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Bruit blanc

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Littérature étrangère

Le voyage des bouteilles vides

«Les gouttes de pluie tambourinaient maintenant clairement sur les bouteilles vides. Elles étaient dans l'herbe, à mes pieds, mais j'entendais un bruit, celui de gouttes derrière moi. Je tournai la tête et vis un tas de bouteilles vides alignées dans l'obscurité. Prêtes à partir. Pour entreprendre leur voyage. Le voyage des bouteilles vides.»C'est ainsi que Bolfazl, réfugié politique iranien, vit son exil aux Pays-Bas. Il découvre un pays où on fête les anniversaires, mais non les morts. Un pays où il n'y a pas de rideaux aux fenêtres et où on montre ses jambes, son ventre, son sexe. Un pays où deux hommes peuvent vivre ensemble et dormir dans le même lit, comme ses nouveaux voisins. Mais la Hollande, pour Bolfazl, c'est aussi un paysage fait de digues, d'herbes hautes et d'oiseaux, où le brouillard et les nuages l'empêchent de s'orienter : lors de sa première visite, il ne sait pas indiquer à sa mère dans quelle direction elle doit se tourner pour sa prière... Le voyage des bouteilles vides est ainsi l'évocation poétique d'un destin entre deux pays et deux cultures dont le charme très singulier vient de la juxtaposition réussie de deux imaginaires, l'un occidental, l'autre persan.

05/2001

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Economie

Bonnes nouvelles d'Afrique. Colloque de Bordeaux, 17 mai 2013

Tandis que les pays riches restent depuis cinq ans obnubilés par "la crise" qui, par ses turbulences inattendues en haute altitude, trouble un peu l'expansion de l'opulence à laquelle ils sont habitués, et que la Chine pour sa part semble atteindre un palier de transformation dans sa prodigieuse croissance, l'Afrique connaît à bas bruit une mutation positive où s'esquisse une émergence qui étonnera le monde. Les plaies endémiques de ce continent (maladie, pillage, guerres, corruption, etc.) reculent tandis qu'une croissance soutenue amorce un chemin de réel développement pour une population en passe d'égaler avant longtemps celle de la Chine ou de l'Inde. Plus significatif encore, le morcellement qui a toujours fragmenté ce continent commence à le céder à une extension rapide de toutes les formes de mise en réseau, tandis que les effets d'une vaste diaspora tissent partout des liens vivaces avec le reste du monde. L'Afrique, dernière venue dans l'immense mouvement tectonique d'émergence qui transfigure le monde depuis un tiers de siècle, apporte à l'humanité l'énergie d'un renouveau avec lequel il faudra compter, et dont les promesses invitent à passer envers elle d'une culture de l'aide à une éthique de la synergie.

01/2014

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Littérature française

L'impasse du corbeau

"Bientôt, elle arrive place de la Bastille, la foule gronde, les voitures s'enchevêtrent, un puissant maelström de poussière et de bruit envahit l'air, le monstre énorme exhale par bouffées un souffle haletant. Cécilia lève la tête, l'ange ailé au sommet de la colonne est bien là qui guette l'horizon, le soleil lui fait un casque d'or, la journée va être belle et triomphante. Elle reste toujours, pensive et comme illuminée sur le terre-plein à l'abord du boulevard Henri IV. Elle n'oublie jamais de se retourner et de regarder à nouveau, tout en haut de la colonne, l'ange doré du génie de la Bastille. Elle lui fait un petit signe complice et toujours l'ange qui la reconnaît lui fait un clin d'oeil ou bouge un peu sa main pour lui rendre son salut. Personne ne s'en aperçoit bien sûr, sauf Cécilia dont le coeur palpite". Cécilia, Hervé, Maurice et Sarah, Valentin, Olivier, Rodolphe, ce sont quelques-uns des nombreux petits Parisiens ordinaires qui vivent dans le douzième près de la place de la Bastille au pied de la colonne surmontée de son génie. Mais ils ont tous une histoire triste ou sublime qui fait battre le coeur.

01/2014

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Sciences historiques

Les métamorphoses du travail contraint. Une histoire globale XVIIIe-XIXe siècles

Les récits de Conrad m'accompagnent depuis mon enfance. A cette époque, j'aimais surtout l'aventure, le bruit et le parfum de la mer. [... ] Je pensais avoir mis de côté Conrad jusqu'à ce que, il y a quelques années, un ami [... ] me dise : as-tu remarqué que tes terrains de recherche suivent à peu près les périples de Conrad ? Le livre de l'historien Alessandro Stanziani ne parle pas des voyages de Joseph Conrad, mais des travailleurs et des asservis que l'écrivain polonais a côtoyés : les serfs de Russie, les salariés et les marins des empires français et britannique, les esclaves et les immigrés de l'océan Indien. Il s'achève au Congo, dans les violences extrêmes perpétrées contre les indigènes par des compagnies coloniales en quête effrénée de profits. De la pensée des Lumières à l'évolution du droit et à la réalité des conditions de travail, Alessandro Stanziani montre par son approche globale que l'histoire du travail forcé ne peut se comprendre qu'en relation avec celle du travail libre. Les deux aires ne cessent de se superposer et de se répondre mutuellement pour écrire une seule et même histoire encore inachevée, celle d'une difficile émancipation.

