Recherche

Foundation

Extraits

ActuaLitté

Histoire de France

13-15 rue de Lorraine 75019 Paris. Récits de deux survivants de la Shoah

Depuis sa fondation par Stéphane Hessel en 1962, l'association Coallia s'attache à remplir ses missions dans un souci d'amélioration constante et d'adaptation aux besoins de la société. Les établissements et services développés sont élaborés en partenariat avec les pouvoirs publics et les collectivités territoriales, toujours dans le respect des valeurs fondatrices de l'association : humanisme, solidarité, ouverture. Etre au service des autres, de tous les autres, accueillir et accompagner les plus démunis, telle est notre ADN : le métier est exigeant, le public instable et souvent fragile, les financements, fréquemment précaires, sont en cours de raréfaction alors que la demande va croissant. Mais notre société ne saurait être uniquement l'addition de parcours individuels : c'est aussi l'exigence de solidarité et de fraternité qui construit la vie en République. Opérateur majeur de projets sociaux, les 3500 salariés de Coallia tiennent en cela le cap dans 12 régions et 36 départements. Coallia dispose également d'une filiale dédiée à la maîtrise d'ouvrage, Coallia Habitat, lui permettant ainsi de rénover ou bâtir des établissements, gérés comme "Lorraine". L'opération de démolition-reconstruction "Lorraine" est remarquable à plus d'un titre. L'ancien foyer en fin de vie a laissé place à de beaux logements autonomes où chacun peut enfin vivre sa vie comme il l'entend, à son rythme et selon ses envies. C'est une fierté pour Coallia de proposer aujourd'hui une majorité de résidences sociales sur ce modèle. C'est aussi un lieu de rencontre par ses espaces communs et son restaurant ouvert à tous, équipement rare dans les résidences sociales. C'est enfin un nouvel élément marquant du tissu urbain, par sa qualité architecturale et son esthétique. Le revêtement en terre cuite émaillée, créé spécialement pour l'opération, offre un bâtiment "aux couleurs du ciel". De fait, la résidence sociale "Lorraine" n'a pas seulement été pensée pour ses résidents mais aussi pour ses riverains. Elle modèle désormais l'identité du quartier, agissant comme moteur d'intégration et d'échanges. Pour Coallia, l'un des principaux opérateurs nationaux du logement accompagné, cette opération emblématique de l'efficacité du partenariat avec la Ville de Paris, illustre une volonté forte d'agir globalement. Son rôle au niveau national s'étend bien au-delà du logement très social, à travers l'accueil et l'hébergement des publics fragilisés dont les demandeurs d'asile, l'accueil et l'accompagnement du handicap et du grand âge et l'accompagnement social de nombreux publics qui le nécessitent. Acteur majeur de l'action sociale en France, Coallia contribue à équilibrer la matière toujours mouvante qu'est la société...

01/2019

ActuaLitté

Théâtre - Essais

L'art de la mise en scène. Essai d'esthétique théâtrale

Becq de Fouquières est un nom aujourd'hui totalement oublié des dictionnaires du théâtre ou des bibliographies sur la mise en scène. Pourtant, ce féru d'art dramatique et de scénographie signa en 1884 un véritable coup de maître en publiant, avec L'Art de la mise en scène, le premier essai théorique consacré à l'esthétique de la mise en scène théâtrale, et l'un des rares parus à ce jour sur le sujet. Cette véritable mine d'information paraît alors que la technique de la mise en scène est en passe de devenir un art, lequel jouera un rôle prépondérant dans l'avènement du statut de "metteur en scène". En effet, l'émergence de la mise en scène moderne est généralement datée de 1887, année de fondation du Théâtre Libre par André Antoine à Paris. En ce sens, le texte de Becq de Fouquières, paru trois ans auparavant, peut être vu et lu comme un témoignage sur la façon dont la mise en scène était alors pensée en cette époque charnière. Cet essai a aussi conservé toute son actualité. Abonné à la Comédie-Française et à l'Opéra, critique à ses heures, Becq de Fouquières laisse derrière lui l'oeuvre d'un "prophète malgré lui de la mise en scène moderne", comme le soulignera bien plus tard l'universitaire et historien du théâtre Bernard Dort. [Avant-propos de Frédéric Gimello-Mesplomb] Extrait : "Quel rôle particulier est appelée à jouer la mise en scène dans l'évolution de l'art dramatique ? Jusqu'à présent, il paraît y avoir beaucoup de confusion dans les idées de ceux qui se réclament de l'école réaliste. Les théâtres semblent obéir à une tendance dangereuse qui ne peut aboutir qu'à leur ruine sans profit pour l'art. Cette tendance consiste à transformer la représentation du réel en une sorte de présentation directe, de telle sorte qu'ils cherchent à s'affranchir du procédé artistique de l'imitation et mettent leur ambition à nous intéresser à la vue des objets eux-mêmes. [... ] Par conséquent, l'art de la mise en scène ne peut avoir la prétention de prendre le pas sur l'art dramatique. Il ne le pourrait qu'en annihilant celui-ci, ce qui serait contraire à sa propre destination. Il doit donc lui rester subordonné, tout en le suivant forcément et en se préoccupant, à son exemple, du caractère individuel et particulier des objets qu'il évoque à nos yeux".

03/2021

ActuaLitté

Thèmes photo

Cathy Alvarez - Trou[v ées

"s'éclipser... " Depuis longtemps, je collecte les images. Et peu m'importe de ne pas avoir pris le cliché moi-même, de ne pas avoir choisi le cadrage, la composition, "l'instant décisif" ... Un(e) autre l'a déjà fait ! Ce que je choisis c'est une image pour ce qu'elle m'évoque ; j'aime observer les photographies qui s'offrent à mon regard. C'est souvent l'ellipse qui m'intéresse, les visages qui se dérobent, les traces du vécu sur le papier imprimé, les sels d'argent qui font vibrer les noirs... un moment présent figé sur lequel le temps a fait son oeuvre. Cette matérialité m'émeut, elle est comme une mise en garde. La photographie est une capsule temporelle, elle est un voyage : hier, aujourd'hui... les temps se mélangent... elle joue de notre perception du temps. En intervenant sur une photographie ancienne, on permet au passé de refaire surface dans le présent. Fascinée par ce jeu d'anachronisme, j'aime observer les images autant que les déconstruire : évider, broder, mettre en évidence, jouer avec la lumière, les flous, les trous. Percer, voir ou percevoir... Jeux de regard, entre présence et absence, mystère et évidence. C. A. Née en 1978, Cathy Alvarez valle est une artiste pluridisciplinaire, qui produit notamment ou utilise ou détourne des images photographiques. Son travail a fait l'objet de nombreuses expositions personnelles ou collectives, en Belgique et à l'étranger, et lui a valu de nombreux prix à Liège et au-delà. Elle anime aussi régulièrement des ateliers de création auprès de publics variés. Sélectionnée l'été dernier pour le Prix de la Fondation Bolly- Charlier, elle revient au printemps 2022 avec la publication aux éditions Yellow Now de son premier ouvrage monographique, à l'occasion d'une expo solo à la galerie Juvénal (Huy). Une forme, chez elle, aussi bien qu'une matière, en appelle une autre, s'y verse et s'y prolonge ; une histoire n'est jamais finie, un récit jamais complet, une oeuvre jamais définitive... Electives ou pas, les affinités (multiples), c'est cette capacité à faire exister la beauté d'un objet trouvé aussi bien que d'un sentiment délaissé. Ses images dès lors se déploient en différentes versions, vibrant sous leurs couches successives : mouchoirs en céramique, images-bannières, textiles et drapeaux, images brodées, snapshots détournés... Ce n'est dès lors pas pour la beauté vaine du jeu de mots qu'on identifiera chez elle des fils rouges en guise de thématiques : il y est question, avec une poignante délicatesse, de refuge et de mémoire, de temps reprisé, de bribes rapiécées, de lien recousu.

11/2022

ActuaLitté

Essais biographiques

La matière première du ciel. Yannis Tsarouchis par Odysséas Elytis, Edition bilingue français-grec

Le texte du poète grec Odysséas Elytis, prix Nobel 1979, proposé dans ce livre en bilingue grec moderne - français, a été écrit en 1964 pour figurer dans l'album "Yannis Tsarouchis – Quinze oeuvres et une lithographie originale", publié à Athènes. Les illustrations du livre sont les reproductions d'oeuvres de Yannis Tsarouchis. Le peintre Yannis Tsarouchis – d'un an l'aîné d'Elytis – est un des peintres grecs du 20e siècle les plus remarquables et les plus appréciés en France, où il a longtemps travaillé. L'essai que lui consacre Elytis, très inspiré, est d'une qualité littéraire qui le place très au-dessus d'un simple article critique. C'est qu'Elytis a le don de transformer en poésie tout ce qu'il touche, mais c'est aussi que le texte a été écrit à un moment privilégié, pendant lequel les deux hommes, réunis à Mytilène, ont travaillé ensemble et mis beaucoup en commun. Le texte est bien connu en Grèce, où on le voit comme une approche inégalable du travail de Tsarouchis. Il figure d'ailleurs en préface dans le catalogue de la rétrospective que le Musée Bénaki a consacrée à Tsarouchis, à Athènes, en 2016. Commentaire hors pair d'une oeuvre picturale, le texte constitue en même temps, et surtout, un condensé des idées et des intuitions qui sous-tendent l'oeuvre d'Elytis, sur la peinture, la nature de l'art, ce qui définit l'artiste, les rapports entre tradition et modernité, ce que c'est que d'être Grec. Seize oeuvres du peintre ont été choisies en contrepoint du texte, pour s'associer étroitement avec le détail de ce qu'exprime Elytis. Elles illustreront avec précision le propos du poète ; et constitueront d'autre part un corpus d'images où on retrouvera la diversité de style qui caractérise la production de Tsarouchis. Ces dessins et tableaux sont reproduits avec l'aimable autorisation de la Fondation Tsarouchis à Athènes, qui détient les droits pour l'ensemble de son oeuvre. Les deux atouts de cette édition sont d'une part qu'elle montrera des oeuvres picturales peu exposées en France et inconnues de beaucoup de lecteurs, et d'autre part que la présence du texte grec en vis-à-vis du texte français permettra à tout lecteur un tant soit peu frotté de grec d'aller et venir à son gré entre le prestigieux texte original et sa traduction. Il devrait apporter beaucoup à la fois aux lecteurs épris de peinture, à ceux qui souhaitent se faire une idée d'Elytis ou le connaître mieux, et aux amoureux de la Grèce en général.

