Recherche

crocodile Aristote

Extraits

ActuaLitté

Heidegger

L'Adversaire privilégié. Heidegger, les juifs et nous

La pensée de Heidegger est indissociable.de l'histoire de la philosophie. Elle ne saurait se comprendre autrement que comme une "répétition" de la question du sens de l'être demeurée occultée depuis Aristote jusqu'à Nietzsche. Répéter l'histoire de la philosophie ne signifie nullement réitérer la manière dont cette histoire s'est déployée, mais lui donner une orientation déterminée : la rappeler à sa vérité initiale. C'est ainsi que son oeuvre est marquée par les alliances ales ruptures entre le destin de la Grèce et l'appel de l'alérnanité, entre l'"impensé", de la métaphysique et l'éclosion de la vérité de l'être. Or, c'est dans ce geste que nous voyons proliférer un antijudaïsme et un antisémitisme animés par deux modalités de dénégation distinctes mais intimement liées : la forclusion et l'"auto-annihilation" du judaïsme. En ce sens, l'antijudaïsme et l'antisémitisme s'inscrivent à même l'extension de la pensée de l'être. Nous voyons en Heidegger un adversaire privilégié : nous engageons une lecture interne des suppositions et des conséquences de sa pensée de l'histoire tout en proposant d'autres pistes de réflexion face à la singularité de l'autre et de l'événement historique. Il ne s'agira plus de comprendre ceux-ci au sein d'une histoire de la vérité de l'être, mais d'orienter la philosophie vers un questionnement hyper-critique. Celui-ci se mesure chaque fois singulièrement à ce qui, au coeur du présent, nous reviendrait et nous adviendrait des événements passés et à-venir dans l'histoire. Notre recherche entend ainsi autoriser une pensée philosophique où chaque événement historique commanderait une singulière justice et une responsabilité sans réserve au nom de ceux qui sont déjà morts et devant ceux qui ne sont pas encore nés, pas encore présents ni vivants, victimes ou non de l'histoire qui vient.

02/2021

ActuaLitté

Philosophie

PHILOSOPHIE N° 61 MARS 1999 : DUNS SCOT

L'importance de Duns Scot (1265?-1308) pour l'histoire de la métaphysique et de l'éthique n'est plus à démontrer. En demandant à Olivier Boulnois de recueillir ces études, Philosophie tente de se faire l'écho de la floraison récente de travaux consacrés à cet auteur, aussi bien à l'étranger qu'en France. L'article de Stephen Dumont souligne la place fondamentale de Scot dans l'histoire de la métaphysique. Mais au lieu de se centrer sur la tradition moderne de la métaphysique transcendantale (de Suarez à Kant), il insiste sur le fait que Scot résout l'énigme de la Métaphysique d'Aristote en réduisant sa dimension théologique de celle-ci à sa dimension ontologique. La philosophie scotiste apparaît ainsi comme l'aboutissement d'une exploration systématique des possibilités d'interprétation ouvertes par le texte aristotélicien. L'étude d'Olivier Boulnois fait la transition entre la métaphysique et l'éthique. Elle s'interroge sur le fondement métaphysique de l'éthique scotiste et montre comment le primat d'une volonté libre, et, dans le monde fini, la contingence de la loi morale, s'accompagnent d'une objectivité du bien. La rigueur de la liberté n'est précisément pas l'arbitraire. Gérard Sondag, quant à lui, pose, à partir d'un point très précis d'exégèse aristotélicienne - pour quelle raison le citoyen courageux expose-t-il sa vie quand la Cité est en danger ? - la question du fondement éthique du sacrifice de soi. En rejetant, dans sa réponse, toute éthique de l'intérêt personnel, et en posant une objectivité de la norme éthique indépendante de notre propre avantage, Scot ouvre une voie qui conduit à la morale normative de Kant. Duns Scot apparaît ainsi à la fois comme le refondateur de la métaphysique comme discipline transcendantale et comme un penseur original de l'éthique. Unissant ces deux dimensions, il est l'auteur d'une véritable métaphysique de l'éthique.

03/1999

ActuaLitté

Philosophie

Principia Moralia

Y a-t-il une seule et unique morale dont on puisse se prévaloir aujourd'hui ? Les réflexions philosophiques sur la morale se sont toujours combattues, remplacées, démenties au fil du temps, tout en étant chacune valable. Le stoïcisme, la morale de la vertu, le recours à la loi morale, l'utilitarisme sont autant de courants qui irriguent encore notre façon de penser. Mais laquelle de ces "visions" choisir ? Et pourquoi choisir celle-là plutôt qu'une autre ? Michel Meyer opère ici un retournement de la pensée traditionnelle sur l'éthique. C'est parce que l'homme est un problème pour l'homme qu'il y a des réponses qu'on appelle la morale. Michel Meyer ne part plus des sujets éthiques (Moi, l'Autre) comme référents moraux, mais de la distance, plus ou moins grande, entre les individus. C'est la variation de cette distance qui influence nos choix quant au bien et au mal, à ce que l'on recherche ou à ce que l'on veut fuir ou éviter, et qui fera qu'on sera tantôt stoïcien, tantôt utilitariste ou kantien. Le positionnement des sujets les uns par rapport aux autres conduit à agir de telle ou telle manière, donc à adopter tel ou tel type de conduite morale et à juger ce qui est bien ou mal de façon différente. Le problème moral, c'est l'Autre comme problème, auquel il convient de répondre selon la distance qui nous sépare, nous divise ou nous rapproche, et auquel on répond toujours d'ailleurs, parce qu'il constitue une menace, un appel à l'aide, ou encore la nécessité de coopérer. Sans chercher à édicter de nouvelles règles ou de nouveaux préceptes, Michel Meyer replace les grandes théories morales, comme celles d'Aristote, de Kant, de Mill ou encore de Hume, dans un espace philosophique virtuel qui est leur espace de validité. Avec le concept de distance entre les êtres, il nous offre ainsi une approche nouvelle et synthétique de la morale.

01/2013

ActuaLitté

Philosophie

La raison

La raison est-elle cette faculté naturelle en l'homme qu'a décrite une certaine tradition philosophique ? En vérité non, elle a une histoire, ou plutôt, est histoire. Configuration culturelle, elle a un lieu et une date de naissance donc un devenir. La question aujourd'hui, qui ne paraîtra intempestive qu'aux aveugles, est de savoir si nous n'assistons pas à son déclin. Analyse de la notion. Sous le terme de logos, le monde grec n'entend pas une propriété qui ferait de l'homme une exception dans la nature, mais la structure complexe des harmoniques en lesquelles se dit l'identité de la pensée et de l'être. Le XVIIe siècle, identifiant la raison à l'humanité, en consacre la souveraineté sur le monde. Mais n'y a-t-il pas là une illusion par laquelle, les pouvoirs de la rationalité semblant pourtant ainsi affirmés, la puissance libératrice de la raison est en fait occultée ? Sans doute, cette puissance est-elle pleinement avérée par une raison saisie dans son mouvement dialectique et sa fondamentale historicité. Mais le règne apparemment sans partage de la rationalité calculatrice à l'époque contemporaine ne signe-t-il pas, sinon la mort, du moins l'atrophie de la raison ? Etude de textes. Platon, dans un texte fameux du Phédon, donne l'occasion à Socrate d'énoncer la décision rationnelle fondatrice de la philosophie. Cette décision, bien loin de nous exiler en quelque lieu étranger, nous renvoie à nous-mêmes et à l'essentielle question de notre bonheur : le Livre X de l'Éthique à Nicomaque d'Aristote exprime cette solidarité forte de la rationalité et de la vie heureuse. Tournant le dos à l'exigence eudémoniste, la Critique de la raison pratique de Kant fait de la raison, saisie en sa pleine autodétermination, le fondement de la norme morale. C'est de l'abandon de cette visée normative que Heidegger, dans Que veut dire " penser " ? prend acte en opposant les droits de la pensée aux prétentions de la raison.

