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Ménélas Rapsodie

Extraits

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Littérature française

Marcello

" Prends soin de Carlo Bontempi. Je passe par la fenêtre. " Dix mots pour seul testament, laissés par Marcello à son ami, gardien comme lui de San Pietro in Vincoli, cette église de Rome qui renferme le Moise de Michel-Ange et la toile d'un peintre méconnu, accrochée en face. C'est trop et pas assez pour Alberto, mutilé, orphelin, qui évoque irrésistiblement cette amitié rythmée par le cappuccino du matin et le barolo en pichet. Qui n'en finit pas de se rappeler l'image de cet homme, se détournant du Moise pour regarder la Montée au Calvaire. Drôle de personnage que Marcello, ancien professeur de mathématiques, obsessionnel, tragi-comique, gouverné par des jugements à l'emporte-pièce qui brisent la médiocrité du quotidien à coups d'éclats de rire, préfèrent l'échec à la résignation. Entre humour et sarcasme, tout passe dans sa machine à broyer, aux accents d'une rhapsodie féroce : les professeurs, les théâtreux, les salons de coiffure, les touristes, sa femme, le génie, et le blanc de poulet. Parce qu'" on n'exagère jamais assez ".

01/2002

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Littérature française

La folle semaine de Bob dit l'âne

"Jusqu'à ce jour, Robert Saint-Père, professeur de lettres classique à Dax, se contentait parfaitement de sa petite vie bien rangée ; avec femme, enfant, et appartement à Seignosse. Taciturne, fataliste et un rien misanthrope, à cinquante ans, il subit une profonde remise en question de son mode de vie quand sa femme le quitte pour un membre du club échangiste qu'ils fréquentaient. Passé le premier choc, très vite Robert commence à percevoir les nombreuses opportunités que lui offre son nouveau statut de célibataire. Un mot se dessine en lettres capitales sur ses lèvres : Liberté ! Débute alors la métamorphose de Bob dit l'âne - le surnom affectueux qu'on lui a attribué au Rhapsodie's, le fameux club landais où sa vie a basculé. Une folle semaine s'annonce, durant laquelle il devra composer avec le retour de sa femme, la drague éhontée d'une de ses élèves, et un héritage qui tombe bien mal à propos... Un vaudeville caustique et comique dont l'action se déroule à Seignosse et en Sud Landes. "

02/2019

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Critique littéraire

Les tragiques grecs. Tome 2

" Nous assistons à une renaissance de la tragédie ", s'écriait Nietzsche dès 1872. Et nombreux sont les auteurs qui, depuis, ont évoqué le retour du tragique. En effet, il est omniprésent. Et que serait le théâtre occidental sans les Tragiques grecs ? Il n'existerait pas. Tant est grande l'influence d'Eschyle, d'Euripide et de Sophocle sur l'ensemble des auteurs qui leur ont succédé : de Sénèque à Corneille, de Shakespeare à Racine, de Goethe à Victor Hugo, de Gide à Cocteau, de Giraudoux à Anouilh, nous retrouvons les figures d'Hélène, d'Agamemnon, d'Electre ou de Ménélas. Ils incarnent, pour l'éternité, certaines attitudes humaines, certains destins exemplaires qui reparaîtront sur les scènes de théâtre aussi longtemps qu'il y aura des hommes. Les Tragiques grecs n'ont pas seulement été revisités à chaque génération, ils ont également inspiré d'innombrables pièces modernes et suscité une multitude de traductions. Il était indispensable de proposer au public d'aujourd'hui une version nouvelle tenant compte des derniers acquis de la science. ROBERT KOPP. Cette nouvelle édition en deux volumes des Tragiques grecs a été préparée par Bernard Deforge, doyen de la faculté des lettres et de sciences humaines de Caen, et François Jouan, professeur émérite de langue et littérature grecques de l'université de Paris-X, avec le concours de Louis Bardollet, professeur agrégé de l'Université, et jules Villemonteix, maître de conférences à l'université de Poitiers. Ce deuxième volume est consacré à Euripide. Le premier volume contient, outre une introduction générale, toutes les pièces (et fragments) connus d'Eschyle et de Sophocle; chaque volume est complété par un Index mythologique, historique et topographique.

09/2001

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Religion

Invitation au Talmud. Edition revue et augmentée

Pour le judaïsme, la première question n'est pas "Qui est Dieu ?" mais "Comment Dieu se révèle-t-il aux hommes ?" Cette interrogation fondamentale, les maîtres y répondent de façon surprenante : Dieu s'est révélé dans un Livre. La tâche primordiale de l'homme est dès lors de lire, d'étudier, de commenter, d'interpréter, de transmettre... Car c'est en interprétant que l'homme peut restituer l'infini du sens et l'Infini de Dieu. Les traces de ce dialogue entre les hommes et Dieu sont déposées dans le Talmud, qui se présente comme un commentaire de la Bible, rédigé entre le IIe siècle avant J.-C. et le VIe siècle après J.-C. Une prodigieuse rhapsodie de lectures et d'interprétations, toujours formulée au coeur de discussions entre les maîtres, où s'énonce une éthique de la relation à l'autre homme. Depuis quinze siècles, le Talmud est la véritable Bible du peuple juif ; passage obligé de toute interprétation des Ecritures, à la fois sur le plan du droit (halakha) et de la philosophie (aggada), réflexion décisive pour les règles de vie et référence incontournable pour l'intelligence de la Révélation.

05/2018

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Littérature étrangère

La pirouette

A l'occasion d'un festival de musique dans la ville baroque d'Antigua, Eduardo et Lia, jeune couple de Guatémaltèques, font la connaissance de Milan Rakic, un pianiste serbe surdoué. Pour Eduardo, cette rencontre produit l'effet d'une déflagration. Pendant deux jours, Milan, l'éternel apatride, déchiré entre ses origines nomades, et Eduardo, le professeur d'université, tissent une amitié qui ne connaîtra pas de frontières. De retour à sa vie quotidienne, Eduardo reçoit de Milan des cartes postales énigmatiques, postées depuis les différents endroits où le mène sa tournée... Le jour où lui parvient ce qu'il perçoit comme une carte d'adieu, Eduardo décide de partir pour Belgrade, à la recherche de son ami et de sa dernière "pirouette". Eduardo Halfon, considéré comme une des plumes les plus prometteuses de la littérature hispano-américaine, livre un court roman, à la fois sensuel et âpre, qui se savoure comme une rhapsodie. La Pirouette nous entraîne dans la chaleur enivrante de l'Amérique latine puis dans les bas-fonds glacés de la périphérie de Belgrade, sur les traces de deux hommes que tout semble opposer mais que pourtant tout réunit.