02/2021

ActuaLitté

Thèmes photo

Flux 1

FLUX I est le premier chapitre de la série d'Erwan Frotin : un carnet de voyage unique, un cabinet de curiosité d'un genre nouveau. Ses archives de lieux, phénomènes et organismes, collectionnés durant dix années de voyage constituent une véritable encyclopédie biologique. Ces fragments de nature donnent à voir les formes du vivant, comme autant de signes, de merveilles et de questions. Capturées à la Réunion, au Costa Rica ou encore aux Philippines et en Antarctique, les photographies d'Erwan relèvent d'un imaginaire presque anonyme. A la frontière entre le documentaire et la fiction, le photographe franco-suisse développe une approche sculpturale des objets et des corps. Son interprétation poétique de la nature stimule l'observation de notre propre monde en nous faisant découvrir une partie inexplorée de notre réalité. ERWAN FROTIN est un photographe franco-suisse. Il est né en 1978 dans le sud de la France. En 2002, ERWAN reçoit le Prix de la Photographie au festival de Hyères. Depuis, il a exposé son travail dans de nombreuses expositions collectives et expositions monographiques en Europe et en Amérique du Nord. Il présente notamment sa série "Fantastic Challenge" au Centre Culturel Français de Milan en 2006 et dévoile sa série "Strangers" à la M+B Gallery de Los Angeles en 2009 et participe au Prix de la Fondation Ricard en 2011. ERWAN consacre son approche sculpturale des natures mortes et des corps à la fois aux commandes éditoriales et à ses oeuvres plastiques CELIA HOUDART est l'auteur de six romans et de deux essais. Depuis 2008, elle compose avec Sébastien Roux des pièces de théâtre présentées sous forme d'installations ou d'expériences sonores. Elle a reçu le prix Villa Médicis hors-les-murs et le prix Henri de Régnier de l'Académie française (2008) pour son premier roman. Elle rédige également des textes et des catalogues d'artistes et collabore à plusieurs magazines. Elle vit à Paris. DAVID LEMAIRE est directeur du Musée des Beaux-Arts de La Chaux-de-Fonds. Il a été conservateur adjoint au MAMCO et chargé de cours en histoire de l'art à l'Université de Genève. Il est l'auteur de nombreux textes sur l'art contemporain. KRIPI MALVIYA est psychologue, psychothérapeute existentiel et poète. Kripi promeut et facilite le lien réciproque et la relation entre la créativité et le bien-être émotionnel en plongeant dans le processus artistique avec le prisme de l'exploration et de la compréhension de la vie. Elle est témoin du travail d'Erwan depuis 3 ans. Elle vit en Inde.

10/2022

ActuaLitté

Histoire internationale

La CNT dans la révolution espagnole. Tome 3

A la demande de la Confederacion Nacional del Trabajo (Confédération nationale du travail), CNT, en exil en France, José Peirats a été chargé de rédiger une histoire de ce mouvement. Une décision courageuse, alors que cette organisation anarchosyndicaliste était fragilisée par une scission en exil et dans l'Espagne franquiste, et que la répression des services secrets franquistes ne ménageaient ni l'une ni l'autre. Le même phénomène touchait plus profondément le PC espagnol, sommé d'appliquer dans ses rangs la politique anti titiste de l'URSS. José Peirats était donc naturellement enclin à adopter un recul critique, tout en expliquant les attitudes et les réactions des dirigeants et des militants de base, leurs évolution, pendant la "révolution espagnole". Révolution encore bannie et/ou calomniée actuellement par certains historiens officiels espagnols et étrangers comme on l'a constaté en 2010 pour la commémoration du centenaire de la fondation de la CNT. José Peirats a recueilli des documents, consulté des protagonistes, puis il a conçu et rédigé son ouvrage entre 1950 et 1953. Comme il le dit lui-même dans les deux introductions respectivement de la première et de la seconde édition, Peirats imaginait pouvoir embrasser en un seul livre tous les aspects de l'histoire de la CNT. Il a finalement achevé trois tomes dont la richesse est triple. D'une par, ils éclairent les événements en séparant les actions spontanées dans un esprit libertaire des travailleurs (comme on le voit à nouveau depuis la Commune de Paris jusqu'à ce début du XXIe) de celle des états-majors syndicaux et politiques. De l'autre, Peirats accompagne cette vision des apparences, par la reproduction de nombreux document qui dévoilent les équivoques et la sottise de la participation des ministres anarchosyndicalistes, tout autant que le détournement de fonds, le vol de la réserve d'or de la Banque d'Espagne, par l'Union soviétique. Les Brigades internationales et leurs actions militaires n'occulteront jamais les meurtres commis par André Marty et les assassinats par le Guépéou, issu de la Tchéka de Lénine, de têtes pensantes critiques du marxisme ou de l'URSS, comme Camillo Berneri et Andrés Nin, etc... Enfin, Peirats prend carrément partie contre le dévoiement de la CNT par ses dirigeants, comme le démontre les titres de plusieurs chapitres. Et il le fait au moment où une partie des responsables est encore en activité dans la CNT en exil. Si l'anarchosyndicalisme officiel n'a toujours pas tiré de bilan des faits de 1936- 1939, Peirats n'a pas hésité à choisir, à dénoncer les "virages dangereux" (cotent-l'écrivait Berneri) et à revendiquer les collectivisations, l'autogestion des travailleurs par eux-mêmes pour changer la société.

01/2020

ActuaLitté

Histoire internationale

La CNT dans la révolution espagnole. Tome 2

A la demande de la Confederación National del Trabaja (Confédération nationale du travail), CNT en exil en France, José Peints a été chargé de rédiger une histoire de ce mouvement. Une décision courageuse, alors que cette organisation anarchosyndicaliste était fragilisée par une scission en exil et dans l'Espagne franquiste, et que la répression des services secrets franquistes ne ménageaient ni l'une ni l'autre. Le même phénomène touchait plus profondément le PC espagnol, sommé d'appliquer dans ses rangs la politique anti titiste de l'URSS. José Peirats était donc naturellement enclin à adopter un recul critique, tout en expliquant les attitudes et les réactions des dirigeants et des militants de base, leurs évolution, pendant la "révolution espagnole". Révolution encore bannie et/ou calomniée actuellement par certains historiens officiels espagnols et étrangers comme on l'a constaté en 2010 pour la commémoration du centenaire de la fondation de la CNT. José Peirats a recueilli des documents, consulté des protagonistes, puis il a conçu et rédigé son ouvrage entre 1950 et 1953. Comme il le dit lui-même dans les deux introductions respectivement de la première et de la seconde édition, Peirats imaginait pouvoir embrasser en un seul livre tous les aspects de l'histoire de la CNT. Il a finalement achevé trois tomes dont la richesse est triple. D'une part, ils éclairent les événements en séparant les actions spontanées dans un esprit libertaire des travailleurs (comme on le voit à nouveau depuis la Commune de Paris jusqu'à ce début du XXIe) de celle des états-majors syndicaux et politiques. De l'autre, Peirats accompagne cette vision des apparences, par la reproduction de nombreux documents qui dévoilent les équivoques et la sottise de la participation des ministres anarchosyndicalistes, tout autant que le détournement de fonds, le vol de la réserve d'or de la Banque d'Espagne, par l'Union soviétique. Les Brigades internationales et leurs actions militaires n'occulteront jamais les meurtres commis par André Marty et les assassinats par le Guépéou, issu de la Tcheka de Lénine, de têtes pensantes critiques du marxisme ou de l'URSS, comme Camillo Bemeri et Andrés Nin, etc.. Enfin, Peirats prend carrément parti contre le dévoiement de la CNT par ses dirigeants, comme le démontre les titres de plusieurs chapitres. Et il le fait au moment où une partie des responsables est encore en activité dans la CNT en exil. Si l'anarchosyndicalisme officiel n'a toujours pas tiré de bilan des faits de 1936-1939, Peirats n'a pas hésité à choisir, à dénoncer les "virages dangereux" (comme l'écrivait Berneri) et à revendiquer les collectivisations, l'autogestion des travailleurs par eux-mêmes pour changer la société.

07/2019

ActuaLitté

Musique, danse

Mouvement contraire. Souvenirs d'un musicien

D. -E. Inghelbrecht (1880-1965) fut le plus grand chef d'orchestre français de sa génération. Nous rééditons aujourd'hui ses mémoires, publiés en 1947 et depuis longtemps introuvables, qui sont non seulement un document de premier plan sur la vie artistique en France durant la première moitié du vingtième siècle, mais un texte d'une grande qualité d'écriture et d'un très haut niveau de réflexion. Le titre, Mouvement contraire, en désigne d'emblée l'originalité formelle : le musicien raconte sa vie à rebours, en partant du présent et en remontant vers sa jeunesse. Au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale, celle-ci lui apparaît comme ayant coïncidé avec un âge d'or de la musique française. Ami intime de Claude Debussy, familier d'autres grands compositeurs comme Maurice Ravel, Inghelbrecht offre un témoignage humain essentiel sur cette période où sa carrière le conduisit à participer à la renaissance de la salle Pleyel, à l'aventure du Théâtre des Champs Elysées (il fut le premier titulaire du pupitre à l'ouverture de celui-ci en 1913), aux vicissitudes de l'Opéra-Comique, au renouveau ou à la création de grands orchestres français (c'est à D. -E. Inghelbrecht qu'est par exemple due la fondation de l'orchestre de la radiodiffusion française, aujourd'hui Orchestre National de France). Toutes ces institutions, tous ces lieux encore aujourd'hui bien vivants ont été marqués par son action. C'est un pan essentiel de leur histoire que ces mémoires nous restituent. La vie personnelle d'Inghelbrecht a aussi fait de lui le témoin privilégié de toute la vie artistique de son temps : il fut notamment le gendre du grand peintre et affichiste Steinlen (1859-1923, universellement connu comme le peintre des chats), et l'époux de la danseuse-étoile et chorégraphe suédoise Carina Ari (1897-1970). Les mémoires d'Inghelbrecht révèlent un véritable écrivain plein d'humour, capable de brosser des portraits tour à tour tendres ou cruelsdes différents acteurs de la vie culturelle de son temps, ainsi que de certains responsables politiques qu'il a côtoyés. Mais avant tout, en homme désireux de transmettre aux futurs musiciens et aux mélomanes l'essentiel de son expérience, le grand musicien a fait de son livre une leçon d'énergie et d'intégrité artistique qui n'a rien perdu de son actualité. Comme nous l'avons fait précédemment pour notre édition de "L'Art du théâtre" de Sarah Bernhardt, nous accompagnons ce volume d'un ensemble de documents iconographiques donnant à voir les principaux personnages du récit, permettant ainsi au lecteur de goûter la saveur d'une époque disparue, mais pleine encore d'enseignements pour aujourd'hui.

04/2019

ActuaLitté

Sciences politiques

Dans les archives inédites des services secrets : un siècle d'histoire et d'espionnage français (1870-1989)

"Tout un monde de l'ombre se révèle dans ce passionnant ouvrage" Le Monde "Passionnant comme un grand roman d'espionnage, où tout est vrai." l'Express. "Des documents exceptionnels, des photos et des rapports inédits. Un ouvrage magnifique." Télérama. "Nouveau coup d'éclat de l'Iconoclaste" Le Figaro. "Cet ouvrage est remarquable." Historia. Un siècle d'espionnage et de contre-espionnage français (1870-1989) où l'on retrouvera parmi les sujets traités : Les coulisses de l'Histoire Le dossier de l'affaire Dreyfus. La fiche de renseignement sur Hitler (1924). Les confidences du secrétaire particulier de Staline (1928). Les procès de Moscou (1937). Les lettres de Pierre Mendès France dans la clandestinité. Les préparatifs secrets du débarquement allié. Le dossier FFI de François Mitterrand et la fiche secrète du SDECE. Les documents "très secrets" sur la collaboration entre les services français et la CIA en Indochine. Les rapports des RG sur Messali Hadj, Georges Bidault et les milieux de l'Algérie française. La chasse aux trafiquants d'armes du FLN. Le dossier confidentiel de l'opération militaire de Kolwezi (1978). Le dossier complet de la DST sur l'affaire Farewell. De grandes figures d'espions Bolo Pacha, traître au service de l'Allemagne. L'affaire Fantômas : l'agent As 522 chez les communistes Jean Klee, un agent triple disparu dans la Tamise. Le dossier d'un nazi français, Fernand de Brinon. La traque d'Otto Skorzeny, chef des commandos du Reich. Georges Pâques, une taupe à l'OTAN. Un réseau est-allemand en France : l'affaire Bammler-Kranick. Des affaires d'espionnage économique Alfred Nobel et les secrets de fabrication de la poudre (1888). Les usines françaises d'armement espionnées au profit de l'URSS (1925). L'inquiétant réarmement japonais (1935). Le rapport d'un espion au salon de l'auto de Berlin (1939). La liste des entreprises ayant un compte à la "Banque des Soviets" et leurs relations avec Moscou (1950). Des inventions technologiques sans égales. Les interceptions radio de la tour Eiffel. Les premières photographies aériennes (1914-1918). Enigma et les codes secrets des nazis. Les premiers commandos des services spéciaux français. Appareils photos, faux passeports, talonnettes à double fond, etc. : un musée jamais vu. Une ambassade de France mise sur écoutes. Les rapports de gendarmerie sur les OVNIS. Des séductrices de légende. La Païva et son mari prussien (1871). Mistinguett, un coeur au service de la France (1916). Les documents inédits du dossier Mata Hari (1917). Joséphine Baker, l'agent de charme de la France libre (1944). La naissance des grands services de renseignement. Le 2e Bureau. Les Renseignements généraux. Le KGB. Le BCRA, service de renseignement de la France libre. La DST. Le SDECE et la DGSE avec le soutien de la Fondation d'entreprise La Poste.

