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Musique, danse

Les cantates de J.-S. Bach. Textes, traductions, commentaires

Longtemps méconnues du grand public des mélomanes, les cantates de Bach connaissent de nos jours l'engouement que justifie cet incomparable trésor. Les enregistrements en intégrales se multiplient, de même que les auditions en cycles de concerts au long cours. Le contenu spirituel des cantates d'église, une langue allemande complexe ainsi que les multiples connotations de livrets volontiers vilipendés en ont freiné l'accès à des auditeurs comblés par les Passions et les oratorios. Quant aux cantates profanes, elles demeurent encore à l'écart des programmes. Il était donc nécessaire d'offrir aux lecteurs, amateurs ou professionnels, un ouvrage leur facilitant l'accès à l'ensemble de tant de chefs-d'oeuvre. C'est ce que propose ici Gilles Cantagrel, qui s'attache à éclairer chacune des cantates sous ses aspects historiques, théologiques, musicaux. Le texte de chacune des quelque 230 cantates est donné dans sa version originale et en traduction, pour faciliter l'accès au commentaire. Rendant hommage à tous les travaux antérieurs et s'appuyant sur les recherches les plus récentes, l'auteur donne l'ouvrage de référence sur ce massif impressionnant, nourri de son érudition et d'une connaissance intime de ce répertoire, dont ont fait preuve ses ouvrages précédents sur la période. Les cantates sont ici classées selon leur destination, en fonction du calendrier liturgique ou, pour les cantates profanes, de leur opportunité festive. Plusieurs tables de concordance permettent de circuler dans l'ouvrage de façon non linéaire, au gré des écoutes et des curiosités de chaque lecteur.

03/2010

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Critique littéraire

Achilléide. Edition bilingue français-latin

Né à Naples, en pays grec, Publius Papinius Statius s'est souvent plu à traiter des sujets grecs. Il n'était guère étonnant qu'il s'intéresse "au meilleur des Achéens", Achille. L'angle choisi est des plus originaux : ce n'est pas du guerrier dont il est question, mais de l'enfance du héros, de son éducation par Chiron et de ses amours avec Déidamie. Stace, chantre de l'horreur et de la violence dans la Thébaïde, adopte ici un ton léger et non sans humour. Composé pendant la rédaction de la Thébaïde, l'Achilléide apparaît ici comme une pause dans la production épique et guerrière du poète. Malheureusement, la mort vint interrompre ce texte dont seuls les deux premiers livres furent écrits. Après une biographie de l'auteur, notre édition fait le point sur les diverses hypothèses concernant l'économie du poème et notamment le récit de la guerre de Troie. De nombreuses comparaisons avec les autres poèmes traitant d'Achille, et surtout avec les poèmes homériques, sont proposées et mettent en avant l'influence d'Euripide sur Stace. Les sources latines, telles Virgile et Ovide sont analysées en détail, de même que les parentés avec les autres oeuvres de Stace. L'histoire de la tradition manuscrite est accompagnée d'un bref sommaire des différentes éditions. Chaque livre est précédé d'un résumé permettant de circuler aisément dans le poème. Des notes accompagnent la lecture et sont développées, en appendice par des notes complémentaires. L'ouvrage est en outre enrichi d'un Index Nominum.

01/1977

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Psychologie, psychanalyse

Portrait de groupe avec analyste

Dans une institution, l'équipe socio-éducative se réunit autour d'une psychanalyste pour parler des enfants polyhandicapés dont elle s'occupe. Qui sont ces enfants emprisonnés le plus souvent dans le carcan des appareillages ? Que ressentent-ils ? Que signifie éduquer ou rééduquer des enfants qui n'habitent pas leur corps pour leur propre compte ? Quels soins psychiques reçoivent-ils ? Quelles perspectives l'analyste peut-elle donner afin d'améliorer le sort de ces enfants et du même coup celui de ceux qui s'en occupent ? Ordinairement, les enfants grandissent, s'élèvent pour ainsi dire corps et âme vers un statut idéalisé d'adulte autonome. Les enfants dont il est question ici semblent bouger à l'envers de cette construction. Ils tendent à se rétracter, à s'affaisser, se déformer jusqu'à perdre parfois leur apparence humaine. Une vie ne saurait aboutir et se soutenir sans un désir de la vivre. L'auteur témoigne, rencontre après rencontre, de ce que permet l'écoute d'un psychanalyste dans ces situations extrêmes où il s'agit de vie ou de mort. Et parfois seulement de survie. " Ils pourraient marcher ", ne cesse-t-on de répéter dans le groupe. Ils pourraient s'ils voulaient... Mais le veulent-ils vraiment ? Donner au sujet de quoi advenir avec des mots qui lui sont propres, sa vie fût-elle emprisonnée dans un corps aux formes altérées, c'est là que s'oriente la pratique analytique de l'auteur dont elle rend compte ici avec humanité.

09/2005

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Histoire régionale

Histoire des rues du Havre. Tome 2, Le Havre moderne

Les différents auteurs qui ont écrit l'histoire du Havre se sont, jusqu'ici, très peu préoccupés de rechercher le lieu précis où le fait historique s'est passé, l'emplacement réel occupé par l'édifice public, le quartier, la rue et la maison où sont nées nos illustrations havraises. Aussi parcourt-on, aujourd'hui, avec indifférence les rues de notre cité, sans se douter qu'on foule un sol où se déroula une page des annales du Havre. C'est cette regrettable lacune que nous essayerons de combler. En parcourant chaque rue du Havre, nous relaterons l'époque où elle a été tracée, les différents noms qu'elle porta, les faits historiques qui s'y passèrent. Nous visiterons les monuments et les édifices, les maisons principales, recueillant, parci par-là, l'épisode, l'anecdote, retrouvant le berceau de nos célébrités, l'appartement où décéda l'homme, qui consacra son existence au bien-être de ses compatriotes. En visitant les maisons de commerce, nous apprendrons l'époque de leur création, dont quelques-unes remontent aux premiers jours du Havre. Dans les établissements industriels, nous serons à même de connaître l'époque où l'imprimerie, le journal, etc., s'introduisirent ici. Les vieillards nous raconteront les légendes du temps qui n'est plus, les us et coutumes disparus, etc. Nous aurons plus de 400 rues à parcourir, et, d'après le recensement de 1872, il n'existe pas moins de 7.693 maisons, habitées par 23.570 ménages... (extrait de la Préface, édition originale de 1876.

