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Indépendants

Fièvres nocturnes

Artiste faisant l'objet d'un véritable culte, Toshio Saeki est l'inventeur d'un style unique, dans un domaine qu'il a totalement transformé, l'ero guro - qu'on peut traduire par "scènes érotico-grotesques". Ce genre, dont on attribue la paternité à l'écrivain Edogawa Ranpo, trouve sa source aux origines du dessin japonais classique, nourrissant de monstres et de scènes cauchemardesques de nombreuses estampes à travers le temps. Saeki, en déclinant les motifs traditionnels et en les mêlant à ses propres obsessions, a fait écho aux angoisses de sa génération, la jeunesse des années 1970, qui a cru pouvoir s'affranchir des conventions d'une société paternaliste avant de connaître la désillusion. La société humaine, sa violence et ses tares sont le support de scènes dont la cruauté provoque l'effroi ou le rire, poussant dans ses retranchements la mécanique du fantasme. Le sado-masochisme ne recouvre ici aucune réalité, puisant dans l'onirisme une forme de poésie macabre. Stimulé par la censure qui sévit au Japon - il est prohibé de montrer les sexes - Saeki fait de l'interdit une contrainte artistique et déporte vers l'absurde et l'onirisme le plus vieux sujet du monde. Son style précis, qui rappelle aux européens la fameuse "ligne claire" d'Hergé et Joost Swarte, reste étrange pour le lecteur japonais comme pour le lecteur occidental, chacun trouvant dans ce trait à la simplicité parfaite une forme d'exotisme inédit. Cette perception ne s'explique que par l'originalité absolue d'un imagier extravagant, sorti tout droit de la plume d'un artiste qui a consacré sa vie à tracer au plus près "ce qui se déroule dans sa tête lorsqu'il ferme les yeux".

06/2022

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Première guerre mondiale

Les Martyrs de Verdun

Hiver 1939, mon grand-père repose son journal sur la table basse qui nous sépare, son visage reflète une sorte de lassitude et de colère contenue, que je ne lui connais pas. Lorsque je lui en demande la raison, il explose ; ses joues s'empourprent et ses mains se mettent à trembler. - Ils sont devenus fous ! Tout recommence ! Ils n'ont pas été capables de tirer les enseignements du conflit précédent. On avait dit "plus jamais ça", mais ils refont les mêmes erreurs. Je ne pensais pas devoir revivre ça. Si j'avais su, je me serais laisser crever à Verdun ! Lui, habituellement si calme et mesuré, est rouge de colère. Il crie presque, laissant éclater sa rage et sa haine à l'encontre des politiciens qui nous gouvernent. - Tu te trouvais à Verdun ? Tu ne m'en a jamais rien dit. Il plante ses yeux dans les miens, semblant fouiller mon cerveau. Son regard se fait plus intense et pénétrant, empli de gravité. - Oui, j'y étais, mais je ne l'ai jamais raconté à qui que ce soit. Personne ne m'aurait compris, ni même cru. Je vais te relater ce que j'ai vécu là-bas, mais ce sera la première et la dernière fois. Ne m'interromps pas ! Son regard se perd dans le vide, il voit à travers moi, au loin vers la Meuse, il y a vingt-trois ans... La réalité a-t-elle été si terrible qu'on le dit ? Ce récit est basé, notamment, sur des témoignages de poilus, et des courriers (passés à travers le filtre de la censure) ; ceux des hommes qui ont combattu à Verdun, sur la Somme, au Chemin des Dames ou ailleurs...

09/2023

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Littérature anglo-saxonne

Oeuvres. L'intégrale illustrée. Le portrait de Dorian Gray ; Le fantôme de Canterville ; Le crime de lord Arthur Savile ; Salomé ; L'importance d'être constant ; La ballade de la geôle de Reading ; De profundis ; Contes et nouvelles ; Poésie

Pour la première fois en un volume, la Bibliothèque des Classiques rassemble l'intégrale des oeuvres littéraires d'Oscar Wilde, dans une superbe édition reliée - idéale pour les fêtes de fin d'année. La première intégrale illustrée en langue française Ce beau livre regroupe l'intégrale des oeuvres d'Oscar Wilde (1854-1900), à l'exception de ses contributions de critique littéraire. Auteur prodige, déjà célèbre pour ses mots d'esprit lorsque paraît, en 1881, son premier recueil de vers, il écrit des contes pour ses enfants (Le Fantôme de Canterville, Le Crime de lord Arthur Savile), embrasse la cause féministe, déploie ses talents de pamphlétaire et son art du paradoxe. En 1891, son unique roman, Le Portrait de Dorian Gray, scandalise l'Angleterre. Le prince de l'aphorisme devient ensuite dramaturge. La première de L'Eventail de lady Windermere est un triomphe. L'année suivante, il écrit en français Salomé pour Sarah Bernhardt, qui l'a subjugué ; la pièce est aussitôt interdite par la censure. Chantre d'un art sans entraves et de la souveraine liberté de l'écrivain, il entame avec lord Alfred Douglas une liaison qui ruinera sa vie et sa carrière : en pleine gloire, il est condamné aux travaux forcés pour outrage aux bonnes moeurs. Ses enfants ne le reverront jamais et c'est au bagne qu'il rédige la Balade de la geôle de Reading. C'est un homme brisé qui s'éteint, en 1900, dans un médiocre hôtel parisien. De profundis, sa lettre-confession, sera publiée en 1905. Roman, nouvelles, théâtre, poésie, essais... Ce volume rassemble l'intégrale de son oeuvre littéraire, illustrée par les meilleurs artistes de son temps, dont le sulfureux Aubrey Beardsley.

