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Contre Francois Jullien

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Autres

L'inouï. Ou l'autre nom de ce si lassant réel

L'histoire que je raconte ici est bien celle de tout le monde... Car qui ne s'est pas trouvé lassé, au fil des jours, du spectacle si merveilleux du ciel, ou du visage de l'Amante, et même d'abord d'être en vie ? Ce qui s'étale revient toujours, s'enlise en effet dans sa présence comme dans sa récurrence et n'émerge plus, n'apparaît plus. On ne pourra y accéder qu'en découvrant ce qui s'en est perdu - et comme enfoui - d'in-ouï. C'est donc seulement en débordant notre expérience, en ouvrant une brèche dans ses cadres constitués et normés, qu'on pourra l'aborder. Aussi rendre ce si lassant réel à ce qu'il contient en soi d'inintégrable et par conséquent de vertigineux, proprement inouï, est, en amont de toute morale, autour de quoi se jouent, basculent nos existences. L'inouï en devient ce concept premier, ce concept clé, ouvrant un minimum métaphysique où s'opère, ici et maintenant, un tel renversement. Car que peut-on attendre d'autre - espérer entendre d'autre - que l'inouï ? F. J.

10/2021

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Philosophie

Pourquoi il ne faut plus dire "je t'aime"

Il faut casser cette image de l'amour-passion comme grand embrasement qui retombe en cendres, s'écarter de l'amour comme désir de possession qui, une fois qu'il a atteint sa satisfaction, se transforme fatalement en déception. Voilà ce que nous dit François Jullien, qui plaide pour le concept d'intime. Si l'amour est équivoque, l'intime, lui, est ambigu. Dire je t'aime, c'est faire de l'autre un objet, quand dire je suis intime avec toi, c'est défaire l'isolement des sujets. De ce décalage entre l'image commune et passionnelle et celle à rapprocher de la notion d'intime, quelle pensée de l'amour peut-on dégager ? Une passionnante réflexion sur ce qu'est vivre.

10/2020

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Ouvrages généraux

Moïse ou la Chine. Quand ne se déploie pas l'idée de Dieu

" N'est-il pas temps d'enquêter sur " Dieu " au-delà de la croyance ou de l'athéisme – du pour ou contre Dieu – et d'abord sur la grande affaire que Dieu a provoquée culturellement en Occident ? Et même qui, pour une si large part, a fait l'" Occident "... Je dégage ici des partis pris majeurs de l'idée de Dieu en explorant l'écart ouvert en vis-à-vis par la langue et par la pensée chinoises où la figure de Dieu, entrevue aux premiers temps de la civilisation, ne s'est pas déployée ; comme telle, n'a guère intéressé. Quel enseignement tirer de ce dévisagement pour le temps présent où l'idée de Dieu, en Europe, est en retrait ? Ne peut-il servir à la déconstruire plutôt qu'à la rejeter ? Ce faisant, j'interroge la philosophie à nouveaux frais en la confrontant à un autre avènement possible de la pensée. Si " Dieu " n'y sert plus de clef de voûte à la vie comme à la vérité, ou s'il n'est plus porteur de Sens ? Car fallait-il penser la Vérité ? Ne suffisait-il pas d'élucider la cohérence du grand Procès du monde (le " Ciel "), d'en éprouver la " viabilité " infinie (le tao) ? Comme le divers des cultures est le nouvel horizon du monde, il s'agit également, en suivant cette piste, de penser les conditions d'un dialogue interculturel qui soit effectif. Ou comment penser entre des langues et des pensées ? Les plus grands textes de la Chine ancienne, relus ici, serviront du coup d'introduction à la pensée chinoise. Celle-ci n'y est plus alignée sur la philosophie européenne – puisqu'elle s'explore par écart d'avec elle – mais interrogée dans ses ressources et ses présupposés. De là se détachent aussi quelques orientations majeures, entre civilisations, dont l'enjeu géopolitique est à méditer pour s'orienter dans l'avenir. " F.J.