03/2013

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Management

Considérations rhapsodiques sur le management

Une sorte d'étrange pudeur consiste à draper le fait managérial, soit dans l'évidence technique des objectifs de "bonne" gestion, soit dans l'évidence morale de l'impératif de "bienveillance" envers les équipes. A distance de la taxonomie habituelle de la sociologie du travail ou des organisations, cet essai prend le pari d'oser exprimer philosophiquement ce qu'il en est du management, non pas comme une donnée aperçue de l'extérieur, mais, phénoménologiquement, comme une expérience vécue de l'intérieur. La réflexion est conduite dans sept directions différentes - une "disposition des matières", pour parler comme Pascal, en dentelle : mais le geste managérial n'est-il pas chose trop délicate pour dispenser du soin que l'on prend lorsque l'on touche à la dentelle ? Pour se guider dans la complexité labyrinthique du sujet, une métaphore, empruntée à Vladimir Jankélévitch : l'image musicale de la "rhapsodie". Alors que tout invite à laisser se faire un déchirement entre la pensée et l'action, il s'agit, en prenant soin de penser, d'empêcher ce déchirement. C'est en cela qu'il y a rhaptein, mot grec qui signifie le geste de coudre, de rapiécer, de tisser.

04/2023

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Compositeurs

CHABRIER, Emmanuel

Emmanuel Chabrier (1841-1894) fut - trop - longtemps classé comme musicien auto-didacte à tord et relégué à un injuste second plan. Pianiste réputé et recherché dans les soirées musicales parisiennes (c'est d'ailleurs sous cette étiquette que le dessinèrent souvent ses amis peintres impressionnistes), il a laissé un catalogue des plus intéressant pour le clavier. Il est vrai que son univers musical, si personnel, préfigurait déjà Satie et la nouvelle école française, dès ses malicieuses opérettes (L'Etoile, Une éducation manquée), son opéra-comique (Le Roi malgré lui) ou ses deux opéras (Gwendoline et l'inachevé Briséïs). Soutenu par son fidèle ami Lamoureux qui créa plusieurs de ses Åuvres orchestrale (dont la désormais célèbre rhapsodie Espana ou encore sa Joyeuse marche), Chabrier a laissé quelques mélodies ainsi que de nombreuses pièces étonnantes pour 2 et 4 mains au clavier. Autant qu'un véritable amateur des arts, il s'est même affirmé comme ami - et aussi collectionneur - des peintres impressionnistes et autres artistes montmartrois, et, compte tenu de son influence notamment sur Debussy et Ravel, Chabrier mérite bien le titre de premier véritable compositeur "impressionniste musical" français.

10/2023

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Aristote

La doctrine des catégories d'Aristote. Une enquête

La Doctrine des catégories d'Aristote est devenue célèbre pour une thèse : Aristote se serait laissé guider par le langage quand il a dressé sa table des catégories et toute sa logique serait marquée par l'origine grammaticale de ces notions. La catégorie de substance correspondrait au substantif, les catégories de qualité et de quantité à l'adjectif, le relatif à l'adjectif comparatif, le " quand " et le " où " correspondraient aux adverbes de temps et de lieu et les quatre dernières catégories trouveraient leur répondant dans les différentes formes grammaticales du verbe. Un fil directeur grammatical se dessinerait dans ce que l'on a pu regarder comme une rhapsodie. Cette thèse, complétée par un énoncé plus équilibré : " la forme grammaticale guide, mais ne décide pas ", a eu un rôle déterminant dans la renaissance aristotélicienne de la seconde moitié du XIXe siècle en Allemagne. Quant à la Doctrine des catégories d'Aristote elle-même, elle n'est rien de moins qu'une des plus grandes oeuvres d'histoire de la philosophie et l'une des dernières grandes contributions de la pensée allemande au développement de l'idéalisme philosophique.

12/2023

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Poésie

Le ciel jaloux des roses. Poèmes carnets de voyages

Les cerisiers en pleurs de Kyoto, le souk aux soies de Delhi, Hanoï, ses lacs, sa rue des peignes et celle des pipes à eau, Lisbonne, le goût de paradis des pasteis de nata et les larmes du fado, Bayreuth pour entendre l'origine du monde. Un son de vînâ qui étire le temps au Tamil Nadu, la lumière rose du matin sur le Taj Mahal, la baie d'Halong où l'air est doux, un rien sucré, et où l'on entend la nuit quelque gong frappé par des fantômes avec leurs mains de vent. Et Mae Khong, ce fleuve large comme le ciel avec des pirogues à bec pointu, des jacinthes d'eau, des femmes qui ressemblent toutes à des princesses et un bonze enveloppé de safran qui sourit avec une infinie douceur. Ou cette odeur de marrons grillés à New York comme un glissando de clarinette au début d'une rhapsodie en bleu. Tout le monde a tout vu, personne n'a rien vu. De tous ces voyages, les bribes de mémoire font des poèmes qui se tressent aux paysages, se nouent aux visions, réitèrent mille images : "Vous aimez tellement voyager ? - J'aime partir surtout". A. D.

03/2023

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Récits de voyage

Bleu d'Auvergne

Bleu d'auvergne, c'est d'abord le bleu de cette encre, trouvée au hasard dans le matériel d'un festival auquel Marielle Durand participait en Allemagne. Aussi légère que dense selon les niveaux, le type de papier et la façon de s'en emparer, elle illumine ce carnet. La couleur y est affirmée, unique, et le reste de la palette ne manque jamais pour la compréhension de l'ensemble. Ce jeu de mots, formulé sous forme de plaisanterie en référence au fromage, a rapidement trouvé d'autres significations : le bleu royal de l'eau de Châteldon et des villes thermales alentours, le liquide originel nécessaire à la survie, le bleu de travail, le sfumato de Léonard de Vinci et ses paysages toscans dont on retrouve des similitudes dans la région, le bleu de l'ombre ou de la pierre, la peur bleue intime, le bleu de l'infini, de la sérénité et la paix qu'il suscite, le bleu ou l'éternel recommencement, le bleu ciel qui occupe ici tout l'espace, le bleu des abysses, un certain blues personnel, les bleus des coups et blessures, une mélancolie sublimée par la création, une rhapsodie de Gerschwin, la mystérieuse heure bleue, l'azur, la matière pure... La magie de l'Auvergne s'en trouve magnifiée.

02/2021

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Littérature sud-américaine

Paul

"Il n'allait plus guère tarder à claquer comme un chien. Tout seul. La petite Chinoise n'était pas revenue lui apporter la soupe cuisinée par son père. Ou peut-être ne l'avait-il pas vue, en proie à ses accès de douleur et de delirium tremens. Il connut la faim, certes, mais sa peinture s'éclaircissait, elle respirait mieux. Une peinture qui respire est la plus grande réussite d'un peintre, car elle porte la vie ; il lui insuffle sa vie, sa respiration, les battements de son coeur, ses palpitations heureuses et ses craintes les plus profondes". Accablé par la maladie, sur une île paradisiaque de la Polynésie française, Paul Gauguin affronte les fantômes de son passé. Fiévreux et délirant, il se souvient de sa vie bourgeoise de financier avant que la peinture, devenue pour lui une passion, le pousse à tout quitter. Ce roman crépusculaire met en scène l'artiste en proie à ses ultimes visions et à ses derniers désirs. Zoé Valdés livre ici "son" Paul, rhapsodie intime où les voix du passé se mêlent, comme des litanies. L'écrivaine fait la part belle aux corps, aux sens, à l'intime, et poursuit sa réflexion autour de l'amour, la mort, l'exil, la création et bien sûr la transgression, autant de thèmes qui nourrissent son oeuvre.