10/2021

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Sciences historiques

Empreintes. Patrimoine écrit, témoin de l'histoire

Quel peut être le point commun entre des oeuvres aussi diverses que la Guerre des Gaules, les Fables de Lafontaine, l'Evangéliaire d'Averbode et les aventures de Sibylline ? A première vue, aucun. Pourtant, ces oeuvres ont toutes marqué leur époque, à leur propre échelle et dans des domaines divers. Elles constituent toutes également une trace de notre Histoire, témoins d'un certain passé, d'un autre temps. Elles ont également pour point commun d'être parvenues jusqu'à nous. L'écrit reste, mais il vit. Il est créé, relu, validé ; il est modifié, corrigé, transformé. Il se transmet, voyage, circule. Officiellement, souvent ; sous le manteau, parfois. Quelquefois même, il est interdit, censuré. On le cache, on le brûle. Mais trop tard : il a été lu. Il peut donc être recopié et reprendre sa route. A travers l'espace, comme à travers le temps. Siècle après siècle, l'Homme a conservé ces traces écrites de son passé, pour constituer une histoire, se forger une mémoire et transmettre savoirs, croyances et idées à ses successeurs. Pour interroger le rapport de l'Homme à l'écrit, l'exposition "Empreintes" aborde huit facettes de l'écrit illustrées par une centaine d'oeuvres, de l'Antiquité à nos ¡ours. Comment l'homme a-t-il conservé la mémoire de sa propre histoire ? Quels sont ces savoirs et ces oeuvres qui ont franchi les siècles et ceux dont la transmission a été interdite ? Comment l'homme a-t-il mis par écrit son état de la connaissance du monde, au fil de ses explorations, de ses expériences ? Les oeuvres présentées proviennent essentiellement des collections des Bibliothèques de l'Université. Elles sont accompagnées d'autres exemples prêtés par l'Université de Gand, le Musée des Beaux-Arts de Liège / La Boverie, le Musée Wittert et le CEDOPAL.

04/2018

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Littérature étrangère

Viva Caporetto !

En 1921, Curzio Malaparte a 23 ans ; il s'appelle encore Kurt Erich Suckert et revient d'une année à Varsovie en tant qu'attaché d'ambassade, après quatre années de guerre sur les fronts italien et français. Médaillé des plus grandes batailles de la Première Guerre mondiale sur les deux fronts (Bligny et Col di Lana, entre autres), ce n'est pourtant pas le récit de sa geste héroïque qu'il nous livre dans Viva Caporetto !, mais celui de la guerre des millions de soldats italiens, simples fantassins, paysans pour la plupart, envoyés dans les tranchées du Karst pour défendre des territoires dont ils avaient ignoré jusqu'alors l'existence. Ce que Viva Caporetto ! raconte de la guerre, c'est le sacrifice absurde de jeunes gens courageux, l'entêtement stupide d'un état-major incompétent et, surtout, le fossé entre l'horreur de la tuerie et les mensonges d'une rhétorique patriotique écoeurante. Le jeune Suckert parle pour ces soldats analphabètes qui ont accepté en silence une mort inutile. Contre la propagande officielle, il choisit Caporetto, gigantesque retraite des troupes italiennes sous l'avancée des armées autrichiennes, qui marque en octobre 1917 la crise militaire la plus douloureuse que l'Italie ait connu, pour emblème de l'héroïsme du soldat des tranchées et espoir de revanche d'un peuple méprisé. Trois fois saisi et censuré entre 1921 et 1923, Viva Caporetto ! était une charge explosive contre la jeune Italie fasciste qui s'édifiait sur la mémoire d'une Grande Guerre victorieuse. Il fallut attendre la fin du XXe siècle pour redécouvrir en Italie ce pamphlet unique et insolite, par lequel le futur Malaparte signe son entrée en littérature. Il est traduit et publié en France pour la première fois.

10/2012

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Critique littéraire

Lettres choisies. 1943-1997

Icône de la Beat Generation, poète et intellectuel controversé, Allen Ginsberg est sans aucun doute l'un des écrivains les plus importants de l'Amérique du XXe siècle. Figure de proue d'un cercle littéraire avant-gardiste, référence des beatniks et inspiration des hippies, il a su révolutionner les conventions poétiques en imposant une écriture spontanée, libre et sans tabous. Ce sont ici plus d'une centaine de ses lettres qui ont été soigneusement sélectionnées, et qui révèlent l'écrivain érudit et engagé auteur des chefs-d'oeuvre incontestés que sont Howl et Kaddish, ses deux plus grandes fresques poétiques. Ses lettres avec certains des plus grands esprits et artistes de son temps donnent à voir son combat acharné contre la censure aux Etats-Unis et la guerre au Vietnam, pour la libéralisation des moeurs, l'acceptation de l'homosexualité, la légalisation des drogues et une conscience écologique. On y retrouve les influences marquantes de son oeuvre : jazz et rock, haïkus et mantras, culture pop et foi bouddhiste. Mais on y découvre également un Ginsberg plus intime. Au gré de ses séjours sur la côte Est ou la côte Ouest, en ville ou à la campagne, et de ses voyages au Maroc ou en France, en Amérique latine ou en Inde, le poète parle de ses doutes et de ses émotions, dans ce style à la fois comique et tragique qui lui est propre. C'est un document unique que nous offrent les lettres de ce maître du verbe. Témoignage inestimable de l'émergence d'une contre-culture, la correspondance de Ginsberg retrace plus de cinquante ans d'histoire sociale et culturelle sous une seule et même plume, celle d'un génie rêveur et décomplexé.

11/2013

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Littérature française (poches)

Petit éloge des séries télé

Quelques-uns des droits du sériephile (en hommage à Daniel Pennac dans Comme un roman ) : Le droit de regarder des séries de toutes natures (et pas seulement celles que « les intellectuels » ou les « spécialistes » trouvent réussies). Le droit de regarder une série quand on veut, comme on veut, où l'on veut et à l’abri de toute censure. Le droit de regarder sans être jugé ou méprisé. Le droit de démarrer une série au quart de tour et puis de décrocher ; le droit de prendre une série en route après avoir longtemps reculé ou hésité. Le droit d'aimer (ou de détester) sans devoir se justifier. Écrites, tournées et diffusées en léger différé avec leur époque, les séries télévisées, tout comme le théâtre, la littérature, le cinéma et la bande dessinée, portent un regard sur le monde, encore plus contemporain, encore plus incisif : les meilleures séries sont des témoins stimulants de l’état du monde. Elles sont souvent audacieuses dans leur construction et leur propos volontiers impertinent, acide. Dans des séries anciennes, on peut ainsi se rappeler le badinage sexuel d’Emma Peel et John Steed dans Chapeau Melon et bottes de cuir ; la révolte métaphysique du n°6 face au lavage de cerveau politique dans Le Prisonnier ; les jeux subliminaux autour de l’imagerie gay des Mystères de l’Ouest ; la satire de la guerre froide dans Agents très spéciaux ; la description de la noirceur de l’humanité et de ses dilemmes dans La Quatrième Dimension et Star Trek). Des séries récentes comme Urgences et House, M.D. soulignent sans relâche les dilemmes éthiques et les conflits de pouvoirs suscités par les progrès de la technologie du soin, la surenchère biomédicale, les inégalités d’accès et le rôle des structures et professionnels de santé.

