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Anthropologie de situations. L'influence de Jean-Paul Sartre

Extraits

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Théâtre

Les séquestrés d'Altona. Pièce en 5 actes

- La guerre, on ne la fait pas : c'est elle qui nous fait. Tant qu'on se battait, je rigolais bien : j'étais un civil en uniforme. Une nuit, je suis devenu soldat pour toujours. Un pauvre gueux de vaincu un incapable. Je revenais de Russie, je traversais l'Allemagne en me cachant...

02/1972

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Littérature française (poches)

Les Chemins de la liberté Tome 1 : L'âge de raison

Ivich regardait à ses pieds d'un air fermé. - Il doit m'arriver quelque chose. - Je sais, dit Mathieu, votre ligne de vie est brisée. Mais vous m'avez dit que vous n'y croyiez pas vraiment. - Non, je n'y crois pas vraiment... Et puis il y a aussi que je ne peux pas imaginer mon avenir. Il est barré. Elle se tut et Mathieu la regarda en silence. Sans avenir... Tout à coup, il eut un mauvais goût dans la bouche et il sut qu'il tenait à Ivich de toutes ses forces. C'était vrai qu'elle n'avait pas d'avenir : Ivich à trente ans, Ivich à quarante ans, ça n'avait pas de sens. Il pensa : " Elle n'est pas viable. "

11/2006

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Philosophie

Situations. Tome V : Mars 1954 - Avril 1958, Edition revue et augmentée

La guerre d'Algérie, qui débute en novembre 1954, amène Sartre à réfléchir sur la colonisation, la décolonisation, le terrorisme, la torture et la censure. Au cours des années suivantes, il continue à s'interroger sur le communisme, sans pour autant délaisser les arts. Il publie une préface à un ouvrage de Cartier-Bresson, " D'une Chine à l'autre ", un article pour la revue de la galerie Maeght sur la peinture de Giacometti, un premier fragment d'une importante biographie existentielle consacrée au Tintoret. Enfin, en 1958, avec la préface au Traître, l'auteur de La nausée trace un portrait en miroir de son ami et collaborateur des Temps Modernes, André Gorz.

12/2018

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Cinéma

Typhus

"Au milieu de l'année 1943, la firme Pathé s'était avisée que la Libération, sans doute proche, permettait d'envisager des projets sans entraves. Mais la vie ne reprendrait pas telle qu'on l'avait laissée juste avant la guerre. Le cinéma non plus. Un renouvellement semblait nécessaire. La firme décida de proposer à des écrivains de composer des scénarios. Pressenti, Sartre accepta. Dans une colonie en état de panique, tout entière talonnée par une épidémie mortelle, rencontre de deux "vaincus de la vie" : un ivrogne, indicateur de police à ses heures, et une chanteuse de troisième zone, échouée là par hasard. Tel est le sujet de Typhus, que Sartre imagina et développa en un scénario complet ; Jean Delannoy était décidé à le tourner ; si le projet s'enlisa, c'est, selon lui, que Pathé le trouva "trop original". L'auteur de La nausée s'était astreint à une rédaction en deux colonnes - ce qui est à voir d'un côté, ce qui est à entendre de l'autre - à la manière des scénaristes professionnels. Nous publions ce scénario tel que le manuscrit le présente". Arlette Elkaïm-Sartre.

06/2007

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Philosophie

L'existentialisme est un humanisme

"L'existentialisme n'est pas autre chose qu'un effort pour tirer toutes les conséquences d'une position athée cohérente. Elle ne cherche pas du tout à plonger l'homme dans le désespoir. Mais si l'on appelle, comme les chrétiens, désespoir toute attitude d'incroyance, elle part du désespoir originel. L'existentialisme n'est pas tellement un athéisme au sens où il s'épuiserait à démontrer que Dieu n'existe pas. Il déclare plutôt : même si Dieu existait, ça ne changerait rien ; voilà notre point de vue. Non pas que nous croyions que Dieu existe, mais nous pensons que le problème n'est pas celui de son existence ; il faut que l'homme se retrouve lui-même et se persuade que rien ne peut le sauver de luimême, fût-ce une preuve valable de l'existence de Dieu. En ce sens, l'existentialisme est un optimisme, une doctrine d'action."

07/2003

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Philosophie

Situations. Tome 7

De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes : Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde ; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois : le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes ; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue. Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice : Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.

