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Saiki Junichi, Jiraigen, Ugume

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Romans historiques

Le Chevalier noir et la Dame blanche Tome 2 : La marque du temple

Le jour de la Saint-Jean-Baptiste, à huit jours des calendes de juillet, en l'an de disgrâce 1348, la Bête immonde à la face hideuse nous avait saisi la main. Le Mal noir rôdait autour de nous depuis trois ans, entraînant dans son sillage criminels et innocents. La pestilence ravagea la baronnie, la comté de Pierregord et les royaumes les plus lointains de l'Occident à l'Orient. Du Sud au Nord. En moins d'un an un feu sur trois disparut à tout jamais. Simple écuyer du baron de Beynac, je franchis les quelques lieues qui nous séparaient de sa seigneurie de Commarque pour rejoindre enfin, par des voies souterraines, ma douce mie Isabeau de Guirande et poursuivre mon enquête criminelle. Après avoir risqué ma vie et celle de mes compains de route à moult reprises, et franchi des obstacles que nous pensions insurmontables, mon fidèle ami, Arnaud de la Vigerie, disparut dans d'étranges circonstances. Je pris le commandement de la place à charge de la mieux remparer pour déboter un assaut anglais. En poursuivant mes investigations sur l'origine criminelle de la pestilence, je fus à nouveau victime de tentatives de meurtre et me heurtai à une épouvantable conspiration du silence. D'aucuns la baillèrent de leur vie dans d'atroces souffrances pour m'avoir mis sur la voie d'un incroyable secret. Alors que j'envisageai de signer le pacte du Diable avec la trop belle châtelaine de Guirande, l'épouse du baron de Beynac, j'appris trois nouvelles stupéfiantes. Des pans entiers de ma vie vacillèrent alors. De grâce, aidez-moi à trancher les têtes de l'Hydre de Lerne et à percer le mystérieux secret de l'Ordre du Temple. Pour découvrir l'emplacement du fabuleux trésor des hérétiques albigeois. Caché depuis plus d'un siècle. Bertrand Brachet de Born "Chevalier bachelier" "A nouvel éditeur privilège de la fraîcheur, pour un roman qui n'a rien d'un produit formaté. L'auteur a pris le temps de s'imprégner de la grande et de la petite histoire et de la langue occitane, pour mieux les oublier et les réinventer avec une spontanéité et une verdeur de langage qui font tout le charme, la fluidité et l'originalité de son livre. A suivre". Historia juillet 2006

01/2020

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Sciences politiques

Pierre Mauroy, une passion politique

La politique, elle est partout, et tout le monde en parle. Pourtant, elle fait aujourd'hui l'objet de méfiance - voire de défiance- de la part des citoyens. Rares sont les personnalités qui échappent à cette suspicion généralisée et qui honorent cette fonction. Pierre Mauroy, qui fut Premier ministre de 1981 à 1984 et disparut en juin 2013, en fait indéniablement partie. Cet ouvrage a pour projet de retracer à partir d'une sélection de photos, dont beaucoup inédites, l'itinéraire de cet homme d'Etat à la carrure exceptionnelle, Pierre Mauroy. Né dans le Nord et amoureux de sa région comme de la ville de Lille qu'il géra pendant plus de vingt ans, il fut saisi dès son plus jeune âge d'une passion, la politique, à laquelle il a donné sa force et sa noblesse. Cette passion, il la vivra à toutes les étapes de sa longue carrière, au fil des responsabilités exercées au niveau local, national et international, de simple conseiller général, en passant par député, maire de grande ville, Premier ministre, sénateur et président de l'Internationale socialiste. C'est ce parcours que ce livre raconte et qui est illustré à partir de photos, de documents et de commentaires. Il permettra de faire plus ample connaissance avec ce personnage attachant. Courage, lucidité, authenticité mais aussi vision de l'avenir et solidarité avec les plus faibles, tels sont les qualitatifs qui s'incarnent dans la passion pour la politique que nourrissait cet homme de gauche. Référence à gauche, donc, mais aussi référence de gouvernance, de rapport au peuple, Pierre Mauroy a acquis une stature inédite dans la mémoire populaire et dans l'histoire politique du pays. Comment Pierre Mauroy, enfant du Cateau-Cambrésis, est-il devenu Pierre Mauroy ? Ce livre explique les différentes étapes de cette superbe vie au service de l'intérêt général. Les thèmes retenus - la construction de l'Europe, le parti socialiste, la décentralisation, la culture, Lille, l'Internationale socialiste- figurent parmi ceux auxquels l'ancien Premier ministre était le plus attaché et qui peuvent avoir une résonance particulière dans la vie politique d'aujourd'hui. Ghislaine Toutain et Lyne Cohen-Solal, qui eurent des responsabilités au PS et ailleurs, ont travaillé aux côtés de Pierre Mauroy dans ses différentes fonctions. Elles nous font approcher ce personnage hors norme et comprendre sa vision du monde, de la France et de notre société.

06/2019

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Sciences historiques

L'artillerie de Campagne de la Wehrmacht, 1939-1945

Le 1er janvier 1921, pour se conformer aux clauses du traité de Versailles, la Reichswehr ne dispose plus que de 204 pièces de 7,7 cm et 84 obusiers de 10,5 cm. A l'exception de cette maigre dotation, tout le parc d'artillerie de la Deutsche Armee existant au 11 novembre 1918 est saisi ou ferraillé. De surcroît, tout développement de nouveaux matériels est proscrit, et pour lui éviter toute tentation, son parc de machines-outils spécialisées est réduit à la portion congrue et mis sous la surveillance de commissions d'inspection particulièrement pointilleuses. A cette date, l'Allemagne n'existe plus en tant que puissance militaire. Le 1er septembre 1939, à l'ouverture des hostilités avec la Pologne, la Wehrmacht aligne près de 11 000 pièces de campagne regroupées dans 122 régiments d'artillerie. La rigueur des clauses imposées en 1919 a au moins eu deux avantages : l'Allemagne n'a pas eu à entretenir, durant l'entre-deux-guerres, une pléthore de pièces vieillissantes, comme la France ou la Grande-Bretagne, et elle a pu ainsi se constituer un parc d'artillerie moderne, à un détail près et non des moindres... un manque récurrent de tracteurs dédiés qui la contraindra à utiliser, pour l'essentiel, la traction animale jusqu'à la fin de la Seconde Guerre mondiale ! Loïc Charpentier, auteur bien connu des éditions Caraktère, nous livre le fruit de plusieurs années de recherches sur la Feldartillerie de 1939-1945 dans ce livre de 180 pages qui se propose de décrire chaque pièce utilisée par la Wehrmacht durant la Seconde Guerre mondiale. Analysés sous toutes leurs coutures à travers un historique reconstitué au moyen des archives, tous les obusiers, canons de campagne, pièces de montagne et mortiers lourds mis en service par les Allemands sont abordés avec une fiche technique détaillée, un profil couleur et de nombreuses photos ainsi que des plans. Canons de prise, différentes munitions utilisées, doctrine d'emploi, organisation des formations de combat de la batterie à la division, tracteurs semi-chenillés, unités logistiques gravitant autour de la Feldartillerie sont autant de sujets traités de façon exhaustive par l'auteur ! Un livre tout simplement indispensable, grâce auquel vous saurez absolument tout sur l'Artillerie de campagne de la Wehrmacht.

12/2018

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Droit

Les grandes décisions de la question prioritaire de constitutionnalité

Le droit constitutionnel évolue. Il n'est plus seulement le droit des institutions de l'État, il est aussi le droit de la société. Vie privée, mariage, filiation, contrats, santé, emploi, environnement, harcèlement sexuel, impôts... Toutes ces questions sont, aujourd'hui, analysées au regard des principes constitutionnels : la liberté contractuelle, le principe de dignité de la personne humaine, la liberté individuelle, le principe d'égalité, le droit au juge, le principe de légalité des délits et des peines, le principe de solidarité... Cette évolution, à l'oeuvre depuis une trentaine d'années, s'est accélérée avec l'introduction, en France, de la question prioritaire de constitutionnalité. Depuis le 1er mars 2010, « lorsque, à l'occasion d'une instance en cours devant une juridiction, il est soutenu qu'une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit, le Conseil constitutionnel peut être saisi de cette question sur renvoi du Conseil d'État ou de la Cour de cassation qui se prononce dans un délai déterminé ». Concrètement, tout justiciable peut contester la constitutionnalité de la loi dont il lui est fait application lors d'un procès. Et, en trois ans, le justiciable s'est approprié ce nouveau moyen de droit, le nombre des décisions du Conseil constitutionnel passant de deux par mois jusqu'à quatre par semaine. Les Grandes décisions de la question prioritaire de constitutionnalité ont pour objet de présenter et d'analyser cette nouvelle jurisprudence, pour tous ceux qui ont le Droit pour métier, aussi bien les avocats, les magistrats, les directeurs juridiques des entreprises privées et publiques, les conseillers juridiques que les universitaires et les étudiants. Car, pour « monter » un dossier, élaborer une stratégie de défense ou préparer un examen ou un concours, la connaissance de la jurisprudence constitutionnelle est indispensable. Non seulement la jurisprudence du Conseil constitutionnel mais aussi celle du Conseil d'État et de la Cour de cassation qui doivent, comme les juridictions du fond, de première instance et d'appel, apprécier la recevabilité de la question de constitutionnalité. Cet ouvrage a été conçu et rédigé par Bertrand Mathieu et Dominique Rousseau, professeurs à l'École de Droit de La Sorbonne, Université Paris 1, avec la collaboration d'Anne-Laure Cassard-Valembois, maître de conférences à l'Université de Bourgogne et Pierre-Yves Gahdoun, professeur à l'Université de Montpellier 1.