01/2022

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Sociologie

L'incommensurable

" Un regard qu'on croise fêle d'infini ce visage ; il n'entre en commune mesure avec rien qui soit au monde. Au point d'ailleurs qu'on ne le supporte pas, ou qu'il en paraît indécent et qu'on a tôt fait de détourner les yeux. Or, de quoi cela est-il si discrètement – mais indéniablement – la révélation ? Comme il y a de l'incommensurable autour de certains nombres qui, jusque dans la plus grande proximité, maintiennent un écart irréductible avec les autres, nos vies sont traversées par de l'incommensurable. Mais nous sommes portés à le rabattre comme à l'éviter pour ne pas avoir à l'affronter. Il est vrai que la société commensurabilise : l'argent, la " communication " ont fonction d'enfouir l'incommensurable au lieu d'en laisser entendre l'inouï. L'incommensurable laisse apparaître que l'infini n'est plus à reporter en bout, voire dans un " au-delà " de l'expérience, comme le voulait la métaphysique ; mais qu'il ne cesse d'infiltrer notre expérience et l'ouvre de l'intérieur au vertige. Incommensurable de la jouissance en regard du plaisir, ou de l'intime vis-à-vis de la sociabilité ou de l'événement de la mort... N'est-ce pas en repérant ces fêlures d'incommensurable qu'on pourra déployer l'existence ? Sinon, elle est fastidieuse. Car qu'est-ce qui ne se laisse pas intégrer dans la commune mesure du monde, mais qui n'est pas pour autant d'un autre monde ? Or c'est au nom de quoi l'on pourra s'élever contre l'inhumain du monde. Un concept – l'incommensurable – ne pourrait-il pas changer la vie ? " F.J.

01/2022

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Philosophie

Du "temps". Eléments d'une philosophie du vivre

Fallait-il penser le « temps » alors qu’on sait, depuis les Grecs, que sa division selon les temps de la conjugaison rend son existence insaisissable ? Et que, surplombant le cours de la vie, il nous porte à ne pouvoir imaginer celle-ci que comme une traversée nous tournant d’emblée vers sa fin ? En dépit de l’invitation des poètes : « Cueille le jour ! », nous ne concevons toujours pas ce que peut être de vivre au présent… C’est pourquoi j’ai tenté, en passant par la pensée chinoise, de sortir de ce grand pli du « temps ». Car la Chine a pensé le « moment » saisonnier et la « durée » des processus, mais non pas une enveloppe qui les contienne tous deux et qui serait le temps homogène, abstrait. Ce faisant, elle nous invite à relire la formule de Montaigne : vivre, non pas au présent, mais « à propos » ; ainsi qu’à nous pencher sur ces notions courantes, mais que la philosophie n’a guère explorées : l’opportunité du moment et la disponibilité opposée au devancement. Je prendrai donc ici le parti de la sagesse : si vivre était à penser selon l’occurrence du moment, autrement que comme intervalle, et par conséquent à sortir du grand drame « existentiel » que la philosophie, érigeant le « temps », a si puissamment organisé ? F. J.

04/2012

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Philosophie

Une seconde vie

Dans cet essai, François Jullien développe l'idée d'une "seconde vie", qui ne serait ni une renaissance ni une nouvelle vie. Relisant les classiques de la pensée chinoise, les fondateurs du taoïsme, et les faisant dialoguer avec les écrivains et penseurs européens, le philosophe et sinologue cartographie un chemin, celui d'une transformation silencieuse. Sans rupture, discrètement, notre vie se décale lentement d'elle-même et commence à se choisir, à se réformer. Elle se relance, se réengage, élague dans ses projets et ses visées, dégage des possibles encore inexplorés. Dès lors, déployant pas à pas notre liberté, sortant de la répétition, devenant lucides, nous ne continuons plus simplement de vivre, mais commençons d'exister.

08/2018

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Philosophie

Philosophie du vivre

"Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition, être en vie, et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais, pleinement, à y accéder. Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'on appellera, le projetant dans l'Etre, la "vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté ; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin". Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse ; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas, hélas ! , imprudemment laissé en friche ?" François Jullien.