01/1965

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Philosophie

Plaidoyer pour les intellectuels

Pourquoi rééditer ce petit livre paru en 1972 alors que nous vivons à une époque marquée par un désenchantement généralisé à l'égard des intellectuels ? Parce qu'il était nécessaire de rappeler la définition de l' "intellectuel universel" défendue par Sartre. Comme celle-ci a été souvent caricaturée, il fallait revenir à la source et mettre en relief ses lignes de force. Jean-Paul Sartre pose ici trois questions importantes - et tente d'y répondre : qu'est-ce qu'un intellectuel ? Quelle est sa fonction ? L'écrivain est-il un intellectuel ? Point de repère pour comprendre ce que sont devenus les intellectuels depuis les années 1970, ce plaidoyer offre aussi des arguments à ceux qui veulent encore défendre leur cause aujourd'hui.

05/2020

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Critique littéraire

MALLARME. La lucidité et sa face d'ombre

"Dès qu'un but est assigné à l'espèce humaine et que ce but est fini, dès qu'on l'envisage comme réalité, tout sombre dans le sinistre, l'espèce humaine devient fourmi. Le donné se referme sur elle". Cette réflexion de Sartre révèle aussi bien son auteur que Mallarmé lui-même : Sartre a laissé inachevée une partie de ses écrits, et cet essai sur le poète, entrepris en 1952, est du nombre ; quant à Mallarmé, il est mort comme il avait à peine commencé le "Grand Ouvre" pour lequel il se savait élu, but suprême dont le sens était de n'être jamais atteint.

04/1986

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Littérature française (poches)

Les jeux sont faits

- Il m'a empoisonnée ? - Eh oui, madame. - Mais pourquoi ? pourquoi ? - Vous le gêniez, répond la vielle dame. Il a eu votre dot. Maintenant il lui faut celle de votre sœur. Eve joint les mains dans un geste d'impuissance et murmure, accablée : - Et Lucette est amoureuse de lui ! La vieille dame prend alors une mine de circonstance : - Toutes mes condoléances... Mais voulez-vous me donner une signature ? Machinalement, Eve se lève, se penche sur le registre et signe. - Parfait, conclut la vieille dame. Vous voilà morte officiellement. Eve hésite, puis s'informe : - Mais où il faut que j'aille ? - Où vous voudrez. Les morts sont libres.

11/2011

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Philosophie

Questions de méthode

La méthode marxiste actuelle, affirme Sartre dans cet essai écrit en 1957 pour une revue polonaise, " s'identifie à la Terreur par son refus inflexible de différencier. Son but est l'assimilation totale au prix du moindre effort. Il ne s'agit pas de réaliser l'intégration du divers en tant que tel, en lui gardant son autonomie relative, mais de le supprimer ". Ainsi, toute analyse marxiste d'une vie d'homme, d'un événement ou d'une période historique n'est plus qu'un jeu de concepts qui ne découvre rien. Sans remettre en cause les thèses de Marx, notamment sur l'importance des conditions matérielles dans les relations humaines, Sartre entend montrer que ces relations, aussi réifiées qu'elles puissent être, ne se laissent pas dissoudre dans l'économique ; il propose, pour repousser la limite marxiste à une compréhension de l'homme concret, de l'Histoire concrète, une méthode dialectique, progressive-régressive, dont certaines notions sont issues de l'existentialisme. C'est cette méthode qu'il mettra en œuvre dès l'année suivante dans son grand ouvrage (qu'il appelle ici sa " seconde partie ") Critique de la Raison dialectique.

10/1986

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Littérature française

Ecrits de jeunesse

"De Jésus la Chouette à Er l'Arménien, textes dont on connaissait l'existence, mais que seuls les intimes avaient pu lire, six ans de la vie d'écriture de Sartre, de 1922 à 1927 (de dix-sept à vingt-deux ans), nous sont à présent livrés. Trois romans, une nouvelle, un essai mythologique, un carnet de pensées et de citations, des fragments disparates : il ressort de l'ensemble de ces écrits si divers un portrait de Sartre en candidat écrivain, décidé à s'essayer dans tous les registres d'écriture et avec des styles d'emprunt. Ils forment un portrait composite : le pitre, l'héritier de la culture, l'intellectuel ambitieux et sûr de ses idées, le normalien doué et travailleur, l'ami aussi ombrageux qu'affectueux, l'amoureux sentimental et timide, mais qui sait être impérieux et brutal, le solitaire qui se veut métaphysiquement "homme seul" à la Nietzsche, ne se complaît pas à la tristesse et cherche au contraire à séduire par la gaieté, la loufoquerie, le grotesque d'autodérision, l'enthousiasme et l'intelligence constructive". Michel Contat et Michel Rybalka.

