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Vintage queen

Extraits

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Littérature anglo-saxonne

La branche tordue

Drame familial intergénérationnel, l'histoire éblouissante de deux mères confrontées aux affres de la maternité, l'une en temps de Grande famine de la pomme de terre en Irlande, l'autre dans le New York contemporain, par l'autrice du roman au succès international American Dirt. Majella vient de donner naissance à son premier enfant. Malgré l'amour qu'elle porte à sa fille, elle se sent étrangère à sa nouvelle vie. Epuisée et au bord de la folie dans la maison de son enfance du Queens, elle découvre au grenier le journal oublié d'une femme dont le nom, griffonné fiévreusement sur la couverture, lui est inconnu : Ginny Doyle. Tandis que Majella se plonge tout entière dans ce mystère, c'est son histoire familiale qui se révèle à elle. Car en 1848, pour échapper à la Grande Famine de la pomme de terre, Ginny Doyle a fui l'Irlande et s'est embarquée vers l'Amérique dans des circonstances plus que troubles. Décidée à découvrir la vérité sur son héritage, Majella explore le passé de Ginny et se retrouve confrontée à des secrets profondément enfouis. Tandis qu'elle-même renoue avec sa propre mère, elle apprend que Ginny a dû abandonner ses quatre jeunes enfants et accepter à plein temps un travail de femme de chambre pour sauver sa famille. Que s'est-il passé durant ces terribles années de famine ? Majella est assaillie de doutes : si Ginny est bien son aïeule, est-elle à son tour génétiquement condamnée à être une mauvaise mère ? Avec un réel talent de conteuse, Jeanine Cummins donne voix à deux générations, entre l'Irlande du milieu du XIXe siècle et le New York des années 2010. Histoire de sacrifices, de vulnérabilité et de courage devant l'adversité, La branche tordue fait le portrait bouleversant de deux femmes reliées par bien plus que le sang : par l'amour qu'elles portent à leurs enfants.

05/2024

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Critique

Rearmements critiques dans la litterature francaise contemporaine

Toute oeuvre est comptable d'une configuration historique et sociale, qui participe a sa mise en forme esthétique autant qu'a son processus de signification. Dirigée par Jean-Pierre Bertrand et Pascal Durand, la collection "Situations" accueille, dans un double esprit de rigueur et d'ouverture, des travaux novateurs relevant de la sociologie de la littérature et de l'art, de l'histoire sociale des pratiques culturelles et de la sociocritique des discours. Autrices et auteurs contemporains ne se reconnaissent plus guère dans les postures manifestaires des avant-gardes ni dans le modèle de rengagement sartrien. Beaucoup continuent pourtant à parler du monde social, selon des modalités moins "engagées" qu'"impliquées". Au vocabulaire de la critique et de la politique se serait substitué celui de l'éthique et du soda, le texte qui dénonce et attaque à partir d'une position de surplomb ayant fait place à un régime critique plus ouvert, avec gestualités immersives, émotionnelles, individuelles, etc. Contre ce modèle et ce vocabulaire, les études rassemblées ici se concentrent sur la critique sociale telle qu'elle se perpétue et se ressource en littérature. Elles s'intéressent aux dialogues entre concepts critiques et production littéraire : théories du contrôle dans l'oeuvre d'Alain Damasio, pensée queer chez Edouard Louis enquête et épistémologie des savoirs situés dans le travail d'Anne Ernaux. Elles intéressent d'autre part aux médiations spécifiques de cette portée critique : oeuvres (Nathalie Quintana, Arno Bertin, Antoine Volodine, Eric Arlix), éditeurs (P.O.L, Questions théoriques), outils et supports (des bandes magnétiques utilisées par Bernard Heidsieck au vocodeur employé dans le rap), protocoles d'écriture (manifeste, recherche-création), méthodes d'enseignement et pratiques d'évaluation. Avec des textes de Benoit Auclerc, Jean-Pierre Bertrand, Frédéric Claisse, Sonya Florey & Judith Emery-Bruneau, Jean-Marie Gleize, Christophe Hanna & Nancy Murzilli, Justine Huppe, Julien Lefort-Favreau, Sian Lucca, Jean-Charles Massera, Magali Nachtergael, Pierre Schoentjes, Sylvie Servoise, David Vrydaghs et Maric-Jeanne Zenetti.

04/2022

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Littérature française

Deux étrangers

Après sept ans de rupture avec son père, Elise pensait avoir conjuré les influences délétères de l’empire du tyran domestique qui régna sans partage sur son enfance et son adolescence. Mais sa réapparition la cueille dans un moment de vulnérabilité absolue, alors que la petite tribu qu’elle s’était amoureusement constituée dans un élan de rébellion et d’affirmation acharnée de sa différence, un homme en tous points contraire à la figure paternelle et deux garçons pleins de vie, vacille, menacée d’effondrement. Par sa faute, sa très atavique faute. Aurait-elle aussi instantanément répondu à l’appel, à la convocation, d’un simple coup de fil (“Maman, il y a quelqu’un pour toi au téléphone” lui dit son fils qui ne connaît pas son grand-père en lui passant le téléphone) si Simon n’était pas en train de la quitter ? Là n’est qu’une des questions qui assaillent Elise en rafale tandis qu’au volant de la vieille et poussive R5 vert-bouteille-intérieur-vert-absinthe de sa mère, elle prend la route de Marrakech sur fond de compilation vintage des années 1980 et de flashs infos commentant un Printemps arabe qui doucement déjà dégénère. Improbable et dérisoire épopée que ce road trip presque in utero qui flirte avec la bande d’arrêt d’urgence, aux vertus magiques plus ou moins consciemment espérées : ce voyage saura-t-il abolir la distance qui sépare Elise de son père qui, à coups d’humiliations collatérales et de vilains souvenirs, de “petites” trahisons et de déceptions profondes, sont devenus Deux étrangers ? Elise trouvera-t-elle dans ce trajet le chemin entre la petite fille blessée et l’adulte qu’elle ne sait pas encore être face à son père ; la générosité de rendre à cet homme les prérogatives de sa propre enfance anéantie par l’Histoire et quelques balles perdues ; le courage et la clairvoyance qu’il faut pour, au mépris de sa propre douleur, faire le pas de côté pour voir enfin l’autre au-delà de ses défections. Et que faire de l’ironique concomitance de l’actualité brûlante et faussement étrangère ? Qu’apprendre de la redécouverte des origines quand tout jusqu’à l’étymologie des mots semble concorder pour affirmer la toute-puissance du destin et l’indéniable, l’intégrale, la viscérale transmission de l’héritage ? Portrait d’une famille prise dans les glaces de souffrances jamais apprivoisées, trop longtemps tues, Deux étrangers est le roman d’une séparation (entre l’enfant et l’adulte qui cohabitent tant bien que mal en chacun de nous) et de retrouvailles impossibles et néanmoins essentielles (entre une fille et son père, mais aussi entre deux générations séparées par le couperet de l’Histoire). Un voyage dans le temps au rythme indomptable, tout en syncopes et ellipses, des souvenirs et des émotions, éclairé par un humour ravageur, une lucidité sans appel et un inextinguible désir de justice.