01/2005

ActuaLitté

Philosophie

Le prix de la vérité. Le don, l'argent, la philosophie

Existe-t-il des biens matériels ou immatériels qui échappent à toute évaluation marchande ? Y a-t-il un rapport entre la vérité - ou plutôt entre la philosophie, cette discipline qui en fait sa question propre - et l'argent ? Peut-on parler d'un prix de la vérité ? Contrairement aux Sophistes qui exigent d'être payés, Socrate parle gratuitement. Il peut cependant accepter des présents qui répondent au don qu'il transmet. Il le faut même, assure Aristote, car le savoir n'est pas mesurable. Mais qu'est-ce donc que donner ? Est-ce offrir quelque chose ? L'enquête anthropologique montre que le problème est ailleurs : donner, c'est reconnaître pour être reconnu. Donner, c'est se donner dans ce que l'on donne. C'est défier pour lier. Mais comment cela s'articule-t-il avec le don fait aux divinités ? Qu'est-ce qui appelle le sacrifice, l'immolation de l'offrande ? S'agit-il d'éteindre une dette ? Pour cela, faut-il un don unilatéral, une grâce ? Qui peut unir souverainement une communauté par une faveur offerte à tous ? On pressent que la relation de don est au cœur du lien social. Le mouvement du don diffère de l'échange marchand. Celui-ci, lié à l'outil monétaire et au modèle du contrat, possède sa nécessité économique, politique et éthique propre dans la cité de la différenciation des tâches. Le don relève d'un autre ordre et affronte cette question : qui est autrui et pourquoi autrui m'oblige-t-il inconditionnellement ? Donner indique que l'exigence ultime est toujours celle-ci : reconnaître et être reconnu selon un impératif de respect. L'argent a le pouvoir de menacer cette exigence et de détruire le lien qui unit les hommes. Il peut corrompre infiniment. Pourquoi ? Répondre à cela, c'est comprendre en quoi le prix - sans prix - de la vérité n'est pas séparable de celui de la dignité.

02/2002

ActuaLitté

agendas, calendriers

L'Agenda de l'apprenti philosophe

Pour franchir la porte de l'atelier du philosophe dès 10 ans, de manière nomade et amusante, voici un agenda à lire et à remplir au fil des jours. L'auteur, Martine Laffon, docteur en philosophie, propose des exercices mais aussi des anecdotes ou des portraits de grands penseurs d'hier et d'aujourd'hui. Elle aborde successivement les grandes notions philosophiques: l'origine du monde, l'existence, les sens, la beauté, la nature, le temps, le vivre ensemble, la liberté. D’où vient le monde ? Qui suis-je ? Que sais-je ? Pourquoi les hommes font-ils la guerre ? Comment être heureux ? Qu'est-ce qu'un Ami ? Se poser ces questions, c'est déjà philosopher. L'Agenda de l'apprenti philosophe n’est pas un cours, mais la découverte d’une démarche, grâce à différentes activités : Des exercices d’écriture : "Invente un poème pour dire à ta façon ce qu’est la vie" ; Des activités dans l'espace à pratiquer à deux ou plus : "Ferme tes yeux pendant une minute, ouvre-les, note tout de suite ce que tu vois, recommence cette expérience avec un ami" ; Des exercices de réflexion ou d'imagination : "Pose toi une question et écris la réponse la plus juste" ; Des jeux (quiz, portrait chinois, questionnaires) : "Si tu devais dessiner ta pensée, comment la représenterais-tu ?" ; Des expériences pour observer le monde et s'interroger : "Note pendant une journée tout ce que tu écoutes (et non pas entends) : depuis ton réveil jusqu’au silence de la nuit" ; Des exercices d'étymologie : "Lycée est le nom d’un gymnase d’Athènes où Aristote enseigna pendant 12 ans. Si tu créais ta propre école de philosophie comment l’appellerais-tu ?" Avec, en plus, des infos culturelles et historiques sur la philosophie, et les réflexions des plus grands penseurs à travers les âges. Les illustrations stylisées et intelligentes de Pascal Lemaître alimentent et soutiennent à leur manière la réflexion.

08/2010

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Inventer, compter et classer. De Piaget aux débats actuels

Cet ouvrage de psychologie développementale traite des différentes conceptions de l'acquisition du nombre et des classes chez l'enfant. L'auteur propose d'abord une approche détaillée et originale des travaux de Piaget. L'idée maîtresse consiste à montrer que la logique des classes et les mathématiques proviennent d'un dégel des configurations perceptives dans l'histoire de l'humanité et celle de l'enfant. Ainsi, la logique naît quand les éléments discrets existent pour eux-mêmes sans être rassemblés en des tableaux copiant le réel, et les mathématiques trouvent leur source dans le besoin de comparer un à un les éléments de deux classes de même niveau. Sont ensuite présentées quelques recherches récentes d'inspiration empiriste ou innéiste sur l'origine du nombre et des classes. Le " nouveau nombre " inhérent aux objets peut-il encore être dissocié de la connaissance du dénombrement pour acquérir un statut mathématique ? A contrario, n'est-il pas présent dès la naissance, prompt à se développer indépendamment de tout apprentissage durant la première année de la vie ? Les classes n'ont-elles pas intérêt à être formalisées sur un mode plus naturel que celui de Aristote, Russel et autres logiciens classiques ? Ou bien encore, ces classes peu naturelles dont Piaget retrace la genèse ne sont-elles pas plus précoces ou plus tardives qu'il ne l'a montré ? Au total, ce livre révèle les débats toujours vifs que suscite la genèse du nombre ou de la catégorisation. Certains chercheurs estiment le maître genevois dépassé, d'autres lui reconnaissent une profondeur inégalée. Le lecteur pourra mieux s'orienter en confrontant les faits établis aujourd'hui aux données recueillies hier. Cet ouvrage, destiné aux étudiants en psychologie, sciences de l'éducation et I.U.FM., aidera également tous les professionnels de l'éducation : didacticiens, conseillers, inspecteurs et tout particulièrement les professeurs des écoles et les praticiens soucieux de mieux comprendre les troubles des apprentissages numériques et logiques.

01/2005

ActuaLitté

Critique littéraire

Cahiers 1894-1914. Tome IX, 1907-1909

S'il faut marquer une étape dans les Cahiers, c'est la période 1908-1910, où s'installe dans l'écriture valéryenne une modification montrant la complexité de la genèse du texte en fragments. Ce volume IX propose, avec le dernier des grands cahiers - registres, un carnet d'écrivain de 1909-1910 et des feuilles volantes de la même époque. Valéry reprend des thèmes déjà traités : le sentiment, le sommeil, l'éveil, la parole intérieure, le langage, l'attente. S'y affirme aussi une ouverture vers le monde artistique, moins sensible dans les cahiers précédents, où dominait la recherche abstraite. Mais surtout, la forte présence de l'Ego est ici perceptible. Souvent, le je n'est plus cette forme presque vide, un je qui est un on, un il, mais le Paul Valéry de 1908-1909, qui a vécu, il l'écrit à Gide, une dure crise intellectuelle. Des notules disant la jalousie, l'orgueil blessé, l'atteinte du " point sensible " prennent l'accent rare d'un journal intime, tel le journal d'Amiel. L'œuvre ennemie n'est pas nommée, même s'il s'agit sans doute d'un livre d'Ernest Mach. Désormais, le travail important, de choix, de réécriture, de synthèse, réside dans les feuilles volantes parallèles, qui ne sont pas de simples " copies ". Inscrit dans le devenir de la réflexion, il répond à un désir d'organisation thématique, sélectionnant dans les registres précédents des fragments touchant à ce qui s'appela un jour " My Psychology ". Les idées les plus propices à la mise au point d'une philosophie personnelle s'y formulent, constituant un ensemble dont la cohérence est plus évidente que dans la démarche chronologique des Cahiers. Le carnet inédit de 1910 éclaire un autre aspect de Valéry : son intérêt pour la Somme théologique de Thomas d 'Aquin, qui, au-delà du problème religieux, touche à une théorie de la connaissance héritée d'Aristote, réhabilitant l'expérience sensible. Ce moment de rencontres intellectuelles fortes, inscrit ici dans la variété de l'écriture, reconduira bientôt à la poésie.

