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La comédie humaine. Une double famille

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Littérature française

La comédie humaine. Un début dans la vie

" Les chemins de fer, dans un avenir aujourd'hui peu éloigné, doivent faire disparaître certaines industries, en modifier quelques autres, et surtout celles qui concernent les différents modes de transport en usage pour les environs de Paris. Aussi, bientôt les personnes et les choses qui sont les éléments de cette Scène lui donneront-elles le mérite d'un travail d'archéologie. Nos neveux ne seront-ils pas en- chantés de connaître le matériel social d'une époque qu'ils nommeront le vieux temps ? Ainsi les pittoresques coucous qui stationnaient sur la place de la Concorde en encombrant le Cours-la-Reine, les coucous si florissants pendant un siècle, si nombreux encore en 1830, n'existent plus ; et, par la plus attrayante solennité champêtre, à peine en aperçoit-on un sur la route en 1842. En 1842, les lieux célèbres par leurs sites et nommés Environs de Paris, ne possédaient pas tous un service de messageries régulier. Néanmoins les Touchard père et fils avaient conquis le mono- pole du transport pour les villes les plus populeuses, dans un rayon de quinze lieues ; et leur entreprise constituait un magnifique établissement situé rue du Faubourg Saint-Denis. Malgré leur ancienneté, malgré leurs efforts, leurs capitaux et tous les avantages d'une centralisation puissante, les messageries Touchard trouvaient dans les coucous du Faubourg -Saint-Denis des concurrents pour les points situés à sept ou huit lieues à la ronde. La passion du Pari- sien pour la campagne est telle, que des entreprises locales luttaient aussi avec avantage contre les Petites-Messageries, nom donné à l'entreprise des Touchard par opposition à celui des Grandes-Messageries de la rue Montmartre. A cette époque le succès des Touchard stimula d'ailleurs les spéculateurs. Pour les moindres localités des environs de Paris, il s'élevait alors des entreprises de voitures belles, rapides et commodes, partant de Paris et y revenant à heures fixes, qui, sur tous les points, et dans un rayon de dix lieues, produisirent une concurrence acharnée. . ".

02/2023

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Littérature française

La comédie humaine. L'auberge rouge

" En je ne sais quelle année, un banquier de Paris, qui avait des relations commerciales très étendues en Allemagne, fêtait un de ces amis, longtemps inconnus, que les négociants se font de place en place, par correspondance. Cet ami, chef de je ne sais quelle maison assez importante de Nuremberg, était un bon gros Allemand, homme de goût et d'érudition, homme de pipe surtout, ayant une belle, une large figure nurembergeoise, au front carré, bien découvert, et décoré de quelques cheveux blonds assez rares. Il offrait le type des enfants de cette pure et noble Germanie, si fertile en caractères honorables, et dont les paisibles moeurs ne se sont jamais démenties, même après sept invasions. L'étranger riait avec simplesse, écoutait attentivement, et buvait remarquablement bien, en paraissant aimer le vin de Champagne autant peut-être que les vins paillés du Johannisberg. Il se nommait Hermann, comme presque tous les Allemands mis en scène par les auteurs. En homme qui ne sait rien faire légèrement, il était bien assis à la table du banquier, mangeait avec ce tudesque appétit si célèbre en Europe, et disait un adieu consciencieux à la cuisine du grand CAREME. Pour faire honneur à son hôte, le maître du logis avait convié quelques amis intimes, capitalistes ou commerçants, plusieurs femmes aimables, jolies, dont le gracieux babil et les manières franches étaient en harmonie avec la cordialité germanique. Vraiment, si vous aviez pu voir, comme j'en eus le plaisir, cette joyeuse réunion de gens qui avaient rentré leurs griffes commerciales pour spéculer sur les plaisirs de la vie, il vous eût été difficile de haïr les escomptes usuraires ou de maudire les faillites. L'homme ne peut pas toujours mal faire. Aussi, même dans la société des pirates, doit-il se rencontrer quelques heures douces pendant lesquelles vous croyez être, dans leur sinistre vaisseau, comme sur une escarpolette... ".

02/2023

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Littérature française

Physiologie du mariage. La comedie humaine

" La femme qui, sur le titre de ce livre, serait tentée de l'ouvrir, peut s'en dispenser, elle l'a déjà lu sans le savoir. Un homme, quelque malicieux qu'il puisse être, ne dira jamais des femmes autant de bien ni autant de mal qu'elles en pensent elles-mêmes. Si, malgré cet avis, une femme persistait à lire l'ouvrage, la délicatesse devra lui imposer la loi de ne pas médire de l'auteur, du moment où, se privant des approbations qui flattent le plus les artistes, il a en quelque sorte gravé sur le frontispice de son livre la prudente inscription mise sur la porte de quelques établissements : Les dames n'entrent pas ici... . ".

02/2023

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Intelligence artificielle

Intelligence artificielle, intelligence humaine : la double enigme

L'intelligence artificielle connaît son heure de gloire. Aux déboires des commencements ont succédé, au tournant du XXIe siècle, des avancées spectaculaires mais qui ne sont pas parfaitement comprises : l'intelligence artificielle reste en partie opaque. Pis : elle a beau progresser, la distance qui la sépare de son objectif proclamé - reproduire l'intelligence humaine - ne diminue pas. Pour dissiper cette énigme, il faut en affronter une deuxième : celle de l'intelligence humaine. Celle-ci ne se réduit pas à la capacité de résoudre toute espèce de problème. Elle qualifie par un jugement la manière dont nous faisons face aux situations, quelles qu'elles soient, dans lesquelles nous sommes. L'intelligence est une notion irréductiblement normative, à l'image du jugement éthique ou esthétique, et c'est pourquoi elle est réputée insaisissable. Un système artificiel "intelligent" connaît non pas les situations, mais seulement les problèmes que lui soumettent les agents humains. C'est sur ce point uniquement que l'intelligence artificielle peut nous épauler. De fait elle résout une variété toujours plus grande de problèmes pressants. Ce devrait demeurer là son objectif, plutôt que celui, incohérent, de chercher à égaler, voire surpasser, l'intelligence humaine. L'humanité a besoin d'outils dociles, puissants et versatiles, et non de pseudo-personnes munies d'une forme inhumaine de cognition.