09/2020

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Littérature française

L'ange gardien du samouraï. Intrigue captivante inspirée de 27 enseignements ancestraux

La position de la karatéka est inconfortable, mais elle tient bon et c'est la plus sûre pour l'instant. Tout est en place, mais ne jamais sous-estimer l'adversaire est l'une des premières règles apprises au cours de son cheminement martial. On ne sait jamais vraiment à qui l'on a affaire. Une ombre… Maintenant, Catherine comprend ce qu'Olivier a ressenti dans le bureau de Claude il y a plusieurs semaines. Même si elle sait ce qui est en train de se produire, son corps réagit à la menace. Son pouls est rapide, ses poumons réclament plus d'oxygène et de la sueur perle sur son front. La traque est commencée et elle en est la proie. Sans faire de bruit, elle introduit le dossier jaune, le vrai, derrière le meuble, au cas où. Et elle patiente toujours. Un souvenir d'entraînement lui traverse l'esprit. Il lui semble entendre son ancien instructeur de karaté lui rappeler l'importance de la détente, car la rigidité ralentit les mouvements et la contraction musculaire épuise le corps durant un combat. Elle ne peut s'empêcher de se dire que ce principe s'applique dans la vie de tous les jours aussi… bien que, en ce moment, on soit loin du quotidien !

06/2013

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Littérature française

Une collection trés particulière

D’un recueil à l’autre, Bernard Quiriny met en scène l’extraordinaire Pierre Gould, dandy bibliomane et provocateur par qui l’impossible devient possible. Cette fois- ci, Gould nous fait pénétrer dans sa bibliothèque. Une véritable caverne aux trésors remplies d’auteurs bizarres, de raretés improbables et de chefs-d’œuvre paradoxaux, classés par thèmes : des livres qui s’oublient irrésistiblement en cours de lecture, des livres qui en cachent d’autres dans leurs pages, des manuels de cuisine empoisonnée, des romans qu’on ne peut lire qu’en étant bien habillé et d’autres qui continuent de s’écrire après la mort de leur auteur… Le tout forme une collection unique au monde, et un hommage grandeur nature à la folie littéraire sous toutes ses formes. En guise de complément, deux séries de textes s’intercalent entre les séances de bibliophilie de Gould : une radiographie des folies de notre époque, dans le ton aimable et satirique d’un Marcel Aymé ; et un guide touristique de dix villes à travers le monde, de celle où le bruit n’existe pas à celle bâtie en miroir sur les deux rives d’un fleuve, dans l’esprit inventif et fantastique d’Italo Calvino.

03/2012

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Littérature française

Naissance de Rebecca à l'ère des tourments

Tu te trompes Augustino, il existe de la bonté dans chaque être qui vit, du moins, une petite part que tu ne peux nier, pense à ceux qui sauvent le monde sans faire de bruit, des femmes, des hommes ordinaires, pas à ceux qui te perdent, pense, mon cher petit-fils, à la gratitude que tu dois à tes parents, à la vie, à nous tous qui t'aimons depuis ta naissance, Mère dirait toutes ces paroles, sa main, celle qui ne tremblait pas, dans la main de son petit-fils, en cette nuit de Noël, les êtres les plus différents seraient réconciliables, il serait enfin là près d'elle, pense à Jenny qui soigne chaque jour, dans d'insoutenables conditions, des malades atteints du sida, en Chine, les mots se bloqueraient-ils soudain auprès de l'enfant buté, devant sa grande taille, ses cheveux en broussaille, ils avaient tant à se dire et peut-être si peu de temps, Augustino, je veux te dire que tu es dans l'erreur, je ne puis accéder à tes pensées si sombres, car vois la beauté de mon jardin, la nuit, entends le chant des cigales, leurs modulations, entends, vois, mais Augustino, peut-être, n'entendrait-il rien, ne verrait rien...

05/2009

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Littérature étrangère

Fenêtres de Manhattan

Antonio Muñoz Molina est ici écrivain et personnage des rues de Manhattan, parcourues sac au dos et crayon à la main pendant des mois, de musées en cafés, de marchés en théâtres, de quartiers en galeries d'art et en librairies. Ses fenêtres sont le cadre d'un tableau de Hopper, une aquarelle d'Alex Katz, elles s'ouvrent sur un film de Hitchcock ou d'Orson Welles, se font l'écho d'un morceau de Coltrane ou de Duke Ellington, renvoient le bruit du vent dans Central Park. À travers elles, on entend la cébille qu'agitait Julius Rosenberg quêtant pour les orphelins de la guerre d'Espagne, on voit défiler les marcheurs de Giacometti dressant leurs silhouettes dans les amas de ferraille fumante des Tours jumelles. Elles reflètent tous les mondes possibles, tous les passés et tous les présents, toute la densité humaine d'une ville sans égale. Alors, en écoutant la voix magnifique d'Antonio Muñoz Molina, le miracle de la littérature a lieu et l'imaginaire vital et culturel du lecteur se met lui aussi en marche pour aller à la rencontre d'un portrait unique de New York, qui est aussi un portrait moral de notre temps.