10/2010

ActuaLitté

Asie du sud-est

Les sultanats du Sud philippin. Une histoire sociale et culturelle de l’islamisation (XVe-XXe siècles)

Frontière orientale du monde islamisé, le Sud philippin a accueilli, entre le XVe et le XXe siècle, deux sultanats (Sulu et Magindanao-Buayan) ainsi qu'une confédération musulmane (Pat a pengampong ko Ranao). Cet ouvrage retrace l'émergence de ces entités politiques islamisées, en s'attachant à l'étude des changements sociaux et culturels induits par l'adoption de l'islam, religion universelle, aux confins de l'Asie du Sud-Est. L'islam philippin y est abordé à partir des textes produits par ces sociétés islamisées. Ces textes mettent en évidence la circulation d'une culture cosmopolite malaise dans le Sud philippin ainsi que les spécificités locales d'un islam indigénisé. Visiter la tombe d'un saint, composer et transmettre une généalogie, ou encore copier un manuscrit sont des pratiques qui organisent le territoire, la société et le temps des musulmans philippins. C'est ce que montre cet ouvrage, qui s'intéresse tout aussi bien à l'histoire qu'à la mémoire culturelle de l'islamisation. En suivant les mythes et les épopées des Tausug, des Magindanao et des Maranao, il éclaire la façon dont les populations des sultanats articulèrent l'islam aux croyances et pratiques préexistantes, dans un système d'une grande cohérence. A propos de l'Auteur Elsa Clavé est enseignante-chercheuse à l'université de Hambourg, au sein du Centre d'études des cultures manuscrites (CSMC) et chercheuse associée au Centre Asie du Sud-Est (CASE). Ses recherches portent sur l'histoire sociale et culturelle du monde malais (Indonésie, Malaisie, Philippines), en particulier l'histoire des représentations, et sur les relations entre histoire et mémoire. Sommaire Avertissement Abréviations INTRODUCTION 1. Territoire et populations du Sud philippin 2. Les Philippines dans les réseaux commerciaux 3. L'islam dans les études philippines 4. Penser l'islamisation, conceptualiser la malayisation 5. Une approche interdisciplinaire Chapitre 1 : Présentation des sources 1. Sources locales 2. Sources étrangères Chapitre 2 : Population, territoire et administration des sultanats 1. Migrations et composantes ethniques 2. Organisation territoriale des entités politiques 3. Aristocratie et administration malaises et indigènes Chapitre 3 : Développement d'une culture écrite 1. Langue malaise et langues locales 2. Lois coutumières et droit musulman 3. Corans, sermons, textes de dévotion et de mystique Chapitre 4 : Pouvoir et légitimité politique au sein des sultanats 1. Objets de pouvoir 2. Narrations de pouvoir 3. Centres de pouvoir Chapitre 5 : Analyse des mythes de fondation 1. La question de la circulation des textes 2. Une structure mythique préislamique Chapitre 6 : Distanciation et changement de rapport au monde malais 1. La fin d'un âge de commerce 2. La construction des Etats modernes et le détournement de l'héritage malais CONCLUSION Bibliographie Annexes Index Table des cartes et figures Table des matières

02/2022

ActuaLitté

Histoire de l'Eglise

La grande histoire de la messe interdite. Réflexion sur La Messe de nos jours

L'abbé Aulagnier, quatrième enfant d'une famille de cinq enfants, est né le 23 Mai 1943 à Ambert (Puy de Dôme) la cité d'Henri Pourrat qu'il a bien connu. Il est entré en 1964 au Séminaire Français de Rome, juste à la fin de la dernière session du Concile Vatican II. A la Grégorienne, il passa sa licence de philosophie, rencontra Mgr Lefebvre qu'il suivit dans sa fondation de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X à Fribourg et à Ecône. Il fut supérieur du District de France pour la FSSPX de 1976 à 1994, ainsi qu'assistant du Supérieur Général de 1969 à 2002, date à laquelle il donna sa démission ne partageant pas les idée de Mgr Fellay. Aujourd'hui il est membre de l'Institut du Bon Pasteur et dirige l'oeuvre des Exercices de Saint-Ignace au Couvent Saint-Paul à Thiviers (Périgord). La liturgie catholique est aujourd'hui, en pleine anarchie, raison de la crise et de l'Eglise et de la division des familles. Le cardinal Ratzinger parlait, lui d'expérimentations incessantes qu'il condamnait. Une "renouveau" liturgique est donc nécessaire. Il passe par le retour sur les autels de la messe traditionnelle, latine et grégorienne, selon le rite de Saint-Pie V, oeuvre essentielle du Concile de Trente "Elle en est l'archétype" dira un jour le Cardina Canisarez. Ce fut la grande idée de Mgr Lefebvre. Toute son oeuvre. C'est ce que désirait réaliser Benoît XVI. C'était le souhait de Mgr Gamber que ce Pape nous présentait comme un maître du renouveau liturgique : "Il faut qu'à l'avenir le rite plus que millénaire de la messe soit conservé dans l'Eglise catholique romaine... Comme forme primaire de la célébration de la messe" (Mgr Gamber dans son livre de la réforme liturgique en question) Mais quelle opposition ce retour de la messe tridentine ne rencontre-t-il pas dans l'Eglise ! C'est l'objet de ce livre : La Grande Histoire de la Messe interdite. Il nous raconte l'histoire de cette opposition, son explication, ses raisons, les circonstances historiques qui l'entourent, les personnes qu'elle met en jeu : les évêques et archevêques de France, du Brésil, la Curie Romaine, ses cardinaux, la Fraternité sacerdotale Saint-Pie X, la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre, Dom Gérard Calvet, fondateur du Baroux, les autres communautés Ecclesia Dei. Il suit les événements au plus près. Paul Aulagnier écrit cette histoire sans dureté mais aussi sans ménagement. C'est aussi l'intérêt de ce livre. Il tenait une chronique, mensuelle de toutes ces circonstances. C'est son "livre blanc" . Son témoignage. Passionnant.

02/2021

ActuaLitté

Histoire ancienne

Elevage et forêt sur la montagne dijonnaise à la fin du Moyen Age. Deux établissements forestiers d'éleveurs en Terre de Saint-Seine (Saint-Martin-du-Mont, Côte d'Or)

Les deux établissements désertés dont il est ici question sont localisés à environ 1,5 km l'un de l'autre dans le massif forestier couvrant les marges du finage de Saint-Martin-du-Mont sur la Montagne dijonnaise, à une vingtaine de km au nord-ouest de la capitale bourguignonne. Celui des bois de Cestres a fait l'objet d'une fouille aussi exhaustive que possible entre 2003 et 2012. Celui des bois de La Combe d'Eté a été sondé en 2012. Ils ont tous les deux été fondés, occupés et désertés au XIVe siècle et présentent la même configuration de hameaux spécialisés dans l'élevage ovin. Sans doute s'agit-il, pour l'un, des Bordes Gaudot attestées dans la documentation écrite comme actives de 1323 à 1413 et déclarées comme désertées en 1417, pour l'autre des Bordes de Cuylles ou Descuilles citées en 1371 et en 1394-1395. La commune actuelle, l'une des plus vastes de Côte d'Or, est l'héritière directe de la "Terre de Saint-Seine". C'est le domaine proche de l'abbaye bénédictine éponyme fondée au Temps mérovingiens sur la route qui, de Dijon à Troyes en Champagne, assure un passage commode entre le sillon rhodanien et le bassin de la Seine. Aux Xllle et XIVe siècles, cet itinéraire constitue l'un des axes majeurs du commerce international de la laine, emprunté notamment par les marchands italiens fréquentant les foires de Champagne. Avec la fondation tardive des deux établissements dans ses marges forestières, l'abbaye entendait participer de cette dynamique économique. Mais celle-ci décline au siècle suivant sous les coups des désordres liés à la guerre de Cent Ans et à la Peste Noire. L'ensemble a offert la possibilité non seulement de conduire une fouille approfondie sur des habitats ruraux désertés du bas Moyen Age, ce qui reste somme toute encore peu courant, mais aussi de mettre au jour les témoins matériels d'un puissant phénomène surtout connu par la documentation écrite. Il a aussi permis d'étudier non seulement les habitats, la culture matérielle et les activités de production des groupes résidents, mais aussi, sous le couvert forestier protecteur, l'organisation des territoires exploités alentours. Trois parties complémentaires structurent ainsi le présent ouvrage. Il s'ouvre par une monographie archéologique décrivant le détail des constructions et des mobiliers enregistrés à la fouille, pour évoquer les niveaux techniques et les conditions de vie. Il se poursuit avec un essai d'Archéogéographie du territoire associant l'étude du parcellaire, l'analyse physico-chimique des sols et celle des cortèges végétaux, afin de restituer le paysage environnant et les modalités d'exploitation des ressources. Il s'achève par une étude des documents écrits, dénombrements, comptabilités, actes notariés, pour témoigner du contexte socio-économique.