01/2013

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Guides de France

Les tribulations du baliseur balisant. Dans les coulisses du GR738. Haute traversée de Belledonne - Isère Savoie

"Tout commence par Belledonne, cette "Bella Donna" qui chaque soir change de parure pour séduire les Grenoblois et qui, dit-on, pour donner plus d'éclat à ses yeux y fait couler, quelques gouttes de... belladone. Belledonne, la cristalline, Belledonne la séductrice ? Ou plutôt la sauvageonne avec ses bergers, ses brebis mais aussi ses loups, ses moraines à génépi et ses glaciers qui résistent encore... De courageux bénévoles y ont tracé une haute traversée de 44 kilomètres : le GR 738 car reliant la Savoie (73) à l'Isère (38). Un itinéraire de choix pour les montagnards endurcis qui devront couvrir en onze jours une dénivelée de 11 000 mètres, équivalente à celle du GR20 habituellement parcouru en deux semaines. Pas à pas, étape après étape, "les tribulations du baliseur balisant", nous conte les aventures d'Aline, Christian, Véronique et bien d'autres. Le GPS dans une main, le sécateur dans l'autre, ils ont taillé leur chemin au rythme des fourmis, s'arrêtant régulièrement pour boucharder un bout de caillou et en ôter la mousse et le lichen. Sortant alors leurs pochoirs et leurs pinceaux, ils se sont appliqués à tracer proprement leurs rectangles blancs et rouges qui seront autant de phares pour les naufragés des cimes ou mieux les randonneurs en quête de bonheur." Gérard Guerrier, auteur, journaliste, montagnard voyageur. "La première fois que nos chemins se sont croisés, la neige venait juste d'arriver. Rendez-vous était donné au bout de l'une des innombrables pistes forestières qui accèdent aux contreforts du massif de Belledonne. A l'endroit convenu m'attendaient un grand sexagénaire au look vintage et une petite trentenaire toute de fluo vêtue. Duo pour le moins inattendu n'ayant pas grand-chose en commun sinon une passion immodérée pour le graffiti. Un trait jaune ou deux traits rouges et blancs, nous nous en fûmes pour la tournée des arbres et des rochers. Et le grand des deux d'asséner : "tant pis si on y laisse les doigts, tant que le gel n'empêche pas la peinture de tenir, on y va". Leur style a priori minimaliste s'avéra dans les faits, assez technique. "Il faut peindre à hauteur des yeux, toujours perpendiculairement au cheminement ; au minimum une marque tous les 150 métres". Au risque de se faire rabrouer par la "fédé". Avec ces arbres qui ne poussent pas droit, ces rochers trop ou pas assez grands, ces croisements qui n'en sont pas, la nature a fait du balisage un exercice d'équilibriste. Duquel une armée de doux dingues s'est fait une spécialité. Mais qu'est-ce qui pousse des gens qui n'ont rien à voir les uns avec les autres, à aller courir les bois un pinceau eà la main ? Réponse d'un intéressé : "d'abord parce que ça nous amuse, ensuite parce que si on veut des beaux sentiers bien balisés il faut bien des gens pour le faire ! " Johannes Braun, accompagnateur en montagne et journaliste spécialisé.

06/2019

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Amériques

Great Escapes North America. The Hotel Book, Edition 2021, Edition français-anglais-allemand

Les Etats-Unis sont l'un des pays les plus diversifiés et les plus fascinants du monde. Des beautés naturelles telles que le littoral du Pacifique, le parc national de Yosemite ou Monument Valley offrent des paysages dignes du septième art (Hollywood trouve les meilleurs décors pratiquement à sa porte). Ceux qui partent découvrir les Etats-Unis loin des métropoles lors d'un road trip classique, sur les traces de la population indigène et des pionniers, dans les montagnes, sur les berges des lacs ou sur les plages, peuvent être sûrs de vivre des moments inoubliables. Les Etats-Unis sont l'un des pays les plus diversifiés et les plus fascinants du monde. Des beautés naturelles telles que le littoral du Pacifique, le parc national de Yosemite ou Monument Valley offrent des paysages dignes du septième art (Hollywood trouve les meilleurs décors pratiquement à sa porte). Ceux qui partent découvrir les Etats-Unis loin des métropoles lors d'un road trip classique, sur les traces de la population indigène et des pionniers, dans les montagnes, sur les berges des lacs ou sur les plages, peuvent être sûrs de vivre des moments inoubliables. Dans Great Escapes USA, Angelika Taschen présente des destinations extraordinaires en s'appuyant sur des photos remarquables, des textes courts et distrayants, des détails utiles tels que les itinéraires à emprunter et les tarifs, et des conseils de lecture et de films. Son voyage commence sur la côte Est, où se trouvent des maisons de campagne idylliques comme Twin Farms dans le Vermont et Troutbeck dans l'Etat de New York, autrefois points de rencontre des intellectuels et des créatifs. Il continue vers le Sud, où des établissements comme The Moorings Village et l'Hôtel Peter & Paul racontent l'histoire de la Floride et de la Louisiane ; quant au Commodore Perry Estate à Austin, au Texas, il s'avère être une beauté du Sud très glamour. L'ancien camp minier Dunton Hot Springs dans le Colorado, où une ville fantôme a été transformée en un complexe hôtelier classique et rustique, se trouve sur la route, tout comme l'utopie urbaine Arcosanti en Arizona, conçue par l'architecte Paolo Soleri dans les années 1970. Le voyage se termine en beauté en Californie, avec des hôtels uniques en leur genre comme le Deetjen's Big Sur Inn, dont les cabanes en bois d'inspiration norvégienne ont accueilli de nombreux écrivains célèbres, des motels décontractés comme The Surfrider Malibu, où tout évoque le "rêve californien" , et des paradis gastronomiques comme le SingleThread, trois étoiles au Michelin, dans le comté de Sonoma. Cet ouvrage abondamment illustré présente aussi bien des hôtels dans la tradition des grands architectes comme Frank Lloyd Wright que des maisons conçues par de jeunes designers contemporains et des bâtiments dans le style caractéristique Mid-Century américain, un ranch équestre, un hébergement glamping et même, pour clore notre inventaire non exhaustif, un établissement de bains hippie ainsi que des caravanes vintage - une diversité à l'image des Etats-Unis !

08/2021

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Littérature érotique et sentim

Butterfly. Romance contemporaine

Charlie se replonge dans son passé en quête de ses souvenirs... Charlie est une femme brillante qui a tout pour elle. Tout, sauf ses souvenirs. A ses quinze ans, un terrible accident en mer lui a pris ses parents, et tous ses souvenirs, la laissant amnésique. Accompagnée par Stan, son meilleur ami de toujours, elle retourne à Saint Amour, lieu du drame, mais aussi le lieu de toute son enfance. En quête de son passé, elle fait la rencontre d'hommes magnifiques, dignes d'Apollon, notamment de Sébastien, qui la trouble intensément... Qui est-il ? Et pourquoi Stan se met-il à réagir étrangement ? Il est parfois dangereux de remuer le passé... Eva B. signe une romance contemporaine magnifique : un décor idyllique, des hommes qu'on voudrait croquer... et une intrigue passionnante ! EXTRAIT Je lui tends une main qu'il attrape et qu'il serre fermement. Je vois alors sa mâchoire se contracter. J'aurais peut-être dû lui faire la bise... - Vous aimez les voitures de collection Charlie ? s'empresse-t-il de me demander. - Elle est à vous ? réponds-je en bégayant à moitié. - Oui, et j'en suis dingue ! Un rêve de gosse... C'est une... - Aston Martin DB2 Vantage Drophead coupé LHD, construite à l'origine pour David Brown, le président d'Aston Martin... C'est une six cylindres de deux litres six à double arbre à cames en tête. Elle a une excellente capacité de freinage et de tenue de route et peut atteindre quatre-vingt-seize kilomètres-heure en onze secondes... Sébastien s'est figé, les mains sur les hanches, la bouche entre-ouverte. - Je... Alors là ! Vous m'en bouchez un coin mademoiselle ! Comment... - Mon père avait la même, sauf qu'elle était rouge, pas verte, fais-je en baissant la voix. C'est une voiture assez rare... C'est incroyable, je n'en reviens pas. A PROPOS DE L'AUTEURE Eva B. a toujours aimé lire et mûrissait depuis longtemps l'idée de passer du côté de l'écriture. Alors, quand la maternité dans laquelle elle travaillait a fermé ses portes, elle s'est dit que rien n'arrive par hasard, et elle a décidé de relever le défi d'écrire ! Après sa saga Je t'ai rêvée, elle se lance dans l'écriture de Butterfly.