08/2022

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Historique

Nausicaa. L'autre Odyssée

Le premier ouvrage de bande dessinée d'Andrea Serio, publié au début des années 2010 et indisponible pendant des années, est enfin réédité en français. Remarqué depuis grâce à Gauloises et Rhapsodie en Bleu, Serio y adapte le mythe d'Ulysse avec le concours du scénariste et metteur en scène italien Bepi Vigna. De retour à Ithaque après la guerre de Troie, Ulysse naufragé rencontre Nausicaa, fille du roi Alcinoos, et plus rien ne saurait être comme avant. Une aventure intérieure avec en contrepoint les pérégrinations de l'Odyssée, de la prise de Troie à la confrontation avec les cyclopes. Voici comment Bepi Vigna résume l'histoire : quand Nausicaa part à la recherche de l'homme qu'elle aime, la jeune fille est poussée par le désir de comprendre les raisons de son abandon, et pour cela elle est même prête à pardonner. Il y a donc en elle la même soif de connaissance qui pousse Ulysse, mais Nausicaa interprète sa propre exigence d'une manière différente, avec plus de sagesse et plus de respect pour l'autre. Son voyage devient ainsi une sorte de parcours initiatique, composé d'une série d'étapes significatives, à travers lesquelles elle découvre le monde, connaît les hommes, réfléchit à ses sentiments et découvre enfin être changée, et être désormais devenue femme.

03/2023

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Littérature érotique

Isabelle’s Adventures. Tome 2

Voici la suite des aventures d'Isabelle... Souvenez-vous, fille de Léda et de Zeus, elle était la plus belle des femmes. Si belle qu'elle suscita la jalousie d'Aphrodite, Déesse de l'Amour. Femme de Ménélas, Roi de Sparte, elle fut enlevée par Pâris, le Prince troyen. C'est donc pour elle que la Guerre de Troie opposa, durant d'interminables années, Danaéens et Achéens jusqu'à la fameuse ruse du cheval de Troie imaginée par Ulysse et qui vit la chute de l'orgueilleuse citée du Roi Priam. Ne voulant pas entendre les cris des hommes égorgés, ni des femmes violées, elle s'enfuit alors et sans plus un regard, choisit de se précipiter du haut d'une haute falaise, espérant que, si elle ne se fracassait pas sur les rochers, elle finirait noyée. Mais Isabelle n'était pas seulement la plus belle des mortelles, fille de Zeus elle était promise à la plus fantastique et terrible des destinées... Elle n'avait pas échappé au regard de Poséidon, le frère cadet et jaloux de Zeus. Et lorsque son corps vint déchirer les flots en furie de la mer que l'on nomme aujourd'hui Egée, le Dieu s'empara d'elle et vint la déposer sur une lointaine plage de sable. Il la dépouilla de tous ses atouts de Reine et la laissa ainsi nue comme au premier jour, ne faisant apparaître à son cou qu'une fine chaîne de vulgaire métal, portant une médaille gravée de la seule lettre : " I ". Il effaça de son esprit tout souvenir de qui elle était, de ce qu'elle avait vécu, de qui elle avait aimé. Il faudrait qu'elle apprenne, se dit-il et qu'elle subisse nombre d'épreuves afin qu'une nouvelle Isabelle puisse naître. C'est inconsciente, nue, privée de toute mémoire que Poséidon l'abandonne. Ainsi débute le nouveau destin de celle dont la beauté avait provoqué la plus meurtrière des guerres et qui allait maintenant vivre certaines aventures, que je vais vous conter à nouveau.

05/2022

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Philosophie

Diderot ou le matérialisme enchanté

" La philosophie de Diderot fraye les voies qui peuvent nous acheminer vers cet universalisme à fragmentation multiple dont nous avons besoin. C'est pourquoi ce livre se présente comme la rhapsodie des points de vue que Diderot a libérés et que l'impatient aujourd'hui devrait recevoir d'hier comme une toujours nouvelle bonne nouvelle. Des profondeurs sans entrailles de la modernité, il fallait faire entendre une clameur, et que ce ne fût pas prière de détresse ou de pénitence, mais insurrectionnelle action de grâces, rendue au plus chatoyant philosophe des Lumières pour ce qu'il a su chanter la matière, la vie, la nature avec la pleine voix de la raison. Ce matérialisme enchanté s'appuie sur la science pour détruire la connivence de Dieu, du Moi et du Roi, pour rêver à la réalité et postuler une totalité qui ne peut jamais devenir totalitaire, parce qu'au sens elle préfère les sens, et à l'ordre les écarts : aveugles-nés, enfants illégitimes, Hottentots, sourds-muets, parasites, mimes, femmes, et musiciens avant toute chose. Car la musique a le pouvoir, chez Diderot, de déstabiliser les corps constitués, de railler l'extase et le recueillement, de déjouer la dialectique, et aussi de nous confier sa douce énergie pour qu'à partir d'elle nous risquions un monde. Une philosophie, en somme, qui bouleverse les entités mais qui parvient à ne faire de tort à personne. " E. de. F.

10/2001

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Critique littéraire

Tragédies. Tome 5, Hélène, Les Phéniciennes, Edition bilingue français-grec ancien