10/1990

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Littérature française (poches)

L'enfance d'un chef

Fils de famille, Lucien Fleurier est à la recherche de lui - même : d'une enfance dorée et confortable aux révoltes de l'adolescence, de la bohème aux milieux d'extrême droite, le jeune homme tente de connaître l'homme qui émerge en lui.

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Philosophie

Situations. Tome 10, Politique et autobiographie

Le dixième volume des Situations contient d'abord quatre textes politiques qui traitent de quatre des questions majeures de l'après-mai 68 : les luttes des minorités nationales ("Et si Sartre avait raison ?" se demandait en 1971 Le Monde lorsque sa préface au Procès de Burgos de Gisèle Halimi posa pour la première fois avec une telle netteté le droit des ethnies minoritaires à définir leur identité contre l'État centralisateur) ; les conditions de l'émergence d'une nouvelle gauche révolutionnaire (Les maos en France) ; l'opposition de la justice populaire à la justice d'État ; la contestation radicale de la démocratie représentative (Élections, piège à cons). La seconde partie est formée de trois entretiens à caractère autobiographique. Le premier de ces entretiens porte sur L'Idiot de famille. Dans le second, Simone de Beauvoir interroge Sartre sur ses rapports avec le féminisme. Enfin, le troisième - qui occupe à lui seul la moitié du volume - est la version intégrale et largement inédite de "l'Autoportrait à soixante-dix ans" dont Le Nouvel Observateur a publié des extraits. Dans cette longue conversation avec Michel Contat, Sartre dresse un bilan provisoire de sa vie et donne ainsi une première suite à son autobiographie, Les Mots.

01/1976

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Littérature française (poches)

Le Mur. [nouvelles

- Comment s'appellent-ils ces trois là ? - Steinbock, Ibbieta et Mirbal, dit le gardien. Le commandant mit ses lorgnons et regarda sa liste : - Steinbock... Steinbock... Voilà. Vous êtes condamné à mort. Vous serez fusillé demain matin. Il regarda encore : - Les deux autres aussi, dit-il. - C'est pas possible, dit Juan. Pas moi. Le commandant le regarda d'un air étonné...

05/2005

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Philosophie

Vérité et existence

"Je cherche donc la morale d'aujourd'hui... J'essaye d'élucider le choix qu'un homme peut faire de soi-même et du monde en 1948". Dans cette recherche, Sartre devait rencontrer le problème de la vérité sous un jour particulier ; il l'avait déjà abordé dans ses Cahiers pour une morale (1947-1948) ; quelques mois plus tard il recevait De l'essence de la Vérité, traduction d'une conférence de Martin Heidegger, récemment parue. Il est possible que la lecture de l'opuscule, auquel il fait allusion, l'ait incité à préciser sa propre conception de la vérité et qu'il ait eu, un moment, l'intention de publier Vérité et existence. C'est en tout cas, parmi les écrits posthumes de sa maturité, le seul, à notre connaissance, qui se présente comme un texte complet. Pour l'auteur de L'Etre et le Néant, il s'agit d'évaluer le rôle de l'idée de vérité dans l'intersubjectivité des existants - comme l'indique le titre, qui est sien.

09/1989

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Disques et K7 Littérature

Sartre, autoportrait à 70 ans. 6 CD audio

En mars 1975, Jean-Paul Sartre décide de rendre publique la demi-cécité qui a détruit son métier d'écrivain. Avec Michel Contat, l'un des spécialistes de son œuvre et aussi l'un de ses proches, il enregistre à Junas, chez Arlette Elkaïm-Sartre, la matière d'une interview destinée à paraître dans Le Nouvel Observateur à l'occasion de ses 70 ans. Entre le vieil homme frappé dans sa santé et le jeune homme qui l'aime et l'admire,se noue un dialogue émouvant, où chacun s'efforce d'être vrai, tout en pensant au public qui lira le texte dans un grand journal. Les cassettes de cet entretien avaient été conservées ; elles ont été diffusées par France Culture en octobre 2001. Voici maintenant ce document irremplaçable proposé au public.

