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Négritude

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Géopolitique

Pour un panafricanisme révolutionnaire. Pistes pour une espérance politique continentale

Née, paradoxalement, dans les lieux d'exil de la traite esclavagiste transatlantique, l'aspiration à une "communauté de destin" des peuples d'Afrique a toujours occupé l'horizon des mouvements politiques et sociaux continentaux. Saïd Bouamama tente aujourd'hui d'en actualiser les termes. Déjà auteur de Figures de la révolution africaine et de La Tricontinentale, les peuples du tiers-monde à l'assaut du ciel, le sociologue se fait d'abord historien et nous montre comment les principaux acteurs des luttes d'indépendance et certains des bâtisseurs des Etats-nations postcoloniaux concevaient cette perspective. Sollicitant de nombreux écrits, propos et discours - produits notamment autour de la création de l'Organisation de l'unité africaine, en 1963, mais aussi à l'occasion du Festival culturel panafricain d'Alger de 1969 -, il nous donne ainsi à voir toute la richesse et la modernité des problématiques déjà explorées alors. Du Bissao-Guinéen Cabral jusqu'à l'Egyptien Nasser, en passant par le Sénégalais Diop ou encore le Congolais Lumumba, mais aussi les Martiniquais Césaire et Fanon, cet ouvrage donne à penser le foisonnement et la richesse des réflexions et pratiques panafricaines. Car c'est l'un des apports significatifs de cette "? contribution ? " que de contester la frontière, selon lui artificielle (ou, pour le moins, politiquement tracée), entre Afrique dite "noire" et Afrique du Nord. Soucieux de surmonter ces fractures, qu'elles relèvent de phénomènes historiques effectifs ou de constructions symboliques, l'auteur revient avec précision et sans concessions sur l'histoire anté-coloniale du continent, en particulier sur les traites esclavagistes dites "? traditionnelles" ou "musulmanes" . De même, il développe une critique rigoureuse des multiples essentialismes ("négritude" , "berbéritude" , "afrocentrisme" ...), pour certains hérités du regard "orientaliste" posé depuis les anciennes métropoles, qui compromettent le projet émancipateur panafricain. Un projet qui, rappelle l'auteur et pour paraphraser Amílcar Cabral au sujet des indépendances, ne vaut que s'il se traduit en une amélioration réelle des conditions de vie des populations.

04/2023

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Musique, danse

Jack Teagarden. Pluie d'étoiles sur l'Alabama

" Le 15 janvier 1964, Weldon Leo Teagarden meurt d'une crise cardiaque dans une chambre d'hôtel de La Nouvelle-Orléans où, comme toujours, il ne faisait que passer... Personne n'était là. Personne, sinon peut-être les ombres familières engendrées par les ombres anonymes, ces ombres sans mystère qui s'allongent quand le soleil descend... " Mais avant d'en arriver là, quelle route, quelles pistes entremêlées avait-il empruntées, celui que de prestigieux musiciens, à commencer par Louis Armstrong, ont considéré comme l'un des plus singuliers trombonistes du jazz classique, voir comme le plus irremplaçable de tous ? Sa vie fut une histoire blanche cousue de fil noir, à partir du moment où, très tôt dans son enfance, dans la petite ville de western texan où il avait vu le jour, il rencontra le gospel que des nomades de la misère et de la foi, éternelles " personnes déplacées " par leur négritude, promenaient de campement en campement. Plus tard, quelque part du côté de Houston, ce serait le blues qu'il trouverait sur sa route. Le blues sous la forme, raconte Alain Gerber, d'une " ombre bleue qui s'échappe d'une Bessie Smith égorgée du dedans par sa chanson ". Après quoi, " M. T ", comme on le surnommait, fut à jamais un transfuge béatement égaré entre les couleurs de peau, les communautés, les styles de jazz, la tradition et le futurisme. Écartelé, aussi, entre les rodomontades et les renoncements, l'angoisse et la frivolité, entre les défis et les dérobades, une formidable propension à la nonchalance et de formidables aptitudes à se surpasser. Jusqu'au jour où, pour citer encore l'auteur de cet ouvrage, il rejoindra " l'ombre que fait le silence quand il retombe ". " Si Alain Gerber est aujourd'hui notre plus précieux conteur de jazz, c'est parce qu'il sait faire vivre tous ces jeux d'ombres et de lumières qui font la vie des musiciens poètes. Lui aussi est un faiseur de pluie d'étoiles sur l'Alabama. " Gilles Anquetil