"C'est du palais de Protée que revient Hélène, car elle n'est jamais allée en Phrygie. Mais Zeus, pour susciter parmi les humains la discorde et le carnage avait envoyé à Ilion un fantôme à sa ressemblance" : par cette curieuse révélation, Euripide achève Electre et annonce Hélène. Prisonnière de Théoclymène qui veut en faire son épouse, Hélène s'est réfugiée sur l'île de Pharos. Le sauveur qui vient l'arracher à ce nouveau prétendant n'est autre que Ménélas, son époux, de retour de la guerre de Troie. Cette "nouvelle" Hélène est la pièce de la surprise et de la réconciliation, du roi et de la reine de Sparte, mais aussi du peuple grec et du peuple troyen : ce n'est pas Hélène que Paris aurait enlevée, mais un simulacre. La guerre de Troie s'est faite sur un malentendu. De surprise il est aussi question dans Les Phéniciennes : Jocaste, qui, selon la tradition, réactivée peu d'années auparavant par Oedipe Roi, se pendait en se découvrant incestueuse, prononce le prologue et joue un rôle important dans la suite de cette tragédie dédiée au combat fratricide d'Etéocle et Polynice, les fils d'Oedipe. Les deux pièces, écrites par Euripide à la fin de sa vie, traitent des malheurs de la guerre et plus encore de sa vanité : la guerre de Troie est née d'une méprise et l'expédition des Sept contre Thèbes s'achève sur un monceau de cadavres. Euripide met le mythe au service de la politique : après le désastre de Sicile, il est temps pour Athènes de mettre un terme aux luttes fratricides, mortifères et stériles. Hélène et Les Phéniciennes occupent le cinquième tome de notre édition des Tragédies d'Euripide. Chaque pièce est précédée d'une notice qui lui est propre. Celle-ci fait le point des connaissances et des hypothèses sur le texte, concernant notamment la datation des deux tragédies. Le contexte historique, de première importance, fait l'objet d'une analyse minutieuse, de même que la tradition littéraire et mythologique sur laquelle Euripide s'est appuyé. L'ouvrage est en outre enrichi de notes qui accompagnent la lecture. Texte établi et traduit par Henri Grégoire et Louis Méridier, avec la collaboration de Fernand Chapouthier.

01/1999

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Théâtre

Théâtre. Tome 3

Ce troisième volume du Théâtre de Michel de Ghelderode contient cinq pièces. La Pie sur le Gibet est une de ces kermesses flamandes à la Breughel qu'affectionne Michel de Ghelderode et qui lui fut inspirée par le célèbre tableau de ce titre du Maître flamand. Au milieu de cette kermesse se dresse un gibet peint en rose et surmonté d'une pie qui parle. Que dit la pie ? Des choses très simples et assez immémorialement vraies. C'est un bon philosophe de la Vie et de la Mort. Pantagleize. Le jour de son quarantième anniversaire, Pantagleize se lève avec l'intention de dire à tout le monde : "Quelle belle journée !" Cette phrase innocente déclenchera une révolution, et le destin du pacifique Pantagleize s'accomplira dans le sang. D'un Diable qui prêcha merveilles. Quand un diable prend, en chaire, la place d'un saint homme, son sermon est une assez curieuse rapsodie ! Les pécheurs de Brugelmonde l'écoutent avec une satisfaction horrible, et un fameux soulagement. Et le diable part à Rome... Sortie de l'Acteur. Renatus est un être faible et impressionnable. Les drames qu'écrit son ami Jean-Jacques l'ont si profondément marqué qu'il en meurt. Cette pièce, pleine de sous-entendus, de mystères et de symboles, est peut-être la plus "strindbergienne" qu'ait écrite Ghelderode, qui la considère comme son testament théâtral. L'Ecole des Bouffons. Le grand Folial, bouffon de Philippe d'Espagne, dirige une école de bouffons. Ses élèves, qui sont envieux et méchants, montent sournoisement un spectacle en son honneur. Ce spectacle reproduit la mort de la fille de Folial. Folial est plus fort que ses persécuteurs et résiste à l'émoi qui le terrasse en cette culminante et mortelle séquence. Il flagelle les pitres et, avant de les chasser, apprend à ses élèves le secret de son art : "Lesecret de notre art, du grand art, de tout art qui veut durer : c'est la cruauté !" N'est-ce pas aussi le secret, un des secrets, de Ghelderode ?

11/1953

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Critique littéraire

La Peau de chagrin d'Honoré de Balzac

"La Peau de chagrin est un roman de crise, où se manifeste en grinçant un nouveau mal de vivre. Démonétisées sur la scène historique, les valeurs n'y ont plus de fonction régulatrice. On y voit prospérer cette "pathologie de la vie sociale" qui, de l'intérieur, menace un groupe humain de dissolution. A l'évidence, l'Histoire piétine : elle y est suspendue entre un passé, dont on respire encore "la senteur cadavéreuse", et un avenir, où tout idéal semble par avance flétri. Dans une telle impasse - les ruines ou le chaos -, la vie sociale tourne sur elle-même, en une ronde infernale : la mort guette, à ce jeu dangereux. Solidement ancré dans la réalité, La Peau de chagrin n'est donc pas à proprement parler ce qu'on appelle un "roman d'actualité" : si éblouissante que soit la verve du conteur parisien, son propos dépasse celui d'un journaliste écrivant une chronique de 1830. Pas davantage, ce récit ne quadrille méthodiquement tous les secteurs d'une société en crise, selon le dispositif panoptique que déploie l'enquête réaliste. Hofmannsthal touche juste quand il voit dans cette oeuvre une "rhapsodie débordante d'imagination et de réflexions philosophiques". Car on y trouve une ample exposition du "système" balzacien où l'homme est "considéré comme individu et comme être social". C'est de ce côté-là qu'il faut chercher l'horizon d'un roman dont Balzac n'a pas fait au hasard "la cellule-mère de La Comédie humaine"". Pierre Glaudes.

05/2003

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Littérature française

Anatolia Rhapsody

Il y a cinquante ans certains pays d'Europe comme la Belgique et la France ont ouvert grand les bras pour accueillir les travailleurs invités issus des zones rurales d'Anatolie. Ils seront les "travailleurs invités". Ils seront nos pères et nos mères ; vos ouvriers, vos nettoyeuses, puis vos bouchers, vos épiciers, vos voisins, parfois vos amis. Depuis cinquante ans, nous avons fait l'objet de quantité d'enquêtes et d'études, produit des discours et des statistiques à foison ; connu de nombreuses défaites et quelques victoires. Ce récit démarre à la fin des années 1960, avec l'arrivée du père de l'auteur en Europe une traversée clandestine de plusieurs frontières et s'achève, par trois points de suspension, avec la décision de l'auteur de retourner vivre à Istanbul pour y poursuivre sa recherche identitaire quelques mois seulement avant l'explosion d'un mouvement de contestation sans précédent en Turquie. Entre les deux, l'auteur pose un regard personnel, tendre mais lucide, sur les combats de l'immigration, sur la langue, sur le rapport à l'autre et à la communauté, à la sexualité et au mariage, à la tradition et à la modernité. Ainsi, il rend hommage aux aînés et au passé, mais aussi, nous emmène dans une exploration de ce présent métissé qui est le nôtre, d'un monde qui est devenu village mais où nos villages ne sont plus. Avec émotion et humour, il convie toutes les figures de l'ici et de l'ailleurs et compose une rhapsodie anatolienne bouleversante.

