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Compositeurs

Tristan Murail, des sons et des sentiments

Tristan Murail, dans une série d'entretiens réalisés en 2020 et 2021, évoque les principales facettes de sa personnalité dans ce livre que l'auteur a conçu comme un roman. Professeur de composition inter-nationalement reconnu, animateur de la vie musicale, il s'affirme surtout comme le compositeur essentiel des XXe et XXIe siècles, dévoué à l'édification d'un corpus brisant successivement trois tabous de l'avant-garde : Celui du post-sérialisme comme unique horizon de nombreux compositeurs de sa jeunesse. Il y répond par une esthétique fondée sur l'investigation des spectres sonores charriant des flots de couleurs dans une première série d'oeuvres majeures, Territoires de l'oubli, Treize Couleurs du soleil couchant, Les Courants de l'espace, Gondwana. Celui d'une aversion pour toute empreinte mélodique qu'il contourne en s'appropriant une palette d'objets sonores soigneusement choisis (chant diphonique mongol, ressac d'une vague, percussion d'une cuillère sur un verre de table...) qui mutent, par sa maîtrise de la synthèse sonore, en neumes sans cesse variés, dans une autre série de chefs-d'oeuvre, L'Esprit des dunes, Winter Fragments, Le Lac, Le Partage des eaux. Celui d'une défiance à l'égard de toute expression de la sensibilité qu'il relève en réinvestissant la fonction prophétique de l'art par l'expression des sentiments humains en musique où chaleur des sons et des émotions convergent, en digne héritier du romantisme et du symbolisme qu'il exprime dans d'autres sommets, Terre d'ombre, Les Sept Paroles, Le Désenchantement du monde, Sogni, ombre et fumi.

01/2022

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Poésie

Le corps clairvoyant. 1963-1982

Ce volume regroupe les quatre premiers livres de poésie de Jacques Dupin : Gravir, L'embrasure, Dehors, Une apparence de soupirail.Jacques Dupin est originaire de l'Ardèche. Bien que vivant et travaillant à Paris depuis 1944, où il est arrivé à l'âge de dix-sept ans, il ne s'est pas éloigné de son territoire de pierres sèches et de buissons. Il écrit toujours avec et contre les éléments du paysage qui le constitue, avec et contre l'âpreté d'une langue opaque, qu'une vive lueur réussit parfois à traverser.Nul repos, nul sursis, une volonté qui s'active dans les muscles, les nerfs et le souffle pour naître à l'effraction du jour. Recommencement sans fin, matérialité déchirée, réitération ouverte, piétinement nécessaire : Dupin souligne lui-même le ressac, l'acharnement qui tente, par surprise, de saisir le réel, d'y inscrire une trace impossible.Sitôt l'empreinte avérée, elle s'efface dans un autre pas, vers une nouvelle empreinte, elle aussi à détruire ou à distancer. Comme si le silex disparaissait dans son éclat. Dure et foudroyante absence, qui accède, par brefs instants apaisés, à l'évidence d'un bleu intense, d'un bleu qui tourne le dos au ciel.La terre et les mots, le roc et l'impatience, la bourrasque et l'affrontement, le silence et le cri tué des douleurs, la poésie de Jacques Dupin, sans compromis ni nostalgie, est une profération sans prophétie ni message, un surgissement d'autant plus brutal qu'il ne se soucie pas de ses ravages.

11/1999

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Ethnologie

Masques et dévoilements. Jeux du féminin dans les rituels carnavalesques et nuptiaux

Comment devenait-on et devient-on encore une femme dans les sociétés montagnardes du sud de l'Europe ? Dans la vallée alpine de Resia, habitée par une minorité slave, c'était sous le couvert du " sale " babac ou parée de l'étincelante maskira que la demoiselle entamait un parcours rituel la conduisant au mariage. Dans la vallée pyrénéenne de Bielsa, encore, de nos jours, c'est autour de l'éclatante madama que la jeune fille tisse son destin. Non loin de là, dans la petite vallée de Gistain, les façonnages textiles, les transmissions de biens entre femmes de générations différentes, les jeux du voilement et du dévoilement, de l'être et du paraître amorcés au carnaval se poursuivent dans les fêtes de la Saint-Jean et dans les réjouissances célébrées en l'honneur du saint patron. A travers l'étude comparative de carnavals et de fêtes par lesquels s'élabore la féminité, Deborah Puccio met en évidence la continuité entre rituels profanes et célébrations religieuses en analysant le système d'homologies, d'oppositions et de différences entre masques, rôles rituels, figures mythiques et images chrétiennes de saints et de vierges qui, dans un jeu subtil entre personnage et personne, font éclore la nouvelle identité des jeunes filles. Perspective novatrice, tant la fête carnavalesque a toujours été abordée du point de vue des garçons et des rites leur permettant d'accéder à la virilité.