03/2011

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Philosophie

Le détour et l'accès. Stratégies du sens en Chine, en Grèce

En politique comme en poésie, les Chinois privilégient l'expression allusive, la formulation détournée : au face-à-face, ils préfèrent la subtilité d'un abord de biais. Ils "chinoisent ", dit-on d'eux, sans comprendre comment ils procèdent. Refusant de laisser enfermer cette différence dans les termes d'une nature ou d'une mentalité singulières, François Jullien nous montre sur quelle logique repose cette autre stratégie du sens et quelle est son efficacité. Dans les grands textes de la pensée chinoise ici revisités (Entretiens de Confucius, Mencius, Laozi, Zhuangzi), nous découvrons un discours de l'"indice " qui ne vise pas à la généralité des essences, mais intègre en lui toutes les perspectives, comme globalité, et aboutit ainsi à une variation continue. C'est de là que naissent, en Chine, la richesse d'un sens implicite ainsi que la valeur de la sagesse. Avec Le Détour et l'Accès, François Jullien nous entraîne au plus loin du logos. Travaillant, chemin faisant. à cette question nouvelle : comment l'écart peut-il être source d'effet ? Autrement dit, en quoi le détour donne-t-il accès ?

03/2010

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Philosophie

FONDER LA MORALE. Dialogue de Mencius avec un philosophe des Lumières

Constituée au XVIIIe siècle, devenue suspecte au XIXe siècle, la question du fondement de la morale se trouve aujourd'hui noyée dans le flou de notre idéologie. Pour l'en dégager, François Jullien entreprend de la repenser en la réfléchissant dans une autre tradition culturelle (la Chine) - par confrontation avec l'un de ses principaux penseurs (Mencius). Le temps est en effet venu de sortir la philosophie de sa filiation occidentale ; de l'envisager d'un dehors pour sonder ses partis pris théoriques. Au risque sinon de s'enfermer dans un humanisme naïf, en vivant son conformisme idéologique comme une évidence, ainsi que de condamner la philosophie à l'atavisme. Le siècle des Lumières avait déjà le goût du dialogue entre cultures (dans le genre : entre un " philosophe chinois " et un " philosophe chrétien "). Mais, ici, c'est un sinologue qui conduit le débat. Avec notamment pour enjeu : concevoir un statut non doloriste de la " pitié ", chercher un rigoureux ancrage à l'humanité comme à la solidarité, ou penser l'accès à l'inconditionné (le " Ciel ") à partir de la morale.

01/1995

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Philosophie

Les transformations silencieuses

Grandir, vieillir; niais également l'indifférence qui se creuse, jour après jour, entre les anciens amants, sans même qu'ils s'en aperçoivent; comme aussi les Révolutions se renversant, sans crier gare, en privilèges: out bien encore le réchauffement de la planète: autant de modifications qui ne cessent de se produire ouvertement devant nous, mais si continûment et de façon globale, de sorte qu'on ne les perçoit pas. Mais on en constate soudain le résultat - qui nous revient en plein visage. Or, si cette transformation continue nous échappe, c'est sans doute que l'outil de la philosophie grecque, pensant en ternies de formes déterminées, échouait à capter cet indéterminable de la transition. De la, l'intérêt à passer par la pensée chinoise pour prêter attention à ces " transformations silencieuses " : sous le sonore de l'événement, elles rendent compte de la fluidité de la vie et éclairent les maturations de l'Histoire tout autant que de la Nature. De notion descriptive, on pourra en faire alors un concept de la conduite, stratégique comme aussi politique : face à la pensée du but et du plan, qui a tant obsédé l'Occident, s'y découvre l'art d'infléchir les situations sans alerter, d'autant plus efficace qu'il est discret.