01/2013

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Catharisme

Histoire de l'hérésie des Albigeois. Légendes et mystères autour de la persécution des cathares

Le terme "albigeois" a servi, dès le milieu du XIIe siècle, à désigner les hérétiques du Languedoc, bien que l'Albigeois ne paraisse pas, aux yeux des historiens modernes (qui ont continué à user de cette appellation devenue traditionnelle), avoir été le principal foyer de l'hérésie. Dès 1146, Geoffroy d'Auxerre signale que le populus civitatis albigensis est infesté par l'hérésie. Le concile de Tours en 1163 parle des hérétiques albigeois (haeretici albigenses) et en 1183, Geoffroy de Vigeois nomme albigeois les hérétiques combattus en 1181 par le légat Henri d'Albano avant le siège de Lavaur. Pierre des Vaux-de-Cernay nomme le récit de la croisade à laquelle il a participé Historia Albigensis. Et dans le prologue de sa chronique écrite entre 1250 en 1275, Guillaume de Puylaurens dit que son oeuvre est "l'histoire de l'affaire vulgairement appelée albigeoise par les Français, car elle a eu pour théâtre la Narbonnaise et les diocèses de Narbonne, Albi, Rodez, Cahors et Agen" . An 846. La mort de Charlemagne a laissé un empire morcelé, un monde à l'agonie où le pouvoir de Rome ne tient plus qu'au prestige d'un trône. Au coeur d'une curie rongée par les complots, le pape Serge II refuse pourtant de voir périr l'oeuvre de Dieu. Alors que les barbares assiègent la cité, il conclut un pacte avec d'obscurs émissaires et s'engage à protéger un ordre d'élus appelés à restaurer la foi. Deux siècles plus tard, les premières communautés cathares voient le jour en Languedoc. Par la parole, la volonté et l'exemple, les "Parfaits" redonnent espoir en la parole sacrée et le pays entier, saisi par la ferveur, se détourne bientôt des églises pour embrasser la nouvelle religion... La croisade contre les albigeois, prêchée par le pape Innocent III contre les hérétiques cathares et vaudois du Languedoc et contre les seigneurs et villes qui les soutenaient, a duré de 1209 à 1229. Elle a été menée d'abord par des seigneurs de la France du Nord avec des armées internationales, puis par le roi de France Louis VIII. Cette chronique traduite et commentée avec talent est une vraie merveille littéraire qui s'avère indispensable à tous passionné d'histoire méridionale et occitane et du catharisme.

06/2021

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Critique littéraire

Correspondance 1944-1968

Rares sont les correspondances inscrites au carrefour des sphères artistique, littéraire et éditoriale. Les plus de six cents lettres qu'ont échangées, de 1944 à 1968, Jean Dubuffet et Jean Paulhan, outre qu'elles étonnent et réjouissent par la richesse, la vigueur et l'intérêt jamais démenti de leurs propos, font à ce titre figures d'exception par l'étendue du champ qu'elles embrassent jusqu'à faire d'elles un remarquable panorama saisi sur le vif de la vie intellectuelle, politique et culturelle de l'immédiat après-guerre. Cette singularité, elles la doivent d'abord à l'identité des deux correspondants. D'un côté, l'un des artistes les plus importants et controversés de la seconde moitié du XXe siècle, peintre, dessinateur, graveur, sculpteur, architecte, homme de théâtre, écrivain, musicien ; de l'autre, un écrivain, essayiste, critique d'art, éditeur, directeur de La NRF, la plus importante revue littéraire de la première moitié du XXe siècle. Si la qualité d'une correspondance tient d'abord à celle de ses auteurs, on conviendra que l'on est ici assuré d'en lire une de tout premier plan. Mais pour échapper au simple statut d'archives, fussent-elles de première main, encore faut-il qu'une écriture vienne sans cesse délivrer l'échange de son seul avenir de document. Or Paulhan et Dubuffet sont tous deux de redoutables et prolixes épistoliers. Si chaque lettre est écrite dans le souci de son destinataire, elle l'est donc aussi dans le souci des moyens dont elle use, de la langue et du style - de sorte qu'elle déborde le cadre de l'échange où elle est inévitablement prise pour offrir à chacun un plaisir de lecture qui, sur une période de plus de vingt ans, n'est jamais trahi. L'amateur aura ainsi celui de découvrir les bonheurs d'écriture de Dubuffet ; le curieux aura accès à une source précieuse d'informations sur l'invention de l'Art Brut, la création des Cahiers de la Pléiade, la genèse des textes et des œuvres de jean Dubuffet ; le connaisseur sera surpris par l'étendue et la profondeur de champ du tableau de la vie intellectuelle parisienne. Amateur, curieux ou connaisseur, le lecteur sera en tout cas sensible à une relation passionnelle et conflictuelle, à un rapport de force subtil où la sincérité et la violence du sentiment n'excluent pas le jeu des intérêts.

11/2003

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Critique littéraire

Georges Bernanos encore une fois. Et quelques autres textes précédés de La France contre les robots ou le sermon aux imbéciles

Bernanos aura saisi dans la jeunesse de quoi perpétuer librement la seule oeuvre de rébellion qui tienne ?: l'insurrection contre le mensonge. Par cette sorte de philosophie politique enfantine, le vieux chevalier errant désigna d'un mot les tortionnaires et les bien-pensants de tous les totalitarismes à venir ?: "?Je dis que les tueurs ne sont venus qu'après les lâches.?" Oui on peut être lâche aussi devant la vérité. Dès 1937, il avait prédit que "?les massacres qui se préparent un peu partout en Europe risquent de n'avoir pas de fin ?", ils ne garderont que "?l'apparence des antiques guerres de religions ?" auxquelles on les compare ?: "?on ne se battra pas pour une foi, écrivait-il, mais par rage de l'avoir perdue, d'avoir perdu toute noble raison de vivre...?" Une décennie et quelques dizaines de millions de morts après, en 1947, dans l'illusion de la "?victoire des démocraties ?", Bernanos ne déclenchait qu'un silence glacial en déclarant que rien n'avait changé?: "?Il s'agit toujours d'assurer la mobilisation totale pour la guerre totale, en attendant la mobilisation générale. Un monde gagné pour la Technique est perdu pour la Liberté.?" Tandis que triomphent les générations successives plus déleurrées et froides que M. Ouine, Georges Bernanos est encore plus mal compris. C'est pourquoi Sébastien Lapaque, essayiste turbulent et critique aguerri (au Figaro), a raison de joindre ici à son premier livre, consacré à celui qu'il avait choisi pour capitaine il y a vingt ans, des textes de maturité qui éclairent la longue confrontation avec un monde régi par le mensonge, l'argent et le nihilisme. Si le déracinement industriel a produit aussi bien les moutons à égorger que les "?loups solitaires ?", du moins l'exil (ou le mal du retour) ne mène-t-il plus, avec Bernanos, aux embardées commodes de "?la hideuse propagande antisémite ?"?: l'attachement farouche à une civilisation chevaleresque nous en préserve en fin de compte, radicalement et définitivement. Le précieux héritage des peuples a été sauvé grâce à la parole biblique. Au contact des brutalités de la guerre, alors que se levait "?aux rives du Jourdain la semence des héros du ghetto de Varsovie ?", Bernanos avertit ?: "?Vous aurez à payer ce sang juif d'une manière qui étonnera l'Histoire.?"

04/2018

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Littérature française

Un siècle de femmes

Le XXe siècle est sans aucun doute le siècle des femmes. En l'espace d'une petite centaine d'années le statut social et juridique de ces dernières a connu une révolution inimaginable. Droit de vote, droit d'inscription à l'université, droit d'exercer une activité professionnelle sans le consentement de son mari, droit de gérer son compte bancaire, contraception, autorité parentale conjointe, avortement, la liberté a saisi la "? seconde ? " part de l'humanité dans toutes ses composantes. A travers le récit d'une lignée familiale, trois générations de femmes parcourent ces décennies décisives. D'un petit village des Landes où les jours de labeur s'égrènent entre courage et résignation, Marie et Emilienne accomplissent leur vie, tout est là depuis toujours et pourtant frémit le grand bouleversement, l'aspiration à autre chose que ce qui semble écrit. Dans un temps où les soubresauts de l'Histoire signifient encore qu'il y a plus grand que soi, ou Dieu demeure aimé ou craint, il n'y a pas de place pour organiser le bonheur de chacun, pas encore. L'ère des trente glorieuses s'ouvre avec la fin de la deuxième grande guerre. Les filles et petites-filles d'Emilienne quitteront le monde que l'on avait cru immuable pour se lancer à corps perdu dans une modernité qui dévorera tout. Colette et Nathalie seront les témoins actifs et consentants de la révolution en marche qui aura l'inestimable avantage de leur offrir une liberté sans reste, croient-elles. Mais ce chemin légitime vers l'émancipation ne se révèle-t-il pas moins évident que prévu ?? La mise sous tutelle des femmes, autrefois inscrite au coeur du Code civil a peut-être laissé place à une servitude plus subtile et plus radicale. Née au milieu du siècle, Colette est la figure centrale du basculement, elle est la pionnière de ce nouveau monde où tout semble désormais possible. Fière du chemin parcouru, elle approuve sans sourciller l'idée que l'indépendance témoigne de toute vie réussie sans voir son corolaire ? : pour le plus grand bonheur du marché, l'affirmation de soi et de ses désirs deviennent le credo des temps modernes. Nathalie, qui achève la lignée, l'expérimentera plus que tout autre, jusqu'à l'absurde.