02/2021

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Psychologie clinique

Étude UCMF. Étude de l’impact des conditions de travail sur les compositeurs(trices) de musique pour l’image

Le monde est en crise : qu'elle soit sanitaire, économique, politique, sociale, cette crise est le dénominateur commun de chacun, à l'échelle de notre résilience personnelle. De nombreuses études sur le monde de la musique ont vu le jour ces dernières années, donnant beaucoup de chiffres et de quotas sur la parité notamment. Il manquait la dimension psychologique et l'UCMF s'est penchée toute l'année 2022 sur les conditions de travail des compositrices et compositeurs de musique à l'image. Il est temps de donner, outre une notoriété de plus en plus tangible, une visibilité sociale à cette profession. Ces travailleurs de l'ombre doivent en effet officier avec tact et pédagogie auprès de plusieurs autres professions de l'audiovisuel qui ne parlent pas souvent le même langage... Il n'est pas question ici de soulever la problématique du langage musical versus le langage de l'image, mais bien de rendre compte aujourd'hui, en 2022, des conditions de travail des compositrices et compositeurs de musique pour l'image : quels sont les facteurs récurrents qui influent positivement ou négativement sur le bien-être au travail de ces artistes ? Quelles sont les conditions qui rythment leur quotidien, les figures imposées et les impondérables inhérents de ce métier qui génèrent stress positif ou négatif, qui peuvent les conduire au burn-out ou au pinacle ! Jade Tifiou, psychologue du travail, signe ici sa première étude, sur un métier à la fois connu et méconnu, qui explore l'impact des conditions de travail sur les compositrices et les compositeurs de musique pour l'image.

01/2023

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Histoire et Philosophiesophie

La Tension essentielle. Tradition et changement dans les sciences

Thomas S Kuhn aborde ici la science à partir de la tension essentielle qui la travaille et dont les pôles sont tradition et innovation. D'un côté les paradigmes, cadres du travail quotidien des chercheurs. De l'autre, les révolutions qui bouleversent les paradigmes établis et les remplacent par de nouveaux. Ces notions, introduites par Kuhn dans des travaux qui ont renouvelé l'histoire et la philosophie des sciences, sont ici discutées et précisées. Elles le sont à travers une étude de plusieurs problèmes qui concernent les points centraux de l'histoire de la physique, tels celui de la causalité, celui du jeu entre la tradition mathématique et la tradition expérimentale, celui des découvertes simultanées, de la mesure, de l'expérience de pensée. Elles le sont à travers une réflexion sur l'histoire des sciences, ses rapports avec l'histoire et la philosophie et l'importance qu'elle a pour la science elle-même. Et elles le sont à travers un échange avec d'autres historiens et philosophes des sciences, notamment avec Popper et Merton. Les articles réunis dans ce recueil jalonnent le chemin marqué par les grandes monographies de l'auteur sur la révolution copernicienne, la structure des révolutions scientifiques, la théorie du corps noir et les débuts de la révolution quantique. Ils sont la meilleure introduction à la pensée d'un historien dont le rayonnement dépasse largement l'histoire des sciences et dont l'ouvre a suscité un débat international sur les questions fondamentales pour toutes les sciences de l'homme.

05/1990

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Philosophie

Philosophie du vivre

"Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition - être en vie - et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais - pleinement - à y accéder. Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'on appellera, le projetant dans l'Etre, la "vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté ; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin". Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse ; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas - hélas ! - imprudemment laissé en friche ?" François Jullien.

03/2015

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Esotérisme

Esotérisme du Temple égyptien

Existe-t-il vraiment un ésotérisme égyptien ou est-ce une vue de l'Occident, une manière d'expliquer le mystère entourant cette culture fascinante ? L'Egyptologie Symboliste prétend que c'est le coeur même de la pensée égyptienne et qu'elle est le fruit d'une connaissance ésotérique portée par les initiés. La civilisation pharaonique apparaît entièrement constituée dès la première dynastie : les caractères royaux, les idées religieuses, la conception de la vie et de la mort se trouvent fixés ; tous les procédés techniques sont connus ; le calendrier est précis ; l'écriture est déjà en usage. Les monuments et les papyrus constituent la plus grande bibliothèque des oeuvres ésotériques à étudier et à méditer. " Le Maître véritable peut guider un candidat doué pour lui faire parcourir le chemin de la Conscience plus rapidement ; l'initié, arrivé à des étapes d'Illumination par sa propre Lumière intérieure, lira directement l'ésotérisme d'un tel enseignement. Personne ne pourra le faire pour lui. " C'est résumer en quelques mots l'enseignement de René Schwaller de Lubicz dont le nomen mysticum " AOR " distingue ce grand égyptologue de passion. Le " Mémorial " donne ici l'importance à l'oeuvre — Le Temple de l'Homme — et à celles et ceux qui ont accompagné cette immense entreprise au sein du Groupe de Louqsor. Les auteurs, dont la quête est éclairée par la Franc-maçonnerie, témoignent de " l'Ordre Initiatique de la Voie Sacrée ", au Rite Egyptien de Mer Nefer et présentent ici les outils authentiques de l'un des grands éveilleurs de notre temps.