05/2002

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Cuisine

Prat-Ar-Coum, l'huître des abers

Ce livre raconte la vie et la mort des huîtres, depuis le captage du naissain jusqu'à leur dégustation au naturel ou cuisinées. Il s'articule autour de l'histoire et de l'actualité de la famille Madec, qui a fait du nom "Prat-Ar-Coum - Yvon Made " une véritable légende qui se tisse depuis 1898 dans le nord du Finistère, sur les rives de l'Aber-Benoît. A la fois visionnaires et dotés de la sagesse de paysans de la mer, c'est une belle histoire d'hommes et de femmes qui est proposée dans ce livre, autour d'un métier dont on découvre la noblesse et les finesses. Le texte est illustré d'une trentaine de recettes d'ici et d'ailleurs, et par le témoignage de personnalités attachées à l'excellence de Prat-Ar-Coum, dont le chef Guy Savoy qui signe la préface. Pur produit du littoral nord du Finistère, Patrick Codour est à la fois enraciné et voyageur, gourmand et bavard. Pour lui, manger est une chose sérieuse qu'il ne faut pas trop prendre ou sérieux. Il a grandi tant près des rivages bretons que ceux de l'Afrique, pour ensuite bourlinguer vers différents ports d'attache, en particulier en Asie. Cuisinier amateur et passionné, mais aussi chroniqueur et auteur culinaire, il est l'auteur du blog Cuisine de la mer, et des livres Récits et recettes du ressac et L'Art de ficeler. Patrick a grandi sur les rives de l'Aber-Wrac'h, à portée de godille des parcs et des exploitations ostréicoles, où il travaillait durant ses vacances. Aujourd'hui établi au bord de l'Aber-Benoît, il est connaisseur et passionné de l'huître, de la mer à la table.

06/2019

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Littérature française

1945

J'ai tenté de retrouver les origines de mon esprit, savoir comment il se forma au hasard des gens, des choses, quand encore en enfance, plongé dans son grand balbutiement, on ose à peine nommer ce qui nous entoure, qu'on vit comme à tâtons dans le jour le plus clair, cherchant son coeur, celui des autres, alors que les adultes s'agitent autour comme de beaux diables avec leurs problèmes déraisonnables, trop grands pour nous. Pour moi, ce fut en Bretagne, durant la dernière guerre, l'Occupation allemande, j'ai de 9 à 15 ans, des parents séparés, une mère Éva trop jeune, un père du même âge, Alexandre dit Alex. Éva pour son malheur se remaria avec un médecin, Robert Le Floch, surnommé Bob. En 1944, après maintes tribulations, j'habite avec cet homme taciturne (l'effroi de son silence à mon égard) un hiver, un bout d'été dans une presqu'île battue par un fort ressac (ce ressentiment de la mer), où bientôt se déroulèrent des événements majeurs. J'en ressens encore l'ombre à défaut du soleil qui s'est éclipsé, de la pluie vengeresse qui depuis rabaissa son caquet. Il y avait du vent, un grand qui m'emporte toujours, de l'écume, et tout se salissait vite, sentiments, pensées. À qui se fier ? Sur la plage, le pied enfonçait trop, tout devenait mouvant, incertain. Les vagues se succédaient chargées de périls. Où trouver le sol assez ferme ? Le lieu débarrassé de toute forfaiture ? Le granit ne manque pas, mais la certitude ? Je cherche, avance à l'aveugle, qu'enfin au bout du chemin, les gens ressemblent à ce qu'ils paraissent, qu'il n'y ait plus de traîtrise qu'entre chien et loup, au crépuscule.