10/2005

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Policiers

L'écrivain public. Un roman d'Echo Park

Dans l'ombre des gratte-ciel de downtown Los Angeles, oppressé par le bruit des hélicoptères de police, Eco Park est un quartier où les gens n'ont pas prise sur leur vie. Joe, un solitaire revenu de tout (Peace Corps, idéalisme, mariage), s'y est fait une niche comme écrivain public dans un immeuble populeux. Ce grand déconnecté émotionnel se trouve ironiquement lié aux ambitions de ses clients, à leurs désespoirs, parfois aussi à leurs secrets. Tel justement Willy, son plus gros client, avec ses fiancées par correspondance. Joe se prend un peu trop à ce jeu trouble et s'intoxique à l'érotisme qu'on lui demande de fabriquer, mais son isolement est aussi menacé par des personnages bien réels : Galure, le clodo mouche du coche qui tente vainement de mobiliser le quartier, la coiffeuse Teresa, voisine et comptable de Joe à plus d'un égard, et bien sûr Clio, un autre genre de fine mouche qui a tôt fait de mettre son petit monde ordonné sens dessus dessous. Autant que celle de Joe qui se trouve impliqué dedans à son corps défendant, ce roman d'Echo Park est l'histoire de ses résidents prolétaires qui essaient de survivre avec fatalisme, humour, et de grandes doses de sexe.

10/1999

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Littérature étrangère

L'écharde

"Dehors, il se trouva enveloppé d'un léger grésil que la bora faisait tourbillonner avant d'en cingler les maisons. La nuit incitait aux sensations vastes de liberté, de mystère, et il se mit à marcher d'un pas décidé, foulant le sol en y appuyant tout son pied qu'il soulevait ensuite jusqu'à l'extrémité des orteils afin de se décharger de toute l'exaltation qu'il éprouvait brusquement, peut-être parce qu'il s'était esquivé du café. Il releva le col de son pardessus. Personne ne le suivait, la neige mordait délicatement, et sa démarche joyeuse allait de pair avec un état d'esprit frémissant où nerfs, élans et énergie s'accordaient paisiblement à l'énergie environnante qui émanait du vent, des rues lisses comme le marbre, des maisons glacées, du canal et de l'eau du canal un peu plus loin claquant sourdement avec un bruit de gifles et dont le clapotis avait de sèches sonorités de verre." Trieste, hiver 1945. Un grand pianiste revient dans sa ville natale et rencontre une jeune élève qui le trouble. Enveloppé de vent et de musique, le jeu transparent et nostalgique du désir et de l'amour. Un regard lucide, tout en arêtes, sur le temps et la mémoire.

09/2006

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Science-fiction

Les Chroniques de Tornor Tome 1 : La Tour de guet ; Les Danseurs d'Arun

Quand l'armée de Col Istor eut terminé son sanglant assaut sur le Donjon de Tornor, la légendaire tour de guet qui s'élevait à la frontière du pays de l'été, Ryke découvrit étonné qu'il était encore vivant. Captif et enchaîné, le jeune soldat attendait désormais la mort. Il avait vu Artor, Seigneur du Donjon, tomber sous les coups des assaillants, comme chaque homme ayant monté la garde sous ses ordres et tenté de défendre les portes. Mais Col Istor avait besoin de Ryke, de ses talents de guerrier. Pour s'assurer sa coopération, il détenait en otage Errel, unique héritier d'Artor et ami intime de Ryke. Aussi ce dernier accepta-t-il de devenir commandant de la garde dans l'armée d'Istor. Mais toujours, au fond de ses pensées, demeurait la promesse que jadis il avait faite à Lord Artor... Ainsi débute l'un des plus originaux cycle de fantasy contemporains, avec La Tour de Guet - qui a remporté en 1980 le World Fantasy Award du meilleur roman - et Les Danseurs d'Arun. Pleines de bruit et de fureur, d'amour, de magie et d'honneur, Les "Chroniques de Tornor" prendront fin dans un second volume, La Fille du Nord.