03/2009

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Philosophie

Si près, tout autre. De l'écart et de la rencontre

Notre vie, ne la passons-nous pas en quête de l'Autre ? De l'autre, enfin, qui soit autre. Or ce tout autre n'est pas à attendre de quelque Là-bas espéré, d'un lointain fantasmé : la pensée ne fera toujours que tourner en rond dans cet imaginaire projeté. Mais il se découvre si près, à portée, dans ce que l'on a trop placidement, paresseusement, assimilé. L'inouï ne tombe pas de quelque ciel féérique, mais s'extrait de ce qu'on foule si négligemment d'instants banals. L'opposé lui-même n'est plus autre, car il ne confronte plus à de l'inconnu : il est désormais posé devant, "en face", diamétralement aligné, et même dramatiquement érigé ; mais déjà assigné, inerte et rangé - l'opposé déjà s'entend avec son autre. De là qu'il faudra, je crois, procéder de façon inverse. Chercher de l'autre, non pas dans ce qui s'annonce à l'antipode, dans le rôle du contraire, qui déjà est complémentaire. Mais plutôt en ouvrant un écart au sein de ce qu'on croirait semblable, le plus à proximité, apparemment le plus apparenté : pour y sonder ce qui s'y fissurerait secrètement d'un autre possible. En émergeant d'un tel écart, cet Autre - Toi - peut être rencontré. J'ai tenté de dresser ici un bilan, paradoxal il est vrai, de ce qui est au coeur de mon travail et qu'il me paraît urgent de penser, au départ de l'éthique et du politique : l'altérité.

02/2018

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Philosophie

Dialogue sur la morale

Constituée au XVIIIè siècle, devenue suspecte au XIXè, la question du fondement de la morale se trouve aujourd'hui noyée dans le flou de notre idéologie. Pour l'en dégager, François Jullien entreprend de la repenser en la réfléchissant dans une autre tradition culturelle (la Chine) - par confrontation avec l'un de ses principaux penseurs (Mencius). Le temps est en effet venu de sortir la philosophie de sa filiation occidentale ; de l'envisager d'un dehors pour sonder ses partis pris théoriques. Au risque sinon de s'enfermer dans un humanisme naïf, en vivant son conformisme idéologique comme une évidence, ainsi que de condamner la philosophie à l'atavisme. Le siècle des Lumières avait déjà le goût du dialogue entre cultures (dans le genre : entre un " philosophe chinois " et un " philosophe chrétien "). Mais, ici, c'est un sinologue qui conduit le débat. Avec notamment pour enjeu : concevoir un statut non doloriste de la " pitié ", chercher un rigoureux ancrage à l'humanité comme à la solidarité, ou penser l'accès à l'inconditionné (le " Ciel ") à partir de la morale.

01/1998

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Philosophie

De l'universel, de l'uniforme, du commun et du dialogue entre les cultures

Y a-t-il des valeurs universelles ? Où situer le commun entre les hommes ? Comment concevoir le dialogue entre les cultures ? Pour y répondre, il nous faut suivre l'avènement du politique à partir du commun ; en même temps que remonter dans l'histoire composite de notre notion d'universel : à travers l'invention du concept, la citoyenneté romaine ou la neutralisation de tous les clivages dans le salut chrétien. Mais il conviendra également d'interroger les autres cultures : la quête de l'universel n'est-elle pas la préoccupation singulière de la seule Europe ? Il est temps, en effet, de sortir à la fois de l'universalisme facile et du relativisme paresseux : notamment, de requalifier, mais par leur versant négatif, un absolu des droits de l'homme ; de repenser le dialogue des cultures en termes non d'identité et de différence, mais d'écart et de fécondité en même temps que sur le plan commun de l'intelligible ; d'envisager ainsi ces cultures comme autant de ressources à explorer, mais que l'uniformisation du monde aujourd'hui menace. Car seul ce pluriel des cultures permettra de substituer au mythe arrêté de l'Homme le déploiement infini de l'humain, tel qu'il se promeut et se réfléchit entre elles.

01/2008

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Philosophie

Cette étrange idée du beau. Chantiers, II

François Jullien poursuit ici sa confrontation de la pensée occidentale avec la pensée chinoise en s'interrogeant sur la notion de beauté. Le "beau" trône en effet dans la culture européenne sans qu'on se soit enquis des partis pris qui l'ont porté. Or le "beau" ne va pas de soi et la pensée chinoise ne l'a pas isolé. François Jullien le rend ainsi à son étrangeté.