05/2020

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Monographies

Molinier Rose Saumon

Souvent considéré comme marginal, enfermé dans les placards esthétiques de l'histoire des arts, Pierre Molinier est pourtant une figure importante reconnue en France et à l'étranger. Originaire d'Agen et ayant vécu toute sa vie à Bordeaux, le Frac Nouvelle-Aquitaine MECA lui consacre une exposition d'envergure afin de déployer toutes les facettes d'une oeuvre dense et complexe, rassemblant aussi bien des oeuvres picturales que photographiques. Cet enjeu monographique intègre les sources d'inspirations et mouvements auxquels participe l'artiste : le surréalisme, le fétichisme ou encore le tantrisme, comme ceux qu'il devance - le queer ; des archives et témoignages inédits ; des affiliations contemporaines (Cindy Sherman, Luciano Castelli, Bruno Pelassy, Betony Vernon...) et d'autres plus historiques (Clovis Trouille, Claude Cahun ou Hans Bellmer...). Cette exposition programmée du 31 mars au 17 sept 2023 coïncide avec l'anniversaire des 40 ans des Frac et la création du Frac Aquitaine qui, dès sa création en 1982, inaugure sa collection en acquérant pour ses premiers numéros d'inventaire une vingtaine d'oeuvres de Pierre Molinier. Pour accompagner cette exposition d'envergure, un ouvrage sera consacré à Pierre Molinier, figure à la fois marginale et tutélaire. Ce livre rassemblera des contributions de Marie Canet qui présentera l'exposition sous la forme d'un avant-propos et de Claire Jacquet qui prendra la forme d'un essai sur la postérité de l'artiste dans le champ de l'art contemporain d'hier à aujourd'hui. L'autrice et co-commissaire de l'exposition Emmanuelle Debur reviendra sur l'histoire fascinante de l'artiste qui, quarante ans après sa mort, questionne toujours. La philosophe, autrice, critique d'art, Géraldine Gourbe nous proposera une relecture de l'oeuvre de Molinier en la rapprochant des figures de Fantômas et d'Irma Vep, avant de la relier à certaines oeuvres de la collection du Frac Nouvelle-Aquitaine MECA à travers la question du portrait, si cardinale dans les oeuvres du maître de l'exhibitionnisme, et de son évolution au fil du temps. Le livre comportera un cahier reprenant l'intégralité des titres de la bibliothèque de Molinier.

06/2023

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Critique littéraire

Parler le corps : réinvestir l'amour

Que l'amour se soit transformé après que la sexualité s'est dégagée des exigences de la reproduction, mérite d'être nuancé à l'aune d'une analyse des représentations contemporaines des corps mis "sous tension" amoureuse. Les transformations transgenres laissent certes entrevoir d'autres possibles de l'amour, mais force est de constater une oscillation entre deux extrêmes : l'exhibition des corps sur la place publique ou leur disparition derrière les écrans. N'être qu'un corps ou ne pas en avoir : l'alternative à laquelle le sentiment amoureux se confronte aujourd'hui reconduit des dichotomies anciennes entre la chair et l'esprit, mais selon des modalités marquées par le rapport entre virtualité et réalité, interrogeant autant la dématérialisation des relations affectives que la survalorisation de la sexualité, la rationalisation des échanges que leur satisfaction consumériste. Cette dualité psyché-soma qui à travers le patriarcat perdure jusqu'à présent, se rapporte à l'inhibition d'un schéma incorporé de l'amour au sein du cadre familial et domestique. De la naturalisation de l'inceste ou de l'hétéronormativité témoignent les littératures irakienne, française et porto-ricaine, qui en accusent la persistance d'une manière transculturelle, et même en donnent une traduction queer. Simultanément, les corps se lâchent jusqu'à l'obscène pour mettre en scène à la fois le vide qui les habite et leurs sécrétions les plus intimes. Le corps-spectacle hante aussi bien la littérature allemande, que les séries américaines ou le théâtre européen in-yer-face, en quête d'une altérité manquante qui puisse le faire sortir d'un solipsisme mortifère. Muré dans le silence, l'amour ne saurait exister, ni au regard des traditions marocaines qui continuent de réduire les femmes à des corps sans paroles, ni dans la production visuelle états-unienne où les corps ne parlent que de pornographie. Aussi, pour que corps et âmes soient amenés à se rencontrer envers et contre leur dissociation avérée, il semble nécessaire de chercher une interface incarnée de l'amour qui remette les peaux en contact, sensible jusque sur le plan éthique d'un entre-deux irréductible.

07/2018

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Fantasy

The City of Stardust

Les Everly sont maudits depuis des siècles. A chaque génération, le membre le plus prometteur de la famille est voué à disparaître, en réparation d'un crime dont nul ne se souvient. Celle qui vient les chercher, la mystérieuse et glaçante Penelope, ne connaît ni la vieillesse ni la maladie. Et pour elle, une dette est une dette. Lorsque sa mère se volatilise au beau milieu de la nuit, la malédiction s'abat sur Violet Everly... et il n'y a plus qu'elle pour en briser le cycle. Commence alors un voyage dans un monde magique et envoûtant, peuplé d'érudits avides de pouvoir, de divinités instables et de monstres en quête de vengeance. Sans oublier l'énigmatique assistant de Penelope, Aleksander, à qui Violet sait ne pouvoir faire confiance mais dont les secrets l'attirent irrésistiblement. La vie de Violet est en jeu, et le temps lui est compté. Aux confins du monde, elle espère trouver sa mère, mais aussi la cité de la poussière d'étoile, où tout a commencé pour les Everly... car après tout, les malédictions ne sont-elles pas faites pour être déjouées ? " Une merveille d'histoire, noire comme le ciel à minuit. Summers explore admirablement les mondes séparés du nôtre par des portes magiques et les change en contrées traîtresses, sombres et oniriques, où des monstres ailés exercent leur sanglante séduction. Et quand ces monstres veulent assouvir leur appétit, un choix s'impose entre aimer et trahir, survivre et se sacrifier. Captivant jusqu'à la dernière page. " Shelley Parker-Chan, Celle qui devint le soleil " Ouvrir ce roman, c'est entrer dans un univers à la Neil Gaiman, peuplé de génies manipulateurs et de dieux voleurs d'âmes, où la quête d'une jeune fille cherchant à comprendre l'absence de sa mère porte autant le récit que sa lutte contre une malédiction ancienne. Le fantôme de la cité, victime de sa propre arrogance et d'une promesse rompue, hante chaque page de ce mémorable premier roman, très maîtrisé. " Lucy Holland, Sistersong " Dès ses premières pages, The City of Stardust tisse un sort à l'image de la magie déployée dans le récit. Un premier roman dont l'atmosphère vénéneuse, riche en monstres, démiurges et malédictions, raconte en filigrane l'amour des siens et la fidélité qu'on leur voue. " Sangu Mandanna, La Société très secrète des Sorcières extraordinaires " Georgia Summers nous entraîne dans une aventure faisant la part belle à la magie, à la fatalité et aux clés. Que ferions-nous pour rompre une malédiction, fermer une porte, en ouvrir une autre ? Les lecteurs qui ont aimé La Mer sans étoiles ou Les Dix Mille Portes de January vont adorer le sombre enchantement de ce livre. " Kat Howard, An Unkindness of Magicians " Une histoire de magie et de malédictions, de lettrés et de dieux. Autant d'astres lui conférant une beauté ensorcelante. " M. A. Kuzniar, Midnight in Everwood " Un récit travaillé avec un soin d'orfèvre et servi par une écriture flamboyante. " Bea Fitzgerald, Girl, Goddess, Queen