10/2023

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Sciences politiques

RG, la machine à scandales

Du meurtre du pasteur Doucé à l'affaire de Carpentras, les RG n'ont cessé de défrayer la chronique. Mais que font vraiment ces 3800 fonctionnaires répartis sur tout le territoire ? Après vingt ans dans la police et treize ans aux RG - jusqu'à ce que la hiérarchie monte contre lui une spectaculaire affaire qui lui coûtera son poste Patrick Rougelet, ex-commissaire principal, connaît les arcanes d'une maison dont il dévoile ici la face cachée. Créée sous Vichy, cette police politique n'a cessé de prendre de l'importance. De Sartre à Montand, de Giscard à Sarkozy, elle enquête - parfois de façon fantaisiste - sur tous ceux qui ont une parcelle d'autorité ou d'influence. La section " presse " a ses informateurs dans les journaux, ce fut notamment le cas au Monde. La section " politique " suit de près les partis et les mouvements Jugés subversifs. Les RG sont ainsi devenus un Etat dans l'Etat. Les ministres de l'intérieur s'en servent à l'occasion mais s'en méfient. Ce pouvoir clandestin s'est même intéressé au Président - le rôle du service dans l'affaire des diamants est ici raconté dans le détail. Depuis peu, il s'efforce aussi de freiner les instructions menées par certains juges dans des affaires sensibles. On ne s'étonnera pas dans ces conditions que les méthodes parfois utilisées (cambriolage, écoutes téléphoniques ... ) débouchent sur des scandales. Grâce à ses dossiers, la hiérarchie des RG traverse pourtant toutes les alternances. Pour combien de temps encore ?

04/1997

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Philosophie

Les méditations métaphysiques. Objections et réponses de Descartes, un commentaire

Depuis leur publication en 1641, les Meditationes de prima philosophia n'ont rien perdu de leur pouvoir de fascination : jamais un projet philosophique n'avait été si ambitieux et si radical. L'objectif de ce volume est simple : expliquer ce texte en associant les plus grandes exigences pédagogiques à la plus grande précision scientifique et en tenant compte des acquis de la recherche récente. Cette ambition installe ce volume dans une tradition de commentaires déjà illustres, mais dont il se distingue par son caractère collectif et par la prise en compte des Objections et Réponses, sans lesquelles les Meditationes ne sont qu'une oeuvre mutilée. Pour ce faire, il fallait considérer aussi bien le développement interne des textes que leur ouverture structurelle. On s'est ainsi résolu à regagner l'esprit cartésien en suivant sa lettre, en éclairant telle difficulté ici, en dissipant telle confusion là, et sans s'interdire d'ouvrir le commentaire au rapprochement avec d'autres textes de Descartes ou d'auteurs avec lesquels la discussion est directe et topique. Les contributions ici rassemblées ne prétendent nullement circonscrire l'inépuisable richesse du texte cartésien, ni même s'y mesurer (qui l'oserait ? ) ; à tout le moins nous rappellent-elles qu'il n'est de philosophie vivante que dans la confrontation avec la pensée la plus forte. Car la formidable audace spéculative à l'oeuvre dans cette aventure à nulle autre pareille que sont les Meditationes demeure pour le lecteur une insurpassable école de discernement, de liberté, de courage aussi — bref, de vérité.

03/2019

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Littérature française

Verdun

"Alors, comme le font tous les ratés, tous les aigris, tous les éconduits, je m'étais vengé sur des innocents ; j'avais puni un lit défait, un froc souillé, pour oublier les sales météos de mon coeur... L'avenir était le pays des autres. Je n'y étais pas convié". Après Orléans, qui racontait l'enfance martyrisée du narrateur, puis Reims, où l'on suivait ses pérégrinations lamentables en école de commerce dans la ville des sacres, voici Verdun. Car c'est à Verdun que nous retrouvons cet "immobile enfant" de vingt-cinq ans, cette fois comme aspirant dans l'armée de terre. Après des classes à Angers puis à Draguignan où on lui enseigne le métier des armes, le jeune Moix, désormais officier d'artillerie, va connaître, parfois pour le meilleur et très souvent pour le pire, l'épreuve des responsabilités, de la promiscuité et du commandement. Nous le suivons ici avec sa section, par monts et par vaux, en campagne ou en caserne, de jour comme de nuit. Une fois encore, c'est une galerie de personnages aussi ordinaires qu'extraordinaires qui se déploie sous nos yeux. Avec humanité, humour, humilité et la tendresse habituelle que nous lui connaissons pour les déclassés, Yann Moix, plus dur avec lui-même qu'avec quiconque, nous émeut et nous fait rire. C'est sa griffe. Entre manoeuvres et marches de nuit, tirs au Famas et feux de camps, inspection des chambres et chants militaires, nous la retrouvons ici intacte.

03/2022

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Ethnologie et anthropologie

La Nation entre les lignes. Les Saxons de Transylvanie et la question des identités

Au questionnement foisonnant sur les identités collectives et leur formation, évolution et interactions, La Nation entre les lignes apporte des réponses nouvelles et décisives, en montrant le rôle des médias, du retable à Internet, et celui de l'implicite. Invisible et omniprésent, l'implicite se révèle un véritable fondement de l'appartenance, sous ses différentes formes qui sont ici décrites dans leur fonctionnement tant social que linguistique. Le cas d'étude est fascinant, dans le temps long de presque neuf siècles et jusqu'à l'immédiat contemporain. Les Saxons de Transylvanie sont une micronation germanique, attestée depuis le XIIe siècle en Transylvanie, sur le territoire de l'actuelle Roumanie. Après la chute du mur et de la folle dictature de Ceausescu, ils choisissent l'émigration collective ou, en quelque sorte, l'autodissolution dans la république Fédérale. La fin annoncée de l'histoire ne survient pourtant pas, en témoigne l'élection en 2014 d'un président de Roumanie au nom fort germanique : Klaus Werner Johannis est saxon de Transylvanie. Les sciences de la culture et de la communication, inter- ou transdiscipline, recourent ici à l'analyse du discours et des médias, aux sciences historiques et à la germanistique, à la littérature enfin, dans son rôle de lanceur d'alerte avant même la création de l'expression. Ecrit dans une belle langue expressive, ce livre souvent savant mais jamais jargonnant se lit comme un roman et s'adresse aux universitaires, mais aussi à tous ceux qui voudraient en savoir plus sur la formation des identités partagées.

