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Pierre Birnbaum, Laurent Jeanpierre, Philippe Roger

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Histoire de France

LE MOMENT ANTISEMITE. Un tour de la France en 1898

Au tournant du siècle, en 1898, année de tous les dangers, la société française plonge dans un tourbillon antisémite. Dans les grandes villes comme dans les petites bourgades endormies, des foules en colère se lèvent qui brisent tout sur leur passage, arpentent inlassablement les artères principales en lançant : A bas Zola ! Mort aux Juifs ! Vive l'Armée !, ajoutant même parfois : Vive la République ! Jour après jour, des milliers de personnes défilent et affrontent durement la police. Les forces de l'ordre quadrillent l'espace urbain. C'est l'état de siège. On brutalise les rabbins et les passants, on attaque les synagogues, on brise les vitres des boutiques, on brûle des mannequins représentant Zola et Dreyfus, on organise le boycott et la délation. L'usage de la violence est constant. Celui de la moquerie, de l'ironie, de la dérision à travers cris, chansons, poèmes parfois rédigés en patois local, saynètes ou charivaris, tout aussi fréquent. Pogrome sans victimes, ce moment antisémite demeure inconnu : ce tour de la France en propose une première recension. Une fois quitté Paris, le voyage s'organise autour de deux cercles de rayon inégal, l'un des plus proche du centre, de Bourges à Lyon, Le Puy, Rodez, Périgueux, Limoges et Guéret, pivotant autour de Clermont-Ferrand ; l'autre, plus vaste, mène lentement de la Lorraine à la côte méditerranéenne, du Sud-Ouest à la Vendée, de la Bretagne à la Normandie.

10/1998

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Histoire de France

Un récit de "meurtre rituel" au Grand Siècle. L'affaire Raphaël Levy, Metz 1669

En septembre 1669, Raphaël Lévy se rend à Metz pour y acheter un shofar et du vin pour célébrer, le lendemain soir, le nouvel an juif. Ce même jour, à Glatigny, petit village situé sur la route qui mène de Boulay à Metz, Mangeotte Villemin s'aperçoit de la disparition de son fils, le petit Didier Le Moyne, âgé de trois ans. Un cavalier affirme avoir vu Raphaël Lévy portant un enfant sous son manteau. Tout s'éclaire : les Juifs ont enlevé un enfant chrétien pour célébrer leurs fêtes. L'accusation de meurtre rituel surgit ainsi en France, au moment même où s'achève la chasse aux sorcières. Dans une Lorraine des frontières, au statut politique incertain, traversée sans cesse par des guerres et des famines, le mythe réapparaît intact, alimenté par une Contre-Réforme militante. Au terme d'un long procès, dont les pièces sont pour la première fois ici présentées de manière exhaustive, durant lequel défile une pléiade d'habitants, on s'immerge dans une culture locale faite, en dépit de liens étroits de sociabilité, de préjugés et de fantasmes suscités par une population juive fidèle à ses rituels et à ses valeurs. Non seulement les Juifs sont supposés tuer de jeunes enfants pour s'emparer de leur sang, mais ils s'en prendraient également, le vendredi saint, au cours de cérémonies sataniques, à la sainte hostie. Raphaël est soumis aux tortures les plus effroyables avant d'être conduit au bûcher. L'Etat, qui protège fréquemment ses Juifs, intervient trop tardivement, Louis XIV parvenant seulement à faire libérer les autres Juifs emprisonnés. En ce Grand Siècle où s'affirment la raison et la science, un vent de folie s'est brutalement abattu sur Metz. Puis c'est un long silence : il faudra attendre l'affaire Dreyfus pour que l'affaire Raphaël Lévy resurgisse, avant de s'effacer à nouveau de la mémoire collective.

10/2008

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Religion

Les deux maisons. Essai sur la citoyenneté des Juifs (en France et aux Etats-Unis)

Les deux Républiques, la Française et l’Américaine, sont depuis leur commencement au cœur de l’imaginaire politique moderne, suscitant d’innombrables analyses comparatives de leurs vertus et de leur exceptionnalisme : elles s’offrent comme des voies d’accès contraires au bonheur, avec chacune leurs obstacles qui émanent de leur logique propre. La Révolution française, prolongeant l’action de l’État fort, construit un espace public qui s’efforce de laminer toutes les formes d’appartenance identitaire en cantonnant celles-ci au seul espace privé. L’accès à la citoyenneté vaut l’attribution de tous les droits et suppose l’abandon de tous les privilèges, de toutes les fidélités. Cela suppose donc la fin de la nation juive qui se trouve, au contraire, pleinement reconnue en tant que telle par les révolutionnaires américains. Les Juifs français, dès le XIXe siècle, n’ont de cesse de perpétuer des formes de sociabilité qui leur sont propres et limitent la pure et simple assimilation, mais leur intégration leur permet l’accès aux sommets de l’État, selon une mobilité vers l’élite politico administrative sans égale dans l’Histoire. Destin exceptionnel qui a pour revers l’explosion antisémite, de l’Affaire Dreyfus à Vichy. Les Juifs américains ne connaissent en rien ce destin brillant. Leur entrée naturelle dans la nation américaine est limitée à une émancipation formelle et à la reconnaissance de la pérennité de leur culture. Cette légitimité ne vaut qu’à l’échelle de l’État fédéral, et il faudra attendre 1940 pour que les lois fédérales s’appliquent pleinement au niveau des États. Décentralisé, faiblement institutionnalisé et peu différencié de l’Establishment protestant, l’État américain se révèle peu favorable aux Juifs : jusqu’au XXe siècle, les Juifs américains, moqués par la grande presse, se voient refuser l’entrée dans les hôtels, les clubs, les fraternités, les résidences, voire des universités (Harvard, Yale, Princeton). D’où un surprenant paradoxe : l’émancipation à la française ouvre la porte à l’entrée des Juifs comme citoyens dans l’espace public en laminant quelque peu le judaïsme comme toutes les identités autres que nationale ; l’émancipation à l’américaine se révèle davantage propice à l’épanouissement du judaïsme qu’à l’entière reconnaissance des Juifs en tant que citoyens. Après la destruction de la voie allemande par le nazisme, l’extinction du judaïsme d’Europe de l’Est, l’effacement de toute trace de vie juive dans le monde arabe, seuls les modèles français et anglo-saxons demeurent au XXIe siècle les deux derniers paradigmes que suivent les Juifs contemporains de la Diaspora. La construction d’une maison, d’une vie sereine et pleine au sein de chacune de ces deux Républiques s’inscrit donc, à chaque fois, dans une « géographie de l’espoir » faite de promesses distinctes mais aussi de désillusions dissemblables.