04/2024

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Spiritisme

Nous sommes tous éternels

Le plus grand médium psychique américain, auteur du best-seller When Heaven Calls, propose un nouvel ouvrage dévoilant les secrets de l'au-delà et la vérité sur le ciel. Matt Fraser revient sur la grande question qu'on ne cesse de lui poser : " Qu'arrive-t-il après la mort ? " Nous aurions pu nous attendre à une réponse compliquée, or elle est très simple : Nous sommes tous éternels ! Matt Fraser fait part de son expérience de médium pour aider les personnes sur terre à surmonter des épreuves comme le deuil, en insistant sur le fait que la vie ne se termine pas avec la mort terrestre, qui n'est pas une fin, mais se poursuit dans le ciel (l'au-delà). Pendant notre vie terrestre, nos proches défunts sont à nos côtés, nous écoutent, nous aident à combattre les mauvais esprits. Ils sont accompagnés des anges et des esprits tels que les fantômes. S'appuyant sur des milliers de conversations avec l'Esprit, Matt lève le voile sur les révélations cachées de l'existence : - les évènements survenant lors de notre traversée - les belles réalités du ciel et de la vie éternelle - les anges gardiens qui nous protègent sur Terre (y compris nos animaux de compagnie décédés) - le rôle des rêves et les formes de manifestation des âmes aux vivants - l'amour, la romance, les âmes soeurs au-delà de la vie - les fantômes, les hantises, les âmes négatives, les vampires énergétiques, la protection psychique - le destin, le libre arbitre, la deuxième chance - les regrets, les excuses et le pardon du ciel - la compréhension de vos dons et buts - le karma, la bonté, la vie au coeur du flux divin - la reconnaissance des signes et des messages de nos proches depuis le ciel. Comme l'explique Matt, " nous avons tous notre propre "ligne téléphonique" pour communiquer avec le ciel. Tout ce que nous avons à faire, c'est trouver comment l'utiliser. " Révélée par des histoires jamais racontées, la sagesse de Nous sommes tous éternels " guérit le monde en nous assurant une forte connexion émotionnelle et spirituelle, fondement d'une vie saine " (Karamo Brown, vedette de Queer Eye et auteur de Karamo). Il nous inspire " avec sa certitude réconfortante que nous sommes tous éternels. " (Gloria Estefan).

08/2023

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Histoire de l'art

Some of us. Artistes contemporain.es, une anthologie, Edition bilingue français-anglais

Some of Us est une anthologie des artistes contemporain. es réunissant plus de 1000 images (visuels d'oeuvres, vues d'expositions) depuis le début des années 2000 jusqu'à nos jours en France. Dressant un panorama, à la fois rétrospectif et prospectif, de la diversité des scènes françaises, cette anthologie participe à la visibilité de plus de 400 artistes à travers une sélection de leurs oeuvres et expositions. Créée en 2019, la plateforme curatoriale et éditoriale Some of Us pose la question de la sous-représentation des artistes femmes dans les arts visuels. Si la place des femmes dans l'art est aujourd'hui reconsidérée, la situation est loin d'être équitable : leur visibilité continue d'être minoritaire. Aussi avons nous engagé une collaboration étroite avec des artistes, commissaires d'expositions, critiques d'art, institutions, galeristes, collectionneur. se. s afin de faire émerger un premier récit dédié aux artistes contemporaines - les femmes, les artistes de couleur, les non-américaines et/ou les artistes queer, trans et non binaires - en France depuis ces 20 dernières années. Pour parfaire cette recherche en histoire de l'art contemporain, un comité éditorial s'est constitué aux côtés de la direction artistique et scientifique de l'anthologie : deux artistes Katia Kameli et Claude Closky, Marie Chênel& Matylda Taszycka - pour l'association AWARE, Guillaume Mansart - Directeur du réseau Documents d'artistes PACA, Julie Crenn - Critique d'art & commissaire indépendante, Cédric Fauq - Commissaire en chef / Capc Bordeaux et Sarah Ihler-Meyer - Critique d'art & commissaire indépendante. Ces archives visuelles sont précédées d'un texte documenté qui retrace une multiplicité d'histoires, celles des scènes artistiques et curatoriales en France ainsi que de nombreux enjeux artistiques, théoriques, esthétiques et philosophiques qui s'y rattachent. Ce texte met en perspective plusieurs ouvrages, recherches et expositions marquantes de ces vingt dernières années. Complétée de plusieurs index, cette anthologie est conçue comme un ouvrage de référence et un outil de travail pour les artistes, les historien. nes d'art, les chercheur. es, les amateur. ices, ainsi que pour tous. tes celles et ceux qui s'intéressent à l'histoire de l'art contemporain et à la visibilité de ces artistes contemporain. es. Grâce aux choix graphiques opérés, l'anthologie peut être parcourue par les lecteur. ices de façon non linéaire, en mettant en évidence le parcours de ces plus de 400 artistes. Cet acte éditorial constitue une forme d'exposition à part entière.

04/2024

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Littérature française

De la marchandise internationale

Patricia Bartok n'est pas la seule à changer de sexe à volonté. Rita Remington rétrécit de quelques centimètres. Rosetta Stone a sorti ses fleurs artificielles. Colonel Fawcett effectue un de ces sauts périlleux dont il a le secret. Major Osiris Walcott vient de froisser le col de sa veste. Inspecteur et Flippo se prend pour un personnage de série télévisée. Jimmy Ravel sait ce qu'il faut faire pour égarer les philosophes. Et Monsieur Typhus ? Il se pourrait qu'il apparaisse à l'occasion comme un phénomène de foire bicéphale. Ils sont à Londres, Cuba, Berlin, Belgrade, Bagdad, Kaboul, Kinshasa, Macao, Moscou et même Copenhague entre 1967 et 2010. Dans notre société liquide, ces exterminateurs-là ne meurent jamais longtemps. Note : Monsieur Typhus est un des personnages de Made in USA, film de Jean-Luc Godard sorti en 1966, très libre adaptation d'un roman de Richard Stark, Rien dans le coffre, lequel appartient à la série Parker, où l'auteur a supprimé systématiquement tout ce qui pouvait ressembler à de l'émotion. Mon Typhus, froid, méthodique, efficace, dont on ne connaîtra jamais le " vrai nom ", est précisément inspiré du Parker de Richard Stark (En coupe réglée, Travail aux pièces, Planque à Luna-Park) mais aussi du Reiner/Raner de Claude Klotz (Alpha-Beretta, Dolly-Dollar, Tchin-tchin Queen). La lecture du polar californien glacé Diamondback de Jacques Monory n'a bien sûr pas été sans produire ses effets. Typhus est tantôt un voleur professionnel, tantôt un tueur à gages, tantôt un mercenaire, un justicier, un espion ou un contre-espion. Autour de 1980 (cf. Souvenirs of you et Chocolat bleu pâle), il copie un peu trop le Serge Godorish imaginé par Daniel Odier alias Delacorta (Nana, Diva, Luna). Je l'appelle " Typhus " pour toute la période de sa vie qui court jusqu'à fin 1980 : au-delà, il est " Monsieur Typhus ". Apparu en 1977 ou 1978, Typhus fait équipe avec Rita Remington (je venais d'utiliser ce pseudonyme pour signer quelques articles de propagande féministe). Jimmy Ravel et Patricia Bartok forment un duo dès leur création en 1980 (dans Un Roman raté, extraits publiés dans le n°47 de la revue Minuit). Major Osiris Walcott vient ensuite : il trouve son origine dans le Jerry Cornelius de la bande dessinée Le Garage Hermétique de Moebius (qui lui-même l'a emprunté au grand auteur de science-fiction Michael Moorcock). Suivront Colonel Fawcett (homonyme de l'explorateur britannique disparu en 1925 en recherchant une cité mythique perdue dans le Matto Grosso) et Inspecteur et Flippo (clin d'oeil au Mister Bradley Mister Martin de William S. Burroughs). Rosetta Stone est la dernière venue en date : elle est supposée décrypter les messages codés les plus retors mais elle a bien d'autres capacités. Ce ne sont pas des héros et héroïnes classiques, et pas non plus des caractères : ils changent constamment de physique (de sexe, d'apparence), de comportement, passent d'une idéologie à l'autre, ce sont comme des acteurs qui enchaînent des rôles, qui incarnent ou combattent la sauvagerie fondamentale de l'homme (et de la femme) de plus en plus banalisée dans notre société de consommation (de colonisation) ultime. Dans la trilogie Le Privilège du fou/Sur les ruines de l'Europe/La Vie est un cheval mort, ils tentent en vain de rivaliser avec les tueurs les plus cruels et sanguinaires de l'Histoire contemporaine.

