du verbe "croire" , l'absence de ponctuation conduit à lire le verbe "prier" comme étant lui aussi transitif, "les femmes" apparaissant alors comme complément d'objet direct du verbe. Ce procédé crée également des ambiguïtés de sens, enrichissant les lectures possibles.

02/2023

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Critique littéraire

Demeures de l'esprit. France Tome 5, Ile-de-France

Le dixième volume des Demeures de l'esprit est aussi le cinquième de la série française et, après le Sud-Ouest, le Nord-Ouest, le Nord-Est et le Sud-Est, il est consacré aux maisons d'écrivains, d'artistes, de compositeurs, d'inventeurs ou de grands intellectuels de la région parisienne, plus exactement de l'Ile-de-France, moins Paris. De ces maisons, la plus fidèle à son grand homme, et sans doute la plus séduisante, est celle de Ravel à Montfort-l'Amaury. Parmi les demeures de musiciens, elle n'a pas de mal à l'emporter sur la maison natale de Debussy à Saint-Germain-en-Laye, qui n'est hélas qu'un musée, flanquée d'un office du tourisme. Le Prieuré de Maurice Denis, dans la même ville, est lui aussi un musée plus qu'une habitation mais dans son cas c'est plus légitime, les oeuvres d'art y abondent, de même qu'à Meudon chez Rodin, non loin de là. Et si la muséification a frappé un peu trop fort, sans les dépouiller tout à fait de leur charme et de leur intérêt, la maison de Mallarmé à Valvins ou celle de Cocteau à Milly-la-Forêt, elle a laissé intacte celle de Foujita à Villiers-le-Bâcle ou celle de Pierre Mac Orlan à Saint-Cyr-sur-Morin. La plus modeste est probablement celle où naquit Louis Braille à Coupvray, près de Meaux ; la plus fastueuse est sans doute la Vallée-aux-Loups, à Châtenay-Malabry, où Chateaubriand mena grand train dix années durant. Celle d'Aragon et d'Elsa Triolet à Saint-Arnoult-en-Yvelines est un vaste moulin ; celle de François Mauriac à Vémars est devenue la mairie du village. Rosa Bonheur habitait un château nommé By, à Thomery ; Jean-Jacques Rousseau une maison de poupée à Montmorency. Daubigny vivait en bourgeois à Auvers-sur-Oise, Jean-François Millet en rapin à Barbizon. A Bossuet un palais épiscopal, dans Meaux ; à Tourgueniev une datcha à Bougival, avec vue sur Pauline Viardot, dont le manoir est en contrebas. Quant au pauvre Alexandre Dumas, non loin de là, à Port-Marly, il ne profita que quelques mois de son opulente folie, Monte-Cristo. En fin de volume, vous trouverez une table détaillée des sites avec appréciations et renseignements pratiques.

06/2014

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Beaux arts

Lamotte. Peintre animalier

Gabriel Chefson, dit Lamotte (1920-2005), a été "un peintre animalier d'exception" selon Martial Trolliet, fondateur des Editions de l'Orée. Formé à l'Ecole Estienne à Paris, il a commencé sa carrière au lendemain de la Seconde guerre mondiale. Cavalier militaire pendant trois ans, il s'oriente vers la peinture équestre et devient rapidement le "peintre officiel" de l'école de cavalerie de Saumur, son pays d'origine, et du Cadre noir. Chasseur de tradition familiale, il s'appuie sur son sens extraordinaire de l'observation du gibier pour reproduire avec un immense talent les scènes dont il est témoin. Crayonnant sans cesse sur ses carnets de croquis, il en tire des milliers de dessins et d'aquarelles, avec une prédilection pour la bécasse, le gibier d'eau et les chiens. Il illustre aussi de nombreux ouvrages et collabore pendant des décennies à la Revue nationale de la chasse. Superbe album illustré de plus de 650 reproductions en couleurs d'oeuvres, la plupart inédites. Bibliographie des ouvrages qu'il a illustrés, liste de ses estampes, etc. "Cet artiste poète a vécu la chasse rustique, celle au goût de liberté, sous tous ses aspects. L'arme à l'épaule, mais toujours nanti de son carnet de croquis, il recherchait le petit gibier de sa campagne rurale du Saumurois : sur un coteau parmi la vigne, l'envol dans un ronflement d'ailes d'une compagnie de perdrix rouges ; le râle des genêts qui piète dans la luzerne ; son chien fureteur qui lève un lièvre d'un fourré d'épines... autant de scènes que l'on retrouve fidèlement traduites dans ses dessins. " (Extrait de l'introduction de Serge Chevallier). Errata : p. 301, la dernière phrase du quatrième paragraphe doit être remplacée par "Il m'a transmis les clichés d'oeuvres choisies dans sa belle collection d'oeuvres de Lamotte."