05/2023

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Littérature française

La peau de chagrin. La comedie humaine

" Vers la fin du mois d'octobre dernier, un jeune homme entra dans le Palais-Royal au moment où les maisons de jeu s'ouvraient, conformément à la loi qui protège une passion essentiellement imposable. Sans trop hésiter, il monta l'escalier du tripot désigné sous le nom de numéro 36. Monsieur, votre chapeau, s'il vous plaît ? lui cria d'une voix sèche et grondeuse un petit vieillard blême accroupi dans l'ombre, protégé par une barricade, et qui se leva soudain en montrant une figure moulée sur un type ignoble. Quand vous entrez dans une maison de jeu, la loi commence par vous dépouiller de votre chapeau. Est-ce une parabole évangélique et providentielle ! N'est-ce pas plu- tôt une manière de conclure un contrat infernal avec vous en exigeant je ne sais quel gage ? Serait-ce pour vous obliger à garder un maintien respectueux devant ceux qui vont gagner votre argent ? Est-ce la police tapie dans tous les égouts sociaux qui tient à savoir le nom de votre chapelier ou le vôtre, si vous l'avez inscrit sur la coiffe ? Est-ce enfin pour prendre la mesure de votre crâne et dresser une statistique instructive sur la capacité cérébrale des joueurs ? Sur ce point l'administration garde un silence complet. Mais, sachez-le bien, à peine avez-vous fait un pas vers le tapis vert, déjà votre chapeau ne vous appartient pas plus que vous ne vous appartenez à vous-même : vous êtes au jeu, vous, votre fortune, votre coiffe, votre canne et votre manteau. A votre sortie, le JEU vous démontrera, par une atroce épigramme en action, qu'il vous laisse encore quelque chose en vous rendant votre bagage. Si toutefois vous avez une coiffure neuve, vous apprendrez à vos dépens qu'il faut se faire un costume de joueur... ".

02/2023

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Critique littéraire

La comédie (in)humaine de l'argent

La crise financière qui sévit depuis 2008 a suscité bien des tentations visant à convoquer la littérature pour illustrer les dégâts de l'argent et instruire le procès moral de " règles " capitalistes qui engendrent le chaos. Balzac, le " romancier de l'argent " ne fut pas oublié, mais il y a toujours quelque chose d'anecdotique et d'instrumental dans ces engouements médiatiques. Instrumental, parce qu'on ne considère la littérature que comme un témoignage, guère plus efficient qu'un article de journal. Anecdotique, car ces évocations s'en tiennent à la surface des choses, au portrait de l'usurier, au méchant banquier, à l'argent corrupteur, c'est-à-dire à des d'images d'Epinal inégalement opératoires aujourd'hui car tributaires d'une machine économique en partie obsolète. Le fond en revanche - la souffrance du sujet aux prises avec l'argent, la soumission de la temporalité de l'individu aux mécanismes de la dette et de remboursement, l'empire idéologique de normes capitalistes qui régissent jusqu'au plus intime de la vie subjective - est éludé. Ce sont pourtant bien ces réalités-là qu'il convient de demander à une littérature réaliste qui, par le jeu de la fiction, met à l'épreuve les transformations qu'opère l'économie moderne sur le sujet. Le roman met au jour une anthropologie de l'argent conçu comme " l'expression subjective, sous l'espèce du désir, du rapport social monétaire " (F. Lordon). C'est ce savoir que le roman balzacien - né avec l'explosion capitaliste - nous enseigne, offrant par la même au lecteur contemporain de nouvelles clefs de lecture du la situation actuelle. En réunissant des spécialistes reconnus dans différents champs des sciences humaines, ce volume se propose de saisir quelques - uns des ressorts implicites du capitalisme mis en scène et mis évidence par le roman balzacien. Mais la critique balzacienne ne réside pas seulement dans ce travail de dévoilement : au-delà de sa faculté critique, La Comédie humaine, est une fable sur la fable économique : on y voit, mises à nu dès les années 1830 - 40, les fictions (idéologiques) que l'économie libérale a forgée au cours des XIXe et XXe siècles.

09/2013

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Littérature française

La comédie humaine. Le bal de sceaux

Emilie de Fontaine est une jeune fille de la noblesse que sa famille souhaiterait bien voir mariée. Malheureusement, elle a une si haute idée d'elle-même, et donc de l'homme qui pourra lui inspirer suffisamment d'amour pour devenir son époux, qu'elle refuse tous les prétendants qu'on lui présente. Jusqu'au jour où, dans un bal champêtre, elle rencontre un bel inconnu... Le dossier de l'édition regroupe des textes qui permettent d'étudier le héros romantique et les représentations des beaux esprits féminins dans la littérature ; il établit un lien entre le récit de Balzac et les oeuvres de grands moralistes.