01/2018

ActuaLitté

Ecrits sur l'art

Singuliers

Ce livre accompagne l'exposition présentée à l'abbaye d'Ardenne à l'été 2022. Conçue par Thierry Davila et réalisée en partenariat avec la Fondation Martin Bodmer et le musée d'Art moderne et contemporain de Genève, elle est consacrée aux carnets, cahiers et manuscrits d'écrivains, d'artistes, de philosophes... qui n'ont jamais fait l'objet d'une publication. Objets uniques, tous ont une présence matérielle et une expressivité visuelle exceptionnelles, que ce soit par leur graphie, leur beauté plastique ou leur facture particulière. Souvent exempts de corrections, ils fonctionnent comme des individus esthétiques achevés et autonomes, sans précédents : des oeuvres en soi. Richement illustré, cet ouvrage offre ainsi une constellation de singularités remarquables, dont certaines sont montrées pour la première fois en France. On y découvre notamment un traité polémique d'Isaac Newton sur l'Eglise, un premier essai de Jean-Jacques Rousseau sur l'éducation, les ajouts manuscrits proliférants d'Artur Schopenhauer entre les pages de son oeuvre inachevable, les audaces de Laurence Sterne dans l'édition originale de Tristram Shandy... A leur côté sont également présentées des pièces d'archives inédites d'auteurs et artistes majeurs du XXe siècle, parmi lesquels William S. Burroughs, Robert Filliou, Gisèle Freund, Philippe Lacoue-Labarthe, Henri Michaux, Wajdi Mouawad, Jean-Luc Nancy ou encore Antoine Vitez. Les documents réunis dans Singuliers sont pour les plupart des manuscrits qui tendent vers le livre, dont ils miment l'apparence et la structure, comme si l'idée du livre hantait l'activité créatrice dès son commencement. D'autres, imprimés retouchés à la main, se situent plutôt au-delà du livre, l'oeuvre se poursuivant dans les marges et les blancs du texte publié, l'auteur par son intervention rendant l'exemplaire imprimé unique, incomparable. Historien de l'art et philosophe de formation, Thierry Davila est conservateur chargé des éditions au Mamco de Genève. Il a organisé un certain nombre d'expositions, dont plusieurs ont mis en rapport l'art moderne et l'art le plus actuel, et a publié une dizaine d'ouvrages d'histoire et de théorie de l'art, parmi lesquels L'Art médecine (RMN, 1999) , Marcher, créer. Déplacements, flâneries, dérives dans l'art de la fin du XXe siècle (Editions du Regard, 2002 et 2010), In extremis. Essais sur l'art et ses déterritorialisations depuis 1960 (La lettre volée, 2009), De l'inframince. Brève histoire de l'imperceptible de Marcel Duchamp à nos jours (Editions du Regard, 2010 et 2019), Uniques. Cahiers écrits, dessinés, inimprimés (Flammarion, 2018). Il est aussi l'éditeur, aux Presses du réel, du recueil Devant les images - Penser l'art et l'histoire avec Georges Didi-Huberman.

06/2022

ActuaLitté

Art textile

Hélène Henry. Les tissus de la modernité, Edition bilingue français-anglais

Née en 1891, passionnée par la peinture et la musique, Hélène Henry n'a jamais suivi aucune formation spécifique lorsqu'elle arrive à Paris, à 25 ans. Elle commence par acheter un petit métier à main, s'installe dans un atelier et crée des écharpes qu'elle vend à des couturiers comme Worth ou Nicole Groult. Elle apprend seule à se servir de son métier à tisser et en 1923, elle montre des essais à Francis Jourdain, dont les poteries l'inspirent. Il expose ses créations dans sa boutique et la présente à Pierre Chareau et au cercle de leurs amis "modernes" (Paul Poiret, Pierre Legrain, Jacques-Emile Ruhlmann). La même année, elle s'installe dans un atelier plus grand. H. Henry dessine et peint : bandes, rayures, damiers, motifs géométriques ou dégradés subtils d'une seule teinte. Elle expérimente de nouvelles techniques pour juxtaposer ou opposer des matières ou des points de tissage, en invente de nouveaux. Par le jeu des reliefs et des masses, ses créations semblent être réalisées en trois dimensions. Elle est la première en France à utiliser des fibres artificielles, rayonne ou viscose-fibrane, qu'elle croise avec des fils de coton et de laine. En 1925, elle participe à l'ambassade française du pavillon de la Société des artistes décorateurs (SAD), qui lance le style Arts déco lors de l'Exposition internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris, où ses tissus sont exposés dans le bureau-bibliothèque de P. Chareau et dans la salle de repos. Elle quitte la SAD en 1929 pour participer à la fondation de l'Union des artistes modernes (UAM), aux côtés de Mallet-Stevens, Herbst, Jourdain, Templier, Charlotte Perriand, Sonia Delaunay et d'Eileen Gray, entre autres. Elle reçoit des commandes pour la Villa Noailles de Mallet Stevens, à Hyères (1924) ; le palais du maharajah d'Indore (1930) ; le palais de la Société des nations, à Genève ; le paquebot Normandie ; l'Exposition internationale des arts et techniques de Paris en 1937. Après la guerre, elle participe, avec ses anciens amis de l'UAM, aux expositions de la section "Formes utiles" du Salon des arts ménagers où elle décline ses écossais, ses bandes et ses constructions rigoureuses. Mais ses créations, réalisées à la main, en exclusivité pour un client précis, ne trouvent plus preneur : ses remarquables pièces uniques ne peuvent lutter avec les tissus industriels qui arrivent sur le marché européen. Elle supervise cependant le tissage de ses modèles jusqu'à sa mort, en 1965. 20 ans plus tard, son talent est redécouvert grâce à des galeristes spécialisés et à des expositions comme Les Années UAM, au musée des Arts décoratifs de Paris, fin 1988-début 1989, ou Pierre Chareau, au Centre Pompidou à Paris, (1993-1994).

08/2021

ActuaLitté

Histoire ancienne

Histoire de la Gaule. Une confrontation culturelle, VIème siècle avant J.-C. - Ier siècle après J.-C.

L'historien d'aujourd'hui ne peut envisager la Gaule et les Gaulois de la même manière que ses prédécesseurs : la génération de Jullian fut marquée par la revanche sur l'Allemagne, celle de Carcopino par la colonisation et celle de Hatt par la décolonisation. De plus, l'éventail méthodologique, qui s'est élargi et affiné (de l'épigraphie latine à la photographie satellitaire) depuis un siècle, permet de considérer cette histoire sur la longue durée, c'est-à-dire sur le large demi-millénaire qui s'ouvre au début du vil siècle av. J.-C. (fondation de Marseille). Bien avant la première intervention militaire romaine (125 av. J.- C.), le commerce étrusque puis grec eut une incidence considérable sur la vie même des habitants de la Gaule. Le vin eut ainsi une fonction beaucoup plus large que celle que lui assignent les sources grecques et latines - étancher la " soif celtique " - et modifia en profondeur, avec d'autres produits et objets du monde méditerranéen, les sociétés celtiques. Le commerce joua donc un rôle majeur dans la confrontation de deux civilisations, celle des Grecs et des Romains - fondée sur la pierre -, celle des Celtes - caractérisée par le bois et le torchis. Il n'importe guère finalement qu'un jour les Italiens aient, dès le milieu du IIe siècle au sud, pris le relais des Grecs, qui eux-mêmes avaient évincé les Étrusques : les échanges avaient dépassé l'ajustement de l'offre et de la demande pour remplir un véritable rôle culturel. Rome prit le problème autrement, imposant armées, colons et provinces. Cette brutalité ne constitua pourtant pas en soi une rupture et se borna à donner de tout autres dimensions aux relations économiques et aux contacts culturels. Une fois la saignée césarienne opérée, les Romains cherchèrent en outre à séduire, et de leur côté les Gaulois ne furent ni ces hommes falots faits de sable et de vent que décrit Mommsen ni des vaincus acculturés prêts à s'incliner devant la splendeur des décors urbains ou des autres formes de la civilisation méditerranéenne. La romanisation passa ainsi par un demi-millénaire de commerce, par de subtils accords politiques symbolisés par les cérémonies du culte impérial au Confluent des Gaules (Lyon), et par un élargissement du droit de cité (au milieu du Ier siècle ap. J.-C., les citoyens romains de Gaule étaient les égaux de ceux nés sur les bords du Tibre). Tout fut dit au concile de Reims (70 ap. J.- C.) où les notables assemblés refusèrent les chemins de la rébellion : ils étaient devenus non pas des Gallo-Romains - le terme est une invention contemporaine -, mais des Romains des provinces des Gaules.

04/1997

ActuaLitté

Histoire internationale

LA NOUVELLE HISTOIRE D'ISRAEL. Essai sur une identité nationale

Le temps est venu d'écrire la nouvelle histoire d'Israël. Une histoire nouvelle, car, depuis que les archives couvrant les années de fondation de l'Etat ont été ouvertes, le débat historiographique fait rage, avec une violence inégalée en tout autre pays. Des cénacles universitaires aux grands quotidiens, historiens et témoins disputent de questions essentielles pour l'identité nationale et l'avenir du pays : dans quelles conditions le foyer national juif - le Yichouv - s'établit-il en Palestine au XIXe siècle et au XXe siècle dans une terre déjà habitée ? Quelle fut l'attitude des dirigeants du Yichouv face au génocide des Juifs d'Europe, puis à l'égard des survivants ? Quelle fut la nature exacte de la proclamation de l'Indépendance le 15 mai 1948 : visait-elle la création d'un Etat spécifiquement juif, ou les Arabes de Palestine y avaient-ils une place ? Israël pouvait-il être juif et démocratique, laïque et moderne tout en refusant la séparation de la religion et de l'Etat ? Ce débat historiographique marque le délitement du récit national sioniste qui tenait lieu jusqu'à hier d'identité consensuelle. Han Greilsammer en restitue l'ampleur, les origines comme la portée (Première partie : Nouvelle histoire : la rupture). Mais la querelle des historiens ne s'explique pas seulement par l'ouverture des archives : celle-ci n'a fait qu'activer celle-là. Bien que les archives pour les périodes suivantes demeurent inaccessibles, les chercheurs remettent également en cause le récit des événements, de 1948 à l'assassinat de Rabin. Car ils ont tous, comme citoyens, participé à des conflits - glorieux et unanimistes comme la guerre des Six-jours, contestés et traumatisants telles la guerre au Liban ou la répression de l'Intifada. Témoins, ils posent, à partir des événements dont ils sont les contemporains et les acteurs, des questions qui reflètent les affrontements à propos de la reconnaissance de l'Autre palestinien et de l'avenir du pays. Des questions et des débats qu'Ilan Greilsammer noue dans une histoire nouvelle (Seconde Partie : les temps forts de l'Etat d'Israël : 1948-1996). En sorte que le lecteur découvre le fil qui court entre colloques d'historiens et réactions du grand public : Israël, au regard de son histoire, doit-il, peut-il être un Etat sans identité juive, un Etat comme les autres ? On l'aura compris : cet ouvrage pionnier, sans équivalent dans aucune autre langue, reconduit la crise d'identité nationale à la spécificité d'Israël : comment écrire l'histoire d'un Etat où histoire et mémoire collective se confondent, où les témoins se font historiens, où les historiens sont à la fois des chercheurs soucieux de rigueur scientifique et des citoyens en quête de la paix ?

05/1998

ActuaLitté

Archéologie

Revue archéologique de Narbonnaise Supplément 51 : Entremont. Une agglomération de Provence au IIe siècle avant notre ère (Aix-en-Provence, Bouches-du-Rhône)

Le site d'Entremont, immédiatement au nord de la fondation romaine d'Aquae Sestiae Sulluviorum, est un oppidum fouillé depuis 1946 et classé comme Monument Historique en 1980. Bien qu'il soit mondialement connu par les découvrons de sculptures rattachés à des cultes héroïques depuis 1817, les résultats des recherches de terrain poursuivies jusqu'en 2011 n'avaient jusqu'alors fait l'objet que d'approches générales ou de publications partielles. En regroupant l'ensemble des données recueillies, cet ouvrage relate les acquis aussi les interrogations liés à l'occupation de ce plateau dès la fin du premier âge du Fer, mais pour l'essentiel au IIe s. av. n. è. La mise en perspective de l'intégralité de la documentation, des premières fouilles assez rapides aux recherches plus récentes mieux documentées, permet désormais de percevoir plus précisément les étapes chronologiques de l'occupation du site et de leurs spécificités. Quatre grandes périodes sont individualisés et caractérisées. Sur une implantation initiale à connotation fortement cultuelle et votive (entre le Ve s. et le début du IIe s. av. è.), le plateau devient vers 180 le lieu d'une première agglomération, de superficie réduite mais planifiée et fortifiée, pour une communauté agropastorale. Son destin sera de courte durée, car l'instabilité politique de cet arrière-pays de Marseille grecque et les conflits qui en découlent, la condamne, vers 1 60 ou peu après, à être totalement enclavée dans une seconde, plus vaste, et mieux protégée. Les analyses de la documentation architecturale des deux habitats successifs nous fournissent un éclairage exceptionnel sur l'évolution rapide au cours du IIe s. des communautés indigènes régionales. leurs attentes et leurs savoir-faim, comme sur la diversité de leurs aspirations politiques, économiques et culturelles. Après le milieu du siècle, l'oppidum d'Entremont nous révèle une société bien moins égalitaire qu'auparavant, avec un clivage perceptible des classes sociales qui ira en s'amplifiant. Au puissant développement architectural du troisième quart du siècle, à l'émergence de circuits économiques structurés avec la Méditerranée par une part de ses élites, répond l'affirmation ostentatoire de valeurs guerrières traditionnelles, apparemment toujours dominantes. Les tensions intercommunautaires qui en découlent, éclairées par les textes anciens, celles aussi développées avec Marseille, puis avec Rome, se concluront par les interventions militaires de celte dernière, d'abord en 124-123. puis après un renouveau de l'habitat, de manière encore plus radicale vers 100/90 av. n. è. Le site est alors arasé et déserté. Aux données commentées et illustrées de l'architecture et de son environnement stratifié sont associées celles sur le monnayage du site et les vestiges anthropologique recueillis. Un volume de 800 pages. 976 figures et Il tableaux.

