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Economie

L'industrialisation africaine est possible. Quel modèle pour le Sénégal ?

Les débats sur le retour des politiques industrielles au niveau théorique et pratique ont charrié une double interrogation à propos de l'industrialisation africaine : est-elle nécessaire ? Est-elle possible ? Les réponses les plus confondantes qui ont conditionné beaucoup de décideurs et praticiens de l'économie sont celles, négatives, des institutions financières internationales. Leur argumentaire, tendant à faire prévaloir l'impossible décollage industriel, se fonde sur l'épure théorique néolibérale et le listing d'une série d'obstacles institutionnels, structurels et monétaires. Manifestement, ces naïvetés idéologiques, en voie d'abandon, ont fait l'impasse sur deux évolutions marquantes au niveau de la division internationale du travail : d'une part, la montée en puissance industrielle, technologique et financière des nouveaux pays émergents du Sud, conséquence de la fragmentation des chaînes de valeur et de la relocalisation des activités industrielles dans l'espace mondial ; et d'autre part, la revalorisation des matières premières africaines, chaînon manquant de l'industrialisation. Ces deux facteurs sont à la base de l'embellie de la croissance économique africaine en dépit de la crise mondiale. Aussi, ces facteurs doivent être les éléments structurants de l'industrialisation africaine. Par la géostratégie (géoéconomie) des matières premières, l'Afrique est introduite dans le jeu économique planétaire. En rapprochant les intérêts économiques, financiers et technologiques du continent à ceux des grands pays émergents et en exploitant judicieusement les nouveaux partenariats plus fructueux, plus variés et davantage tournés vers ses propres ambitions de développement, il est possible de construire ou rebâtir des politiques industrielles compétitives. Aujourd'hui, les conditions sont réunies, il reste le temps de l'action d'un management public en étroite collaboration avec le secteur privé représenté par les associations, les fédérations, les chambres d'industrie et de commerce, les syndicats, les institutions financières, les institutions de recherche et les universités.

11/2013

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Sciences de la terre et de la

L'oignon du Niger. Etude d'une filière traditionnelle face à un marché globalisé

L'agriculture ouest-africaine, malgré une situation de transition liée au processus de mondialisation et à l'instabilité des marchés internationaux, demeure une agriculture familiale caractérisée par la coexistence d'un ensemble d'activités impliquant diverses productions végétales et animales. L'expérience montre que les petits producteurs africains sont des agents économiques qui sont disposés à la fois à investir selon leur disponibilité économique et à participer dans des réseaux structurés pour commercialiser leurs productions au niveau sous-régional. Forte d'une production annuelle de plus de 400.000 tonnes, la filière oignon représente aujourd'hui pour le Niger la principale source de recettes d'exportation après l'uranium. La Région de Tahoua se situe à la première place avec une contribution d'environ 82 % de la production nationale : c'est dans cette région que se situe le triangle productif représenté par les départements de Madaoua, Konni et Keita. La variété d'oignon la plus répandue est le Violet de Calmi, constituant un produit de qualité connu et apprécié pour ses caractéristiques organoleptiques par les consommateurs de plusieurs pays d'Afrique. L'étude de la filière de l'oignon au Niger ouvre des perspectives nouvelles et contribue à redéfinir le rôle de l'agriculture sahélienne dans le développement et l'intégration régionale. En effet, il s'agit d'une filière traditionnelle, qui utilise des mécanismes propres à l'économie informelle et se base sur un réseau commercial emprunté de la structure hiérarchique de la famille haoussa. En dépit de la mondialisation, la filière nigérienne reste dominante sur les marchés régionaux. Cependant, elle doit être renforcée, surtout au niveau de ses acteurs les plus vulnérables pour réduire les risques et augmenter la compétitivité avec les autres producteurs régionaux et internationaux.

05/2012

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Développement durable-Ecologie

L'Effet Petkau. Les faibles doses de radioactivité et notre avenir irradié

A partir d'expériences sur des membranes cellulaires artificielles, le scientifique canadien A Petkau a mis en évidence, en 1972, qu'une exposition durable à de faibles doses de radioactivité peut rendre la cellule plus fragile qu'une exposition brève à des doses plus élevées (rayons X, par exemple). Le livre de Ralph Graeub explique la portée de cette découverte révolutionnaire et efrayante.

Car nous baignons dans une radioactivité croissante : retombées des explosions atomiques en atmosphère, émissions habituelles des centrales et dépôts nucléaires (auxquelles s'ajoutent des émissions accidentelles comme l'a montré Tchernobyl), usages industriels et médicaux accrus de la radioactivité artificielle... Et nous en payons d'ores et déjà le prix : les cancers et les maladies héréditaires d'origine radioactive déjà répertoriés ne semblent être que la pointe de l'iceberg. Il est probable que l'inhibition des mécanismes immunitaires consécutive aux dégâts sur les membranes cellulaires (effet Petkau) a été jusqu'ici complètement sous-estimée. Ainsi, des indices tendent à montrer que la radioactivité a joué un rôle important dans la naissance et la diffusion du sida. Mais le corps humain n'est pas seul en danger.

D'éminents spécialistes ont mis récemment en évidence la probabilité d'une corrélation entre les émissions des centrales nucléaires et la mort des forêts. Au terme d'une enquête de plusieurs années, le livre de Ralph Graeub montre que malgré les propos lénifiants des instances prétendument responsables de notre protection contre les radiations (trop souvent dépendantes d'industries et de gouvernements pronucléaires), la radioactivité artificielle n'est plus seulement une menace : son oeuvre de destruction de la Vie est déjà en route. Il appartient aux vivants qui souhaitent le rester de s'y opposer.

01/2012

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Histoire internationale

Mon combat politique

Nguila Moungounga-Nkombo est l'un des rares hommes politiques de sa génération qui a eu un idéal politique et qui y est resté fidèle. C'est dire que c'est un homme avec des convictions solides. Par exemple, il a toujours refusé de cautionner toutes les dictatures instaurées dans son pays. C'est dans cet esprit qu'en 1969, ayant participé à la création du Parti Congolais du Travail (PCT), ancien parti unique d'inspiration marxiste, qui lui doit sa dénomination, il le quittera presque aussitôt, suite au refus de celui-ci d'intégrer en son sein des amis politiques des anciens présidents Massambat-Débat et Youlou, et certains autres patriotes, estimant que, minoritaire de fait, ce parti ne sera pas en mesure de mener à bien le développement du pays. Pendant deux décennies, il sera victime d'un harcèlement sans précédent du PCT : calomnies, menaces, arrestations, emprisonnement, tentatives d'assassinat, exil politique, etc. Ainsi, en 1977 suite à l'assassinat du président Ngouabi par ses propres amis du PCT, bien qu'innocent, il sera condamné à 10 ans de prison. Moungounga-Nkombo devient ministre pour la première fois en 1992, dans un gouvernement formé par le premier président élu démocratiquement dans l'histoire du pays, Pascal Lissouba. En 1993, il est ministre de l'Economie et des Finances, et obtient des résultats tangibles, salués d'ailleurs par des organisations financières internationales, et qui se traduisent entre autres par le renflouement des caisses vides de l'Etat et la paye régulière des fonctionnaires. Après le renversement du président démocratiquement élu, fidèle à ses convictions, il refusera toute capitulation devant la dictature en cours au Congo, en dépit des appels du pied de cette dernière...