10/2003

ActuaLitté

Sciences de la terre et de la

Cosmos. Une histoire du ciel

Tout commença la nuit où un homme regarda le ciel et y trouva... une ourse. L'oeil humain s'empara des étoiles, créa les constellations, peupla le firmament de taureaux mugissants, de chasseurs orgueilleux, de dieux teigneux, de rois, d'empereurs et de héros légendaires. Paysans et marins les utilisèrent pour rythmer le temps et l'espace, et les devins de Mésopotamie découvrirent, il y a 3 000 ans, que les dieux y avaient aussi inscrit leur destin. Tandis qu'à Babylone, mathématiques et astrologie s'alliaient pour forger le zodiaque, ailleurs, en Grèce, des hommes du nom de Pythagore, Anaximandre, Platon tiraient le ciel à eux et le pliaient aux exigences de leur raison géométrique. L'Univers prit corps et forme, et devint un cosmos. Un Grand Tout fini et sphérique, ordonné et harmonieux. Les astronomes y fixèrent l'anneau du zodiaque, où les astrologues nouèrent des liens qu'ils crurent indissolubles entre l'homme et le monde qu'il avait inventé. L'ordre régna enfin dans le ciel. Puis, une nuit, un homme regarda le ciel et n'y vit plus d'ourse. Son oeil l'avait trompé : ce cosmos né du regard n'était qu'une merveilleuse illusion. Entre être et paraître, réalité et imaginaire, les différentes facettes du cosmos, depuis son émergence des sables obscurs du temps jusqu'à nos jours, sont restituées ici dans leur contexte, à travers une iconographie riche et originale. Des images spectaculaires montrent le ciel, les étoiles, la Voie lactée, les constellations tels qu'ils furent observés et interprétés il y a 200 ou 500 ans, par des peuples aussi divers que les Navajos, les Égyptiens, ou les Chinois. Les visions cosmiques de philosophes et de savants tels qu'Anaximandre, Platon, Aristote, Kepler, Copernic, y sont présentées, accompagnées de dessins astronomiques originaux démontant la complexe machinerie céleste engendrée par l'esprit grec. Sans oublier les somptueuses reproductions de zodiaques venus du monde entier et les reconstitutions d'époque qui sous-tendent la longue histoire du ciel, de son " invention" antique à sa renaissance moderne.

10/2009

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Ce que peuvent les mots

Barbara Cassin est inclassable. Marginale, ni normalienne ni agrégée, mais médaillée d'or du CNRS et élue de l'Académie française. Philologue et helléniste quand se perd la science du grec ancien, elle intervient pourtant, à partir de ce savoir, dans le quotidien, au moyen d'expositions, écrit dans les journaux, travaille avec les classes à Saint-Denis ou à Marseille. Spécialiste des présocratiques, ces " philosophes " du Ve siècle avant J. -C. que Martin Heidegger désigne comme l'aurore de la pensée, Barbara Cassin raconte l'histoire de la philosophie en s'appuyant sur les sophistes, ces autres maîtres en culture et en démocratie. Ce volume réunit des textes devenus souvent introuvables, des traductions - de Gorgias en particulier - et des ouvrages intégraux, parmi lesquels Parménide, la langue de l'être ? , Aristote, la décision du sens. Tous structurés autour d'une trame qui fait de cet ouvrage une oeuvre à part entière. Sa rencontre avec René Char et Martin Heidegger a conduit Barbara Cassin à repenser le rapport entre philosophie et poésie. Que peut le langage, peut-on fabriquer le monde aussi avec des mots ? Et que nous apprend la diversité des langues à l'heure du mauvais anglais mondialisé qui raccourcit la pensée ? L'Antiquité qu'explore Barbara Cassin est aussi d'une grande actualité. Elle ouvre sur le " peuple arc-en-ciel " et la commission Vérité et Réconciliation en Afrique du Sud, sur la psychanalyse ou le rapport entre sens et non-sens chez Freud et Lacan, sur la définition de la culture et de la démocratie avec Google-moi, sur l'hospitalité et la barbarie avec La Nostalgie. Elle livre les clefs du Dictionnaire des intraduisibles avec Plus d'une langue. Et partout, qu'il s'agisse de la toute première Initiation à l'explication de texte ou du récent Avec le plus petit et plus inapparent des corps, l'oeuvre de Barbara Cassin témoigne de cet amour du langage et de l'écriture qui ne requiert aucun savoir préalable et ne se laisse enfermer dans aucune discipline.

10/2022

ActuaLitté

Sciences historiques

Archéologie de la pensée sexiste. Du Moyen Age au XXIe siècle

Bien des oeuvres révèlent, dans divers domaines de la pensée, le mépris adressé à la femme et inspiré de manuscrits qui remontent à l'Antiquité : "une eau profonde" (Livres de sagesse des pharaons) ; "facile à prendre" (Rig Veda) ; "un anneau d'or au nez d'un pourceau" (Proverbes) ; "un coeur de chienne" (Hésiode) ; "mystérieuse obscurité" (Lao Tseu) ; "ce qui sert de réceptacle" (Aristote) ; "une débauche contre nature" (Sénèque) ; "les portes de l'enfer" (Tertullien). Ces propos sexistes, loin d'être exclusifs à cette période lointaine, prolifèrent au cours des siècles subséquents : un "sac de fiente" (Odon de Cluny) ; un "être imparfait" (Thomas d'Aquin) ; "l'os surnuméraire de l'homme" (Bossuet) ; "un animal domestique" (Kant) ; "cette forme rabougrie de l'être humain" (Strindberg) ; "abondance de bacilles en forme de yoni" (Montherlant). Du Moyen Age à aujourd'hui, des femmes ont voulu dénoncer ces injustices dans des documents d'autant plus remarquables qu'elles ont été relativement peu nombreuses à prendre la plume, depuis Hildegarde de Bingen et Christine de Pisan à Annie Ernaux et Julia Kristeva. Quelle sera la relève au XXIe siècle ? Quelques noms éloquents éclairent déjà l'horizon, par exemple la jeune Pakistanaise Malala Yousafzai, couronnée de nombreux prix dont le Simone de Beauvoir et le Nobel de la paix, après avoir été victime d'une tentative d'assassinat pour avoir revendiqué le droit des filles à l'éducation. Il est vrai, par ailleurs, que le sexe dit faible a été défendu par bien des hommes, notamment Poullain de La Barre, Condorcet et Mill, tandis que d'autres, comme Schopenhauer, l'ont rabaissé. Archéologie de la pensée sexiste propose une relecture de nombreux manuscrits et montre que les préjudices subis aujourd'hui par les femmes plongent leurs racines dans un passé lointain et se manifestent sous diverses formes : tutelle juridique, maltraitante, enlèvement, prostitution, esclavage sexuel, viols collectifs, avortement forcé ou interdit, polygamie, mariage négocié, sous-représentation politique, port imposé du voile dans l'espace public, lapidation pour adultère, meurtre...

05/2017

ActuaLitté

Dictionnaires et ouvrages géné

Envoûtante Afrique. 1978-2001

"En une fraction de seconde tout s'agite de manière fulgurante, la tornade annonce la foudre vrillant les branches, couchant les fougères, engloutissant les feuillages dans un immense remue-ménage, tandis qu'arrive sur nous, à la vitesse d'un tsunami, un mur de lianes agglomérées de feuilles de maboké et de branches d'arbres. Pierre réagit instantanément et tire, je tire aussi immédiatement, Pierre tire à nouveau, Sylvestre a disparu. Trois tirs... mais dans quoi, dans qui et où ? Oui c'est lui... mais pourquoi une telle colère ? Nous apercevons tout de même, dans les espaces de la verdure qui l'habille, un éléphant se tasser sur son derrière, pivoter sur lui-même et disparaître dans la foulée. Un instant je vise son dos avant qu'il ne soit happé par la végétation. Je ne tire cependant pas, les conditions sont trop mauvaises et je ne sais s'il est blessé ou non. Pierre non plus, par prudence, ne tire pas la seule balle qui lui reste. Nous écoutons sa fuite et tentons d'évaluer son rythme, enfin le bruit impressionnant d'un grand craquement nous arrive aux oreilles. Un soulagement nous envahit, nous l'identifions : la chute ! Mais déception, nous l'entendons reprendre son chemin. Puis c'est le grand silence. Nous nous regardons Pierre et moi sans mot dire, consternés, pâles, stupéfaits, secoués mais malgré tout conscients d'avoir échappé au pire." Poursuivant la tradition familiale, le docteur Patrick Guinebertière est chasseur, veneur et pêcheur passionné. Envoûté par l'Afrique qu'il découvre en 1978, il y retourne année après année à la recherche de moments authentiques et de beaux trophées (éléphants, lions, buffles, antilopes, crocodiles...) Du Mali à l'Afrique du Sud et du Soudan au Zimbabwe, seul ou accompagné, auprès de guides devenus des amis et de pisteurs souvent talentueux, parfois roublards, c'est plus de vingt années de passion africaine que fait partager l'auteur. Souvenirs inédits illustrés de 86 photos en couleurs.