05/2022

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Littérature française

Carnets buissonniers

Ces Carnets ne sont pas un livre qu'on lit mais un livre où l'on se promène. Pour le paysage ? Non, mais pour les gens que l'on y croise, lors des consultations d'un médecin de famille qui partage ses petits émerveillements clandestins. Que resterait-il de ces moments fugitifs si l'écriture ne venait pas les sauver de l'engloutissement dans la cohue des jours ? Heureusement, le médecin se fait écrivain, il note, il consigne, il préserve. Ce qui aurait pu n'être qu'anecdotes devient pépites, et à les lire, comment ne pas être ému par la beauté des relations mystérieuses et fragiles qui se nouent dans ces moments où le praticien et le patient sont simplement deux personnes qui se parlent et s'écoutent. C'est un livre précieux que ces Carnets buissonniers. Un hommage à la vie. Tous ces textes sont traversés par la même petite musique modeste et entêtante, ici en mineur, là en majeur. Ce n'est pas une symphonie, rien de grandiose ici, mais de courtes sonates, variations douces- avec une pointe d'amertume parfois, une pincée de sel - sur la brièveté et la fugacité des choses de la vie. L'humain n'en sort ni grand ni fort, mais fragile et attendrissant. Et la petite magie du coeur qui bat est là, tendue sur le fil des rencontres. Francis Dannemark Médecin généraliste, Carl Vanwelde partage ses réflexions issues de ses rencontres avec amour, humour et humanité. Des billets à piocher et à savourer au gré de vos envies.

10/2021

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Pléiades

Oeuvres complètes

Qui fut François Villon (1431-apr. 1463) ? Un vagabond, un étudiant, un voleur, un "mauvais garçon" ? Telle est en tout cas l'image qu'il a laissée, transmise même, puisque tel il se décrit à travers sa poésie. La réalité est peut-être en partie différente. Les documents d'archives qui nous sont parvenus, et qui sont ici reproduits, laissent planer le mystère. Si Villon connaît le langage des "coquillards", son appartenance à cette organisation de malfaiteurs reste incertaine : le (passionnant) rapport d'enquête sur la bande procure une liste de ses membres et décrypte leur argot, sans jamais citer notre homme... Si l'on met de côté la légende, reste la poésie, faite d'interrogations et d'inquiétudes, de mélancolie et de nostalgie : une danse de vie et de mort. Considéré comme le premier poète moderne, Villon aime jouer avec les langues, et il les connaît toutes : celle des cours, dans lesquelles il fut reçu, celles du peuple et des métiers, l'argot et les proverbes. Il se les approprie, les détourne, en fait surgir la fragilité et la beauté. Encore faut-il pouvoir y accéder. Une traduction en français moderne figure ici en regard du texte original. Dès le lendemain de sa disparition, Villon fut augmenté, imité, réinterprété, réinventé et célébré par ses lecteurs, et notamment par les écrivains. Un choix de textes (et d'illustrations) propose donc, sous l'intitulé "Lectures de François Villon", les échos de la fortune du poète du XVe au XXe siècle.

10/2014

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Histoire internationale

Dégel de l'intelligence en Chine, 1976-1989. Quatorze témoignages

Quand les chars de l'Armée tirent sur le peuple de Pékin le 4 juin 1989, ce n'est pas seulement le mouvement de contestation de l'ordre bureaucratique qu'ils abattent, au terme de cinquante jours de montée en puissance. Pas seulement l'espoir qui s'était levé place Tiananmen qu'ils liquident : c'est aussi le mouvement de libération de la pensée qui avait commencé dès 1976, au lendemain de la mort de Mao. Quatorze de ses acteurs, et non des moindres, témoignent ici avec autant de franchise que de lucidité. Ils montrent l'acharnement avec lequel une intelligentsia réveillée, mais liée au Pouvoir, s'est battue contre ce Pouvoir pour parvenir à revitaliser toute la société. Ils montrent aussi les relations ambiguës de cette intelligentsia avec la contestation étudiante et populaire du printemps 1989 et les tristes conditions dans lesquelles a pris fin, inachevée, cette renaissance culturelle. Chinoise devenue française depuis longtemps, Cheng Yingxiang a pu interroger à chaud ces quatorze témoins, théoriciens ou philosophes, poètes, écrivains ou journalistes, politologues et sociologues, grands scientifiques. Autant de personnalités, autant de points de vue polémiques, parfois contradictoires, autant de témoignages enfin que l'auteur a redistribués dans un ordre à la fois chronologique et thématique, le lecteur se trouvant ainsi introduit au cœur même de cette période clé de l'histoire de la Chine. Loin de l'image figée et uniforme qu'on a pu en avoir, la Chine qui pense se dessine ici multiple, " dégelée ", imaginative et créative, en un mot vivante.

01/2004

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Philosophie

Philosophie du vivre

"Vivre nous tend entre l'un et l'autre : il dit à la fois l'élémentaire de notre condition, être en vie, et l'absolu de notre aspiration : "Vivre enfin !" Car que pourrions-nous désirer d'autre que vivre ? Vivre est en quoi nous nous trouvons toujours déjà engagés en même temps que nous ne parvenons jamais, pleinement, à y accéder. Aussi la tentation de la philosophie, depuis les Grecs, a-t-elle été de le dédoubler : d'opposer au vivre répétitif, cantonné au biologique, ce qu'on appellera, le projetant dans l'Etre, la "vraie vie". Refusant ce report et circulant entre pensée extrême-orientale et philosophie, j'envisagerai ici quels concepts peuvent faire entrer dans une philosophie du vivre : le moment, l'essor opposé à l'étalement, l'entre et l'ambiguïté ; ou ce que j'appellerai enfin, prenant l'expression en Chine, la "transparence du matin". Je me demanderai, plus généralement, comment chaque concept, pour se saisir du vivre, doit s'ouvrir à son opposé. Car comment s'élever à l'ici et maintenant sans se laisser absorber dans cet immédiat, ni non plus le délaisser ? Ce qui impliquera de développer une stratégie du vivre en lieu et place de la morale. Le risque est sinon d'abandonner ce vivre aux truismes de la sagesse ; ou bien au grand marché du développement personnel comme au bazar de l'exotisme. Car cet entre-deux, entre santé et spiritualité, la philosophie ne l'a-t-elle pas, hélas ! , imprudemment laissé en friche ?" François Jullien.

