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Géopolitique

Placards & Libelles N° 10, 24 mars 2022 : La guerre qui revient. Tout empire renaîtra

La guerre en Ukraine n'est qu'un début. Dans le chaos de l'invasion russe, c'est la renaissance violente des empires qui s'annonce. Convoquant les grands auteurs et la nouvelle doctrine militaire française, prenant l'histoire à témoin, Alain Bauer et Olivier Entraygues l'affirment : le monde a basculé. Experts en leur domaine, ils proposent dans ce texte, avec calme et lucidité, une réponse stratégique aux nouveaux enjeux mondiaux. Les prochains conflits sont annoncés publiquement et adviendront, tôt ou tard. Il nous appartient d'y faire face. Alain Bauer est professeur de criminologie au Conservatoire National des Arts et Métiers (CNAM), au John Jay College of Criminal Justice à New York et à l'Université Fudan de Shanghaï. Il dirige les formations du Pôle Sécurité Défense Renseignement Criminologie Cybermenaces et Crises (PSDR3C) et du laboratoire ESDR3C du CNAM. Il est l'auteur d'une cinquantaine d'ouvrages. Olivier Entraygues est lieutenant-colonel, officier d'infanterie et breveté de l'Ecole de guerre. Titulaire d'un doctorat et d'un PhD du King's College, il est actuellement chef de l'Observatoire des nouveaux conflits du Centre de la Doctrine et de l'Enseignement du Commandement de l'Armée de Terre. Il est l'auteur d'une quinzaine de livres. Retour à la presse de Gutenberg. Une grande feuille, pliée en quatre, à déplier à deux mains, à lire, à poster, à partager. Retour au placard des Guerres de religions, au libelle de la Révolution, à l'affiche de la Résistance, au samizdat russe, au dazibao chinois. Un débat crucial, une parole originale, incisive et décisive, un penseur, un écrivain, un savant éclairant autrement l'actualité. Retour à La Vie intellectuelle, la revue fondatrice du Cerf en 1928. Une collection périodique afin de renouer avec l'imprimé comme instrument de liberté et de débat. Tous les quinze jours en librairie.

03/2022

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Littérature russe

Théorie du monologue

Né à Moscou le 29 août 1938, Vladimir Kazakov a eu une vie aventureuse. Il termine le lycée en 1955. Fréquente une école militaire d'où il est expulsé en 1956. Il entre ensuite à l'Université, d'où il est à nouveau expulsé en 1958. Pendant les quatre années suivantes, il travaille à Kolyma, au nord-est de la Russie connu pour son goulag et ceux qui s'y sont retrouvés, à l'instar de Varlam Chalamov... Il est tour à tour orpailleur, bûcheron, enseignant chez les nomades tchouktches, charpentier, soutier, marin, etc. De retour à Moscou, il erre un certain temps dans les rues. Devient joueur de cartes professionnel... En 1965, il commence à écrire ; l'année suivante, il fait la connaissance du poète avant-gardiste Andreï Kroutchenykh, lequel aura sur lui une influence incontestable. C'est alors qu'il se consacre entièrement à l'écriture (poésie, prose, théâtre). Il meurt à Moscou en 1988. Ses écrits paraissent clandestinement (samizdat), avant de circuler, à partir de 1971, en Occident, et tout particulièrement en Allemagne. "Théorie du monologue" paraît en 1982 (in le recueil "Vie de la prose", dans une édition allemande de langue russe comprenant des proses de la première moitié des années 1970... L'oeuvre de Vladimir Kazakov poursuit à sa manière les efforts artistiquesdes futuristes et des Obérious. Il est notamment à rapprocher de Alexandre Vvedensky, mais aussi, pour une certaine mise en scène de l'intime comme dans ce texte, de Guennadi Aïgui et de Sasha Sokolov dans son obsession narrative... "Théorie du monologue" peut d'abord surprendre par son titre en rapport à son contenu : 35 lettres d'amour adressées à une femme, entre décembre 1973 et juin 1974, sans que ses réponses à elle nous soient données. D'où toutefois l'indication que ce titre nous convie de recevoir, grave et ironique. Cependant qu'à lire ces lettres une à une, nous devons bien comprendre que réponses et lettres de la part d'Irina, la femme aimée, lui ont bien été transmises. Cependant encore il se pourrait qu'il se le soit imaginé... Livre d'amour alors, et amour que l'on aurait à juste titre droit de qualifier, tout comme chez Breton, de "fou" . Folie paraissant se préciser au fur et à mesure des lettres à la croisée des mots, à compter qu'il n'y a pas de véritable amour qui ne le soit pas, "fou" en miroir de ce que de l'être aimé nous recevons, toutes choses mises en rapport selon une synesthésie (dans des "lignes" de pluie, des rayons de lumière...) qui l'amplifie. C'est que ce livre démontre (et démonte) en ces lettres un rapport qui ne se peut théorisé que sous une forme inattendue à laquelle Vladimir Kazakov, coutumier des déplacements, se prête, traversant l'angoisse.

06/2022