01/2004

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Littérature française

Cacophonie

Sur les rives du continent clair-obscur, dans une ville ocre aux matins bleus, une grande maison jaune. Le ressac de la mer, les rumeurs de la rue adjacente et les chants d'oiseaux pourraient en faire un paradis. C'est d'ailleurs ainsi que la voyait Sali, veuve de l'ancien propriétaire, qui vit là depuis sept ans, lorsque ses multiples fugues hors du continent ne la font pas dériver ailleurs. Amère désillusion cependant : alors qu'elle imaginait y trouver un enracinement possible, un lieu, enfin, d'appartenance, la femme vieillissante est progressivement rejetée par sa belle-famille. Dans cette maison où elle pensait se reconstruire, son être entier commence à s'émietter. Prisonnière d'un espace immense, d'une rue qui semble l'observer, d'un flot d'images télévisées et de pensées qui l'assaillent, Sali suffoque et ne sait plus que faire. Partir ? Mourir ? Se résigner ? Non, il ne faudrait jamais se résigner dans un monde où, malgré le règne des apparences, la folie du sang et la médiocrité si bien partagée, des hommes et des femmes tentent, à leur manière, de survivre. Récit aux allures de monologue intérieur, Cacophonie plonge le lecteur au coeur de la détresse et des pensées d'une femme en butte à la solitude mais aussi aux prisons qu'elle se construit. Y reviennent, lancinantes, la douleur de l'abandon maternel et la difficulté de la quête de soi. Un texte âpre mais lucide et nécessaire sur le monde contemporain, l'Afrique et la construction de soi. Un texte dont les pages vibrent de la violence du cri longtemps contenu mais qui, cependant, n'abandonne pas l'espoir qu'a chacun de trouver, un jour, sa place dans le monde, le "canari où se reposer"

07/2014

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Poésie

Zaoum. Préface de Claude Merlin

A travers Zaoum, Patrice Cazelles active nos membranes vibratiles où se décompose la langue tel un souffle qui nous devine et nous invente. Ces textes matriciels examinent et martèlent nos filiations dans le ressac éprouvé d'un babillement inaugural. Ici, nous n'élèverons plus de statut aux mots ! A coups de syllabes à composer soi-même, l'auteur émet le corps de la lettre par jeux de forces et extraits de résonances. A C'T'HEURE ! BON DIOU D'BON DIOU ! TOUT C'TEMPS QU'ON PASSE A VELER DES MORTS POUR AMPIER 2 JOURS GRAS ! C'QU'ON FAIT, CE TOUT DESCONFIT ! ET C'QU'ON DIT TOUT ESBAUDIT ! BETA COM' GROSJEAN DEWAN DERRERE COM' AU CIMETER ! Y'A PAS MELER TANT D'HISTOURS A S'FAIRE DESSUS ! LASSE NUIT DES CORPS A TOMBER DES NUES ... Où sommes-nous atteints et générés ? Avec lui, sortons de nos sidérations carcérales et osons parler la poésie. Cette île nous advient et nous met en mouvements là où nous avons lieu de chant et de champ. Pure émotion de la langue propagée par étrangetés. Sous un récitatif ritualisé et libertaire, Patrice Cazelles nous saisit et nous dessaisit de toute compréhension. Désormais, la langue ne se refermera plus sur elle-même. Anne de Commines Et puis il y la scène peu visible où se déroulent les événements qui opèrent dans l'humanité des révolutions silencieuses, qui ne sont ni des progrès ni des régressions, mais plutôt des refondations, où l'homme va à sa propre rencontre vers sa redécouverte . Et où cela peut-il bien se passer sinon là où se trouve le fond du fond de l'homme, le lieu où il ne cesse de naître à tout instant à lui-même, dans la langue ? Extrait de la préface de Claude Merlin.

10/2022

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Poésie

Aux Aresquiers

Les 34 poèmes des Aresquiers nous parviennent comme une lettre effilochée dans le vent. Un murmure fragmentaire, roulé dans le ressac ; les derniers mots adressés à la mère défunte et tout ce qui s'efface, sauf la mémoire. Tout ce qui s'accepte aussi, malgré l'espace vide de la perte, face au soir, aux vagues lancinantes : "tu ne reviendras pas" . La maison, le jardin, le ponton, la mer, le phare, quelques éclats suspendus et indéfinis dans le soir, on n'en saura pas plus, le lieu préserve non pas son secret mais son intimité. Que reste-t-il ? Ce qu'on lit, ces infimes décalages, ces répétitions, ces approches délicates, douces et prudentes, comme pour ne rien froisser, ne rien abîmer de soi ou du souvenir. Ne rien dissiper, ne pas faire fuir les fantômes. Eric Sautou adresse aux absents une mélopée fragmentée, à bas bruit, seule recouverte par les ombres, qui visse lentement le coeur. On touche là à "l'autre lieu de la mer" , où il serait possible de se rejoindre, faire la jonction entre les vivants et les morts. Ces poèmes semblent écrits dans un espace en retrait du monde, entre rêve et réalité, dans une veille, une semi-hypnose, dans une absence face à l'absence. Comme si en s'effaçant on pouvait retrouver les disparus, et, puisant la mort engloutie dans la mer, tendant la main vers son rivage inaccessible, on parvenait à transformer la douleur en tendresse. Aux Aresquiers referme le cycle entamé en 2016 avec Une infinie précaution, autour du deuil et de la figure maternelle, et conduit jusqu'au silence la bouleversante sensation déjà présente dans La Véranda (Unes, 2018), que, d'un poème à l'autre - ces "choses de l'air" - ce sont bien les vivants qui hantent les morts.