03/2011

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Critique littéraire

L'EPREUVE DE LA GRANDEUR. Prix littéraires et reconnaissance

Il n'est pas facile, certes, de réussir. Il ne l'est pas non plus, paradoxalement, de supporter sa propre réussite. Ainsi l'expérience des prix littéraires est exemplaire en ce qu'elle opère un changement spectaculaire, instantané et durable dans la grandeur de la personne, quant à la reconnaissance du talent, à la notoriété ou à la richesse. Jean Carrière, Claude Simon, Jean Rouaud, Annie Ernaux, Emmanuèle Bernheim, Michel Tournier, Andreï Makine, Jacques Chessex livrent ici leur version - chacune très différente - de cette expérience singulière. Ils nous permettent ainsi de réfléchir sur les raisons de la difficulté à vivre un " écart de grandeur " entre soi et autrui, ou entre les différents moments de soi-même. Problèmes de cohérence identitaire, d'envie, de justice, de conciliation entre grandeurs hétérogènes : l'épreuve de la reconnaissance, centrale dans le domaine de la création, est particulièrement sensible aujourd'hui dans les démocraties modernes. Le parcours s'opère ici du niveau le plus concret de l'histoire de vie au niveau le plus théorique des modélisations récentes offertes par la sociologie, l'anthropologie, la psychanalyse ou la philosophie politique. Nathalie Heinich parvient ainsi à dévoiler ce qui n'est pas spontanément accessible aux acteurs, sans pour autant céder à la dénonciation des intérêts cachés ou des motivations illégitimes. Avec ce livre, elle poursuit son programme : faire de la sociologie " froide " sur des sujets " chauds ", de l'analyse anthropologique sur des problèmes fortement investis par les acteurs, sans tomber dans la sociologie de magazine, le pamphlet moralisateur ou le traité d'épistémologie.

11/1999

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Poésie

Depuis toujours le chant

Etrange titre que celui-là : ce chant qui depuis toujours se fait entendre, de qui est-il ? Qui chante, qui parle, qui se tait ? Le tutoiement du poème liminaire le laisse pressentir : " Depuis toujours ton silence / Ton souffle pourtant ne cesse / De courir parmi les prêles [...] // Depuis toujours le poème / Que ton vent écrit efface / Qu'ici veilleur je recueille " Gérard Bocholier aime considérer le poète comme un " veilleur ". C'est déjà sous le titre de Veille qu'il a publié en 2000 un recueil et c'est sous comme des " Chroniques du veilleur " qu'il publie ses notes de lecture. Le mot réapparaît dans le présent recueil : " Nous sommes de cette âme / Qui veillait sous la pierre / Et qui a tressailli / A la voix bien aimée ". Si le poète veille, c'est qu'il est entouré par la nuit, enfermé dans la pierre : et c'est parce qu'il sait que sa patience ne sera pas en vain. Il sait qu'une voix se fera entendre, qu'une parole s'élèvera. Cette voix qu'évoque ici un autre poème : " La voix plus profonde / Cachée dans un souffle / Sa courte visite / Inscrite à jamais ". Cachée toujours, en effet, cette voix : fidèle mais discrète. Secrète, même (et c'est le titre d'un recueil de 1995 : Secrète voix). Mais le poète sait la reconnaître : " Ta voix cherche en chaque épreuve / A toucher ma nuit d'un souffle / A glisser comme aux fissures / Un rayon de ta lumière. " Et, fuyant les clartés aveuglantes, son écriture sait mieux qu'aucune autre accueillir cette douce lumière

05/2019

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Littérature française

La funambule

Dans ce roman, nous avons affaire à des constats qui portent sur les différenciations des modes de vie, les valeurs absolues et relatives, les liens sociaux, la vie familiale et la vie du monde, la psychologie individuelle inscrite dans la psychologie collective... Mais aussi, en toile de fond, la prise en compte de notre lecture du monde, de notre "être au monde", de notre participation au monde à cheval entre la France et le Maroc, la ville et la campagne, les modalités sociétales et l'isolement, la quête de soi, la compréhension de l'autre et des autres. Tout ceci s'inscrit dans un processus que résume le titre de l'ouvrage. Il s'agit, in fine, à travers un voyage permanent en soi- même aussi bien que dans le monde, à travers des espaces culturels différents, en tenant compte de l'environnement proche et lointain de la personne (ici figurée par Laila), d'une quête longue et patiente de l'équilibre intérieur... Je ne peux m'empêcher de songer ici à l'un des emblèmes de l'Atalanta Fugiens de Michael Maier, médecin et alchimiste qui oeuvra à la cour de l'empereur Rodolphe II de Habsbourg : "Celui qui tente d'entrer sans clés dans la roseraie des philosophes est comparé à un homme qui veut marcher sans pieds." Les deux clés de lecture que j'ai proposées avant d'entamer la découverte de La funambule de Maria Zaki donneront, je l'espère, à qui veut y pénétrer, les pieds nécessaires à la découverte du cheminement de sa pensée. Jacques Herman

03/2018

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Poésie

D'âge en âge

Le poème prend ici sa dimension propre, selon un rythme patient et médité qui le fait naître à proportion de sa charge d'expérience. Autant dire que ce recueil est d'une grande ambition : assumant un lyrisme que l'on pourrait dire critique, tant il allie l'expression de la douceur et de l'éloge, liée aux moments d'accueil du monde comme un don et une grâce immenses, à une accusation tournée contre tout ce qui vient réduire cette immensité à un jeu d'intérêts et d'appropriations. L'ampleur des tons, l'étendue de la "palette" poétique : il se joue ici une pensée, une pesée du monde tel qu'il se trouve présentement, et tel qu'on trouve ou non en lui matière aimantant la vie. On pourrait appeler cette pensée. tout simplement, une attention ; et, à partir d'elle, la poésie se déploie comme réponse à ce qui est vu et perçu, et donc comme responsabilité l'auteur prend le risque de dire, prend le risque du discours et du récit dans la poésie même, il prend le risque du jugement ; poésie exposée, en un sens, et poésie précaire, en ceci que s'exposant, elle se montre à nu. elle se montre engagée éperdument dans l'acte de vivre. ce qui est précisément l'état de la parole quand elle se fait prière. De l'invective à la prière : beau "dessein" poétique, d'une richesse sans guère d'équivalent aujourd'hui cela qui pourrait, devrait se transmettre "d'âge en âge", et honore la parole.