12/2021

ActuaLitté

Beaux arts

La miniature, portrait de l'intimité

Loin d'être uniquement " une peinture en petit ", bonne à ranger parmi les bibelots, la miniature est une oeuvre d'art à part entière. Elle apparaît en Angleterre, à la cour des Tudors où, sous le règne d'Élisabeth Ier, son rôle est indispensable à la politique et à la célébration de la personne royale. Liée à la littérature et à la poésie, elle acquiert un sens savant et emblématique. En raison précisément de ses dimensions réduites, elle a tenu un rôle majeur dans l'histoire de la société et des sentiments. Facilement cachée, offerte ou dérobée, tenue sur soi, échangée entre amants, parents ou amis, elle fut le précieux témoignage des sentiments. Image-souvenir indispensable lors d'une séparation, elle est alors souvent multipliée après la mort. Montée en bijou, présente sur ou à l'intérieur d'une boîte ou dans un écrin pour échapper aux regards indiscrets, accompagnée des cheveux de l'être cher, elle fut ardemment aimée, comme en témoignent la littérature et la peinture. Elle fut aussi un cadeau diplomatique entre souverains, même si sa connotation demeure sentimentale. Peinte sur ivoire à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle, elle connaît un engouement qui touche toutes les classes de la société et que la Révolution puis les guerres napoléoniennes ne feront qu'amplifier. Ses rôles divers sont décrits, accompagnés d'une évocation des artistes les plus talentueux et originaux qui ont pratiqué cet art, en Angleterre, en France et dans toute l'Europe où la miniature règne jusqu'au milieu du XIXe siècle. Entre la fin du XVIIIe et le début du XIXe siècle, son âge d'or, elle est relayée par le physionotrace, gravure de portrait en petit, puis par la miniature sur porcelaine dure qui se développe et se perfectionne durant la première moitié du XIXe siècle. A partir de 1850, la photographie remplace peu à peu la miniature qui, avant de céder sa place, tâchera d'adopter le style de ces nouveaux portraits. Très abondamment illustré, l'ouvrage fait découvrir des œuvres inconnues exceptionnelles provenant de collections privées et dévoile quelques chefs-d'oeuvre, non encore publiés, des musées des Arts décoratifs de Paris et de Bordeaux, du musée Cognacq-Jay, de la collection de Frits Lugt (Fondation Custodia), ainsi que de musées étrangers, notamment le Victoria & Albert Museum à Londres. Préfacé par Emmanuel de Waresquiel, ce panorama du petit portrait dans tous ses états est accompagné des textes de trois spécialistes : Fabienne Xavière Sturm, qui publie, avec le carnet d'atelier de Louis-Ami Arlaud-Jurine, les secrets d'un des meilleurs miniaturistes genevois. Claude Tanner, restauratrice de petits portraits sur ivoire, qui donne des conseils pour leur conservation et leur restauration. Chantal Bouchon, qui évoque la personnalité du grand collectionneur et donateur Lefebvre de Viefville.

12/2010

ActuaLitté

Littérature comparée

Revue de littérature comparée N° 377, janvier-mars 2021 : La RLC a 100 ans

Daniel-Henri PAGEAUX, Regards sur cent ans de comparatisme On a souhaité donner d'abord, de façon tout à la fois précise et synthétique, un historique de la RLC, en insistant sur les orientations intellectuelles, voire philosophiques qui ont présidé à sa fondation, puis en donnant un panorama aussi détaillé que possible des questions et des thèmes abordés, en particulier à partir des numéros dits "spéciaux" . En un siècle, la RLC a su tenir, tant au plan national qu'international, un rôle et une fonction de tribune, de lieu permanent d'échanges, de propositions et de réflexions. Bernard FRANCO, Fernand Baldensperger et les premières définitions de la littérature comparée Dans le tout premier article de la Revue de Littérature Comparée publié peu de temps après la fin de la Première Guerre mondiale, Fernand Baldensperger propose une définition de la littérature comparée imprégnée d'un idéal humaniste qui a traversé l'histoire de la discipline. Il la rapproche de la méthode de l'histoire littéraire prônée par Lanson et de l' "histoire comparée des littératures" évoquée par Joseph Texte, dans une relation ambivalente d'opposition avec la méthode des parallèles. Une telle conception est proche des origines romantiques de la discipline, qu'il s'agisse des premières définitions de la littérature comparée chez Ampère ou du relativisme esthétique propre à la critique romantique en général. Mais dans sa volonté d'embrasser les sciences humaines, Baldensperger défend également une conception de la discipline bien plus moderne qu'on ne l'a souvent dit. Francis CLAUDON, Fernand Baldensperger (1871-1958). Retour sur une ambition F. Baldensperger (1871-1958), premier directeur de la RLC, a laissé des mémoires. Une vie parmi d'autres (1940) comporte bien des indications intéressantes. L'expérience de l'étranger s'est faite, pour lui, vers 1880-1890, à Saint- Dié et à Zurich, par et contre l'Allemagne du Reich wilhelminien. D'autre part Baldensperger s'est élevé contre une certaine myopie intellectuelle de l'époque. Sa carrière s'est développée grâce à des appuis politiques (L. Liard, S. Charléty, M. Barrès), ses emplois, (Strasbourg en particulier, au moment de la fondation de la revue) ont été des choix calculés. Sa conception des "interrelations littéraires" s'inscrit dans la tradition historiciste de Taine ; elle diffère, sans l'exclure, de celle, formaliste et esthétisante, de ses contemporains germaniques (Walzel, Jolles). Pierre BRUNEL, Paul Hazard (1878-1944) Trop tôt disparu, Paul Hazard a fait une brillante carrière, qui l'a conduit au Collège de France en 1925 et à l'Académie française en 1940. Originaire du Nord, il a été attiré par l'Italie et il est devenu le maître des études sur les littératures du Midi, mais sans jamais perdre le contact avec ses origines tant comme écrivain que comme comparatiste. Plus jeune que Fernand Baldensperger et à certains égards pouvant être considéré comme son disciple, il a été choisi par lui pour diriger, à sa fondation même en 1921, la Revue de littérature comparée. Elle lui doit beaucoup, même si, très respectueux de celui qui présida à ses destinées de comparatistes, il tendait à s'effacer derrière lui. Il a d'ailleurs, après 1935, assuré une continuité indispensable et, grand voyageur, comme Baldensperger, il s'est comme lui, largement ouvert au monde. Etienne CROSNIER, Paul Hazard, l'amour d'une vie pour les littératures du Nord Né à Noordpeene, près de Dunkerque, Paul Hazard (1878-1944), ancien élève de l'ENS et agrégé de Lettres classiques, est considéré aujourd'hui comme le grand spécialiste de la littérature italienne du XVIIIe siècle. Sa thèse de doctorat, La Révolution française et les lettres italiennes (1789-1815), en est la pierre angulaire. Mais Paul Hazard ne s'est jamais détourné de ses premières amours, les littératures nordiques. Il met ainsi en lumière, dans "L'invasion des littératures du Nord dans l'Italie du XVIIIe siècle" (RLC, 1921), l'influence et la modernité des oeuvres d'Ossian, Shakespeare et Goethe. Avant de nous surprendre avec un essai, Le Charme d'Andersen (1930), qui révèle, au-delà de son attachement aux littératures enfantines, l'humanisme profond de l'enseignant et du chercheur qu'il n'a jamais cessé de manifester dans ses écrits. William MARX, Comparatisme et nationalisme au lendemain de la Grande Guerre Fondée au lendemain de la Première Guerre mondiale dans une Europe saignée et dévastée, la Revue de littérature comparée se donna pour mission d'ouvrir à un "nouvel humanisme" adapté à ce monde sortant à peine des cendres, et susceptible de retarder un feu qui ne demandait qu'à renaître. Or, dans un contexte marqué de nationalismes exacerbés, l'histoire comparée des littératures ne fut pas toujours considérée comme une entreprise neutre et pacifique. La Revue elle-même, qui fut dès le départ traversée de ces tensions, sut toutefois se doter d'un programme théorique suffisamment solide pour s'en délivrer. Yves CHEVREL, Vingt-cinq ans après : le recommencement Durant l'occupation de la France par les nazis, de 1940 à 1945, la direction de la RLC a décidé de ne pas publier la revue. L'année suivante en Grande-Bretagne parait, à Cardiff, une revue qui en assure l'intérim : Comparative Literature Studies. F. Baldensperger y publie, en 1945, un article où il revient sur les débuts de la RLC, en rappelant les espoirs soulevés par la fin de la "Grande Guerre" et en les confrontant aux réalités qui ont suivi. De son côté, J. -M. Carré titre "Recommencement" l'article de tête de la première livraison de la RLC à reparaître en 1946. Les deux articles, de tonalités différentes, manifestent l'un et l'autre la volonté de concevoir la littérature comparée comme une discipline au service d'un humanisme moderne. Véronique GELY, Les "femmes de lettres" dans les quatre premiers numéros de la Revue de littérature comparée La Revue de littérature comparée en 1921 reflète la difficile entrée des femmes dans le champ littéraire, aussi bien comme objets que comme sujets d'étude et d'analyse. Mécènes, étudiantes et chercheuses, les écrivaines sont peu visibles dans les titres des différentes rubriques. Elles sont toutefois bien présentes. La RLC mentionne et commente les travaux de chercheuses qui sont parfois citées comme des autorités. Le phénomène le plus marquant est la référence constante faite à "Madame de Staël" , véritable "mère fondatrice" de la littérature comparée. Jean CANAVAGGIO, Un maître des études hispaniques et sa collaboration en 1921 à la Revue de littérature comparée. Alfred Morel-Fatio (1850-1924) On doit à Alfred Morel-Fatio une brève contribution au premier numéro de la Revue de Littérature comparée. Le présent article, après en avoir résumé le contenu, retrace la carrière du fondateur des études hispaniques en France et s'emploie à montrer comment on peut comprendre qu'il n'ait pas donné une étude plus importante aux deux éditeurs de la revue. Chantal FOUCRIER, De She à L'Atlantide : une polémique questionnée par La Revue de littérature comparée en 1921 On connaît le succès remporté par L'Atlantide, roman que Pierre Benoit fit paraître en 1919 et qui valut à ce dernier l'accusation d'avoir plagié She, récit qu'avait publié Henry Rider Haggard en 1887. L'affaire ayant suscité un procès, la presse se divisa dans d'innombrables articles qui ont contribué à donner à la question judiciaire la portée d'un débat intellectuel. En 1921, la Revue de Littérature Comparée fit état de cette polémique comme point d'appui d'une réflexion sur l'exploitation des sources dans la création littéraire. C'est à ce titre qu'elle intégra l'analyse des deux romans qu'avait rédigée l'angliciste P. -H. Cheffaud à la demande de Pierre Benoit en 1920. Après avoir éclairé le type d'arguments développés dans ce texte-plaidoyer, la présente étude se propose de montrer que celui-ci trouve plusieurs échos dans les problématiques comparatistes du moment, telles que l'influence des oeuvres étrangères comme ferment de l'originalité dans les littératures européennes. Dominique MILLET-GERARD, Claudel - Dante 1921 Cet article étudie l'Ode jubilaire pour le six-centième anniversaire de la mort de Dante, composée par Claudel sur la suggestion de l'italianiste Henry Cochin et publiée dans le Bulletin du jubilé du Comité catholique français. L'Ode est évoquée à deux reprises dans la Revue de littérature comparée de 1921. Doublé - comme dans la Vita Nova - d'un texte en prose explicatif, ce long dithyrambe en vers libres, nourri de citations de Dante, est esentiellement constitué d'une double prosopopée, celle de Béatrice suivant celle de Dante, sur les thèmes de l'exil, de l'amour et de la Joie, ce qui en fait un palimpseste du Soulier de Satin. De fait, l'impact autobiographique de l'Ode apparaît manifestement au regard des Lettres à Ysé contemporaines, et récemment livrées au public. Célébration et comparaison semblent ici céder le pas à une discrète substitution.

