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Sociologie

Inventer avec l'enfant en CMPP

Les Centres médico-psychopédagogigiques (CMPP) rencontrent quotidiennement 200 000 enfants et adolescents en difficulté qui viennent consulter avec leurs familles dans les 310 structures implantées en France. Ils sont en première ligne pour observer les profondes mutations des représentations sociales de l'enfance et de l'adolescence, l'évolution des définitions du symptôme et du handicap, l'explosion des catégorisations et de la fièvre diagnostique, la déstructuration des rapports sociaux et familiaux, l'effet des nouvelles orientations politiques... Prises entre réalités cliniques et logiques administratives, comment les équipes pluridisciplinaires des CMPP travaillent-elles ? Peuvent-elles encore offrir aux enfants des espaces de liberté où vivre leur enfance et avancer à leur rythme ? Dans leurs pratiques multiples, est-il toujours possible de parler d'exploration, de découverte et d'invention, et non de stratégies standards, des programmes, des protocoles et des " bonnes pratiques " consensuelles ? Peut-on se laisser enseigner par la rencontre avec l'enfant ? Les auteurs, réunis ici par la fédération nationale des CMPP, insistent sur la nécessité d'instaurer des lieux de parole, des espace-temps pour accueillir, élaborer, résister aux interprétations hâtives et aux passages à l'acte. Ils invitent à cultiver un langage poétique ancré dans la vie, dans l'invention partagée et l'expérience éthique, " pour être un sujet par qui les autres sont sujets ".

11/2010

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Littérature française

L'Oublié

Un bourg des Carpates, la guerre, l'errance à travers l'Europe à feu et à sang, la découverte de la Palestine, l'amour de Talia dans Jérusalem où se poursuivent les combats alors qu'Israël est à peine né: Elhanan Rosenbaum conserve ces souvenirs vivaces en lui, quarante-cinq ans plus tard, à New York où il s'est installé avec Malkiel, son fils. Malkiel a grandi dans l'univers américain, proche de son père, mais tellement étranger à ce passé auquel ne le relie qu'une certitude: sa mère, Talia, est morte en le mettant au monde. Survient la maladie d'Elhanan. Maladie de la mémoire et de la parole: le passé se dissout, les souvenirs s'effacent. Bientôt, plus rien ne restera que le père puisse léguer à son fils. A quel enracinement Malkiel pourra-t-il donc prétendre quand son amie Tamar conteste ses convictions les plus profondes? En désespoir de cause, Elhanan raconte ce passé tumultueux, nourissant ainsi la mémoire de son fils à mesure que la sienne se défait. Puis, tandis que le vieil homme s'enfonce dans sa nuit, Malkiel découvre la terre de ses ancêtres. Lieu d'une deuxième naissance, où se révèleront son identité profonde et sa vérité à travers celles d'Elhanan. Est-ce là que la mémoire triomphera de l'indifférence et de l'oubli?

12/1989

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Géographie

L'atlas des femmes

En 2014, 50 pays disposaient encore d'au moins une loi réglementant la tenue vestimentaire des femmes, sur une base religieuse. En 2016, 17,1 millions d'interventions cosmétiques ont été réalisées ; 92 % concernaient des femmes, tandis que 85 % des chirurgiens plastiques certifiés sont des hommes. 58 % des jeunes adultes nouvellement infectés VIH sont des femmes. Une femme est assassinée par son conjoint ou ex-conjoint tous les 3 jours en France. L'égalité d'accès a l'éducation entre hommes et femmes ne sera pas effective avant 2030 ; et, au rythme actuel, l'égalité économique ne sera pleinement réalisée que dans 217 ans. Et 520 millions de femmes ne peuvent pas lire ce texte ! L'Atlas des femmes est une mine d'informations sur le statut des femmes dans le monde. Il recense les problèmes clés auxquels celles-ci sont confrontées aujourd'hui en termes d'égalité des sexes, de violence, de pouvoir, de parentalité, d'accès à l'éducation, au travail, etc. Et le constat est féroce : même si des progrès remarquables ont été réalisés - l'alphabétisation et la scolarisation progressent ; le droit de vote est désormais largement répandu ; la plupart des gouvernements sont signataires de traités internationaux garantissant les droits des femmes ; la parole s'est libérée pour dénoncer le harcèlement... -, leur liste reste encore bien trop courte.

10/2019

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Humour

Brèves de comptoir. Tome 4

Ce quatrième volume vient couronner la grande aventure des Brèves de comptoir commencée en 1985 au Relais Lagrange, un petit café de la place Maubert, à Paris, près des locaux de l'époque de Charlie Hebdo - là où j'ai entendu la première " brève " : " Est-ce qu'une plante carnivore peut être végétarienne ? " Elle a pris fin le 7 janvier 2015, jour de l'attentat contre Charlie, au bar La Closerie, en Haute-Savoie. Comme une tranche nette dans l'histoire de France des comptoirs. On trouvera ici 1 200 " brèves " entendues dans des centaines de cafés, un peu partout, au hasard des déplacements. La musique des mots est là. L'absurde. La cocasserie. La poésie. La bêtise. Quand le réel du monde cherche à entrer dans une " brève " longue de quelques mots, il y a miraculeusement une grande place laissée au saugrenu. A la liberté aussi. Le détail inattendu, souvent, l'emporte. Les Brèves de comptoir ont pendant trente ans mis en lumière cette parole des bars, fait reconnaître en elle une littérature légère et diffractée, sorte de rhétorique des courants d'air. Un verre de vin, un rayon de soleil, vient la pluie, naît le mot. Le comptoir est un terroir ! Ce tome IV de la collection " Bouquins " est un immense café. Entrez ! J. -M. G.