09/2018

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Critique littéraire

Troisième quodlibet. Edition bilingue français-latin

Ce troisième Quodlibet, composé de vingt-huit questions, achève cette série de belle façon. Le texte est d'une part lié aux agitations des franciscains autour du jeune prince Louis d'Anjou vers 1296, ce qu'attestent plusieurs questions qui ne peuvent guère se comprendre que par rapport à cette situation. D'autre part, il constitue une sorte de testament intellectuel de Mediavilla, qui rassemble et prolonge les grandes orientations de sa pensée. La controverse avec les Spirituels et avec Olivi est bien présente, mais Mediavilla semble chercher des formules de compromis et parfois même revenir sur les accusations souvent injustes dont Olivi avait été la cible en 1283. Les réflexions sur l'eucharistie, sur la quantité, sur la pénitence, sur le droit et sur l'impôt se poursuivent. Un nouveau thème apparaît ici : la critique de la force imaginative, dont l'exaltation était souvent imputée aux franciscains. Mediavilla se livre donc, après une brève affirmation doctrinale, á une longue et minutieuse analyse naturaliste de la notion de fascination, de la prédiction par les rêves et de l'influence à distance. Une seconde nouveauté apparaît avec le thème de la bonne fortune. Valérie Cordonier, grande experte sur la question, a apporté sur ce point une aide généreuse. Enfin, Mediavilla donne ici une ultime élaboration de thèmes constants, notamment sur sa puissante thèse ontologique de Principium Purum Possibile, dont il livre un achèvement dans la question sur la divisibilité. Il poursuit également son affirmation provocante de l'autonomie de l'éthique par rapport aux normes religieuses et juridiques. Mediavilla dit son dernier mot...

01/2017

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Histoire des religions

Religions et fiscalité dans le monde méditerranéen de l’Antiquité à nos jours. De l’Antiquité à nos jours

La fiscalité des biens religieux est une question ancienne mais encore d'une grande actualité. Les liens entre fiscalité et religions ont pu varier selon les époques et les pays et il s'agit ici de présenter les diverses réponses apportées. Dans les différentes civilisations méditerranéennes, les institutions religieuses ont souvent possédé des richesses importantes. Ce constat, encore valable aujourd'hui, suscite de nombreuses interrogations de la part des sociétés concernées : les biens des dieux doivent-ils être soumis à l'impôt ou peuvent-ils, en sens contraire, bénéficier d'avantages fiscaux ? Les responsables religieux peuvent-ils, de droit, prélever des taxes ? Depuis la Mésopotamie jusqu'à la Grèce contemporaine, en passant par les mondes romain, byzantin, arabe et ottoman, les contributions réunies dans cet ouvrage cherchent à comprendre comment se sont noués, au fil du temps, les liens entre religion et fiscalité et comment l'argent des dieux a pu, ou non, être soumis à un prélèvement dédié à la collectivité. Les différentes religions polythéistes et monothéistes sont tour à tour examinées et les questions du patrimoine du ou des dieux, des prêtres, des minorités religieuses, comme celle d'une soumission régulière ou exceptionnelle à la fiscalité de l'Etat, ainsi que celle de la conception religieuse des obligations fiscales, sont abordées ici au gré des différents chapitres. Enfin, ce livre montre comment l'Etat et les communautés cultuelles se sont progressivement distingués les uns des autres, distinction qui se trouve au fondement même de notre laïcité.

12/2022

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Thérapies systémiques

Variations sur des mutations. Ce que le Yi Jing nous disait avant Palo Alto

Quels liens y a-t-il entre La pensée chinoise, illustrée ici par le Yi Jing, et l'école de Palo Alto, née dans les années 1950 en Californie ? L'approche de l'école de Palo Alto n'est pas seulement une théorie et une pratique du champ de la psychothérapie ; c'est une véritable pensée philosophique de la relation que tout être humain entretient avec lui-même, les autres, et le monde. Le Yi Jing, le grand livre du Yin et du Yang, ouvre de son côté les portes d'une pensée qui n'a eu de cesse d'analyser le monde en termes de processus. Yin et Yang sont ici les noms donnés au fonctionnement des choses. De leur engendrement, de leur intrication et de leur retournement naît toute la dynamique du vivant. L'approche de Palo Alto nous parle de stratégies d'adaptation, mettant en avant la primauté des processus par lesquels nous répondons aux défis de notre existence et du changement. Le Yi Jing nous invite lui aussi à une réflexion sur notre relation au monde, et nous propose des clés pour nous adapter au changement permanent, seule constante certaine de la vie. Mettre en regard deux pensées a priori si éloignées, c'est faire une double et étonnante découverte : celle de liens épistémologiques forts, et d'une proximité pratique. Et si l'école de Palo Alto, en révolutionnant le regard posé sur l'être humain, n'avait fait que retrouver des stratégies millénaires déjà proposées dans le Yi Jing ?

03/2021

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Cinéastes, réalisateurs

La soupe aux choux de Jean Girault

Considéré par la critique comme un des pires films du cinéma fran-çais, La Soupe aux choux n'en fait pas moins partie intégrante de la culture populaire. Exemple même du mauvais objet, l'avant-dernier film de Louis de Funès est ici et pour la première fois pris au sérieux, sans hauteur ni mépris, sans complaisance non plus, avec juste une pointe de provocation. Le présent essai propose une nouvelle lecture d'une oeuvre qui pourrait bien représenter ce que ses concepteurs avaient précisément et délibérément voulu qu'elle soit. A savoir, une adaptation fidèle du roman éponyme de René Fallet, auteur à l'écriture jubilatoire et rabelaisienne ; un ultime pari pour l'acteur, tournant ici le dos à sa caricature de père de famille normatif et de patron tyran-nique ; un hymne au langage truculent ; un surprenant portrait de femme, défiant les codes du cinéma commercial alors en vigueur ; et plus encore un film visionnaire conspuant l'expansion économique qui transforme les campagnes en déserts, voire en parcs d'attraction. Avec nuances et mesure, l'analyse de Thibaut Bruttin tend à rétablir dans sa dignité ce qu'il qualifie de conte voltairien. Gageons avec lui que si La Soupe aux choux fume encore, c'est probablement qu'elle avait quelque chose à nous dire. En complément, on trouvera un entretien avec le réalisateur François Ruffin à propos de la culture populaire, une fantaisie paradoxale du cinéaste Olivier Smolders autour du mauvais objet, un portrait vibrant de l'acteur Jacques Villeret par le critique Jean-Marie Samocki.