07/2005

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Littérature française

L'enfance d'un chef

Fils de famille, Lucien Fleurier est à la recherche de lui-même : d'une enfance dorée et confortable aux révoltes de l'adolescence, de la bohème aux milieux d'extrême-droite, le jeune homme tente de connaître l'homme qui émerge en lui. Jean-Paul Sartre parodie le "roman d'apprentissage" dans le style dépouillé et magistralement maîtrisé qui efface l'écrivain au profit du seul dévoilement de l'homme dans le monde.

09/2023

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Français

Les Mouches. Fiche de lecture

Venez découvrir Les Mouches de Jean-Paul Sartre grâce à une analyse littéraire de référence ! Ecrite par un spécialiste universitaire, cette fiche de lecture est recommandée par de nombreux enseignants. Cet ouvrage contient la biographie de l'écrivain, le résumé détaillé, le mouvement littéraire, le contexte de publication de l'oeuvre et l'analyse complète. Retrouvez tous nos titres sur : www. fichedelecture. fr.

08/2021

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Pléiades

Théâtre complet

Dans l'oeuvre dramatique de Sartre, bien et mal, volonté de résistance et esprit de résignation, héroïsme (réel ou joué) et lâcheté, victimes et bourreaux, idéalistes et réalistes dialoguent et s'opposent au fil de pièces qui empruntent à tous les genres sans en adopter aucun, voire en les détournant tous. Une grande diversité, donc, du moins en apparence : elle a pu masquer la profonde unité de l'oeuvre, qui est un théâtre de l'héroïsme et de sa démythification. Cette unité, il n'est pas certain que les spectateurs des "premières" aient eu le recul nécessaire pour la percevoir. L'édition qui paraît aujourd'hui permet d'en prendre conscience. Même si Huis clos ne cesse d'être représenté avec succès, le théâtre de Sartre est un théâtre d'auteur et de lecture. Réunies dans une édition complète, accompagnées de scènes et de tableaux inédits, de témoignages sur les créations, de déclarations de Sartre et de ses proches, ces pièces qui furent comme le miroir d'un siècle aujourd'hui achevé peuvent désormais échapper à leur époque et être considérées d'un oeil nouveau, pour ce qu'elles sont : une interrogation, comparable à celles des mythes, sur la liberté de l'homme soumis à des situations extrêmes qui peuvent être, et qui sont, sa condition dans tous les temps.

03/2005

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Sartre

Situations. Tome 7, Octobre 1964 - Octobre 1966, Edition revue et augmentée

De mai 1958 à octobre 1964, Sartre est sur tous les fronts. Depuis le premier volume de Situations, on le sait curieux et perspicace ami des écrivains et des artistes : Albert Camus, Paul Nizan, André Masson, Merleau-Ponty, Andreï Tarkovsky... Le refus du prix Nobel de littérature et la tonalité polémique que Sartre lui donne viennent mettre le point final à ces pages consacrées aux lettres et aux arts. Ce qui, incontestablement, tient la première place, c'est le combat politique. La toile de fond en est le conflit algérien et, de manière plus générale, les conflits du Tiers Monde ; y apparaissent de grotesques figures, d'autres que Sartre juge plus pernicieuses et dangereuses pour la démocratie et la République, d'autres enfin qui sont à ses yeux porteuses d'espérance ou véritablement héroïques. Dans ce combat politique, Sartre fait flèche de tout bois : le polémiste y excelle, le moraliste y cisèle ses aphorismes ; la violence va jusqu'au cri, semble emporter l'écrivain au-delà de toute retenue. Mais il est enfin un autre Sartre plus humain, plus fraternel, celui qui part à la recherche de ses amis disparus, qui sont morts prématurément, absurdement, et à qui il faut rendre hommage ou justice : Camus, Nizan et Merleau-Ponty. Ces trois éloges funèbres sont également trois occasions de revenir sur soi, de comparer sa propre vie et celle de ceux qui ont disparu, de voir tout le chemin parcouru, tantôt avec eux tantôt sans eux ou contre eux, de jeter sur qui l'on fut un regard qui n'a nulle complaisance mais qui n'est pas sans tendresse.