03/2020

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Philosophie

Socrate et Jésus. Passeurs d'universel

L'un déclare ne rien savoir et invite à mesurer l'abîme séparant la divinité omnisciente et immortelle de l'homme mortel, passant des ténèbres de l'opinion versatile à la lumière du Bien intelligible ; l'autre se dit fils de Dieu et offre une vérité accessible non par la raison mais par la grâce, une sagesse fondée sur l'" amour " (agapê). Pourtant, en dépit de ces postures contraires, tout rapproche Socrate et Jésus : leur vie, leur mort, leur sagesse, leur morale, leur enseignement. Aujourd'hui encore, leur parole vivante, tournée vers l'universel, nous interroge et nous interpelle. Figures emblématiques de notre culture, ils invitent à outrepasser ce qui fomente des remparts – entre soi et soi, soi et l'autre, soi et l'" Un " ou Dieu. Comme l'exprime l'auteure dans la préface, ils tracent leur sillon en dépassant le " particularisme et [le] sectarisme, terreaux de toutes les violences, [...] qui ressurgissent en Europe et dans le monde ". Dans ce livre, Anne Baudart propose un retour au souffle initial via un parcours en miroir. Par cette déambulation parallèle, elle épouse et propage l'élan des deux sages, fait fi des querelles de clocher et réfléchit la spiritualité comme un chemin universaliste, terrain d'entente des hommes. Un message important dans l'univers désenchanté qui est le nôtre.

02/2018

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Littérature française

Les hommes de l'aéropostale

En 1927, en un temps où chaque vol était une aventure à haut risque, quelques hommes qui n'avaient pas froid aux yeux lancèrent une ligne aérienne dont le but était de transporter le courrier depuis la France vers le Sud - jusqu'en Afrique d'abord, puis jusqu'en Amérique du Sud. Trente-deux millions de lettres furent ainsi transportées grâce à eux pour la seule année 1930. Victime de son succès, mais aussi d'un "lâchage" diront certains, l'Aéropostale est mise en liquidation en 1933, puis fondue au sein d'Air France, qui la possédera jusqu'en 2000. Est-ce par ce qu'un de ses pilotes s'appelait Antoine de Saint-Exupéry ? Est-ce parce que le grand Mermoz en fut un pionnier ? Ou parce que Guillaumet l'a hissée au rang d'expérience surhumaine ? C'est pour toutes ces raisons à la fois que l'Aéropostale est passée de l'histoire au mythe. Mais la gloire des héros a fini par effacer la réalité de l'aventure. Ce recueil de souvenirs rend la parole aux témoins, à ceux qui ont vécu l'Aéropostale depuis sa naissance jusqu'à sa disparition au sein d'Air France. Pilotes, radionavigateurs, mécaniciens, chefs de station… Ils racontent les exploits, les accidents, les folies, les heures sombres, les haines, mais aussi les rencontres inoubliables et les images grandioses.

06/2013

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Littérature française

La fille de l'air

Vers dix-sept ans, j'avais décrété (puisqu'elle avait le monopole de la vie et des aventures, j'avais celui de la parole et des phrases) : tu es de l'élément du feu et moi de la terre. La fille du feu : insaisissable et fantasque, et dans les soirées tous les regards vers elle, filles et garçons mêlés. Moi dans la glèbe, je pousse ma charrue, le nez sur mes pas. Tu te trompes ; tu nous tues avec tes mots ; mais tu nous tues mal : tu crois nous enterrer dessous et nous partons vivre plus loin ; tandis que tu restes agenouillée devant tes tas de pierres. Dis que je suis la fille de l'air plutôt. Mais Lucie, pourtant, le feu, c'est l'air encore, qui a trouvé son aliment. Lucie et la narratrice sont deux amies originaires d'un village du Sud où elles se retrouvent quand elles rentrent chez leurs parents. A Paris, Lucie poursuit des études et mène ses aventures. A l'occasion d'un séjour chez elle, elle rencontre J. et, sous les yeux passionnément attentifs de la narratrice, tout se transforme pour «la fille de l'air». Ce roman d'initiation au style singulier dessine en quelques mots un personnage, avec ses contradictions et ses particularités. Il procède par digressions et accumulations, mêlant récit et dialogue avec brio.

01/2013

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Cinéma

Les Tartuffes du petit écran. De Thierry Ardisson à Eric Zemmour, le bal des faux impertinents

Dans une période où les chaînes de télévision et de radio se multiplient à grande vitesse, ces médias connaissent, en dépit d'apparences parfois trompeuses un effet d'uniformité de lignes éditoriales sidérant. Alors que la concurrence devrait susciter la création d'espaces de confrontation d'idées et de liberté, c'est le contraire qui se produit : vieilles rengaines, confiscation de la parole et pensée unique sont la règle. Pire, l'inflation des humoristes et des polémistes, censée favoriser esprits libres et fous du roi, est devenue le meilleur moyen pour « accompagner le système ». Derrière le rire et le débat, point d'irrévérence ou d'impertinence, mais de la « vanne » complice et du consensus mou. Après avoir dressé un constat sévère sur « l'illusion comique » à la télé et montré comment derrière leurs pseudo pugilats, les débateurs médiatiques fabriquent de la pensée unique, l'auteur nous livre une série de portraits corrosifs sur ces faux impertinents qui triomphent sur le petit écran : Laurent Ruquier, chef de clan pas rigolo ; Yann Barthès et son tout petit Petit Journal ; Thierry Ardisson le catho tendance scato, ;  Natacha Polony, jeune mais aux idées jaunies, Eric Naulleau dans le gaz ; Eric Zemmour, ami des puissants et des blancs ; FOG le mercenaire fou. sans oublier, « leur père à tous », Philippe Bouvard, presque trop beauf pour être vrai !