12/2011

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Histoire de France

Dans la gueule du loup. Les Français requis du travail en Allemagne, avec 1 CD-ROM

L'historiographie ne s'intéresse que depuis peu à la réquisition des travailleurs civils, en dépit de l'ampleur du phénomène, de son importance dans la collaboration d'État et de son rôle dans le développement de la Résistance. Cette étude aborde la question dans une démarche d'histoire critique qui prend en compte le travail de mémoire des anciens requis et leurs représentations. Le recours massif au travail des étrangers, d'abord considéré comme un danger pour la sécurité interne du Reich, finit par s'imposer à lui comme une condition de sa survie. Au fil des étapes de ce recrutement, de l'appel aux volontaires à la réquisition forcée en passant par la Relève des prisonniers de guerre, le gouvernement de Vichy s'est progressivement engagé dans une collaboration au profit des intérêts allemands. Les archives françaises et allemandes, une étude statistique ainsi que l'analyse des témoignages oraux permettent de porter un regard détaillé sur la vie quotidienne au camp, en ville et au travail, sur la surveillance policière et les mesures disciplinaires, sur l'encadrement et la propagande, ainsi que sur le statut des travailleurs civils requis. Dans les usines allemandes, coexistaient des éléments d'accommodement et de conflictualité. Une partie originale est consacrée aux perceptions et comportements des requis du travail à l'égard de leurs compatriotes (prisonniers de guerre, volontaires, femmes françaises, déportés concentrationnaires), des autres étrangers (travailleurs de l'Ouest, internés militaires italiens, Polonais et Soviétiques) et des Allemands (employeurs, policiers, collègues de travail et femmes allemandes). Enfin, le livre s'intéresse à la Libération et au retour, puis au long combat des anciens requis pour obtenir la reconnaissance d'un statut de victimes du nazisme, enfin accordé en 2008.

04/2010

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Critique littéraire

Lettres de France et de Belgique (1881-1889)

Avocat, écrivain et amateur d'art, Edmond Picard héberge en 1883 dans son luxueux hôtel bruxellois le romancier français Léon Cladel, témoin comme lui au mariage de Camille Lemonnier. Ce séjour, le premier des quatre que l'auteur d'Ompdrailles fera en Belgique, marque le début d'une amitié qui s'étendra bientôt aux deux familles. L'écrivain méridional sera aussi l'un des modèles dont Picard se réclamera tout au long de la campagne qu'il mènera dans sa revue, L'Art moderne, en faveur d'un art social, qui soit aussi un art national, c'est-à-dire révélateur d'une identité " belge ", septentrionale. Car l'oeuvre de Cladel, que Barbey d'Aurevilly avait surnommé " le rural écarlate ", exalte, dans un langage patiemment ciselé, à la fois le Quercy et la Commune de Paris, l'authenticité du Sud et l'héroïsme de la vie ouvrière. La rencontre de Cladel et de Picard intervient, de plus, à un moment crucial de la trajectoire de l'avocat : celui-ci se voudrait, au début des années 1880, en même temps le chef de file incontesté du jeune mouvement littéraire belge et, par-delà l'opposition stérile du " parti clérical " et des libéraux doctrinaires, le champion d'un nouveau courant progressiste. Picard échoue toutefois aux élections de juin 1884 et n'obtient pas à Paris, en dépit du soutien que lui apporte Cladel auprès des critiques et des éditeurs, la reconnaissance littéraire que le milieu intellectuel belge tarde à lui accorder. Chaleureuse et sans concession, à l'image de ces deux hommes également intraitables et colériques, la correspondance Picard Cladel nous ouvre les coulisses des grands débats politiques et esthétiques qui agitent, dans les années 1880, les mondes littéraires belge et français.

10/2009

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Histoire ancienne

Démocratie athénienne, une affaire d'oisifs ? Travail et participation politique au IVe siècle avant J.-C.

Longtemps, le IVe siècle athénien a été considéré comme un siècle de déclin. Une des manifestations de ce déclin aurait été le dysfonctionnement des institutions démocratiques. Cette opinion était essentiellement fondée sur les critiques prêtées à Socrate par deux de ses disciples, Platon et Xénophon, ainsi que sur les remarques d'Aristote tant dans la Politique que dans la Constitution d'Athènes. Face à ce déclin, ces intellectuels proposaient, sinon des solutions, du moins des modèles inspirés d'un passé idéalisé ou élaborés de toutes pièces. Ce qui les caractérisait, en dépit des différences plus ou moins sensibles, c'était le fait de tenir toute activité autre que la guerre ou la politique comme indigne de l'homme libre. [...] Même le travail de la terre était interdit aux citoyens de ces cités modèles, ce travail de la terre qu'en revanche Xénophon ennoblissait pour mieux lui opposer les activités décriées qu'étaient l'artisanat et le commerce. Le livre de Saber Mansouri a le grand mérite de montrer qu'une telle attitude ne correspondait pas aux réalités de l'Athènes du IVe siècle où il existait une population d'artisans et de commerçants qui, lorsqu'ils étaient citoyens, étaient d'autant plus étroitement associés à la vie politique de la cité qu'ils se rendaient plus volontiers aux assemblées de la Pnyx que les paysans et, surtout, fréquentaient l'agora. Cet ouvrage, en mettant l'accent sur l'implication dans la vie politique de la cité non seulement de citoyens exerçant les métiers de l'artisanat et du commerce, mais aussi de certains métèques, va à l'encontre des idées reçues qui ne voient dans le citoyen athénien que l'homo politicus, pour reprendre la formule de Max Weber. (Extrait de la préface de Claude Mossé)

03/2010

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Histoire internationale

Ahmed Sékou Touré (1922-1984) Président de la Guinée de 1958 à 1984. Tome 5, Mai 1962-Mars 1969

Le diplomate français André Lewin, qui était au début des années 70 porte-parole du secrétaire général de l'ONU, a négocié, comme envoyé spécial des Nations Unies, la normalisation des relations diplomatiques entre la Guinée et la France, intervenue le 14 juillet 1975. Il a ensuite été ambassadeur de France à Conakry jusqu'en 1979, et n'a cessé depuis lors de s'intéresser à ce pays. Il entretenait des relations confiantes et même amicales avec Ahmed Sékou Touré, président de la Guinée de 1958 à 1984. Il lui a consacré une thèse de doctorat d'histoire, soutenue en 2008 à l'Université d'Aix-en-Provence. Le tome 5 de cette biographie décrit les événements qui se déroulent de mai 1962 à mars 1969. Il commence avec l'intronisation, en présence de Sékou Touré, de l'archevêque de Conakry Mgr Tchidimbo, qui sera ultérieurement arrêté et condamné aux travaux forcés à perpétuité pour " participation au complot de la Ve colonne ". Avec la France du général de Gaulle, on assiste en 1963 à la signature d'accords bilatéraux, et en 1965 à une rupture des relations diplomatiques qui durera dix ans, en dépit de quelques vaines tentatives de réconciliation. On voit également Sékou Touré célébrer les femmes, radicaliser la Révolution, réprimer sévèrement divers complots dont celui des militaires, contribuer à la chute de l'abbé Fulbert Youlou, président du Congo-Brazzaville, déplorer la chute de son ami le président ghanéen Nkrumah, ne pas parvenir à se réconcilier avec le président ivoirien Houphouët-Boigny, mais aussi concrétiser l'un de ses rêves : la naissance de l'Organisation de l'Unité Africaine (OUA) dont le Guinéen Diallo Telli devient le premier secrétaire général.