01/2022

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Psychologie, psychanalyse

Quarto N° 124, printemps 2020 : Noces avec l'Un

L'oeuvre de Gabriel Belgeonne, artiste peintre et graveur belge, est tissée de ses gestes "libres et sauvages" . Il la décrit comme une "sorte d'écriture1" au service de sa peinture du monde où il souhaiterait vivre, rêver, voyager, et se tenir à distance de l'insupportable. Nous avons choisi l'une de ses toutes premières oeuvres pour illustrer le numéro de Quarto que vous tenez entre vos mains. G. Belgeonne en évoque la genèse avec précision : "A la côte bretonne, j'avais été frappé par la manière dont l'eau s'engouffrait sauvagement dans les rochers, sa façon de s'écraser et de se transformer en gouttelettes. C'est sauvage et imprévi-sible. [... ] Ce n'est pas directement l'eau qui m'avait fasciné, mais son oeuvre. Ce qui explique le titre : ressac, le retrait de l'eau qui dénude son oeuvre. 2" Lacan use, lui aussi, de la métaphore de l'eau, dans sa "Conférence à Genève sur le symptôme" , pour parler du langage : "Le fait qu'un enfant dise peut-être, pas encore, avant qu'il soit capable de vraiment construire une phrase, prouve qu'il y a en lui quelque chose, une passoire qui se traverse, par où l'eau du langage se trouve laisser quelque chose au passage, quelques détritus avec lesquels il va jouer, avec lesquels il faudra bien qu'il se débrouille. 3" C'est avec ces débris de l'eau du langage que chacun se construit sa lalangue dont le noyau inaltérable d'inconscient réel porte les traces. Cet inconscient où se rejoue inlassablement l'itération brute du symptôme, que Jacques-Alain Miller a inscrit au fondement même de l'existence, se lit dans l'analyse et se dénude à sa fin. Il conduit celui qui s'y voue à un nouveau rapport au vivant qui l'habite, à un nouvel amour, qui, loin d'une nouvelle exaltation fantasmatique, se révèle être, selon la belle formule d'Eric Laurent "l'amour du nouveau mariage avec la pulsion, en tant qu'elle accroche aussi l'Autre"

04/2020

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Littérature francophone

Sois la bienvenue

"Cette histoire, c'est la mienne, celle de ma grand-mère Marcelle surtout, mais aussi celle de Malou, mon arrière-grand-mère. Trois histoires entremêlées et reliées à René Char par des sentiments aussi simples et opposés entre eux que la haine et l'amour. Tout avait commencé par un drame d'une incroyable banalité. De ceux qui étaient moins dus à l'inconduite des filles qu'à la lâcheté des hommes. Marie-Louise Bègue, dite Malou, était une enfant abandonnée. Une pupille de l'Assistance comme on dirait plus tard. Elle avait grandi, comme l'écrasante majorité des enfants assistés, dans la souffrance, la solitude et l'humiliation. Mais à 17 ans, elle avait connu l'amour. Un amour aussi bref et puissant que l'aphorisme d'un poète, ou le ressac d'une vague. Un court instant volé à l'insouciante jeunesse, une histoire terminée avant d'avoir commencé". De cet amour caché avec René Char alors âgé de 25 ans, Malou, employée au service de la famille Char, a donné naissance à Marcelle en 1933, après avoir été chassée de L'Isle-sur-la-Sorgue par la mère de René Char. Marcelle, adulte, a retrouvé son père, à qui elle a rendu des visites régulières, aux Busclats, sa demeure de L'Isle-sur-la-Sorgue, avec qui elle a échangé une correspondance sur plusieurs années. Mais elle n'a pas été reconnue officiellement. Alice a entrepris une reconnaissance d'ADN, par un laboratoire américain, grâce à un timbre d'une lettre de René Char, et la salive de sa grand-mère. Résultat après observation des marqueurs génétiques des deux échantillons : la probabilité que René Char soit le père de Marcelle est de 99, 9913%. C'est par amour pour sa grand-mère, par besoin que la vérité soit faite, qu'Alice Casado enquête : elle raconte l'histoire familiale qu'elle a ainsi reconstituée, et une histoire de la société française qui court sur le XXe siècle.