11/2021

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Critique littéraire

Situations. Tome 1, Critiques littéraires

" Il y a une crise de l'essai. L'élégance et la clarté semblent exiger que nous usions, en cette sorte d'ouvrages, d'une langue plus morte que le latin : celle de Voltaire. Mais si nous tentons vraiment d'exprimer nos pensées d'aujourd'hui par le moyen d'un langage d'hier, que de métaphores, que de circonlocutions, que d'images imprécises : on se croirait revenu au temps de Delille. Certains comme Alain, comme Paulhan, tenteront d'économiser les mots et le temps, de resserrer, au moyen d'ellipses nombreuses, le développement abondant et fleuri qui est le propre de cette langue. Mais alors, que d'obscurité. Tout est recouvert d'un vernis agaçant, dont le miroitement cache les idées. Le roman contemporain... a trouvé son style. Reste à trouver celui de l'essai. Et je dirai aussi celui de la critique ; car je n'ignore pas, en écrivant ces lignes, que j'utilise un instrument périmé que la tradition universitaire a conservé jusqu'à nous. " J.-P. S. Celui qui lira réunis en volume cette première série d'articles de Sartre (littéraires et philosophiques) pourra juger, en même temps qu'une pensée devenue familière, l'utilisation faite de l' " instrument périmé que la tradition universitaire a conservé jusqu'à nous. "

03/1993

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Philosophie

Situations. Tome 1, Février 1938 - Septembre 1944, Edition revue et augmentée

"Le roman ne donne pas les choses, niais leurs signes. Avec ces seuls signes, les mots, qui indiquent dans le vide. comment faire un monde qui tienne debout ? Car un livre n'est rien qu'un petit tas de feuilles sèches, ou alors une grande forme en mouvement : la lecture. Ce mouvement. le romancier le capte, le guide, l'infléchit, il en fait la substance de ses personnages : un roman, suite de lectures. de petites vies parasitaires dont chacune ne dure guère plus qu'une danse, se gonfle et se nourrit avec le temps de ses lecteurs. Mais pour que la durée de mes impatiences, de mes ignorances, se laisse attraper, modeler et présenter enfin à moi comme la chair de ces créatures inventées, il faut que le romancier sache l'attirer dans son piège, il faut qu'il esquisse en creux dans son livre, au moyen des signes dont il dispose, un temps semblable au mien, où l'avenir n'est pas fait. Si je soupçonne que les actions futures du héros sont fixées à l'avance par l'hérédité, les influences sociales ou quelque autre mécanisme, raton temps reflue sur moi il ne reste plus que moi, moi qui lis, moi qui dure, en face d'un livre immobile. Voulez-vous que vos personnages vivent ? Faites qu'ils soient libres".

06/2010

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Théâtre

Huis clos

Un publiciste adultère fusillé pour avoir déserté, une jeune bourgeoise qui a noyé son enfant et poussé son amant au suicide, une employée des postes lesbienne qui a peut-être une mort sur la conscience : les trois se retrouvent en Enfer. Contrairement à ce qu'ils croyaient, l'Enfer n'est pas une chambre de torture mais un salon Second Empire où ils vont - éternellement - s'épier, se provoquer, tenter de se séduire et surtout se déchirer. On l'aura compris : "L'Enfer, c'est les Autres". Créé en 1944, Huis clos illustre une réflexion philosophique menée par Sartre un an plus tôt dans L'Etre et le Néant, en particulier sur le "regard de l'autre" qui me constitue en "esclave" vis-à-vis de lui. A ce titre, la pièce s'inscrit dans la tradition, vivace jusqu'après la guerre, du "théâtre d'idées". Mais, en interrogeant le sens même de l'existence par des dialogues de tous les jours, dans un décor bourgeois qui figure un univers irréel, elle annonce aussi le "théâtre de l'absurde" qui triomphera dans les années 1950. Comédie de boulevard à portée métaphysique, elle doit à cette vocation paradoxale d'être aujourd'hui encore, en France et à l'étranger, l'un des plus grands succès du théâtre français contemporain.