02/2014

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Cuisine

La Hongrie gourmande. Suivie d'un bref essai Les festins musicologiques, une gastronomie aux portes du palais par Pierre Guillot

Grand chef cuisinier aux côtés des Escoffier, des Rambert et des frères Rouzier notamment, le Bressan Benoît Perrat (1873-1957) exerça son art dans les restaurants de tout premier ordre (Lyon, Genève, Paris, York, Berlin, Dresde) puis dans les cours princières et royales d'Europe centrale de la Belle Epoque (Saxe, Bavière, Roumanie, Hongrie). Contraint par la Grande Guerre à quitter ceux qu'il avait somptueusement servis, il retrouve ses terres natales et s'installe quelque temps après à Vonnas (Ain), la "Mecque de gueule", où il tiendra jusqu'à la Seconde Guerre mondiale toujours avec panache et distinction, jusqu'au raffinement ultime, la table et le Grand Hôtel Moderne. Il y rédigera sa célèbre "rhapsodie culinaire et gastronomique", Cornus en Bresse (1932) – rééditée en 2002 – et en 1938 sa Hongrie gourmande, restée inédite et publiée ici pour la première fois. Ce recueil surprenant assemble une centaine de ses recettes magyares récolées au gré de ses rencontres, de ses pérégrinations, de ses affectations et de ses enchantements. Récolées... ! C'est peu dire. Benoît Perrat y atteste surtout le "véritable esprit de la gastronomie qui est un patrimoine vivant, en évolution constante, ouvert à toutes les influences extérieures qui sont découvertes, apprivoisées, domestiquées, puis intégrées". C'est donc à une savoureuse déclinaison des riches spécialités danubiennes, parfois "métissées de Bresse", que Benoît Perrat convoque ses lecteurs, au premier rang desquelles le fameux gulash, et bien sûr le paprika, piment-roi de la cuisine magyare. Il les invite surtout à mettre avec lui la main au fourneau puis la serviette au cou.

10/2015

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Littérature française

Les maîtres mots. Tome 2, Appels d'air

Appels d'air fait le pari d'un récit atypique qui mettrait en oeuvre l'identité en crise, entreprise de l'absolu à l'impossible. A la fois réflexive et spéculative, l'écriture évolue librement, expression singulière inscrite dans la contrainte d'une autographie (résolument proustienne comme dans toute la trilogie Les Maîtres-Mots). Sont ainsi traités l'énigme levée de l'oeuvre (les prodiges d'inspirations, l'effervescence de la création, la scène de l'écrit, le masque de l'auteur), la conscience (le détail de l'inconnu, le monde des contingences, la puissance de découverte), l'intime (la bienveillance détachée, l'humeur spirituelle, le miroir intérieur), le désir (les liaisons imaginaires, l'idéal physique, les confidences volontaires), l'amour (le coeur assassin, l'exil intérieur, l'amour dédoublé, l'accord unique), le délire (la présence diffuse, les suggestions du délire, la folie d'écrire), etc., interprétés en forme de rhapsodie, non plus fuguée (comme dans Temps Mort) mais creusée en cavatines, avec le spectre d'une clarté d'évidence sur fond d'abîme, à discrétion. Il y a là, plutôt qu'une simple jouissance de soi, une condensation maximale du récit (à la signature en surplomb) inscrit dans le dialogue quasi hypnotique entre l'intelligence et la sensibilité, transgressif au grand jour, tel une vaste ellipse, de la métamorphose de la réalité à la traversée des apparences, relevée en paradoxe d'expérience, libérant un espace à se jouer de tous les temps, à maudire tous les clichés.

03/2013

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Musique, danse

Emmanuel Chabrier

Chabrier compte parmi les compositeurs les plus attachants de toute l'histoire de la musique, tant sa personnalité joviale, sa cocasserie, sa fougue débordante ont su rallier les suffrages de ses contemporains les plus prestigieux. Tout autodidacte qu'il fût, il n'en écrivit pas moins une musique très neuve de ton, envers laquelle nombre de compositeurs du début du XXe siècle, Ravel et Poulenc en tête, proclamèrent leur admiration et leur dette. Profondément anticonformiste, il n'aborda jamais la grande forme, ne composant ni symphonie ni sonate, mais, à l'instar de ses amis impressionnistes sublimant des sujets ordinaires, préféra transcender des genres mineurs comme l'opérette, la romance ou la petite pièce pour piano, leur imprimant une couleur harmonique et une verve rythmique pleines d'imprévus qui n'appartiennent qu'à lui. Si sa lumineuse rhapsodie pour orchestre, Espana, lui valut une immédiate renommée mondiale, le reste de son œuvre essentiellement lyrique (L'Etoile, Gwendoline, Le Roi malgré lui) et pianistique (Pièces pittoresques) témoigne, aussi bien dans sa veine légère que dramatique, du tempérament peu conventionnel de son auteur. Eblouissant épistolier à la gaieté communicative, ami intime des plus grands peintres de son temps (Manet, Monet, Renoir, Sisley...), dont les toiles couvraient les murs de son appartement, il est bien, à travers cet ouvrage aussi richement documenté que divertissant, ce personnage que Verlaine, alors librettiste de ses opérettes de jeunesse, disait " gai comme les pinsons et mélodieux comme les rossignols ", mais derrière lequel se cachait une nature ardente et inquiète qu'un feu intérieur consumera et finira par détruire trop prématurément.

12/1999

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Littérature française

Les siècles et les jours. Lettres (1693-1754) et Note "Saint-Simon" des Duchés-pairies, etc

Un Dubois noir et rouge, l'aimable Gualterio, l'implacable et doux Fleury, les ministres d'Argenson, Maurepas, le roide Berwick, l'exquis Valincour, le sulfureux Richelieu... : autant de correspondants, plus ou moins épisodiques, de Saint-Simon. Dès que, hors Mémoires, ils apparaissent au fil des temps, en l'une ou l'autre des quelque 370 lettres ou billets ayant échappé au désastre, quelle proximité des personnages, et, si variables sont les "effets d'optique", quelle neuve présence que celle du seigneur de La Ferté ou du bourgeois de Paris, par ailleurs héros fabuleux et intermittent, toujours et plus que jamais occupé du monde, à l'instar d'une incroyable princesse des Ursins, dite Ursa major ! Sur arrière-plan d'histoire est ici proposée une gerbe d'écrits contrôlés, commentés et trop peu connus, joints à d'autres textes justement célèbres- la Lettre à Louis XIV, sommation d'un "Nathan invisible", où passent les ombres de Fénelon et des prophètes ; la Note "Saint-Simon", mémorial d'une lignée et histoire d'une vie - avant Chateaubriand... -, si éloquente en sa trajectoire ; divers extraits dans lesquels, parmi d'éblouissantes caracoles stylistiques, au long d'un tracé trop pointilliste, hélas ! s'expriment la constance d'une foi, les lignes de force d'une idéologie, les pentes d'une rêverie aisément fascinée. Ces pages ne laissent pas d'enrichir et nuancer, hors écran, par-delà leur rhapsodie même et les emblèmes d'un Moi hyperbolique, et malgré les ellipses de la temporalité, l'image, faussement marginale et autrement authentique, du plus irremplaçable des écrivains.