04/2023

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Essais

L'attrait du silence

CNLMusique – Quand bien même on le réclame sur la plupart des plateaux avant chaque prise de vue, le silence au cinéma est difficilement tenable. Instinctivement associé au vide, au néant, à la contemplation, à la passivité, au temps suspendu, à la mort, ou encore à l'impossibilité de l'événement, le silence est craint. 

L'attrait du silence manifesté ou subi par les cinéastes et les personnages dans la quinzaine de films ici réunis (du Prince étudiant d'Ernst Lubitsch à Paterson de Jim Jarmusch en passant par Silence et Cri de Miklos Jancso) doit donc être entendu comme aspiration jamais véritablement concrétisée ni satisfaite.

Le silence au cinéma est toujours relatif, perturbé, rompu, brisé, irrégulier, provisoire, dénaturé. Mais il ne provoque en rien une sclérose du sens, du récit ou encore de l'émotion, pour redonner temporairement la main au visible, à défaut de son autonomie complète. Le motif du silence - décliné selon quatre approches entrecoupées de focalisations sur des moments silencieux - sera donc ici mis en exergue dans sa capacité à stimuler des récits fictionnels mais aussi documentaires.

Dès lors il conviendra de se poser la question : par quoi est-il compensé ? C'est que le silence est très vite devenu un recours dramatique très efficace, non pas à le considérer isolément, mais grâce à sa confrontation ou sa juxtaposition avec les composantes de la bande-son que sont la parole, la musique et les bruits. Autrement dit, le silence a besoin d'elles pour résonner, à défaut de s'imposer comme quatrième composante.

04/2021

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Poésie

Fortune

Fortune n'est pas un simple recueil de poèmes, mais plutôt une "suite" ou un ensemble de "variations" au même titre que les deux précédents ouvrages de l'auteur. Ici, une narration fragmentée reprend une traversée ferroviaire d'un personnage, Etienne, surnommé "Leblanc" , d'une côte à une autre, d'une mer à une autre. Ce qu'il perçoit ainsi que ce qu'il a laissé, ce qui le traverse dans les instants de torpeur ainsi que ce qu'il projette pour son arrivée influent musicalement sur la composition du livre aussi bien que sur ses rythmes. Par ailleurs, ce dernier opus prend ses distances avec les précédents qui s'inscrivaient tous dans la composition et le prolongement des Motets de l'auteur - ne serait-ce que par la récurrence des personnages. Un lien demeure toutefois avec son dernier, Variations de Jan, en ce que la Guerre de Troie en constitue l'arrière-plan lancinant. L'histoire fait retour sans cesse, percutant l'intime et provoquant les heurts métriques, ses syncopes, autant que l'allongement du vers parfois quand il s'agit de faire retour, ou tenter une synthèse de cette multiplicité d'approches. Les échos sont multiples : Conrad et Joyce, Maïakovski et Khlebnikov, Henry James et Homère. Mais surtout, les temps présents - avec leurs révoltes, leurs exils et leurs luttes - agitent un corps entre précipitation (panique) et méditation (pensée). Sans trame narrative, sans les sens sollicités sans cesse et sans l'invention en chemin, ce qui s'approche ici de l'élégie ne semblerait pouvoir trouver de voix chez cet auteur.

10/2022

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Ouvrages généraux

Dé-tromper la solitude

Dans un monde d'individus désormais hyperconnectés, où les plaisirs solitaires n'ont d'égal que le malheur général de ces particuliers esseulés, nul ne se trompe guère sur ce prétendu nouveau mal du siècle, que chacun ne trompe que trop : la solitude. Tant s'en faut cela dit que nous y parvenions aussi bien que nous trompons notre faim ou notre soif, notre chagrin ou notre ennui. Et pour cause. Il ne s'agit avec elle ni du mal physique du besoin, cet état du corps privé des ressources nécessaires à son bon fonctionnement que, faute de pouvoir se restaurer et se désaltérer, on se cachera en se réjouissant et en se divertissant, ni du mal moral du désir, cet état de l'âme dépourvue des éléments espérés pour son plein épanouissement que, faute de pouvoir se réjouir et se divertir, on se masquera en se restaurant et en se désaltérant. C'est du mal métaphysique de la nostalgie qu'il est ici question, cet état de l'esprit qui, avec une infinie mélancolie, regrette la vie qu'il n'aura jamais ici-bas en raison de l'ex-sistence qu'il est toujours tout entier. La solitude est justement l'épreuve de cette condition qui consiste en une sortie, pour le moi, de l'autre, sans sortie, pour lui, du même qu'est le soi. Parce que l'on s'affligerait encore de ce que les plaies qu'elle nous inflige soient mal pansées de ne pas être bien pensées, travaillons donc à dé-tromper la solitude.