03/2017

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Littérature française

Histoire généalogique de la Maison du Faou

La Maison du Faou est issue d'une très ancienne seigneurie sise entre Cornouaille et Léon dont le chef-lieu est le château de la Motte, près du Faou, au coeur de l'actuel Finistère. Descendant des comtes de Léon, elle a porté le titre des vicomtes du Faou jusqu'au XIVe siècle date à laquelle elle s'est fondue dans la Maison du Quélennec. Ses armes étaient d'azur au léopard d'or, témoignant, au XIIIe siècle, des influences du royaume de France sur le duché de Bretagne et de ses liens avec la cour d'Angleterre. Alors qu'elle a joué un rôle considérable, par ses nombreuses branches en juveignerie, auprès des ducs de Bretagne et à la cour des rois de France, du Haut?Moyen-âge à la Renaissance, elle n'a fait l'objet d'aucune étude historique connue. C'est chose faite avec cette Histoire Généalogique de la Maison du Faou, inédite, fruit d'un travail minutieux de recomposition des principales lignées et de leur histoire. Nous découvrons une des grandes maisons qui ont dominé la petite et moyenne noblesse bretonne à côté des Rosmadec, des Du Juch, des Du Quelen, des Ploeuc, etc., possédant la moitié des terres de Basse-Cornouaille mais aussi d'autres, dès le XIVe siècle, en Rohan dans le cadre de son allégeance première aux Rohan. Dès cette époque, elle développe aussi des branches en Bretagne gallou puis en France notamment en Poitou par la lignée des seigneurs du Puy du Fou. Elle a pris part à de très nombreux faits d'armes dont certains ont été déterminants pour l'histoire de Bretagne et de France, comme notamment le Combat des Trente pour la succession de Bretagne (1351) ou encore la bataille de Castillon scellant la fin de la guerre de Cent-Ans (1453), témoignant de son allégeance loyale et sans doute éclairée, pour le royaume de France, parfois en opposition à un duc de Bretagne séditieux, souvent au préjudice de sa descendance. Elle a donné au royaume de France quelques hauts personnages comme Yvon du Fou sénéchal du Poitou, missus dominicus de Louis XI mais aussi de nombreux écuyers, chevaliers, receveurs ducaux, chambellans ducaux et royaux ainsi que des seigneurs et métayers de Basse-Cornouaille dont nous suivons l'histoire, du temps des croisades à la Révolution en passant par l'époque particulière, au XVe siècle, du développement du pays Julod et de ses fameux marchands de toile et armateurs du Haut-Léon.

05/2019

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Sociologie

Pornotopie. Playboy et l'invention de la sexualité multimédia

"Je voulais faire de ce Manoir une maison de re^ve. Un lieu ou` travailler et aussi s'amuser, sans les proble`mes et les conflits du monde exte´rieur. A` l'inte´rieur, un ce´libataire avait le contro^le total de son environnement. Je pouvais passer de la nuit au jour, visionner un film a` minuit et commander a` di^ner a` midi, avoir des re´unions au milieu de la nuit et des rendez-vous galants l'apre`s-midi". Voici le projet de Hugh Hefner, le créateur du magazine Playboy et concepteur du fameux Manoir à l'intérieur duquel il va se confiner pendant plus de quarante ans. Publié pour la première fois en 1953, Playboy n'a pas seulement été le premier magazine érotique populaire des Etats-Unis ; il a également fini par incarner un style de vie entièrement nouveau, construisant une série d'espaces multimédia et utopiques : manoir, penthouse, clubs, hôtels... tous ultraconnectés, comme s'ils préfiguraient l'ère contemporaine de l'incessante émission-réception d'images et d'informations et d'une vie conçue pour se donner en spectacle. Simultanément, l'invention de la pilule contraceptive donne accès à une technique biochimique qui sépare la sexualité (hétéro) et la reproduction. Là où on a pour habitude de ne voir que des femmes déguisées en lapin pour le plaisir des hommes, Paul B. Preciado étudie les relations stratégiques entre l'espace, le genre et la sexualité dans des sites liés à la production et à la consommation de pornographie hétérosexuelle restés en marge des histoires traditionnelles de l'architecture : garçonnières, lits rotatifs multimédias ou objets de design. En combinant les perspectives historiques avec la théorie critique contemporaine, la philosophie de la technologie et un éventail de sources primaires transdisciplinaires - Sade, Ledoux, Restif de la Bretonne, Giedion ou Banham, traités sur la sexualité, manuels médicaux et pharmaceutiques, journaux d'architecture, magazines érotiques, manuels de construction et romans -, Pornotopia explore l'utilisation de l'architecture comme technique biopolitique pour gouverner les relations sexuelles et la production du genre pendant la guerre froide aux Etats-Unis, et raconte la genèse de la nouvelle masculinité hétérosexuelle des réseaux sociaux d'aujourd'hui. Paul B. Preciado est philosophe, commissaire d'exposition et auteur. Dans la lignée des travaux de Gilles Deleuze et Félix Guattari, Michel Foucault, mais aussi de Monique Wittig et Judith Butler, ses ouvrages sont des références internationales des études queer, trans et non-binaires. POSTFACE INEDITE DE L'AUTEUR

03/2022

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Musicologie

Playlist. Musique et sexualité

L'ouvrage Playlist : musique et sexualité est constitué de seize essais autonomes, qui explorent tour à tour la musique dans les pratiques sexuelles, et le sexe dans les pratiques musicales. Il se déploie d'une thématique vers l'autre, comme un texte de sociologie de la musique qui virerait insensiblement au texte de musicologie. Quel est aujourd'hui le rôle de la musique dans la vie sexuelle des personnes, la réelle comme la fantasmée ? Quelles sont les représentations de la sexualité dans les oeuvres musicales, celles du répertoire classique comme celles des genres populaires ? Quelle a été, de l'Antiquité à nos jours, la trajectoire historique de ces imbrications ? Comment cette histoire dialogue-t-elle, dans la période contemporaine, avec le devenir marchand de la musique, et avec sa numérisation ? Comment la musique s'insère-t-elle dans l'histoire sonore de la sexualité, ce territoire méconnu des sound studies ? Quelles conséquences cette enquête peut-elle avoir pour repenser les pouvoirs de la musique ? Telles sont les questions que ce livre se propose d'explorer. Chaque chapitre aborde ce vaste domaine à partir d'une entrée singulière, comme une série de variations sur un thème musical, ou une playlist thématique. Ce choix formel fait écho à la diversité des oeuvres concernées : Don Giovanni de Mozart, Tristan et Isolde de Wagner, Lady Macbeth de Chostakovitch sont ainsi revisités, entre autres classiques, tout comme Je t'aime moi non plus de Gainsbourg, L'importante è finire de Mina, ou Erotica de Madonna, entre autres tubes. Plus récemment, la diffusion sur internet d'une music for sex et les dispositifs de recommandation des plateformes de streaming incitent à revisiter la critique adornienne de l'industrie culturelle, les idées de Guy Debord sur les femmes dans la société du spectacle, ou encore l'enquête sur la sexualité de Pasolini dans son film Comizi d'amore. Le livre se veut ainsi à la fois une enquête empirique et une proposition théorique, qui discute avec la musicologie féministe et les queer studies, avec les sciences cognitives de l'écoute et du plaisir, avec la sociologie de la culture et l'histoire culturelle. En envisageant la musique comme un dispositif technique aux usages diversifiés, de la présence anthropomorphe à la "musique d'ameublement" , il esquisse une écologie sonore capable de rendre compte à la fois des logiques du plaisir et de celles de la domination, à commencer par la domination des hommes sur les femmes. Si la musique n'a cessé, au cours de l'histoire, d'énoncer et de faire sentir par les sons l'amour et ses attachements, le désir et ses imaginaires, l'ambition ultime de Playlist est de contribuer à une conception renouvelée des formes temporelles de l'expérience humaine.