05/2011

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Psychologie, psychanalyse

Cinq concepts proposés à la psychanalyse. Chantiers, III

En dépit de la révolution qu'il opère, Freud n'est-il pas demeuré dépendant de l'outillage intellectuel européen ? Ne laisse-t-il pas dans l'ombre, de ce fait, certains aspects de la pratique analytique que sa théorie n'a pu explorer ? Mais comment s'en rendre compte, si ce n'est en sortant d'Europe ? Je propose ici cinq concepts de la pensée chinoise, dans lesquels ce qui se passe dans la cure pourrait se réfléchir et, peut-être, mieux s'expliciter : la disponibilité par rapport à l'attention du psychanalyste ; l'allusivité par rapport au dire de l'analysant ; le biais par rapport à l'ambition de la méthode ; la dé-fixation par rapport à l'enjeu de la cure ; la transformation silencieuse par rapport à l'exigence de l'action et de son résultat. Autant d'approches qui font découvrir la psychanalyse sous un jour oblique, la révélant dans son impensé. Or, cet impensé n'est-il pas aussi celui de la pensée européenne découverte dans ses partis pris ? F. J.

03/2013

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 9, Hiver 2007-2008

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre " - petit livre parmi les livres -, l'Agenda est là, sur la table des librairies, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment parus, voire à paraître, et pointer aussi vers quelques œuvres négligées : pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuer à un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs du savoir et de la pensée. Par-delà les analyses et les comptes rendus des livres qui viennent de paraître, nous avons commencé à donner la parole aux auteurs eux-mêmes, dans une série d'entretiens. Nous publierons désormais également, plus en amont, des textes en chantier, avant même leur mise au point définitive et leur publication ; ainsi que des prises de position à la fois théoriques et politiques procédant d'œuvres en cours et donnant voix à l'engagement intellectuel aujourd'hui.

01/2008

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Philosophie

De l'Etre au Vivre. Lexique euro-chinois de la pensée

"Dans quels termes penser quand le monde est en voie de penser dans les mêmes ? Face aux principaux concepts de la pensée européenne, je suis allé chercher en Chine des cohérences à mettre en vis-à-vis, dont je fais des concepts, ceux-ci laissant paraître d'autres possibles. Il ne s'agit donc pas de "comparer". Mais de cueillir les fruits d'un déplacement théorique, dont je dresse ici le bilan, en explorant d'autres ressources à exploiter ; comme aussi, par le dévisagement mutuel engagé, de sonder respectivement notre impensé. Au lieu donc de prétendre identifier des "différences" qui caractériseraient les cultures, je cherche à y détecter des écarts qui fassent reparaître du choix et remettent en tension la pensée. C'est seulement à partir d'eux, en effet, qu'on pourra promouvoir un commun de l'intelligible qui ne soit pas fait de slogans planétarisés. En retour, les entrées de ce lexique introduiront autant de dérangements qui pourront faire réagir les pratiques de l'art comme de la psychanalyse ; qui permettront de réinterroger de biais la pensée du politique comme du management. Et voici que, en dessinant une sortie de la "question de l'Etre", c'est du même coup une nouvelle pensée du vivre que capte, dans ses mailles, ce filet." François Jullien.

03/2015

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Philosophie

Vivre en existant. Une nouvelle éthique

Entre ces deux grands termes rivaux, l'être et le vivre, exister est le verbe moderne qui fait lever un nouveau possible. Mais comment décrire l'existence sans plus construire - comme la philosophie l'a fait de l'Etre - en s'en tenant au ras du vécu ? Je cherche ici des concepts qui décolleraient le moins de l'expérience : on reste dans l'adhérence au vital ou on en désadhère. Car exister, c'est d'abord résister. Sinon ma vie s'enlise ; ou bien elle peut basculer. Elle s'amorce et se résorbe. Elle reste prise dans le " dur désir de durer " ou bien je peux en émerger. Car si vivre, c'est déjà dé-coïncider d'avec soi (sinon c'est la mort), exister est ce verbe nouveau qui, détaché de l'Etre, se promeut en ressource. " Ex-ister ", c'est en effet, littéralement, " se tenir hors " - il faudra dire de quoi. Ou comment émerger du monde, mais dans le monde, sans verser dans l'au-delà de la métaphysique ? De là se dégage une nouvelle éthique qui ne prêche pas : vivre en existant. F. J.