03/2010

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Gestion

Histoire de l'entreprise et des chefs d'entreprise en France. Tome 2, Le temps des pionniers (1830-1880). Naissance du patronat

A tenter de cerner la genèse du milieu des chefs d'entreprise en France lors de la première révolution industrielle, la recherche se trouve d'entrée de jeu confrontée à l'opposition régnant entre deux systèmes de valeurs, celles que partage le monde d'Ancien Régime, qui vient de s'effacer, et celles en lesquelles se reconnaît une société d'entreprise en cours d'émergence : la rémanence de certaines des valeurs procédant du monde disparu va freiner le " recrutement " menant à l'Entreprise. En dépit de ce retard, le tropisme conduisant des hommes, des femmes, des familles à s'intégrer au monde de l'Entreprise va, dès le second tiers du XIXe siècle, révéler son extrême dynamisme. Des rangs de l'Aristocratie jusqu'aux cadres de l'Armée, de la Fonction publique aux Savants et aux Techniciens, des milieux de la Terre jusqu'aux sphères du Négoce, de l'instituteur à l'Artisan ou autres représentants de toutes les classes moyennes, sans omettre les salariés qui, en certains cas, purent se hisser aux rangs de chefs d'entreprise, de toutes les régions de France sinon de l'étranger, les candidats affluent : une société " ouverte " permet - pour un temps - l'intégration de ces veines, étonnamment diverses, de " recrutement " menant à l'Entreprise. Société ouverte, mais qui se réalise dans un climat d'intense compétition. Un monde profondément hiérarchisé se fait jour, où une distance sidérale se révèle entre quelques très grands entrepreneurs et un minuscule patronat qui, parfois, peut friser l'indigence, cependant que des rapports de vassalité se créent entre entreprises dominantes et entreprises dominées. Le succès que s'assurent les uns ne peut masquer l'hécatombe que connaissent les autres et au sein même des familles patronales, des " parents pauvres " sont, en certains cas, les témoins de cette inégale promotion...

09/2001

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Sciences historiques

UN ITINERAIRE INTELLECTUEL. L'historien journaliste, de France-Observateur au Nouvel-Observateur (1958-1997)

" Le livre que voici illustre une longue et double fidélité de François Furet : à l'activité du journaliste, à l'identité d'un journal, sous ses deux noms successifs, France-Observateur puis Le Nouvel Observateur. Le premier article date de mars 1958. Le dernier, un mois avant sa mort, de juin 1997. Grâce à ce vaste ensemble, on pourra désormais entreprendre, aux côtés d'un commentateur curieux et vif, un voyage au long cours : la traversée de quarante ans de notre vie politique et intellectuelle. On y verra l'historien préciser ses méthodes et privilégier de plus en plus l'histoire politique et conceptuelle par rapport à l'histoire économique et sociale - sans ostracisme pourtant. On y verra l'intellectuel décliner ses goûts littéraires et philosophiques, se faire le commentateur de Rousseau, Chateaubriand, Constant, Tocqueville. Enfin, à travers de superbes portraits de Jaurès, Blum, Malraux, on découvrira un véritable écrivain. Le genre de la collection d'articles est généralement guetté par la dispersion et le disparate. Ce livre-ci y échappe. Le problème qui y est mille et une fois abordé, à travers tant de sujets divers (politique française, phénomène communiste, Amérique, Israël, vie intellectuelle), c'est la dérive de l'espérance révolutionnaire, devenue sous la Révolution française un mauvais rêve, et au XXe siècle un gigantesque cauchemar. Et c'est aussi, en dépit de tous les démentis de l'histoire, la résistance de cette espérance, l'obstination mise par les hommes, et par les intellectuels surtout, à ravauder leurs croyances pour protéger leurs illusions. François Furet a constamment cherché, quelque désespérant que soit le spectacle, à ne pas l'escamoter : l'histoire lui servait à ne pas se raconter d'histoires. " Mona Ozouf.

02/1999

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Critique littéraire

Correspondance 1923-1941

C’est à Londres, en 1922, que Virginia Woolf rencontra pour la première fois, au cours d’un dîner, Vita Sackville- West qui allait être pour de nombreuses années une des deux ou trois personnes les plus importantes de sa vie. Après avoir lu leur correspondance qui se poursuit sur plus de dix-huit ans, on ne pourra plus douter de la profondeur de la passion qui lia ces deux femmes exceptionnelles – une passion qui, en dépit des orages de la jalousie et parfois de la fureur, leur apporta, jusqu’à la mort tragique de Virginia, le bonheur d’une tendresse et d’une réciprocité de désirs qui renaissaient, crise après crise, de leurs cendres indestructibles.Vita-Sackville West excellait dans l’art de la correspondance. Qu’elle dépeigne des jardins anglais ou les steppes de la Prusse, les montagnes de la Perse ou les déserts de l’Arizona, sa démarche est alerte, imagée, avec un rien de malice dans la satire mondaine. Ses lettres nous transportent dans une époque où Gide et Proust choquaient, où un procès en obscénité était intenté à une romancière accusée de saphisme ; une période aussi où la littérature de langue anglaise, entraînée par de grands novateurs, continuait d’accorder la prééminence aux techniques de la fiction. Virginia Woolf, pour sa part, n’allait cesser de se débattre dans les affres de l’enfantement de « sa » vérité de l’écriture qui, peu à peu, l’acculerait au seuil de la folie. Mais au coeur de cette recherche torturante allait jaillir, avec une fraîcheur de fontaine, Orlando, dédié à Vita. À travers cette correspondance, c’est un nouvel aspect du fascinant et multiple visage de Virginia Woolf que nous apprenons à mieux connaître encore.