02/2022

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Sociologie

Critique de la vie quotidienne

La Critique de la vie quotidienne est un projet au long cours d'Henri Lefebvre, qui publia le texte en trois tomes entre 1947 et 1981, d'abord chez Grasset puis à L'Arche dès 1958. Ouvre d'une vie donc, et oeuvre essentielle pour la pensée marxiste d'après-guerre, qui décentra les objets habituels de la philosophie pour faire surgir la vie quotidienne, la vie vécue, l'environnement de chacun et chacune, comme départ de la pensée. Lefebvre interroge ici le concept d'aliénation au regard de trois aspects qui règlent la vie quotidienne : le travail, la vie familiale, les loisirs. Comment, dans le temps quotidien, perd-on la sensation d'avoir le contrôle de nos vies ? Sortant du cadre marxiste de l'aliénation au travail pour l'étendre à d'autres temps, Lefebvre propose ici de vivre la pensée dialectique partout, dans l'expérience quotidienne vécue de l'inégalité (les étudiants traversant des bidonvilles pour aller à l'université, le sacrifice nécessaire à l'achat d'une télévision pour les familles pauvres dans les années 1950...). Et fait ainsi de la vie quotidienne le lieu d'où peut venir le changement social à grande échelle. "L'aliénation, pour Lefebvre, nous empêche de voir les façons dont nous sommes dépossédés de notre dignité, de notre vie sociale, de notre temps, du sentiment de maîtrise de nos vies, de la beauté et de la santé de notre environnement vécu et de la possibilité même de travailler ensemble pour inventer notre avenir collectivement". Kristin Ross, La forme-Commune, La fabrique, 2023.

04/2024

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Ethnologie

Eléments de réinvention du mariage en culture africaine. La position de l'épouse réfugiée comme analyseur de la transformation du système matrimonial chez les Kissi de Guinée-Conakry

Le déplacement des populations est souvent la conséquence des guerres chez les Kissi. Ce fait contribue et contribuera sans cesse davantage au changement de la structure sociale des peuples kissi. Cette même réalité communément vécue avec leurs voisins frontaliers renvoie à la question de leur identité et reconnaissance sociale. Les Kissi de la Guinée, de la Sierra Leone et du Liberia sont connus pour l'observance et le maintien des rites dont le mariage coutumier qui constitue l'instance régulatrice de la communauté. Les guerres en Sierra Leone et au Liberia dans les années 1990 ont forcé une grande partie de la population à se déplacer, dont les Kissi en particulier, qui ont afflué vers le territoire kissi en Guinée. Cet afflux de Kissi sierra-léonais et libériens, composé principalement de femmes : veuves de guerre, modifie la situation socio-culturelle des Kissi en Guinée. Dans ces conditions, le groupe kissi de Guinée (que l'on nommera les " Kissi d'ici ") développe des réflexes de conservation et de monopolisation de la légitimité. Entre ces peuples issus d'une même souche s'établit l'institution de frontières visibles et invisibles. Car, la motivation des Sierra-Léonais et des Libériens (appelés les " Kissi d'ailleurs ") à se déplacer vers le territoire guinéen était de se retrouver " en famille " pour avoir une chance de se reconstruire. Les dynamiques provoquées par cet afflux ne manquent pas de restructurer la communauté kissi en profondeur, à commencer par l'institution principale : le mariage coutumier. Ce travail de recherche, s'intéressant à une partie bien spécifique des populations déplacées, a priori, montre comment un groupe, minoritaire, peut influer, modifier et même bouleverser, la façon de vivre, de se percevoir, de se définir, d'un groupe apparemment dominant. Dans une optique socio-anthropologique, l'accent est mis sur la femme réfugiée et sur sa vulnérabilité au prisme de l'organisation sociale et du mariage. Le déplacement de la population et les transformations des structures sociales déterminent de nouveaux modes de vie qui provoquer& la déstructuration des formes de mises en union, mais surtout leur restructuration pour concourir au maintien de la communauté, élargie de fait, et la reconfiguration de ses fondements. Ainsi, parvenir à comprendre au mieux comment la culture de confrontation, acquise par la traversée d'expériences traumatiques liées à la guerre, par les Kissi d'ailleurs, vient affronter, imprégner et transformer la culture de rencontre des Kissi d'ici, permet une adaptation qui répond à la situation de vulnérabilité et aux nouveaux besoins de subsistances de l'épouse réfugiée en Guinée.

10/2019

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Religion

Le mariage forcé en Islam. Des origines coutumières et ancestrales

Depuis une dizaine d'années, la génération d'immigrés connue sous l'appellation de " de deuxième génération " est entrée dans sa phase adulte. De ce fait, elle fait face aux pires difficultés dues aux contradictions multiples engendrées par un conflit d'intérêts, opposant d'un coté les institutions civiles et, d'un autre côté, un ensemble de comportements quotidiens dont l'identité (religieuse ou coutumière) est encore mal définie. De tous les problèmes que rencontre cette génération - ils sont nombreux - nous nous attacherons ici à répondre sur le plan seulement religieux et éducatif à ceux ayant un rapport, même indirect (telle l'excision), au mariage. Car en âge de fonder une famille, cette même génération se confronte sans y être préparée à des questions épineuses qui engendrent déchirement et cassure familiale. L'objectif de ce travail est d'indiquer aux parents quels sont, islamiquement, les droits de leurs enfants et à ceux-ci quels sont leurs droits et devoirs envers la famille et la société. Nous avons voulu notre travail dans ce mode d'expression pédagogique facile et accessible à tous afin d'en faciliter la circulation et la lecture par beaucoup de jeunes de confession musulmane. Nous adoptons cette attitude pédagogique volontaire, afin de nous adresser de façon directe au lecteur, quitte à sortir assez souvent du mode de l'argumentation juridique musulmane qui aurait consisté à opposer, en mettant en présence, toutes les thèses opposées et à les réfuter pour en déduire celles pour lesquelles nous optons. Nous trancherons les débats juridiques que nous aborderons ici selon les moyens conceptologiques (sciences des fondements du droit), " hadithiques " et exégétiques qui nous sont donnés. Ceci, en nous mettant seulement sous l'autorité de la seule Charia (la voie, la direction, l'orientation générale) de l'Islam. Nous ne croyons pas que ce soit ni le lieu ni le moment de perdre notre temps dans des débats stériles. Quant à la justesse de nos points de vue, c'est à chacun d'en mesurer les termes selon les arguments et non des opinions préconçues et des préjugés écoliers. Notre étude est abordée d'un point de vue strictement religieux. Le but est d'aider le parent et le jeune enfant à établir un dialogue franc et sincère avec la famille, aussi de les aider à ne pas se mettre dans des contradictions aboutissant à la commission d'infractions, voire même de délits graves dont les conséquences sont néfastes aussi bien pour eux que pour toute la famille.

04/2006