09/2019

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Techniques artistiques

L'AQUARELLE. La nature et ses détails

Ce livre traite méthodiquement des techniques qui permettent de peindre un aspect spécifique de la nature. Il expose les fondements essentiels à la réalisation d'une image : composition, étude des valeurs etc... Suivent les explications et les illustrations techniques qui permettent de rendre l'aspect propre à certains éléments tels que l'eau, les oblets inanimés, les natures mortes car chacun d'eux nécessitent des approches particulières. La création des matières, la gestion des masses et des motifs et l'analyse de la lumière. Il ne s'agit pas de recopier le monde, mais de pouvoir interpréter et rendre les particularités visuelles du sujet qui vous inspire. Les insectes, les animaux, les poissons ont aussi leurs places dans cet ouvrage. "Si certains optent pour la splendeur des chutes du Niagara, ma préférence va plutôt au petit ruisseau qui passe en gargouillant à côté de ma maison. Au printemps la brume matinale qui plane au-dessus des eaux se condense en gouttelettes étincelantes sur les toiles d'araignées suspendues - sujet de rêve pour l'amateur de la nature que je suis !". "La neige simplifie les paysages et fait ressortir à merveille la calligraphie très particulière de la nature. Ici les formes et les couleurs contrastées des tiges, des petites branches et des cannes constituent une composition irrésistible". Ce livre vous ouvre les portes de la peinture des petits détails intimes, des nuances délicates qui font la richesse de la nature. "Les plantes et les fleurs sont une présence constante dans mes tableaux - entre autres, parce qu'elles ne changent pas de place et me laissent ainsi le temps d'en saisir les détails sur le vif ! L'été dernier je me suis donné la tâche de peindre toutes les fleurs sauvages d'un flanc de coteau près de chez moi ; essayez, vous aurez droit à des journées entières d'un travail passionnant".

11/1999

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Bourgogne

Vignes et vins de Talant. 800 ans d'histoire en Bourgogne

A partir de documents d'archives inédits mais aussi des traces sur le terrain (meurgers, murets, pieds de vignes sauvages, toponymie...), cet ouvrage propose de partir à la découverte du passé viticole de Talant, une ville nouvelle et fortifiée fondée sur les hauteurs de Dijon en 1208 par le duc de Bourgogne Eudes III. Avec 26 hectares de vignes, le domaine de Talant constitue au Moyen Age l'un des quatre grands vignobles ducaux produisant les vins bus à la cour de Bourgogne et offerts en cadeaux diplomatiques aux grands personnages du royaume. Outre les vins rouges et les vins blancs, la production talantaise se distingue par le "galant de Madame" , un vin cuit probablement aromatisé à la gentiane particulièrement apprécié de la duchesse Marguerite de Flandres. Si Talant a connu ses plus belles heures sous la dynastie des ducs Valois (1367-1477), c'est au XIXe siècle que le vignoble talantais atteint sa plus grande extension, avec près de 190 hectares plantés en gamay en 1830 et 75 % des ménages qui se déclarent vignerons. Alors qu'ils auraient pu prétendre à devenir de grands climats - le Clos du Duc devenu Clos du Roy en 1477 avec le rattachement de la Bourgogne au royaume de France -, le Clos Meunier, le Clos Marosse ou encore le Clos Marchand ont été morcelés et délaissés pour finalement disparaître sous les habitations. Néanmoins, la redécouverte du cellier ducal dans les années 1980, la plantation d'une première parcelle sur le coteau de la Combe aux Fées à la fin des années 1990 et la remise en vignes des Epoutières en 2015 révèlent que le vignoble talantais est en plein renouveau, à l'image des nombreux autres vignobles urbains.