04/2023

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Sciences politiques

Maurice Barrès et le nationalisme français. Edition 2000

Le premier livre de Zeev Sternhell est devenu dès sa parution un ouvrage de référence. " Une analyse d'une documentation parfaite et d'une intelligence aiguë qui sera le fondement de la connaissance de Barrès ", dira dans la Revue historique Pierre Guiral. Le Monde, pour sa part, salue cette " résurrection de Barrès " et met l'accent sur " la profondeur des jugements " de l'auteur, sur " ses vues originales et pertinentes " (Gilbert Comte). Aux Etats-Unis, Eugen Weber, parmi d'autres, rend hommage à un " ouvrage convaincant et incontestablement impressionnant, d'une importance cruciale pour la compréhension du personnage et de son temps " (Journal of Modern History). Maurice Barrès et le nationalisme français constitue à la fois une étude du cheminement intellectuel d'une des figures majeures de la vie culturelle et politique du tournant du siècle, et une réflexion sur les années formatrices de la France contemporaine. Car Barrès a été avant tout le théoricien du nationalisme pur, le nationalisme du sang et du sol : c'est lui qui, entre le boulangisme et l'affaire Dreyfus, a créé le cadre conceptuel de la guerre à l'idée de société ouverte et émancipatrice issue du XVIIIe siècle. L'auteur des Déracinés et de L'Appel au soldat est le vivant symbole de la révolte contre l'héritage des Lumières qui frappe la France de la fin du XIXe siècle et annonce les convulsions du XXe. Aussi est-ce vers l'homme du grand combat contre la modernité, vers le théoricien du nationalisme de la Terre et des Morts que se tournent dans l'entre-deux-guerres les " conservateurs révolutionnaires " qui honnissent la démocratie et s'emploient à l'abattre. Cet ouvrage campe Barrès dans son milieu, dans son contexte intellectuel et politique. Figure éminemment moderne, admirablement adaptée à la politique des masses, il fut l'un des premiers intellectuels et hommes politiques français à avoir compris la puissance mobilisatrice d'un " socialisme nationaliste ", concept qu'il lance en 1898 ; avant beaucoup d'autres ennemis des Lumières, il a saisi que le nationalisme culturel et ethnique s'articule à merveille sur un socialisme antimarxiste. Il est aussi l'un des pionniers de l'antisémitisme politique, dont il a fait une arme de combat d'une extraordinaire efficacité. L'œuvre de Barrès est d'autant plus significative qu'elle représente à la fois les forces profondes qui façonnent l'évolution intellectuelle de la France et celles qui travaillent l'ensemble de l'Europe. Cette nouvelle édition comporte un essai inédit : " De l'historicisme au nationalisme de la Terre et des Morts ".

09/2000

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Poésie

L’Essaim des jours

Dans un précédent livre (Ces mots-là) que nous avons commis ensemble, tu m'avais présenté, tes motspoèmes, ces mots-là précisément, et je les avais interprétés par la présence de photographies. Une alliance poétique et fructueuse a surgi lentement entre l'art photographique et ton art poétique. Les photos que je viens de te passer pour ce nouveau livre Les Essaims est d'une autre nature car ce peuple des images sera vu par les mots de ton écriture. Les photographies qu'au fil des années j'ai fixées sont des points de repères pour ma propre poésie. La tienne me confirme que tes mots changent le regard du poète-photographe sur ses archives personnelles. Photographier, c'est ajuster ses pas et ses visions passagères à la réalité alentour. Ecrire, c'est fixer des images nouvelles comme une invention à méditer sur ce que tu appelles : un retour d'images liquides. Cette alliance entre des essaims de mots (leur poème-ton poème) et les photographies de ce livre raconte une histoire particulière, des mémoires des instants qui jouent à la marelle des regards et des échanges. Ta poésie a bien saisi l'esprit des solitudes qui gît dans ces photos car elle pose comme tu l'écris si bien l'éternelle question du Temps. Et ce dialogue entre poètes que tu délivres dans ton livre me touche vraiment. Merci de consigner ce que le poète voit dans l'oeil de l'oiseau : son prêt, l'aile de sa libre volonté. Belle trouvaille. Tu me fais prendre conscience que ma poésie ne fait que capter "Les ondes tumultueuses/ D'un rêve ancien/Sur la feuille opaline" . Je suis tout à fait en accord avec toi pour imaginer tes suggestions "de la douceur/ D'une main de miel/ Sur les lèvres d'une aube évasive/ Incertaine" . Ta poésie est musicale et harpe délicate. Je ne sais pas si mon regard de poète ouvre la fenêtre du temps. Mais je sais qu'au fi l du temps tes poèmes acquièrent avec bienveillance une multitude d'éclats et de scintillements imprévus qui sauraient écrire les jours de soleil sous les flambeaux de la nuit, peut-être. Unir le verbe et l'image et le coeur des amis véritables comme un certain S. côté grognard de préférence ou bien le philosophe P. dans le reflet de sa psyché avec comme tu le notes si bien : "A l'horizon le feu de l'amitié/Qui ne saurait vieillir/ Et la question demeure sans raison".

12/2018

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Musique, danse

J'écris ce qui me chante

Le compositeur Francis Poulenc (1899-1963) a toujours aimé les mots, comme en témoignent ses mélodies et opéras sur des textes de grands écrivains de son temps. Il a saisi également toutes les occasions qui lui étaient données de s’exprimer. À côté de sa correspondance, sa verve inimitable a fait merveille dans de nombreux articles et entretiens, rassemblés dans ce volume : près de cent vingt textes, dispersés dans la presse et dans la musicographie des années 1920 à 1960, que Nicolas Southon s’est employé à a réunis et à enrichis de commentaires éclairants. Le portrait vivant et brillant de Poulenc se dessine, tandis qu’il prend position dans le débat de la vie musicale et artistique. Souvenirs, critiques, billets d’humeur, études, conférences, hommages, lettres ouvertes, entretiens... Des textes servis par un ton familier, une plume alerte et un art suprême du récit qui ont fait de Poulenc une figure du Tout-Paris artistique, en plus d’un créateur apprécié du large public comme des spécialistes. L’ensemble offre une connaissance approfondie de l’œuvre et de la pensée du compositeur, mais aussi de la vie musicale de son temps – la littérature, la peinture ou la danse étant également présentes. On y retrouve les nombreuses facettes de la personnalité complexe et attachante de Poulenc, que son esprit facétieux et son humour célèbres sont loin de résumer. Le commentaire explicite au lecteur les allusions de ces écrits et permettent d’en mesurer la portée : né à l’extrême fin du XIXe siècle, Poulenc reste en prise avec son époque à chaque étape de sa carrière, il en accompagne l’évolution, non sans réticence parfois, mais toujours avec une acuité de jugement et une sensibilité qui n’appartiennent qu’à lui. Ces textes sont complétés de la réédition de trois ouvrages importants de Poulenc : Chabrier, Entretiens avec Claude Rostand et Moi et mes amis.Nicolas Southon est docteur en musicologue, docteur et ancien élève du Conservatoire de Paris (prix d’Histoire de la musique, d’Esthétique et d’Analyse musicale). Ses travaux portent sur la musique en France aux XIXe et XXe siècles. Il a écrit dans des revues spécialisées et a contribué notamment au Dictionnaire encyclopédique Wagner ainsi qu’aux Éléments d’esthétique musicale (Actes Sud). Il est également conseiller et rédacteur de l’édition critique des Œuvres complètes de Gabriel Fauré (Bärenreiter). Il enseigne à l’université, écrit dans Diapason et apparaît régulièrement comme producteur sur l’antenne de France-Musique.

10/2011

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Philosophie

De l'essence de la liberté humaine. Introduction à la philosophie

"Entreprendre une introduction à la philosophie en prenant la voie du traitement de la question de l'essence de la liberté humaine : chercher, par conséquent, une compréhension de l'universel de la philosophie ; dériver cependant, dès le départ, vers une question particulière : voilà, à l'évidence, un propos impossible à réaliser. Car le but et le chemin choisi pour l'atteindre se contredisent. Et pourtant, avec la question de l'essence de la liberté humaine, c'est d'emblée et constamment le tout de l'étant qui devient thème, le monde et Dieu, et non pas seulement la limite. Sans doute la question de l'essence de la liberté est autre que la question de l'essence de la vérité, et pourtant elle n'est pas une question particulière, mais elle s'engage dans la totalité. Autant vaut peut-être, d'ailleurs, de la question de l'essence de la vérité. Ce qui signifie que toute question philosophique questionne en direction du tout. Ainsi, au fil conducteur de la question de l'essence de la liberté humaine, nous avons le droit de, et même nous devons risquer une véritable introduction à la philosophie en son tout. L'introduction à la philosophie au fil conducteur du problème de la liberté prend bel et bien une orientation particulière et isolée. Mais finalement il n'y a là aucun défaut, et nous avons encore moins à l'excuser en invoquant la fragilité de toute entreprise humaine. Peut-être la force et la vigueur du philosopher reposent-elles justement sur ce qu'il ne manifeste la totalité qu'au sein d'un problème singulier effectivement saisi. Et peut-être aussi que ce procédé favori qui consiste à plier à n'importe quel cadre tout ce qui existe en matière de questions philosophiques et à parler de là de tout et de n'importe quoi sans questionner réellement est le contraire d'une introduction à la philosophie, autrement dit une apparence de philosophie, une sophistique". Martin Heidegger. Professé en 1930, c'est-à-dire au moment où Heidegger compose la première version de De l'essence de la vérité, ce cours porte témoignage du virage, encore mal connu et compris, qui conduit la pensée vers la vérité de l'être. Toutefois, la liberté ne se dévoile ici comme l'essence de la vérité que parce qu'elle demeure, de manière peut-être plus secrète encore, "la racine de l'être et du temps" .