11/2021

ActuaLitté

Animaux sauvages

Peurs bêtes

Un aileron de requin s'approche du littoral, un vautour se perche sur la balançoire d'un parc public : c'est la panique chez les parents. Pendant ce temps, les crues en Thaïlande libèrent des crocodiles dans les rues inondées et les méduses venimeuses pullulent dans tous les océans. Chez nous, dans l'obscurité de nos maisons, petites pestes et franches crapules guettent. Le frelon asiatique des pique-niques, les mygales à chaussettes, les serpents de jardin, les loups de banlieue, les vers et les chenilles processionnaires... les vilains règnent, tremblons ! Et si nous nous trompions ? Nos croyances sur le vivant scellent d'emblée le sort de ces créatures improbables. Or, si la phobie handicape, la peur peut se révéler utile. Associée à la curiosité, elle a ouvert à Nicolas Gilsoul les portes d'un autre monde. Sans a priori, mais un peu inquiet quand même, il est parti à la rencontre des rats, des silures, des requins bouledogues et des meutes sauvages. Guidé par celles et ceux qui ont dédié leur vie à ces bêtes, il a découvert leurs vrais pouvoirs et souvent aussi, leur grande fragilité. Il a bravé la peur et conclu de nouvelles alliances. Les histoires qu'il nous conte, illustrées par son trait délicat, nous invitent à repenser notre rapport au vivant et envisager une co-existence apaisée à défaut d'une cohabitation parfois difficile à accepter. Ne craignons pas le lendemain. Nicolas Gilsoul est architecte, docteur en sciences, professeur et paysagiste. Animé par son envie de partager et par son engagement pour le vivant, il intervient régulièrement sur les ondes et dans les amphithéâtres pour explorer de nouvelles cohabitations avec les créatures fantastiques qui peuplent notre monde. On le dit fabuliste, il est aussi chevalier des Arts et des Lettres et a reçu le grand prix de Rome. Son bestiaire prend vie sous sa plume et son crayon, retrouvez ses belles histoires dans ses deux autres livres chez Fayard : Bêtes de villes (2019) et Chlorophylle & bêtes de villes (2022).

10/2023

ActuaLitté

Romans policiers

Du noir à Toulouse

Serge NICOLO : Le musée Paul-Dupuy et le musée des Augustins n'échappent pas aux turpitudes de notre monde. Les meurtres s'y perpètrent artistiquement avec une perceuse ou un pistolet cloueur. Patrick NIETO : On ne ramasse pas que des champignons dans la forêt de Bouconne. Une main d'abord, une autre ensuite... Quand s'arrêtera la cueillette ? Pierre WILLI : Dylie et Lidy sont jumeaux. Les enfants des époux Tarmin, une famille où on ne choisit pas son destin, on le subit. Pas pour longtemps. Patrick CAUJOLLE : "Tout cela pour y installer une station Vélib et une pataugeoire" , s'insurge Monsieur Dedieu responsable des Espaces Verts désormais à la retraite. Entêté le vieux jardinier. Allez savoir pourquoi ? Régis TOMAS : 1944. Libération de Toulouse, le commandant milicien Perget retient Josiane et Albert. Lequel des deux a tué pour dérober un fichier d'agents infiltrés dans la Résistance ? Dans quel but ? Daniel CONTEL : A Terre Cabade, personne n'a remarqué quoi que ce soit jusqu'au déclenchement des sonneries : six réveils à cloches fabriqués en Chine. Anne WADDINGTON : Trois morts : une tête arrachée, des dents de crocodiles, un corps vidé de son sang au coeur d'une toile d'araignée géante... Cécile DOUELLE : Mais que peut-il se passer quand on n'apprend rien des leçons de la vie ? Au coeur des cités, il ne fait pas bon se tromper. Une gâterie dans un train, amour de jeunesse, qui laisse GD NOGUES : Une gâterie dans un train, amour de jeunesse, qui laisse des traces et un sentiment d'inachevé. Un colosse de deux mètres à la mandale facile, un rondouillard frisant le quintal et fumeur de havane... Jacques LAVERGNE : "Le passé n'est pas mort, il n'est même pas encore passé" . William Faulkner l'avait écrit. Pierre-Paul Riquet, le génial inventeur du canal des Deux Mers nous le prouve une fois encore. Et de quelle manière... !

07/2023

ActuaLitté

Poésie

Rose saignée. suivi de "L'étrange amour de Monsieur K." et "Eros saigne"

Cette oeuvre poétique publiée initialement en 1974 fut l'un des premiers textes portés par la toute jeune maison d'édition des femmes-Antoinette Fouque. Profondément novatrice, polymorphe et anticonformiste, elle trouve une résonance particulière auprès des jeunes générations féminines et féministes, avides d'apprendre de leurs aînées. Cette nouvelle édition est enrichie de deux textes inédits retraçant la genèse et les conditions d'écriture de cette fiction ainsi que sa réception dans les années 1970. De la mythique Istanbul à d'autres rivages, l'errance de plusieurs personnages compose la trame narrative de ce texte qui peut se lire comme un roman traversé de lambeaux oniriques, d'images. C'est la saison en enfer d'une femme. Pour " avoir un sexe ", être la reine des hommes qui n'aiment que les hommes, il faut mettre leurs masques de fard, leurs voiles, et tuer, avec eux, la mère. L'écriture est alors perçue comme une tentative de vivre une rébellion de femme, exigeante et transgressive. " Ce texte poétique travaillé dans la violence et la douleur de l'érotisme et de la mort, apparenté en ses paroxysmes à l'univers de Bataille, zébré d'éclairs rimbaldiens et surréalistes, ce texte donc, de femme, mais blessé, mais stigmatisé par la nomination masculine, est comme irrigué par l'impertinence rutilante, manuscrite, déréglée, des sinuosités sur le vécu des règles, métaphore d'une traversée de "la mère rouge", voie "d'une seconde naissance ". Françoise Clédat Extrait " Je me soulève/les mots sont là, très existants/Je fais venir le temps/où tombant de douleur/les branches des grands arbres/une à une se détachent/(J'ai tard veillé dans la nuit longue/pour que sinueux les crocodiles/descendent aux mers englouties)/baisent mes mains, sucent ma peau/je picorais des vulves chaudes/sur ces rochers bouillants de cris/la peau de mes pieds durcissait/noircissait : /j'étais un bandit aux yeux clairs/(et Jésus-Christ se faisait femme) " X.G.

10/2022

ActuaLitté

Histoire et Philosophiesophie

Histoire des démarches scientifiques. De l’Antiquité au monde contemporain

L'idée cruciale de démarche scientifique n'est pas univoque. Il devient alors nécessaire de parler des démarches scientifiques, de leur pluralité, de la versatilité des aspects jugés majeurs. Faire appel à l'histoire des sciences pour en dégager les caractéristiques, les fluctuations et les permanences s'impose ; c'est l'objectif de ce livre. La découverte décisive ou le génie surréel du savant sont souvent mis en avant dans les récits des avancées des sciences : " ils éblouissent, on croit qu'ils éclairent ", pour reprendre une formule de Condillac. Le point d'arrivée masque fréquemment la voie suivie, dont on arase les sinuosités. La démarche scientifique semble dès lors relever d'une méthode linéaire et stabilisée. Ce livre explore les arcanes et les réticulations de ces conceptions. Depuis l'Antiquité, de multiples " discours de la méthode " ont été élaborés par des scientifiques et philosophes soucieux de définir et baliser les trajectoires du savoir jugées fructueuses : Aristote, Bachelard, Bacon, Bernard, Comte, Descartes-, Hume, Kant, Kuhn, Mill, Newton, Popper, Whewell, sans oublier les réflexions méthodologiques remarquables d'auteurs antiques, médiévaux et plus contemporains moins connus, tels quel al-Farabi, Bunge, Carnéade, Faraday, Grosseteste... Cet ouvrage, abondamment documenté, les présente, les analyse et les compare, montre des filiations, des traditions, des revirements. Il permet de discerner les processus intellectuels à l'oeuvre dans l'accès à la connaissance au cours de l'histoire de l'humanité ainsi que dans la recherche contemporaine, et quelles parts peuvent y prendre la déduction, l'induction, l'analogie, l'abduction, mais aussi les doutes, les errements, les révisions. Cette traversée de l'histoire des démarches scientifiques se conclut par un bilan épistémologique interrogeant l'unité et la diversité de ces démarches, pour finalement en proposer une synthèse s'appuyant sur le concept de démarche hypothético-abductive. S'adressant aux enseignants qui forment leurs élèves à la pensée scientifique, aux formateurs d'enseignants, aux étudiants en sciences, en histoire et en philosophie et plus largement à tous ceux qui s'intéressent à l'élaboration des connaissances scientifiques, ce livre mêlant la fresque et le détail, est un précieux outil de compréhension.