09/2019

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Philosophie

Situations. Tome 3, Littérature et engagement février 1947-avril 1949, Edition revue et augmentée

Dans son essai Qu'est-ce que la littérature ? (1947), Sartre analyse les différents rôles que cette activité a tenus dans la société française, du XVIIe siècle à la Seconde Guerre mondiale, et explique les raisons qui l'ont poussé à opter pour la littérature engagée ; il se prépare résolument à "avoir le monde entier sur la tête" selon l'expression de Jean Paulhan, parfois au détriment de son oeuvre propre - articles sur la future naissance d'Israël (1948), sur la guerre d'Indochine (1949), appartenance au Rassemblement démocratique révolutionnaire dans l'espoir de contribuer à conjurer la menace de "guerre atomique" entre l'Union Soviétique et les Etats-Unis. Il continue néanmoins à s'intéresser à d'autres aspects de la littérature, à Franz Kafka, à Nathalie Sarraute, aussi bien qu'aux poètes de la Négritude, à l'art de Giacometti comme à l'avenir de la culture.

11/2013

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Pléiades

Les Mots. Et autres écrits autobiographiques

Chez Sartre, l'écriture "personnelle" est longtemps restée souterraine. Héritage social ou familial ? "J'appartiens à une période où la littérature personnelle était peu estimée, du moins par les lecteurs bourgeois et petits-bourgeois dont étaient mon grand-père et les gens qui m'entouraient". Ou volonté, propre à l'écrivain engagé, d'écrire pour son époque plutôt que pour soi ? Les Mots est le seul livre publié du vivant de Sartre qui relève de l'autobiographie, et encore son appartenance au genre a-t-elle été discutée : les catégories sont toujours trop étroites pour les grands textes. En 1964, lors de sa sortie, on y voit évidemment un récit d'enfance (une enfance à laquelle "Poulou" "n'a rien compris", selon la mère de l'intéressé) et un splendide adieu à la littérature, mais on parle aussi d'un essai, d'un pamphlet, d'un livre de moraliste, d'une analyse critique ou philosophique. Une "espèce de roman", ajoutera Sartre, plus tard. Les Mots, à vrai dire, est sui generis. C'est un chef-d'oeuvre, peut-être le chef-d'oeuvre de l'autobiographie au XX ? siècle, et son auteur ne lui donnera jamais de suite. Ce sont des publications posthumes qui viendront révéler l'importance qu'eut pour lui l'écriture autobiographique et la diversité des formes qu'a prises sous sa plume cette veine longtemps réservée aux proches : des carnets de guerre qui sont comme le laboratoire de l'oeuvre à venir, des lettres en forme d'autoportrait, le journal d'un voyage en Italie, des notes prises dans les années 1950 à la relecture des carnets de guerre, les différentes versions et esquisse qui, composées de 1953 à 1963, aboutirent aux Mots de 1964, les textes brefs demeurés épars et ici publiés pour la première fois, sans oublier ces autoportraits partiels, obliques que sont les lumineux "tombeaux" écrits pour les amis, Merleau-Ponty, Paul Nizan. Oblicité : le mot définirait assez bien l'oeuvre autobiographique de Sartre. C'est évident à la lecture des portraits de Nizan et de Merleau-Ponty. Ce n'est pas moins clair dans Les Mots, où l'ironie autorise un jeu complexe entre l'enfant dont il est question et l'adulte qui parle et observe : "Je tiens mon passé à distance respectueuse". Les écrits autobiographiques dont ce volume met au jour la trajectoire secrète ne sont donc pas des écrits pour soi. Se peindre, très bien, mais pour se séparer de soi.

03/2010

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Pléiades

Oeuvres romanesques

Voici le sommaire de ce volume : - Préface, chronologie, note sur la présente édition. - La Nausée. Le Mur. Les Chemins de la liberté : I. L'Âge de raison ; II. Le Sursis ; III. La Mort dans l'âme ; IV. Drôle d'amitié. - Appendices : Dépaysement ; La Mort dans l'âme (fragments de journal) ; La Dernière Chance (fragments). - Notices, notes et variantes. Bibliographie générale. La part de l'inédit dans ce volume est importante. Elle est constituée d'abord par l'intégralité des passages de La Nausée supprimés par Sartre. Puis par la nouvelle Dépaysement retirée in extremis du recueil Le Mur. Par le journal de guerre intitulé La Mort dans l'âme. Enfin par des fragments de ce qui devait être le tome IV des Chemins de la liberté. Inédits aussi certains documents publiés avec les notes, comme la correspondance entre Sartre et son éditeur à propos de La Nausée et une précieuse série de lettres à Simone de Beauvoir concernant la rédaction de L'Âge de raison.