09/2012

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Littérature française

Kayro Jacobi, juste avant l'oubli

Certes, Kayro avait peur d'être à son tour arrêté, dépossédé, chassé de son pays natal. Mais il n'avait rien abandonné de ses rêves, égoïstes et magnifiques, qui faisaient son tourment et, un jour possiblement, feraient sa gloire. Pouvait-il vivre sous un ciel étranger ? Pouvait-il créer dans une culture différente de la sienne ? Il ne le pouvait pas. Il aimait trop son pays, plus peut-être que ceux qui lui déniaient le droit d'y vivre. Il ne partirait pas. Il était d'une résistance peu ordinaire. Il trouverait le moyen de rester. Cette conviction se changeait en certitude. Il s'y accrochait comme à une ancre qui le maintiendrait en place, pendant longtemps... le temps qu'il faudrait pour faire au cinéma égyptien ce que les pyramides étaient aux siècles. Tout commence dans les studios de la Kayro Films, lorsque le producteur et réalisateur juif égyptien Kayro Jacobi s'alarme d'un article dénonçant l'omnipotence et la décadence des cinéastes " étrangers " dont les films pervertissent le véritable visage de l'Egypte. Nasser vient d'arriver au pouvoir. Les studios produisent toujours leurs flopées de comédies musicales et de mélodrames lascifs, libres un temps encore de toute censure puritaine. Le cinéma égyptien est alors le phare du cinéma oriental, sa Mecque, son Hollywood, et Kayro en est l'enfant chéri. Il est, à trente-cinq ans, le roi du cinéma populaire de son pays, reconnu par ses pairs, courtisé par les étoiles du grand écran, follement aimé des femmes et cible toute désignée de la presse xénophobe. Attaqué et humilié, Kayro le magnifique entre en résistance. Dans ce roman jubilatoire où culmine son art de la tragi-comédie, Paula Jacques ressuscite les riches heures du cinéma égyptien et poursuit son exploration de la comédie des passions humaines.

03/2010

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Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 12, Souffrance et révolte (1884-1885)

Cette nouvelle édition des œuvres complètes de Zola est originale à un double titre : - elle est la première du genre à adopter un dispositif chronologique, en vingt brèves périodes, de 1858, date de l'arrivée du jeune Emile Zola à Paris, à 1902, date de sa mort. On suivra ainsi, de volume en volume, l'évolution de sa carrière et de son rouvre, et leur relation à l'histoire contemporaine. Ces coupes successives dans le temps ont également le mérite de mettre en évidence les connexions mutuelles des œuvres par-delà la diversité de leurs contenus et de leurs formes ; - elle réunit, pour la présentation et le commentaire historique et critique des œuvres, les meilleurs connaisseurs de Zola et de son œuvre. Après une introduction générale, chaque œuvre fait l'objet d'une notice. Dans chaque volume, on trouve d'abord les œuvres narratives (romans, contes et nouvelles), puis le théâtre, les chroniques, les œuvres critiques et la correspondance. Le tome 12 couvre les années 1884-1885. Zola est alors un écrivain reconnu, qui a atteint le succès et la gloire, bien au-delà des frontières de la France. Durant ces deux années charnières paraissent La Joie de vivre, le roman de la douleur, Germinal, le cri de justice des Rougon-Macquart, et Naïs Micoulin, un recueil de nouvelles, publiées dans la presse entre 1876 et 1880, auquel se joignent neuf autres récits brefs, qui enrichissent la facette moins connue du nouvelliste. La correspondance témoigne de la notoriété de l'écrivain : les amitiés du cénacle naturaliste, les réactions contre la censure, les ripostes à la critique littéraire, les questionnements sur les arcanes de la création artistique. Zola est devenu " L'homme de Germinal ".

06/2005

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Sciences historiques

La Révolution des auteurs. Naissance de la propriété intellectuelle (1773-1815)

Auteur et argent font ménage difficile. Au premier ne revient que l'honneur, jusqu'à ce que madame Du Deffand écrive à Voltaire : " Savez-vous, monsieur, ce qui me prouve la supériorité de votre esprit et ce qui fait de vous un grand philosophe ? C'est que vous êtes devenu riche. " Ce changement de mentalités doit beaucoup au théâtre, seul lieu, au XVIIIe siècle, de controverse possible au sein d'un régime qui ne le permet pas. La Révolution des auteurs est en marche. L'idée de les associer à la fortune de leurs œuvres fait son chemin ; le triomphe du Mariage de Figaro la fait éclater au grand jour. Beaumarchais, investi porte-parole, se bat contre les comédiens et contribue à ce que les Etats-Généraux dramatiques provoqués par la censure du Charles IX de Chénier établissent une véritable Constitution des auteurs. Brillant disciple de Voltaire, il fonde, avec Nicolas-Etienne Framery, la première Société d'auteurs, douée d'une double dimension : la défense de ses membres et, grâce à un bureau de perception, l'administration de leur répertoire. Cette naissance ne se poursuit pas sans douleur. La crise politique qui sévit dans le pays perturbe la vie économique et culturelle, favorisant les divisions et les résistances. L'esprit de système de Bonaparte le conduira à légiférer en tous domaines. Les germes d'une protection internationale des créateurs sont semés : Montalivet formule le concept de l'assimilation de l'auteur étranger à l'auteur national, fondement de la Convention de Berne. Ainsi voit le jour et se renforce la revendication au droit à la propriété intellectuelle - reconnu comme droit fondamental de l'homme depuis 1948 -, plus que jamais d'actualité à l'heure où les biens culturels incarnent, par l'industrie et le commerce qu'ils engendrent, un instrument stratégique au cœur des échanges internationaux.

02/2002

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Psychologie, psychanalyse

Le séminaire de Jacques Lacan. Tome 16, D'un Autre à l'autre

Je lis sous la plume de Sollers que Claudel est d'abord pour lui celui qui a écrit : " Le Paradis est autour de nous à cette heure même avec toutes ses forêts attentives comme un grand orchestre invisiblement qui adore et qui supplie. Toute cette invention de l'Univers avec ses notes vertigineusement dans l'abîme une par une où le prodige de nos dimensions est écrit. " Eh bien, Lacan est pour moi celui qui dit dans ce Séminaire " L'enfer, ça nous connaît, c'est la vie de tous les jours. " C'est la même chose ? Ah, je ne crois pas. Ici, pas d'adoration, pas d'orchestre invisible, ni vertiges ni prodiges. Commençons par la fin : Lacan " évacué " de la rue d'Ulm avec ses auditeurs, non sans résistance et tapage. L'épisode défraya la chronique. Qu'avait-il donc fait pour mériter ce sort ? S'adresser, non pas seulement aux psychanalystes, mais à une jeunesse encore grisée par les événements de mai, qui l'accepte pourtant comme un maître du discours dans le même temps où elle rêve de subvertir l'Université. Que leur avait-il dit ? Que " Révolution " veut dire revenir à la même place. Que le savoir impose désormais sa loi au pouvoir, et qu'il est devenu immaîtrisable. Que la pensée est comme telle une censure. Il leur parle de Marx, mais aussi du Pari de Pascal, qui devient entre ses mains une nouvelle version de la dialectique du maître et de l'esclave, et aussi des fondements de la théorie des ensembles. On passe à une clinique de la perversion, aux modèles de l'hystérique et de l'obsessionnel. Tout cela communique, scintille, captive. Entre les lignes, se poursuit le dialogue de Lacan avec lui-même sur le sujet de la jouissance, et le rapport de celle-ci avec la parole et le langage.