10/1987

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Beaux arts

Miro. Un feu dans les ruines

L'oeuvre de Miró (1893-1983) a pris feu dans les ruines de la tradition de la représentation en Occident. Comment comprendre l'extraordinaire énergie créatrice qui s'est déployée entre ses débuts en Catalogne, son premier séjour à Paris en 1920 et la Seconde Guerre mondiale ? Au cours de cette période d'intense recherche mûrissent et s'élaborent les ferments d'une pensée qui irriguera l'oeuvre de l'artiste jusqu'en ses ultimes prolongements. Une première approche consiste à replacer l'artiste dans le vaste contexte des poétiques du mythe, contemporaines de son oeuvre. Que Miró ait voulu parer ses créations de feux mythiques signifie qu'en sympathie avec le surréalisme et avec d'autres sensibilités proches (celles, en particulier, d'André Masson, de Michel Leiris et de Georges Bataille), il a été saisi par le désir de faire résonner, dans l'édifice brisé des formes de la représentation, la vibration éclatante des origines. Miró a passionnément participé à cet exhaussement d'un socle que la désagrégation de la culture classique européenne allait mettre au jour, par grandes concrétions d'images sauvages, irriguées d'une violence archaïque, secouées d'un rire métaphysique. Tous les récits, tous les objets venus d'horizons non européens ont été compris dans cette lumière, celle d'un nouveau savoir émergeant des ruines, et encourageant à accroître la destruction pour se parfaire. C'est ainsi que le jeune peintre s'est rendu célèbre en voulant de tout son être, disait-il, " assassiner la peinture " . Une autre voix, cependant, n'a pas cessé de se faire entendre en lui. Redevable à l'expérience solitaire de la campagne, au repliement méditatif, dans les champs de sa ferme de Montroig, cette voix ignorait les débats tempétueux de l'art contemporain et les rêveries primitivistes. Elle encouragea l'artiste à distendre le réseau des représentations pour remonter vers un sentiment de la vie intérieure irréductible à toute image. Il s'agissait donc de rendre les images, dans leur fragilité, dans leur ruine, réceptives à une résonance invisible, celle de la pure subjectivité. Entre ces deux postulations - le mythe collectif et la vie intérieure -, l'oeuvre a maintenu pendant un peu plus de deux décennies une tension, souvent portée à un point extrême d'incandescence, qui a fait sa singulière grandeur et sa gravité. Publié pour la première fois en 2004, ce texte essentiel dans l'historiographie du peintre a été mis à jour par Rémi Labrusse à l'occasion de l'exposition que le Grand Palais consacre à Miró à l'automne 2018.

10/2018

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Sciences politiques

La guerre occulte

Emmanuel Malynski a passé trente années de son existence à observer sur place, à travers le monde, l'évolution du mouvement révolutionnaire moderne et il a mis au service de cette observation une intelligence d'une lucidité presque visionnaire. Né et élevé en Pologne russe à une époque où l'organisation sociale était encore presque féodale, il a vu la naissance et le développement du capitalisme industriel qui a abouti au bolchevisme. Pratiquement il a ainsi vécu plusieurs siècles d'histoire, car cette évolution a débuté chez nous à la Renaissance pour n'acquérir son plein épanouissement qu'après la révolution française. Il a vu sur place l'effondrement du tsarisme et il a assisté en témoin au triomphe du bolchevisme. Redevenu Polonais à la suite de la reconstitution de la Pologne il a vu l'application des réformes agraires qui ont suivi la grande guerre. Homme de sport, escrimeur réputé, pilote d'avion de la première heure, parlant et écrivant plusieurs langues avec une égale perfection, doué d'une culture prodigieuse et universelle, il n'est pour ainsi dire pas un coin du monde qu'il n'ait visité et étudié. Des Indes au Japon, il a parcouru l'Asie millénaire avant quelle ne fût complètement bouleversée par le contact de l'Occident. Il a observé sur place en Amérique les étapes du capitalisme et de l'industrialisme triomphant. Il a connu tous les principaux Ghettos d'Europe orientale, il a vu ceux de New York et il est allé en Palestine observer le sionisme à l'oeuvre. Il a regardé toutes choses avec l'objectivité d'un penseur qui observe "Sub Specie Aeternitatis" et ses conclusions sont parmi les plus profondes qui aient été formulées sur la crise du Monde Moderne. Des années à l'avance il a prévu et annoncé tout ce qui se réalise aujourd'hui, tellement en avance sur la pensée contemporaine qu'il est alors resté incompris. Un des tout premiers, avant même les célèbres études de Max Weber et de Werner Sombart, il a saisi l'essence profondément judaïque du Capitalisme moderne et démontré les affinités qui l'unissent au Bolchevisme. Un des tout premiers il a su voir l'appui involontaire que certains nationalismes suraigus apportaient à la subversion internationale. Un des premiers il a pénétré l'essence métaphysique du mouvement révolutionnaire, montrant qu'il s'agissait d'une guerre religieuse, du choc séculaire et international de deux conceptions antagonistes du monde.

03/2022

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Biographies

Pierrot Posthume. Tome 1

La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d'assez cocasses décorsune scène où il y a juste la place pour un soufflet et un coup de pied dans le derrière. Et la farce commence, une farce qui parait écrite au pied levé, une nuit de carnaval, dans un cabaret de Bergame, avec de jolis vers qui montent s'enrouler ainsi que des fleurs autour d'une batte. Là dedans passe et repasse toute la famille, les deux filles de Gautier, Judith, dans un costume d'Esméralda de la comédie italienne, développant des grâces molles ; la jeune Estelle, svelte dans son habit d'Arlequin, et montrant sous son petit museau noir, de jolies moues d'enfant ; le fils de Gautier en Pierrot un peu froid, un peu trop dans son rôle, un peu trop posthume ; puis enfin Théophile Gautier, luimême faisant le docteur, un Pantalon extraordinaire, grimé, enluminé, peinturluré à faire peur à toutes les maladies énumérées par Diafoirus, l'échiné pliée, le geste en bois, la voix transposée, travaillée, tirée on ne sait d'où, des lobes du cerveau, de l'épigastre, du calcaneum de ses talons : une voix enrouée, extravagante, qui semble du Rabelais gloussé. septembre. BarsurSeine... . Il habite ici un millionnaire, d'une avarice telle, que lorsqu'il a mis ses fils au collège, il a défendu par économie qu'on cirât leurs souliers, disant que le cirage brûlait le cuir... et il a remis au proviseur une couenne de lard pour les frotter. Septembre. C'est prodigieux comme Millet a saisi le galbe de la femme de labeur et de fatigue, courbée sur la glèbe. Il a trouvé un dessin carré, un contour fruste qui rend ce corpspaquet, où il n'y a plus rien des rondeurs provocantes de la forme féminine, ce corps que le travail et la misère ont aplati comme avec un rouleau, n'y laissant ni gorge ni hanches, et qui ont fait de cette femme un ouvrier sans sexe, habillé d'un casaquin et d'une jupe, dont les couleurs ne semblent que la déteinte des deux éléments entre lesquels ce corps vit, en haut bleu comme le ciel, en bas brun comme la terre. septembre. Il y a une vieille demoiselle ici, une cidevant religieuse, qui terminait une longue déploration de toutes les misères et de toutes les dégoûtations de l'humanité par cette réclamation : "Et puis, pourquoi sommesnous faits en viande ? " Cette révolte contre la matérialité de notre être, et l'aspiration à la composition d'un végétal ou d'un minéral, ne prouventelles pas une délicate spiritualité féminine ?

01/2023

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Biographies

Pierrot Posthume. Tome 2

La toile se lève sur la scène, où le peintre Puvis de Chavannes a peint d'assez cocasses décorsune scène où il y a juste la place pour un soufflet et un coup de pied dans le derrière. Et la farce commence, une farce qui parait écrite au pied levé, une nuit de carnaval, dans un cabaret de Bergame, avec de jolis vers qui montent s'enrouler ainsi que des fleurs autour d'une batte. Là dedans passe et repasse toute la famille, les deux filles de Gautier, Judith, dans un costume d'Esméralda de la comédie italienne, développant des grâces molles ; la jeune Estelle, svelte dans son habit d'Arlequin, et montrant sous son petit museau noir, de jolies moues d'enfant ; le fils de Gautier en Pierrot un peu froid, un peu trop dans son rôle, un peu trop posthume ; puis enfin Théophile Gautier, luimême faisant le docteur, un Pantalon extraordinaire, grimé, enluminé, peinturluré à faire peur à toutes les maladies énumérées par Diafoirus, l'échiné pliée, le geste en bois, la voix transposée, travaillée, tirée on ne sait d'où, des lobes du cerveau, de l'épigastre, du calcaneum de ses talons : une voix enrouée, extravagante, qui semble du Rabelais gloussé. septembre. BarsurSeine... . Il habite ici un millionnaire, d'une avarice telle, que lorsqu'il a mis ses fils au collège, il a défendu par économie qu'on cirât leurs souliers, disant que le cirage brûlait le cuir... et il a remis au proviseur une couenne de lard pour les frotter. Septembre. C'est prodigieux comme Millet a saisi le galbe de la femme de labeur et de fatigue, courbée sur la glèbe. Il a trouvé un dessin carré, un contour fruste qui rend ce corpspaquet, où il n'y a plus rien des rondeurs provocantes de la forme féminine, ce corps que le travail et la misère ont aplati comme avec un rouleau, n'y laissant ni gorge ni hanches, et qui ont fait de cette femme un ouvrier sans sexe, habillé d'un casaquin et d'une jupe, dont les couleurs ne semblent que la déteinte des deux éléments entre lesquels ce corps vit, en haut bleu comme le ciel, en bas brun comme la terre. septembre. Il y a une vieille demoiselle ici, une cidevant religieuse, qui terminait une longue déploration de toutes les misères et de toutes les dégoûtations de l'humanité par cette réclamation : "Et puis, pourquoi sommesnous faits en viande ? " Cette révolte contre la matérialité de notre être, et l'aspiration à la composition d'un végétal ou d'un minéral, ne prouventelles pas une délicate spiritualité féminine ?