01/2003

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Histoire internationale

La construction transatlantique d'identités noires. Entre Afrique et Amériques

Il y a près de quinze ans L'Atlantique noir de Paul Gilroy révolutionnait notre regard en mettant cet océan au coeur de l'histoire des Africains. Les textes réunis ici par Livio Sansone, Elisée Soumonni et Boubacar Barry à l'issue d'un colloque tenu à Gorée en 2002, prolongent cette nouvelle approche des identités africaines. La racialisation des Noirs apparaît comme une réalité moderne, inscrite dans une histoire, celle des séquelles de la traite, et dans un espace, l'Atlantique. Ce livre est un antidote aux images négatives de l'Afrique, mais aussi contre tous les fantasmes passéistes, qui font écho, à l'envers, aux préjugés européens. La négritude avait exprimé la quête d'un resourcement dans les origines, dans une identité noire substantielle, avec le risque du maintien idéologique hors d'une histoire pourtant bel et bien vécue par les Africains, qu'ils soient en Afrique, aux Amériques ou ailleurs. Depuis plus de trois siècles, l'imaginaire africain s'est en fait construit sur les deux rives de l'océan, sur un horizon transcontinental. Si les cultures africaines anciennes ont marqué le monde issu des plantations esclavagistes américaines, les sociétés africaines contemporaines ont été en quelque sorte " blackisées ", non pas dans le regard méprisant venu d'Europe, mais dans le regard combatif venu des Amériques. Les musiques et les cuisines ont circulé dans les deux sens. En soulignant cette ouverture internationale, ce livre montre la richesse d'une réalité africaine trop souvent caricaturée de manière manichéenne. En Afrique même, après avoir été le dangereux horizon qui inspirait les assignations ethniques et raciales, celui des comptoirs de traite, l'Atlantique est devenu porteur d'espoir, celui du message panafricaniste des Africains d'Amérique. Une complexité analogue est décryptée sur le versant sud d'outre-Atlantique. Le cas brésilien est le plus développé dans cet ouvrage, un pays qui est l'exemple même d'une complexité non réductible à une opposition binaire Noirs-Blancs : lieu de mémoire du passé esclavagiste, comme l'avait déjà montré Pierre Verger en 1968, il est aussi devenu un foyer de recomposition et de renaissance des sociétés noires, ouvert sur le monde.

01/2011

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Critique littéraire

C'était Senghor

Aujourd'hui chacun s'arroge le droit de se prononcer pour ou contre Senghor. J'ai moi-même pris, pendant quelque temps, l'habit du censeur et du critique irréductible. Je me suis cru, dans mes jeunes années, autorisé à porter mon regard sur un homme, qui symbolisait à mes yeux l'Afrique contemporaine, et à juger ses hésitations, ses manquements, ses approximations, ses complexes, comme la cause essentielle du bourbier dans lequel se débat l'Afrique aujourd'hui. Senghor avait été président de la République d'un de ces Etats africains nouvellement créés, dans les années 60. Il avait participé, avec les Houphouët-Boigny, Modibo Keita et Nkwame N'krumah, au rêve d'un autre monde, et s'était heurté au mur implacable de la réalité. Mais au fond, que savais-je de Senghor hormis ces données factuelles, dont tout le monde pouvait disposer : la Négritude, les indépendances, l'Académie. Il est temps de se débarrasser des flatteries tardives, des reproches injustifiés et de s'intéresser, ne serait-ce que pour une fois, à l'homme. Né en 1906, il est le fruit de son temps et le destin qu'il se forge celui de hasards, de calculs, d'intuitions. Mais tenter de le comprendre sans aborder les deux guerres mondiales, les guerres algériennes et indochinoises, les mouvements des droits civiques aux Etats-Unis ou la révolution cubaine reviendrait à parler du poète comme d'un Homme qui a bâti sa légende hors de tout contexte. Il ne s'agit pas ici de légendes, mais de vie. L'une des obsessions senghoriennes était le rapport de la France avec ses anciennes colonies. Les événements récents qui ont secoué la France, les questions de l'immigration, de l'esclavage ou de la colonisation, de la Côte d'Ivoire, des anciens combattants harkis et des banlieues procèdent toutes, d'une manière ou d'une autre, d'une histoire que, ni les Français, ni les Africains n'ont jamais eu le courage d'affronter avec la lucidité indispensable à des nations adultes. De tout cela, Senghor avait eu l'intuition. Dans le contexte d'un autre siècle et d'un autre millénaire, mais dont les échos, entêtants, résonnent encore avec une violence assourdissante.