11/2005

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Littérature étrangère

Le putois

Si Daniil, dit " le Putois ", a vu le jour, c'est parce que sa mère, Zoïa, la marchande de légumes, n'a pas avorté à temps. Les premières années de sa vie, il les passe à la campagne auprès d'une grand-mère dévote, mais, à la mort de celle-ci, il retourne en ville. Ballotté entre sa mère alcoolique et les amants de cette dernière qu'il prend l'habitude de détrousser en douce, le Putois s'enfonce dans le mutisme. Taciturne et violent, il guette la faune des bas-fonds de la bourgade et, sans faire de bruit, se débarrasse du petit caïd local qui usait de sa copine... L'éducation de ce sauvageon russe est jalonnée d'une rencontre avec un prêtre mystique et homosexuel, d'une fuite dans les forêts du Grand Nord et d'une sorte d'initiation mystique chez un moine-ermite qui disparaît sans laisser de traces. Mû par des instincts étrangers à la morale humaine et pourtant hanté par un intense besoin de spiritualité, ivre d'une quête typiquement russe qui passe par la fusion avec la nature sauvage, le Putois erre entre la forêt et la ville, comme s'il portait en lui la blessure d'un pays déchiré et mystérieusement inquiet.

08/1999

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Actualité et médias

Au nom d'Ingrid

23 février 2002, sud de la Colombie : Ingrid Betancourt, candidate à la présidence de la République, est enlevée en pleine campagne électorale par un mouvement guérillero. Depuis ce jour, détenue quelque part dans la jungle, elle partage le sort de trois mille autres "kidnappés". Pions dans un vaste et tragique jeu de pouvoir, ils subissent une captivité qui peut les mener à la mort. Rien ne destinait Juan Carlos Lecompte, l'époux d'Ingrid, à ce combat quotidien pour faire libérer sa femme, "punie" pour avoir voulu faire entendre une autre voix, une voix citoyenne, une voix d'intégrité, là où l'on n'entend, le plus souvent, que le bruit des armes. C'est la chronique de ces années de lutte que nous livre Juan Carlos Lecompte. Son récit vibrant et passionné dessine en creux le portrait d'une femme d'exception et brosse le triste tableau d'un pays comme prédestiné à la tragédie. Mais ce cri lancé au nom d'Ingrid est aussi un cri d'espoir, pour elle comme pour tous les otages. Pour que cesse l'hypocrisie. Pour que reprennent les négociations. Pour que ce cinquième anniversaire de son enlèvement soit aussi l'heure de sa libération.

02/2007

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Sciences historiques

L'acharnement théologique. Histoire de la grâce en Occident IIIe-XXIe siècle

L'humanité ne se nourrit pas que de pain ! Les affrontements permanents qu'a connus le monde chrétien depuis quinze siècles au moins (et on trouve quelques signes annonciateurs dans l'Ancien Testament) sur le péché et sur la grâce le montrent surabondamment. Si le Christ est mort sur la Croix pour racheter les péchés du monde, est-ce pour sauver toute l'humanité ? Le baptême, qui efface le péché transmis de génération en génération depuis la faute d'Adam, suffit-il pour faire le salut éternel de tous, ou bien Dieu opère-t-il entre les hommes un choix - une " élection " - en vertu de critères qui relèvent de Lui seul ? A peu près toutes les controverses théologiques qui ont agité le christianisme - occidental et dans une moindre mesure oriental - tournent depuis le IVe siècle autour de ces thématiques. On y trouve des figures illustres comme Augustin d'Hippone, Thomas d'Aquin, Luther, Jansénius, Pascal, mais aussi une foule de controversistes aujourd'hui bien oubliés, mais qui ont alimenté le dossier à leur façon. A lire la synthèse passionnante et vivante de Bernard Quilliet, on se prend à penser que l'Histoire est faite d'événements, de guerres, de conquêtes, mais aussi que les idées également peuvent provoquer le bruit et la fureur.

06/2007

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Policiers

Le Petit Saint

Il avait entre quatre et cinq ans lorsque le monde commença à vivre autour de lui, lorsqu'il prit conscience d'une vraie scène se jouant entre des êtres humains qu'il était capable de distinguer les uns des autres, de situer dans l'espace, dans un décor déterminé. Il n'aurait pas pu préciser, plus tard, si c'était en été ou en hiver, bien qu'il eût déjà le sens des saisons. Probablement en automne, car une légère buée ternissait la fenêtre sans rideau et la lumière du bec de gaz d'en face, seule à éclairer la chambre, jaunâtre, semblait humide. Avait-il dormi ? Son corps était chaud sous la couverture. Aucun bruit particulier ne l'avait éveillé en sursaut. Il avait seulement entendu, derrière le rideau, qui n'était qu'un vieux drap de lit suspendu à une tringle, un halètement familier, entrecoupé de gémissements, avec parfois le grincement des ressorts du lit. C'était sa mère qui couchait dans ce lit, presque toujours avec quelqu'un. Puis, du même côté que lui du drap tenant lieu de cloison, il y avait Vladimir, ensuite Alice, ensuite les jumeaux, lui-même, chacun sur sa paillasse, et, contre le mur, le bébé dans son lit-cage.