01/2023

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Droit pénal

Droit et pratique de l'instruction préparatoire. Juge d'instruction - Chambre de l'instruction, Edition 2022-2023

De quoi le juge d'instruction est-il saisi ? Quelle est sa liberté de qualification ? Quelles sont les limites de ses pouvoirs ? Quelles sont les règles qui régissent l'interrogatoire de première comparution et celles relatives à la garde à vue ? Comment calculer les délais de prolongation de détention en cas de requalification, de pluralité de mandats de dépôt dans la même procédure, de jonction ? Comment fonctionnent les pôles de l'instruction ? Quels sont les articles du Code de procédure pénale touchés par les décisions du Conseil constitutionnel ? Dans quels cas la chambre de l'instruction peut-elle donner une injonction au juge d'instruction ? Que signifie exactement la règle de l'unique objet ? Quels sont les pouvoirs du juge délégué sur supplément d'information ? Comment la jurisprudence de la chambre criminelle décline-t-elle les principes conventionnels du contradictoire et de la proportionnalité ? Ces questions, et bien d'autres, pratiques et théoriques trouveront leurs solutions dans cette édition. Cette onzième édition inclut notamment les lois du 20 juin 2018 relative à la protection des données personnelles, du 23 octobre 2018 relative à la lutte contre la fraude, du 23 mars 2019 de programmation 2018-2022 et de réforme pour la justice, du 28 décembre 2019 visant à agir contre les violences au sein de la famille, l'importante ordonnance du 11 septembre 2019 portant partie législative du code de la justice pénale des mineurs, les différents textes pris, entre les mois de mars et mai 2020, dans le cadre de l'urgence sanitaire liée à l'épidémie de covid-19, et les différents décrets parus jusqu'en juillet 2020. Cette édition est à jour de la jurisprudence des juridictions internes, comme de celle, toujours plus nombreuse, de la Cour européenne des droits de l'homme, de la Cour de justice de l'Union européenne et du Conseil constitutionnel. Magistrats instructeurs, avocats, juges des libertés et de la détention, membres du ministère public, magistrats des chambres de l'instruction trouveront dans cet ouvrage les réponses essentielles sur la phase préparatoire du procès pénal. Les huit dernières éditions de cet ouvrage sont l'oeuvre de Christian Guéry, magistrat instructeur pendant 19 ans, ancien maître de conférences à l'Ecole nationale de la magistrature, auteur notamment, avec Bruno Lavielle, dans la même collection, de Droit et pratique des audiences correctionnelles et de police. Il est désormais conseiller à la chambre criminelle de la Cour de cassation. Ouvrage couronné par l'Académie des sciences morales et politiques, prix Odilon Barrot 1981 Grand prix de l'ENM 2015.

05/2022

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Droit public

La santé environnementale. Une approche juridique

Une réflexion d'actualité inédite sur les liens entre santé et environnement dans le droit L'ouvrage a vocation, sous une forme synthétique, à s'interroger sur la prise en compte par le droit des liens ancestraux qui unissent santé et environnement. Connus et appréhendés depuis Hippocrate, ces liens ont servi de fondement, notamment, à la première législation sur les installations classées en 1810. Par la suite, le mouvement hygiéniste et les communes les ont encore invoqués pour justifier la lutte contre le logement insalubre ou l'instauration de l'obligation vaccinale. A partir des années 1950, les progrès de la médecine curative (grâce, notamment à la découverte des antibiotiques et de la pénicilline) éclipsent, pourtant, les politiques préventives de santé environnementale. Ce n'est que très récemment, sous l'influence notable de l'Organisation mondiale de la Santé, que le concept réapparaît et est, à nouveau, saisi par le droit interne. Au moment où cette organisation estime à un quart la part de décès prématurés imputables à l'environnement dans le monde et où, en France, pour la première fois, l'espérance de vie en bonne santé décroît, la question de la signification de ce concept et de ce qu'il implique au plan de l'intervention collective apparaît cruciale. Objet affiché de nouvelles politiques publiques, de textes législatifs et, évidemment, objet de l'attention accrue des citoyens, le concept de santé environnementale, appelle la mobilisation de nouveaux acteurs institutionnels (les agences, experts, et lanceurs d'alerte), de nouveaux outils d'appréhension des risques (précaution, participation, etc.) afin de renouveler le traitement administratif et juridique des si nombreux objets que le concept a vocation à embrasser. Si on a pu la réduire à sa traduction constitutionnelle dans la Charte de 2005 comme le " droit à un environnement sain ", la santé environnementale implique, à n'en pas douter, bien plus que la seule consécration d'un droit subjectif. L'épidémie de Covid-19 en témoigne largement. Celle-ci invite à repenser de très larges pans de notre vie en société (du travail aux loisirs en passant par l'école et l'urbanisation) à travers le prisme des conséquences que l'environnement peut avoir sur notre santé. En ce sens, si la perspective adoptée, ici, se veut d'abord juridique, elle est également historique et critique. Ce sont, en effet, les normes de droit positif et les structures administratives de protection de la santé et de l'environnement qu'il faut désormais repenser à l'aune des nouvelles ressources scientifiques disponibles et de la richesse potentielle de ce nouveau concept.

06/2023

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Littérature française

Grand oeuvre

L’abbé entendant faillit s’étrangler. Baldwin de Chartres, était un démonologue oublié, presque inconnu, alors qu’il avait été le chantre reconnu des philosophes occultes du XVe siècle. L'Abbé avait pu feuilleter un de ses ouvrages, la Clavicule de Berthus. Les propos hérétiques qu’il renfermait, avaient permis à Jean Wier de calculer la formule mathématique comptabilisant les 666 légions infernales et leurs 66 princes. De quoi s’étrangler en effet ! Dans son malheur, pour faire passer sa toue, on servit avec empressement du rosé frais à Monsieur l’Abbé. « … En lisant leurs ouvrages, notamment la première version de 1556 de la Philosophie des Anciens Egyptiens de Baldwin, j’ai compris que ce à quoi je croyais, n’était peut-être qu’illusion et tromperie ! » - Peut-être n’avez-vous pas compris tout simplement, ses écrits qui doivent demeurer interdits !, Lança Monsieur l’Abbé. - Monsieur l’Abbé, durant tout le moyen-âge, les peuples de l’Europe ont suivi des messes en Latin, langue qu’ils ne connaissaient pas. Encore aujourd’hui, vos fervents croyants récitent des prières dont les mots leurs sont incompréhensibles. Les Textes Saints sont issus d’une tradition et des mythes, qui remontent bien avant leur traduction en hébreux. Je peux donc, sans désir de blasphème, vous retourner cette réflexion. Qui peut dire qu’il a saisi les véritables symboles contenus dans la Bible ? Monsieur l’Abbé, s’étouffa de nouveau dans son verre. L’assistance, elle, bien qu’amusée, écoutait religieusement. « La problématique de Satan, m’apparaissait ainsi. L’Evocation de Dieu et l’Invocation du Diable. » La formule était bien trouvée. Elle plut à la Duchesse. « Au début de mes recherches, je n’avais pas d’attirance particulière pour le Diable. Je vous rassure, je n’en ai pas non plus aujourd’hui. Mais, étudier la philosophie sans étudier les religions est aberrant. Etudier les Religions, sans étudier la place du Diable, est de même, ridicule. Il me fallait un point de départ. Si nous gardons le postulat que Dieu est créateur de toute chose, dans ce principe que personne ne saurait remettre en cause, il est le créateur du bien et du mal… De Lucifer, en idée comme en fait… Tout comme il est le père des hommes, Dieu est le père du Diable ! » L’abbé s’étrangla de plus belle. - Je ne peux laisser dire de telles horreurs. Dieu n’a qu’un fils et c’est Jésus Christ. Que dire de L’Homme ? C’est également le fils de Dieu, mais dans son principe de pensée, de volonté et dans ses capacités à épouser les valeurs et les grandes espérances divines. Dires que Lucifer est le fils de Dieu, c’est proposer qu’il est le frère de l’Homme. C’est un blasphème immonde !

09/2012

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Compositeurs

Rendre audible l’inaudible. sur la musique de Gérard Grisey

Ecrit par le compositeur et musicologue autrichien Lukas Haselböck, ce livre jette un regard nouveau sur Gérard Grisey, qui fut l'un des compositeurs les plus importants de sa génération. Gérard Grisey (1946-1998) a été, avec Tristan Murail et Hugues Dufourt, à la tête du mouvement "spectral" , un mouvement qui dans les années 1970 s'est appuyé sur les phénomènes acoustiques comme la résonance naturelle ou la limite entre le son et le bruit pour développer un langage harmonique nouveau, de nouvelles conceptions de la forme et du temps. Haselböck s'appuie essentiellement sur le grand oeuvre de Grisey, Les espaces acoustiques, et les chefs-d'oeuvre de la fin (Talea, Vortex Temporum, Quatre Chants pour franchir le seuil). Il tente de réinscrire la démarche du compositeur dans le contexte musical et philosophique des trente dernières années du XXe siècle, analysant notamment les tensions qui ont alors existé entre modernité et postmodernité. Pour lui, Grisey n'a pas renié l'héritage de la première au nom de la seconde, mais a cherché au contraire à les réinterpréter l'une comme l'autre. Haselböck aborde les oeuvres de Grisey aussi bien d'un point de vue analytique par lequel sont dévoilés leurs modes de structuration qu'à l'aune des concepts déployés par des philosophes tels que Deleuze, Lyotard ou Derrida. Il s'interroge tout particulièrement sur la relation entre ce qui est conçu et ce qui est perçu, question fondamentale pour la musique moderne. Ainsi montre-t-il que la dimension constructiviste du langage musical chez Grisey, qu'il met en relation avec l'approche structuraliste qui fut celle des musiciens sériels, s'articule à la dimension sensible du phénomène sonore et à une expérience inédite du temps, liée à une véritable recherche spirituelle. On peut envisager cette démarche brisée par une mort précoce comme une synthèse et une tentative de dépassement des limites et des contradictions propres aux langages contemporains : Grisey parlait de "musique liminaire" , terme qu'il préférait à celui de "musique spectrale" . Lukas Haselböck a parfaitement saisi le sens d'une telle aventure musicale, intellectuelle et spirituelle en utilisant pour le titre de son ouvrage une expression empruntée à Deleuze : "rendre audible l'inaudible" . La magie des oeuvres de Grisey tient en grande partie à une immédiateté de la sensation qui renvoie à un arrière-plan plus mystérieux, et même ésotérique, que ce livre tente de dévoiler. Publié en Allemagne en 2009 (et à ce jour épuisé), le livre de Lukas Haselböck a été traduit pour les éditions Contrechamps par Martin Kaltenecker. L'auteur a fait des modifications et des ajouts qui confèrent à cette édition française un intérêt supplémentaire.