03/2006

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BD tout public

Bande annonce. Cinéma et bande dessinée

Raconter en images, c'est développer un scenario, mais pas seulement. Tout ce qui constitue l'ambiance et la couleur d'un film (personnages, cadrages, décor, lumière), tout ce qui est traité non plus par le scénariste mais par ce réalisateur, peut se retrouver dans une oeuvre de littérature dessinée comme relevant d'autant de techniques qui se confondent en une seule : l'art d'écrire en texte et en image. Sept études historiques et critiques décortiquent les relations étroites, teintées d'amour et/ou de haine, entre le cinéma et la bande dessinée. Très tôt, le premier a su s'émanciper de sa technicité pour rallier des auteurs et des diversités d'approches, alors que la deuxième, parfois cantonnée à des adaptations de films à succès, a pu s'apparenter à un produit dérivé. A partir des années 1960, une nouvelle littérature dessinée revendique un statut d'ceuvre d'art à part entière ; mutation que la richesse, la compréhension et l'influence du cinéma ont contribué à opérer. Aujourd'hui, elle s'autorise des formes longues dont on n'aurait jamais pu imaginer la publication auparavant et dont le temps de lecture, étiré par rapport aux albums classiques, semble étrangement calé sur celui d'un long métrage. Alors que les frontières entre images fixes et images cinématographiques se brouillent de plus en plus, se jouant des définitions, excédant les relations convenues, cet ouvrage richement illustré propose un parcours entre cinéma et bande dessinée, dans les arcanes de la séquence. du découpage, du scénario... là où les genres s'acoquinent. On y croise Winsor McCay, Edmond Baudoin, Jean-Claude Forest, Paul Grimault, Michel Ocelot. Alain Resnais. Stanley Kubrick, René Laloux, Claire Sichez et Marine Rivoal. Watt Disney... On y disserte aussi de western, d'adaptation, de temporalité, de censure, de héros, de comics, d'expérience psychédélique ou de cinéma d'animation...

04/2009

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Littérature française

Confessions d'un homosexuel à Emile Zola

[...] mes lèvres brûlent de la volupté qu'on y a bu, ma poitrine est livide de baisers qui sont presque des morsures, dans mon corps a coulé tant de sève humaine qu'elle suffirait pour créer en peu de temps un peuple nombreux ! [...] l'idée qu'en goûtant le fruit défendu nous jetons dans le néant et la mort des êtres qui un jour seraient légion ne suffit-elle pas d décupler la joie des voluptés qui furent la gloire de Sodome ? [...] Pour ma part j'y contribue et n'en veux ressentir aucun remords ! C'est avec cette défense audacieuse du droit à la différence et à l'amour homosexuel que se terminent les parties inédites des Confessions qu'un jeune aristocrate homosexuel italien anonyme a envoyées d'abord à Emile Zola en 1889, puis une suite au docteur Saint-Paul en 1896. Quel cheminement intérieur parcouru par celui qui se disait atteint, dans les premières pages, d'une "affreuse maladie de l'âme" ! La découverte exceptionnelle du manuscrit de la longue lettre adressée au médecin et des parties censurées de la lettre à Zola révèle que les éditions successives sont non seulement amputées de près de la moitié du récit de l'Italien, mais qu'il a aussi été. remanié. Le sens des Confessions en a été changé pour le conformer aux théories du premier à les publier, le docteur Saint-Paul. Cette censure des propos les plus audacieux et les plus originaux désamorce l'intention de l'auteur de ces Confessions et leur portée politique et poétique - leur force agissante. Cette édition, enrichie de nombreux documents inconnus et du fac-similé de la lettre, présente pour la première fois le texte.dans son intégrité et son intégralité, un inédit. Ainsi rétabli, son éloquent et passionnant témoignage fait rayonner une vision singulière et heureuse de l'humanité.

11/2017

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Critique littéraire

Correspondance. 1921-1970

La correspondance entre Lili Brik et Elsa Triolet constitue un document unique à plus d'un titre. Les deux sœurs, nées à Moscou respectivement en 1891 et 1896 dans une famille aisée et plurilingue, furent séparées par le mariage d'Elsa avec l'officier français André Triolet et son installation en France en 1920, et leur besoin de se " parler " malgré l'éloignement donna naissance, pendant près de cinquante ans, aux centaines de lettres rassemblées ici. Mais ce n'est pas seulement par son volume et sa durée que cette correspondance est impressionnante. Il s'agit d'un échange entre deux femmes qui se confient à peu près tout ce qu'il est possible de se dire : les petits soucis du quotidien et les problèmes d'argent, autant que des confidences sur les hommes de leur vie, Maïakovski et Aragon, puis des commentaires sur la politique, ainsi que de nombreuses pages sur la littérature. Les efforts de Lili Brik en Union Soviétique et d'Elsa Triolet en France pour sauver l'honneur et la mémoire de Maïakovski, tout comme le témoignage d'Elsa Triolet sur l'œuvre en devenir d'Aragon et ses propres projets littéraires, prennent ainsi une large place dans cette correspondance exceptionnelle. Les drames personnels, tels le suicide de Maïakovski en 1930 ou les purges staliniennes auxquelles Lili Brik échappa de justesse, sont évoqués - parfois à demi-mot pour contourner la censure - au même titre que les grands bouleversements historiques dont les deux femmes se font le témoin et le commentateur perspicace. La traduction et la publication aujourd'hui de cette correspondance donnent enfin au lecteur français accès à l'un des documents les plus passionnants sur l'histoire du XXe siècle.