11/2010

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Histoire de France

Histoire de la colonisation française. Tome 1, Le premier empire colonial, des origines à la Restauration

L'ancienne France, qui avait au Moyen Age conquis l'Angleterre, fondé le royaume de Sicile et participé à la création des Etats francs d'Orient, reste sur la réserve quand, aux XVe et XVIe siècles, Portugais et Espagnols se partagent le monde. En dépit de l'absence politique de la nation, des négociants et des marins issus des provinces maritimes sillonnent les eaux du globe, commerçant, pêchant, s'essayant même, en violation du monopole ibérique, à quelques tentatives d'installation. La révolte des Hollandais contre les Espagnols et leur assaut victorieux contre l'Asie portugaise des épices entraînent bientôt Français et Anglais dans la voie des conquêtes durables. Alors que le roi de France demeure en Europe prisonnier des guerres extérieures et civiles, des aventuriers lui offrent un empire colonial : la Nouvelle-France, Terre-Neuve, la Guyane, les Antilles, la Louisiane, les Mascareignes, Pondichéry. Quoique peu peuplé et mal défendu, ce domaine d'outre-mer prend conscience de sa réalité sous Colbert. Pourtant à la fin de son règne, Louis XIV concède un premier démembrement de ses possessions aux Anglais. En 1763, Louis XV ne possède plus que quelques îles et quelques comptoirs. C'est alors que la disparition de l'empire territorial en friche révèle la richesse de l'empire commercial antillais qui permet à la France de dominer les marchés des sucres et des cafés. Mais bientôt, à Saint-Domingue, la Révolution sonne l'heure du soulèvement des esclaves. Napoléon, malgré les moyens qu'il met en œuvre pour anéantir l'Angleterre et s'approprier son empire colonial, échoue. La " seconde guerre de Cent Ans ", commencée sous le Grand Roi, s'achève : la Grande-Bretagne exerce une hégémonie planétaire qu'elle conservera jusqu'à la Seconde Guerre Mondiale.

12/1991

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Sociologie

RETOUR SUR LA CONDITION OUVRIERE. Enquête aux usines Peugeot de Sochaux-Montbéliard

Que sont devenus les ouvriers ? Objet de toutes les attentions depuis la révolution industrielle jusqu'aux années 1980, les travailleurs d'usine n'intéressent plus grand monde après l'échec du projet communiste et l'effondrement de leurs bastions industriels. Parmi ces derniers, l'automobile. Dans ce secteur, les usines Peugeot de Montbéliard occupèrent longtemps une place de choix : forte concentration ouvrière, taux exceptionnel de syndicalisation, toute une région organisée autour de ses ateliers. Les choses ont bien changé aujourd'hui, puisque si les effectifs s'élevaient à 42 000 salariés en 1979, l'usine ne compte plus que 20 000 travailleurs. En dépit de cette réduction drastique, Peugeot-Montbéliard est la plus grande usine de France. C'est là que, dix ans durant, les auteurs ont enquêté. D'abord dans l'usine elle-même, pour comprendre les changements intervenus dans l'organisation du travail. Dans les établissements scolaires ensuite, pour saisir à la source le conflit de générations qui déchire le tissu familial. Brisée dans son unité, démoralisée, désormais dépourvue de repères politiques, méprisée par ses enfants, la classe ouvrière vit un véritable drame - à l'écart des médias. Certes, les ouvriers continuent d'opposer avec un succès relatif certaines de leurs traditions de résistance à la dynamique qui les détruit. Le déclin, pourtant, paraît irréversible. Or, avec la classe ouvrière, c'est le monde d'hier qui tire sa révérence. Et si cette remarquable enquête sur la nouvelle condition ouvrière, sensible et documentée, fait toute sa place à la parole ouvrière, c'est pour rendre hommage à ces hommes et à ces femmes dont la dignité est aussi imposante que celle dont firent preuve leurs parents à l'heure des victoires. C'est aussi parce que leur témoignage interpelle la société tout entière.

11/1999

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Critique littéraire

Ma vie

A neuf ans, Marcel Reich-Ranicki quitte la Pologne pour Berlin. En guise d'adieu, sa maîtresse d'école lui dit : " Tu pars, mon fils, pour le pays de la culture. " Mais aux yeux du jeune Marcel, le " pays de la culture " comporte bien des zones d'ombre. Ce sentiment ambivalent le poursuivra toute sa vie : le bonheur qu'il doit à la littérature, à la musique et au théâtre allemands semble indissociable de la barbarie. En 1938, jeune bachelier, Reich-Ranicki subit, le sort de nombreux juifs. Chassé d'Allemagne, il est enfermé avec les siens dans le ghetto de Varsovie où il connaît les pires humiliations : " Nous avons sans cesse tenté d'oublier notre malheur et de refouler notre peur. La poésie était notre asile, la musique notre refuge. " Avec sa femme, Tosia, il survit à l'enfer, par hasard et de manière dramatique : ils parviennent in extremis à s'échapper. Marxiste dans la Pologne d'après-guerre, Reich-Ranicki est le témoin accablé du sort réservé par les vainqueurs communistes aux juifs ayant survécu à l'Holocauste. De retour en Allemagne, en 1958, il devient critique pour l'hebdomadaire Die Zeit, et fait rapidement autorité dans le monde des lettres. En dépit de cette notoriété, il se sentira toujours en marge, éternel étranger. Des écrivains du " Groupe 47 " aux milieux journalistiques, de Bertolt Brecht à Anna Seghers, en passant par Elias Canetti, Thomas Mann, Böll, Frisch, Grass et bien d'autres, Reich-Ranicki esquisse un tableau haut en couleur de la vie littéraire allemande. Cette autobiographie révèle un critique lucide, un conteur de tempérament et un témoin incorruptible du siècle : Ma vie est à la fois un récit d'apprentissage, une chronique, un essai littéraire, une fresque sociale et une confession privée.

03/2001

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Histoire et Philosophiesophie

Le siècle du gène

Historienne et philosophe des sciences, professeur au MIT, Evelyn Fox Keller présente ici une analyse du progrès de la génétique et de la biologie moléculaire au XXe siècle. Sans s'en tenir à une histoire de la biologie qui passe du gène, dont le mot est forgé en 1909, au génome, avec l'achèvement, au moins partiel, du projet " Génome humain " en février 2001, Le Siècle du gène attire notre attention sur les façons surprenantes dont cette progression démolit les idées courantes, voire caricaturales, sur le gène et sur le programme génétique que la plupart d'entre nous partagent encore. Evelyn Fox Keller montre en effet que les succès mêmes qui ont emporté notre imagination ont aussi radicalement miné le caractère central du gène en tant que concept explicatif de l'hérédité et du développement, même s'il continue d'être utilisé et n'est pas près d'être abandonné. Avec le séquençage complet du génome humain, les biologistes en sont venus à se rendre compte qu'ils n'avaient pas atteint la fin de la biologie, mais qu'ils étaient au commencement d'une nouvelle époque. Non seulement ils n'avaient pas trouvé le " secret de la vie ", mais cet aboutissement révélait plus encore la complexité de l'ordre du vivant et les limites de la vision qui fut à l'origine de la génétique. Il restait cette fois à comprendre la manière dont les composants élémentaires s'assemblent et " fonctionnent " ensemble, ce qui rend leur assemblage robuste, fiable et apte à évoluer. Dans un petit ouvrage clair, précis et au ton alerte, en dépit de la difficulté du sujet, Evelyn Fox Keller réussit à introduire le non-spécialiste à des questions qui engagent la portée des applications de la science et les enjeux actuels de la recherche.