09/2012

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Sciences politiques

Les désarrois d'un fou de l'Etat

Sociologue du politique et spécialiste de l'histoire de l'Etat et des élites, Pierre Birnbaum est taraudé depuis toujours par la question du pouvoir. De l'Etat protecteur de l'espace public au pouvoir qui en vient à user de la force extrême pour persécuter, traquer, attenter à l'existence même des citoyens. L'Etat fort à la française, plus encore que la démocratie, est-il le meilleur rempart aux mobilisations nationalistes, aux idéologies radicales, aux mythes meurtriers, aux préjugés xénophobes venus de la société et des voisins ? Représente-t-il, au contraire, la source des pires contraintes contemporaines, depuis l'assimilation extrême, destructrice des cultures singulières et multiples, jusqu'aux répressions les plus radicales ? A partir de sa propre expérience d'enfant juif caché dans les Hautes-Pyrénées durant la Seconde Guerre mondiale, devenu plus tard, grâce à l'école républicaine méritocratique, un universitaire " fou de l'Etat ", Pierre Birnbaum, avec la complicité de Jean Baumgarten et Yves Déloye, aborde les grandes questions de la théorie politique. Les fondements de la citoyenneté commune menacée par les divers communautarismes, les contradictions entre passions démocratiques et contrainte étatique, les ressorts du totalitarisme ou du nationalisme meurtrier, les raisons des mobilisations antisémites qui menacent de nos jours, et particulièrement en France, l'alliance verticale avec un Etat affaibli : autant de thèmes qui sont l'occasion de suivre le déploiement d'une pensée originale.

09/2015

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Religion

Prier pour l'Etat. Les Juifs, l'alliance royale et la démocratie

Prier pour le roi, l'empereur, l'État, c'est à chaque fois le bénir en espérant sa protection inspirée par l'Éternel. C'est estimer que seule cette alliance peut protéger de la vindicte populaire qui verserait aisément dans l'antisémitisme. Contre les pogroms, les exactions constantes, bien des Juifs s'en remettent ainsi traditionnellement à l'alliance royale, en dépit de sa dimension souvent mythique puisque le roi, l'empereur ou même l'État s'associent parfois, en réalité, aux menées antisémites. Dans ce livre, Pierre Birnbaum publie un grand nombre de ces prières inédites, de ces odes, de ces hymnes récités avec ferveur, de Louis XIV à nos jours. Les prières en faveur des Bourbons surprennent par la passion qui s'en dégage de même que celles, innombrables, en faveur de Napoléon Bonaparte, Louis XVIII, Charles X, Louis-Philippe ou encore Napoléon III. L'avènement de la Révolution française, de la révolution de 1848 et surtout, de la IIIe République remettent pourtant en question l'alliance royale : dorénavant, c'est pour la nation, le peuple et la République que l'on prie, en dépit, à nouveau, de bien des désillusions. Dans le difficile contexte contemporain où resurgissent les menaces, nombre de Juifs s'engagent dans la recherche d'une alliance horizontale malaisée et cependant indispensable du fait du recul contemporain de l'État-nation, à l'heure aussi de la construction européenne.

10/2005

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Ouvrages généraux

Les larmes de l'Histoire. De Kichinev à Pittsburgh

Ecrire l'histoire du judaïsme, est-ce narrer le récit d'une vallée de larmes ? Non répondit longtemps un des plus grands historiens du judaïsme, Salo Baron (1895-1989). Né en Galicie, au sein de l'empire des Habsbourg, invité à enseigner à New York en 1926, il découvrit alors ce qu'il pensait être l'exceptionnalisme américain. Société neuve, les Etats-Unis n'ont pas connu les Croisades, les affres du Moyen Age, les malheurs de l'Inquisition, les pogromes de l'Europe de l'Est et de l'empire russe, dont celui de Kichinev en 1903 marqua tous les esprits ; ils ont échappé au pire, à l'expulsion des Juifs européens. Baron en est persuadé, les Etats-Unis démentent à eux seuls ce qu'il appelle "la vision lacrymale de l'histoire" , le récit du destin du judaïsme comme la liste ininterrompue des persécutions et des massacres. Tout au plus les Juifs américains se heurtent-ils à des préjugés, à des barrières sociales dans les clubs et les universités, mais jamais à un antisémitisme théorisé en idéologie politique à l'instar de l'Allemagne et de la France. Pourtant, en avril 1913 éclate à Atlanta l'affaire Leo Franck, le lynchage d'un Juif accusé du meurtre rituel d'une jeune fille. Première manifestation d'un antisémitisme de haine qui va éclore jusqu'à nos jours, porté par les suprémacistes blancs. Des centaines de synagogues ont brûlé au cours des décennies, jusqu'au massacre de Pittsburgh en 2018 et aux slogans antisémites lors de la tentative de putsch contre le Capitole en janvier 2021. La romance de l'exceptionnalisme sanctifiée par Salo Baron et à sa suite par les historiens du judaïsme américain se trouve-t-elle ainsi durablement démentie ? Est-ce ici aussi le retour de l'histoire lacrymale ?