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine melmoth reconcilie. Melmoth reconcilie

" Il est une nature d'hommes que la Civilisation obtient dans le Règne Social, comme les fleuristes créent dans le Règne végétal par l'éducation de la serre, une espèce hybride qu'ils ne peuvent reproduire ni par semis, ni par bouture. Cet homme est un caissier, véritable produit anthropomorphe, arrosé par les idées religieuses, maintenu par la guillotine, ébranché par le vice, et qui pousse à un troisième étage entre une femme estimable et des enfants ennuyeux. Le nombre des caissiers à Paris sera toujours un problème pour le physiologiste. A-t-on jamais compris les termes de la proposition dont un caissier est l'X connu ? Trouver un homme qui soit sans cesse en présence de la fortune comme un chat devant une souris en cage ? Trouver un homme qui ait la propriété de rester assis sur un fauteuil de canne, dans une loge grillagée, sans avoir plus de pas à y faire que n'en a dans sa cabine un lieutenant de vaisseau, pendant les sept huitièmes de l'année et durant sept à huit heures par jour ? Trouver un homme qui ne s'ankylose à ce métier ni les genoux ni les apophyses du bassin ? Un homme qui ait assez de grandeur pour être petit ? Un homme qui puisse se dégoûter de l'argent à force d'en manier ? Demandez ce produit à quelque Religion, à quelque Morale, à quelque Collège, à quelque Institution que ce soit, et donnez-leur Paris, cette ville aux tentations, cette succursale de l'Enfer, comme le milieu dans lequel sera planté le caissier ? Eh ! bien, les Religions défileront l'une après l'autre, les Collèges, les Institutions, les Morales, toutes les grandes et les petites Lois humaines viendront à vous comme vient un ami intime auquel vous demandez un billet de mille francs. Elles auront un air de deuil, elles se grimeront, elles vous montreront la guillotine, comme votre ami vous indiquera la demeure de l'usurier, l'une des cent portes de l'hôpital. Néanmoins, la nature morale a ses caprices, elle se per- met de faire çà et là d'honnêtes gens et des caissiers... ".

02/2023

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Lettres classiques

La comedie humaine les paysans. Les paysans

" Toi qui procures de délicieux rêves au public avec tes fantaisies, mon cher Nathan, je vais te faire rêver avec du vrai. Tu me diras si jamais le siècle actuel pourra léguer de pareils songes aux Nathan et aux Blondet de l'an 1923 ! Tu mesureras la distance à laquelle nous sommes du temps où les Florine du dix-huitième siècle trouvaient, à leur réveil, un château comme les Aigues, dans un contrat. " Mon très-cher, si tu reçois ma lettre dans la matinée, vois-tu, de ton lit, à cinquante lieues de Paris environ, au commencement de la Bourgogne, sur une grande route royale, deux petits pavillons en brique rouge, réunis ou séparés par une barrière peinte en vert ? ... Ce fut là que la diligence déposa ton ami. " De chaque côté du pavillon serpente une haie vive, d'où s'échappent des ronces semblables à des cheveux follets. Cà et là, une pousse d'arbres s'élève insolemment. Sur le talus du fossé, de belles fleurs baignent leurs pieds dans une eau dormante et verte. A droite et à gauche, cette haie rejoint deux lisières de bois, et la double prairie à laquelle elle sert d'enceinte, a sans doute été conquise par quelque défrichement". A ces pavillons déserts et poudreux commence une magnifique avenue d'ormes centenaires, dont les têtes en parasol se penchent les unes sur les autres et forment un long, un majestueux berceau. L'herbe croît dans l'avenue ; à peine y remarque-t-on les sillons tracés par les doubles roues des voitures... ".

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine les proscrits. Les proscrits

" En 1308, il existait peu de maisons sur le Terrain formé par les alluvions et par les sables de la Seine, en haut de la Cité, derrière l'église Notre-Dame. Le premier qui osa se bâtir un logis sur cette grève soumise à de fréquentes inondations, fut un sergent de la ville de Paris qui avait rendu quelques menus services à messieurs du chapitre Notre-Dame ; en récompense, l'évêque lui bailla vingt-cinq perches de terre, et le dispensa de toute censive ou redevance pour le fait de ses constructions. Sept ans avant le jour où commence cette histoire, Joseph Tirechair, l'un des plus rudes sergents de Paris, comme son nom le prouve, avait donc, grâce à ses droits dans les amendes par lui perçues pour les délits commis ès rues de la Cité, bâti sa maison au bord de la Seine, précisément à l'extrémité de la rue du Port-Saint-Landry. Afin de garantir de tout dommage les marchandises déposées sur le port, la ville avait construit une espèce de pile en maçonnerie qui se voit encore sur quelques vieux plans de Paris, et qui préservait le pilotis du port en soutenant à la tête du Terrain les efforts des eaux et des glaces ; le sergent en avait profité pour asseoir son logis, en sorte qu'il fallait monter plusieurs marches pour arriver chez lui. Semblable à toutes les maisons du temps, cette bicoque était surmontée d'un toit pointu qui figurait au-dessus de la façade la moitié supérieure d'une losange. Au regret des historiographes, il existe à peine un ou deux modèles de ces toits à Paris. Une ouverture ronde éclairait le grenier dans lequel la femme du sergent faisait sécher le linge du Chapitre, car elle avait l'honneur de blanchir Notre-Dame, qui n'était certes pas une mince pratique. Au premier étage étaient deux chambres qui, bon an mal an, se louaient aux étrangers à raison de quarante sous parisis pour chacune, prix exorbitant justifié d'ailleurs par le luxe que Tirechair avait mis dans leur ameublement. . ".