12/2005

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Poches Littérature internation

Il ne faut pas tirer les oiseaux au repos

Ce recueil de nouvelles est un passionnant cheminement à travers le temps et les souvenirs de l'auteur de Bonjour minuit. Nous passons non seulement de la fin du XIX ? siècle à l'époque contemporaine, mais d'une petite île des Antilles à l'Angleterre et à la France. Les premières nouvelles, dont l'action se déroule dans cette petite île, ont pour thème essentiel le colonialisme et son racisme à l'égard des Noirs et des classes sociales inférieures. C'est un univers à tout point de vue étouffant où le moindre propos insolite, la moindre action originale passent pour redoutables, voire dangereux. Mais ces nouvelles sont aussi un merveilleux témoignage sur les amours enfantines, celles qu'éprouvent des filles de onze ou douze ans pour des adultes. Ces passions contenues et qui, peu à peu, sont attisées par une phrase, un geste, éclatent brusquement et sans bruit, ne dérangent pas l'ordre des choses mais laissent une blessure profonde. La maladie, la solitude, la vieillesse sont les thèmes des dernières nouvelles de ce recueil. Bien que Jean Rhys évite tout effet spectaculaire, l'angoisse est sans cesse présente et parfois presque insoutenable. Ainsi nous offre-t-elle ici la gamme complète de son immense talent.

05/1994

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Critique littéraire

Cahiers Jean Paulhan N° 9 : Correspondance (1918-1951)

"Les lettres ici rassemblées furent échangées entre André Gide et Jean Paulhan, et s'échelonnent de février 1918 à décembre 1950. Elles s'apparentent étrangement par leur ton, à la fois libre et prudent. On a le sentiment que chacun mesure ce qui est dit, mais dit toujours ce qu'il croit devoir dire. En trente-trois années, il s'agit de décider ce qui va, ou non, paraître dans La Nouvelle Revue Française. On ne perçoit pas ombre de conflits, mais chez chacun des deux interlocuteurs un respect certain pour l'opinion de l'autre. [... ] Le livre que voici va permettre au lecteur curieux muni du texte finalement obtenu de tourner, pour son propre compte, autour de deux portraits singuliers, involontairement tracés, rigoureux et passionnants, celui d'un écrivain célèbre établi dans sa célébrité, André Gide, et celui d'un écrivain encore masqué, Jean Paulhan, qui donne aux autres une attention constante et incroyable d'acuité, qui avance, recule, réfléchit, et conclut sans hésiter. Cela se fait à petit bruit, à brèves notes en quelques lignes, et se poursuit, troué de rares silences, malgré les censures et les guerres. Double portrait de chacun par soi-même, qui bouge et ne s'effacera pas". Dominique Aury.

06/1998

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Critique littéraire

Almanach des saisons

" Portrait mensuel de l'agriculteur et de la météorologie, recueil de recettes, extrait de sagesse, c'est le calendrier des dictons. Douze mois, douze paysages, douze programmes de travaux, douze listes de signes du temps, comme avec Virgile et Colette, il n'en faut pas plus pour sentir la couleur des jours, le poids du ciel, le goût du vent, l'odeur des feuilles et l'électricité du chat, l'inquiétude des boeufs, les promesses de la terre, le frisson essentiel de l'homme conçu comme un bipède cosmique sur une boule qui tourne dans le ciel. " L'homme aura toujours affaire à l'hiver et à l'été, à la pluie et au soleil, affaire à l'herbe, à l'arbre, au blé et à la vigne. Cela, c'est le simple et l'éternel. Du fond des catastrophes, il faut bien repartir de cela. Dans l'écroulement retentissant des civilisations, on retrouvera les grandes choses silencieuses : la terre qui tourne sans bruit, le trèfle, le seigle, le chêne, menant humblement, puissamment, leur vie réglée selon le juste temps des saisons. " Cet Almanach des saisons peut être considéré comme l'un des éléments essentiels de l'oeuvre de Henri Pourrat, l'auteur de l'inoubliable Gaspard des Montagnes.

10/1984

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BD tout public

Gipsy Tome 4 : Les yeux noirs

Quand il était môme, Tsagoï s'arrangeait toujours pour rater l'heure du violon, dans son taudis. Il préférait se castagner avec le boiteux. Et il rêvait d'un camion, tandis que son cousin Mirno rêvait d'épouser Miléna et de devenir riche. Vingt-cinq ans après, alors qu'ils se retrouvent à la frontière tchèque, le "petit" (environ deux mètres) Tsagoï est au volant d'un camion plein de caviar slovaque réputé immangeable, et Mirno, sapé comme un milord, paie des manteaux de fourrure à Miléna. Lui, il transporte simplement un petit congélateur plein de trucs mystérieux. Et ce jour-là, c'est la finale du championnat du monde de foot, tous les flics sont scotchés devant la télé, et tout le monde en profite : les mafieux russes, les paumés de tout poil, et Mirno. Ce qui nous donne une journée qui débute mal, continue mal aussi, et ne finit pas très bien. Dans une atmosphère de fin du monde, avec cadrages extrêmes et lumières glauques - ce qui n'empêche pas l'humour -, Smolderen et Marini nous servent une histoire pleine de bruit et de fureur à lire en écoutant une bonne musique tzigane - les Yeux noirs, par exemple.