01/2000

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Critique littéraire

Protée en trompe-l'oeil. Genèse et survivances d'un mythe, d'Homère à Bouchardon

Varius, multiplex, multiformis : cette série d'épithètes dont le pseudo-Aurélius Victor se servait pour qualifier l'empereur Hadrien conviendrait à merveille à Protée, figure quelque peu en retrait du panthéon grec, mais néanmoins complexe, ambiguë et mystérieuse. Présenté par les auteurs antiques comme un dieu ou un mortel, un roi héroïsé d'Egypte ou un devin, Protée est sans doute le plus connu des "Vieillards de la Mer ". Lié aux récits du retour de Ménélas après la guerre de Troie et à l'histoire du berger Aristée qui perdit ses abeilles, il a connu, grâce à Homère et Virgile en particulier, un succès continu depuis l'Antiquité et son nom n'a cessé d'inspirer oeuvres littéraires, plastiques ou musicales. Ses aptitudes et les modalités qui conditionnent son approche sont fascinantes : pour que Protée révèle " ce qui est, ce qui fut, et ce qui sera ", son interlocuteur doit ruser pour s'emparer de lui, attendre, caché, le moment où le dieu relâchera son attention sous l'effet du sommeil. Même pris dans les liens, il continue de se dérober par mille métamorphoses, comme pour mettre à l'épreuve la patience et la ténacité du héros venu le consulter et mesurer l'intensité du désir qu'il a de connaître le vrai. Protée incarne ainsi le paradoxe d'un univers inquiétant, labile, changeant, " protéiforme ", qui se place sous le signe de la transformation, de la ruse et de l'illusion, mais aussi de la vérité prophétique dont l'homme en quête de sagesse doit s'emparer dans la violence et par la contrainte. Image de la matière informée par les idées, visage ambigu d'une humanité plurielle ou voix des aspirations démiurgiques du texte littéraire qui nourrit le dessein secret de restituer la totalité du monde, il a suscité maintes lectures allégoriques et interprétatives. Le présent volume rassemble des contributions qui s'échelonnent de l'Antiquité grecque archaïque à la Renaissance, avec un prolongement jusqu'au XVIIIe siècle français, et espère éclairer les étapes de la genèse, de la diffusion et des exégèses de ce mythe. Il vise à définir, dans leur diversité et leur complexité, les enjeux littéraires, esthétiques, politiques et idéologiques qu'implique l'apparition de la figure de Protée à travers les âges.

01/2010

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Littérature étrangère

Rose (L'aubépine)

" Elle sent l'aneth, la citronnelle, la lavande et la menthe, auxquels s'ajoutent la poussière et des odeurs moins plaisantes, et elle reconnaît l'odeur de son enfance : les ajoncs mêlés d'herbes aromatiques qui jonchaient le sol du grand hall, où elle était souvent restée à jouer sous les tables à tréteaux pendant que les adultes mangeaient. Qu'elle entend à présent au-dessus d'elle, riant à gorge déployée. Elle ouvre les yeux et voit le singe debout sur sa poitrine, entre ses seins, il lui fait une grimace de sous la couronne miniature retenue sous le menton par un lien. Il pince un mamelon rose avec ses doigts minces et osseux, le soulève et le secoue comme une cloche, tandis que ses lèvres s'écartent en une grimace sardonique, et elle en ressent les ondes jusqu'au plus profond de son ventre, où réside une douleur sourde et lancinante. Sa mère et son père et tous leurs amis et leurs chevaliers et les domestiques du château sont rassemblés autour d'elle, ils dominent le spectacle, le plaisir se lit sur leurs visages graisseux, ils s'esclaffent et rient et se tapent les cuisses. " Sur le thème éternel de la princesse endormie, la Belle au Bois dormant, Robert Coover brode de subtiles variations langagières, selon un principe qui présidait déjà à l'élaboration de La Bonne et son maître (1984) : tout manquement au rituel (ou à la rhapsodie) appelle une punition répétée, le désir est un champ d'aubépines, les caresses de l'élue impliquent toiles d'araignée et ossements cliquetants - et le rêve, peuplé de singes, de sorcières et de pères incestueux, est peut-être un viol.

05/1998

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Littérature française

Sympathie pour le Diable

""Don't shoot. Don't waste your bullets. I am immortal" était la devise inscrite sur la voiture, qui était le prolongement de son être, de Paul Marchand à Sarajevo, pendant le siège de la ville. D'autres sources prétendent que Paul avait plutôt écrit : Morituri te salutant. Ceux qui vont mourir te saluent. C'est le sujet de Sympathie pour le Diable, qui fuse comme des balles dans la nuit : comment un grand reporter outrepasse son rôle, tombe amoureux et sauve des vies malgré lui, dans un Sarajevo de neige et de sang, de larmes et d'espoir. On ne revient pas entier de pareil voyage, et la balle qui traversa la main de Paul fracassa aussi sa conscience. Je n'ai donc pas été surpris d'apprendre un 20 juin 2009 son suicide, alors que nous nous étions parlé quelques jours auparavant. Paul Marchand est une légende, une étoile filante, un styliste suicidaire, un Hemingway fréquentable, qu'il faut absolument découvrir et lire. En 1997, je tombe sur un texte de cet inconnu, Sympathie pour le diable, publié au Québec puis par Florent Massot. C'est une rhapsodie de vie et de mort, l'un de ces livres de guerre qui, avec ceux de Norman Mailer et de Malaparte, devraient figurer au rang de classique. Peu d'écrivains me restent en mémoire comme l'indomptable Paul, inventeur de sa vie de Beyrouth-Ouest sur la ligne verte, à Sarajevo qu'il franchissait à tombeau ouvert, humant les morgues, aidant les uns et les autres, refusant d'accepter l'inacceptable quotidien. A sa mort, il laissa une femme à la beauté nordique et une petite fille, Asta. Il laissa aussi ce livre que Guillaume de Fontenay a adapté au cinéma dans une fougue aussi partageuse et irréductible que celle de Paul, le fumeur de toscans. Souvenez-vous : cette boucherie de Sarajevo, au coeur de l'Europe, c'était hier. So Long, Paul". Manuel Carcassonne