10/2023

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Religion

Le curé d'Ars. Saint Jean-Marie-Baptiste Vianney

Parler de Saint Jean-Marie Vianney, c'est évoquer la figure d'un prêtre exceptionnellement mortifié, qui, pour l'amour de Dieu et la conversion des pécheurs, se privait de nourriture et de sommeil, s'imposait de rudes disciplines et surtout pratiquait le renoncement de soi à un degré héroïque. S'il est vrai qu'il n'est pas communément demandé aux fidèles de suivre cette voie d'exception, la divine Providence a disposé du moins qu'il ne manquerait jamais, à travers le monde, des pasteurs d'âmes qui, poussés par l'Esprit-Saint, n'hésiteraient pas à s'engager sur ces traces, car de tels hommes opèrent des miracles de conversion ! A tous l'exemple admirable de renoncement du Curé d'Ars, " sévère pour lui-même et doux pour les autres ", rappelle de façon éloquent et pressante la place primordiale de l'ascèse dans la vie sacerdotale... " La chasteté brillait dans son regard ", a-t-on dit du Curé d'Ars. En vérité, qui se met de son école est saisi non seulement par l'héroïsme avec lequel ce prêtre réduisit son corps en servitude, mais aussi par l'accent de conviction avec lequel il réussissait à entraîner à sa suite la foule de ses pénitents. C'est qu'il savait, par une longue pratique du confessionnal, les ravages des péchés de la chair : " S'il n'y avait pas quelques âmes pures pour dédommager le Bon Dieu, soupirait-il, vous verriez comme nous serions punis " et, parlant d'expérience, il joignait à son appel un encouragement fraternel : " La mortification a un baume et des saveurs dont on ne peut plus se passer quand on les a une fois connus... Dans cette voie, il n'y a que le premier pas qui coûté ". " Toujours prêt à répondre aux besoins des âmes ", saint Jean-Marie Vianney excella, en vrai pasteur, à leur procurer en abondance l'aliment primordial de la vérité religieuse. Il fut toute sa vie prédicateur et catéchiste. Il nous reste enfin à évoquer dans la vie de saint Jean-Marie Vianney cette forme du ministère pastoral qui lui fut ici-bas comme un long martyre et demeure à jamais attachée à sa gloire : l'administration du sacrement de Pénitence, qui en reçut un singulier éclat et produisit les fruits les plus abondants et salutaires. " Il passait en moyenne quinze heures au confessionnal chaque jour. Ce labeur quotidien commençait à 1 heure ou 2 heures du matin et ne finissait qu'à la nuit ". Et quand il tomba d'épuisement, cinq jours avant sa mort, les derniers pénitents se pressèrent au chevet du moribond. Vers la fin de sa vie, estime-t-on, le nombre annuel des pèlerins avait atteint le chiffre de 80 000. Sa Sainteté Jean XXIII.

11/2004

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Sports

Les cahiers du football N° 3, juillet-décembre 2019 : Enfance

Voici le troisième opus de la grande revue des Cahiers du football, dont le dossier nous fait retomber en "enfance" : celle des supporters, celle des footballeurs, celles des enfants d'aujourd'hui. 172 pages grand format, 800 grammes de football et d'eau fraîche. Ce numéro va aussi à la rencontre de Stéphane Guivarc'h et Johan Micoud, part dans les années 80 voir un explosif Real-Bayern, survole les terrains populaires de Sao Paulo, revient à Bondy pour l'épilogue de notre feuilleton. Il joue avec des ballons à la mer et de vieux albums, avec les footballeuses pionnières des années folles et même avec des travestis de Cali... Toujours autant de divertissement au programme, avec le roman-photo, les footballégories, les strips de Bastien Vivès, une nouvelle inédite de Jérôme Fansten, des jeux, des chroniques et des surprises. L'aventure de la revue des Cahiers du football se poursuit avec un numéro 3 aussi singulier et audacieux que les précédents. Consacré à l'enfance, son grand dossier en revient au plaisir originel du jeu et du ballon, aux passions premières pour les joueurs et les équipes. 172 pages grand format, belles, riches et amoureuses. Portfolio : Renato Stockler, la terre du football vue du ciel. Le photographe brésilien a saisi les terrains de Sao Paulo à vol d'oiseau. Rencontre : Stéphane Guivarc'h évoque sa Coupe du monde 1998 et celle d'Olivier Giroud, vingt ans après. Enquête : Real-Bayern 1987, une demi-finale de Ligue des champions aussi mémorable que houleuse. Fiction : Pickles, une nouvelle inédite de Jérôme Fansten. Entretien : Johan Micoud nous parle de jeu, de titres, de son retour à Cannes et du football d'aujourd'hui. Galerie : la photographe et artiste militante Mandy collecte les ballons échoués sur les plages pour mettre en scène la pollution des océans. Récit : l'écrivain-journaliste colombien Alberto Salcedo raconte l'épopée d'une équipe de transsexuels. Jeu en triangle : nos trois invités débattent des relations compliquées entre journalisme et communication. Archive : les pionnières oubliées du football féminin des années 1920, saisies par les touchantes photos du fonds Rol. Document : conservés comme des trésors, nos albums Panini renferment des perles. Une sélection de doubles pages très spéciales. Feuilleton : dernier (et émouvant) épisode de notre feuilleton sur l'AS Bondy. Chroniques : L'Ecole du fan par Xavier de la Porte, Jean-Patrick Sacdefiel, Sémantique, L'Eloge funèbre, La Lettre ouverte, L'Objet, Le Foot expliqué à... , les Mots du foot, Le Test, etc. Interludes : roman-photo, footballégories, coloriages. DOSSIER : L'ENFANCE Illustrateur : Eric Giriat La part de l'enfance L'enfance sacrifiée des footballeurs Tactique : jouer comme des enfants Dans la cour, les filles regagnent du terrain Comment les enfants regardent le foot ? La transmission du supportérisme Olive et Tom, manga-football Typologie des enfants-footballeurs Panorama des terrains de jeu

06/2019

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Travail social

Parole donnée. Entraide et solidarité en Seine-Saint-Denis en temps de pandémie

Il faut lire ces pages avec ce trouble inquiet d'une contamination dont on ne savait presque rien. Qui a pu oublier ce 15 ? mars 2020, où tout fut soudain suspendu. L'état de panique où nous étions lorsqu'il a fallu fermer sa porte, pour un temps indéterminé, excepté l'heure d'autorisation de sortie. Qui parcourra ce livre sera saisi par cette soudaine sidération. Ces pages nous font part des peurs et des pleurs, de l'incompréhension et de la solitude, des malaises et des fatigues qui ont envahi la Seine-Saint-Denis. Elles nous parlent de ces moments d'impuissance et d'initiative spontanée, de désocialisation et de remarquables résistances. Elles recomposent le puzzle de la catastrophe sociale à partir des comptes rendus d'appel téléphonique, des mains courantes, des lettres demandant des secours, de l'observation des distributions alimentaires, des files d'attente devant les grandes surfaces ou la Poste, des solidarités... Plusieurs centaines d'agents du conseil départemental, le plus souvent des femmes, ces "appelantes volontaires" , ont engagé la conversation avec les plus vulnérables ? : comment se passe le confinement ? Qui prend de vos nouvelles ? Qui vous apporte des courses, vos médicaments ? Votre famille vous visite-t-elle ? Des voisins pourraient vous aider ? , etc. Les appels téléphoniques nous montrent les décrochages, à vif ? : les programmes sociaux en panne, les petites discriminations, la couverture sociale trop courte, les visites des soignants suspendues, la fracture numérique si invalidante, l'allocation qui n'arrive pas, les préjugés nationaux sur les langues d'usage... Ces appels visèrent à "? resserrer les mailles du ­filet ? " ? : prolonger un droit au-delà de la limite ? ; envoyer un secours ? ; ouvrir des lieux de distribution ­alimentaire ? ; offrir quelques conseils. Pour faire tenir un bout de la société. Les appelantes se souviennent : "J'ai appris à faire attention au bruit, dit l'une d'elles, pour savoir si un proche est là, voir s'il y a d'autres besoins". Monter plus haut la vigilance à la voix, au silence comme au cri. Sentir la menace et trouver les mots pour la dire. Chercher dans les bribes des récits des indices d'alarme qui pourraient ne pas se laisser voir. L'aide associative prend le relais des faiblesses de l'action publique. C'est la dépanneuse sur zone qui repère les vulnérabilités. En quatre semaines, les associations d'aide alimentaire sont submergées. Des cagnottes s'inventent, des ateliers de coutures fabriquent des masques... De l'éducateur à la bibliothécaire, du livreur au magasinier, de l'épicier du coin au stagiaire d'un service civique, on donne du temps, des bras, en équipe pour récupérer des dons auprès des grandes surfaces ou d'un maraîcher. Le constat de l'auteur résume une question simple : "Mais où était donc l'Etat social actif à la française ? "