01/2022

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Histoire de France

L'Aigle et la Synagogue. Napoléon, les Juifs et l'Etat

On sait quelle œuvre pionnière a accomplie la Révolution française en établissant une stricte égalité juridique entre tous les hommes, en donnant aux protestants et aux Juifs la totalité de leurs droits civiques, et le Code civil, promulgué en 1804 par le Premier Consul, passe pour avoir consolidé à jamais ces principes. En ce qui concerne les juifs, pourtant, c'était sans compter sur les préjugés très prononcés de l'Empereur conseillé par les penseurs catholiques réactionnaires comme Bonald. Ne se met-il pas en tête, en effet, de convoquer une assemblée de " notables " à qui il enjoint de former un " Grand Sanhédrin " qui se réunit il y a deux siècles, en février 1807, et désignera un Consistoire central, bref des interlocuteurs plus faciles à surveiller auxquels il entend imposer des mesures discriminatrices concernant le mariage, la conscription, la liberté d'aller et de venir ou encore celle de s'établir ? Voilà une entorse de taille aux principes de 89 : les intéressés, feignant de l'ignorer, s'en tiennent au Code civil, désireux qu'ils sont de se conformer seulement à la " loi du pays " qui doit régir de la même manière tous les citoyens. Ils font même assaut d'éloges et célèbrent sans rire... la Saint-Napoléon ou chantent, dans d'innombrables poèmes et odes, la gloire impérissable de l'Aigle dont les ailes sont supposées les protéger. Mais l'Empereur ne s'arrête pas là. Par une série de décrets pris, en mars 1808, à l'instigation des franges les plus réactionnaires, il leur impose des restrictions juridiques allant à l'encontre de la loi commune, qui dénotent une franche hostilité à l'endroit de ceux qu'il qualifie de " sauterelles ", de " corbeaux " ou de " nouveaux féodaux " et autres amabilités qui feront, tout au long du XIXe siècle et jusqu'à Vichy, les délices des pamphlétaires antisémites. Ce qui est surprenant - réconfortant aussi - c'est d'observer que le haut personnel administratif de l'État (Conseil d'État, préfets...) traîne les pieds, voire s'oppose franchement, avec un courage admirable, au " décret infâme " ; c'est probablement même la seule défaite politique interne que l'Empereur ait dû essuyer.

01/2007

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Religion

Sur un nouveau moment antisémite. "Jour de colère"

26 janvier 2014 : un essai d'intervention suite au silence des médias sur les slogans antisémites exprimés lors de cette manifestation.

01/2015

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Sciences historiques

La République et le cochon

Nourritures halal et casher ont été montrées du doigt comme " anachroniques " pendant la dernière campagne présidentielle. Le cochon comme symbole d'une identité nationale menacée a surgi dans les discours politiques, cristallisant les sentiments nationalistes. Dans cet essai original et stimulant, Pierre Birnbaum revient aux origines de la question de la table partagée dans la République. Faut-il manger les mêmes plats à la même table pour être de bons citoyens ? A l'époque des Lumières, Voltaire, Mendelssohn, l'abbé Grégoire ou Clermont-Tonnerre en débattent gravement : les Juifs peuvent-ils devenir citoyens alors qu'ils refusent bien souvent de consommer du cochon ? La Révolution rêve d'une immense table fraternelle où communieraient tous les citoyens et les républicains multiplient les banquets. La question rebondit à la fin du XIXe siècle au sein du monde juif en voie d'assimilation : faut-il renoncer à des rites d'un autre temps pour entrer dans la modernité et participer à la convivialité démocratique ? D'une époque à l'autre, de la Révolution française à la Ille République et à Vichy, cette question peu connue a soulevé discussions, incompréhensions, rejets et propositions, dans des termes qui résonnent fortement avec les débats d'aujourd'hui. Ce retour vers le passé permet de comprendre l'origine des visions exclusives de la nation, mais aussi de redécouvrir les pratiques d'une République qui a su se montrer ouverte aux accommodements.