03/2016

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Philosophie

Procès ou création. Une introduction à la pensée des lettrés chinois

Que toute réalité soit conçue comme processus en cours relevant d'un rapport d'interaction ; que tout réel ne soit donc jamais analysable comme entité individuelle mais comme relation ; qu'il y ait par conséquent à l'origine de tout phénomène non pas une mais toujours deux instances fonctionnant corrélativement (yin/yang, terre/ciel, paysage/émotion...) : c'est là une représentation de base de la culture chinoise, dont la lecture de Wang Fuzhi (1619-1692) permet ici de saisir les enjeux. Soit une régulation ininterrompue du cours (du monde comme de la conscience), un va-et-vient du visible et de l'invisible dans une essentielle corrélation, une affirmation des valeurs qui, inscrite dans l'ordre de la nature, ne débouche sur aucune rupture dualiste ni sur aucun "être" métaphysique. La lecture de François Jullien se veut problématique en ce qu'elle propose entre "procès" et "création" (telle que l'entend l'occident) une alternative qui permet de percevoir le pli particulier pris par tout un contexte de civilisation, assimilé comme une évidence, et qui lui sert de forme (inconsciente) de rationnalité. Manière, aussi bien, de redécouvrir les partis pris enfouis dans notre propore cogito.

03/1989

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Philosophie

Si parler va sans dire. Du logos et d'autres ressources

Aristote nous a laissé ces équivalences majeures, s'imposant comme des évidences : que parler c'est dire ; que dire est dire quelque chose ; et que dire quelque chose est signifier quelque chose : destinant ainsi la parole à être le discours déterminant de la science, reposant sur le principe de non-contradiction et apte à répondre à la question grecque par excellence - désormais mondialisée - du " qu'est-ce que c'est ? ". En se tournant vers les penseurs taoïstes de la Chine ancienne, François Jullien rouvre une autre possibilité à la parole : " parole sans parole ", d'indication plus que de signification, ne s'enlisant pas dans la définition (puisque non adossée à l'Etre), disant " à peine ", ou " à côté " - qui ne dit plus quelque chose mais au gré. Or, n'est-ce pas aussi là, quelque part (à préciser), la ressource que, depuis Héraclite, en Europe, revendique avec toujours plus de virulence la poésie ? Aristote ne débat plus ici avec ses opposants familiers. S'invitent enfin à ses cours, pour dialoguer avec lui, des interlocuteurs inattendus, et même qu'il n'imaginait pas.

09/2006

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Philosophie

La grande image n'a pas de forme ou du non-objet par la peinture

La conquête de l'objectivité est une avancée théorique - héroïque - de l'Occident, redonnant sens à cette appellation douteuse. C'est à penser sa possibilité que s'est attachée la philosophie ; c'est elle qui a permis le succès vérifié de la science ; c'est à sa représentation que s'est vouée passionnément, y quêtant l'illusion du vrai, la peinture classique. Mais cette construction rationnelle de l'objet n'a-t-elle pas enseveli d'autres possibilités de cohérence resurgissant génialement, par effraction, dans la peinture moderne et dans la poésie ? C'est au désenfouissement d'une telle intelligence qu'invitent de leur côté, en toute sérénité, les Arts de peindre de la Chine ancienne que nous abordons ici : en traitant d'une image qui ne se laisse pas cantonner dans l'exiguïté de la forme, mais se transforme par respiration du vide et du plein, et écrit dans les polarités du paysage l'incitation qui tend la vie. F. J.

01/2003

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 8, Automne 2007

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre ", petit livre parmi les livres, l'Agenda est là, sur la table des librairies, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment parus voire à paraître, et pointer aussi vers quelques œuvres négligées : pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuer à un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs du savoir et de la pensée. F. J.