03/2003

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Beaux arts

L'art, avec pertes ou profit ? Des compétences de l'art dans l'entreprise

On voit fleurir en Europe des entreprises arty à l'image des entreprises "éthiques" . Ainsi, la banque Neuflize OBC (France) et le groupe Lhoist (Belgique), producteur mondial de chaux, passent régulièrement commande auprès de photographes contemporains ; l'industriel Akzo Nobel (Pays-Bas) a créé une fondation qui accueille des artistes en résidence ; le groupe Teseco (Italie), spécialisé dans le traitement écologique des déchets, a mis en oeuvre un "laboratoire pour l'art contemporain" ; le Deutsche Guggenheim (Berlin), nouveau musée d'art contemporain, est issu d'une joint-venture entre la Deutsche Bank et la fondation Guggenheim. Cet intérêt, voire cette prédilection pour l'art touche les grands groupes comme les petites et moyennes entreprises. Pourtant, l'alliance ne va pas de soi. Dans quel (s) but (s) l'entreprise s'intéresse-t-elle à l'art ? Et avec quelle légitimité ? Quelle finalité l'art peut-il trouver dans le monde du travail ? S'y dévoie-t-il ? A ces questions les auteurs répondent en étudiant différents exemples européens et la particularité française : le pays de l'exception culturelle demeure aussi celui du mécénat modeste, en dépit de signes encourageants, telle la loi du 1er août 2003. Que l'entreprise soit utile à l'art et singulièrement à l'art d'aujourd'hui, les auteurs en sont cependant convaincus. Car ils ont enquêté à l'échelle européenne et relevé, pays par pays, des stratégies et des méthodes entrepreneuriales convaincantes : soutien de projets, production d'oeuvres, collections et fondations d'entreprise. Ils analysent cette capacité de l'art à jouer divers rôles : faciliter l'expression des identités, véhiculer des valeurs culturelles, enrichir le quotidien des salariés... Autant de raisons pour lesquelles l'oeuvre d'art exerce sur l'entreprise une attraction sans précédent.

03/2007

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Philosophie

Le temps. Temps cosmique, Temps vécu

Qu'est-ce que le Temps ? Quelle est sa nature et quel est son mode d'existence ? Quelle est la relation de l'esprit au temps ? S'il est vrai que le temps, à la fois familier et mystérieux, est inscrit au coeur de la condition humaine comme au coeur des communautés humaines engagées dans une histoire, en quoi une réflexion sur le temps permet-elle de comprendre la condition humaine et les rapports complexes que les sociétés humaines entretiennent avec le temps ? Enfin, est-il possible de transcender le temps ? Ou bien la sagesse se résume-t-elle à l'art du bon usage que nous devons faire du temps ? En dépit d'un questionnement bimillénaire, énigmatique demeure la nature du temps. Et certes, le temps reste paradoxalement insaisissable, alors que nous y sommes plongés sans pouvoir jamais en faire abstraction. Si la réflexion sur le temps se heurte à maintes apories qui résistent, c'est que le temps est une réalité contradictoire sur l'expérience de laquelle la pensée vient sans cesse se briser, oscillant entre une définition tautologique et une interprétation dénaturante du temps. Le problème du temps n'en constitue pas moins l'une des questions fondamentales de la philosophie, voire même l'unique problème philosophique. Le problème du temps fait ici l'objet d'une élucidation systématique qui conjugue approche philosophique, apports des sciences de la nature et apports des sciences humaines. Embrassant les diverses formes de temps - temps physique ou temps cosmique, temps biologique, temps psychologique, temps social, temps historique - et s'interrogeant sur leur articulation, le présent ouvrage se propose de donner une vue d'ensemble, cohérente et rigoureuse, de cet immense sujet.

06/2018

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Actualité et médias

EXIL A L'ELYSEE. Journal intime de Jacques Chirac, tome 3, mai 1996-juillet 1997

" Bernadette et Claude ont au moins ce point en commun : elles craignent toujours que je pardonne trop facilement. Elles veulent me protéger de moi-même. Depuis le temps, pourtant, elles devraient savoir ! Combien d'ennemis n'ai-je pas étouffé sous les baisers ? J'observe Claude et Thierry Rey, curieux couple de copains, tellement plus modernes mais pas plus tendres l'un avec l'autre que Bernadette et moi. C est de famille, cette incapacité à s'extérioriser entre nous. La nostalgie n'est pas mon genre. Je n'ai jamais été fait pour le bonheur béat. A peine franchi un obstacle, il m'en faut un autre. Je m'ennuie dans les situations trop planes. Je me sens prisonnier. J'ai toujours eu besoin d'escapades, de fugues. En dépit - ou à cause - de mon père. " Quand on va se fourrer dans des mauvais coups, me répétait-il, il faut s'attendre à prendre des sales coups. " Un bien sale coup, en effet, que le résultat imprévu des élections législatives ! Jacques Chirac, suite à sa décision de dissoudre l'Assemblée nationale, se voit désormais contraint de cohabiter avec un Premier ministre socialiste, deux ans seulement après avoir conquis la magistrature suprême. Du jamais vu ! Christine Clerc, en prêtant une nouvelle fois sa plume au Président, révèle les secrets et les rebondissements de cette année terrible : de la solidarité sans failles avec Alain Juppé aux recettes politiques soufflées par Ambroise Roux, des altercations avec Bernard Pons à Jean-Louis Debré pleurant la mort de son père, de la guerre entre les différents courants de la droite à sa débâcle. Une défaite et un exil à l'Elysée qui, paradoxalement, ont peut-être libéré Jacques Chirac.

08/1997

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Religion

Aix-en-Provence

Le territoire de l'actuel diocèse d'Aix, qui recouvre les deux arrondissements administratifs d'Aix et Arles, ne constitue pas une entité géographique ni historique. Géographiquement, il a des frontières qu'on peut appeler naturelles sur trois côtés : au sud la mer et la chaîne de montagnes qui s'étend de la Nerthe à la Sainte-Baume par le massif de l'Etoile; à l'ouest le cours inférieur du Rhône et de la branche occidentale du delta ; au nord celui de la Durance. Mais le quatrième a été tracé de façon tout à fait arbitraire entre le bassin de l'Arc et celui de l'Argens. Historiquement, ces frontières ont souvent varié, même avec Marseille, qui lors du Concordat de 1801 a dû céder à Aix l'enclave de Saint-Cannat et trois paroisses dans la région de la Nerthe. Le nord-ouest du département des Bouches-du-Rhône, entre Alpilles et Durance, a longtemps fait partie du diocèse d'Avignon ; inversement le pays d'Aigues, entre Durance et Luberon, aujourdbui dans le Vaucluse, faisait comme son nom l'indique, partie du diocèse d'Aix ; et surtout celui-ci, jusqu'à la Révolution, s'étendait assez loin dans ce qui est devenu le département du Var. Même sans tenir compte des années (de 1801 à 1823) où tout ce département et l'arrondissement de Marseille ont fait partie du diocèse d'Aix, l'on voit qu'il y a eu un certain flottement dans les assises territoriales des évêchés. En gros cependant, on constate que, des origines au Concordat de 1801, le diocèse actuel correspond aux deux évêchés d'Arles et d'Aix. Leur histoire ne sera pas ici exposée séparément, en dépit des différences, voire des oppositions qui ont pu se présenter. Pour chaque période, c'est ensemble que l'on s'efforcera de les envisager