12/2019

ActuaLitté

Philosophie

Le mystère Campanella

Dans la vie de Campanella (1568-1639), la réalité dépasse sans cesse la fiction. Il a été un authentique personnage de roman et l'historien n'a besoin d'ajouter aucun détail pour révéler un parcours fait d'indépendance ombrageuse, de suspicions récurrentes, d'aventures dramatiques, de prisons et de tortures, de retournements surprenants et de dénouements imprévus. Fils d'un Calabrais analphabète, il devint un philosophe de renom international et l'auteur d'une œuvre immense (et touffue), dont la plus grande partie fut rédigée, grâce à sa prodigieuse mémoire, au cours de trente années de prison. Il aurait dû être condamné à mort comme hérétique récidiviste. Mais, soumis à une torture de près de quarante heures, il feignit la folie et échappa à la peine capitale. De ses geôles il envoya avec un aplomb surprenant lettre sur lettre aux papes, à des cardinaux influents, aux souverains d'Espagne, aux archiducs autrichiens, et aussi à Galilée. Réputé pour sa science des étoiles, il devint après sa libération des prisons napolitaines l'astrologue confidentiel d'Urbain VIII, à qui un horoscope annonçait une mort prochaine. Mais le pape, contraint par la conjoncture religieuse de l'époque, ne put lui maintenir son appui et favorisa sa fuite. S'étant rendu en France, Campanella y fut durant les dernières années de sa vie un conseiller de Richelieu pour les affaires italiennes. Sa dernière intervention publique fut, à la demande d'Anne d'Autriche et de Richelieu, l'établissement de l'horoscope du dauphin qui venait de naître, le futur Louis XIV Un tel personnage, auteur à la fois de La Cité du soleil et d'une Apologie de Galilée, prophète millénariste et ennemi d'Aristote et de Machiavel, constitue une énigme, surtout si l'on tient compte de ses retournements - plus ou moins sincères - et des zones d'ombre qui subsistent à son sujet. Qui était-il vraiment ? Quel était le fond de sa pensée ? Quel dossier pour les historiens que cette grande figure de l'histoire culturelle italienne - et occidentale - encore peu connue hors des frontières de la Péninsule !

03/2008

ActuaLitté

Philosophie

Rêve, vérité. Essai sur la philosophie du sommeil et de la veille

On sait la perplexité d'Aristote devant le sommeil et le rêve dont seul l'éveillé se souvient et peut parler : " Le sommeil est pour ainsi dire aux confins de la vie et de l'absence de vie, et le dormeur paraît ni complètement ne pas être ni être. " Depuis lors, le problème demeure entier : la compréhension du rêve ne doit-elle s'attacher qu'aux scènes et images, conçues comme vestiges et travestissements des désirs qui nous hantent et dont nos rêves sont peuplés ? Sommes-nous, en rêvant, si radicalement exilés de toute vérité que l'unique moyen d'approcher le sens de notre rêve soit l'interprétation tardive de son éventuelle symbolique ? Le rêve frappe-t-il d'inanité, par son seul défaut d'être, tout ce qui se présenterait en lui : " Car d'où sait-on - demande Descartes - que les pensées qui viennent en songe sont plus fausses que les autres, vu que souvent elles ne sont pas moins vives et expresses ? " Peut-on veiller son propre rêve, ou ne peut-on que le rêver ? Poser, en philosophe, la question du sommeil, c'est penser ce que la philosophie occidentale n'a cessé de reléguer : depuis Platon jusqu'à Heidegger, qui la fait sienne, la différence entre l'homme qui philosophe et celui qui ne philosophe pas est tenue pour la différence entre la veille et le sommeil. La veille est le domaine de la conscience (Descartes, Leibniz, Kant) ou de la pensée (Hegel, Husserl, Heidegger), en sorte que sommeil et rêve en sont alors l'intime inquiétude, la mise à l'épreuve quotidienne de la raison humaine en son aspect nocturne. Examiner les différents concepts de vérité tirés de cette distinction permet d'éclairer le privilège accordé à la veille et le prix de la relégation, voire de la négligence, philosophique du sommeil. Car, au terme des aventures oniriques de la métaphysique que nous narre Pierre Carrique, la conclusion s'impose, évidente : penser, à la suite de la philosophie occidentale, une vérité de l'être qui ne nous dirait pas l'être du rêve, est-ce vraiment penser la vérité ?

05/2002

ActuaLitté

Autres troubles du comportemen

Le pervers narcissique. Un phénomène de société

On parle aujourd'hui beaucoup de harcèlement et de perversion narcissique. Certains sociologues - et non des moindres - font du narcissisme le mal du siècle. Des psychologues nous indiquent que ceux qui se sentent "harcelés" sont de plus en plus nombreux. Or nous savons que la notion de harcèlement a été "introduite" en France par MF Hirigoyen, qui s'inspirant des travaux de Racamier, a transformé le pervers narcissique en harceleur. Sous un angle clinique le harceleur et le pervers ne sont qu'une même personne. Que dissimule le succès de cette notion au point de justifier, tout récemment une intervention officielle du président de la république française à son sujet ? Pourquoi voyons-nous partout des "harceleurs" et des pervers ? Pour l'auteur du texte, nous sommes ici en présence d'un phénomène de société en ce qu'il révèle quelque chose de profond sur notre monde. Le harcèlement et la perversion ne sont pas que des maux sociologiques et psychologiques, ce sont des maux politiques et donc philosophiques. Mais que sont ces maux ? Dans le Politique, Aristote assimilait le pervers à celui qui était dominé par son corps et qui avait l'âme fragile. Pour lui, la cité mal gouvernée était précisément celle qui était gouvernée par son corps ? En sommes-nous là ? La thèse qui est soutenue ici est que ces pathologies sont en lien avec nos fantômes et le mythe du vampire et que ces fantômes sont eux-mêmes la marque de nos fragmentations internes et externes. Que sont ces fragmentations ? Elles sont des failles ou des tensions entre des vérités contradictoires qui paraissent également vraies et qui ne trouvent pas de médiation et de médiateurs pour les accorder. L'accroissement de la perversion narcissique et du harcèlement sont donc bien des réalités de notre monde qui révèle que celui-ci est en guerre contre lui-même et à l'intérieur de lui-même. C'est cette guerre que nous cherchons à explorer et que nous cherchons à mettre en évidence avant d'éviter qu'elle ne conduise à notre implosion comme cité et comme société. Relecture et correction du manuscrit par staka. fr

01/2023

ActuaLitté

Philosophie du droit

L'erreur de Nietzsche. Essai d'une interprétation juridique du ressentiment

Prenant le contrepied de l'interprétation nietzschéenne plutôt dépréciative du ressentiment, qui cadrait avec un certain souci de défendre les privilèges de l'aristocratie, cet essai suggère une interprétation juridique du ressentiment permettant d'en faire ressortir les aspects positifs. La démarche convie à un parcours en trois étapes. La première conduit de la définition que Spinoza donna de la haine en général au sentiment d'injustice, qui est un motif de haine particulier. La définition de l'injustice, correspondant chez Aristote à des cas de haine donnant lieu à une colère justifiée, permet, à rebours, d'identifier et de déprécier la haine qui ne répond pas à cette définition. Se dévoile ainsi déjà en filigrane le discret génie du ressentiment, grâce auquel le scorpion de la haine retourne contre lui-même son dard venimeux. La deuxième étape chemine du sentiment d'injustice au ressentiment et permet de distinguer, à partir du critère du droit, le ressentiment de l'indignation. Si l'interprétation de Nietzsche approfondissait la distinction entre le ressentiment et l'acquiescement, l'interprétation juridique conduit à souligner la distinction entre le ressentiment et l'indignation, le premier étant au diapason de l'ordre juridique, la seconde en dissonance avec lui. Redéfini comme sentiment du droit et sentiment juridique d'injustice, le ressentiment fait l'objet d'une réhabilitation dans le dernier temps de cet essai qui est aussi l'occasion d'aborder les relations entre droit et politique, droit et science, justice et amour et de réfléchir aux liens entre ressentiment, indignation et droits de l'homme à l'âge démocratique. En intégrant la vision de Jhering, qui faisait de la paix le but du droit et de la lutte le moyen de l'atteindre, en cherchant à corriger "l'erreur" de Nietzsche par Nietzsche, le droit, sous le rapport de ses liaisons avec les affects, pourrait peut-être se définir comme une arme morale, sociale et politique, plongée dans les complexions de la haine, qui sépare le ressentiment de l'indignation, la domination du premier ayant pour effet de modérer ou de subjuguer la seconde.