11/2012

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Littérature française (poches)

Photo de groupe au bord du fleuve

Ce matin, quand Méréana se réveille, elle sait que la journée qui l'attend ne sera pas comme les autres. Elles sont une quinzaine à casser des blocs de pierre dans une carrière au bord d'un fleuve africain. Elles viennent d'apprendre que la construction d'un aéroport a fait considérablement augmenter le prix du gravier, et elles ont décidé ensemble que le sac qu'elles cèdent aux intermédiaires coûterait désormais plus cher, et que Méréana serait leur porte-parole dans cette négociation. L'enjeu de ce qui devient rapidement une lutte n'est pas seulement l'argent et sa faculté de transformer les rêves en projets - recommencer des études, ouvrir un commerce, prendre soin de sa famille... Malgré des vies marquées par la pauvreté, la guerre, les violences sexuelles et domestiques, l'oppression au travail et dans la famille, les "casseuses de cailloux" découvrent la force collective et retrouvent l'espoir. Cette journée ne sera pas comme les autres, c'est sûr, et les suivantes pourraient bien bouleverser leur existence à toutes, à défaut de changer le monde. Par sa description décapante des rapports de pouvoir dans une Afrique contemporaine dénuée de tout exotisme, Photo de groupe au bord du fleuve s'inscrit dans la plus belle tradition du roman social et humaniste, l'humour en plus.

10/2012

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Policiers

Les Variations Enigma

Sans être à proprement parler une suite des deux précédents romans de l'auteur -Le Crime étrange de M. Hyde (1998) et Les Hommes de cire (2002) -, Les Variations Enigma s'inscrit dans le même univers : la fin de siècle européenne des années 1890, traversé par toutes sortes de complots imaginés par des génies du Mal auxquels s'opposent Sherlock Holmes et le Dr Watson. L'intrigue des Variations Enigma commence avec l'assassinat spectaculaire du nouveau consul général anglais à Venise, un collectionneur renommé de peinture de la Renaissance italienne. A la demande du gouvernement britannique, Sherlock Holmes enquête sur cette disparition qui n'a semble-t-il, rien de politique. La solution est-elle liée à la célèbre collection de tableaux du défunt, et pus précisément à des portraits de gentilshommes du Xvie siècle ? Un code secret semble, en effet, unir plusieurs tableaux rassemblés par l'ex-consul, et d'autres encore, dispersés ou volés dans les meilleurs musées d'Europe. Un vaste complot se dessine. Mais quel en est la cible exacte, alors que les eaux menacent dangereusement la Cité des Doges ? Avec érudition, humour et sens du rythme digne des meilleurs romanciers victoriens, Jean-Pierre Naugrette nous emporte, une nouvelle fois, dans des aventures vertigineuses, que rapporte, parfois, la parole hallucinée de M. Hyde.

03/2006

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Beaux arts

Maison-Muse. Les souvenirs vrais du Musée de Montmartre

Cette maison, la plus ancienne de Montmartre - et désormais son musée - est un cas unique. Elle a, depuis le XVIIe siècle, abrité des gens de scène, peintres et graveurs, écrivains, hommes politiques. De La Roze de Rosimond, le successeur de Molière, à André Antoine, le fondateur du théâtre moderne. Le père Tanguy, humble marchand de couleurs, qui lança les impressionnistes et mourut juste avant qu'ils ne fissent tomber des pluies d'or. Puis Auguste Renoir, venu avec une bande d'amis peindre le Moulin de la Galette et quelques autres chefs-d'œuvre. Suzanne Valadon, géniale, séductrice, flaireuse de talents. Mais empoisonnant bientôt le voisinage avec son fils Utrillo et son mari Utter, deux autres grands de la peinture. Les amis Othon Friesz et Raoul Dufy. Poulbot, aussi fantaisiste que les mômes de ses dessins. Emile Bernard, grand peintre et écrivain, admirant son voisin Léon Bloy, illustre auteur catholique, puis brouillé avec lui comme presque tout le monde. Le poète Reverdy au temps de ses amours avec Chanel. Le graveur Galanis dans son fabuleux désordre. Les anarchistes vrais et faux, et surtout Almereyda, débutant dans la dérision, finissant dans le tragique de la grande Histoire. D'autres encore, tous talentueux et originaux. Et les habitués : Satie, Degas, Max Jacob, Carco, Mac Orlan, Malraux. Pareil destin, pour une maison, méritait bien que la parole lui fût donnée.