01/2000

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Littérature française

Quand la peine le dispute à la colère

Philippe Randa dont la devise pourrait être : "Je suis un auteur censuré extrêmement diffusé" , comme il l'affirme lui-même. Un clin d'oeil, une boutade, un regret, une frustration ? Non : l'engagement sincère d'un homme libre. De ces hommes libres qui doivent être donc enchaînés ou, comme l'a écrit Guy Béart en substance dans une célèbre chanson : "Celui qui dit la vérité doit être exécuté" . Mais un homme libre en effet extrêmement diffusé : auteur de 119 livres, romans policiers, essais, études historiques, dictionnaires ; mais aussi chroniqueur politique, directeur de trois maisons d'éditions, animateur d'émissions sur Radio Libertés et TVLibertés, pour ne signaler que l'essentiel d'une vie riche en diversité et en expériences. Pour les Chinois, 2018 est l'année du Chien et ce dernier recueil aurait pu s'appeler : "2018, une année de Chien" ! tant les évènements qui se sont succédés ont été surprenants, inattendus, violents, choquants parfois, improbables souvent. La galerie de l'année 2018 de Philippe Randa est variée, de Jeanne d'Arc et son avatar métissé à Johnny Hallyday et sa famille des Atrides, en passant par Bertrand Canta, Michel Onfray ou nos plus beaux spécimens de la vie politique, Gérald Darmanin ou le sacro-saint Nicolas Hulot. Il y en a pour tout le monde ! La colère justement, mais celle des Gilets Jaunes qui ont éclairé notre fin d'année 2018 d'une lumière improbable, mais pleine d'espoir dans la capacité à résister à l'anesthésie de notre doucereuse et terrible démocratie. Le problème avec Philippe Randa, c'est qu'il pose toujours des questions dérangeantes, qu'il apporte des commentaires impertinents et qu'il fournit des analyses à contre-courants. Si cela réjouit les uns, cela indispose beaucoup d'autres.

02/2019

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Cinéma

Le monde de Jia Zhang-ke

Depuis 20 ans, le cinéma chinois connaît un développement foudroyant, en phase avec l'essor de ce pays. Nul n'incarne mieux cette évolution que le réalisateur Jia Zhang-ke, révélé en 1999 avec son premier film, Xiao-wu artisan pickpocket. Son cinéma se distingue par la modernité de son écriture, nourrie par la réinvention des rapports entre fiction et documentaire, par les usages inventifs des nouvelles technologies, par la créativité des relations entre l'intime et le collectif à l'échelle d'un pays d'un milliard et demi d'habitants. Les films de Jia sont en effet, et du même mouvement, oeuvres d'un grand artiste contemporain et témoignages sensibles des gigantesques mutations qui affectent la Chine, et le monde entier. Des titres tels que Platform, The World, Still Life, A Touch of Sin et Mountains May Depart jalonnent un parcours esthétique à la fois extrêmement cohérent et en constant renouvellement. Ils accompagnent la construction patiente d'une place centrale dans la culture de son pays malgré les immenses obstacles liés à la censure. Et ils racontent, selon un point de vue original et pertinent, ce qui s'invente avec le XXIe siècle. Un long entretien mené avec le réalisateur sur les lieux de son enfance, ces lieux de travail et de tournage, un texte historique établissant la place de Jia dans le cinéma chinois et dans le cinéma actuel, une notice critique consacrée à chacun de ses films, longs et courts métrages, enrichis de plusieurs éclairages dont des entretiens avec ses principaux collaborateurs, et des textes de Jia inédits hors de Chine, font de ce livre le premier ouvrage offrant une visibilité et une compréhension exhaustive de l'oeuvre de ce cinéaste, et de son importance majeure.

01/2016

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Littérature érotique

L'Adolescente

Peut-on encore écrire et publier des textes érotiques en 2020 ? Peut-on, bien modestement, essayer de s'inscrire dans une tradition littéraire qui a, depuis longtemps, ses lettres de noblesse en France ? Il serait facile de répondre oui et pourtant, ces questions peuvent se poser en cette époque de passions tristes ; à l'heure où notre société est laminée par une vague de censure et de puritanisme d'une rare violence, conséquence du politically correct américain. Un coup d'oeil sur les murs de nos villes, de plus en plus réquisitionnés par les néo-féministes, suffit à comprendre que la chasse à l'homme est ouverte, que ses désirs sont de plus en plus condamnés et repoussés dans le champ de la perversion. En ce sens les nouvelles rassemblées dans cet ouvrage n'échappent pas à une intention polémique. Elles expriment, à travers leurs différents canevas, une révolte contre cet état de choses étouffant. Car l'érotisme de Jacques Lucchesi ne fait pas dans la dentelle. Il prend sa source dans les bas-fonds de la psyché humaine, là où le sexe et l'argent forment un couple indissociable, où la frustration et la rêverie onaniste débouchent sur des situations fortement transgressives. Ici les femmes profitent des hommes autant qu'ils profitent des femmes. Chacun se sert avant d'être servi dans un sempiternel jeu de dupes où seule règne la loi du désir, où la faim (de l'autre) justifie tous les moyens pour l'assouvir et l'asservir. Point n'est besoin d'être devin pour comprendre que cet éloge du libertinage ne fera pas l'unanimité chez celles et ceux qui ouvriront ce livre. Car l'auteur, selon le mot du prince de Ligne, préférera toujours "les époques de catins aux époques de Catons" . JL

02/2021

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Histoire internationale

Cuba : une utopie cauchemardesque. Derrière le mythe, un demi-siècle de tyrannie castriste

Le voyage de François Hollande à La Havane et sa jubilation à parader avec Fidel Castro rappellent la fascination de la gauche française pour la " belle révolution " . Le président a oublié sa tribune de 2003, où il définissait le régime castriste comme un " pouvoir personnel, voire familial " avec " l'arsenal complet d'une dictature " . Le passage du pouvoir de Fidel à Raùl Castro, à partir de 2006, est venu parfaire la tyrannie dynastique. Bien avant Hollande, nombreux sont ceux qui ont chanté le LiderMâximo. Déçus par le communisme à la soviétique, ils trouvent à Cuba une révolution fraternelle, sensuelle et joyeuse. Même si la réalité n'a rien à voir avec cette image, car dès la prise du pouvoir, le nouveau régime fusille à tout va, les prisons se remplissent d'opposants, sans que le processus démocratique annoncé ne voie le jour. Pourtant cinéastes, acteurs, musiciens, sportifs, animateurs télé et quantité de célébrités avaliseront les fables de la révolution cubaine ; de Gérard Philipe à Jean-Paul Sartre, de Jack Lang à Jean-Luc Mélenchon, de Diego Maradona à Laurent Ruquier... Rares sont ceux qui aux charmes tropicaux ont préféré la vérité, qui ont dénoncé les emprisonnements, les jugements iniques, la chasse aux homosexuels, la censure, le rationnement, la misère, qui ont aidé les exilés, qui ont alerté sur les milliers de fugitifs, les balseros, noyés ou mitraillés par les garde-côtes. Aujourd'hui Barack Obama parle de lever l'embargo américain, sans avoir obtenu, en échange, le moindre gain démocratique. La normalisation des relations diplomatiques a eu pour premier effet le retour du glamour et des top-models... Le but visé ne serait-il pas de faire de Cuba une destination touristique privilégiée, un paradis sexuel, en somme, mais toujours communiste ?