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine louis lambert. Louis lambert

" Louis Lambert naquit, en 1797, à Montoire, petite ville du Vendômois, où son père exploitait une tannerie de médiocre importance et comptait faire de lui son successeur ; mais les dispositions qu'il manifesta prématurément pour l'étude modifièrent l'arrêt paternel. D'ailleurs le tanneur et sa femme chérissaient Louis comme on chérit un fils unique et ne le contrariaient en rien. L'Ancien et le Nouveau Testament étaient tombés entre les mains de Louis à l'âge de cinq ans ; et ce livre, où sont contenus tant de livres, avait décidé de sa destinée. Cette enfantine imagination comprit-elle déjà la mystérieuse profondeur des Ecritures, pouvait-elle déjà suivre l'Esprit-Saint dans son vol à travers les mondes, s'éprit-elle seulement des romanesques attraits qui abondent en ces poèmes tout orientaux ; ou, dans sa première innocence, cette âme sympathisa-t-elle avec le sublime religieux que des mains divines ont épanché dans ce livre ! Pour quelques lecteurs, notre récit résoudra ces questions. Un fait résulta de cette première lecture de la Bible : Louis allait par tout Montoire, y quêtant des livres qu'il obtenait à la faveur de ces séductions dont le secret n'appartient qu'aux enfants, et auxquelles personne ne sait résister. En se livrant à ces études, dont le cours n'était dirigé par personne, il atteignit sa dixième année. A cette époque, les remplaçants étaient rares ; déjà plusieurs familles riches les retenaient d'avance pour n'en pas manquer au moment du tirage. Le peu de fortune des pauvres tanneurs ne leur permettant pas d'acheter un homme à leur fils, ils trouvèrent dans l'état ecclésiastique le seul moyen que leur laissât la loi de le sauver de la conscription, et ils l'envoyèrent, en 1807, chez son oncle maternel, curé de Mer, autre petite ville située sur la Loire, près de Blois. Ce parti satisfaisait tout à la fois la passion de Louis pour la science et le désir qu'avaient ses parents de ne point l'exposer aux hasards de la guerre... ".

02/2023

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Littérature française

Le cure de village. La comedie humaine

" Dans le Bas-Limoges, au coin de la rue de la Vieille-Poste et de la rue de la Cité, se trouvait, il y a trente ans, une de ces boutiques auxquelles il semble que rien n'ait été changé depuis le moyen âge. De grandes dalles cassées en mille endroits, posées sur le sol qui se montrait humide par places, auraient fait tomber quiconque n'eût pas observé les creux et les élévations de ce singulier carrelage. Les murs poudreux laissaient voir une bizarre mosaïque de bois, et de briques, de pierres et de fer tassés avec une solidité due au temps, peut-être au hasard. Le plancher, composé de poutres colossales, pliait depuis plus de cent ans sans rompre sous le poids des étages supé- rieurs. Bâtis en colombage, ces étages étaient à l'extérieur couverts en ardoises clouées de manière à dessiner des figures géométriques, et conservaient une image naïve des constructions bourgeoises du vieux temps. Aucune des croisées encadrées de bois, jadis brodées de sculptures aujourd'hui détruites par les intempéries de l'atmosphère, ne se tenait d'aplomb : les unes donnaient du nez, les autres rentraient, quelques-unes voulaient se disjoindre ; toutes avaient du terreau apporté on ne sait com- ment dans les fentes creusées par la pluie, et d'où s'élançaient au printemps quelques fleurs légères, de timides plantes grimpantes, des herbes grêles. La mousse veloutait les toits et les appuis. . ".

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine seraph ta. Seraph ta

" Madame, voici l'oeuvre que vous m'avez demandée : je suis heureux, en vous la dédiant de pouvoir vous donner un témoignage de la respectueuse affection que vous m'avez permis de vous porter. Si je suis accusé d'impuissance après avoir tenté d'arracher aux profondeurs de la mysticité ce livre qui, sous la transparence de notre belle langue, voulait les lumineuses poésies de l'Orient, à vous la faute ! Ne m'avez-vous pas ordonné cette lutte, semblable à celle de Jacob, en me disant que le plus imparfait dessin de cette figure par vous rêvée, comme elle le fut par moi dès l'enfance, serait encore pour vous quelque chose ? Le voici donc, ce quelque chose. Pourquoi cette oeuvre ne peut-elle appartenir exclusivement à ces nobles esprits préservés, comme vous l'êtes, des petitesses mondaines par la solitude ? ceux-là sauraient y imprimer la mélodieuse mesure qui manque et qui en aurait fait entre les mains d'un de nos poètes la glorieuse épopée que la France attend encore. Ceux-là l'accepteront de moi comme une de ces balustrades sculptées par quelque artiste plein de foi, et sur lesquelles les pèlerins s'appuient pour méditer la fin de l'homme en contemplant le choeur d'une belle église... ".

02/2023

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Théâtre

Une grande famille. Mémoire de comédien

La vie de chacun se raconte souvent par le fil des rencontres. C'est encore plus vrai lorsqu'on a choisi la vie d'artiste, et qu'on est parvenu à appartenir à cette "grande famille" où se trouvent réunis les plus grands et les plus humbles. Jean-Philippe Ancelle nous déroule une partie de la sienne entourée de noms prestigieux : Odile Versois, Romy Schneider, Nicole Courcel, Jacques Charon, Jean Le Poulain, Jean Amadou, Serge Lama, Marcel Bozzuffi, Jean-Claude Brialy, Jacques Chazot, Francis Lalanne... Mais aussi Charles de Gaulle, Anne d'Ornano ou Nicolas Sarkozy. Avec un regard sans concession et un esprit aigu, l'auteur lève le rideau sur le spectacle d'une époque déjà révolue mais toujours présente dans les mémoires, à travers un récit assaisonné d'anecdotes parfaitement inédites.