08/2021

ActuaLitté

Psychologie du handicap

Braves bêtes. Animaux et handicapés, même combat ?

Le récit de ce texte commence à s'écrire lorsque petite fille, l'autrice atteinte d'arthrogryposis, une maladie congénitale qui paralyse les articulations, entend des enfants dire d'elle qu'elle marche comme un singe, mange comme un chien et que son handicap la fait ressembler à un animal. Ils la considèrent comme leur inférieure, elle se voit comme leur égale. Elle s'étonne également que la comparaison avec l'animal soit péjorative. Quelle influence joue notre capacité physique et mentale sur la compréhension de notre humanité ? Qu'est-ce qui différencie l'homme de l'animal, les handicapés des valides et que signifierait faire tomber ces différences, pour reconnaître l'animal et le vulnérable dans chacun de nous ? L'autrice s'attache aussi à la question de l'accessibilité. Si quelqu'un ne peut pas franchir une bordure de trottoir et se retrouve marginalisé, est-ce la faute de son corps ? Où la faute du trottoir qui n'a pas été aménagé ? Il est important de comprendre qui nos sociétés ont privilégié, traditionnellement, et pour quels types de corps elles ont été conçues. La question est donc : pourquoi certains corps ont-ils été présentés comme la norme à laquelle les autres seraient comparés ? En tentant de répondre à ces questions, Sunaura Taylor signe un texte très important. Récompensé en 2018 par l'American Book Award décerné par la Before Columbus Foundation, elle parle de la différence, de l'altérité, comme un état de fait, consubstantiel à la vie et donc nécessaire à notre bonne santé même si nous, êtres humains, nous voulons l'effacer. Et pour ce faire, nous avons trouvé un système très efficace : le "validisme" , soit le règne sans partage des bien-portants dans lequel les capacités intellectuelles, physiques ou affectives d'un individu autorisent la discrimination - consciente ou inconsciente et dans tous les cas intériorisée. Mais ce n'est pas tout. Ce livre parle des animaux et de leur incroyable richesse cognitive. Saviez-vous qu'un chien comprend le handicap de son maître qui a perdu ses bras ? Non par le processus de l'identification mais par celui de l'apprentissage. Ainsi, il lui faudra quelques jours pour ne plus chercher le bras de son maître qui auparavant lui lançait sa balle, mais son pied. Le lien entre les personnes handicapées et les animaux ? Il est dans les raisons qui autorisent la discrimination des personnes handicapées et l'oppression (élevage industriel) des animaux. La vulnérabilité, l'interdépendance et bien sûr l' "anomalie" physique et mentale, jugées par les validistes comme un signe d'infériorité. Ce livre est le résultat du cheminement intérieur et intellectuel de Sunaura Taylor qui constate, de façon très argumentée, et en faisant un pas de côté que le schéma du validisme s'immisce dans tous les recoins de nos sociétés et ce parfois malgré nous. "Sunaura Taylor va mettre votre monde sens dessus dessous, secouer vos catégories, vous dire des choses fascinantes et très importantes que vous ne connaissez pas, au sujet de votre corps, de celui des autres, humains ou animaux soumis à un régime inhumain. Un livre réjouissant, accessible parfois hilarant sur la condition humaine, abordée d'une façon tout à fait nouvelle. Ce livre pourrait être très très important. " Rebecca Solnit, autrice de "Ces hommes qui m'expliquent la vie" et sélectionnée en 2018 pour le National Book Award.

10/2019

ActuaLitté

Critique littéraire

Poétique du théâtre indien. Lectures du Nâtyasâstra

Poétique du théâtre indien. Lectures du Natyasastra. Lectures du Natyasastra, lecture du Traité du théâtre où l'Inde ancienne inscrit les lois et les principes d'un art total convoquant sur la scène, avec le texte dramatique et le jeu de l'acteur, le chant, la musique et la danse. Destiné au poète et à celui qu'il appelle le "praticien" - l'acteur, qui est aussi le metteur en scène, le directeur de troupe et, symboliquement, l'architecte de son théâtre -, le Natyasastra est un art poétique au sens premier du terme en ce qu'il examine et codifie tout ce qui fait le théâtre : la construction de la salle, les rites de fondation et de propitiation, l'agencement de l'intrigue, l'écriture du texte, les conventions, le protocole de jeu, la danse, le chant, la musique et jusqu'au succès de la représentation. Ainsi, parce qu'il la reconnaît pour l'essence du théâtre, le Natyasastra fait-il de la pratique l'essentiel d'un exposé où l'acteur est une figure centrale et rayonnante autant que Siva, le Nataraja occupant la scène du monde. Le Natyasastra, en effet, est aussi un art poétique en ce sens que la réflexion sur le jeu de l'acteur lui est l'occasion de poser les fondements d'une théorie esthétique qui célèbre dans le théâtre le lieu même du rasa, la Saveur, si l'on s'en tient à l'étymologie du vocable, ou, figurément, l'émotion esthétique. Le rasa est à son comble au théâtre car le théâtre, c'est de la poésie qui s'incarne, de la poésie animée. Le théâtre, c'est la Saveur. La Saveur, c'est le théâtre. Sommaire Avant-propos Summary Prologue Introduction 1. Projet 2. Sources 3. Méthode 4. Organisation Première partie Le Natasastra ou les règles du jeu Chapitre I - Le jeu 1. Origine divine 2. le théâtre, tel que les hommes le font 3. L'acteur, maître du jeu 4. Commencements de la représentation 5. Le théâtre, plaisir des dieux et des hommes Chapitre II - Les règles 1. Economie du texte 2. Saveur : rasa 3. Saveur et savoir : rasa et vyutpatti 4. Sentiments : bhava 5. Intrigue : itivrtta 6. Jeu de l'acteur : abhinaya 7. Conventions : dharmi 8. Manières et Coutumes : vrtti et pravrtti 9. Succès : siddhi 10. Musique et chant : svara, atodya, gana 11. Théâtre : ranga Deuxième partie Malavikagnimitra : traduction des actes I et II Avant-propos Traduction et notes Troisième partie La pratique du théâtre : théorie et illustration Chapitre I - Malavikagnimitra ou le théâtre, metteur en scène de lui-même Chapitre II - Enseignement de la théorie : le Natasastra 1. Les lasyanga 2. Le samanyabhinaya Chapitre III - De la théorie à la scène : enquête sur le chalita 1. Procédures d'identification 2. Un ou trois objet ? Conclusion Conclusion Bibliographie Indices Note sur la présentation des index français et sankrit Index français Index sanskrit Index des noms propres Index locorum Table des schémas, tableaux et illustrations Table des matières

01/1992

ActuaLitté

Grandes réalisations

Guide du monastère de Santa Maria de Pedralbes

A l'ombre de Collserola, sous le mont Sant Pere Màrtir et à deux pas de l'ancienne ville de Sarrià se détache l'imposante silhouette du monastère Santa Maria de Pedralbes, l'un des plus beaux exemples d'art gothique catalan. C'est un havre de paix au milieu de l'effervescence d'une ville comme Barcelone. Il nous transporte dans le passé. Ce monastère a été érigé en 1327 par une reine, Elisenda de Montcada, dernière épouse du roi Jacques II le Juste, à l'intention d'une communauté de femmes qui consacraient leur vie sur terre à la prière, conformément à la règle des clarisses, soeurs spirituelles des Franciscains. Les liens qui unissaient le monastère à la ville de Barcelone et à la couronne lui ont permis de perdurer dans le temps, de sa fondation à nos jours, resté presque inchangé pour ce qui est de ses murs et des biens meubles que la communauté a précieusement conservés au fil des siècles. Malgré la disparition d'une partie de son trésor artistique, le monastère de Pedralbes reste un exemple rare de permanence et de témoignage d'une communauté religieuse féminine à un même emplacement depuis des centaines d'années jusqu'à aujourd'hui. En 1972, dans la continuité d'un pacte très ancien conclu entre la reine fondatrice et les représentants de l'ancien Conseil des Cent de la Ville de Barcelone, la communauté de clarisses se tournait vers la mairie barcelonaise en vue de signer un accord selon lequel la municipalité convenait de construire un nouveau couvent destinée à la communauté, en échange de quoi le bâtiment historique serait ouvert au grand public en tant que musée. C'est ainsi que, depuis 1983, le monastère de Pedralbes dévoile son magnifique intérieur, dont l'un des cloîtres gothiques les plus grands du monde dans son style, et toutes les salles où se déroulait la vie de la communauté, qu'elles aient été consacrées au culte ou aux tâches quotidiennes, ainsi que les diverses collections d'objets qui sont l'expression tangible du vécu de cette communauté. Ces dernières années, le musée du monastère s'est adapté et a relevé les défis posés par une société diverse et plurielle. Ainsi, le musée ne se présente plus uniquement comme un espace où salles et objets d'un passé historique sont conservés et montrés, mais comme un lieu ouvert à tous, où les témoignages de ce passé nous interpellent. Les visiteurs ne se contentent plus d'observer, mais sont invités à aborder tous les aspects qui expliquent la vie de la communauté au fil du temps, en dialogue avec le monde extérieur, mais aussi en lien total avec notre présent. Patrimoine, Femmes et Spiritualité ont défini historiquement l'essence de ce monastère et constituent la base du récit et de la programmation que propose aujourd'hui le musée du monastère de Pedralbes.