11/2019

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Littérature étrangère

Le serpent de dieu

Le serpent de Dieu, d'Irini Spanidou, est l'enfance d'Anna en Grèce, dans les années qui suivent la guerre civile. Famille a priori traditionnelle : père officier de carrière, mère au foyer, une soeur cadette, des grands-parents attentionnés, des collatéraux - ô combien - nombreux... Et puis, c'est autre chose. Un récit partiellement, sinon totalement autobiographique, une prise de conscience, une maturation. Le lecteur suit l'itinéraire d'Anna qui la mènera de l'enfance à l'âge adulte - et à la littérature - à travers une série de rencontres, d'abord avec des animaux, puis avec des humains, au cours desquelles elle se trouvera confrontée aux trois réalités qui désormais la hanteront : l'amour, le sexe, la mort. La fillette, pleine de la grâce naïve de l'enfance et, en même temps, d'une stupéfiante précocité, subit l'influence dominatrice - que ne compense en rien la présence discrète d'une mère sacrifiée - d'un père qui cherche à la modeler à sa propre image. Il aime sa fille comme il aime ses soldats et veut lui imposer ses principes et sa discipline. Anna se rebelle, mais au cours d'une ultime épreuve, elle parviendra enfin à la difficile réconciliation de sa conception d'un monde d'amour avec la vision cruelle et destructrice de son père. Anna brosse avec tendresse, toujours avec verve, une galerie de portraits d'un naturel saisissant : le cousin Menelaos, dit "le Boeuf" ; Manolis, l'ordonnance de son père qui lui sert de nounou ; le général Dimitriadis, grand amateur de serpents... Tous, parents, amis, camarades de classe, personnages de rencontre, sont remarquables d'authenticité. Anna sait être observatrice et son imagination l'entraîne parfois aux frontières d'un monde magique où volent les corbeaux fantômes, où revivent les soldats tués au combat, où s'imbriquent la vie et la mort. Par la précision des souvenirs et la puissance de la vision que nous transmet l'enfant à travers les yeux de l'adulte, Le serpent de Dieu est un roman passionnant, une oeuvre qui dérange, attachante comme son héroïne.

10/1988

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Philosophie

CAHIERS DE MEDIOLOGIE N°2 : QU'EST-CE QU'UNE ROUTE

Ouverture : Régis Debray, Rhapsodie pour la route François Dagognet, Route, anti-route et méta-route La route : permanence & paradoxe : Odon Vallet, Le routard et la routine Numa Broc, Géographie : les grandes lignes François-Bernard Huyghe, Cheminement animal, route humaine Daniel Bougnoux, L'état des routes François-Bernard Huyghe, Le médium ambigu Régis Debray, Le risque routier Nanine Charbonnel, Homo Viator ou Les dix métaphores de la marche Odon Vallet, Trois marcheurs : Bouddha, Jésus, Mahomet Pierre Sansot, Chantons les bas-côtés Jacques Lanzmann, L'ampoule, la crampe et le plaisir - Moi, j'aime l'autoroute Les routes : art & métier : François Dagognet - Alain Dupont - Michel Chappat, La chimie de la route. Dialogue du philosophe et de l'entrepreneur (entretien) Andre Guillerme, Chemins, routes, autoroutes - Théorie des routes Catherine Bertho-Lavenir, Lutte de classes et d'influence Alain Gras, Paris-Bangkok-Saigon : carnet de vol Arnaud Sompairac, La route, la nuit Serge Tisseron, Choses vues Thierry Dufrêne, On the road again. Notes sur un thème de l'art américain Les inforoutes : fin de la route ? : Daniel Parrochia, Les routes invisibles Karine Douplitzky, Voyage au bout de la route Pierre Lévy - Alain Finkielkraut, L'impasse ou l'échappée ? (entretien) Isabelle Rieusset, Un milieu conducteur Monique Sicard, Brouillards sur la route Robert Damien - Salvatore Maugeri, Normaliser pour dominerCoda : Régis Debray - Michel Serres, Sortir des réseaux... (entretien) Kiosque : En relisant en revoyant... : Karine Douplitzky, Le multimédiaticien François-Bernard Huyghe, La main (invisible) du futur Daniel Bougnoux, Philosophes, à vos marches ! Serge Tisseron, Le Cri de la soie : la trahison des images Daniel Bougnoux, Neuropolar Karine Douplitzky, Shakkei ou Les routes du virtuel Pierre-Marc de Biasi, Edward Hopper : l'émergence de la route moderne - Un héritage esthétique du IIIe Reich : l'autoroute nazie Frédéric Tachot, Les mots de la typographie. Initiation ouvrière Régis Debray, L'impératif retour aux sources (Image, Icône, Economie de Marie-José Mondzain) Jean Clair, Eloge du visible (Fondements imaginaires de la science, de Jean Clair) Daniel Bougnoux, Ridicule !, une technologie de l'esprit Serge Tisseron, L'«effet Copycat» Pascal Lardellier - Paul Rasse, Au carrefour des inforoutes, le cybercafé...J Lichnérowicz - Arnaud Sompairac, Bonne expo cherche partenaires...Patrice Claude, Une route réservée aux Israéliens...Louise Merzeau, Single Track Road Luiz Martino, Métaphores Jean-Michel Frodon, JLG Airline François Cusset, Déterritorialiser le livre français Louise Merzeau, Mois Off Laurent Roth, De l'assassinat du spectateur par la fée électricité Janique Laudouar, Une autre façon de monter l'escalier Philippe de Bruyn, Réponse à l'hyperscène Luiz Martino, L'objet évité Vincent Tiffon, Instantané médiologique Michel Wolf, Les garagistes de l'informatique Jean-Michel Frodon, Legendre au miroir Régis Debray, Vidéo-sadisme Anthologie.

11/1996

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Musique, danse

Chantons en famille ! N°5 - CD Joie de vivre, joie d'aimer

CD Chantons en famille n°5. Chantons en famille ! Tout a commencé en 1976, il y a plus de quarante années, dans ma voiture, en revenant d'un week-end de prière où je venais de faire l'expérience de la louange et de la joie de l'Evangile. Un premier chant a jailli de mon coeur et sur mes lèvres : "Le Seigneur Dieu a mis dans mon coeur la joie de vivre, la joie d'aimer" ; d'autres ont suivi et nous les avons chantés avec nos enfants à la prière du soir. En 1989, il y a bientôt 30 ans, avec mon épouse Marie-Françoise, nous avons réalisé notre premier enregistrement avec nos enfants et un couple ami... Les témoignages que nous avons reçus nous ont encouragés à poursuivre... L'aventure continue aujourd'hui avec ce nouveau disque. Nos enfants et, pour la première fois, nos petits enfants chantent accompagnés d'un petit choeur d'enfants de la basilique du Sacré-Coeur de Grenoble. Joie de vivre, joie d'aimer est une invitation à la louange et à la joie que Dieu nous donne, dans notre vie de chaque jour avec nos fragilités (maladie, handicap, vieillesse, solitude...) Ces chants inspirés de la parole de Dieu peuvent être écoutés pour nous aider à louer Dieu, pour nourrir la prière en famille, pour la catéchèse, l'éveil à la foi... 1. Louez le nom du Seigneur... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 2'21 2. Marie, Mère de l'Emmanuel... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 3'06 3. Les saints Anges des cieux... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 3'18 4. Doux Coeur de Jésus... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 1'59 5. Joie de vivre, joie d'aimer... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 3'36 6. Enfants de Dieu, enfants de la lumière... ... ... ... ... ... ... . . 2'58 7. Souvenez-vous, Vierge Marie... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 2'38 8. Aimons-nous les uns les autres... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 2'31 9. Je tourne mon regard vers toi, Jésus... ... ... ... ... ... ... ... . 2'31 10. Entends mon cri, Jésus... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 4' 11. Que la joie du Seigneur... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... 2'18 12. Notre Père... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 2'15 13. Il est bon de vivre ensemble... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 2'15 14. Je te donne ma vie Seigneur... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . 2'32 15. L'Amour fait confiance... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 3'18 16. Près de toi, Marie... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... ... . . 2'05 Durée du disque : 42'77 Paroles et musique : Michel PENHARD Arrangements musicaux, enregistrement, mixage : Philippe BRUN Enregistrement : Studio Rhapsodie & compagnie Illustration : Yves Guézou A propos de l'auteur : Michel Penhard, retraité depuis 2015, Métier exercé : infirmier, cadre de santé, marié à Marie Françoise, éducatrice spécialisée. Six enfants, 5 petits-enfants, membres de la communauté de l'Emmanuel.