09/1997

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Livres 3 ans et +

Portrait chinois pour petits gourmands

Les portraits chinois ! Trois titres 100% humour qui inaugurent une nouvelle collection pétillante et irrévérencieuse ! Qui n'a jamais joué au " portrait chinois " et prononcé la fameuse phrase : " Si j'étais un animal, je serais... " ? Cette nouvelle collection propose une lecture ludique et interactive à partir de ce jeu connu des petits comme des grands ! Trois albums, soit trois types de portraits chinois amusants qui chacun déclinent une thématique enfantine : les petits rigolos, les petits curieux et les petits gourmands. Pour chaque portrait chinois, plusieurs identifications sont proposées au lecteur pour se présenter de façon drôle et imaginative : si j'étais une couleur, un animal, un bruit, un vêtement, un super héros... A chaque fois, trois propositions lui sont faites. Le super héros peut aussi bien être " Friteman qui a le pouvoir de tout transformer en frite " que " Misterbec l'inventeur du dentifrice qui évite les carries " ou encore " Superasticot pour habiter dans une pomme de terre géante et en dévorer les murs ". Ce qui n'empêche pas de trouver de nouvelles idées à chaque lecture ! Signée par Virginy L. Sam et Marie-Anne Abesdris, les auteures de la série de romans illustrés à succès Journal d'une peste, cette collection défouloir promet des parties de fou-rires entre copains ou en famille !

04/2017

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Littérature étrangère

Sous le volcan

Sur le rivage d'un brûlant Mexique, Geoffrey Firmin consume sa vie et son destin. Chaleur, mescal, passions et alcools torrides lui dévorent l'âme, il se meurt... Yvonne, son épouse, est revenue ; vont-ils repartir ensemble - mais vers où ? Le ciel, l'enfer, il faudra choisir... Partout à l'entour, le bruit de la mer et du monde. L'Apocalypse ressemble toujours à la musique d'un volcan... Pendant dix ans, Malcolm Lowry a écrit, et remanié, le texte de Under the Volcano. Il en a fait l'un des plus grands romans du XXe siècle, un roman-culte, magique, un de ces chefs-d'oeuvre qui témoignent à jamais en faveur du sublime. Après une première traduction française, publiée dans les années cinquante, ce livre attendait pourtant sa véritable naissance dans notre langue. Il fallait montrer à quel point ce roman est simple, et fort, comme une nuit mystique, inflexible comme la roue du temps... C'est à cette entreprise que s'est attaché Jacques Darras, déjà traducteur d'Ezra Pound et de Walt Whitman... Le roman qu'il nous révèle aujourd'hui - car Sous le volcan est, ainsi retraduit, une incontestable révélation - sera un classique qu'il est urgent, désormais, de découvrir.

01/2015

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Théâtre

Opéra de trois têtes dans le pavillon du silence

Opéra de trois têtes dans le pavillon du silence s'inspire du triptyque Three Studies for Figures at the Base of a Crucifixion du peintre Francis Bacon. Ce texte, qui s'apparente à un paysage, un topos, interroge notre identité et nos origines sous la forme d'une partition graphique à la John Cage dans le cadre d'une conférence performative. Le lecteur-spectateur assiste à la naissance de trois individus, générant le chaos originel analogue à celui de la Tour de Babel. Trois têtes sans visage devisent, non sans humour, sur le bruit et le sens des mots dans l'espace clos et vide d'une scène. Les paroles qui émergent lentement de l'Indifférencié, du magma universel, construisent l'armature d'un conflit centré sur la liberté : pouvons-nous nous échapper dès lors que nous sommes identifiés et identifiables par un système social, une machinerie ? Nous sommes proches du théâtre de l'absurde, du vide et du trop-plein. Peu à peu, ces têtes acquièrent un visage, les mots s'organisent en syntaxes, et par là-même deviennent des fragments de fiction. Et des rapports de force. D'une forme radicalement atypique dans le paysage des écritures contemporaines, ce texte allie la force des philosophies orientales traditionnelles et occidentales contemporaines.

03/2019

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Littérature française

La forêt en flammes. La dégénérescence d'une famille

La forêt en flammes est un roman de moeurs qui relate les péripéties d'un foyer de Nafaye qui s'est consumé à cause de l'attitude des uns et des autres. Mbasa, le personnage principal, vit avec ses géniteurs, Amada et Diéba, ses frères Liwa et Adama, respectivement professeur chevronné et médecin célèbre. Il y a aussi Toufa, sa soeur avocate très diplômée et qui vit à Kadar avec ses jouvencelles très gâtées, Tarama et Tyfa. Ignoré, voire maltraité par sa propre famille, le jeune Mbasa parvient à supporter les coups durs de la vie grâce à Thierno Bara, un octogénaire ami de longue date de son père, mais aussi grâce à son ami Cinera qui le traite comme son propre frère. Le roman commence par une sentence : "Le temps est le plus grand rival de l'homme. Il est son véritable adversaire. Il le dribble, le force ; son seul but est de l'acheminer vers la tombe. Le temps ronge la longévité de l'Homme sans faire de bruit. Gare à tout être humain qui mésestime cette force du temps". Seul le cadet, pauvre et ignoré au début, a pu s'en sortir grâce à son sérieux et à son ami Cinera.