11/2000

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Littérature française

Oeuvres complètes de Jean Genet Tome 1 : Saint Genet, comédien et martyr

Cet ouvrage dont la première édition date de 1952 constitue une magistrale introduction aux Oeuvres complètes de Jean Genet. Voici comment Jean-Paul Sartre avait présenté ce livre en 1952 : « Montrer les limites de l'interprétation psychanalytique et de l'explication marxiste et que seule la liberté peut rendre compte d'une personne en sa totalité, faire voir cette liberté aux prises avec le destin d'abord écrasée par ses fatalités puis se retournant sur elles pour les diriger peu à peu, prouver que le génie n'est pas un don mais l'issue qu'on invente dans les cas désespérés, retrouver le choix qu'un écrivain fait de lui-même, de sa vie et du sens de l'univers jusque dans les caractères formels de son style et de sa composition, jusque dans la structure des images, et dans la particularité de ses goûts, retracer en détail l'histoire d'une libération : voilà ce que j'ai voulu ; le lecteur dira si j'ai réussi ».

02/2011

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Théâtre

Les Mains sales. Pièce en 7 tableaux

" Comme tu tiens à ta pureté, mon petit gars ! Comme tu as peur de te salir les mains. Eh bien, reste pur ! A quoi cela servira-t-il et pourquoi viens-tu parmi nous ? La pureté, c'est une idée de fakir et de moine. Vous autres, les intellectuels, les anarchistes bourgeois, vous en tirez prétexte pour ne rien faire. Ne rien faire, rester immobile, serrer les coudes contre le corps, porter des gants. Moi j'ai les mains sales. Jusqu'aux coudes. Je la ai plongées dans la merde et dans le sang. " Créée en 1948 au théâtre Antoine par François Périer et André Luguet, Les mains sales, pièce sur l'engagement politique, est une des œuvres théâtrales les plus retentissantes de l'auteur de Huis clos, des Mouches, de La putain respectueuse, des Séquestrés d'Altona, du Diable et le bon Dieu.

11/2006

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Théâtre

Huis clos. Suivi de Les Mouches

"Garcin : - Le bronze... (Il le caresse.) Eh bien, voici le moment. Le bronze est là, je le contemple et je com prends que je suis en enfer. Je vous dis que tout était prévu. Ils avaient prévu que je me tiendrais devant cette cheminée, pressant ma main sur ce bronze, avec tous ces regards sur moi. Tous ces regards qui me mangent... (Il se retourne brusquement.) Ha ! vous n'êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. (Il rit.) Alors, c'est ça l'enfer. Je n'aurais jamais cru... Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! quelle plaisanterie. Pas besoin de gril : l'enfer, c'est les Autres."

09/2006

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Philosophie

Esquisse d'une théorie des émotions

Un des grands classiques de la philosophie contemporaine, à la fois bref, dense et clair. Les années 1930 ont été la grande période de formation du Jean-Paul Sartre philosophe. Il y a expérimenté les outils intellectuels qui seront les siens plus tard et élaboré des concepts qui fonderont sa vision du monde. Sous l'influence de Husserl, il poursuit ses recherches philosophiques personnelles, puis décide, en 1937, " de mettre à jour (ses) idées en commençant un grand livre, La Psyché ", ouvrage qui demeurera inachevé mais dont il détachera la partie liminaire, publiée en 1939 sous le titre Esquisse d'une théorie des émotions. Ce magistral exposé a formé à la réflexion psychologique des générations d'apprentis-philosophes au lycée ou en faculté. On y trouve l'un des textes introductifs les plus sûrs qui aient été écrits pour faire connaître en France la phénoménologie allemande - et tout particulièrement la pensée de Husserl qui devait profondément rénover les conceptions puis l'enseignement de la philosophie. A partir d'une critique des théories psychologiques traditionnelles, Sartre en vient à définir l'émotion non comme un simple mécanisme affectif mais comme un " mode d'existence de la conscience ". Se réclamant ainsi ouvertement de la phénoménologie, Sartre entend restituer l'unité et la cohérence des comportements humains à partir d'un exemple privilégié. Cette perspective rationnelle et globalisante annonce déjà les grands thèmes de la pensée sartrienne.

06/2000