01/1975

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Histoire de France

CRIS DE HAINE ET RITES D'UNITE. La violence dans les villes, XIIIème-XVIème siècle

La violence semble une composante permanente de la vie urbaine au Moyen-Age. Dans l'espace clos que ménagent les remparts, une société particulière s'est constituée en effet, que des dissensions multiples écartèlent. Jeunes et vieux, laïcs et clercs s'y adonnent également, partageant les rivalités politiques, les querelles d'intérêt, les rancoeurs des laissés-pour-compte, ou les haines que développent parmi les populations chrétiennes la présence de minorités juives ou arabes. Quelles que soient ces manifestations - rixes, assassinats, viols, crimes crapuleux, attentats contre les forces de l'ordre, insultes ou blasphèmes - la violence trouve en ville le support de solidarités constituées et s'inscrit dans les rythmes quotidiens : ceux de l'habitation, de la rue, ou des multiples lieux de rencontre qu'offre la cité. Les temps exceptionnels de la fête ou de la révolte exaspèrent ses accès, la rendent sauvage et passionnelle. Pour la prévenir ou la maîtriser afin qu'elle se maintienne en deçà d'un seuil de tolérance, les autorités imaginent bien des procédés, depuis les instances de conciliation ou les prédications de paix jusqu'à la répression policière, en dépit des faiblesses qu'elle présente. Cependant, les peines et les exécutions publiques, qui légitiment les manifestations officielles de la pire cruauté, traduisent une interprétation sélective du crime et un jugement inégal des violents. Tolérée lorsqu'elle exprime le style de vie des notables, la violence est réprimée avec ardeur quand elle se charge d'une menace pour l'ordre politique ou social. A la fin du Moyen-Age, au moment où la puissance de l'Etat se veut démonstrative, la seconde interprétation devient plus fréquente et marginalise une fraction de la population urbaine dont on exagère ou redoute les excès.

12/1996

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Philosophie

La société ouverte et ses ennemis Tome 2 : Hegel et Marx

Longtemps méconnue en France, l'oeuvre de Karl Popper, logicien et épistémologue, est un classique à l'étranger. La Société ouverte et ses ennemis, écrit au début de la Seconde Guerre mondiale, est un ouvrage de philosophie politique : plaidoyer passionné pour la démocratie, contre le totalitarisme de droite ou de gauche. A la société close et immuable à base de tribalisme et de magie, l'auteur oppose la société ouverte, contrôlée par la raison, où la volonté de l'individu peut librement s'exercer. A Platon, à Hegel, à Marx, il reproche de ne reconnaître l'histoire que pour ajouter qu'elle obéit à des lois qui déterminent le cours des événements : idée qui paralyse le progrès, en le soumettant à la fatalité historique. Elle a conduit le premier à proposer une cité dirigée par une élite omnipotente et omnisciente, où l'individu n'est rien et où la collectivité est tout ; le second à se faire le maître à penser de l'Etat prussien et le théoricien d'une société dont se réclamera le totalitarisme ; le troisième, en dépit d'une description perspicace des rouages de la société de son temps, à transformer des hypothèses en dogmes ; la science, qui repose sur l'expérience, doit pouvoir à chaque instant être remise en question. Karl Popper soutient que l'homme peut forger son destin collectif en s'appuyant sur l'expérimentation et en procédant au coup par coup, pour progresser en éliminant les erreurs. Karl Popper Né à Vienne en 1902, mort à Londres en 1994. Recherches en épistémologie. Un temps marxiste. Réfugié en Nouvelle-Zélande de 1937 à 1945. Etabli ensuite en Angleterre. Une oeuvre capitale dans les deux domaines de la méthode scientifique et des sciences politiques. Traduit de l'anglais par Jacqueline Bernard et Philippe Monod.

04/1979

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Histoire de France

Toussaint Louverture. Un révolutionnaire noir d'Ancien Régime

En dépit des principes clamés à la face du monde, la Déclaration des Droits de l'homme (blanc...) n'eût sans doute jamais débouché sur l'abolition de l'esclavage sans l'agitation qui s'empara de Saint-Domingue à l'annonce des troubles de la métropole et sans l'action décisive de Toussaint Louverture. Allié tantôt aux Espagnols (qui tenaient l'autre partie de l'île) contre les Français, tantôt à ceux-ci contre les Anglais (qui avaient porté la guerre outre-mer), cet ancien esclave autodidacte (affranchi en 1776), énergique et courageux, doué d'un sens politique exceptionnel, finit par obtenir la libération de ses frères de race puis par faire concéder à l'ensemble de l'île une indépendance de fait. Bien plus tard, à Sainte-Hélène, Napoléon devait regretter de n'avoir pas mieux su utiliser un homme aux capacités aussi évidentes et de l'avoir fait emprisonner au fort de Joux (Jura)... Mais est-ce à dire que ce libérateur voulut imposer aux habitants de la "perles des Antilles" les principes de 89 ? En un mot, fut-il un révolutionnaire ? Certainement pas ! Ce n'est pas un fils des Lumières : catholique fidèle sinon bigot, il ne remet pas en cause l'ordre du monde ; Noir, il oeuvre pour les Noirs et se moque du sort des sang-mêlé (quand il ne les massacre pas). Fasciné par l'apparat de l'Ancien Régime, il en copie les pompes et le protocole. En tout, il cherche à reconstituer la structure coloniale, mais seulement en faveur des Noirs. Toussaint Louverture fut en fait, et sans paradoxe, un révolutionnaire d'Ancien Régime désireux seulement de substituer à l'ordre blanc un ordre noir.