06/2007

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Faits de société

Un silence toxique

Automne 2018 : la France découvre l'"affaire des bébés sans bras". Dans trois régions, plusieurs enfants sont venus au monde privés de main ou d'avant-bras. Emmanuelle Amar, épidémiologiste en charge de la surveillance en Rhône-Alpes, devient le visage de ce scandale. Voilà près de dix ans qu'elle alerte les autorités sur le nombre anormalement élevé d'enfants nés avec cette malformation dans le département de l'Ain. Des années que ses rapports restent lettre morte. Mais elle sait combien il est difficile de faire reconnaître un problème sanitaire : son Registre est déjà à l'origine de l'affaire Dépakine. A la suite de la médiatisation de l'affaire, Santé publique France met en place un comité d'experts. Le problème pourrait être double. Au-delà de l'origine inconnue de ce mal - l'exposition à des produits chimiques nocifs présents dans l'environnement est une piste sérieuse -, les autorités font preuve d'opacité, jusqu'à remettre en cause l'existence de certains cas. Alors que les familles restent insatisfaites des dernières réponses officielles, Emmanuelle Amar prend la parole dans ce récit précis et salutaire pour raconter ce qui s'apparente à un parcours du combattant. Entre indifférence de ses interlocuteurs, enquêtes bâclées, attaques et volte-face des autorités sanitaires, la lanceuse d'alerte lyonnaise reste combative. Ce livre est le récit de son engagement pour la vérité.

10/2019

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Littérature étrangère

Ce sera tout ?

Ce récit d'une fort bourgeoise escapade fait d'abord songer à des phrases fredonnées au volant, la nuit, par un conducteur solitaire. Adolf Muschg paraît dédaigner d'y faire montre de son habituelle virtuosité verbale. Il donne la parole à un quadragénaire frileux, qui nous confie à mots feutrés le journal de voyage au bout duquel l'attend la jeune fille qu'il croit aimer. Elle sera fidèle à ce rendez-vous, manqué pourtant, mais manqué autrement que ne le craignait ce narrateur nullement en peine ni en reste dès qu'il s'agit de se moquer de soi et de souligner ce que sa situation et sa démarche ont de banal, voire de dérisoire. Cependant, on est loin d'une triviale mid-life crisis marmonnée mezza voce, sur fond de forêts et d'alpages. La vieille Renault R 16 - symboliquement menacée de panne - emporte dans sa carrosserie fatiguée un "promeneur solitaire" dont l'égotisme à la fois douillet et terriblement lucide nous rappelle élégamment que nous sommes au pays de Rousseau, mais aussi de Benjamin Constant. Et puis ce discours tout intérieur (au point de le rester même quand le narrateur rejoint la jeune fille) est en même temps ouvert aux quatre vents, comme une maison vacante qui hésite entre la ruine et l'espoir de revivre.

04/1981

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Théâtre

Triptyque. Trois tableaux scéniques

Ce triptyque de variations sur le thème de la mort se compose de trois «tableaux scéniques». Dans le premier, Proll, le jour de ses funérailles, assiste sans que les autres protagonistes s'aperçoivent de sa présence, aux visites de condoléances, tandis que sa femme fait un retour sur leur vie commune. Dialogues des morts, dans le second, où les personnages apparaissent tels qu'ils étaient à l'heure du trépas, où Proll, par exemple, retrouve son père beaucoup plus jeune que lui. Dans le troisième tableau, Roger, qui est vivant, face à Francine, qui est morte, essaie de justifier ou, au moins, d'expliquer les raisons de leur rupture. Si, curieusement, tout semble naturel dans ces situations, c'est que sous leur invraisemblance affleure le sentiment que tout est déjà joué, se joue à chaque instant d'une vie qui échappe à ceux qui la vivent et cherchent vainement à la ressaisir, à la reconstruire, à la répéter par la parole. Mais il n'y a pas de répétition possible et le destin qui, dans la tragédie antique, se présentait malgré tout sous la forme d'un accomplissement, apparaît à la fois obscur et dérisoire à une époque où il n'y a d'autre transcendance que celle de moments intensément vécus, c'est pourquoi chaque lecteur pourra trouver dans cette oeuvre comme un écho de sa propre existence.

03/1980

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Littérature étrangère

Kuraj

Pour Naja, kuraj est un mot du passé, un de ces rares mots sauvés de l'oubli et des premières années d'une existence vécue parmi les Tuncians, ce peuple semi-nomade vivant aux confins de la Chine et de l'Union soviétique. Car Naja est allemande maintenant, malgré son nez plat, ses yeux en amande et sa longue tresse d'épais cheveux noirs. L'amitié nouée entre son père Ul'an et le lieutenant Berger pendant les heures les plus noires de la bataille de Stalingrad en a décidé ainsi, transformant une simple coïncidence - Naja et la fille des Berger sont nées le même jour- en une promesse quasi incantatoire : si les deux hommes devaient survivre, Naja serait envoyée à Cologne, pour prendre la place de la petite fille des Berger, morte en bas âge. Berger et Ul'an réchappent de l'enfer, mais Ul'an ne survit pas à ses blessures. Son clan tient néanmoins à honorer sa parole. Naja part donc pour l'Allemagne, et tels les kuraj, ces buissons qui roulent au gré du vent dans les vastes steppes d'Asie centrale, elle est emportée vers un autre destin, un autre pays, où elle devra trouver son chemin entre le désir de faire oublier sa différence et la volonté de rester fidèle à des traditions ancestrales.