08/2021

ActuaLitté

Sciences politiques

La citoyenneté confisquée. Nouvel essai de refondation du politique

L'affirmation ici développée et argumentée sous l'angle strictement philosophique s'énonce simplement : La crise du système représentatif était inévitable parce que la représentation politique trahit l'essence même du politique. La citoyenneté n'ayant de sens que par la participation directe et personnelle de chaque citoyen aux décisions collectives, le politique ne saurait être autre chose que l'espace de la discussion entre les citoyens à la recherche d'un accord sur toute question que la société pose à l'Etat. Dans tous les pays où elle a pris naissance dans le sillage des révolutions du 18e siècle, la démocratie représentative a fini d'apporter ce qu'elle pouvait produire de meilleur : l'émergence d'une conscience citoyenne demandant aujourd'hui à s'émanciper des tutelles politiques afin que soit confiée aux citoyens la responsabilité du monde. Le 21e siècle sera celui de la citoyenneté délibérative ou il ne sera pas. Idée simple, donc, mais non simpliste. Elle ne peut être fondée et justifiée que par une pensée du politique appelée à réinvestir la querelle des Anciens et des Modernes pour explorer les capabilités citoyennes à la lumière d'une théorie de l'existence et d'une métaphysique de l'homme. C'est ce que tente l'auteur de cet ouvrage, sur deux parties : 1 / Une partie "critique" , dont l'objet est d'abord de récapituler les raisons de l'insuffisance puis de la faillite du système représentatif. Suit le travail de "refondation du politique" proprement dit, qui convoque moins l'expérience grecque ancienne que les idéalités tirées de cette expérience par les poètes et intellectuels grecs, puis synthétisées dans la pensée d'Aristote. 2 / Une partie "prospective" dont l'objet est d'envisager, à la manière d'une utopie philosophique, les dimensions théoriques d'une reconquête nécessaire de la citoyenneté d'exercice. Sous le néologisme "politécratie" - préféré à "démocratie directe" - est alors élaboré le concept de régime des citoyens délibérants. Puis sont étudiées autant les raisons et modalités du confinement moderne des citoyens dans la société civile que les conditions d'une réhabilitation possible de la citoyenneté politique. [Voir la table des matières section par section en fin de volume]

03/2023

ActuaLitté

Beaux arts

Les entretiens de la Fondation des Treilles Tome 1 : De la mélancolie

Dans la médecine grecque, la mélancolie, la bile noire, est d'abord un liquide organique, au même titre que le flegme, la bile jaune et le sang. De l'équilibre de ces humeurs ou de leur déséquilibre dépend la santé ou la maladie des individus. Elles déterminent surtout le tempérament de ces derniers, l'esprit et le corps étant indissociables. Le tempérament du mélancolique a préoccupé, bien plus que les autres, non seulement les médecins, mais aussi les philosophes et les poètes, les peintres et les musiciens, car, depuis l'Antiquité également, il est le signe distinctif de l'homme d'exception, du génie. C'est ce qu'a mis en évidence pour la première fois dans la longue durée, l'exposition de Jean Clair, Mélancolie. Génie et folie en Occident. Elle avait réuni par centaines des oeuvres plastiques, des observations scientifiques, des documents imprimés, afin d'illustrer l'histoire mouvementée et les multiples facettes de ce sentiment - le seul qui pense - qui ne se confond ni avec la simple tristesse ni avec notre moderne dépression dont elle participe pourtant. Toutes les époques de la civilisation européenne - et d'elle seule, semble-t-il - ont connu cette affection du corps et de l'âme, cette fureur du créateur, ce désespoir de penser. Elle lui ont donné différents noms : taedium vitae, acedia, spleen, mal de siècle, lypémanie, névrose maniaco-dépressive. C'est à la suite de cette exposition, et pour en discuter une nouvelle fois les tenants et les aboutissants, que des médecins et des psychiatres, des historiens de la pensée grecque, des historiens et des critiques d'art, des historiens de la littérature se sont réunis à la Fondation des Treilles. Dans un esprit transdisciplinaire, ils reviennent ici sur les aspects les plus importants de la mélancolie antique, de l'acédie médiévale, des différentes formes de la mélancolie à la Renaissance et à l'âge classique, du mal du siècle romantique, du spleen baudelairien, des névroses contemporaines. Ces entretiens mettent en lumière la profonde unité de la mélancolie, d'Hippocrate à Freud, d'Aristote à Levinas, de Michel-Ange à Giacometti, des pères de l'Eglise aux cliniciens d'aujourd'hui.

06/2007

ActuaLitté

Philosophie

Concepts et catégories dans la pensée antique

Depuis Aristote, on entend par catégories des concepts très généraux, dont la généralité ne dérive pas de l'expérience, mais en quelque sorte la précède, puisque c'est eux et eux seuls qui nous permettent de l'organiser et de la penser. Ces concepts — substance, quantité, relation, qualité, lieu, temps, action, passion, situation, avoir — sont-ils des structures universelles de toute pensée ou bien sont-ils liés aux particularités sémantiques ou syntaxiques d'un système linguistique particulier, en l'occurrence de la langue grecque, à l'intérieur de laquelle ils ont été pour la première fois énoncés et rassemblés ? Les études ici réunies, issues d'un séminaire qui s'est poursuivi durant plusieurs années au Centre de recherche sur la Pensée antique de l'Université de Paris-Sorbonne, associé au C.N.R.S. (Centre Léon-Robin), s'efforcent d'apporter des éléments de réponse à cette grande question, qui demeure au centre des discussions contemporaines sur les rapports de la philosophie et du langage. Leur apport spécifique consiste dans une exégèse rigoureuse des analyses du traité aristotélicien des Catégories, éclairé par les développements ultérieurs de la doctrine, tels que nous les connaissons notamment à travers le Commentaire du Néoplatonicien Simplicius. Certaines de ces études examinent l'influence ou les transformations des catégories aristotéliciennes chez les Stoïciens, les grammairiens grecs de la fin de l'Antiquité, les Néoplatoniciens tardifs, les Pères de l'Eglise et dans la tradition latine antique et médiévale. D'autres notions générales, qui ne sont pas des catégories proprement dites, comme celles de "chose", de "cas", de "disposition", sont également envisagées. Ces études, rassemblées et présentées par P. Aubenque, précédées d'une bibliographie annotée et accompagnées de deux index, sont dues à douze auteurs : R Brague, J.-F. Courtine, J : L. Delamarre, B. Dumoulin, P. Hadot, P. Hoffmann, M. Narcy, D. O'Brien, J. Pépin, L. Routila, N. Vamvoukakis, F. Zaslawsky. Elles contribuent à thématiser quelques-unes des présuppositions de la compréhension grecque de l'être : traits fondamentaux, et pourtant restés souvent implicites, qui marqueront pour longtemps — au moins jusqu'à Kant et à sa " table des catégories", mais sans doute aussi au delà — toute la métaphysique occidentale et qui ne resteront pas sans influence sur l'histoire des sciences.