09/2007

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 3, Printemps 2009

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre " petit livre parmi les livres -, l'Agenda est là, sur la table des libraires, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment partis. voire à paraître, et pointer aussi vers quelques cuivres négligées: pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuera un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs dit savoir et de la pensée. Par delà les analyses et les comptes rendus des livres qui viennent de paraître, il publie désormais également, plus en amont, des textes en chantier, avant même leur mise au point définitive et leur publication; ainsi que des prises de position à la fois théoriques et politiques procédant d œuvres en cours et donnant voix à l'engagement intellectuel aujourd'hui. (F. J.)

04/2009

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Philosophie

L'invention de l'idéal et le destin de l'Europe

Idéal est un mot d'Europe : il s'y retrouve d'une langue à l'autre, seule diffère la façon de le prononcer. Il n'est pas banal d'avoir isolé dans la vie de l'esprit cette représentation unitaire, séparée de l'affectif, qu'on appelle "idée". Il l'est encore moins d'avoir imaginé reporter sur elle, promue en "idéal" séparé du monde, la fixation du désir, au point de faire de cette abstraction le mobile d'une humanité prête à s'y sacrifier. L'idéalisme platonicien et la dramatisation de l'existence qu'un tel coup de force a inspirée, le lecteur les redécouvre à neuf considérés depuis la Chine. Car la Chine nous dit comment on aurait pu ne pas se laisser prendre à ce jeu de l'idée. Et d'abord comment s'engager dans la pensée en s'insérant dans la tradition plutôt que de vouloir, par le doute, rompre avec toute adhésion ; comment se fier au conditionnement de la conduite par imprégnation des rites plutôt que par l'obéissance consentie à la Loi ; ou comment la Raison peut se conformer à la régulation des choses plutôt qu'à la formalisation d'un modèle détaché du monde. Au moment où l'"Europe" doute de son avenir, n'y a-t-il pas intérêt à repenser cette vocation de l'idéal ?

05/2017

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Philosophie

La propension des choses. Pour une histoire de l'efficacité en Chine

En suivant à la trace un mot chinois (che), François Jullien nous entraîne à travers les champs de la stratégie, du pouvoir, de l'esthétique, de l'histoire et de la philosophie de la nature. Chemin faisant, on vérifiera que le réel se présente comme un dispositif sur lequel on peut et doit prendre appui pour le faire œuvrer - l'art et la sagesse étant d'exploiter selon un maximum d'effet la propension qui en découle. D'un mot embarrassant (parce que limité à des emplois pratiques et rebelle de toute traduction univoque), ce livre fait donc le révélateur d'une intuition fondamentale, véhiculée par la civilisation chinoise à titre d'évidence. S'éclairent du même coup, en regard, certains partis pris de la philosophie ou " tradition " occidentale : notamment ceux qui l'ont conduit à poser Dieu ou penser la liberté.

01/2003

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Philosophie

Chemin faisant. Connaître la Chine, relancer la philosophie

La Chine est ailleurs, est-elle " autre " ? Cet ailleurs de la Chine se constate dans la langue comme dans l'Histoire. Quant à l'altérité, elle est à construire patiemment en nouant le dialogue entre deux civilisations, la chinoise et l'européenne, qui se sont développées si longtemps sans contact entre elles. C'est à ce travail que se livre François Jullien, essai après essai, ou chemin faisant, sans postuler d'altérité ni d'identité de principe. A la fois pour fournir des concepts à la connaissance de la Chine et relancer la philosophie en l'interrogeant du dehors chinois. A l'occasion de cette Réplique, François Jullien récapitule le chemin parcouru, ou sa " méthode ", et les résultats acquis. Il montre du même coup comment, à partir du dévisagement réciproque des cultures, ouvrir la voie d'un auto-réfléchissement de l'humain qui nous délivre de l'humanisme mou et de sa pensée faible.