04/2021

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Monographies

Lurçat intime. Oeuvres sur papier

"J'use de crayons Gilbert n° 6, de Conté dessin n° 0 pour les noirs et les gris secs... J'ai dessiné à l'encre de Chine et à la plume un paysage tiré de ma peinture de Sceaux... Pour les aquarelles toujours le même sentiment de gêne. Impossibilité de sérieuse réalisation. J'use du blanc tiré du papier et j'auréole mes personnages de la chaîne des passages qui les relient à l'espace. J'obtiens des peintures fort claires parfois dans certains morceaux solides, rarement d'unité. C'est un instrument de recherche et cela ne va pas plus loin" (Jean Lurçat, 1916) "Depuis la rétrospective qui lui a été consacrée aux Gobelins en 2016 et qui l'a fait découvrir au grand public, on connaissait surtout Jean Lurçat pour ses tapisseries et ses peintures expressives et colorées. Mais cet artiste incroyablement éclectique maîtrisait de nombreuses techniques ; il était peintre, lissier, graveur, calligraphe, lithographe, céramiste et dessinateur... L'ouvrage que nous lui consacrons révèle un visage inédit de Lurçat. A l'exception de ses années de jeunesse, il n'y a pas eu d'exposition consacrée uniquement à ses oeuvres sur papier. Il en demeure pourtant plus d'un millier conservé dans la maison de l'artiste. Nous proposons ici un voyage libre à travers des oeuvres qui, pour beaucoup d'entre elles, n'ont jamais été montrées. Ce fonds exceptionnel, cet aspect de son talent constituent une véritable découverte poétique... Lurçat fréquentait le Tout-Montparnasse des années 1920 ; ces tourbillons d'idées, ce fourmillement de couleurs illustrent à la fois l'époque dont il est le témoin et sa flamboyante créativité. Au croisement des arts plastiques avec lesquels il flirtait, on retrouve dans cet ensemble de dessins choisis au fil de sa carrière l'unité d'un artiste engagé dans son temps. Jean Lurçat avait été élu membre de notre Compagnie en 1964, Simone Lurçat s'est donc tout naturellement adressée à l'Académie des beaux-arts de l'Institut de France pour conserver sa maison-atelier, le mobilier et les oeuvres qui s'y trouvent, afin d'ouvrir au public cette belle endormie construite par son frère, l'architecte André Lurçat. Savourons cette occasion rare de pénétrer plus avant dans la création d'un artiste foisonnant du xxe siècle, avant de le retrouver dans l'univers de son atelier de la Villa Seurat" (Jean-Michel Wilmotte, Membre de l'Académie des beaux-arts, Directeur de la maison-atelier Lurçat)

06/2021

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Poésie

La Descente de l'Escaut. Suivi de Tragique

Sarcastique, désespéré, violent, fragile et froid, Franck Venaille fait entendre depuis son premier recueil des années 60, une voix singulière, solitaire jusque dans l'expression de la fraternité. D'abord poète du "vivre-révolté", du cri en forme d'exorcisme, Venaille devient ensuite un écrivain en conscience. Le spontané, l'éruptif, passent derrière plusieurs écrans et l'écriture accède au labyrinthe, restitue le processus intérieur qui creuse, dénude et tout à la fois obscurcit. Chaque poème, chaque récit se voient investis de hantises scrupuleuses, de phrases brutalement timbrées, et qui mettent le sens à vif et les sens en alarme. Mais, chez Venaille, le ressassement tragique se défie des parures de la tragédie ; il s'oriente plutôt vers l'ironie sauvage, soudaine comme un coup de couteau, et les bouffonneries teintées de sperme et de sang. Surtout, l'agencement des phrases, la scansion des vers, le métier d'écrivain qu'il ritualise presque, lui permettent de choisir ses territoires et d'inventer son langage. Avec La Descente de l'Escaut, Franck Venaille se tient au plus près des terres, des rives, du pays dont il fait son emblème. Il marche, entre France et Belgique, se rêvant, se voulant, se révélant "Flamand". De la source à l'embouchure, il suit le fleuve, il suit son fleuve, son poème. Littéralement et pas à pas, il compose un "poème-fleuve" qui garde toujours à l'oreille cet écho de Maurice Maeterlinck : "Il se peut que les maladies, le sommeil et la mort soient des fêtes profondes, mystérieuses et incomprises de la chair". La voix de Venaille, pressante, coupante, par saccades, remous ou lentes dérives, change insensiblement une expérience douloureuse, une destinée meurtrie, en un vaste chant maîtrisé. Polyphonie qui accueille tous les rythmes pour mener la plus digne et la plus implacable quête, La Descente de l'Escaut s'impose comme une oeuvre majeure. Il y a là, creusant l'effroi au plus intime, une parole toute de noblesse qui, d'un seul cri, sait créer défi et tendresse.

05/2010