04/2013

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Religion

Géographie de l'espoir. L'exil, les Lumières, la désassimilation

Nul n'ignore plus la différence fondamentale entre le judaïsme de l'Est de l'Europe et celui de l'Ouest. Le premier était une civilisation, irriguant la vie publique et les institutions communautaires ; c'est en son sein que naquirent, avec les premières enquêtes historiques et sociologiques, les études juives. Le second, qui bénéficia des Lumières et de l'émancipation politique des juifs, se marqua longtemps par la mise à distance, voire le rejet du judaïsme comme mode de vie intégral et ritualisant l'espace public : être juif était une question de confession privée. Aussi, lorsque, au cours du XXe siècle, les Juifs acquièrent des positions prééminentes dans les sciences sociales, ils délaissent pour la plupart systématiquement l'anthropologie, la sociologie ou l'histoire politique des sociétés juives passées ou contemporaines, soucieux de limiter le poids de leur passé propre et de ne pas se placer " du dehors " de la société. Les noces des sciences sociales et des études juives, un temps célébrées, tournent au divorce. Pourtant ressurgissent de nos jours, dans les sociétés pluralistes, notamment aux États-Unis, des tentatives de réinventer un destin collectif, par un effort de désassimilation, comme en écho au judaïsme de l'Est de l'Europe. Ce paradoxe ne se comprend qu'au prix d'un grand périple dans les sciences sociales occidentales, de l'Allemagne du XIXe siècle aux États-Unis d'aujourd'hui, en passant par la France et la Grande-Bretagne. On y découvre alors l'origine historique et culturelle des grandes thèses que sont : la fin attendue des Juifs par résorption ou assimilation, leur acceptation, en marge de la société, en tant qu'étrangers ou paria ; ou enfin leur reconnaissance, comme autant d'individus dotés, en diaspora, d'un domicile tenu pour inviolable dans lequel peut se donner libre cours une sociabilité commune. On voit le chemin chaotique ouvert par Kart Marx, Georg Simmel et Émile David Durkheim -et que prolongent de diverses manières Raymond Aron, Hannah Arendt, Isaiah Berlin et Michael Walzer- croiser, à de multiples reprises et de manière surprenante, celui que parcourent, de leur côté, Heinriech Graetz, Simon Doubnov, Salo Baron et aujourd'hui Yosef Hayim Yerushalmi. Car, par beaucoup d'aspects, les études juives contemporaines, preuves de la légitimité de la présence juive en diaspora, se présentent comme les héritières de ces géants confrontés, au siècle passé, aux expressions les plus contrastées des Lumières et des contre-Lumières. S'esquisse ainsi une vraie géographie de l'espoir juif.

04/2004

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Sociologie

Sociologie des nationalismes

L'explosion des nationalismes bouleverse les sociétés contemporaines menacées les unes et les autres, à des degrés divers, par des formes violentes d'action collective à visée identitaire. Que cette mobilisation s'appuie sur la puissance étatique afin de mener à son terme le processus de construction de la nation, qu'elle réveille, au contraire, d'anciennes solidarités de type ethnique ou religieuses ainsi transfigurées, elle implique à chaque fois l'émergence de conflits propres à susciter l'engagement des acteurs. Menée au nom de valeurs puisées dans des codes culturels multiples capables de rendre vie à des " communautés imaginées ", l'action collective nationaliste transforme les structures sociales et partisanes, magnifie les mythes comme les langages, réaménage les liens territoriaux et redessine les solidarités ainsi que les frontières du système social.

04/1997

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Histoire de France

Histoire politique des juifs en France. Entre universalisme et particularisme

L'histoire politique des Juifs de France s'inscrit tout entière dans un balancement entre le civique et le civil, entre l'espace public et l'espace privé, entre la citoyenneté républicaine et l'attachement à des valeurs spécifiques, entre le bonheur public et le bonheur privé. Elaborant une "conception enchantée de la Révolution" , la plupart se sont montré des patriotes sourcilleux, entièrement dévoués à la République dont le modèle attira longtemps de nombreux immigrants. Déçus sinon trahis par les multiples guerres franco-françaises, de nombreux Juifs se sont éloignés du mythe républicain en cherchant à redéfinir une identité collective. Cette recherche a été facilitée par le recul contemporain du jacobinisme autorisant l'expression des différences et la naissance d'une citoyenneté plurielle. La renaissance actuelle d'une conscience identitaire provient également, de l'affaire Dreyfus au Front national, de l'épanouissement d'un antisémitisme exacerbé, devenant de nos jours, après Carpentras, presque légitime. L'identité politique des Juifs de France, hier comme aujourd'hui, se construit toujours entre l'universalisme et le particularisme : c'est cette perspective novatrice qui guide la recherche collective présentée dans cet ouvrage.

12/1990

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Histoire internationale

Sur la corde raide. Parcours juifs entre exil et citoyenneté

L'histoire des juifs hésite entre exil et intégration, identité, citoyenneté et Etat, mémoire et oubli, entre des centres successifs et des périphéries changeantes, entre tant d'errances et tant de patries farouchement revendiquées. A partir de traces diverses d'histoire juive saisies dans le passé parfois le plus lointain, parfois dans le présent de sociétés multiples, c'est de l'incertitude, du risque auxquels les juifs se trouvent fréquemment confrontés en tant qu'acteurs dont il est question dans ce livre, de la manière dont ils " dansent " sur la corde raide (Kafka) et s'efforcent à chaque fois de trouver un équilibre précaire entre des impératifs et des aspirations compatibles ou souvent contradictoires. Le lecteur trouvera dans cet ouvrage une réflexion d'ensemble, construite à partir d'analyses historiques souvent comparatives, sur les divers chemins empruntés par les juifs au cours de leur émancipation comme dans les sociétés contemporaines durant lesquels ils ont fait face à de multiples types de pouvoir et tenté de construire des " domiciles " (Yerushalmi) précaires ou, au contraire, durables.