10/2015

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Histoire de France

Les Républicains des lettres. Gens de culture et Lumières au XVIIIe siècle

Deux cents ans après, il est encore un mythe solidement établi : la Révolution serait fille des Lumières. Daniel Roche, qui n'est pas historien à se contenter de clichés ni de lieux communs, a très tôt décidé d'aller voir au plus près les Lumières - non plus seulement dans les salons des élites parisienhes, mais au plus profond des provinces. Pister leur diffusion dans la France d'Ancien Régime, c'est assurément visiter la République des lettres qui rassemble toutes les activités de l'esprit - production du livre, rapports avec les pouvoirs de contrôle et de censure, participation aux institutions de sociabilité culturelle (académies, loges, sociétés Iittéraires) - auxquelles participent écrivains, savants, philosophes et auteurs. Mais c'est également découvrir - hors des institutions - la pluralité des mondes de l'intelligence qui, chacun à sa manière, selon ses caractéristiques sociales et son outillage mental, s'appropria les Lumières. Pendant que salons et académies instaurent des codes littéraires, proposent des normes de goût et définissent les objectifs du travail savant, que lisent les nobles perdus dans les châteaux de province, les aristocrates frivoles des hôtels parisiens, les négociants avides de connaissances pratiques ? Quelles valeurs - nouvelles et anciennes - reprend et propage un notable du Midi dans sa correspondance adressée de par la vaste Europe ? Quel credo diffusent les médecins, attachés à l'idéal nouveau de l'expérience et de l'expertise, rêvant de l'aménagement utilitariste d'un monde laïcisé ? Qu'écrivent, lisent et comprennent les Rousseau du ruisseau, intellectuels demi-soldes et précepteurs qui gavent de savoirs éclairés les enfants de la noblesse mais se repaissent eux-mêmes, blessés dans leur orgueil, à la table de leurs palefreniers ? Voilà des Lumières plurielles étrangement partagées entre modernité et archaïsme. Et le lecteur, à la suite de Daniel Roche, de regarder tout ce monde, faire à son échelle l'Histoire, la Révolution comme la Contre-révolution.

09/1988

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Décoration

Agit-tracts. Un siècle d'actions politiques & militaires

Qui n'a jamais eu de tract entre les mains ? Difficile d'imaginer que ce modeste bout de papier, tout juste bon à être jeté, fut pendant longtemps une arme capable de provoquer des séismes politiques. Depuis qu'il existe sous la forme de libelle, de mazarinade ou de pamphlet, son pouvoir de nuisance n'est plus à démontrer. Si l'affiche couvre les murs, le tract occupe la rue où il circule facilement de main en main. Grâce à son petit format et à son impact visuel, il devient à l'approche du xxe siècle un outil essentiel pour mener des actions politiques et militaires. Information, contre-information, désinformation, guerre psychologique, propagande électorale et manifeste, la bataille du tract se joue sur tous les fronts. Pourtant, le rôle de cette "littérature de rue" reste encore largement sous-estimé voire méconnu. A travers l'étude de centaines de documents, souvent inédits, Agit-tracts nous fait découvrir autrement un siècle de batailles idéologiques. De l'affaire Dreyfus à Mai 68, en passant par la Grande Guerre, le Front populaire, la Seconde Guerre mondiale, la guerre d'Indochine ou encore celle d'Algérie, le tract est un moyen de diffuser des vérités souvent crues et affranchies de toute censure. S'il comble jusque dans les années 1970 les vides d'une information sous contrôle, il abreuve aussi d'illustrations une société dans laquelle les images sont rares. Or, à l'instar de l'affiche, le tract constitue un important support de création graphique. Pour appâter, convaincre ou informer, les mots ne suffisent pas, il faut aussi des idées et de bons visuels. Toutes les techniques sont mobilisées pour amadouer l'homme de la rue : bandes dessinées, caricatures, photomontages, illustrations à la plume, au fusain ou à la gouache, rien n'est trop bien pour l'intox, rien n'est trop beau pour triompher.

11/2015

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Histoire internationale

L'année des dupes. Alger, 1943

" Voici le récit d'un épisode incroyable, trop souvent censuré, de l'histoire de France, de l'histoire de l'Algérie et de celle de la Seconde Guerre mondiale. 1943. Une extraordinaire année de dupes, qui éclaire d'un jour nouveau la situation géopolitique mondiale d'aujourd'hui. C'est d'abord l'histoire des Juifs d'Algérie qui reçurent, en 1870, la citoyenneté française et qui subirent ensuite des discriminations plus intenses encore que partout ailleurs en France, trouvant leur apogée dans les trois années de domination pétainiste en Algérie. Des Juifs à qui deux gouvernements français successifs retirèrent leur citoyenneté : un gouvernement collaborant avec les nazis ; puis un autre, dont on ne parle jamais, collaborant avec les Américains. Des Juifs à qui des dirigeants français, hors de toute présence allemande, se préparaient à faire porter des étoiles jaunes et qu'ils s'apprêtaient à enfermer dans des camps de concentration sahariens. C'est aussi l'histoire du premier débarquement de troupes anglo-américaines en terre de France pendant la Seconde Guerre mondiale ; un débarquement qu'on ne commémore pas, parce que des troupes françaises y combattirent des troupes américaines. Cet épisode incroyable met en scène des vichystes proaméricains, des Américains pétainistes, des résistants maréchalistes, se battant les uns contre les autres. C'est enfin une histoire bien plus vaste, parce qu'en fait les dirigeants français craignaient que permettre aux Juifs d'être français n'ouvre le même avenir à tous les Algériens. Cela concerne aussi tous ceux qui réfléchissent aujourd'hui, où que ce soit dans le monde, à ce qu'est une citoyenneté, une nation, une identité. Pour construire un monde enfin libre et heureux. " J. A.