11/2017

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Littérature française

Le crépuscule d'un homme

Le crépuscule d'un homme "J'ai écrit ce texte en un mois ou peut être en une vie... Guidée par une force souterraine et clandestine. Ce texte écrit au rythme de ma mémoire blessée et déferlante est un cri d'amour dans la nuit, à un homme, le mien... Il s'appelle Pierre. Où es-tu mon amour ? Où es-tu ? Où ? Ton regard s'exile et je me perds. Une brume opalescente s'étire sur le lac et en masque la rive, tes yeux aussi devenus gris laiteux. Ton regard, insondable et muet, s'est éteint peu à peu, puis souvent, puis toujours. Quand je te regarde, tes yeux se tai- sent. Ta bouche se tait. Ton corps se tait. Où es-tu ? Quel monde as-tu rejoint ? Est-il peuplé de fantômes, d'ombres, de fragments déchirés, de souvenirs floutés, décolorés ? Est-il plein de bruit, de couleurs, de goûts et d'odeurs du passé ? - Que reste-t-il de toi ? Que reste-t-il de nous ? Cette question me taraude, chaque jour. C'est quoi, TOI ? C'est qui, TOI ? Où commence un homme, quand finit-il ? Chaque jour, depuis dix ans, j'ai décidé que tu étais encore toi. Démence, comme ils disent... Mon amour meurt et j'écris..."

06/2018

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Critique littéraire

La poésie contre le chaos. Une biographie de Zbigniew Herbert

Figure essentielle de la littérature du XXe siècle, Zbigniew Herbert (1924-1998), poète et essayiste polonais, traverse son époque de bruit et de fureur en faisant l'expérience du chaos historique : la guerre, les totalitarismes et la perte, mais son goût effréné du bonheur, de l'art, des voyages et de l'amitié, lui permet d'édifier une oeuvre humaniste et sensuelle, une oeuvre fraternelle qui n'a de cesse d'encourager son lecteur à se tenir debout. Herbert, qui aurait pu vingt fois "passer à l'Ouest", a choisi de rester parmi les siens et de lutter avec les armes de l'esprit : allusions, distance, détours par la culture classique, humour et ironie. "Le seul mouvement possible des hommes ligotés / c'est la parole", écrit-il dans "Atlas". Et si chacun de ses poèmes a marqué une victoire contre la censure et la bêtise du régime communiste, tous ont une dimension universelle qui en fait une ressource inespérée pour notre temps. D'un choix de poèmes paru en anglais, Joseph Brodsky avait d'ailleurs écrit : "Aussi longtemps que durera l'espèce, ce livre sera opportun." En s'appuyant sur des archives inédites, Brigitte Gautier retrace la vie de Zbigniew Herbert, "poète de l'ironie historique" (Czeslaw Milosz), aujourd'hui traduit en trente-deux langues.

05/2018

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Histoire de France

Robert Lacoste, le bouc émissaire. La SFIO à l'épreuve algérienne

Le 2 février 1956, au lendemain de l'investiture du gouvernement de front républicain dirigé par Guy Mollet, Jacques Soustelle quitte son poste de Gouverneur général d'Algérie. Huit jours plus tard, le 10 février, fraîchement nommé Ministre résident en Algérie, Robert Lacoste débarque à "Maison-Blanche", l'aéroport d'Alger. Il monte rapidement dans une voiture banalisée et se précipite vers le Palais d'Eté où l'attend son camarade Guy Mollet. Il est le seul, parmi les "poids lourds" du gouvernement, comme le sont Pierre Mendès France ou Gaston Defferre, à avoir répondu présent à l'appel de Guy Mollet au soir de la manifestation du 6 février, devant le monument aux morts d'Alger. Huit jours seulement séparent le départ de Soustelle et l'arrivée de Lacoste. Huit jours où commence, à bas bruit, à se bâtir la légende noire de Guy Mollet et de Robert Lacoste. Elle sera, chaque jour, enrichie par ceux qui confondent idéologie et morale, les champions autoproclamés du "camp du bien", les pères d'une "nouvelle gauche". Le parti socialiste SFIO y survivra difficilement. Le jour de la disparition de Robert Lacoste, la télévision annoncera la mort du "ministre de la torture".