01/2002

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Histoire de France

"Est-il des moyens de rendre les Juifs plus utiles et plus heureux ?". Le concours de l'Académie de Metz (1787)

En cette fin de XVIIIe siècle, les Lumières radicales à la française magnifient l'idée de régénération. En s'en emparant, l'utopie révolutionnaire a voulu rejeter les valeurs anachroniques du : passé. Or cette aspiration à l'invention d'un homme nouveau tourné vers la Raison trouve une de ses premières formulations dans le fameux Essai sur la régénération physique, morale et politique des Juifs de l'abbé Grégoire, rédigé à l'occasion du concours de l'Académie de Metz, en 1787. Grégoire, favorable à l'émancipation des Juifs, soutient que celle-ci doit passer par l'oubli des rêveries talmudiques et des traditions qu'il juge burlesques. Au même moment, rien de tel n'est exigé des protestants par les philosophes qui défendent leur pleine entrée dans la cité, ni des Noirs des colonies pour lesquels ils réclament la fin de l'esclavage. Ce concours marque donc un moment unique dans l'histoire de la France moderne. Pourtant, à l'exception du texte publié de l'abbé Grégoire, sans cesse lu et commenté, on ignorait presque tout des manuscrits déposés par les autres candidats, et même de la première version de celui de Grégoire. Pierre Birnbaum a eu l'idée de les rechercher aux archives de Metz et de Nancy. Les voici enfin publiés dans leur intégralité. Leur mise au jour et leur comparaison systématique dans le présent ouvrage opèrent tel un révélateur : la question de l'entrée dans l'espace public des Juifs apparaît comme le symbole d'une difficile relation entre citoyenneté et pluralisme culturel, qui hante jusqu'à nos jours la société française.

04/2017

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Histoire internationale

Laurent le Magnifique

Dans cette biographie devenue un classique et écrite avec l'art consommé du romancier, Marcel Brion nous présente tout d'abord les premiers Médicis, Salvestro, Averatdo, Giovanni véritable artisan de la fortune de la famille, Cosimo, plus ambitieux en politique, plus sensible au faste, surnommé le Père de la Patrie, et enfin Laurent, son petit-fils (1449-1492). Marcel Brion sait conter à merveille et campe comme nul autre ses personnages. Fluide et passionnante, son récit retrace l'histoire des conspirateurs florentins, des moines fanatiques, des cardinaux intrigants, des condottieri retors, mais aussi toute une pléiade de poètes, d'artistes et de jolies femmes. Le roman vrai d'une vie qui ressemble à une légende !

09/2019

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Décoration

Yves Saint Laurent

" Au 5 avenue Marceau, toutes les formes du silence pouvaient s'écouter : le silence des lignes, le silence crème des toiles, le doux silence des ateliers, le silence heureux des mains, le silence minéral de l'attente, quand il n'était pas là, le silence d'un sourire esquissé dans le miroir, la beauté, comme une histoire d'amour entre lui et les mannequins, son studio de création... Et puis le silence de la peur, du doute - son école. J'ai rencontré Yves Saint Laurent en 1986 à travers son métier, et c'est seulement un an plus tard que nous avons été présentés. Publiée en 1993, cette biographie a été rééditée en 2002 lors de la fermeture de la maison Yves Saint Laurent, puis en 2010. Un jour il m'avait lancé : "Mais vous connaissez bien mieux ma vie que moi... ". Faux, évidemment. Car écrire la vie de cet homme de son vivant, c'est refuser de tomber dans certains pièges. " Je n'ai jamais cherché à éviter ses zones d'ombres, mais à privilégier sa lumière, ce qui l'a rendu si différent. Yves Saint Laurent est à la fois l'astéroïde et le noyau d'une vieille comète, une planète monstre ayant modifié la perception du système solaire de la mode. Du soleil cher à Chanel, et de l'étoile - talisman de Dior, Yves Saint Laurent a fait une boule de feu, il est ce météore qui continue à éclairer la galaxie, bien après sa mort. " L. B. Le 1er juin 2008, Yves Saint Laurent laissait derrière lui bien plus qu'un nom et une maison de couture... A l'occasion du dixième anniversaire de sa mort, Laurence Benaïm nous confie l'édition définitive de sa légendaire biographie : l'ascension d'un jeune garçon né en 1936 à Oran, qui s'écriait à l'âge de treize ans : "Un jour, j'aurai mon nom gravé en lettres de feu sur les Champs-Elysées". L'itinéraire d'un peintre de la vie moderne, oeil à vif, traversant les époques pour en habiller l'ambiguïté dans un parfum de luxe, de vertiges et de décadence. La vie d'un homme libre, provocateur, secret, malheureux, génial, toujours échappé vers d'autres vies... La biographie du dernier des classiques. Le roman de la mode de 1958 aux débuts des années 2000.

05/2018

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Décoration

Yves Saint-Laurent

Le 7 janvier 2002, alors qu’il fête les quarante ans de sa maison, Yves Saint Laurent fait ses adieux à la haute couture. La nouvelle choque le monde entier et révèle la force et la fragilité de l’homme que Mishima appelait « l’enfant aux nerfs d’acier ». Ce livre – la première biographie du couturier – raconte l’ascension du jeune garçon qui, né en 1936 à Oran, rêvait de faire des robes pour un monde qui n’existait plus et s’écriait à l’âge de treize ans : « Un jour, j’aurai mon nom gravé en lettres de feu sur les Champs-Elysées. » C’est l’itinéraire d’un peintre de la vie moderne, oeil à vif, traversant les époques pour en habiller l’ambiguïté dans un parfum de luxe, de vertiges et de décadence. Yves Saint Laurent meurt le 1er juin 2008. Plus que le roman de la mode de 1958 à nos jours, il s’agit ici d’un hommage au métier où brillent les derniers feux d’un certain art de vivre.