01/2013

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Autres éditeurs (A à E)

Camille veut une nouvelle famille

Camille a tout pour être heureux, mais il se plaint sans arrêt ! Selon lui, sa maman lui fait trop de bisous, son papa n'a jamais le temps de jouer et sa petite soeur lui casse les oreilles. Un matin, furieux, Camille décide de partir à la recherche de la famille idéale...

01/2022

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Littérature française

La femme de trente ans. La comedie humaine

" Au commencement du mois d'avril 1813, il y eut un dimanche dont la matinée promettait un de ces beaux jours où les Parisiens voient pour la première fois de l'année leurs pavés sans boue et leur ciel sans nuages. Avant midi un cabriolet à pompe attelé de deux chevaux fringants déboucha dans la rue de Rivoli par la rue Castiglione, et s'arrêta derrière plusieurs équipages stationnés à la grille nouvelle- ment ouverte au milieu de la terrasse des Feuillants. Cette leste voiture était conduite par un homme en apparence soucieux et maladif ; des cheveux grisonnants couvraient à peine son crâne jaune et le faisaient vieux avant le temps ; il jeta les rênes au laquais à cheval qui suivait sa voiture, et descendit pour prendre dans ses bras une jeune fille dont la beauté mignonne attira l'attention des oisifs en promenade sur la terrasse. La petite personne se laissa complaisamment saisir par la taille quand elle fut debout sur le bord de la voiture, et passa ses bras autour du cou de son guide, qui la posa sur le trottoir, sans avoir chiffonné la garniture de sa robe en reps vert. Un amant n'aurait pas eu tant de soin. L'inconnu devait être le père de cette enfant qui, sans le remercier, lui prit familièrement le bras et l'entraîna brusquement dans le jardin. Le vieux père remarqua les regards émerveillés de quelques jeunes gens, et la tristesse empreinte sur son visage s'effaça pour un moment. Quoiqu'il fût arrivé depuis long-temps à l'âge où les hommes doivent se contenter des trompeuses jouissances que donne la vanité, il se mit à sourire... ".

02/2023

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Littérature française

La derniere incarnation de vautrin. La comedie humaine

" La Comédie humaine - Tome XVIII - Houssiaux, 1855. Extrait : Le crime et la folie ont quelque similitude. Voir les prisonniers de la Conciergerie au préau, ou voir des fous dans le jardin d'une maison de santé, c'est une même chose. Les uns et les autres se promènent en s'évitant, se jettent des regards au moins singuliers, atroces, selon leurs pensées du moment, jamais gais ni sérieux ; car ils se connaissent ou ils se craignent. L'attente d'une condamnation, les remords, les anxiétés donnent aux promeneurs du préau l'air inquiet et hagard des fous. Les criminels consommés ont seuls une assurance qui ressemble à la tranquillité d'une vie honnête, à la sincérité d'une conscience pure".

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine la cousine bette. La cousine bette

" Vers le milieu du mois de juillet de l'année 1838, une de ces voitures nouvellement mises en circulation sur les places de Paris et nommées des milords, cheminait, rue de l'Université, portant un gros homme de taille moyenne, en uniforme de capitaine de la garde nationale. Dans le nombre de ces Parisiens accusés d'être si spirituels, il s'en trouve qui se croient infiniment mieux en uni- forme que dans leurs habits ordinaires, et qui supposent chez les femmes des goûts assez dépravés pour imaginer qu'elles seront favorablement impressionnées à l'aspect d'un bonnet à poil et par le harnais militaire. La physionomie de ce capitaine appartenant à la deuxième légion respirait un contentement de lui-même qui faisait resplendir son teint rougeaud et sa figure passablement joufflue. A cette auréole que la richesse acquise dans le commerce met au front des boutiquiers retirés, on devinait l'un des élus de Paris, au moins ancien adjoint de son arrondissement. Aussi, croyez que le ruban de la Légion-d'Honneur ne manquait pas sur la poitrine, crâne- ment bombée à la prussienne. Campé fièrement dans le coin du milord, cet homme décoré laissait errer son regard sur les passants qui souvent, à Paris, recueillent ainsi d'agréables sourires adressés à de beaux yeux absents. Le milord arrêta dans la partie de la rue comprise entre la rue de Bellechasse et la rue de Bourgogne, à la porte d'une grande maison nouvellement bâtie sur une portion de la cour d'un vieil hôtel à jardin. On avait respecté l'hôtel qui demeurait dans sa forme primitive au fond de la cour dimi- nuée de moitié... . . ".