05/2006

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Littérature étrangère

Hommage à Valentin Yves Mudimbe. Pour un nouvel ordre africain de la connaissance

Argumentaire "De tout temps, les écrivains ont joué un rôle prépondérant dans la vie de leur société. Des scribes de l'Egypte ancienne aux poètes des révolutions française et russe, en passant par les philosophes grecs, et récemment les écrivains de la Négritude africaine, l'écrivain a toujours bénéficié d'un statut particulier en incarnant la conscience de son peuple et en servant d'instigateur de l'évolution sociale. V. Y. Mudimbe, nous semble-t-il, n'a pas failli à cette mission multiséculaire de tout écrivain digne de ce nom. Car, grâce à une plume haute en couleur et lumineuse, grâce à un réel engagement au sein de son pays d'origine, la République démocratique du Congo, de son continent, l'Afrique et du reste du monde par sa qualité d'écrivain, sa carrière d'enseignant et de chercheur, V. Y. Mudimbe a contribué - à n'en pas douter -, au renouvellement du discours africain. [... ] Les différentes contributions réunies dans cet ouvrage se veulent un hommage à V. Y. Mudimbe au regard de son exceptionnel parcours intellectuel et scientifique qui en a fait aujourd'hui un nom célèbre, principalement dans le monde universitaire. L'un des principaux écrivains de la littérature congolaise écrite de langue française, son oeuvre est d'une diversité remarquablement riche et étonnante. Sa fécondité couvre presque tous les genres d'écriture : poésie, roman, essai, autobiographie, etc. Cette écriture révèle une profonde recherche de dépassement de l' "Etat honteux" dans lequel pataugent les peuples africains des indépendances tropicales et même "tropicalisées" par des dictateurs impénitents". (Extrait de A. Mbuyamba-Kankolongo, Avant-Propos, p. 13-16). L'oeuvre de Mudimbe ouvre des perspectives nouvelles en sciences humaines. Ses implications futures sont prévisibles sur un champ social africain longtemps enfermé dans la sphère judéo-chrétienne. Les contradictions épistémologiques qui conduisent le vénérable bénédictin Frère Mathieu à devenir un défroqué - Echappant de justesse au déterminisme de l'Eglise catholique romaine, pour recouvrir ses origines -, font de V. Y. Mudimbe une figure majeure de la Modernité africaine. Cet hommage, organisé par A. Mbuyamba Kankolongo, signe l'actualité, la vitalité ainsi que la singularité de la problématique posée par V. Y. Mudimbe. Celle du paradigme identitaire qui constitue le socle à partir duquel pourra se construire une véritable Modernité africaine. Cet ouvrage éclaire l'oeuvre et facilite sa vulgarisation.

04/2011

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Littérature française

Les Républicains

Novembre 2016 : trente ans après s'être connus à Sciences Po où ils ont préparé l'ENA, deux anciens camarades se retrouvent à l'occasion d'une émission de Thierry Ardisson consacrée à la promo 1986 de l'école de la rue Saint-Guillaume. La fille en noir est une essayiste qui s'est vite affranchie de la « négritude » au service des puissants pour consacrer sa plume à Retz et à Swift. Guillaume Fronsac est énarque, banquier d'affaires et auteur d'un livre sur Machiavel qui, pense-t-il, fait de lui un écrivain. Unité de temps : ces deux là ne se quitteront plus, de 17h00 à Minuit. Unité de lieu : du 93 faubourg Saint-Honoré à leurs appartements respectifs en passant par les décors luxueux du Régina, de l'hôtel Meurice et celui de Talleyrand, ils vont déambuler dans le coeur du Paris historique du pouvoir régalien et de la Révolution française. Unité d'action : une joute intellectuelle et un suspense amoureux où se joue, à travers le bilan de leurs vies, celui d'une génération qui aura vu les politiques abandonner la mémoire culturelle et historique de leur pays. Que le spectacle commence ! Nous sommes successivement dans sa tête à elle, dans sa tête à lui et dans celle d'un narrateur omniscient. Anatomie cruelle de la chute de la maison France, advenue en trente ans avec les premières cohabitations, la collusion progressive du public et du privé et la décomposition du politique réduit à cet éternel bal des prétendants dont les fantômes jamais rassasiés de pouvoir ne cessent de nous hanter. Nostalgie sur son identité aussi, fracassée depuis le divorce de la République des lettres et de la République tout court, dans un pays où la littérature avait jusqu'alors toujours été politique et la politique littéraire. Jeu entre ces deux personnages qui s'étaient jadis embrassés le temps d'une fête, qui se cherchent et se défient, et pour lesquels, jeux de pouvoir et de séduction se confondent. En sept puissants chapitres qui scandent les heures et les lieux traversés, Cécile Guilbert mêle la grande histoire à la petite pour dresser un portrait peu flatteur d'un pays dont les élites sont à la dérive. Et elle n'épargne personne : pas plus les importants du jour croqués dans des portraits assassins que ses propres personnages, dont elle se joue avec une ironie grinçante. D'une plume allègre, cruelle et brillante, elle nous emporte dans son roman comme dans une pièce de théâtre dont on ressort séché. Autant qu'impressionné.

02/2017