05/1989

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Histoire internationale

Résilience des victimes à Abidjan. Débrouille de femmes après la guerre civile ivoirienne

Ce livre est une ethnographie rapide des formes de résilience que les femmes victimes de la guerre civile ivoirienne mobilisent à Abidjan, la capitale économique du pays, pour faire face aux problèmes de base de la vie ordinaire (se loger, se nourrir, se soigner, scolariser ses enfants, etc.). L'ouvrage montre comment, après la guerre civile ivoirienne (2002-2011), ces victimes ne se sont pas résignées, au contraire. Elles ont multiplié les stratégies pour s'en sortir, devenant une part active de l'économie de débrouille qui s'est emparée de la métropole abidjanaise. L'enquête de terrain a permis d'interroger un haut responsable du ministère des Victimes et de rencontrer les responsables d'ONG spécialisées. Il ressort de cette démarche empirique qu'en dépit de la création d'un ministère dédié aux victimes, la transition humanitaire n'a pas mis en place une politique d'accompagnement durable de celles-ci. Au cours des entretiens semi-directifs accordés aux femmes victimes de la guerre civile, elles ont indiqué qu'elles ne se sentent pas exister pour l'Etat et les ONG, que beaucoup n'ont jamais vu passer devant leurs portes. Lorsqu'elles ont été contactées ou accompagnées par ces structures, les victimes ont été déçues ou soupçonnent l'Etat et ses alliés de procéder à une aide "à tête chercheuse" qui profiterait aux ressortissants de certaines régions du pays et pas à d'autres. Ce livre montre que pour ces veuves, mères célibataires ou amputées, la solidarité s'est mise "en mode échec". La résilience participe des stratégies individuelles de survie, qui ne suffiront pas à une réinsertion sociale digne de ce nom, même si la volonté affichée des femmes victimes est de se reconstruire à distance de l'Etat.

11/2017

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Littérature française

Le passager de Zanzibar

Zanzibar, archipel de l'Océan indien, situé à hauteur des côtes tanzaniennes, nous dit le dictionnaire. C'est peu et beaucoup à la fois. Suffisamment exotique cependant, pour attiser les fantasmes d'Ulysse, le narrateur de ce roman tout à la fois "Vernien" et... "Lamatabien". Vernien en ce que le passager de Zanzibar, plus marin que terrien, n'a d'yeux que pour les îles du bout du monde ; Lamatabien, eu égard à la fascination du héros (dont la maman, mozartienne accomplie, faillit l'appeler Amadéus !) pour le grand amour et son contraire : le monde interlope des bars à p..., des chansons à boire et des mères maquerelles plutôt "fleurs bleues", en dépit des apparences. Les Pénélope de "JCL" se déclinent au pluriel et non au singulier. La sulfureuse Christiane succède à la sage et douce (?) Laurence avant que d'entraîner Ulysse, peu désireux de résister au chant des sirènes, dans une série d'aventures extraordinaires où le conteur l'emporte sur le poète élégiaque. On l'a compris, dans ce récit, débordant d'intrigues et de rebondissements, Ithaque se prononce Zanzibar, sur les traces de Rimbaud, Kessel et Conrad, lesquels, persifle l'auteur, tout grands voyageurs qu'ils fussent, n'y sont jamais allés. On retrouve, dans cet hymne à la mer et à la déesse Aphrodite que hante, parfois, outre la terrible histoire de l'esclavagisme, la figure tutélaire de Salomon et la reine de Sabah, les accents mythologiques de Des plumes et des hommes, autre récit de JCL. La vie est là, dans sa rudesse et sa tendresse, ses horreurs aussi. Et la vie est roman. Un roman que Jean-Claude Lamatabois eût pu intituler : Ulysse et la vraie vie...

01/2018

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Littérature française

Vita Nova solo, carnet dune traversée

Ca commence par une dégringolade. A la fin d'un repas, 25 ans de vie de couple tombent soudain de la table et se brisent en morceaux qui ne s'ajusteront plus. Vita Nova solo est le carnet d'une reconstruction. Faisant avec ce qu'elle a - avec ce qu'elle est -, la narratrice ajuste 567 fragments dépareillés : bribes de pensées, expériences quotidiennes, lectures, images, mais aussi aphorismes décapants et éclats de rires. Tout est bon pour tenir debout dans la Vita nova. "La forme du carnet est souple. Elle permet la mise en mouvement de ce qui pourrait se figer en histoire mortifère. Entre le carnet du conjoint qu'il n'aurait pas fallu lire et celui qu'il faut ouvrir pour survivre, une fois "disjointe" , un chemin peut s'inventer, une issue se préparer. Ce sera à coups de verbes à l'infinitif, enfoncés comme des clous. Verbes passifs, pour constater, avouer, s'autoriser les larmes, verbes actifs pour se donner du courage, pour s'exhorter à réfléchir, à décider. Les notes s'accumulent au jour le jour. Tenter de comprendre. Ne pas se soumettre. Faire front au cataclysme de la séparation. Le ton n'est pas dénué de férocité, façon Virginia Woolf. La lucidité s'exerce et le "je" n'est pas à l'abri de l'autodérision. La solitude s'apprend. Il arrive même qu'elle se savoure. L'expérience est universelle. Qu'importe que l'on soit homme ou femme. Ce trajet vers une réappropriation de soi, vers une acceptation des tempêtes et métamorphoses liées au vivant, Marcelline Roux en rend compte avec énergie. Parfois même, en dépit de la douleur, avec une pointe d'allégresse réjouissante ! " Françoise Ascal (extraits de la préface)

09/2018

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Philosophie

Oeuvres complètes. Tome 8, Correspondance

Sur les milliers de lettres que Destutt de Tracy a écrites tout au long de sa vie, près de 250 seulement sont parvenues jusqu'à nous. Parmi ses nombreux correspondants, on compte notamment ses amis Cabanis, Daunou, Fauriel, Maine de Biran et Mme de Staël ou des hommes politiques comme le président américain Jefferson ou le président argentin Rivadavia. En dépit de ses lacunes, cette correspondance est riche d'enseignement dans trois domaines : La biographie intellectuelle du fondateur de l'Idéologie, en permettant à la fois de retracer son itinéraire et la genèse, souvent complexe, de ses écrits et de pénétrer dans sa " société " : ses intimes comme ses amis et, plus largement, son réseau de relations au centre duquel se trouve l'Institut national et les assemblées dont il a été membre : la Constituante, le Sénat sous l'Empire ou la Chambre des pairs sous la Restauration ; La philosophie, en mettant à jour tout ce qui le sépare de Maine de Biran, entré en dissidence dès 1802, de Mme de Staël et du groupe de Coppet ou encore de la pensée allemande. Sous la Restauration, on peut voir aussi que Destutt de Tracy reste fidèle à lui-même en refusant de se rallier aux Doctrinaires, aux Eclectiques ou aux Saint-Simoniens et en attendant beaucoup de jeunes savants physiologistes comme Flourens ; La politique, où s'exprime une opposition sans concession aux privilèges aristocratiques et plus encore aux pouvoirs religieux, en regard d'un attachement sans faille au régime représentatif et aux libertés individuelles. On peut suivre quasiment à la trace son positionnement par rapport aux différents régimes qui se succèdent depuis 1789 jusqu'à 1830, ainsi que les espérances qu'il place dans les pays neufs, l'Amérique de Jefferson et l'Argentine de Rivadavia.