02/2023

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Littérature française

La comédie humaine. L'élixir de longue vie

" Dans un somptueux palais de Ferrare, par une soirée d'hiver, don Juan Belvidéro régalait un prince de la maison d'Este. A cette époque, une fête était un merveilleux spectacle que de royales richesses ou la puissance d'un seigneur pouvaient seules ordonner. Assises autour d'une table éclairée par des bougies parfumées, sept joyeuses femmes échangeaient de doux propos, parmi d'admirables chefs-d'oeuvre dont les marbres blancs se détachaient sur des parois en stuc rouge et contrastaient avec de riches tapis de Turquie. Vêtues de satin, étincelantes d'or et chargées de pierreries qui brillaient moins que leurs yeux, toutes racontaient des passions énergiques, mais di- verses comme l'étaient leurs beautés. Elles ne différaient ni par les mots ni par les idées ; l'air, un regard, quelques gestes ou l'accent servaient à leurs paroles de commentaires liber- tins, lascifs, mélancoliques ou goguenards. L'une semblait dire : Ma beauté sait réchauffer le coeur glacé des vieillards. L'autre : J'aime à rester couchée sur des coussins, pour penser avec ivresse à ceux qui m'adorent. Une troisième, novice de ces fêtes, voulait rougir : Au fond du coeur je sens un remords ! disait-elle. Je suis catholique, et j'ai peur de l'enfer. Mais je vous aime tant, oh ! tant et tant, que je puis vous sacrifier l'éternité. La quatrième, vidant une coupe de vin de Chio, s'écriait : Vive la gaieté ! Je prends une existence nouvelle à chaque aurore ! Oublieuse du passé, ivre encore des assauts de la veille, tous les soirs j'épuise une vie de bonheur, une vie pleine d'amour ! La femme assise auprès de Belvidéro le regardait d'un oeil enflammé. Elle était silencieuse. Je ne m'en remettrais pas à des bravi pour tuer mon amant, s'il m'abandonnait ! Puis elle avait ri ; mais sa main convulsive brisait un drageoir d'or miraculeusement sculpté... . ".

02/2023

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Littérature française

Memoires de deux jeunes mariees. La comedie humaine

" Ma chère biche, je suis dehors aussi, moi ! Et si tu ne m'as pas écrit à Blois, je suis aussi la première à notre joli rendez-vous de la correspondance. Relève tes beaux yeux noirs attachés sur ma première phrase, et garde ton exclamation pour la lettre où je te confierai mon premier amour. On parle toujours du premier amour, il y en a donc un second ? Tais-toi ! me diras-tu ; dis-moi plutôt, me demanderas-tu, comment tu es sortie de ce couvent où tu devais faire ta profession ? Ma chère, quoi qu'il arrive aux Carmélites, le mi- racle de ma délivrance est la chose la plus naturelle. Les cris d'une conscience épouvantée ont fini par l'emporter sur les ordres d'une politique inflexible, voilà tout. Ma tante, qui ne voulait pas me voir mourir de consomption, a vaincu ma mère, qui prescrivait toujours le noviciat comme seul remède à ma maladie. La noire mélancolie où je suis tombée après ton départ a précipité cet heureux dénouement. Et je suis dans Paris, mon ange, et je te dois ainsi le bonheur d'y être. Ma Renée, si tu m'avais pu voir, le jour où je me suis trouvée sans toi, tu aurais été fière d'avoir inspiré des sentiments si profonds à un coeur si jeune. Nous avons tant rêvé de compagnie, tant de fois déployé nos ailes et tant vécu en commun, que je crois nos âmes soudées l'une à l'autre, comme étaient ces deux filles hongroises dont la mort nous a été racontée par monsieur Beauvisage, qui n'était certes pas l'homme de son nom : jamais médecin de couvent ne fut mieux choisi. N'as-tu pas été malade en même temps que ta mignonne ? ... ".

02/2023

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Littérature française

Marie de toutes les passions. Ou une nouvelle comédie humaine

Marie d'Hautencourt a fui le château familial de Bourgogne où elle étouffait, entre un père figé dans des traditions d'un autre âge et un frère aîné Tristan, jaloux, prétentieux et affairiste. Sa mère, elle ne l'a jamais connue et même Elodie, sa fidèle nourrice, se tait dès qu'elle essaie de savoir ce qui lui est arrivé. Son choix de devenir psychologue pour enfants n'est pas anodin, et sa décision de travailler dans des banlieues dites sensibles, ne peut être le fruit du hasard. La crise cardiaque qui a laissé son père muet dans une chaise roulante, la rappelle au domaine familial, après plusieurs années d'absence. Si le comte d'Hautencourt recouvre peu à peu ses forces grâce à ses soins, Tristan est furieux quand Marie veut fourrer son nez dans les affaires qu'il gère, car il ignore que sa cadette a surpris des conversations alarmantes, quant à ses faits et gestes, et dont dépend l'avenir de la propriété. Marie va entrer en conflit, non seulement avec son frère, mais aussi avec tous les notables du village quand elle décidera de transformer une partie de son patrimoine en village d'accueil pour tous "? les blessés de la vie ? ", drogués et délinquants. Ceux-ci auront pour tâche d'aider de jeunes handicapés, au lieu de s'apitoyer sur leur sort. Elle sera très vite soutenue par Jean Beaudrieu, gros propriétaire terrien et candidat aux prochaines élections, et le Dr Stéphane Morel, protégé de son père et ami d'enfance. Sa croisade fera ressortir des procédés douteux, les mensonges les plus sordides depuis un demi-siècle, et même le secret de sa naissance.

05/2022

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Littérature française (poches)

Une Double famille, Le Contrat de mariage, L'Interdiction

- Vous n'avez pas dansé ? demanda Granville. - Je ne danserai jamais, répliqua-t-elle. - Si je vous disais que vous devez danser, reprit vivement le magistrat. Oui, vous devez suivre les modes, porter des fleurs dans vos cheveux, mettre des diamants. Songez donc, ma belle, que les gens riches, et nous le sommes, sont obligés d'entretenir le luxe dans un Etat ! Ne vaut-il pas mieux faire prospérer les manufactures que de répandre son argent en aumônes par les mains du clergé ? - Vous parlez en homme d'Etat, dit Angélique. - Et vous en hommes d'Eglise, répondit-il vivement.