10/1980

ActuaLitté

Théâtre - Pièces

Shakespeare - Tragédies - T.2 - Edition bilingue français/an

Le plus grand magicien des mots de toute l'histoire du théâtre. Le texte original avec, en regard, une nouvelle traduction française due à une équipe de quinze spécialistes internationalement connus. La seule édition bilingue complète. Parmi les trente-huit pièces que nous a léguées Shakespeare, dix sont communément appelées "tragédies". La définition du genre est pourtant moins évidente que lorsqu'il s'agit des tragédies de Racine. Pour un classique français, nourri d'Aristote, d'Horace et de leurs commentateurs, les choses peuvent paraître simples : cinq actes en vers alexandrins ; respect des bienséances ; unités de temps, de lieu et d'action ; de grands personnages traitant de grandes affaires publiques. Il n'en va pas de même pour Shakespeare : les frontières entre tragédies, tragi-comédies, pièces historiques et comédies sont mouvantes. L'emploi de la prose se mêle aux vers, le bouffon répond au roi, le fossoyeur au prince du Danemark. L'action souvent se complique, se déplace d'une scène à l'autre. On passe de la rue au palais, de la chambre de la reine dans une taverne. Les personnages se multiplient ; le théâtre devient son propre miroir. C'est cette liberté de sujet et de ton, héritée du théâtre médiéval et renaissant, qui caractérise le théâtre de Shakespeare et fonde sa modernité. Déjà présente dans les pièces historiques, cette liberté est plus manifeste encore dans les tragédies qui, chronologiquement, leur font suite. Si, dans les premières pièces, Shakespeare place l'homme face aux aléas de l'histoire, dans les tragédies il place l'homme face à ses propres incertitudes. Cette nouvelle édition bilingue des Oeuvres complètes de Shakespeare comportera huit volumes : deux volumes de "Tragédies", deux volumes de "Pièces historiques", deux volumes de "Comédies" et deux volumes contenant les "Tragi-comédies" et les "Sonnets". Elle est placée sous la direction de Michel Grivelet et Gilles Monsarrat, connus pour leurs travaux sur Shakespeare et le théâtre élisabéthain. Les traductions des "Tragédies" sont dues à Victor Bourgy, Michel Grivelet, Louis Lecocq, Gilles Monsarrat, Jean-Claude Sallé, Léone Teyssandier, qui sont également responsables des présentations, des notes et de la bibliographie.

01/2023

ActuaLitté

Histoire et Philosophiesophie

Les raisons de la fiction. Les philosophes et les mathématiques

Ce livre marque le bilan de plus de deux décennies de recherches effectuées au croisement de divers secteurs des mathématiques, des philosophies anglo-saxonnes modernes et contemporaines, et de la psychanalyse ; il est sous-tendu par une enquête plus générale sur la possibilité de construire aujourd'hui une théorie des fictions en accordant à cette dernière la valeur fondatrice qu'un grand nombre de philosophies paraissent avoir perdue (à commencer par le kantisme et la phénoménologie). Plusieurs fils sont entrelacés. Le premier consiste en une approche résolument " empiriste " des mathématiques ; cette conception, qui vise à secouer le joug d'une attitude a prioriste, pour ne pas dire innéiste, très généralement et spontanément adoptée en la matière, aboutit à accorder un rôle essentiel à la notion de fiction. Cette carte " fictionaliste ", avancée par Aristote et rénovée plus récemment par l'utilitarisme, semble ne jamais avoir été jouée comme il convenait ; en raison des échecs relatifs des diverses philosophies des mathématiques qui se sont disputé le terrain jusqu'à ce jour, il est tenté ici de relever cet héritage, fascinant mais délaissé. Le deuxième fil conducteur de l'ouvrage est celui d'un " psychologisme " délibéré et avoué : il s'agit d'ouvrir sur les aspects affectifs, dynamiques et économiques qui sous-tendent les efforts logiques et démonstratifs des mathématiciens. Ces recherches, quand elles sont esquissées, paraissent encore " échapper " au philosophe, au penseur, au psychologue même, quand ils ne les dénoncent pas par principe. Il est temps d'attirer l'attention sur le travail particulier des schèmes à l'œuvre en toute démonstration. Le troisième fil met l'accent sur un certain type de pensée technique, qui mène son chemin aveuglément et symboliquement ; mais non pas sans pensée. Valéry disait : " Il n'y a de science que des actes. Tout le reste est littérature ". Le présent livre, variation sur la pensée active des mathématiques, n'en néglige pas pour autant " le reste ", puisque la théorie des fictions proposée ne sépare les concepts ni de ce qu'il est convenu d'appeler, fallacieusement d'ailleurs, le " contexte ", ni des schèmes dont l'auteur a cherché à établir qu'ils sont communs aux mathématiques et à la littérature.

09/2004

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Les Jalna Tome 1 : La Naissance de Jalna , Matins à Jalna ; Mary Wakefield ; Jeunesse de Renny

Préfacée par Katherine Pancol, voici le premier volume de l'intégrale de la saga des Witheoak, Jalna qui a fait rêver des millions de lectrices et lecteurs du monde entier. La naissance de Jalna, Matins à Jalna, Mary Wakefield, Jeunesse de Renny Préfacée par Katherine Pancol, Geneviève Brisac, Alexandra Lapierre et Françoise Nyssen voici l'intégrale de la saga des Whiteoak, Jalna. Cette fresque familiale canadienne fut l'un des plus grands succès de la littérature nord-américaine, dès la parution en 1927 du premier des seize romans, aussi célèbre que Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. La saga des Whiteoak Tome 1 La naissance de Jalna Dès leur première rencontre, le capitaine Philip Whiteoak et la pétulante Irlandaise Adeline Court tombent amoureux. Leur mariage dépasse en splendeur ce qu'a connu la ville indienne de Jalna. La mort de leur oncle de Québec qui leur laisse une fortune considérable les décide à quitter les Indes. Après un faux départ et maints incidents, leur voilier les conduit à Québec, d'où ils partent s'installer dans les verts espaces de l'Ontario. Matins à Jalna Adeline et Philip Whiteoak ont invité Curtis et Lucy Sinclair à séjourner chez eux pendant la guerre qui vient d'éclater aux Etats-Unis. Les Sinclair sont Sudistes, et l'esclavage n'est pas admis au Canada. Mais Adeline a la fougue des natifs d'Irlande et Philip la célèbre obstination anglaise, si bien qu'ils affronteront la réprobation de leurs voisins sans se troubler. Mary Wakefield Trente ans ont passé, Philip héritier du domaine de Jalna, jeune veuf, va s'y installer avec ses deux enfants. Son frère lui envoie une gouvernante : Mary Wakefield orpheline, inexpérimentée et charmante. La Jeunesse de Renny La famille s'est agrandie. Mary et Philip ont eu quatre fils : Eden, Piers, Finch et Wakefield. Renny, l'aîné de Philip, est un adolescent difficile qui méprise les livres et adore les chevaux. Adeline aime sa nature ardente et voit en lui le futur maître de Jalna. Préface de Katherine Pancol. Auteur notamment de Les yeux jaunes des crocodiles, prix Maison de la Presse en 2006.

05/2021

ActuaLitté

Ouvrages généraux

Shakespeare et les philosophes

Comment les philosophes ont-ils reçu et lu Shakespeare ? L'ont-ils ignoré? Comment les textes et le théâtre de Shakespeare affectent-ils la philosophie, la transforment-ils ? L'obligent-ils à se déplacer, à se réinventer ? L'altèrent-ils ou l'affolent-ils ? Quels usages des philosophes les textes et le théâtre shakespeariens font-ils ? Qu'arrive-t-il à Platon, Aristote, aux Stoïciens, Thomas d'Aquin, Erasme, Machiavel, Montaigne, Giordano Bruno, mais aussi à Paul dans ce théâtre ? Quels sont les usages, la présence et l'importance de Shakespeare à partir du romantisme chez Hegel, Schelling, Marx, Schopenhauer, Nietzsche, Freud, Heidegger, Wittgenstein, Deleuze, Derrida, Levinas, Lyotard, et d'autres ? Quels sont les philosophes cités dans l'oeuvre de Shakespeare, répétés, déformés, altérés, contredits, récusés, moqués ? Au-delà de la question de l'influence de la philosophie sur Shakespeare, il s'agira de réfléchir à la modalité et au régime de la présence de la philosophie dans le texte et sur la scène shakespearienne. Que produit la philosophie dans ces textes de théâtre ? Comment l'écriture théâtrale de Shakespeare met-elle en scène les philosophes et quels rôles leur fait-elle jouer ? Le présent livre se tiendra loin d'une longue tradition de la philosophie qui a manifesté pour le théâtre un certain mépris. Cette tradition a été sans doute inaugurée par l'expulsion des poètes de la Cité, au livre X de la République de Platon. Occupés à inventer une théorie de l'invisible pour éclairer le monde depuis une outre-scène et à appuyer la trajectoire du monde sur une transcendance, les philosophes ont été nombreux à éprouver et élaborer, par rivalité avec le théâtre, un mépris philosophique pour l'éclat du spectacle, pour le jeu masqué et mensonger des comédiens. Ces philosophes ont subordonné le théâtre à la scène philosophique, en l'assignant à une structure de la représentation limitée, dans laquelle la scène est inféodée, soumise au texte écrit et à son auteur, auteur qui possède le sens et sait ce que parler sur scène veut dire, parce qu'il occupe une position hors scène. Ouvrage collectif sous la direction d'Isabelle Alfandary (Professeur à l'Université Sorbonne Nouvelle) et Marc Goldschmit (Directeur de Programme au Collège International de Philosophie). Avec les contributions d'Isabelle Alfandary, Carlo Cappa, Line Cottegnies, Hélène Garello, Marc Goldschmit, Dominique Goy-Blanquet, Catherine Lisak, Ronan Ludot-Vlasak, Jean Maurel, Anne-Marie Miller-Blaise, Axel Nesme, Daniel Sibony, Gise`le Venet.