05/2021

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Musique, danse

Symphonie en la mineur, « italienne » (conducteur A4)

Bien que dûment signalée dans tous les catalogues et biographies du musicien, la Symphonie italienne de Vincent d'Indy resta longtemps inédite. Alors qu'il vient à peine de fêter ses dix-huit ans, son baccalauréat ès lettres fraîchement obtenu, sa grand-mère Résia tient à lui offrir un somptueux voyage de deux mois en Italie, au berceau même de l'art, de la civilisation et du christianisme. Récompense accordée pour les efforts fournis et les résultats obtenus, ou moyen plus inavouable de chercher à le détourner d'un projet de carrière militaire, ce véritable Grand Tour allait s'avérer autrement fructueux.
En effet, propre à enflammer un jeune esprit empreint de romantisme, la patrie de Dante et de Michel-Ange devait non seulement lui inspirer l'une de ses premières oeuvres d'envergure, mais guider définitivement ses pas vers une carrière bien éloignée des fastidieuses études de droit auxquelles on aurait voulu pouvoir l'astreindre. Avant même son départ avait germé l'idée d'une vaste symphonie à programme, dont le premier canevas fut ébauché dans l'enthousiasme des différentes étapes de son périple entre Rome, Naples, Florence et Venise, puis lors d'un séjour en Allemagne et en Suisse.
Travailleur acharné, homme de culture avide de grandeur et de perfection, il fallait un esprit puissant et volontaire pour concevoir un tel projet et le mener à terme. Mais fût-elle réelle ne réduisons pas cet ouvrage à une simple prouesse d'écriture : à travers ces pages tour à tour grandioses ou poétiques, nobles ou piquantes, profondes ou fantasques, l'auteur parvient avant tout à atteindre son objectif premier, celui de prouver qu'il a bel et bien une "âme d'Artiste" ...
Après des années d'un injuste oubli, à nous maintenant d'en découvrir les multiples richesses... 1 petite flûte, 2 flûtes, 2 clarinettes, 2 hautbois, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, cordes

12/2018

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Musique, danse

Symphonie en la mineur, « italienne » (conducteur A3)

Bien que dûment signalée dans tous les catalogues et biographies du musicien, la Symphonie italienne de Vincent d'Indy resta longtemps inédite. Alors qu'il vient à peine de fêter ses dix-huit ans, son baccalauréat ès lettres fraîchement obtenu, sa grand-mère Résia tient à lui offrir un somptueux voyage de deux mois en Italie, au berceau même de l'art, de la civilisation et du christianisme. Récompense accordée pour les efforts fournis et les résultats obtenus, ou moyen plus inavouable de chercher à le détourner d'un projet de carrière militaire, ce véritable Grand Tour allait s'avérer autrement fructueux.
En effet, propre à enflammer un jeune esprit empreint de romantisme, la patrie de Dante et de Michel-Ange devait non seulement lui inspirer l'une de ses premières oeuvres d'envergure, mais guider définitivement ses pas vers une carrière bien éloignée des fastidieuses études de droit auxquelles on aurait voulu pouvoir l'astreindre. Avant même son départ avait germé l'idée d'une vaste symphonie à programme, dont le premier canevas fut ébauché dans l'enthousiasme des différentes étapes de son périple entre Rome, Naples, Florence et Venise, puis lors d'un séjour en Allemagne et en Suisse.
Travailleur acharné, homme de culture avide de grandeur et de perfection, il fallait un esprit puissant et volontaire pour concevoir un tel projet et le mener à terme. Mais fût-elle réelle ne réduisons pas cet ouvrage à une simple prouesse d'écriture : à travers ces pages tour à tour grandioses ou poétiques, nobles ou piquantes, profondes ou fantasques, l'auteur parvient avant tout à atteindre son objectif premier, celui de prouver qu'il a bel et bien une "d'Artiste" ...
Après des années d'un injuste oubli, à nous maintenant d'en découvrir les multiples richesses... 1 petite flûte, 2 flûtes, 2 clarinettes, 2 hautbois, 2 bassons, 4 cors, 2 trompettes, 3 trombones, timbales, cordes