05/2003

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Littérature étrangère

Le père au bois dormant

Chris Schwartz a beau avoir dix-sept ans et cultiver l'ironie, sa vie l'ennuie. Il voudrait qu'elle ressemble enfin à quelque chose. Et devenir quelqu'un. En vain. Depuis la séparation de ses parents, le lycée n'en finit pas de finir, les filles de lui échapper, sa sœur de l'agacer, sa mère de s'absenter, son père Bernie de déprimer. Jusqu'au jour où une interversion de médicaments plonge Bernie dans le coma. À son réveil, il doit tout réapprendre, les gestes élémentaires du quotidien et l'usage de la parole. Commence alors pour Chris une vaste entreprise de rééducation de son père qui, il l'espère, le sortira enfin de sa morne routine d'adolescent complexé. Avec un humour incisif et tendre qui flirte souvent avec le burlesque, Le père au bois dormant raconte les aventures tragi-comiques d'une famille à la fois pas banale et ordinaire, dont chaque membre s'arrange comme il peut de son humaine condition. À travers l'histoire des Schwartz se dessine le portrait d'une Amérique éclatée et désenchantée. Mais c'est surtout l'attention prêtée aux liens profonds entre les êtres qui fait le charme de ce roman plein d'esprit et d'humanité, révélant une voix neuve et éminemment prometteuse de la jeune littérature américaine.

01/2008

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Critique littéraire

Contes du Viêt-Nam. Enfance et tradition orale

Ce livre présente une soixantaine de contes de la tradition orale du Viêt-Nam, évoquant l'enfant et son rapport à la parole dite et chantée. De sources variées, ces contes merveilleux ou facétieux, légendes, contes et fabliaux d'animaux font pour la première fois l'objet d'une étude de contenu et de forme qui éclaire leur message essentiellement éducatif et moral, transmis dans la continuité des berceuses et chansons fredonnées à l'enfant dès son éveil à la vie. Le rapprochement de ces contes populaires avec les littératures orales du monde met en évidence les invariants universaux, les symboles véhiculés et la manière dont certains aspects des coutumes sont introduits dans la trame du récit. Le jeune héros des contes, dans sa quête pour combler un manque initial, reçoit l'aide providentielle de divinités célestes ou de mânes d'ancêtres, découvre les vertus de la solidarité, résout des épreuves à force de persévérance et grâce à son éloquence. Véritable mémoire d'un peuple, précieux héritage du temps passé, ces contes ont nourri l'imaginaire de leurs auditeurs en les guidant, à leur insu, sur le chemin de la maturité et de l'autonomie. Ils permettent d'entendre encore s'exprimer avec poésie et imagination ces mêmes soucis et espoirs : manger à sa faim, trouver sa place au sein de la communauté, servir dignement son pays.

07/2007

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Ethnologie

Un deuxième monde. La nuit des Kikuyu du Kenya

Au premier plan de l'actualité nationale, les sept millions de Kikuyu, principal groupe bantou du Kenya, sont connus depuis l'insurrection mau-mau de 1952 qui aboutit en 1963 à l'indépendance de cette ancienne colonie britannique. Près d'un demi-siècle plus tard, Michel Adam fait une incursion dans l'intimité de l'obscur chez les habitants paisibles de la circonscription d'Othaya, au pied du célèbre mont Kenya. Evoquant la mémoire toujours vivante d'un passé récent, l'auteur s'attache à décrire les transformations de la modernité : des rituels qui s'effacent, un patrimoine festif dissous dans les antiennes des nouvelles Eglises, les tressaillements des conflits sociaux contemporains. Mais il laisse avant tout la parole à la nuit : l'amour et les contes, la chasse et la collecte du miel, les fantômes et les sorciers. L'aube et le crépuscule sont de faibles frontières entre soleil et lune qui se livrent un éternel combat. Accompagné par les illustrations de l'auteur, et guidé par un texte qui fourmille de notes précises et passionnantes, le lecteur voit la gazelle dik-dik, écoute l'engoulevent au crépuscule, sent le parfum des fleurs mellifères, goûte la garbure et (comme le disent les Kikuyu dans leur langue) "caresse les vaches" (guthathaya). Tout est dit avec la discrétion qui nous permet d'écouter chuchotements, non-dits et silence de cet "autre monde".

06/2018

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Littérature française

Croix de bois, croix de fer

« Qu’est-ce que tu fais pour les autres ? me sermonnait sans cesse mon frère, convaincu que son chemin de vie était plus méritoire que le mien. C’est lui qui perpétuait la tradition missionnaire de la famille, il en était fier et ne manquait jamais une occasion de me reprocher de n’être ni médecin ni instituteur, même pas croyant «. Appelé à prendre la parole lors d’un hommage rendu à son frère, longtemps missionnaire en Afrique centrale, un quadragénaire se remémore les lumières et orages de leur jeunesse. Qu’est-ce qui les a éloignés l’un de l’autre, et comment en sont-ils arrivés à adopter des positions radicalement opposées ? Pris au piège d’une assemblée composée de fidèles aveuglés sur la nature et les motivations d’un bon Samaritain dont lui seul est persuadé de connaître le vrai visage, le narrateur va devoir batailler pour faire entendre sa voix au milieu du concert des louanges imméritées et, ce faisant, faire le bilan de sa propre vie, corsetée par une éducation stricte à laquelle on ne tourne pas le dos sans en payer le prix. Comédie en huis-clos, roman de formation, déclaration de guerre rageuse au déterminisme de la famille et de la religion. Thomas Sandoz, dans ce roman très personnel, change de registre et dévoile avec force et pudeur quelques coulisses de son imaginaire.