03/2023

ActuaLitté

Compositeurs

Karlheinz Stockhausen - Gruppen

Gruppen de Karlheinz Stockhausen est l'une des grandes oeuvres de l'après-guerre, une pièce emblématique d'une période de recherches, d'expérimentations et de formalisations qui a changé le cours de l'histoire musicale. Composée entre 1955 et 1957 pour trois groupes d'orchestres disposés autour du public, elle fut créée à Cologne en 1958 avec trois chefs compositeurs qui représentaient la jeune génération à l'époque : Stockhausen lui-même, Bruno Maderna et Pierre Boulez. Depuis lors, à chaque fois que cette oeuvre a été donnée, elle a été vécue comme une expérience inoubliable. L'auditeur se trouve en effet placé à l'intérieur de sons qui voyagent d'un orchestre à l'autre selon différentes trajectoires, créant ce que Stockhausen appelle une musique dans l'espace (Musik im Raum). Ce n'est pas le seul aspect à travers lequel le compositeur a transposé son expérience de la musique électro-acoustique dans une musique purement instrumentale : il fait aussi entendre des sonorités influencées par son travail en studio. L'oeuvre, d'un seul tenant, dure plus de vingt minutes et dessine une forme fascinante. Elle fut perçue d'emblée comme le chef-d'oeuvre de la musique nouvelle, marquée à l'époque par l'idée sérielle. Seule la disposition des instruments autour du public, qui nécessite un espace particulier, a été un frein à sa diffusion. Pascal Decroupet a travaillé longuement sur cette oeuvre, étudiant notamment ses esquisses déposées à la Fondation Paul Sacher à Bâle. C'est l'un des meilleurs connaisseurs de la musique sérielle des années 1950, comme l'indiquent ses travaux sur des compositeurs tels que Stockhausen, Boulez et Pousseur. Dans ce livre consacré à Gruppen, il situe d'abord l'oeuvre dans son contexte et la relie aux conceptions que Stockhausen cherchait alors à formuler, comme les rapports entre structure acoustique et structure harmonique, entre hauteurs et durées, entre micro et macrostructure. L'organisation du temps devient le facteur principal d'unité, qui subordonne tous les aspects de l'oeuvre. Dans un langage aussi clair que possible, avec de nombreux exemples musicaux et des tableaux, Pascal Decroupet prend le lecteur par la main et l'entraîne à travers les différentes étapes de l'élaboration de Gruppen. Il lui donne toutes les informations nécessaires pour aborder l'oeuvre en connaissance de cause. Il est particulièrement attentif à la relation entre l'organisation complexe de l'oeuvre, qui nécessite d'entrer dans l'atelier du compositeur, et sa force expressive, que l'auditeur saisit par l'écoute. Il consacre son dernier chapitre à une telle approche sensible. Magnifique synthèse sur une oeuvre clé et sur les problématiques musicales de l'époque, cet ouvrage est destiné à tous les mélomanes curieux de comprendre la musique du passé récent. Il sera sans doute perçu comme un livre de référence pour toute la production de l'après-guerre et pour la musique de Stockhausen en particulier.

04/2023

ActuaLitté

Histoire du cinéma

Ils y viennent tous... au cinéma ! L'essor d'un spectacle populaire (1908-1919)

L'ouvrage propose de parcourir les différents aspects de la production, de la diffusion et de la réception des images animées à la fin de " Belle Epoque " (1908-1919), moment charnière de l'histoire du cinéma en France. Une histoire d'images, autrement dit d'imaginaires, mais aussi de lieux et de personnes essentielles au développement de ce nouveau mode d'expression Il fut un temps où le cinéma s'appelait le ci-né-ma-to-graphe. A la veille de la Première Guerre mondiale, on parle déjà de cinéma puis très rapidement le sympathique diminutif " ciné " fait son apparition. Une époque, celle des années 1910, où " aller au ciné ", comme on disait alors, était une sortie fréquente, une joie évidente, un plaisir intense, une expérience sensible particulièrement riche pour un public socialement de plus en plus diversifié. Considérant la tranche chronologique 1908-1919 comme un moment charnière de l'histoire du cinéma en France, ce livre propose de parcourir les différents aspects de la production, de la diffusion et de la réception des images animées à la fin de la " Belle Epoque ". Une histoire d'images, autrement dit d'imaginaires, mais aussi de lieux et de personnes essentielles au développement de ce nouveau mode d'expression qui cherche sa place dans le champ culturel. Les années étudiées sont décisives dans la mise en place des modalités du spectacle cinématographique. C'est-à-dire dans l'élaboration d'une activité industrielle, commerciale et d'une pratique culturelle spécifique préfigurant ce que nous connaissons aujourd'hui. Une expression de 1917, " Ils y viennent tous... au cinéma ! ", donne son titre au livre. Elle traduit d'abord et avant tout l'engouement suscité par un loisir de plus en plus populaire. En effet, la faveur du public se porte massivement sur ce média moderne et les vedettes qu'il valorise. C'est ce que d'aucuns appellent " la folie du cinéma ". Le titre renvoie également à l'intérêt que le cinéma suscite auprès des metteurs en scène, des décorateurs, des costumiers, des comédiens venus du théâtre ou du music-hall, mais aussi des peintres et des musiciens pour qui le cinéma est un nouveau tremplin. Des journalistes, des intellectuels, des écrivains et des poètes veulent désormais écrire ou créer pour l'écran en prenant en considération ses possibilités artistiques. A ceux-là, il convient d'ajouter, bien sûr, les banquiers, les industriels, les politiques, les militaires, les scientifiques, les laïcs et les religieux qui réalisent tous combien les usages du cinéma peuvent être intéressants, en instruisant, en distrayant ou pour encadrer la foule. C'est à cette période extraordinairement riche que l'ouvrage redonne vie par le biais d'une belle iconographie constituée de documents et d'objets issus des collections de plusieurs institutions patrimoniales (Cinémathèque française, CNC, BnF, Musée Albert-Kahn, BHVP, ECPAD, Musée Gaumont, Fondation Jérôme Seydoux-Pathé, Bilipo, Archives départementales de la Gironde, Bibliothèque Jacques Doucet, Cinémathèque de Toulouse).

12/2021

ActuaLitté

Histoire de France

Port-Royal

Port-Royal est un biais privilégié pour comprendre l'histoire politique, religieuse et intellectuelle du Grand Siècle. Comment un petit couvent sans éclat, perdu dans la vallée de Chevreuse, a-t-il pu s'imposer, en quelques années, comme le centre spirituel, culturel et moral de la France ? Fleuron de la réforme catholique, au coeur de la plus importante querelle théologique d'alors - celle du jansénisme -, le monastère de Port-Royal, auquel furent liés, de près ou de loin, les plus grands écrivains (Pascal, La Rochefoucauld, Racine, Mme de Sévigné...), irradia la société de son temps. C'est en 1608, sous l'impulsion de la mère Angélique, que commence la réforme de Port-Royal : la jeune femme décide de mettre en oeuvre au monastère la "règle de stricte observance". S'imposant dès lors comme un modèle de rigueur et d'austérité, Port-Royal commence son irrésistible ascension. L'abbé de Saint-Cyran y prêche, diffusant la doctrine de son ami Jansénius, imprégnée d'augustinisme. Il y fonde les Petites Ecoles, qui révolutionnent l'enseignement - alors monopole des jésuites. Port-Royal attire : de nouvelles vocations, mais aussi des femmes du monde, qui viennent s'y retirer, ou encore les "Solitaires" - ces hommes désireux de mener une vie tournée vers Dieu sans pour autant entrer dans les ordres, et qui, pour ne pas déroger à l'exigence de labeur, s'illustreront par des travaux remarquables, parmi lesquels la première traduction en français moderne de la Bible. Promouvant l'exigence spirituelle contre le faste et l'ostentation des biens de ce monde, Port-Royal ne pouvait que s'attirer les foudres de Louis XIV, dont le règne était marqué par le culte du moi et du divertissement : après avoir brillé au milieu des persécutions, l'abbaye fut finalement rasée en 1712, sur ordre du roi, qui souhaitait qu'il n'en demeurât pas un seul vestige. Comprendre à quoi tient la puissance singulière de cette poignée de femmes et d'hommes dévoués à Dieu, scruter les plis de leurs vies, traquer leurs voix au plus juste de ce qu'elles furent... Voilà ce que propose cette anthologie, qui rassemble des textes d'auteurs célèbres (Pascal, Racine, Saint-Cyran, Lemaistre de Sacy, etc.) comme de religieuses anonymes. On y découvrira l'histoire de l'abbaye, de sa fondation à sa destruction ; la description des lieux et des activités quotidiennes ; les Vies des principales personnalités de Port-Royal ; des écrits spirituels ; des récits de captivité de religieuses... Formant un fabuleux gisement narratif, cet ensemble de textes d'époque, d'une qualité littéraire remarquable, fait renaître tout un pan de l'âge classique. Etablie et présentée par Laurence Plazenet, l'anthologie Port-Royal est l'oeuvre d'une spécialiste incontestée de la période, et d'un écrivain qui, par sa plume, transporte le lecteur. Elle s'impose comme une référence absolue sur le sujet.

10/2012

ActuaLitté

Sciences politiques

Crise et avenir de la démocratie

" Ce qui, pour les pouvoirs publics, est désormais primordial, c'est leur efficacité et leur continuité. Nous vivons en un temps où des forces gigantesques sont en train de transformer le monde. Sous peine de devenir un peuple périmé et dédaigné, il nous faut, dans les domaines scientifique, économique, social, évoluer rapidement. [...] Il y a là des faits qui dominent notre existence nationale et doivent, par conséquent, commander nos institutions. La nécessité de rénover l'agriculture et l'industrie, de procurer les moyens de vivre, de travailler, de s'instruire, de se loger, à notre population rajeunie, d'associer les travailleurs à la marche des entreprises, nous pousse à être, dans les affaires publiques, dynamiques et expéditifs ", expliquait le général de Gaulle le 4 septembre 1958 pour justifier et fonder le passage à une cinquième République. C'était il y a soixante ans, et on ne saurait mieux décrire la situation d'aujourd'hui, mot pour mot, à la réserve près que la population " rajeunie " d'alors a beaucoup vieilli. Elle voit cette exigence " d'efficacité et de continuité " s'illustrer de nos jours dans des régimes comme celui de la Chine, aux antipodes de l'évolution qu'a connue notre République. A force de se vouer à toutes sortes d'ayant-droits, privilégiant l'égalité et la fraternité, celle-ci a perdu des degrés de liberté. Pire, s'étant ainsi soumise au " jamais assez ", elle passe (injustement) pour inefficace. Comment " être dans les affaires publiques, dynamiques et expéditifs" sans rien changer au " modèle français " est devenu un problème insoluble, causant durant trente ans l'essai décevant et discontinu de toutes les formules politiques envisageables, jusqu'à devoir finalement opter entre celles qu'on n'envisageait pas, et choisir enfin l'audace. Tout se passe comme si les démocraties étaient prises à contre-pied dans le monde présent : par l'évolution technologique qui dépouille l'autorité de tout magistère au profit des individus, par les forces qui orientent le monde, et sur lesquelles le suffrage n'a guère prise. Au regard de cette mutation globale, les fautes et carences qui expliqueraient la crise de la démocratie dans tel ou tel pays sont secondaires. Elle est le symptôme d'une transformation d'ensemble qui met partout en cause les formes et principes de la gouvernance. Ayant cependant à l'esprit que " le reniement de l'idéal démocratique de dignité, d'égalité et de respect de la personne humaine " serait nécessairement une nouvelle fois ta matrice d'une régression dramatique de l'humanité, la Fondation Prospective et Innovation et la Revue Futuribles concourent par le présent livre à frayer les chemins d'un avenir pour la démocratie. " C'est en un temps où il lui fallait se réformer ou se briser que notre peuple, pour la première fois, recourut à la République ", observait de Gaulle le 4 septembre 1958. Ce souvenir fécondait ce jour-là la création de la Ve République. Il reste germinal en 2018.