09/2022

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Fantasy

Celle qui devint le soleil

Celle qui devint le soleil réinvente l'ascension vers le pouvoir du premier empereur de la dynastie Ming. Zhu, l'impossible survivante, est prête à tout pour acquérir le mandat du Ciel... " Je refuse de n'être rien. " Dans un village rongé par la famine, au coeur d'une plaine poussiéreuse, deux enfants reçoivent chacun une destinée. Le garçon est promis à la grandeur. La fille, au néant... En 1345, la Chine est soumise à la cruelle domination mongole. Pour les paysans faméliques des Plaines du Milieu, la grandeur n'existe que dans les contes. Quand la famille Zhu apprend que Chongba, leur huitième fils, est promis à un fabuleux destin, tous peinent à imaginer comment s'accomplira ce miracle. En revanche, nul ne s'étonne que la deuxième fille des Zhu, fine et débrouillarde, soit promise... au néant. Mais lorsqu'une attaque de hors-la-loi les laisse orphelins, c'est le fils qui se laisse mourir de chagrin. Prête à tout pour échapper à sa fin annoncée, la jeune fille endosse l'identité de son frère afin de devenir novice dans un monastère. Là, poussée par un impérieux désir de survivre, Zhu apprend qu'elle est capable de tout - même du pire - pour déjouer sa destinée. Lorsque son sanctuaire est détruit pour avoir soutenu la rébellion contre les Mongols, Zhu saisit cette chance de s'emparer d'un tout autre avenir : la grandeur abandonnée de son frère... " Fin, audacieux, ce premier roman réinvente l'Histoire sous la forme d'un conte original et mémorable. Peuplé de personnages imparfaits et intrépides, il vous emporte dans son monde dramatique et violent par le biais d'une narration incroyablement immersive. " Daily Mail " Magnifique à tout point de vue. Guerre, désir, vengeance et politique... Shelley Parker-Chan a su mesurer à la perfection chaque ingrédient de cette épopée historique et queer. Ce récit ne craint ni la lumière de l'humour et de la tendresse, ni la noirceur de l'ambition humaine. Celle qui devint le soleil, comme Zhu, est indiscutablement promise à un grand avenir. " Samantha Shannon (Le Prieuré de l'Oranger) " Le roman exaltant d'une montée au pouvoir. Entre palais, villages et champs de bataille, le lecteur est transporté dans un monde extraordinairement vivant. La prose de Shelley Parker-Chan apporte lumière et subtilité aux thèmes de son récit : le genre, le pouvoir et la destinée. Déjà un classique. " C. S. Pacat (Prince Captif) " Absolument fantastique... Guerre, violence, trahison (et quelle trahison ! ) ; la destinée qu'on épouse, celle qu'on rejette... un superbe roman. J'attends le suivant avec impatience. " Rebecca Roanhorse (La Piste des éclairs) " Evocateur et bouleversant, le premier roman de Shelley Parker-Chan est un chef-d'oeuvre poétique sur le thème de la guerre, de l'amour et de l'identité. " S. A. Chakraborty (La Cité de Laiton)

05/2022

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Essais

L'attrait des toilettes

Comment tourner autour du pot ? Trône souillé, les toilettes offrent aux cinéastes un objet par trop infâme pour ne pas le regarder sans cligner des yeux. Cela explique sa durable absence des écrans : réellement entrée au cinéma avec Psychose d'Alfred Hitchcock, en 1960, la cuvette continue d'en meubler des coins rarement filmés, et alors avec cérémonie. Ce livre suit l'histoire de cet attrait contrarié. Anthologie plombière, il recense quelques dizaines de sièges ou de fosses d'où émanent des signes maudits et les relents d'une terreur archaïque qu'aucune transgression ne peut vraiment dompter. De la tentative de banalisation entreprise par Stanley Kubrick à l'euphorie de l'égout entretenue par QuentinTarantino ou Robert Rodriguez ; de la place que la comédie américaine a réservé aux lieux saints au théâtre sexuel en quoi les transforment les comédies queer, de la sublimation spéculative d'Une sale histoire de Jean Eustache à l'avilissement fécal d'Il est difficile d'être un dieu d'Alexeï Guerman, ces pages couvrent assez de trous pour hasarder quelques hypothèses sur ce que de tels regards torves disent de notre modernité hygiéniste. Car si l'on a souvent pointé la contemporanéité de l'invention des frères Lumière avec la psychanalyse, la radio, les rayons X ou les aquariums, on s'est rarement penché sur sa communauté de berceau avec le tout-à-l'égout, pierre de touche de la révolution sanitaire ayant abouti aux disciplines fécales des siècles industriels. Une telle concomittance pousse l'auteur à croire qu'il peut faire un observatoire de ce sanctuaire tombal, parce que, fosse commune des vanités privées, les béances tuyautières éclairent de leur malédiction deux phénomènes au fondement de ce qui fut l'ordre bourgeois : le sacre de l'individu et la croyance en une maîtrise sans reste de l'environnement. Ce refuge où chaque sujet se dérobe aux regards pour liquider ses reliquats conditionne l'apparition des prométhées démocratiques du vingtième siècle. C'est du moins ce que laisse songer la contemplation du monde à travers la lunette telle qu'on la trouve chez Tsaï Ming-liang, Jean-Luc Godard, David Cronenberg ou Alain Cavalier, qui en font autant le dernier bastion d'un cinéma digérant son passé que le seul isoloir qui vaille pour les derniers des hommes. Avec eux et d'autres, le livre s'efforce de jeter les bases d'une scatocritique transformant en indices de fèces tous les détours propres à l'esthétique excrémentielle, où les toilettes signifient le fécal en lui faisant écran. Par là, et non sans audace dans ses raccourcis, il entend montrer que le sort figuratif réservé au trône dit quelque chose de l'hygiénisme aux commandes de bien des politiques écologiques actuelles, parce que dans la cuvette se cristallise le mythe de la suppression de l'incompressible à la racine du refoulement des externalités industrielles. Pour le dire en un langage empruntant sa forme à sa matière, les chiottes nous disent dans quelle merde nous sommes.

06/2023

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Policiers

De bons voisins

New York, années soixante. A la fin d’une froide nuit de mars, la jeune Katrina Marino rentre chez elle après avoir fermé le bar où elle travaille. Garant sa voiture sur le parking en face de sa résidence, elle traverse la rue et s’approche de la porte de son appartement au rez-de-chaussée… quand un homme surgit de l’ombre et la poignarde. L’homme s’enfuit, mais il reviendra une heure plus tard, pour la violer et l’achever de plusieurs coups de couteaux. Mais que s’est-il passé pendant les soixante minutes où Kat est restée seule à agoniser dans la cour de sa résidence ? Malgré l’heure tardive, de nombreux témoins se sont penchés depuis leur fenêtre et ont vu la jeune femme et son agresseur. Pourquoi personne n’a appelé la police ? Quelles pensées occupaient ces hommes et ces femmes pour qu’aucun d’entre eux ne porte secours à leur voisine ? C’est à cette question que tente de répondre le roman de Ryan David Jahn, inspiré d’un fait divers réel, le meurtre de Kitty Genovese dans le Queens, en 1964, qui a lui-même servi de base au développement de la théorie du “bystander effect” en criminologie, en faisant alterner les témoins et le récit de leur nuit : Frank, un mécanicien, part à la recherche de la poussette que sa femme Erin croit avoir renversée plus tôt dans la soirée. Fausse alerte, il n’y avait qu’une poupée dans le landau… mais entre-temps Frank a croisé la route d’Alan, un flic corrompu qui compte profiter du fait que Frank soit noir pour lui faire porter la responsabilité d’un crime violent qu’il vient de commettre. Le jeune Patrick n’arrive pas à dormir, car au lever du jour il doit se présenter à un examen médical des forces armées. S’il est sélectionné, il partira se battre au Vietnam, abandonnant sa mère malade sur laquelle il veille depuis que son père les a quittés. Diane et Larry se déchirent pour la dernière fois. Leur amour a fait long feu, et au cours de la nuit Larry finit par avouer qu’il a une maîtresse. Diane décide de faire ses valises. Thomas a sorti le revolver de son grand-père et il s’apprête à se suicider… c’est alors qu’on frappe à sa porte : Christopher, un partenaire de bowling, aide Thomas à vaincre son isolement et à accepter son homosexualité. Peter, cadre médiocre, cherche à pimenter sa vie en se lançant dans l’échangisme. Il a convaincu sa femme Anne de tenter l’expérience avec un collègue de bureau et son épouse, mais l’aventure tourne à l’humiliation pour Peter, qui risque même de perdre Anne. Enfin, cette nuit-là, le hasard va mettre David, un jeune infirmier, en position de sauver la vie de Nathan Vacanti, l’enseignant qui a jadis abusé sexuellement de lui. Pour faire ce que le devoir exige, David devra surmonter son désir de vengeance….