01/1973

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Littérature française

Les employes ou la femme superieure. La comedie humaine

" A Paris, où les hommes d'étude et de pensée ont quelques analogies en vivant dans le même milieu, vous avez dû rencontrer plu- sieurs figures semblables à celle de monsieur Rabourdin, que ce récit prend au moment où il est Chef de Bureau à l'un des plus importants Ministères : quarante ans, des cheveux gris d'une si jolie nuance que les femmes peuvent à la rigueur les aimer ainsi, et qui adoucissent une physionomie mélancolique ; des yeux bleus pleins de feu, un teint encore blanc, mais chaud et parsemé de quelques rougeurs violentes ; un front et un nez à la Louis XV, une bouche sérieuse, une taille élevée, maigre ou plutôt maigrie comme celle d'un homme qui relève de maladie, enfin une démarche entre l'indolence du promeneur et la méditation de l'homme occupé. Si ce portrait fait préjuger un caractère, la mise de l'homme contribuait peut-être à le mettre en relief. Rabourdin portait habituelle- ment une grande redingote bleue, une cravate blanche, un gilet croisé à la Roberspierre, un pantalon noir sans sous-pieds, des bas de soie gris et des souliers découverts. Rasé, lesté de sa tasse de café dès huit heures du matin, il sortait avec une exactitude d'horloge, et passait par les mêmes rues en se rendant au Ministère, mais si propre, si compassé que vous l'eussiez pris pour un Anglais allant à son ambassade. A ces traits principaux, vous devinez le père de fa- mille harassé par des contrariétés au sein du ménage, tourmenté par des ennuis au Ministère, mais assez philosophe pour prendre la vie comme elle est ; un honnête homme aimant son pays et le servant, sans se dissimuler les obstacles que l'on rencontre à vouloir le bien ; prudent parce qu'il connaît les hommes, d'une exquise politesse avec les femmes parce qu'il n'en attend rien ; enfin, un homme plein d'acquis, affable avec ses inférieurs, tenant à une grande distance ses égaux, et d'une haute dignité avec ses chefs... ".

02/2023

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Littérature française

Petites miseres de la vie conjugale. La comedie humaine

" Un ami vous parle d'une jeune personne : Bonne famille, bien élevée, jolie, et trois cent mille francs comptant. Vous avez désiré rencontrer cet objet charmant. Généralement, toutes les entrevues fortuites sont préméditées. Et vous parlez à cet objet devenu très-timide. VOUS. Une soirée charmante ? ... ELLE. ? Oh ! oui, monsieur. Vous êtes admis à courtiser la jeune personne. LA BELLE-MERE (au futur). ? Vous ne sauriez croire combien cette chère petite fille est susceptible d'attachement. Cependant les deux familles sont en délicatesse à propos des questions d'intérêt. VOTRE PERE (à la belle-mère). ? Ma ferme vaut cinq cent mille francs, ma chère dame ! ... VOTRE FUTURE BELLE-MERE. ? Et notre maison, mon cher monsieur, est à un coin de rue. Un contrat s'ensuit, discuté par deux affreux notaires : un petit, un grand. Puis les deux familles jugent nécessaire de vous faire passer à la mairie, à l'église, avant de procéder au coucher de la mariée, qui fait des façons... ".

02/2023

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Sociologie

La famille, invention humaine ou dessein divin

Ce qui a fait, au long des siècles passés, le succès de la famille, au point qu’on aurait pu penser qu’il s’agissait d’une réalité immuable qui ne souffrait que quelques déboires, semble s’effriter. La pression sociale, avec toutes ses contraintes et ses faux semblants a, de tout temps, été un facteur de stabilité de la famille. Les sociétés l’ont bien compris et ont reconnu dans le mariage et la famille une institution à soutenir et à protéger positivement. Les temps modernes, sous l’influence du christianisme, ont magnifié un autre choix : celui d’un mariage d’amour pleinement consenti et intensément vécu, y compris en ayant donné naissance à des enfants aujourd’hui eux aussi désirés et choisis. Mais une telle union ne risque-t-elle pas, comme on le voit couramment d’être rapidement remise en cause lorsque le coeur n’y est plus ou ne semble plus y être, passagèrement ou durablement.

05/2012

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Littérature française

La comedie humaine un prince de la boheme. Un prince de la boheme

" ? Mon cher ami, dit madame de la Baudraye en tirant un manuscrit de dessous l'oreiller de sa causeuse, me pardonnerez-vous, dans la détresse où nous sommes, d'avoir fait une nouvelle de ce que vous nous avez dit, il y a quelques jours. ? Tout est de bonne prise dans le temps où nous sommes ; n'avez-vous pas vu des auteurs qui, faute d'inventions, servent leurs propres coeurs et souvent celui de leurs maîtresses au public ! On en viendra, ma chère, à chercher des aventures moins pour le plaisir d'en être les héros, que pour les raconter. ? Enfin la marquise de Rochefide et vous vous aurez payé notre loyer, et je ne crois pas, à la manière dont vont ici les choses, que je vous paye jamais le vôtre. ? Qui sait ! peut-être vous arrivera-t-il la même bonne fortune qu'à madame de Rochefide. Allez ! ... j'écoute. Madame de la Baudraye lut ce qui suit. La scène est rue de Chartres du Roule, dans un magnifique salon. L'un des auteurs les plus célèbres de ce temps est assis sur une causeuse auprès d'une très-illustre marquise avec laquelle il est intime comme doit l'être un homme distingué par une femme qui le garde près d'elle, moins comme un pis-aller que comme un complaisant petito. ? Hé ! bien, dit-elle, avez vous trouvé ces lettres dont vous me parliez hier, et sans lesquelles vous ne pouviez pas me raconter tout ce qui le concerne ? ? Je les ai ! ? Vous avez la parole, je vous écoute comme un enfant à qui sa mère raconterait le Grand Serpentin vert... ".