03/2010

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Mammifères

Laurent Baheux. Elephant

Avec Elephant, Laurent Baheux raconte presque 20 années de rencontres inoubliables avec cet animal emblématique de l'Afrique, au Kenya, en Namibie, en Afrique du Sud, au Botswana, en Zambie ou en Tanzanie. Ce livre offre le spectacle d'un face-à-face intime avec l'animal, ici traité comme un sujet à part entière à égalité avec l'homme, et il nous incite à prendre le temps de le contempler, pour mieux nous interroger sur notre relation au monde sauvage et sur notre relation aux animaux qui le peuplent. Si le photographe a depuis longtemps choisi le noir et blanc, c'est pour mieux se jouer de la lumière incomparable de l'Afrique, cette pureté singulière qui donne la sensation d'être en prise directe avec la matière, sans filtre. L'approche de Laurent Baheux n'est pas celle d'un photographe naturaliste ou épris d'éthologie. Ce qu'il cherche auprès des éléphants d'Afrique, c'est la sensation d'une plénitude retrouvée, d'une renaissance, d'une reconnexion au vivant. L'éléphant oblige l'homme à l'humilité. Nous ne sommes rien face à sa puissance et à son intelligence. L'éléphant n'est pas non plus un prédateur et c'est nous aujourd'hui qui menaçons son existence. Avec ce livre hommage et plaidoyer, Laurent Baheux apporte une nouvelle preuve de la nécessité de sauvegarder les éléphants et de protéger leur environnement, pas seulement parce qu'ils peuplent notre inconscient collectif, depuis les albums illustrés pour enfants jusqu'aux récits de voyage des premiers explorateurs, mais parce qu'ils sont étroitement liés à l'équilibre du monde vivant et qu'ils nous renvoient, tels des miroirs, à notre propre finitude, inéluctable, nous qui leur ressemblons tant, si forts et si fragiles à la fois.

11/2021

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Histoire internationale

Laurent le Magnifique

Prince modèle de la Renaissance, Laurent le Magnifique donne le ton à l'Europe civilisée de la fin du XVe siècle. Homme politique, il dispose à Florence de tous les pouvoirs sous l'apparence d'institutions républicaines habilement vidées de leur contenu. Banquier, il impose sa volonté aux souverains du monde en utilisant l'arme de l'argent par l'intermédiaire d'une société financière à développement multinational. Protecteur des arts et des lettres, il encourage la magnifique floraison de l'Humanisme et de la Renaissance qui font de l'Italie le moteur de l'Occident à l'aube des temps modernes. Cette réussite est obtenue à travers des drames, les révoltes sociales de la misère et de l'ambition qui ont permis aux ancêtres de Laurent de bâtir leur fortune. Lui-même forge sa toute-puissance dans la répression de la sanglante conjuration des Pazzi. Mais le succès politique a pour corollaire la ruine financière : la crise frappe de plein fouet la banque Médicis. Laurent déploie alors son génie d'homme d'Etat. Il établit la paix dans une Italie déchirée par la cupidité des princes, le népotisme des papes et les intrigues des dynasties étrangères dont il réussit à éviter l'intervention. Mais Laurent est aussi un merveilleux poète. Ses œuvres d'une extrême variété révèlent un tempérament amoureux, une fraîcheur d'âme, une angoisse de l'être qui aujourd'hui encore nous touchent profondément. Unissant la quête du bonheur platonicien et les exigences chrétiennes, il reflète le génie d'un temps qui sut mettre en images, sous le pinceau de Ghirlandaio et de Botticelli, la douceur et le charme des heures les plus fragiles de la vie.

11/1997

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Lecture 6-9 ans

Laurent le flamboyant

Comme chaque matin, Laurent le Outan se réveille de mauvais poil. Il a beau se lancer de branche en branche à travers la jungle de Sumatra, il a beau voler des oeufs au Trogon aux yeux blancs, et pour couronner le tout cuisiner sa fantastique tarte aux litchis, il lui manque quelque chose ou plutôt quelqu'un : les petits enfants de Paris. Avec eux, Laurent le Outan pourrait grimper dans les arbres, plus haut encore que la tour Eiffel, et manger des parts de tarte. Sans eux, il passe son temps à attendre. Un soir de lune argentée, Laurent le Outan fait la rencontre d'une petite fourmi tout excitée, vraiment pas gênée. En plus, elle lui apprend que les petits enfants mangent des croque-monsieur devant la télévision, loin de la jungle. Pour Lolo, c'en est trop. Il ne veut plus sortir de son lit. C'est compter sans cette petite fourmi courageuse et bien décidée à bouleverser sa vie.

10/2018

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Littérature française

Maître Laurent. Roman

Drame de l'immigration, la Méditerranée est devenue une sorte de "tombeau ouvert" pour la jeunesse africaine. Les jeunes Africains, par manque de repères et d'espoir, fuient le continent comme s'il était en feu. Le petit Laurent, dont la mère s'est noyée lors de la traversée, est sauvé de justesse par l'amant de sa mère. Ce dernier va l'amener en France. Cependant, N'Guma Sisi, le sauveur de l'enfant, trouvera lui aussi la mort dans un accident de travail. Laurent sera adopté par Martine, la femme de N'Guma Sisi, professeure de lycée, versée dans la littérature africaine d'expression française, qui l'élèvera seule jusqu'à en faire un avocat.

03/2023

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Littérature française (poches)

Philippe Sauveur

Un bruit a longtemps circulé : Ramon Fernandez aurait écrit un roman dont le personnage principal est homosexuel, fait très rare dans la littérature du début du XXe siècle, et surtout de la part d'un auteur (passant pour) hétérosexuel. Ce Philippe Sauveur était devenu mythique. Existait-il bel et bien ? Mais oui. Proust a même eu le manuscrit en main et l'a commenté. Dans Ramon, son fils Dominique Fernandez raconte les curieuses circonstances dans lesquelles ce manuscrit confidentiel, et que l'on croyait perdu, a été retrouvé. C'est lui qu'on lira ici, dans ses trois versions successives.