02/2018

ActuaLitté

Sciences politiques

Europe, l'atout à défendre

Qui ne connaît la fameuse réplique de César à Escartefigue lors de la partie de cartes marseillaise du film de Korda et Pagnol, Marius (1931, Acte III, scène 1), où il le presse de jouer son atout, de "se fendre" comme on dirait en escrime : "Tu me fends le coeur" ? On y songe en pensant à l'Europe, atout incomparable pour l'humanité comme pour les Européens, mais dont la situation, de quelque manière qu'on la prenne, fend le coeur. Non que les Européens soient vraiment à plaindre, comparativement à d'autres. Mais, comparativement aussi ils éprouvent un sentiment de déclin relatif : la Chine, les USA, les BRICS, l'Islam, l'Afrique occupent désormais une place croissante et comme en surplomb d'eux, qui les voyaient depuis si longtemps comme en contrebas. Eminente comme elle est toujours, l'Europe pourrait pourtant faire face à ces nouvelles configurations, et pourquoi pas en dominer plus que d'autres le cours. Cependant, elle s'égare et s'abime dans des doutes sur elle-même, dont le referendum anglais du 23 juin 2016 a donné toute la mesure. L'atout est galvaudé, souvent par ceux-là mêmes à qui il donnait une bonne main. A travers un cycle d'entretiens ayant comporté une mission à Bruxelles, des rencontres avec plusieurs ambassadeurs à Paris, un séminaire de bilan, la Fondation Prospective et Innovation s'est attachée en 2018 à examiner ce paradoxe européen d'un certain délitement interne à l'heure où le besoin d'Europe s'affirme de toutes parts dans le monde - n'est-elle pas la charnière articulant l'Eurasie qui se dessine à l'Eurafrique qui s'esquisse ? Le présent ouvrage en rend compte. L'idée directrice qui s'en dégage est que l'axe du débat doit se déplacer de l'intérieur et du passé vers le dehors et l'avenir. L'affaire n'est plus tant de disserter entre Européens sur la meilleure manière de l'être, et de cultiver à cet effet l'acquis des décennies passées, que de discerner en quoi, dans le monde tel qu'il est, être Européen est une chance, une ressource, un devoir aussi envers l'avenir. "Nous vivons en un temps où des forces gigantesques sont en train de transformer le monde" disait déjà le général de Gaulle le 4 septembre 1958 pour en conclure que "Il y a là des faits qui dominent notre existence nationale et doivent, par conséquent, commander nos institutions". Mutatis mutandis, soixante ans plus tard, la formule s'applique parfaitement à l'Union Européenne de demain. Celle-ci reste un atout majeur pour le monde. Un atout à défendre par les Européens unis. L'imperfection n'est pas une tare, pourvu que l'union l'emporte indéfectiblement sur les discordances. Comme le dit encore le César de Pagnol (Marius, III, 2) "Si on ne peut plus tricher avec ses amis, ce n'est plus la peine de jouer aux cartes", pensée plus profonde qu'il n'y paraît.

12/2018

ActuaLitté

Littérature française

Souviens-toi ramier... Contes d'amour kabyles

Ces vingt-deux contes d'amour kabyles ont été recueillis dans les villages de Kabylie dans les années 1980. Leur quête et leur publication furent ardues à cause de la situation politique en Algérie entre 1992 et 2002, qui entraîna déplacements de populations et traumatismes liés au terrorisme. Ces contes appartiennent, pour la plupart, à la littérature orale, ils sont généralement rapportés par les femmes. La société kabyle s'est ingéniée à décharger dans le phantasme le surplus de ses privations. Ainsi, l'amour banni, parce qu'il est absent, parce qu'il est en fuite le jour, est-il représenté majestueusement la nuit… à la lueur timide des dernières braises… La femme dans le conte ne figure pas seulement un objet de désir, elle est reflet de l'amour que le héros porte en lui. Amour miroir choisi par l'homme pour s'y mirer, s'y qualifier. Miroir idéal ou miroir monstrueux tant qu'il n'a pas atteint son but : amour dangereux où il faut affronter l'autre (l'ogre ou l'ogresse). Un des mythes fondateurs de la culture kabyle enseigne que l'univers a été créé (mis au monde) par une femme dite Yemma-s n Ddunit. Mère du monde, Yemma-s n Ddunit avait un réel pouvoir, elle régnait sur tout et tous dans un univers enchanté, mais elle commit une grave faute en laissant échapper un pet, sa magie disparut. Depuis, trois figures de femmes surgissent dans les contes : Settoute, la vieille femme méchante, Tsériel, la femme sauvage, Loundja (fille de Tsériel), la femme divine, qui se métamorphose parfois en perdrix. Mère ogresse, fille divine, le héros prédestiné à la conquérir, un prince ou un garçon pauvre, célibataire, vivant chez sa mère, devra accomplir un périple initiatique, déjouer les maléfices de la méchante, amadouer la sauvage, conquérir sa jeune fille, enfin comprendre le message : le sens de l'existence, que lui délivrera Loundja. Au terme du voyage, le prince sera à l'origine de la fondation d'un nouveau groupe, d'une nouvelle société, d'un nouvel état de conscience…Que mon conte soit beau et se déroule comme un long fil ! Il était une fois un prince… Les contes d'amour kabyles sont présentés et édités par Tassadit Yacine-Ttitouh, spécialiste de la culture berbère, directeur d'études à l'École des Hautes Études en Sciences Sociales (Laboratoire d'Anthropologie sociale). Elle est notamment l'auteur de Poésie berbère et Identité, de L'Izli ou l'amour chanté en kabyle (Éditions de la MSH), de Les Voleurs de feu et Aux origines du malaise culturel des intellectuels algériens (La Découverte). Elle anime la revue d'études berbères Awal, fondée en 1985 avec l'anthropologue algérien Mouloud Mammeri. Elle a édité les Esquisses algériennes de Pierre Bourdieu (Seuil, 2008) et le Journal 1928-1962 de Jean El Mouhoub Amrouche (Non Lieu, 2009)

03/2017

ActuaLitté

Histoire de l'art

Une histoire de l'art d'après Auschwitz. Volume 1, Figures disparates

En quoi Auschwitz a-t-il rompu les modalités traditionnelles de représentation de la figure humaine ?? Dans quelle mesure cette rupture s'est-elle logée dans la modernité au point d'y passer en partie inaperçue ?? L'art contemporain est-il simplement un art après Auschwitz ou bien, de manière plus complexe, un art d'après l'événement ?? Telles sont quelques-unes des questions qui donnent leur orientation à cette Histoire de l'art d'après Auschwitz. Le premier volume, qui paraît présentement, s'intitule Figures disparates. Il sera suivi par deux autres ? : Figures disparues et Configurations. A bien des égards, cette vaste étude se veut aussi une contre-histoire de l'art, une relecture critique des fondements de la modernité artistique et une généalogie de l'art contemporain. Ce premier volume, Figures disparates remonte aux sources de ce paradigme forgé à la Renaissance qu'on définit comme celui d'une esthétique du discernement, lequel implique tout un système de représentation théorico-pratique. Le premier chapitre retrace en ce sens la fondation des "? Figures discernables ? " à partir du retour des ombres portées dans la Florence du début du XVe siècle avec Masaccio. Alberti, son contemporain, formalise ce système dans son De Pictura à la même période en y promouvant l'idée selon laquelle un tableau représente l'historia. Tout le discours sur l'art postérieur à Alberti entérine cette idée et la renforce philosophiquement en considérant que l'oeuvre obéit à une idea qu'elle révèle. Cette façon d'investir l'oeuvre d'une fonction de discernement de l'histoire et de l'idée en implique une autre, plus tacite mais déterminante, tant sur le plan artistique que politique ? : celle de discerner la peur. A contre-courant de cette tendance majoritaire, un certain nombre de figures apparaissent néanmoins comme disparates, comme le suggère le deuxième chapitre. Elles tentent de rendre compte de trois grandes peurs - celles de la décréation, du désordre et du désastre - auxquelles correspondent trois phénomènes archétypiques - le déluge, la peste et la guerre. Dans chaque cas, on assiste à un antagonisme entre ces événements et leur réintégration dans l'orbe de l'esthétique du discernement. C'est cette tension qui produit historiquement des figures disparates, dont Francisco Goya serait le grand pourvoyeur. Il est aussi celui qui prépare le terrain à des figures d'un autre type, qui ressortissent quant à elles à l'époque moderniste proprement dite, du milieu du XIXe siècle au milieu du siècle dernier. Ces figures sont qualifiées de critiques dans le troisième chapitre. En elles se manifeste effectivement une tendance autoréflexive qui fait qu'elles se transforment en apparence sous l'effet de l'art pour l'art. Toutefois, à y regarder de plus près là encore, nombre d'entre elles évoquent plus ou moins explicitement la guerre, ou à tout le moins le contexte historique de plus en plus belliqueux dans lequel elles s'inscrivent (Guerre civile états-unienne, Première Guerre mondiale, ou Guerre d'Espagne).

04/2024

ActuaLitté

Dictionnaires et ouvrages géné

Frontières, entre histoires et géographies

Le Château de La Roche-Guyon présente du 19 mai au 28 novembre 2021 l’exposition Frontières, entre histoires et géographies. Son commissariat est assuré par Michel Foucher, géographe, diplomate et essayiste, titulaire de la chaire de géopolitique appliquée au Collège d’études mondiales (Fondation Maison des Sciences de l’Homme) depuis 2013. Cette exposition est la pierre angulaire d’une Saison thématique intitulée «Frontières». Situé aux confins de l’ancien duché de Normandie et du royaume de France, sur une limite marquée par la rivière Epte il y a 1 110 ans, et surplombant la Seine, voie de passage longtemps menaçante, le château de La Roche-Guyon se prête à merveille à l’exploration de cette question. A partir de l’échelle locale visible en Val d’Oise et de l’ancienne frontière de l’Epte, encore présente sur les cartes, se déroule l’histoire de la formation des frontières françaises et se décline la géographie de ces lignes imaginaires. On découvre comment la Manche, une mer pour deux royaumes, frontière naturelle par excellence, au moins en apparence, fut d’abord une zone de rivalités séculaires, avant de se muer en interface active et fréquentée. On s’interroge sur l’Europe, vieux continent aux limites récentes, on rappelle l’histoire de la gestion de ses frontières par l’Union européenne et on s’interroge sur la façon dont ses habitants les vivent. Se dessinent les enjeux du contrôle des mobilités, avec l’invention du passeport, ceux des flux migratoires – la frontière protège l’exilé et son au-delà attire le jeune migrant en quête d’un sort meilleur. On représente les moyens de l’échange, l’actualité autour des frontières avec la crise sanitaire suite à la pandémie de Covid-19 Bien évidemment, l’internet sans frontières, les datacentres et les câbles sous-marins, nouvelles artères de la planète, sont évoqués.La mise en vis-à-vis photographique des murs qui séparent et des ponts qui relient off re l’occasion d’une réflexion à la fois esthétique et éthique sur le sens des limites dans notre monde contemporain. On met en évidence les tensions autour des frontières, sur mer et sur terre, y compris sur les cols de l’Himalaya, entre Inde et Chine. Enfin, des images satellites des frontières dans le monde seront l’occasion de s’évader et de rêver les frontières.D’ailleurs, elles inspirent. Les représentations de frontières par des artistes tels que Monet, Turner, Klee, Ernest Pignon-Ernest ou encore Youcef Korichi confi rment la diversité de ces influences.

08/2021