01/2022

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Religion

Thérèse de Lisieux

Le centenaire de Thérèse a vu éclater un certain nombre de différends sur sa vie et ses écrits. J. -F. Six et R. Laurentin s'étaient opposés publiquement dans Paris-Match et ailleurs. Ils n'ont pas voulu en rester là. Hommes de dialogue, persuadés qu'une confrontation vaut mieux que la polémique et que la lumière de Thérèse porte en elle les chances de toutes les conciliations, les deux auteurs se sont rencontrés devant un magnétophone les 4-6 juillet et le 24 août 1973. Ils ont confronté leurs perspectives sur les questions controversées : le père et la mère de Thérèse, son milieu, le substrat psychanalytique, l'édition des Derniers Entretiens, la nuit de la foi de Thérèse, son actualité, etc. Ils ont tenté de faire converger leurs lumières sans faire cadrer leurs perspectives, d'élargir le débat plutôt que de l'étriquer. Le résultat est extraordinairement positif. La physionomie de Thérèse prend un nouveau relief. Ce dialogue est un bilan des travaux du centenaire et une prospective des recherches en cours : ce qui reste de documents à dévoiler, à éditer ; ce que l'éclairage interdisciplinaire des diverses méthodes scientifiques peut encore apporter ; l'actualité de Thérèse et ce que réserve encore son mystère. Les questions disputées se trouvent réglées parce qu'elles sont éclairées et situées. En terminant, J. -F. Six et R. Laurentin ont pu se poser mutuellement la question : Pour vous, comme homme de foi, qui est Thérèse ? Que représente-t-elle ? Ce livre tonique est à la fois un bilan et un programme au plan de la recherche et de la vie personnelle. Il atteste la fécondité des conflits bien surmontés, et surtout les dimensions méconnues de Thérèse de Lisieux qui reste une source pour notre temps. Jean-François Six Responsable national du Service Incroyance/Foi, consulteur, à Rome, au Secrétariat pour les non-croyants, docteur ès lettres et docteur en théologie, professeur à l'Institut catholique de Paris. S'est attaché à étudier d'un côté l'athéisme contemporain et de l'autre les mystiques contemporains : Charles de Foucauld, Antoine Chevrier, par exemple. C'est dans ce projet d'ensemble que se place son étude en deux volumes sur La véritable enfance de Thérèse de Lisieux et Thérèse de Lisieux au Carmel (Seuil, 1972 et 1973) ; J. -F. Six s'est attaché à montrer quelle révolution spirituelle radicale Thérèse de Lisieux accomplit par rapport à la mystique de son époque et à quel point cette sainte a saisi par avance, avec un sens prophétique extraordinaire, ce que Paul VI a appelé le problème le plus grave de notre époque : l'incroyance. René Laurentin Professeur à l'Université catholique d'Angers. Auteur de Thérèse de Lisieux. Mythes et réalité (Beauchesne). Sa thèse de doctorat ès lettres et ses travaux d'avant le Concile ont élargi les horizons de la "mariologie" préconciliaire, pour faire resurgir le vrai visage de la Vierge Marie, à sa place dans l'histoire du Salut et dans la Communion des saints.

01/1973

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Anglais apprentissage

Le poids du passé. Barack Obama et la question raciale

L’arrivée d’Obama à la Maison Blanche a incontestablement marqué un tournant historique, et son ascension spectaculaire est souvent présentée comme une preuve irréfutable de l’entrée des États-Unis dans une nouvelle ère, dite « post-droits civiques ». Mais les divisions et les inégalités raciales, notamment entre noirs et blancs, demeurent pourtant profondément ancrées dans l’Amérique d’aujourd’hui. L’éminent historien Thomas Sugrue propose ici une analyse sans concession de la manière dont Obama s’est saisi de ce paradoxe. « Le passé n’est pas mort et enterré. Il n’est même pas passé », soulignait Obama dans son célèbre discours de campagne sur la question raciale, en invoquant William Faulkner. Le poids du passé retrace l’évolution des positions d’Obama sur la question des inégalités raciales au cours de sa carrière professionnelle, depuis ses premières années à Chicago en tant qu’organisateur de communautés, avocat et universitaire, jusqu’à son ascension politique en tant que candidat charismatique et aguerri à la présidence des États-Unis. Sugrue replace Obama dans le contexte de l’histoire de la lutte des noirs pour les droits civiques pour mieux comprendre ses conceptions des causes profondes de la pauvreté noire en Amérique, et les réponses qu’il a apportées aux défis qui l’attendaient une fois élu à la présidence. Mais plus fondamentalement, au-delà de la trajectoire personnelle d’Obama, ce livre est, écrit Sugrue, « l’histoire d’un voyage à travers l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire raciale américaine, qui nous conduit du tournant multiculturel des années 1970 au syncrétisme de la politique urbaine noire de la fin du XXe siècle, en passant par le terrain miné des controverses intellectuelles et culturelles sur la question raciale et les “politiques identitaires” de la fin des années 1980 et des années 1990, pour finalement aboutir en ce début du XXIe siècle, à ce moment de l’histoire où l’Amérique vit encore dans l’ombre des luttes inachevées pour les droits civiques du siècle précédent, mais où des journalistes, hommes politiques et universitaires influents saluent l’apparition d’un ordre post-racial. » Les cinquante années que retrace ce livre furent assurément des moments de grande turbulence pour les hommes politiques noirs américains, comme pour les blancs progressistes, qui durent tous se frayer leur propre chemin dans le conflit idéologique persistant entre indifférence à la couleur (color blindness) et conscience raciale. Cette situation est à l’origine de la dérive conservatrice du parti démocrate depuis la fin des années 1960. Suivre le parcours d’Obama à la découverte de son identité politique et raciale permet donc à la fois de comprendre l’évolution des Démocrates et de savoir dans quelle mesure on peut dire que la présidence d’Obama a permis d’entrer de plain-pied dans une nouvelle ère « post-raciale ». Spécialiste des droits civiques, des relations raciales et de l’histoire urbaine, Thomas Sugrue livre un bilan honnête et révélateur sur cette double question.

10/2012

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Droit

Les preuves scientifiques et le procès pénal

Bien que les préoccupations liées à l'immixtion de la science au sein de la justice pénale soient apparues dès le milieu du XXe siècle, elles prennent incontestablement aujourd'hui une dimension nouvelle. La science imprègne en profondeur toutes les phases du procès répressif et modifie le travail de chacun de ses intervenants. De même, la force probante inégalée de certains procédés scientifiques remet radicalement en cause les classifications séculaires des différents modes de preuve, celles-ci apparaissant aujourd'hui obsolètes et inadaptées. L'évolution de la preuve scientifique au sein de l'instance pénale est caractérisée par deux étapes. Dans un premier temps, le droit est saisi par la science, comme irrésistiblement attiré par la fiabilité des procédés qu'elle met à sa disposition. La science s'introduit alors dans la sphère juridique. Elle est un gage d'efficacité et de rapidité et renvoie aux idées de certitude et de perfection. Dans un second temps, la science est à son tour pénétrée par le droit, qui va tenter de se l'approprier. Elle est alors façonnée et "modelée" afin de pouvoir être mise au service du procès pénal. Le droit devient alors un instrument de régulation de la science. Si, pour l'heure, la preuve scientifique s'apparente à une convention de langage et doit son succès à son caractère imagé, elle est le symbole d'une évolution contemporaine plus profonde : le "mariage forcé" entre "les robes noires" et "les blouses blanches". Véritable trait d'union entre le droit et la science, la preuve scientifique est recherchée avec détermination par les enquêteurs et les magistrats. Le recours à la science est sans conteste rassurant et les juges y voient parfois le moyen d'accéder à ce qu'ils convoitent de tout temps : la sécurité, tant juridique qu'intellectuelle. Si l'impératif de vérité irrigue tout le procès pénal, celui-ci ne serait toutefois être atteint au mépris des principes fondamentaux que sont la présomption d'innocence, l'inviolabilité du corps humain, la proportionnalité, la loyauté de la preuve ou le droit pour tout individu de ne pas contribuer à sa propre incrimination. Dans cette directe lignée, l'ADN et le fichage génétique des individus doivent être envisagés tant au regard des difficultés juridiques que soulève leur réglementation qu'à la lumière des interrogations éthiques que suscite leur utilisation. Face aux dangers évidents que comporte l'avènement de la preuve scientifique, les standards communs du procès équitable exercent une influence grandissante. Indéniablement, la Convention européenne des droits de l'homme joue un rôle crucial en matière de droit de la preuve scientifique ; elle en révèle les lacunes et en corrige les imperfections. En tant qu'outils probatoires extrêmement performants, les procédés scientifiques doivent certainement être mis au service des enquêteurs et magistrats. Toutefois, si la science a vocation à éclairer le juge, il est aujourd'hui urgent de veiller à ce qu'elle ne l'éblouisse pas.

10/2012

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Critique Poésie

De l'expérience poétique

Depuis le jour où, adolescent, il a été saisi par un sonnet de Baudelaire, John E. Jackson n'a cessé de s'interroger sur ce qu'est la poésie dans l'espoir d'en dégager les qualités distinctives chez des écrivains que tout oppose a priori. Qu'y a-t-il en effet de commun, notre émotion de lecteur mise à part, entre les chansons du troubadour Jaufré Rudel et le minimalisme inquiet d'un Samuel Beckett ? entre François Villon, celui de la "ballade pour prier Nostre-Dame" , et un Paul Celan qui, écrivant après Auschwitz, profère une sorte de louange à Personne ? et même entre Sapho et Labé, Ronsard et Rückert, Racine et Goethe, Hölderlin et Dante, Eliot, Apollinaire, Shakespeare, Bonnefoy ou Mallarmé ? Aussi familier que Jackson soit de cette constellation de poètes, l'énigme foncière de la poésie lui résiste ; elle mérite néanmoins qu'il y ait consacré le gros de ses efforts d'interprète, ne serait-ce que pour reconnaître l'énormité de la dette affective contractée auprès de ces oeuvres qui l'ont accompagné toute sa vie. Dans les différents chapitres de ce nouvel essai, Jackson appréhende plusieurs facettes du mystère. Dans le premier, intitulé "Musiques du sens" , il fait l'hypothèse que la musique des mots prend le relais de notre désir de compréhension frustré "en instituant des modes de signification qui révèlent des dimensions allusives ou imageantes du langage que la parole ordinaire a tendance à recouvrir ou à masquer" . Dans un deuxième chapitre, convaincu qu'un poète est avant tout une voix, il s'efforce de la définir : "elle n'est pas, ou pas seulement, une façon de parler, elle est l'accent particulier qu'une dimension presque insaisissable donne à cette façon, une modulation qui fait frémir les mots mais sans se laisser réduire à eux" . Il constate ensuite que la poésie, aussi bien médiévale que moderne, a toujours eu besoin des dieux, et se penche sur les raisons de ce nécessaire souci de la transcendance avant d'aborder la question difficile de la réalité que le poème est en mesure de cerner. Bien loin d'être un pur miroir de la psyché de son auteur, la poésie se nourrit pour lui "d'une ambition ontologique qu'il convient d'analyser même si c'est pour reconnaître en elle le caractère inachevable d'une dialectique de l'objectif et du subjectif" . Cet essai vaut par aussi pour l'émouvante profession de foi critique à laquelle Jackson se livre in fine ; cet art de la lecture qu'il défend exige précision et respect de la parole du poète : "Ce qu'il importe de se rappeler quand on cherche à interpréter de la poésie, c'est que celle-ci, quand elle est authentique, n'est jamais que la recherche d'une réalité ou d'une vérité dont son auteur dispose d'autant moins qu'il n'a, précisément, que son poème pour la chercher lui-même. ''La réalité, écrivait Paul Celan, n'est pas. La réalité demande à être cherchée et conquise. '' L'acte de l'interprétation ne peut être, au mieux, qu'une tentative seconde".