10/2018

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Récits de voyage

Méditerranées

"Les plus beaux souvenirs de l'espèce humaine et ses regrets les plus profonds se lient aux rivages de cette mer que j'ai sous les yeux. C'est sur les rivages baignés par ces ondes qui se brisent à trois pieds de mon crayon qu'eurent lieu les événements les plus intéressants de l'histoire de l'espèce humaine, et tout ce que le genre humain possède de liberté, de bonheur, de pouvoir sur le reste de la nature, et de science, nous ramène, si nous en cherchons l'origine, à ces rivages enchanteurs de la Méditerranée." (Stendhal. Rivages de la mer.) "Mère Méditerranée : c'est d'abord un son, une musique, la rumeur du reflux sur les plages ou du ressac contre les rochers. Mère Méditerranée, c'est un esprit. Une façon d'être. Une morale, plus qu'un décor. Vous ne trouverez pas "toute" la Méditerranée dans ce livre, mais celle que nous préférons, Ferrante et moi, celle que nous avons visitée le plus souvent et qui a nourri nos plus beaux rêves. Certains de ces endroits ou pays, je les ai éliminés par manque de goût, la plupart à cause des difficultés du voyage ou de l'impossibilité de m'y rendre plusieurs fois, la règle étant pour moi de ne jamais en évoquer un qui ne m'ait marqué profondément, au point de changer ma manière de vivre. La première fois, on est sous le choc d'impressions que dément souvent une meilleure connaissance des lieux et qu'il faut de toute façon nourrir de lectures et de nouvelles visites. Enfin, on ne peut pas tout aimer. Ce livre n'est qu'une anthologie de nos choix. Le bon titre eût été Notre Méditerranée, mais le possessif a toujours quelque chose de prétentieux et de déplaisant. "Mare nostrum", disait Mussolini, qui rêvait de reconstituer l'empire romain. Méditerranées signale bien les limites de l'ouvrage, qui ne vaudra que s'il sait rester partiel et partial. C'est une Méditerranée personnelle, sans rien d'exhaustif ni de panoramique." Dominique Fernandez.

10/2015

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Littérature française (poches)

Le bleu du lac

Quand un soir elle a remplacé au pied levé Pogorelich à Wigmore Hall, la salle de concert londonienne, celle qui allait devenir la grande pianiste Viviane Craig ne savait pas encore que sa gloire soudaine ne serait pas son défi le plus difficile à relever. Si sa vie tranquille de professeur de piano, mariée au directeur du service culturel de la BBC, a certes changé après ce succès inaugural, sa rencontre avec James, l'évidence avec laquelle elle a cédé au désir de ce charismatique critique musical, boxeur à ses heures, a profondément bouleversé son équilibre intime. Des années plus tard, alors que leur passion va grandissant, Viviane apprend, par un appel de son exécuteur testamentaire, le décès brutal de James. Sans mesurer le sens ni la portée de la requête posthume qu'il transmet, l'homme invite la pianiste, retirée depuis cinq ans déjà de la scène musicale, à jouer une dernière fois lors de la messe de funérailles. Pendant le long trajet en métro qui va la conduire de sa demeure de Wimbledon au quartier de Holborn, Viviane, elle-même stupéfaite d'avoir accepté sans réfléchir cette épreuve, laisse libre cours aux émotions qui l'assaillent. L'église choisie par James, minutieux ordonnateur de la cérémonie, est voisine de son appartement, refuge de leurs amours, de leurs conversations, des après-midi pendant lesquelles Viviane répétait ses concerts sur le Yamaha ou le Steinway dont elle se demande ce qu'il va bien advenir. L'angoisse de ne réussir à dissimuler son violent chagrin, voué lui aussi à la clandestinité, le ressac des souvenirs heureux, les confidences arrachées à l'homme secret qu'était James – et notamment les raisons de sa fascination pour le tableau de Cézanne représentant le lac d'Annecy, le bleu du lac – cohabitent, à mesure que défilent les stations de la Piccadilly line, en un fiévreux et hypnotique monologue intérieur. Beau chant d'adieu et bel hommage au pouvoir de la musique que ce nouveau roman, parfaitement maîtrisé, de Jean Mattern, subtil interprète du trouble amoureux et de la complexité des sentiments.