05/2016

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Sciences historiques

Tristes grossesses. L'affaire des époux Bac (1953-1956)

Parce qu'ils avaient laissé mourir faute de soins leur quatrième enfant, Ginette et Claude Bac furent condamnés à sept ans de réclusion par la cour d'assises de la Seine en juin 1954. Cassé pour vice de forme, le jugement fut ramené lors d'un second procès à deux années, couvertes par leur détention. La gynécologue Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé y témoigna en leur faveur, ce qui fut déterminant. Quelques mois plus tard, elle fondait la Maternité heureuse qui devint le Planning familial. De l'affaire des époux Bac, toujours mentionnée en quelques lignes dans les ouvrages d'histoire pour avoir été un facteur déclenchant des mouvements en faveur de la contraception, on ne savait presque rien. Danièle Voldman et Annette Wieviorka font le récit du drame vécu par ce jeune couple ouvrier de Saint-Ouen, des "gens sans importance" que des grossesses rapprochées accablèrent. Elles racontent aussi comment les partisans de la légalisation de la contraception se sont emparés de ce désolant fait divers, devenu fait de société. Les déclarations de Marie-Andrée Lagroua Weill-Hallé au procès ont brisé un tabou, ouvert une brèche qui a libéré la parole des femmes et mis au jour leurs souffrances. L'opinion en a été bouleversée. Le débat public ne s'est plus refermé jusqu'au vote de la loi Neuwirth en 1967, une révolution dans l'histoire des femmes.

01/2019

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Actualité et médias

Incorrect. Pire que la gauche bobo, la droite bobards

Les réacs, néoconservateurs et autres fachos sont aujourd'hui en position de force en France. On les voit et on les entend partout, et leurs idées dominent désormais le débat. Comment cette emprise idéologique est-elle possible ? Quelle est la responsabilité de la classe politique et des médias ? Et surtout, leurs arguments sont-ils valides ? Dans ce livre, le journaliste Aymeric Caron fait tomber les masques et révèle les impostures sur lesquelles s'appuient les maîtres à penser faux. Il démontre comme les radios, télévisions et journaux se font complices d'une manipulation dont les Français n'ont pas conscience. Il s'attaque aux porte-parole de ce charlatanisme qui squatte les micros. Pendant un an, il a disséqué tous les arguments véhiculés sur les sujets particulièrement sensibles que sont l'immigration, l'insécurité et l'islam. Il a analysé les vraies statistiques, rencontré les meilleurs experts, décortiqué les JT, et il s'est plongé dans les discours alarmistes pour les confronter à la réalité. Aymeric Caron nous livre un récit qui est celui du grand mensonge mais aussi celui, plus personnel, d'un journaliste dont les prises de position dérangent. Il dévoile les réactions les plus violentes auxquelles il doit faire face. Et en miroir à cette prétendue gauche bobo vilipendée par la droite la plus dure, il dénonce l'émergence d'un nouveau courant : la droite bobards.

04/2014

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Sciences historiques

Histoire féminine de la France. De la Révolution à la loi Veil (1789-1975)

"Il suffit d'écouter les femmes." Voilà ce que disait Simone Veil dans sa vibrante plaidoirie en faveur de la légalisation de l'avortement. Sur elles, on a tant disserté que leurs mots se sont envolés. Yannick Ripa rend la parole au peuple-femme. Depuis leur irruption spectaculaire sur la scène révolutionnaire un certain 5 octobre 1789, les actions, mais aussi les murmures des oubliées, leurs confidences, leurs désirs et leurs désillusions, leurs cris de joie, de douleur ou de révolte dessinent une histoire féminine de la France. Ce pan du passé, elles l'ont construit avec leurs propres mots, leurs propres outils, delà où elles étaient, de là où on leur avait permis d'être, de là où elles avaient osé être... Leurs vies, minuscules ou exceptionnelles, leurs gestes, anodins ou héroïques—dans l'ordinaire du quotidien comme dans les jours sombres—, loués ou condamnés, s'inscrivent dans un temps des femmes. Leurs écrits, abondamment cités, le prouvent ; la riche iconographie de l'ouvrage le confirme : la passivité ne leur convient guère. Révolutions et guerres les divisent — sans-culottes ou Vendéennes, communardes ou Versaillaises, résistantes ou collaboratrices —, mais elles leur procurent de tragiques occasions pour tenter de s'émanciper. Ainsi va l'histoire féminine de la France d'hier : effervescente, plurielle, sans cesse mobile. Notre présent en est l'héritier.