10/2019

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Romans historiques

Perversus ou l'histoire d'un imprimeur liegeois au temps des lumieres

Imaginez... Imaginez les plaines du nord en 1746, alors que la France, conduite par le Maréchal de Saxe, est sur le point de livrer une bataille décisive à Rocourt au prince de Lorraine et à ses alliés. La principauté est pleine de soldats et de rancoeurs. La population souffre et les armées se déploient. Un grand officier, un chevalier, parent de Fénelon, sur le point de combattre, traverse incognito les lignes ennemies pour rejoindre dans la nuit un petit ouvrier typographe liégeois auquel il a confié un manuscrit, Perversus, qui va, il en est sûr, bouleverser l'Europe par ses implications politiques et philosophiques. Le livre prêt, l'ouvrier, Guillaume Roosen, l'attend, mais en vain. Le voilà dépositaire d'un trésor qui le dépasse et dont il va pressentir rapidement qu'il a la mission de le remettre à qui pourra lui donner un destin. Mais on ne s'improvise pas ainsi aventurier quand on a les doigts pleins de l'encre de l'atelier et il faudra des circonstances exceptionnelles - un attentat contre le prince-évêque, par exemple -, pour qu'il se décide à tout quitter pour se rendre à Paris, pour s'y initier aux bonheurs des sens et à ceux de l'esprit. Mais ce qu'il découvrira surtout, dans sa quête, c'est lui-même ; c'est son désir obstiné de s'arracher à sa condition et d'écrire, pour tout simplement vivre. Fresque d'époque, d'où émergent les Lumières, la censure, Louis XV, le prince-évêque... Tout un monde sur le point de basculer. A moins que ce livre, sous les apparences d'une fiction historique, ne reflète aussi, et surtout, notre temps à nous...

05/2020

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Renaissance

Un imprimeur dans l'Europe des Lumières. Samuel Fauche (1732-1803)

En 1765, l'Europe lettrée découvre, intriguée, un nom inconnu dans l'adresse des dix derniers volumes de l'Encyclopédie de Diderot et d'Alembert : Chez Samuel Faulche & Compagnie, Libraires & Imprimeurs, A Neufchastel. Disparus l'auguste aréopage de la librairie parisienne et le nom de la Ville de Paris. Il s'agit bien sûr d'une fausse adresse. Samuel Fauche, libraire à Neuchâtel, n'est ici qu'un prête-nom, une astuce des éditeurs de l'Encyclopédie pour contourner la censure parisienne. Singulier destin que celui de ce libraire de province. Bourgeois miséreux, élevé dans une Maison de Charité, il s'arrache à sa condition en choisissant le commerce du livre qui lui vaut une ascension sociale remarquable. Simple boutiquier à ses débuts, il devient éditeur puis imprimeur en créant avec d'autres associés la puissante Société typographique de Neuchâtel, spécialisée dans la réimpression pirate de la littérature des Lumières qu'elle diffuse sur le grand marché européen. A la tête de sa propre entreprise, Fauche mène ensuite une double activité : respectable, en publiant de prestigieux ouvrages scientifiques ; hautement illicite, en diffusant des livres obscènes dans le monde souterrain de la librairie interlope. Sa réputation lui procure des contacts flatteurs et le privilège de recevoir à sa table des savants et des écrivains célèbres : tels Mirabeau qui vient lui offrir son Essai sur le Despotisme ; Louis Sébastien Mercier, son Tableau de Paris, Saussure ses Voyages dans les Alpes... . S'il est d'abord le récit d'une vie peu ordinaire aux accents romanesques, liée à une tumultueuse saga familiale, ce livre fait aussi revivre une multitude d'acteurs européens de la librairie et de l'imprimerie de l'Ancien régime en un tableau coloré et pittoresque.

11/2022

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Littérature anglo-saxonne

La libraire du Caire

Dans les rues du Caire résonne une étrange musique : l'écho des appels à la prière, les insultes furieuses lancées entre les conducteurs, les cris des vendeurs ambulants. Nadia Wassef connaît cette chanson par coeur. C'est là qu'elle a grandi, et c'est là, dans le quartier de Zamalek, cette île fluviale entourée d'un désert que, le 8 mars 2002, avec sa soeur Hind et son amie Nihal elle a inauguré Diwan, la première librairie moderne et indépendante d'Egypte. Alors que la culture traversait une mauvaise passe, les trois femmes décidèrent de tenter l'impossible et se jurèrent de redonner aux Cairotes le goût de la lecture. Sans formation ni expérience professionnelle dans ce domaine, elles durent affronter la censure, le patriarcat, les clients excentriques, les employés rebelles et donner tort à tous les tristes sires qui leur serinaient qu'elles ne réussiraient pas et feraient mieux de rester dans leur cuisine. Vingt ans après, avec plus d'une dizaine de succursales à travers le pays, 150 employés et des clients assidus, Diwan est une véritable institution en Egypte. Comment en sont-elles arrivées là ? Nadia Wassef nous raconte ici l'incroyable histoire de cette aventure entrepreneuriale, humaine, et littéraire. Au fil de ses mémoires, on croise des habitués hauts en couleur, comme l'exigeant docteur Medhat, Samir le chauffeur qui a un avis sur tout, et on tombe à notre tour sous le charme des trois femmes de Diwan : Nihal la sérieuse contemplative, Hind la taiseuse pleine de sagesse et Nadia, la perfectionniste aux accents parfois dictatoriaux. La Libraire du Caire est le portrait détonnant d'une Egypte moderne, loin des guides touristiques, un cri de ralliement féministe, ainsi qu'une magnifique déclaration d'amour aux librairies du monde entier. Traduit de l'anglais par Sylvie Schneiter

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Littérature néerlandaise

La femme sauvage

Août 1577. Installé depuis dix ans à Amsterdam où il tient une auberge, Beer vit avec sa fille adoptive Marie qui supporte de plus en plus mal son mutisme et sa mélancolie. Ces derniers soirs, comme chaque année au mois d'août, il s'isole dans sa chambre pour se remémorer sa vie passée à Anvers, ses trois épouses mortes en couches et son dernier amour, la Femme Sauvage, décédée durant leur fuite vers le nord. Il replonge dans la ville bruissante d'Anvers au XVIe siècle aux côtés des intellectuels éclairés de l'époque - cartographes, imprimeurs, commerçants, astrologues, peintres, etc. - qui fréquentent son auberge et y tiennent les réunions secrètes de leur confrérie, baptisée la Famille de l'Amour. Au retour d'une expédition maritime, des explorateurs lui demandent d'héberger une "femme sauvage" et sa petite fille, toutes deux vêtues de peaux de phoque. Pour ne pas déplaire à ces hommes qu'il admire, Beer accepte à contrecoeur. Il les enferme dans une chambre qu'il munit de barreaux et commence à faire payer les curieux qui veulent découvrir "les créatures" . Ce comportement obtus et barbare lui aliène progressivement la sympathie de ses proches, à commencer par Margreet, la sage-femme qui vit avec lui, et son fils Ward, qui prend ses distances en lisant des livres ésotériques interdits par la censure. Alors que le pays est en proie aux luttes religieuses et aux révoltes ourdies contre l'occupant espagnol, que les exécutions publiques, les tortures, les destructions d'églises, les incendies et les massacres se multiplient, un félon du nom de Jan Grauwels tente de manipuler Beer pour infiltrer la Famille de l'Amour... "Le nouveau livre de Jeroen Olyslaegers est comme Game of Thrones dans l'Anvers du XVIe siècle" Trouw Traduit du néerlandais (Belgique) par Françoise Antoine