05/2018

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Littérature française

Les veilleurs de chagrin

Les os sont les sujets du “royaume de la mort” que gouverne Esther Guardi. Anthropologue spécialisée en paléo-pathologie, elle se penche sur l’examen de stigmates osseux à la recherche des lignes de Harris, ces aspérités qui indiquent maladies et blessures anciennes, et tente d’en interpréter le sens. Au Kosovo, des experts mandatés par le Tribunal pénal international ont ouvert des fosses et demandent la participation de spécialistes pour procéder aux travaux d’identification des corps. Il s’agit de rendre leur nom aux victimes dissimulées sous la terre et de déterminer les circonstances de leur mort. Et ainsi de permettre à leurs proches de commencer un travail de deuil. Esther décide de rejoindre la mission et peu à peu, pour elle, l’exhumation des corps se double de l’exhumation de soi : au fur et à mesure que les ossements fragiles lui murmurent leurs secrets, Esther dessine, à travers évocations de l’enfance et récit de rêves, l’histoire de ses propres failles, familiales et affectives. Les joies, les tourments s’entrelacent avec les souvenirs enfouis et il faudra le patient travail de l’analyse pour accéder au sens et ouvrir, enfin, la porte au bonheur d’exister. La psychanalyse s’inscrit au cœur du second roman de Nicole Roland qui, après Kosaburo, 1945, continue d’explorer jusque dans ses tréfonds l’expérience de la perte, du manque et du deuil. Elle déploie l’univers réel et onirique de son héroïne avec une profonde pudeur. Celle-là même dont fait preuve Esther face aux corps qu’elle déterre des charniers des Balkans, alliant la précision du geste et des sensations à une pensée hypnotique. A l’image de ces gardiens de la mémoire des morts, Les Veilleurs de chagrin est le roman d’un monde-mémoire, composé de strates, de lignes et de failles, où l’esthétique du fragment, obéissant au principe - aussi imprévisible qu’affectif - du souvenir, trouve une singulière cohérence dans une forme de litanie mélodieuse. Comme si le ressac et la répétition étaient l’unique voie pour ne pas laisser les mots mourir dans sa gorge.

01/2012

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Poésie

Mihubi

Deux paysages peuplent ce livre, un bord de mer, ses vagues, sa plage, ses nuits, et Mihubi, une montagne où s'accrochent quelques maisons, des sentiers et des torrents, des murs effondrés, des moutons. Tout semble cerné de brumes, d'obscurité, et une voix nous parle à travers l'épaisseur d'un rêve. Rêve murmuré par une langue souple, qui passe entre les vagues, les buissons, les racines, les bêtes. Une langue qui tisse ses motifs, avance en glissant doucement, langue-barque en dérive circulaire qui fend la forêt, de bivouac en bivouac, vers de vieilles pierres, de vieux sanctuaires de rois. Quelle fantasmagorie traversons-nous dans ces pages ? Un royaume d'anciens échos qui bruissent autour de la maison vide ? Ou bien de simples entrelacements de branches, de simples souvenirs autour du feu ? C'est le livre du bois, des formes hantées du bois, fantômes revenus dans le ressac, mais de quel naufrage ? D'étranges êtres habitent le bord des vagues, remontant le bois dans leurs filets, sa face blanche, c'est-à-dire son visage. Bruits d'animaux dans la nuit, les chiens rôdent, le bois encercle la maison. Il y a là une matière de conte, de peste, de vent, de nuit et de magie. Une histoire soufflée entre les arbres. Mais un conte sans héros, fait de gestes simples, de silhouettes réunies pour la veillée. Pas de sorcières, juste des amitiés, des rencontres, et le vent qui transporte l'imagination. Tout fait conte, tout est magie, tout est bruissement d'enfance, de vieilles histoires, de vieux craquements ; Mihubi défie la pesanteur des pierres. Dans ce premier livre, Valentin Degueurce fait "rêver seul" , à travers la fièvre, des bêtes et des hommes réunis sur une bordure de mer ou dans un lieu isolé, sec, retiré. Il fait rêver ces silhouettes folles du bois et du refuge de montagne. Comme si pour soulever le réel le plus nu, le plus ordinaire, Degueurce buvait un philtre et enfilait les gants de la magie, le temps d'une excursion sur les pentes arides, le temps d'un départ. Etranges mains gantées du poème qui tissent un monde entre les mondes, un onirisme glissé entre la nuit et la présence nette des choses. Il n'y a qu'une réalité semble-t-il nous dire, et comment l'inventer ?