01/2012

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sociologie du genre

Féminisme

Féminisme : mot explosif, chargé de batailles, d'identifications et de contradictions. Mot d'importance donc pour la collection Le mot est faible, dont la professeure en études de genre Eléonore Lépinard s'empare ici avec brio pour le recharger d'une exigence toujours renouvelée de penser ses propres contradictions et de réinventer de nouvelles pratiques d'émancipation. Si le mot " féminisme " est explosif, c'est qu'il serait pour certaines porteur d'excès, d'une demande d'égalité risquant de renverser l'ordre établi, d'un désir d'imposer de nouvelles identités ou de prescrire un nouveau langage. Le féminisme brûle en effet : des " pétroleuses " incendiaires de la Commune de Paris, aux soutiens-gorges que les féministes du Mouvement de libération des femmes auraient brûlés, ces mythes tenaces associent dans notre imaginaire collectif les féministes avec un feu ravageur. L'incandescence de ce mot est aujourd'hui ravivée, à coups de hashtags, de témoignages et de colères rendues publiques, de manifestations et de chorégraphies à dimension planétaire. Il y a aussi danger quand certaines voudraient non pas s'opposer au féminisme et à ses demandes, mais au contraire se l'approprier, en donner une définition commune et légitime pour toutes celles et ceux qui voudraient se revendiquer de ce projet politique. Les luttes pour imposer ce que devrait être le " vrai " féminisme, sont aussi chargées d'affects, d'histoires et de conflits. Les rassemblements de toutes, #NousToutes, contrastent avec les conflits et colères, les #NousAussi clamés par les excluexs d'un discours qui se veut universaliste mais qui ne manquerait pas de toujours ériger des frontières, des clôtures autour d'un " bon " féminisme, accessible à certaines et pas à d'autres. Il faut dire qu'avec les féminismes revendiqués de Beyoncé, de Sheryl Sandberg, de Chimamenda Ngozi Adichie, d'Elisabeth Badinter, d'Annie Ernaux, d'Amandine Gay, d'Adèle Haenel... ou d'Emmanuel Macron, on dispose d'autant de versions, contradictoires, opposées, oxymoriques ou alliées à explorer. La tendance à qualifier le féminisme indique que ces versions semblent pouvoir se multiplier à l'infini : business feminism, féminisme radical, féminisme néolibéral, féminisme matérialiste, afro-féminisme, transféminisme, féminisme queer, écoféminisme... Devant cette avalanche de tendances on peut se demander si le mot a vraiment encore un sens, s'il peut désigner un projet commun dont les contours seraient identifiables. Comment un mouvement qui semble s'énoncer au nom d'un sujet qui a l'apparence de l'évidence, les femmes, peut-il s'avérer si protéiforme ? Comment peut-il être étiré jusqu'aux limites de ses possibilités et de son histoire puisqu'il devient revendiqué par des fractions de ceux-là même qui l'ont tant combattu, les idéologies de droite voire d'extrême droite ? Y a-t-il encore un dénominateur commun ? Le féminisme est-il voué à l'éclatement et la récupération ou peut-il continuer de nourrir nos imaginaires, nos désirs, nos luttes et nos vies ? L'autrice défend ici brillamment que ces luttes et ces conflits sont essentiels au féminisme, au sens où ils en constituent l'essence même et sont aussi essentiels à sa dynamique propre. Pour autant, accepter l'importance de ces conflits n'est pas céder au relativisme : toutes les versions du féminisme ne sont pas bonnes à adopter ou équivalentes. Loin de là. Le féminisme porte une exigence toujours renouvelée de penser ses contradictions, de répondre à celles qui en contestent les frontières, de réinventer de nouvelles pratiques d'émancipation.