01/2024

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Actualité et médias

Performance post-crise

Today's professional environment is dramatically different from that which existed just twenty years ago. The digital revolution is in full swing, and working practices are undergoing some of the biggest changes in history. In addition to this background of change, COVID 19 has had an unprecedented impact on every aspect of modern professional life. This background of change, combined with an additional sudden shock is generating novel challenges, which present difficult questions. What organisational structure is best placed to handle crises such as this ? What are the ingredients of successful remote work ? What is the best way to manage a team remotely ? How should leaders communicate in a crisis ? Beyond these critical issues—and perhaps even more importantly—leaders also need to prepare for the future. How do they ensure the success of an organisation in an uncertain future ? How are they going to secure the talent they need ? To address these questions, this collection brings together contributors from a rich variety of backgrounds, drawing on many combined decades of leadership experience. In addition to sharing answers to many contemporary questions and their personal experience of the recent crisis, they outline their vision of the future of the world of work.

01/2021

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Sciences historiques

Les entreprises françaises, l'Occupation et le second XXe siècle

Depuis les années 1970, les historiens ont multiplié les recherches sur la France de Vichy. Les travaux menés depuis 2002 dans le cadre du groupement de recherche (GDR) "Les Entreprises françaises sous l'Occupation" ont largement contribué à étendre nos connaissances sur les aspects économiques et sociaux de cette période. En revanche, les conséquences à moyen terme de l'occupation allemande sur le monde des entreprises n'avaient guère été abordées jusqu'à maintenant. Ce volume, qui réunit une vingtaine de contributeurs français et étrangers, envisage cette question à des échelles et des temporalités différentes ; il croise les approches selon la place et le rôle des acteurs et des institutions. De quelles manières les contraintes de l'occupation ont-elles, ou non, joué un rôle dans l'amorce et la poursuite des Trente Glorieuses ? Comment distinguer et mesurer ce qui relève des conséquences directes et indirectes des années 1940-1944 et de la conjoncture ? Faut-il d'ailleurs opérer brusquement une telle césure ? En suivant cette réflexion, les auteurs, chacun dans leur domaine, éclairent la complexité des interactions, proposent des chronologies différenciées et témoignent des évolutions - en rupture, conversion ou continuité - observées entre un premier et un second XXe siècle.

01/2011

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Histoire de l'architecture

Nantes révolutionnaire. Ruptures et continuités (1770-1830)

Souvent considérées comme une période de rupture radicale, la Révolution et les années qui la précèdent portent en germes des formes qui se développent dans les trente années suivantes. Par bien des aspects, une forte continuité existe des années 1770 aux années 1830, et Nantes en constitue un exemple révélateur comme le montrent les contributions rassemblées dans le recueil. Celui-ci souligne cette permanence tant sociale qu'artistique et culturelle en s'intéressant à différents groupes pour révéler la continuité de pratiques sociales dans un temps de ruptures politiques et de transformations d'usages qui assurent le renouvellement de l'image de Nantes. Lesoeuvres d'architectes et d'ingénieurs attestent d'une continuité formelle tangible comme le montrent les textes sur Nantes et sur d'autres villes comparées à la cité ligérienne. Les dernières contributions, liant les arts et la société, portent essentiellement sur les transformations à l'oeuvre dans deux domaines : la religion et le théâtre. A l'aide d'exemples précis, il se dégage ainsi un certain nombre de conclusions sur la simultanéité des mutations d'un territoire et la permanence des phénomènes que l'on y observe, rendant dès lors moins tranchante la césure révolutionnaire au regard des continuités qui la bordent.

04/2021

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Milieux naturels

The Giant Clam - A priceless emblem of the Pacific. A priceless emblem of the pacific

Emblematic and mysterious, the giant clam has always inspired the curiosity of peoples ever since the first humans settled on the tropical shores of the Pacific and Indian oceans. A representation of the sacred or of power, but also, of course, a major food resource for many island communities, the giant clam is a token of influence in the culture of the peoples of the Pacific, a matrix for making tools, a currency ! Apart from its beauty and its role in art or beliefs, which have inspired human beings over the centuries, this group of species now interests the world of science in many of its aspects, whether in biology, ecology or its place in society : the giant clam still has a wealth of surprises in store. It is well worth being brought under the spotlights. The aim of the present work is precisely to describe the specificities of this outstanding group of species, and the broad range of issues that must be taken into account to ensure its conservation. We hope that once you have come to the end of these pages, which celebrate the giant clam in all its aspects, you will be convinced, as we are, that it is indeed... "a priceless emblem of the Pacific ! "

04/2022

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Sociologie

L'interprétation sociologique des rêves

Le rêve peut-il être appréhendé par les sciences sociales ? Objet devenu indissociable de la psychanalyse, il était jusqu'à ce jour largement ignoré des sociologues. Si quelques chercheurs ont pu s'interroger sur la manière dont le rêve a été perçu selon les époques et les milieux, Bernard Lahire entre ici dans la logique même de sa fabrication et le relie aux expériences que les individus ont vécues dans le monde social. L'ambition de cet ouvrage est d'élaborer une théorie générale de l'expression onirique. En partant des acquis du modèle d'interprétation proposé par Freud, il s'efforce d'en corriger les faiblesses et les erreurs, en tirant parti des nombreuses avancées scientifiques accomplies depuis L'Interprétation du rêve. A l'opposé de ce que croyait Freud, le rêve apparaît ici comme l'espace de jeu symbolique le plus complètement délivré de toutes les sortes de censures. Il livre des éléments de compréhension profonde de ce que nous sommes et permet de voir frontalement ce qui nous travaille obscurément, de comprendre ce qui pense en nous à l'insu de notre volonté. Cet ouvrage contribue aussi à donner de nouvelles ambitions à la sociologie. Si le rêve fait son entrée dans la grande maison des sciences sociales, ce n'est pas pour laisser le lieu en l'état, mais pour en déranger les habitudes.

01/2021