03/2023

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Sports de combat

Quinze minutes sur le ring. Sur les traces d'une action passée, 24 septembre 1922

Après sa remarquable étude consacrée à la vie d'un seul homme pour tenter de percer ce qui fait que celui-ci était devenu ce qu'il est devenu (Joseph Kabris, Prix Femina Essai 2020), Christophe Granger s'intéresse ici à un "détail", une action et une seule (15 minutes d'un moment passé), afin de repenser ce qui nous fait agir quand nous le faisons. " D'où viennent nos actions, et comment se fait-il qu'on agit comme on agit ? " Question vertigineuse s'il en est et qui est tout l'enjeu de l'enquête brillante et audacieuse de l'historien et sociologue Christophe Granger. Afin de mener à bien ce défi, il a d'abord fallu à l'auteur trouver une action qui puisse être observée du début à la fin. Il a choisi, en l'occurrence, le combat de boxe célèbre, qui opposa, le 24 septembre 1922 dans le stade Buffalo de Montrouge, le champion du monde en titre Georges Carpentier et une autre star de l'époque, bien que considérée comme l'outsider ici, Battling Siki (de son vrai nom M'Baye Fal) et dont une version filmée subsiste. Nourri de nombreux travaux mêlant tant philosophie, sciences humaines et sociales ou encore sciences cognitives, Christophe Granger entreprend de faire cheminer ses lecteurs et lectrices, par plans successifs (plan large, plan pied, gros plan), chaque plan saisissant le même combat depuis un cadrage différent. Le premier chapitre est ainsi centré sur la structuration sociale du combat, le deuxième sur l'interaction qui a lieu sur le ring, et le troisième sur la dimension cognitive qui permet aux boxeurs d'orienter et de réorienter ce qu'ils font. Enfin, un dernier chapitre, entièrement graphique et constitué de plus de 300 photogrammes issus du film, a pour ambition de transmettre au lecteur ou à la lectrice la compréhension de l'action en question, en reprenant l'action en entier une dernière fois depuis le film. Contribution intellectuelle et théorique majeure à l'étude des actions humaines, l'ouvrage est également une plongée dans le monde de la boxe durant la première moitié du xxe siècle, période cruciale où la discipline est encore tiraillée entre le monde du spectacle et celui du sport et, dans l'ombre de Virginia Woolf et de Tarantino, un livre en 4 plans qui se lit comme un film. " Entreprendre une histoire au microscope, faire porter le travail sur un petit nombre d'heures ou de minutes, comme le faisaient Virginia Woolf, James Joyce ou William Faulkner en littérature, ce n'est pas céder aux commodités du minuscule : c'est vouloir s'approcher de la réalité en prenant acte justement de ce trait décisif : " à tout instant la vie a depuis longtemps commencé, et elle se poursuit à tout moment " (Auerbach au sujet de Woolf). " Christophe Granger

01/2024

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Sociologie

Revue du MAUSS N° 61 : En commun ! Eloge des institutions partagées

Chacun connaît cette scène originaire qui ouvre la secondeA partie du célèbre Discours sur l'origine et les fondements de l'inégalité parmi les hommes de Jean-Jacques RousseauA : "A Le premier qui, ayant enclos un terrain, s'avisa de direA : Ceci est à moi, et trouva des gens assez simples pour le croire, fut le vrai fondateur de la société civile. Que de crimes, de guerres, de meurtres, que de misères et d'horreurs n'eût point épargnés au genre humain celui qui, arrachant les pieux ou comblant le fossé, eût crié à ses semblablesA : Gardez-vous d'écouter cet imposteurA ; vous êtes perdus, si vous oubliez que les fruits sont à tous, et que la terre n'est à personne. A " Dénonçant le "A Ceci est à moiA " du premier planteur de pieux, Rousseau dessinait, en creux, la société telle qu'elle devrait êtreA : "A Ceci est à nous. A " Il nous rappelait ainsi, à travers cette fable, combien l'histoire humaine est contingente et ouverte à d'autres possibles. Parmi ces possibles s'affirme aujourd'hui un nouveau paradigme au sein duquel cherchent à se penser une démocratisation de la société et un dépassement des désordres et des hiérarchies imposés par le capitalismeA : le paradigme des "A communsA ". Les communs désignent une forme immémoriale de conception de la propriété, largement répandue, notamment jusqu'à la fin du Moyen Age, lorsque, dans les campagnes, l'organisation coutumière des usages de la nature -A pâturages, étangs, forêtsA - primait sur la notion de propriété. L'histoire rejoignant la fable, ces modes d'accès aux ressources déclinèrent à mesure que s'imposèrent les fameuses "A enclosuresA " décrites par Marx, ces "A décrets d'expropriation du peupleA " au moyen desquels "A les propriétaires fonciers se font eux-mêmes cadeau des biens communauxA ". Face à l'hégémonie du régime propriétariste, radicalisée par les nouvelles enclosures promues par les politiques de privatisation et de marchandisation néo-libérales, l'originalité du paradigme du commun est de dépasser les dichotomies classiques opposant propriété privée et propriété publique, régulation marchande ou étatique, ainsi que les formes de domination qui résultent de l'appropriation des ressources naturelles et des moyens de production. Comme le montrent de multiples expériences contemporaines, et notamment les travaux du prix Nobel d'économie, Elinor Orstrom, partout dans le monde, des communautés sont capables d'organiser durablement des "A règles d'usageA " afin de garantir à la fois la survie des habitants et la préservation d'un réservoir de ressources pour les générations suivantes. C'est ce paradigme alternatif et ces expériences foisonnantes que ce numéro propose d'interroger, tant pour en souligner la richesse que les conflits qu'ils suscitent. En effet, très polysémiques, le ou les "A communsA " constituent l'un de ces concepts essentiellement contestés dont le milieu militant s'est saisi comme d'une bannière pour des initiatives diverses et, parfois, divergentes, et dont les chercheurs tentent de délimiter les contours dans les domaines économique, juridique, politique, anthropologique et philosophique. Qu'il s'agisse des communs numériques, environnementaux, urbains mais aussi des communs politiques ou de la redéfinition de la notion même d'entreprise, l'espace de débat et de controverses qu'ouvre ce numéro se veut résolument pluraliste, comme les formes, plurielles, de propriété qu'appelle une démocratie radicale.

05/2023

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Vie chrétienne

Une église dans la mangeoire. Témoignage d'un évêque d'Algérie

Quel est le sens de la présence chrétienne en territoire musulman ? L'auteur, archevêque émérite d'Alger répond à cette question avec toute la richesse de son expérience auprès des Algériens D'abord en tant qu'enseignant en psychologie à l'Université de Constantine et à l'écoute des jeunes dans un bureau d'aide psychologique, pendant 30 ans. Puis en tant que serviteur de l'humble église d'Algérie comme vicaire général de son prédécesseur et comme évêque de Constantine et Hippone (le siège de l'évêché de saint Augustin ! ) avant de devenir archevêque d'Alger en 2016. Sa réponse, il la puise dans l'image d'une Eglise dans la mangeoire, reçue au moment de son ordination épiscopale et qui lui a donné l'occasion d'écrire une lettre pastorale du même nom, très remarquée. Pour l'auteur, la crèche est le lieu source de la vie de l'Eglise et la spiritualité de Bethléem, à la suite de saint Charles de Foucauld et de la vénérable Petite Soeur Magdeleine de Jésus, éclaire d'une manière toute spéciale la vocation et la vie de l'Eglise. Ce livre est aussi un exercice de discernement spirituel par lequel Mgr Desfarges écoute et relit les signes de l'Esprit pour connaître la volonté de Dieu sur la vocation et la mission de l'Eglise d'Algérie durant les cinquante dernières années. Il s'adresse en premier lieu aux enfants du pays, les Algériens chrétiens, qui ont été saisis par le Christ, pour les encourager à demeurer humbles et fidèles témoins du Christ qui, à la suite du Concile Vatican II, regardent avec estime la foi des musulmans. L'auteur s'adresse également à tout chrétien qui s'intéresse au dialogue interreligieux. Disciple du Cardinal Duval et de Mgr Henri Teissier, archevêques d'Alger, il a bien connu les bienheureux martyrs d'Algérie, dont les moines de Tibhirine. Discernant l'Esprit Saint à l'oeuvre dans l'histoire du monde et l'histoire des peuples, il situe la place de l'islam dans la suite de celle du judaïsme d'après la Résurrection du Christ selon la lecture qu'en fait Saint Paul dans l'épitre aux Romains. Au-delà de la présence chrétienne, l'auteur invite à entrer dans la profondeur du dialogue interreligieux, conçu comme un espace de rencontre et de prière qui sont signes du salut. Saisi par le Christ, le nouveau disciple peut voir l'Esprit à l'oeuvre dans le coeur de celles et ceux, la plupart musulmans, avec lesquels il continue de partager sa vie. Les rencontres deviennent alors des visitations dont l'Esprit est le maître d'oeuvre pour aider chacun à grandir humainement et spirituellement. Le sens de la présence chrétienne est de témoigner de l'amour gratuit de Dieu pour tous ses enfants d'Algérie sans exception, à l'instar de la Vierge Marie qui, comme à la Basilique Notre-Dame d'Afrique, accueille sans se lasser tous ses enfants, sans faire de distinction, pour les aider à grandir en fraternité. Enracinée dans l'expérience de l'Eglise d'Algérie, cette réflexion peut nourrir et porter toute communauté chrétienne qui s'interroge sur le sens de son engagement dans un monde de plus en plus déchristianisé.

12/2022