11/2012

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Histoire internationale

Philippe Guillon

Philippe Guillon Date de l'édition originale : 1888 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

10/2020

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BD tout public

Philippe Auguste

Philippe Auguste est l'un des monarques les plus connus et admirés de la France du Moyen Age, en raison non seulement de sa longévité sur le trône, mais aussi des importantes conquêtes territoriales qui lui ont permis d'affermir le pouvoir royal ainsi que de la victoire lors de la célèbre bataille de Bouvines en 1214. Mais s'il laisse cette image prestigieuse forgée par les chroniqueurs capétiens, son règne, débuté à l'ombre des rois anglais, dont Richard Coeur de Lion, fut aussi marqué par des revers et des difficultés.

11/2018

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Critique littéraire

Philippe Sollers

Exception telle est la règle en art et en littérature. Philippe Sollers

10/1992

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Critique littéraire

Philippe Soupault

" Poète, vagabond. Voyageur. Contestataire ", Philippe Soupault (1897-1990), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Louis Aragon, a vécu en marge, à dessein et par inadvertance. A dessein, il s'est tenu à l'écart des projecteurs, n'aimant ni l'idée ni les servitudes de la gloire. Et c'est par inadvertance qu'il est resté dans l'ombre : trop occupé à vivre, il a oublié de préparer sa postérité... Auteur avec Breton, en 1919, des Champs magnétiques, un des livres les plus marquants du XXe siècle, il est avant tout poète. Mais c'est aussi un romancier de talent (du Bon Apôtre aux Dernières Nuits de Paris), et un critique prolifique, inclassable. Editeur, journaliste à Paris-Soir et à L'Excelsior, directeur de Radio-Tunis, producteur à Radio-France, sa vie professionnelle est variée et passionnante, marquée par de nombreux voyages, de multiples rencontres. Proche de la résistance gaulliste, il connaît les geôles vichystes à Tunis. Considéré comme l'un des plus authentiques écrivains de la littérature française, on le retrouve en 1944 professeur dans une université chic de la côte Est des Etats-Unis. Sa vie, retracée ici à travers son oeuvre et de très nombreux inédits, suit les soubresauts littéraires et politiques du siècle, du mouvement dada aux errances du surréalisme, de la montée du nazisme en Allemagne à la dictature du gouvernement de Vichy, de la création de l'URSS à la décolonisation. De Paris à Mexico, de Tunis à New York en passant par Berlin, Prague et Rio de Janeiro, c'est une longue vie pleine de poèmes et de traversées, cherchant sans cesse un difficile équilibre entre l'écriture, les amitiés et les amours.

04/2010

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Histoire de France

LOUIS-PHILIPPE

Humilié, comme tous ceux de sa lignée, par les Bourbons, critiqué, puis menacé durant la Révolution, éternel candidat au moindre trône vacant d'Europe, opportuniste ou passant pour tel (il fut quasi jacobin dans sa jeunesse et finit sa vie en monarque autoritaire chassé par une émeute), moqué par ses adversaires politiques des deux bords au cours de son règne, Louis-Philippe a laissé dans la mémoire des Français une image ambiguë et contradictoire. Par surcroît, ce n'est que depuis peu de temps que sont accessibles aux historiens les archives permettant d'éclairer sa figure de façon définitive. Guy Antonetti est le premier d'entre eux. Qui était donc le dernier roi sous lequel les Français ont accepté de vivre ? Faudrait-il, comme on le fait souvent des personnages mal connus, le statufier, le créditer d'avoir fait avancer la démocratie libéra-le et d'avoir donné au pays près de vingt ans de stabilité ? Certes non. Si son règne ne fut pas le désastre que l'on a dit et si nombre de ré-formes positives portent son empreinte propre, il est clair que Louis-Philippe a échoué. La monarchie issue des Trois Glorieuses était à ses yeux d'une perfection indépassable. Il était convaincu que le choix fait alors - le "juste milieu" entre l'absolutisme de l'Ancien Régime et l'anarchie jacobine , garanti par la charte 1814 révisée, était le seul possible. Il se prenait pour un homme de son temps, alors qu'il n'était au fond qu'une figure éminente de cette aristocratie éclairée du xviiie siècle qui se rallia au tiers état en juin 89 en rêvant de transformer la monarchie en une royauté constitutionnelle on connaît la suite. Rejetant la leçon, Louis-Philippe ne sut pas évoluer, en depit d'une in-telligence et d'un courage évidents. La même insurrection qui l'avait mis sur le trône en juillet 1830 le balaya en quelques jours en février 1848. Né en 1773, il prolonge, au siècle de la vapeur, l'époque des Lumières. N'a-t-il pas, enfant, croisé Voltaire, lequel avait vingt ans en 1715 et n'a-t-il pas dîné avec Robespierre et avec Washington, mais son père n'a-t-il pas été l'homme le plus riche du royaume, et n'était-il pas lui-même quatre fois l'arrière-petit-fils de Louis XIV ? Louis-Philippe a voulu être roi, un vrai roi, un grand roi. Il a seulement oublié que la France ne voulait plus de roi du tout, ni petit ni grand. Professeur à l'université de Paris II, Guy Antonetti, agrégé de droit, est historien du droit, spécialiste des questions financières et économiques.