08/2018

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Littérature française

Tangente vers l'est

Dès l’ouverture de ce bref roman, on prend le train en marche, en l’occurrence le Transsibérien, déjà loin de Moscou, à mi-chemin de l’Asie. Le long du corridor, se presse une foule de passagers de 3e classe bardés de bagages, d’où se détache une horde de jeunes hommes en tenue camouflage agglutinés dans la fumée de cigarettes, que le sergent Letchov conduit à leur caserne d’affectation en Sibérie. Parmi eux, Aliocha, grand et massif, âgé de vingt ans mais encore puceau, et comme désarmé face aux premiers bizutages qui font partie du rituel de ces transports de conscrits. Il préfère s’isoler, lui qui n’a pas su trouver le moyen d’éviter le service militaire, qui n’attend rien de bon de cette vie soldatesque et sent la menace de cette destination hors limite. A l’écart, il commence à échafauder les moyens de fausser compagnie à son régiment. Mais comment se faire la belle à coup sûr ? Profiter d’un arrêt à la prochaine gare pour se fondre dans la foule et disparaître. A priori, il a tout à craindre de son sergent, mais aussi des deux provodnitsa, ces hôtesses de wagons, en charge de la maintenance des lieux et de la surveillance du moindre déplacement des voyageurs. Une première tentative échoue. Aussitôt repéré, il remonte dans le train. Sa fébrilité suspecte a dû le trahir. Occasion manquée donc, mais sur le quai, Aliocha a croisé une jeune Occidentale qui va bientôt s’émouvoir de son sort : Hélène, une Française de 35 ans, montée en gare de Krasnoïarsk. Elle vient de quitter son amant Anton, un Russe rencontré à Paris et récemment revenu au pays gérer un énorme barrage, un homme qu’elle a suivi par amour près du fleuve du même nom. Malgré les barrières du langage, Aliocha et Hélène vont se comprendre à mi-mots. Toute une nuit, au gré d’un roulis engourdissant, ils vont partager en secret le même compartiment, supporter les malentendus de cette promiscuité forcée et déjouer la traque au déserteur qui fait rage d’un bout à l’autre du train. Les voilà condamnés à suivre un chemin parallèle, chacun selon sa logique propre et incommunicable, à fuir vers l’Est et son terminus océanique, Vladivostok. Une histoire fragile et fulgurante dans une langue sensuelle et fougueuse, laissant à nu des êtres pris dans la rhapsodie d’un voyage qui s’invente à contre-courant. Ce texte a été conçu dans le cadre du voyage d’écrivains dans le Transsibérien organisé par Cultures France pendant deux semaines, en juin 2010, sur la partie orientale du trajet Novossibirsk-Vladivostok. Sa première version, sous forme de fiction radiophonique, a été profondément remaniée pour le présent volume.

01/2012

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Religion

Discours sur la religion et sur quelques autres sujets

"Les Pensées furent-elles vraiment écrites sous forme de fragments ? Se réduisent-elles à un recueil d'aphorismes ? La question peut sembler d'autant plus saugrenue que Pascal passe depuis trois siècles pour l'écrivain fragmentaire par excellence, et le fragment pour l'expression naturelle de son "effrayant génie". Nietzsche n'écrivait-il pas en 1885 : "Les livres les plus profonds et les plus inépuisables participeront toujours du caractère aphoristique et soudain desPenséesde Pascal"? Et Lucien Goldmann, en 1955, n'énonçait-il pas cette règle littéraire : "il n'y a, pour une oeuvre tragique, qu'une seule forme d'ordre valable, celui du fragment, qui est recherche d'ordre, mais recherche qui n'a pas réussi et ne peut pas réussir à l'approcher"? En réalité, parler ainsi est tout simplement commettre un anachronisme. Issu du romantisme allemand, le concept de fragment est dépourvu de signification au XVIIe siècle, auquel Pascal ne fait à cet égard aucune exception : comme tous les apologistes de son temps, il écrivait desdiscourscontinus et le plus souvent d'assez longue haleine (chacun connaît les deux exemples fameux du "Pari" et des "Deux infinis") que l'on trouvera ici restitués - recollés- pour la première fois sous leur figure originelle et publiés dans l'ordre chronologique probable de leur rédaction. Bien loin de composer une rhapsodie, Pascal cherchait ettrouvait"un ordre des raisons", même si sa conception de la raison et de l'ordre n'est plus tout à fait celle de Descartes, mais les fonde l'une et l'autre sur une "logique du coeur" (Heidegger). Cependant, à la mort de Pascal, n'a-t-on pas découvert ses manuscrits dans le plus grand désordre et morcelés en bouts de papier de toutes tailles ? Certes, mais l'on sait parfaitement pourquoi ils se présentaient ainsi : c'est que Pascal avait formellement désavoué, vers 1660, ses discours primitifs à cause de leur trop grande disparate, et qu'il les avait lui-même découpés avec l'intention, ou plutôt l'espoir, de rédiger, sur cette base, un livre nouveau et unitaire, une "Apologie de la religion chrétienne". Il n'empêche que, s'il est évidemment loisible de spéculer sur le "plan" qu'eût suivi ce livre jamais écrit et sans doute impossible à écrire, seul le retour vers l'amontde la création pascalienne, c'est-à-dire le remembrement des "fragments" où elle s'est accidentellement dispersée, peut en livrer le sens authentique. Ce retour au discours pascalien en son jaillissement premier, en sa simplicité et sa monumentalité, c'est à lui qu'invite cette édition, proposée par Emmanuel Martineau en 1992, véritable édition originale de ce qu'on appelle depuis 1670 lesPensées. Depuis longtemps épuisée, le présent ouvrage en est la réédition en fac-similé" .

04/2022