02/2023

ActuaLitté

Ecrits sur l'art

La Part de l'Oeil N° 38/2024 : Esthétique du vivant et morphodynamique. René Thom et la plasticité des formes

Ce volume de La Part de l'Oil est consacré aux approches esthétiques du vivant et des oeuvres. Il se propose de réinvestir la tradition philosophique réfléchissant sur le vivant (Aristote, Goethe, Kant, D'Arcy Thompson, Adlof Portmann, Merleau-Ponty, René Thom...) et ses formes (végétales, animales, minérales...) pour explorer les relations et porosités avec les représentations visuelles et plastiques. Cette exploration ouvre la question d'un passage du vivant à l'ornement, de la puissance évocatrice des formes naturelles qui animent de façon discrète ou saturée l'espace de la représentation. L'hypothèse d'une vitalité nouvelle pour l'esthétique du vivant semble aujourd'hui vérifiée et l'on a pu parler, plus particulièrement, d'un "tournant végétal" reposant sur des approches interdisciplinaires qui proposent d'étudier et d'imaginer à nouveaux frais les interrelations entre végétal et humain. A cet égard, si le motif végétal bénéficie peut-être d'une plus grande place au sein de l'esthétique et même d'un regain d'attention - comme en témoignent de récentes publications, dont l'ouvrage de Clélia Nau, Feuillages. L'Art et les puissances du végétal - il reste à en interroger le privilège dans l'imaginaire, en ce compris sur le versant épistémologique, comme s'y est employé, par exemple, Horst Bredekamp montrant comment Darwin aura préféré l'image du corail issue de la tradition des cabinets à la métaphore de l'arbre si prégnante dans les théories de l'évolution et en quoi cette image était porteuse d'un imaginaire politique qui bouleverse les organisations hiérarchiques. Dans le prolongement de cette évocation, c'est la question de l'intrication des formes entre elles qui se trouve également soulevée, imposant le passage de la forme isolée à un mouvement d'ensemble, celui, par exemple, que dessine dans le ciel un vol d'étourneaux ou que produisent les feuilles dans un feuillage. La forme naturelle appelle du même coup une attention à sa morphogenèse, à la prise de forme et à la métamorphose, bref à une dynamique qu'il convient de penser à même l'immobilité apparente dans laquelle semble se tenir l'image fixe. L'hypothèse générale que ce volume voudrait dès lors mettre à l'épreuve consiste à examiner dans quelle mesure ces formes du vivant, au-delà même de la représentation, agissent comme des matrices donnant à la représentation sa logique sous-jacente. C'est dans cette perspective que le volume consacre un dossier à la pensée morphodynamique de René Thom pour aborder les relations actuelles entre le champ de la création et les nouvelles investigations en direction d'une philosophie de la nature.

03/2024

ActuaLitté

Histoire et Philosophiesophie

Number from Ahmes to Cantor

We might take numbers and counting for granted, but we shouldn't. Our number literacy rests upon centuries of human effort, punctuated here and there by strokes of genius. In his successor and companion volume to Gnomon: From Pharaohs to Fractals, Midhat Gazalé takes us on a Journey from the ancient worlds of the Egyptians, the Mesopotamians, the Mayas, the Greeks, the Hindus, up to the Arab invasion of Europe and the Renaissance. Our guide introduces us to some of the most fascinating and ingenious characters in mathematical history, from Ahmes the Egyptian scribe (whose efforts helped preserve some of the mathematical secrets of the architects of the pyramids) through the modern era of Georg Cantor (the great nineteenth-century inventor of transfinite numbers). As he deftly blends together history, mathematics, and even some computer science in his characteristically compelling style, we discover the fundamental notions underlying the acquisition and recording of "number", and what "number" truly means. Gazalé tackles questions that will stimulate math enthusiasts in a highly accessible and inviting manner. What is a natural number? Are the decimal and binary systems the only legitimate ones? Did the Pythagorean theorem and the discovery of the unspeakable irrationals cost the unfortunate mathematician Hippasus his life? What was the Ladder of Theodorus of Cyrene and how did the ancient Greeks calculate square roots with such extraordinary proficiency? An original generalization of Euler's theorem is offered that explains the pattern of rational number representations. Later on, the field of Continued Fractions paves the way for another original contribution by Gazalé, that of cleavages, which sheds light on the mysterious nature of irrational numbers as it beautifully illustrates Dedekind's famous Schnitt. In the end the author introduces us to the Hilbert Hotel with its infinite number of rooms, guests, and an infinite number of people waiting to check in, where he sets the debate between Aristotle and Cantor about the true nature of infinity. This abundantly illustrated book, remarkable for its coherency and simplicity, will fascinate all those who have an interest in the world of numbers. Number will be indispensable for all those who enjoy mathematical recreations and puzzles, and for those who delight in numeracy.

01/2000

ActuaLitté

Sciences politiques

Pouvoir(s). Expressions et représentations, Textes en français et en espagnol

Dans le troisième livre de sa Politique, Aristote rappelle que le pouvoir régit les relations humaines entre les individus, au sein de la cité ou de la famille. L'équilibre et l'exercice du pouvoir semblent alors se construire sur le fait que celui qui ne peut pas, ou ne sait pas, l'exercer doit le subir. Le pouvoir semble ainsi renvoyer à une norme sociale, universelle qui doit être valable et acceptée par tous, de sorte que son exercice ne peut faire abstraction des répercussions qu'il peut avoir sur une tierce personne. C'est dans ce contexte qu'apparaît la problématique de la minorité et de son identification, surtout lorsqu'elle peut, tour à tour, exercer, subir, influencer ou enrichir le pouvoir établi. Considéré, avec la notion de culture, comme un des fondements des relations humaines, le pouvoir présente la double facette, de celui qui l'exerce et de celui qui le subit. Dans des situations conflictuelles ou de mutation sociale ou culturelle, il peut aussi se référer à ceux qui s'y opposent ou qui ne le reconnaissent pas comme un référent absolu. Il s'agit alors d'aborder les manifestations qui altèrent la norme imposée et qui peuvent être qualifiées de dissidentes, d'hérétiques, d'avant-gardistes, voire de marginales, selon le domaine où elles s'expriment. L'identité de ceux qui soutiennent ce contre-pouvoir devient par conséquent une thématique adjacente à la notion même de pouvoir. Les différentes crises politiques et sociales qui ont marqué l'Europe et le continent américain depuis 2010, ont motivé l'organisation du colloque interdisciplinaire Pouvoir(s) : Expressions et représentations (mars 2015, UVHC). Les mouvements nationalistes séparatistes, les confrontations religieuses et les revendications sociales portées par de nouveaux partis politiques qui ont caractérisé le début du XXIème siècle, cherchent souvent à justifier leurs revendications par des références à des situations historiques plus ou moins lointaines. Les arguments proposés par ceux qui exercent le pouvoir autant que par ceux qui s'y opposent, s'inscrivent alors dans des domaines hétérogènes qui embrassent presque toutes les activités humaines. Les actes du colloque ici publiées reprennent les réflexions des différents intervenants sur la notion de pouvoir dans les aires géographiques anglophone et hispanophone. Les domaines abordés sont aussi bien politiques et religieux qu'économiques ou culturels. Les différents travaux recueillis dans cet ouvrage proposent des approches historiques, littéraires et linguistiques pour tenter d'établir les rapports de force qui demeurent sous-jacents dans l'exercice du pouvoir. Aussi, les notions complémentaires de contre-pouvoir, de minorité, de dissidence, de marginalité, d'avant-garde ou de manipulation sont abordées dans les domaines politiques, artistiques, économiques ou sociaux.

05/2019