10/1994

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Cinéma

Philippe Torreton

Pour beaucoup, les histoires sont écrites. Plus rares sont ceux qui réinventent leur destin. Philippe Torreton est de ceux-là. L'enfant né au milieu des années soixante à Rouen, d'une mère institutrice et d'un père employé d'une station-service, est un jour devenu le grand comédien que nous connaissons. Au cours de sa jeunesse, le collégien se montre plutôt timide, réservé. L'inscrire à un stage de théâtre organisé par son établissement scolaire l'aiderait peut-être à se désinhiber... L'expérience se révèle déterminante, une ferveur dévorante s'empare de l'adolescent, ne le quittera plus. Cet ouvrage est agrémenté d'entretiens exclusifs, le comédien se livre en toute simplicité et dévoile comment le gamin qui n'osait envisager une carrière artistique, s'est retrouvé littéralement happé par le souffle de la passion puis propulsé dans la spirale d'une irrésistible ascension. En 1987, Philippe Torreton passe le concours d'entrée du Conservatoire national supérieur d'art dramatique. Il va fréquenter les classes de Catherine Hiegel et Daniel Mesguich. En 1990, il entre à la Comédie Française comme pensionnaire. Il en devient sociétaire en 1994. Mais comment retracer les débuts de la carrière de l'acteur normand sans évoquer sa rencontre avec Bertrand Tavernier ? Cette collaboration avec l'immense metteur en scène contribuera à la naissance de sa carrière cinématographique. Philippe Torreton recevra le César du meilleur acteur pour son rôle dans Capitaine Conan en 1997. Quand on demande au comédien quelles sont les personnalités qui l'ont le plus marqué, il hésite, elles sont si nombreuses ! Après une brève réflexion, le quinquagénaire confie : " Je pense à Bob Villette de la Compagnie errante, à mes professeurs au Conservatoire puis au Français. A Daniel Mesguich mais aussi à Antoine Vitez qui m'a engagé à la Comédie Française. A Bertrand Tavernier pour le cinéma et sans doute à Jeanne Moreau, Claude Rich et Jean-Claude Brialy pour les acteurs... " Philippe Torreton porte un regard sur son époque mais se confie également sur ses hobbies, ses projets, ses espoirs... Un artiste dont le talent n'a d'égal que l'humilité. Un homme capable de relever tous les défis, celui de passer du rôle de Cyrano à celui de Napoléon, de Robert III d'Artois dans les Rois maudits à celui d'Hamlet de Shakespeare, un comédien sans frontières qui n'a pas fini de nous étonner !

02/2019

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Histoire internationale

Philippe II

Philippe II incarne l'Espagne au faîte de sa puissance. Son père Charles Quint lui a légué les royaumes de Castille et d'Aragon, une grande partie de l'Italie, la Franche-Comté, les Pays-Bas et, au-delà des océans, l'Amérique, source inépuisable de richesses. Pendant cinquante ans, il maintient et accroît cet héritage. Roi Catholique, champion de la Contre-Réforme, il lance à l'assaut du monde ses armées et ses flottes, ne craignant pas de s'attaquer au pape, à la France, à l'Angleterre . Son frère don Juan est victorieux du Turc à Lépante. Le duc d'Albe s'empare du Portugal et Alexandre Farnèse restaure son pouvoir aux Pays-Bas. A ses sujets il impose une loi de fer. L'Inquisition allume ses bûchers. Les morisques sont déportés. Un tribunal de sang est instauré dans les Flandres. La répression s'abat sur l'Aragon. Mais l'heure des revers a sonné. Les éléments déchaînés dispersent l'Invincible Armada, Henri IV chasse à jamais les Espagnols de France. Homme de cabinet, penché nuit et jour sur ses dossiers, Philippe II assume pleinement la responsabilité de sa politique. Jugeant de tout, il n'hésite pas devant des mesures extrêmes, comme l'incarcération de son fils dément, don Carlos. La légende noire s'empare alors de son personnage. Et pourtant la personnalité du roi a bien d'autres facettes. Sa vie privée révèle des aspects attachants. Son humanité s'exprime dans le goût de la nature et l'amour des arts. Son règne qu'illustrent de grands peintres, Titien, Greco, célébré par un Lope de Vega et un Cervantes, inaugure le Siècle d'Or de la civilisation espagnole. Le palais-monastère de l'Escurial, huitième merveille du monde, en est le reflet prestigieux.

12/1996

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Histoire de France

Philippe Henriot

Il se rêvait poète ou écrivain, admirait Flaubert et Anatole France, et chassait les papillons qu'il collectionnait avec passion... Et pourtant, de Philippe Henriot, l'Histoire retiendra qu'il a été le plus ardent et le plus célèbre propagandiste de Vichy, le "Goebbels français", comme l'avaient baptisé les dignitaires nazis. Mais comment devient-on Philippe Henriot ? Comment le catholicisme français peut-il parfois nourrir de tels dévoiements, qui conduisent à la trahison même de son pays ? L'historien Christian Delporte retrace le parcours de celui qui, au faîte de sa carrière, était devenu bien plus que le chroniqueur incontournable de Radio-Paris, tribun insatiable exhortant chaque jour les Français à la soumission devant l'occupant. Dans un livre soigné, qui vient rompre avec les clichés, Christian Delporte retrace le parcours du troisième homme fort de Vichy en s'appuyant sur des archives inédites. Parmi celles-ci, les rapports des RG nuancent considérablement son influence sur ses compatriotes, en particulier auprès des ouvriers et des paysans. Ministre de la Propagande en 1944, Philippe Henriot mena sans répit la "guerre des ondes" contre Radio-Londres, l'antenne française mise à disposition de la Résistance par la BBC, précipitant sa mort sous les balles d'un "commando" ordonné depuis Londres...

01/2018