02/2023

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Contes et nouvelles

Les salauds ! 11 chroniques de la comédie humaine. Nouvelles

Onze histoires, onze aventures humaines qui partagent les mêmes centres d'intérêt : les travers au quotidien des sociétés africaines actuelles en proie aux affres du sous-développement. L'éducation, la religion, les petits métiers, l'orientation professionnelle, les murs sont bien des thèmes que chevauchent des personnages parfois simples, parfois épiques mais qui jamais ne laissent indifférent.

02/2023

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Littérature française

La comedie humaine l enfant maudit. L enfant maudit

" Par une nuit d'hiver et sur les deux heures du matin, la comtesse Jeanne d'Hérouville éprouva de si vives douleurs que, malgré son inexpérience, elle pressentit un prochain accouchement ; et l'instinct qui nous fait espérer le mieux dans un changement de position lui conseilla de se mettre sur son séant, soit pour étudier la nature de souffrances toutes nouvelles, soit pour réfléchir à sa situation. Elle était en proie à de cruelles craintes causées moins par les risques d'un premier accouchement dont s'épouvantent la plupart des femmes, que par les dangers qui attendaient l'enfant. Pour ne pas éveiller son mari couché près d'elle, la pauvre femme prit des précautions qu'une profonde terreur rendait aussi minutieuses que peuvent l'être celles d'un prisonnier qui s'évade. Quoique les douleurs devinssent de plus en plus intenses, elle cessa de les sentir, tant elle concentra ses forces dans la pénible entreprise d'appuyer sur l'oreiller ses deux mains humides, pour faire quitter à son corps endolori la posture où elle se trouvait sans énergie. Au moindre bruissement de l'immense courte-pointe en moire verte sous laquelle elle avait très peu dormi depuis son mariage, elle s'arrêtait comme si elle eût tinté une cloche. Forcée d'épier le comte, elle partageait son attention entre les plis de la criarde étoffe et une large figure basanée dont la moustache frôlait son épaule. Si quelque respiration par trop bruyante s'exhalait des lèvres de son mari, elle lui inspirait des peurs soudaines qui ravivaient l'éclat du vermillon répandu sur ses joues par sa double angoisse. Le criminel parvenu nuitamment jusqu'à la porte de sa prison et qui tâche de tourner sans bruit dans une impitoyable serrure la clef qu'il a trouvée, n'est pas plus timidement audacieux... ".

02/2023

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Littérature française

L envers de l histoire contemporaine. La comedie humaine

" En 1836, par une belle soirée du mois de septembre, un homme d'environ trente ans restait appuyé au parapet de ce quai d'où l'on peut voir à la fois la Seine en amont de- puis le Jardin des Plantes jusqu'à Notre-Dame, et en aval la vaste perspective de la rivière jusqu'au Louvre. Il n'existe pas deux semblables points de vue dans la capitale des idées. On se trouve comme à la poupe de ce vaisseau devenu gigantesque. On y rêve Paris depuis les Romains jusqu'aux Francs, depuis les Normands jusqu'aux Bourguignons, le Moyen-Age, les Valois, Henri IV et Louis XIV, Napoléon et Louis-Philippe. De là, toutes ces dominations offrent quelques vestiges ou des monuments qui les rappellent au souvenir. Sainte-Geneviève couvre de sa coupole le quartier latin. Derrière vous, s'élève le magnifique chevet de la cathédrale. L'Hôtel-de-Ville vous parle de toutes les révolutions, et l'Hôtel-Dieu de toutes les misères de Paris. Quand vous avez entrevu les splendeurs du Louvre, en faisant deux pas vous pouvez voir les haillons de cet ignoble pan de mai- sons situées entre le quai de la Tournelle et l'Hôtel-Dieu, que les modernes échevins s'occupent en ce moment de faire disparaître. En 1835, ce tableau merveilleux avait un enseignement de plus : entre le Parisien appuyé au parapet et la cathédrale, le Terrain, tel est le vieux nom de ce lieu désert, était encore jonché des ruines de l'archevêché. Lorsque l'on contemple de là tant d'aspects inspirateurs, lorsque l'âme embrasse le passé comme le présent de la ville de Paris, la Religion semble logée là comme pour étendre ses deux mains sur les douleurs de l'une et l'autre rive, aller du faubourg Saint- Antoine au faubourg Saint-Marceau... . ".

02/2023

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Essais

Etre humain. La nature humaine et sa plénitude

Contrairement à une majorité de psychologues qui s'intéressent en priorité aux pathologies, Abraham Maslow a consacré sa vie à essayer de comprendre et définir la santé mentale, l'accomplissement de soi et la plénitude. Cet ultime ouvrage réunit les résultats de ses recherches et ses intuitions majeures sur les potentialités positives de la nature humaine. Elles le conduisent à s'interroger sur ce que signifie être "complètement humain". Ce livre déborde le champ traditionnel de la psychologie pour devenir une exploration de la nature humaine. Mêlant recherches, expérimentations et observations, Abraham Maslow y traite de biologie, de besoin, de valeur, d'expérience paroxystique (mystique), d'éducation, d'organisation sociale, de science... A travers tous ces aspects, il n'a de cesse de chercher et de montrer le meilleur de l'homme. Pour lui, le psychologue doit inviter chacun à se réaliser et à constituer une société favorable à cet épanouissement : une société "eupsychique".

02/2023