01/2007

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Philosophie

La philosophie inquiétée par la pensée chinoise

" Inquiéter " la philosophie, c'est distiller en elle un désarroi tel, au fil des pages, qu'elle ne se retrouve plus dans ses questions ; la débusquer là où elle se croyait tranquille pour la porter à se réfléchir en amont. Car, en concevant une efficacité qui ne procède pas par modélisation (Conférence sur l'efficacité) ; une sagesse pour qui avancer une idée est déjà verser dans la partialité (Un sage est sans idée) : ou bien une image qui soit moins mimétique que vectrice d'énergie (La grande image n'a pas de forme) ; un " mal " qui ne soit qu'obstruction du cours, du monde comme de la vie (Du mal / du négatif) ; aussi bien qu'un " vivre " qui ne soit plus suspendu au Bonheur (Nourrir sa vie) - la Chine rompt insidieusement, par un biais ou par un autre, avec nos attendus. Ou encore : en ne faisant pas du Nu l'idéal de la beauté (Le : Nu impossible) ; en ne faisant pas du temps ce grand axe dominant l'existence (Du " temps "). Façon de repasser par les lieux les plus familiers de la pensée européenne et, en faisant travailler l'écart chinois, de les brusquer hors de la banalité ; et de voir soudain saillir, chemin faisant, ce qu'en ne pensait pas à penser.

09/2009

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Philosophie

Agenda de la pensée contemporaine N° 6, Hiver 2006

Non pas revue à proprement parler, mais libelle, " petit livre " - petit livre parmi les livres -, l'Agenda est là, sur la table des librairies, pour rendre compte des principaux livres de pensée récemment parus, voire à paraître, et pointer aussi vers quelques œuvres négligées : pour stimuler à la fois, l'une par l'autre, la lecture et la réflexion et contribuer à un débat moins paresseux. Il est là notamment pour faire apparaître la reconfiguration en cours de champs du savoir et de la pensée. F. J.

01/2007

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Beaux arts

De l'essence ou du nu

Tout désigne le Nu comme un phénomène qui a si bien " collé " à la culture européenne que nous n'en sommes jamais sortis. Tant il relie l'Occident d'un bord à l'autre, d'une époque à l'autre et même d'un art à l'autre, y compris la photographie, et a servi continûment de base dans la formation des Beaux-Arts. L'Eglise a pu rhabiller le sexe, mais elle a gardé le nu. En revanche, s'il est un vaste espace culturel où le nu n'a jamais pénétré, où il soit resté complètement ignoré, c'est bien en Chine. Or, c'est là une donnée d'autant plus surprenante que la tradition artistique chinoise a largement développé la peinture et la sculpture des personnages. Une absence aussi radicale, et qui ne souffre pas d'exception, exige donc qu'on l'envisage de plus près. Car elle renvoie à une impossibilité. Nous voici donc conduits à nous interroger sur la condition de possibilité du nu : à quoi, d'un point de vue théorique, a-t-il dû de s'interposer entre la chair et la nudité, le désir et la honte ? Rouvrant ainsi un accès sensible à l'ontologie, François Jullien en fait le révélateur de notre quête de l'en-soi et de la présence, en même temps qu'il met au jour un nouvel objet, d'autant plus intéressant à penser qu'il est à identifier par son absence : " le Nu impossible ".

10/2000

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Philosophie

L'inouï

L'histoire que je raconte ici est bien celle de tout le monde... Car qui ne s'est pas trouvé lassé, au fil des jours, du spectacle si merveilleux du ciel, ou du visage de l'Amante, et même d'abord d'être en vie ? Ce qui s'étale, revient toujours, s'enlise en effet dans sa présence comme dans sa récurrence et n'émerge plus, n'apparaît plus. On ne pourra y accéder qu'en découvrant ce qui s'en est perdu - et comme enfoui - d'in-ouï. C'est donc seulement en débordant notre expérience, en ouvrant une brèche dans ses cadres constitués et normés, qu'on pourra l'aborder. Aussi rendre ce si lassant réel à ce qu'il contient en soi d'inintégrable et par conséquent de vertigineux, proprement inouï, est, en amont de toute morale, autour de quoi se jouent - basculent - nos existences. L'inouï en devient ce concept premier, ce concept clé, ouvrant un minimum métaphysique où s'opère, ici et maintenant, un tel renversement. Car que peut-on attendre d'autre - espérer entendre d'autre - que l'inouï ? F.J.

01/2019