02/2024

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2015

Agnès DERAIL-IMBERT Eros et Arès : les enfants de la guerre dans Billy Budd, Sailor de Melville Cette étude se propose de lire Billy Budd, Sailor comme une fable juridique qui dramatise, dans un double contexte de guerre et de mutinerie, le conflit entre la violence d'une innocence exceptionnelle (Billy) et celle du mal absolu (Claggart). L'une et l'autre, hors la loi, recèle une menace insurrectionnelle que la souveraineté politique (celle du capitaine Vere), pour se maintenir, doit réprimer. Le jugement de Vere - l'exécution de Budd -, s'exerçant au nom de la violence légale, met en oeuvre une stratégie qui enrôle la puissance cohésive d'Eros au service de la loi mar- tiale, dans une opération qui vise à naturaliser et à sublimer la violence arbitraire de l'état d'exception. Against a backdrop of war and mutiny, Billy Budd, Sailor can be read as a juridical drama staging the conflict between the exceptional violence of utmost innocence (Billy's) and that of absolute evil (Claggart's). Both infringe the law and both are pregnant with a threat of insurrection which political sovereignty (captain Vere's) must eradicate for the sake of its own integrity. Vere's sentence condemning Budd to death in the name of legal violence partakes of a complex strategy whose aim is to summon Eros's cohesive power in order to buttress martial law and to naturalize and sublimate the arbitrary violence of the state of exception. Michael GILLESPIE The Picture of Dorian Gray as a Postmodern Work Despite the wide range of interpretative approaches to The Picture of Dorian Gray that have appeared since its publication, all seem to assume that a particular set of values or beliefs-traditional Judeo-Christian morality, cultural attitudes, nationa- list dispositions, or queer inclinations-is integral to Wilde's narrative. This essay challenges the value of any metaphysical reading by asserting that the world of The Picture of Dorian Gray is delineated in strictly physical terms and so is best as a Post-Modern work. Through close reading, this essay shows key points in the narrative that highlight the absence of all values and that underscore the view that characters behave according to strictly material considerations. In the end the essay concludes that Wilde presents a world as grim and bleak as anything found in the works of Samuel Beckett. Malgré les nombreuses interprétations dont a fait l'objet The Picture of Dorian Gray depuis sa publication, tous les critiques semblent penser qu'un ensemble de valeurs ou de croyances-qu'il s'agisse de la morale judéo-chrétienne, de positions culturelles, de dispositions nationalistes ou de l'homosexualité-fait partie inté- grante du roman de Wilde. Cet essai remet en question la pertinence de toute lec- ture métaphysique en affirmant que le monde de The Picture of Dorian Gray est délimité en termes strictement physiques et que l'on ici affaire plutôt à une oeuvre post-moderne. En se fondant sur une lecture détaillée, cet essai montre que des points-clés dans le récit mettent en évidence l'absence de toute valeur et soulignent l'idée que les personnages se comportent en fonction de considérations purement matérielles. En conclusion, cet article souligne que Wilde donne à voir un monde aussi sombre que celui de Samuel Beckett. Christopher S. NASSAAR Hidden Meanings and the Failure of Art : Wilde's A Woman of No Importance Complexity is the hallmark of Oscar Wilde's mature works. From "Lord Arthur Savile's Crime" through The Picture of Dorian Gray and Salome, there is an incre- dible amount of complexity wherever we look. When we reach A Woman of No Importance, however, the complexity apparently disappears, and the play is usually read as a conventional Victorian melodrama. A deeper look at the play reveals veiled references to Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot and Baudelaire. The refe- rences point to a deep hidden meaning in the play. Traced carefully, they reveal Mrs. Arbuthnot as a deeply corrupt woman who is unaware of the dark recesses of evil within herself. Unfortunately, this suppressed undercurrent of meaning is too dee- ply buried and very difficult to detect, which has led people in general to accept the surface meaning as the true one. The play is thus a stylistic failure, although its veiled thematic content is quite profound. La complexité caractérise les oeuvres d'Oscar Wilde, de "Lord Arthur Savile's Crime" jusqu'à The Picture of Dorian Gray et Salome, alors que, dans A Woman of No Importance, celle-ci paraît moins évidente, la pièce étant le plus souvent lue comme un mélodrame victorien conventionnel. Cependant, si on analyse la pièce de plus près, on y décèle des références voilées à Farquhar, Hawthorne, Arbuthnot et Baudelaire. Celles-ci soulignent qu'il y a dans la pièce un sens caché, et une analyse détaillée révèle que Mrs Arbuthnot est en fait une femme corrompue et inconsciente du mal tapi en elle. Malheureusement, parce que celui-ci est profondément enfoui, on s'en est souvent tenu à une lecture superficielle de la pièce. Celle-ci est donc, en un sens, un échec stylistique en dépit de sa profondeur thématique. Nathalie SAUDO-WELBY Narratorial authority in Sarah Grand's Beth Book (1897) The Beth Book, a partly autobiographical narrative, is a feminist Bildungsroman told in the third person. Historical, religious and scientifc discourses combine to give authority to the narrator's vision of Beth, so that the narrator is fnally in a position to award Beth the title of female genius. Yet, very little is said of the con- tent of Beth's "art for man's sake ;" the title and the content of her non-fction book are not described ; and the novel's last words are the name of her "Knight, " a writer who believes in woman's genius to reveal man's own. Avoiding the most direct form of didacticism, Sarah Grand has shifted the emphasis away from Beth's message to women to the narrator's work of authorizing Beth to progress to her position of public speaker. In the process, this narrator is given a historical consciousness and a sex. The Beth Book est un roman d'apprentissage féministe au contenu en partie auto- biographique. Fondant son autorité sur une analyse historique et un discours reli- gieux et scientifque, l'instance narrative fnit par octroyer à Beth le titre de génie féminin. Pourtant, un vide entoure le contenu de "l'art pour l'homme" de Beth ; de son ouvrage, on ne sait ni le titre ni le contenu mais seulement qu'il ne s'agit pas de fction ; les derniers mots du roman sont le nom de son "Chevalier" , un écri- vain qui croit que le génie des femmes consiste à susciter celui des hommes. Tout en évitant les formes de didactisme les plus directes, Sarah Grand a placé au centre de son roman engagé la tâche de la narratrice omnisciente qui va faire progresser Beth en position d'orateur de génie. Au cours de ce processus, la narratrice acquiert une conscience historique et un sexe. Pierre LONGUENESSE Yeats et le mélange des genres : du texte à la scène Dans le projet de "théâtre de l'imagination" formulé par Yeats dès 1890, le Verbe poétique est porteur d'un pouvoir visionnaire, par la performativité de son énoncia- tion concrète portée par le corps de ce que l'on n'appelle pas encore, avec Georges Banu, un "acteur-poète" . Ce projet fait de l'écriture dramatique un objet multi- forme, où le drame n'a de sens que mis en tension par ce qui le "menace" dans sa pureté générique : la narration, le chant, la danse. ll conduit le dramaturge vers des collaborations audacieuses sur les scènes de ses créations, entre musiciens, compo- siteurs, et danseurs. En somme, loin de "menacer" son théâtre, ces figures d'un "hors-champ" artistique sont ce qui en constitue l'expression par excellence, puisque, par le théâtre, est dévolu au verbe le pouvoir extra-ordinaire de faire sur- gir, par sa physicalité propre, aussi bien le souffle du chant que le rythme du corps dansant. In the "Theatre of Imagination" conceived by Yeats in the 1890s, the poetic Verb is given the power to create visions through the concrete physicality of its uttering by the performing body of what Georges Banu will later call an "acteur-poète". This project transforms dramatic writing process into the creation of a multiform object, in which the issue of the drama is brought out by the tension between oppo- site mediums : theatre on the one hand, singing, dance, tale on the other hand... This exploration involves Yeats in original collaborations on stage with composers, musicians, and dancers. In short, these manifestations of an artistic "hors-champ, " far from threatening the drama, become on the contrary the core of its expression, as a new power is, on stage, devoted to the Verb : the extra-ordinary power to arise the pneuma of singing as well as the rhythm of the dancing body. Anne MOUNIC "To tell and be told" : war poetry as the "transmission of sympathy" War poetry raises a paradox : the destructive collective imposition which weighed upon each soldier during the Great War triggered off new individual awareness and led to a questioning of the values that had prevailed until then, and notably idealis- tic philosophy. Discussing the paradox, we shall oppose tragedy and the individual epic, catharsis and empathy, the choice of death and the choice of life. The Great War writings will be placed in their literary and philosophical context, before and after. La poésie de guerre soulève un paradoxe : la contrainte collective de destruction qui pesa sur chaque soldat durant la Grande Guerre suscita une nouvelle conscience singulière, menant à un questionnement des valeurs et, notamment, de la philoso- phie idéaliste. Discutant ce paradoxe, nous opposerons la tragédie à l'épopée indi- viduelle, la catharsis à l'empathie, le choix de la mort à celui de la vie. Les écrits de la Grande Guerre seront placés dans leur contexte littéraire et philosophique, avant et après. Olivier HERCEND Cinema, the mind and the reader in Virginia Woolf's The Mark On the Wall Taking up David Trotter's Cinema and Modernism, this article emphasises the strong links that exist between Virginia Woolf's thoughts on cinema and the new techniques and notions that she develops in "The Mark on the Wall. " Indeed, her depiction of the mind's process fosters the image of a fragmented world, a succes- sion of images that come under no authoritative order or meaning : a mere mon- tage. But cinema also contains the promise of an artistic answer to the fragmentation of the modern condition. Through a renewal of textual co-operation, Woolf opens her reader to the possibilities of what I choose to call an "aesthetics of juxtaposi- tion. " Reprenant les idées exprimées dans Cinema and Modernism, de David Trotter, cet article relie la pensée de Virginia Woolf sur le cinéma aux techniques et aux notions nouvelles qu'elle développe dans "The Mark on the Wall" . De fait, en tentant de décrire le fonctionnement de l'esprit, elle fait naître l'image d'un monde fragmenté, une succession d'images qui ne tombent sous l'autorité d'aucun ordre ni d'aucune signification essentiels : en un mot, un montage. Mais le cinéma est également la source d'une réponse artistique à la fragmentation de la condition moderne. En renouvelant les modalités de la coopération textuelle, Woolf ouvre son lecteur aux possibilités d'une "esthétique de la juxtaposition" . Antonia RIGAUD Les Europeras de John Cage : de l'opéra au cirque Cet article interroge le rapport ambigu qu'entretint John Cage avec le théâtre tout au long de sa carrière. Influencé très tôt par Artaud et Stein, il ne cesse de faire référence au théâtre et conçoit son art comme une réflexion sur la théâtralité et la notion de performance. Ses Europeras, à la fin de sa carrière, permettent de mettre en avant la manière dont il a cherché à la fois à inscrire ses expérimentations artis- tiques dans le champ théâtral tout en faisant sortir le théâtre des codes mêmes de la scène. La place centrale que Cage donne au théâtre, bien qu'il ne produise que de très rares oeuvres théâtrales, témoigne de son désir de penser le théâtre non pas en tant que médium mais en tant que lieu d'expérimentation. This article addresses John Cage's ambiguous relationship with theatre throughout his career. Influenced early by Artaud and Stein, he often referred to theatre and understood his own art project as a reflection on theatricality and performance. The Europeras, written late in his career, testify to his attempt to associate his artistic experimentation with theater while pushing on the limits of theatre. The prominent position Cage gave to the theatre in contrast to the rarity of his theatrical work pieces is emblematic of his ambition to re-think the theatre as a locus of experimentation.

09/2015