07/2017

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Policiers

Une proie trop facile

Appelé à effectuer sa période de réserve dans l’armée, un avocat d’une trentaine d’années se voit confier une curieuse mission : une jeune soldate religieuse pratiquante a déposé une plainte pour viol contre un brillant officier aux états de service irréprochables. L’avocat commence à enquêter, aidé d’un collègue de bureau. Il quitte Tel-Aviv, son bruit et ses gratte-ciels, pour rendre visite aux parents de la soldate, dans une petite ville pauvre du Sud d’Israël. Il se rend ensuite dans l’unité de l’officier, un bunker basé à la frontière du Liban. A mesure qu’il avance dans son enquête, la réalité se dérobe sous le masque des apparences. Qui est cet officier pur et dur, patriote, militariste, perfectionniste ? Et qui est cette adolescente d’une ville du Sud, qui se veut religieuse et intouchable ? A travers ces deux figures ambiguës, Yishaï Sarid dresse le portrait nuancé et complexe d’un Israël brutal et insaisissable. Dans ce premier roman, l’auteur du Poète de Gaza manie les fils de l’intrigue avec une extrême habileté. Au moyen d’une écriture dont la simplicité le dispute à l’intelligence, il brouille à dessein les pistes de l’enquête pour ouvrir celles de la réflexion.

11/2015

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Histoire de France

Vichy au Canada. L'exil québécois de collaborateurs français

Après-guerre, des miliciens compromis en France sous l’Occupation se sont réfugiés au Québec pour fuir l’épuration. Moins que leur nombre, c’est l’écho de leur présence dans la société québécoise qui surprend. En effet, l’ampleur de la mobilisation politique et sociale à leur sujet fut telle que l’on a pu parler à juste titre d’une «affaire Bernonville», du nom du plus connu d’entre eux. Dès lors, centré sur cette «affaire des réfugiés politiques français» qui fit grand bruit au Canada entre 1948 et 1951, le livre propose tout à la fois un retour sur l’événement, sa mémoire et l’écriture de son histoire. Il offre ainsi une histoire connectée entre la France et le Canada français. Cette histoire d’exil de collaborateurs français est également une histoire d’entraide aux «victimes de l’épuration», non sans passerelles et passeurs entre pays de départ et pays d’accueil. Une histoire de circulation d’hommes et d’idées qui croise anciens et nouveaux réseaux au coeur d’une nébuleuse néo-Vichyste. Ce faisant, Après-Vichy, tout en contribuant à une histoire internationale de l’épuration en France, interroge aussi ce que sortir d’une guerre veut dire.

10/2015

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Littérature française

Les bougies sur le gâteau

Sans faire de bruit, elle mène sa vie, entre les visites auprès de son amie en maison de retraite, son plaisir d'aller au marché, ses rendez-vous réguliers avec son Gaston. Elle attend des nouvelles de ses enfants, s'évade dans les souvenirs, mi-nostalgie mi-baume au coeur ; elle s'en va ainsi d'anniversaire en anniversaire, heureuse de vivre encore. «Plus elle vieillit plus elle trouve que le temps passe vite, trop vite, et cela l'effraie. Elle va avoir 80 ans mais il y a en elle ce désir de vivre encore longtemps.» «Cette impression d'avoir encore des tas de choses à vivre, cette chaude envie de pouvoir encore voir les siens, entendre les oiseaux chanter, voir les fleurs pousser, regarder les nuages et les papillons, sentir l'odeur de la pluie, voir les flocons de neige même si elle est inquiète des routes... encore... encore...» «Elle écoute le tic-tac de l'horloge mais cela ne la dérange plus, c'est le grand sablier de la vie. De sa vie, elle sait le sens du mot Vie, elle sait ces secondes qui sont des grains de poussière, elle a décidé de les comparer à des étoiles, des lumières de vie comme les bougies sur le gâteau.»

06/2015

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Histoire internationale

Femme médecin en Algérie. Journal de Dorothée Chellier (1895-1899)

De 1895 à 1899, Dorothée Chellier, première femme médecin de l'Algérie coloniale, se voit confier par le gouverneur général d'Algérie quatre missions sur la santé des femmes «indigènes» et les moyens de l'améliorer. Ses rapports de missions, nourris d'observations cliniques et de préconisations sanitaires, sont aussi un passionnant journal de voyage, riche de descriptions. De village en village, elle observe et soigne, sachant composer avec les coutumes et les résistances des femmes à s'en remettre à la tebiba - elle trace, en particulier, un tableau d'une saisissante crudité des pratiques d'obstétrique traditionnelles. Dans une politique coloniale qui compte sur la médecine pour l'acculturation des «indigènes», elle sait se montrer combative face aux autorités coloniales, et certaines de ses propositions seront reprises en Algérie, au Maroc, et au-delà. Dorothée Chellier témoigne sans bruit de l'évolution (lente) de la situation des femmes, d'une manière de penser leur éducation. A la lire aujourd'hui, on ne peut oublier que son engagement pour la santé des femmes et des enfants demeure un des grands axes des politiques de santé publique dans les pays en développement. On mesure alors quelle discrète pionnière elle tut à bien des égards.

05/2015