09/2020

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Théâtre

Chambres Inventaires André

C'est à Sochaux, cité industrielle, que se nouent tragiquement les destins des six personnages de Chambres. Chacun à son tour essaie désespérément de retrouver le détail fatal qui l'a fait basculer, perdre pied. Ces détails apparemment anodins révèlent des personnages émouvants d'intensité et de vérité. Inventaires dans une vie bien remplie de trois femmes. Peut-être une sorte de jeu où il faudrait raconter sa vie ; dans ce jeu radiophonique ou télévisé, il faut tout dire, tout avouer, donner des détails. Jacqueline, Angèle et Barbara ont accepté la règle et s'exposent en public, un peu obscènes peut-être, mais si sincères qu'elles sont bouleversantes. Anne-Laure raconte. La ferme de granit en Haute-Loire, les champs, les prés, et puis le souvenir de ce "dos", le dos d'André qui l'a bouleversée un matin. Jusqu'à ce qu'il se mette à changer, grossir, maigrir, loucher. Plus le même homme, ce Dédé... Ces trois textes de Philippe Minyana sont devenus aujourd'hui des classiques contemporains joués de très nombreuses fois. L'auteur saisit ici la parole brute de marginaux mis à l'écart de la société. Son écriture de l'intime s'intercale alors dans ces fragments disloqués et restitue le langage des acteurs de ce théâtre de la vie.

03/2012

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Histoire internationale

Terre indienne. Spiritualité, légendes et prophéties amérindiennes

Une synthèse complète des croyances, des pratiques religieuses et de la spiritualité des peuples amérindiens d'Amérique du Nord. Après avoir exploré les textes des chefs des Premières nations (dont certains sont d'une surprenante modernité), l'ouvrage entraîne son lecteur à la découverte des mythes, légendes et symboles des tribus indiennes, puis l'initie aux messages délivrés. En effet, chaque parole, chaque prière, donne une leçon de vie à celui qui prend la peine de l'écouter. Ce voyage en terre indienne se termine avec les totems, les prophéties et l'univers des chamans, dont tous les messages contiennent des prédictions parfois exprimées sous forme d'avertissements déroutants, mais souvent d'une grande lucidité. Au passage, l'auteur nous dévoile les secrets des peintures de sable des Indiens Navajo, la magie des plumes, les rituels chamaniques, les visions des grands chefs, le voyage dans le Monde d'En-Bas... Une histoire Hopi dit que les arrières-petits fils des envahisseurs blancs, quand ils auront presque détruit la terre, viendront chercher des réponses auprès des derniers gardiens de la tradition, avec l'urgence de retrouver les racines pour espérer survivre. L'une des clés des grandes questions qui se posent à notre époque ne serait-elle pas à trouver auprès des derniers sages amérindiens qui ont su, durant des millénaires, préserver la Terre et son Esprit ?

02/2018

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Autres langues

Quant à je (Kantaje). Agrégat

Katalin Molnar, d'origine hongroise, a dû apprendre à vivre, à écrire et à penser avec le français. Elle raconte la double histoire de sa vie et de son français dans ce livre conçu comme un repas quelque peu personnel, quelque peu spécial, les invités aiment ça, les repas quelque peu lointains, un peu étranges, les repas qui les étonnent, c'est ce qu'ils demandent, c'est ce qu'ils désirent même s'ils ne le demandent pas, ils préfèrent ça aux repas qu'ils savent faire, qu'ils mangent souvent, un livre, ça peut être très comme ça, on peut l'imaginer comme ça, un livre où poèmes, bribes de lettre, histoires racontées, morceaux de contrat se côtoient comme morceaux de viande, carottes et pommes de terre dans une bonne goulache, mais ce n'est pas tout... "Parce que dans la langue, il y a l'écrit sans parole, épui yalaparol sanlékri, épui donk, le français éjénial ! pourça (bonne chose dans toute mauvaise chose il y a) car on peut séparer mais peuôssi mélanjé, épuidonk, pour atténuer le côté fumeux, ai aussi utilisé des langages qui, à mon sens sont joyeusement pas fumeux, méalor pa !fumeudutou, abaalorla ! laputin ! cela vous consolera-t-il ? Je n'en sais rien mais le souhaite (comme les bonnes choses que souhaitait mon papa à moi)".

04/1996

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Théâtre

L'art du comédien. Déclamation et jeu scénique en France à l'âge classique (1629-1680)

Au XVIIe siècle l’art dramatique est, comme la rhétorique, un art de la parole. Entre 1629 et 1680, le jeu du comédien s’inspire essentiellement de la doctrine classique et des règles de l’art oratoire, faute d’être théorisé en tant que tel. Il importe au comédien de se considérer « comme un Orateur » (Grimarest) qui doit mettre en valeur la beauté du discours pour faire impression sur le spectateur grâce à un travail plus vocal que gestuel. Molière offre à la comédie une alternative aux préceptes trop rigides de l’« action » oratoire en exaltant le geste, en inventant des effets proprement « théâtraux » et de véritables « jeux » de scène, qui préfigurent l’engouement pour la pantomime au siècle suivant. La recherche de nouvelles formes « artistiques » de déclamation marque les années 1660 : Molière allège la diction comique, souhaitant plus de naturel dans la prononciation des acteurs, et Racine met au point une déclamation « chantante », fondée sur un usage spécifique de la ponctuation (elle tient lieu de signalétique des intonations de la voix pour le comédien) et sur un spectaculaire « verbal » (privilégiant le pathétique et l’expression hyperbolique d’émotions). Cet ouvrage se veut une synthèse de la progressive construction et structuration du jeu du comédien au XVIIe siècle, par l’étude systématique de la doctrine classique, des théories dramatique et du texte théâtral.