09/2018

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Histoire de France

Dictionnaire amoureux de François Mitterrand

Le 8 janvier 2016, cela fera 20 ans que François Mitterrand s'est éteint. Jack Lang fut un des témoins privilégiés de la carrière politique de François Mitterrand, aussi longue qu'exceptionnelle, qui fera de lui le premier homme de gauche à être élu à l'Elysée en 1981. Réélu en 1988, il sera également le premier président à exercer ses fonctions durant deux septennats consécutifs. Homme de gauche, mais non encarté dans un parti, impliqué dans le théâtre à Nancy, Jack Lang rencontre François Mitterrand pour la première fois dans les années 1970, à la demande de ce dernier. Dès cet instant, c'est un coup de foudre intellectuel réciproque et ils ne se quitteront plus. Ils écriront ensemble parmi les pages les plus célèbres de la gauche au pouvoir, notamment en termes de politique culturelle : grands travaux, pyramide du Louvre, Grande Bibliothèque, loi sur le prix unique du livre, la liste est longue. Au-delà de cet engagement politique commun, Jack Lang deviendra l'ami de la famille Mitterrand, et sera l'un des rares à être invité régulièrement à Latche, l'antre du Président, privilège réservé aux vrais intimes. Là, il découvrira à l'occasion de longues promenades dans la campagne, le Mitterrand secret, aux vies multiples et aux amitiés aussi solides que l'airain, en dépit des années et des événements. De A à Z, Jack Lang fait revivre pour nous l'homme, l'ami, le politique et le Président, mais aussi l'homme de gauche engagé dans un combat pour la justice sociale, le passionné de culture, de littérature, des arts sous toutes leurs formes. Qui mieux que Jack Lang, qui fut son ami durant ces "décennies Mitterrand", pouvait nous convier à ce voyage, aussi amoureux qu'impartial, dans la mémoire d'un homme public dont il reste cependant encore beaucoup à découvrir ?

12/2015

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Critique littéraire

Pierre Boutang

En 1998, toute la presse française se fait l'écho de la disparition de Pierre Boutang et le monde intellectuel, longtemps divisé à son sujet, rend un hommage unanime à ce maître – à la fois méta- écrivain, critique, poète et traducteur. Aujourd'hui, en dépit du centenaire de sa naissance (1916-2016), la postérité semble oublier injustement celui qui fut aussi le fondateur du journal La Nation française (1933-1961). A ceux qui en ont une image toute faite – celle d'un personnage colérique, d'un penseur sulfureux ou même "facho" –, cette biographie fournira bien des démentis et des nuances : en politique, fut-il maurrassien ou gaulliste ? pétainiste ou giraudiste ? traditionaliste, anarchiste ou antimoderne ? Fut-il un homme de droite, ce pourfendeur de l'Argent qui appelle à voter Mitterrand en 1981 ? Un homme de gauche, cet adversaire du marxisme et du Progrès ? Et comment situer un catholique en proie aux formidables débordements d'Eros ? Ceux qui ne le connaissent pas encore découvriront ici quelle immense figure de la vie intellectuelle française fut Pierre Boutang – lecteur phénoménal, professeur adulé après avoir été longtemps exclu de l'université, mais aussi pamphlétaire à la plume acérée, et surtout philosophe de la transcendance de l'être et du désir. Traversant un demi-siècle de pensée et de débats, où se croisent les voix des maîtres et amis de Boutang – de Gabriel Marcel à Jean Wahl, de Philippe Ariès à Roger Nimier, de Maurice (javel et Raymond Aron à George Steiner –, nourri de témoignages et de documents inédits, Stéphane Giocanti révèle la genèse d'une oeuvre en forme d'"odyssée du secret" et, sans éluder sa part d'ombre, brosse le portrait d'un inclassable géant du XXe siècle.

03/2016

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Histoire de France

Les derniers libertins

Ceci n'est pas un livre d'histoire, et pourtant tout y est avéré. C'est le roman vrai des derniers feux de la monarchie, la chronique d'une civilisation au raffinement inégalé, et que 1789 emportera à jamais. Le roman vrai de sept destins, chacun emblématique et unique à la fois. Des aristocrates de haut lignage, dotés des vertus dont tout noble doit s'enorgueillir : fierté, courage, raffinement, culture, esprit, art de plaire. Ils se connaissent, sont cousins ou rivaux, libertins dans une société où l'on veut aimer à sa guise, puisque le mariage y est de convenance. Maîtresses officielles ou secrètes, liaisons épistolaires et enflammées, dépit, faveur, puis disgrâce... Jamais l'art de conquérir ne fut porté à cette incandescence. Chacun d'eux, en même temps, veut se forger un destin. Prétendant aux plus hautes fonctions au service du Roi, ils devront composer avec la cour où les alliances se font et se défont au gré d'intrigues savantes et souvent cruelles. On croisera Talleyrand, Laclos, Marie-Antoinette dans la légèreté de ses vingt ans, les chroniques savoureuses du prince de Ligne ou de la comtesse de Boigne, les billets, les poèmes que cette élite lettrée et cosmopolite s'échange à chaque heure du jour. Ils sont aussi les enfants des Lumières, et accueillent avec d'autant plus d'intérêt les idées nouvelles qu'ils croient possible de les concilier avec leurs propres privilèges. Mais la Révolution balayera cet espoir. Certains prendront les armes, d'autres le chemin de l'exil ; ce sera la ruine, la guillotine pour deux d'entre eux. Pour tous, la fin d'un monde. Avec une plume enjouée et complice qui rappelle les meilleurs mémorialistes, Benedetta Craveri a composé ici un magnifique hommage à cette génération perdue qui incarna, plus qu'aucune autre, une certaine douceur de vivre.

10/2016

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Littérature française

Le chien de Ngouelessou

Je fus mariée de force à l'ami intime de mon père à l'âge de quinze ans. En plus d'être alcoolique, il fumait comme une cheminée. La première nuit des noces, je ne pus fermer l'oeil parce qu'il sentait le bouc et ronflait comme une locomotive. Je le lui fis savoir en manifestant mon dépit. Ce qui me valut une gifle que je qualifie aujourd'hui de baffle, comparée aux tortures et aux humiliations qui allaient suivre au foyer. Coups de poing, coups de pied, viols et menaces de mort, composeront le menu quotidien de ma maltraitance. Le plus grave et je me dois de le fustiger ici et maintenant, c'est la lâcheté de mon entourage. Mes voisins fermaient les yeux, les portes et les fenêtres chaque fois que je subissais ces supplices, prétextant qu'ils ne pouvaient violer notre intimité conjugale. Que dire de ma propre famille, qui me reconduisait dans cet enfer chaque fois que je me réfugiais auprès d'elle ! Nous devons à tous les prix briser ce cycle de la terreur, car nous pâtissons aujourd'hui des sottises de nos ancêtres qui instaurèrent ces usages anciens ayant force de loi et traitant la femme comme un être à part... La femme n'est pas un tam-tam. Elle est une mère, une fille, une soeur, une compagne. C'est elle qui assure la pérennité de l'espèce humaine en engendrant et en portant des bébés dans son ventre pendant neuf mois. C'est à elle et à elle seule que Dieu a donné le pouvoir de donner la vie. A ce titre, elle mérite mieux que la maltraitance, elle mérite de l'attention, de l'amour et un grand honneur.

10/2016