02/2022

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Romans historiques

Oran... La radieuse

Oran la radieuse est un ouvrage paradoxal qui mêle une érudition vraiment impressionnante de toute l'histoire de la ville depuis l'Antiquité jusqu'à nos jours et qui raconte cela... On peut lire comme l'on veut, dans le sens que l'on veut et de suite s'impose la thèse du livre : Oran est une ville dangereuse et belle. Au fond, la ville n'a vécu que du sac et ressac des vagues de populations qui l'ont occupée. C'est une ville convoitée, jalousée qui porte en elle une certaine violence, celle de ceux qui veulent la conquérir, celle de ceux qui veulent la conserver. Les rapatriés d'Oran sont une marque de fabrique d'histoire de la ville, et c'est cela qui frappe immédiatement dans ce livre. C'est une fresque historique qui est proposée, le contraire d'une obsession focalisée sur les 130 années de présence française, mais bien plutôt un hymne rendu à la ville dans son histoire. Et donc le moment français rendu à ce qu'il est : une parenthèse qui a duré à peine un peu plus de cent ans dans une histoire millénaire. C'est là une belle leçon d'humilité et de générosité de l'auteur. Plus que les hommes qui la peuplent et les femmes qui la font vivre, c'est la ville qui est le principal personnage de ce livre. Le lecteur sent dès les premières pages, une complicité avec la géographie, avec l'espace oranais, avec l'ampleur et la rudesse de la topologie urbaine qui construit la structure du livre et son armature : le livre est ample, comme la notion de l'espace au pied ou au sommet des montagnes autour d'Oran. Cette sensation d'espace, de bleu de Méditerranée, de terre africaine brûlante est constante, lancinante, et finit par imposer le destin, point si heureux de cette ville, assez cruelle envers ses habitants, du moins peu tendre avec eux. Ce n'est pas un récit mièvre de réconciliation entre les trois religions, mais au contraire une sorte d'histoire feuilletée entre des nations, des groupes différents, en confrontation, en affrontement, en compromis permanents, qui s'ignorent, se combattent - c'est la vie ! - mais aussi qui se tiennent dans une sorte, une forme de respect mutuel par les histoires, qui finissent par devenir l'Histoire de cette ville. Car c'est bien de cela qu'il s'agit.

10/2017

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Critique littéraire

Un été avec Homère

L'Iliade est le récit de la guerre de Troie. L'Odyssée raconte le retour d'Ulysse en son royaume d'Ithaque. L'un décrit la guerre, l'autre la restauration de l'ordre. Tous deux dessinent les contours de la condition humaine. A Troie, c'est la ruée des masses enragées, manipulées par les dieux. Dans l'Odyssée on découvre Ulysse, circulant entre les îles, et découvrant soudain la possibilité d'échapper à la prédestination. Entre les deux poèmes se joue ainsi une très violente oscillation : malédiction de la guerre ici, possibilité d'une île là-bas, temps des héros de côté là, aventure intérieure de ce côté ci. Ces textes ont cristallisé des mythes qui se répandaient par le truchement des aèdes dans les populations des royaumes mycéniens et de la Grèce archaïque il y a 2500 ans. Ils nous semblent étranges, parfois monstrueux. Ils sont peuplés de créatures hideuses, de magiciennes belles comme la mort, d'armées en déroute, d'amis intransigeants, d'épouses sacrificielles et de guerriers furieux. Les tempêtes se lèvent, les murailles s'écroulent, les dieux font l'amour, les reines sanglotent, les soldats sèchent leurs larmes sur des tuniques en sang, les hommes s'étripent et une scène tendre interrompt le massacre pour nous rappeler que les caresses arrêtent la vengeance. Préparons nous : nous passerons des fleuves et des champs de bataille, nous serons jetés dans la mêlée, conviés à l'assemblée des dieux, nous essuierons des tempêtes et des averses de lumière, nous serons nimbés de brumes, pénétrerons dans des alcôves, visiterons des îles, prendrons pied sur des récifs. Parfois, des hommes mordront la poussière, à mort. D'autres seront sauvés. Toujours les dieux veilleront. Et toujours le soleil ruissellera et révèlera la beauté mêlée à la tragédie. Des hommes se démèneront pour mener leurs entreprises mais derrière chacun d'eux, un dieu veillera et jouera son jeu. L'Homme sera-t-il libre de ses choix ou devra-t-il obéir à son destin ? Est-il un pauvre pion ou une créature souveraine ? Les poèmes auront pour décor des îles, des caps et des royaumes dont un géographe, Victor Bérard, effectua dans les années 1920 une très précise localisation. La Mare Nostrum est ce haut lieu d'où a jailli l'une des sources de notre Europe, qui est la fille d'Athènes autant que de Jérusalem. Mais une question nous taraude. D'où viennent exactement ces chants, surgis des profondeurs, explosant dans l'éternité ? Et pourquoi conservent-ils à nos oreilles cette incomparable familiarité ? Comment expliquer qu'un récit de 2500 ans d'âge, résonne à nos oreilles avec un lustre neuf, un pétillement aussi frais que le ressac d'une calanque ? Pourquoi ces vers paraissent-ils avoir été écrits pas plus tard qu'aujourd'hui, par un très vieux poète à la jeunesse immortelle, pour nous apprendre de quoi seront fait nos lendemains ? En termes moins lyriques (Homère est le seul maître en la matière) d'où provient la fraîcheur de ce texte ? Pourquoi ces dieux et ces héros semblent malgré la terreur qu'ils inspirent et le mystère qui les nimbe, des êtres si amicaux ?

04/2018