09/2013

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Sociologie

L'ANALYSE INSTITUTIONNELLE

Le sociologue, le psychosociologue, le thérapeute, l'éducateur semblent avoir des fonctions précises : révéler l'action sociale, aider les groupes à fonctionner, soigner les malades, former les jeunes. Mais on peut considérer ces différents métiers " sociaux " sous un angle radicalement nouveau : ce qu'ont en commun ces spécialistes, en tant que professionnels inscrits dans la division du travail, c'est qu'ils interviennent dans telle institution, à la demande de telle institution, au nom de l'ensemble des institutions, et de leur garantie politique - l'Etat. Intervenir se dit à propos d'un tiers qui vient au milieu d'une contestation. Pour arbitrer ? La fonction du sociologue ou du pédagogue n'est pourtant pas celle d'un juge ou celle d'un prossesseur du code social. Pour appuyer de tout son pouvoir l'une des parties en cause ? Le psychologue, le thérapeute, etc., ne sont pas exactement des policiers. Alors ? Ce qui est proposé ici, c'est une méthode d'intervention en situation consistant à analyser les rapports que les multiples parties en présence dans le jeu social entretiennent avec le système manifeste et caché des institutions. Une autre originalité de la méthode réside dans le fait que l'analyste ne se situe plus à l'extérieur des groupes, collectivités, organisations qui lui demandent d'intervenir, mais comme impliqué lui aussi dans le réseau d'institutions qui lui donne la parole.

06/1998

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Philosophie

Le commerce des regards

Qu'est- ce que voir ? Qu'est-ce que dire ce que l'on voit ? Qu'est-ce que faire voir ? Qui dit ce qu'il finit voir ? Cette étude tente de dégager l'économie propre à l'image dans le marché des visibilités auquel tout concourt aujourd'hui à la réduire. Toute image ne fait-elle pas le deuil de son objet ? Comment se construit la légitimité et le sens du jugement portant sur des objets " iconiques " qui sont des figures émotionnelles ? La passion de l'image est indissociable en Occident du destin iconique de la Passion christique. Cette passion ne s'est pas contentée d'articuler l'image à la doctrine de l'incarnation, elle a aussi fait l'objet d'un traitement institutionnel. Le vocabulaire de la chair s'est trouvé lié au lexique du corps de l'Eglise et, par la suite, à celui de tous les pouvoirs fondés sur l'adhésion et la soumission des regards. Décider d'une image est l'affaire d'un commerce, celui des êtres de parole qui ne cessent de faire circuler tous les signes qui produisent un monde commun. L'économie du visible est un choix politique, celui du partage des goûts et des dégoûts, donc des formes sensibles où se jouent les figures de l'amour et de la haine, donc d'une humanité qui reste toujours à construire.

02/2003

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Littérature française

L'étrange cas du prof M

Projeter la psychanalyse sur un écran : l'idée n'est pas neuve, elle date de 1925, quand Karl Abraham, le plus fidèle des disciples, fait part à Freud d'un projet de film. La réponse ne tarde pas : "Le projet ne me plaît guère. Je ne tiens pas pour possible de présenter nos abstractions de façon plastique". Réticence justifiée ou méconnaissance des pouvoirs du cinéma ? Le film pourtant se fera. Il sera réalisé par Pabst, le futur auteur de Loulou, d'après les indications du psychanalyste Hanns Sachs. Il s'appelle Les Mystères d'une âme. Le grand acteur Werner Krauss, alias Dr Caligari, tient le rôle du névrosé, le Professeur Mathias. Comment guérit-on une maladie de l'âme ? Le psychanalyste offre ses services... Ce premier film psychanalytique est aujourd'hui presque oublié. Patrick Lacoste l'a vu et revu, il a retrouvé la monographie de Sachs, les documents publicitaires, les nombreux comptes rendus de la presse. Son livre présente le dossier de l'affaire. Il est aussi une enquête sur le film, ses protagonistes, le cinéma allemand de l'époque. Il est enfin, au-delà de l'événement, une succession de prises de vue sur ce que Freud a appelé la figurabilité : à quelles conditions l'inconscient peut-il passer à l'image - et la présentation d'une cure par la parole à l'image muette ?

04/1990

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Religion

Vie de Macrine

Grégoire, évêque de Nysse, raconte à l'un de ses amis la Vie de Macrine, sa soeur. Macrine est l'aînée d'une famille de dix enfants, parmi lesquels cinq, dont Basile et Grégoire, sont des saints reconnus par l'Église. Elle est née probablement en 327. Quand le jeune homme auquel on l'avait fiancée meurt, elle décide de vivre pour Dieu seul et refuse tout mariage. Après la mort de son père, elle se retire dans une propriété de famille, à Annisa. Là, elle vit en communauté avec sa mère et ses anciennes servantes. D'autres femmes viennent se joindre à leur groupe. Elles mènent une vie toute simple de prière, de travail, d'accueil des malheureux. Grégoire, qui admire beaucoup sa soeur, raconte longuement ses derniers entretiens avec elle et sa mort. Il sait que les chrétiens trouveront dans ce récit un modèle pour leur montée vers Dieu et surtout une force renouvelée pour leur foi en la résurrection. Macrine a renoncé à la richesse, aux honneurs. Elle ne s'arrête jamais dans sa route à la suite du Christ : chaque épreuve est pour elle l'occasion de nouveaux progrès. Elle prie, elle médite la Parole de Dieu. Son coeur qui vit dans l'attente de son Seigneur voit arriver, avec joie, le moment de la rencontre avec lui.

11/2015