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Carole Duplessy-Rousée

Extraits

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Ethnologie

Les paysans de Mancang. Chronique d'un village taiwanais

Après que le régime communiste eut fermé les campagnes du continent aux observations des anthropologues, la paysannerie chinoise est restée longtemps méconnue, objet de tous les clichés à défaut d'études de terrain approfondies. Entre-temps, les villages de Taiwan fournissaient un champ d'analyse privilégié pour les ethnologues désireux de poursuivre leurs recherches sur les us et coutumes des paysans chinois. La vie quotidienne, observée dans un de ces villages en 1979-1980 et décrite dans la présente monographie, permet, toutes proportions gardées, de mieux comprendre les évolutions en cours dans les campagnes maintenant décollectivisées de la province chinoise du Fujian qui, de l'autre côté du détroit, partagent avec les paysans de Taiwan la même langue et la même culture. La chronique ainsi proposée s'est efforcée de laisser la parole aux villageois, de décrire concrètement leur comportement dans la vie de tous les jours, en famille, aux champs aussi bien que dans les fêtes familiales ou religieuses. Et c'est une société dure au travail, âpre au gain qui transparaît, finalement peu différente en cela d'autres paysanneries du monde. Ce qui semble la différencier, à Taiwan comme sur le continent, c'est cette propension des paysans chinois, relevée de longue date, à construire leurs relations, à tisser des réseaux particuliers de parents et d'amis, au travers d'échanges multiples et codifiés. Cette " sociabilité médiate " est ainsi le ciment de ce monde villageois, fondement de stratégies individuelles pouvant servir à des fins d'enrichissement personnel comme de simple prestige.

09/2003

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Poésie

Le Vent du retour

Me récitant à mi-voix, vers trente ans, dans mon exil américain, certains poèmes de jeunesse de Rilke autrefois appris à l'école en Alsace, j'y recueillais une ancienne confidence, restée enfouie en moi-même. Je reconnaissais avec bonheur ces tons un peu tremblé, intimes et voilés, qui m'avaient tant séduit avant guerre, dans l'adolescence. Je ne me sentais guère capable de les imiter, de les reproduire en français. Mais j'éprouvais le besoin d'y répondre à ma façon, en prenant mon élan dans le lieu le plus obscur, le plus secret de mon être. Était-ce seulement l'effet du hasard ? Il s'agissait surtout de poèmes qui, en dépit de leur facture prosodique serrée, de leur composition rigoureuse, se simplifiaient soudain à l'extrême. En s'ouvrant ainsi au regard de la conscience, ils s'éclairaient en profondeur, jusqu'à rejoindre parfois la transparence de la chanson populaire des régions alémaniques. J'avais parcouru ces domaines de la parole avec amour dans une autre existence peut-être... Leur mélodie hésitante me paraissait issue d'une demeure déjà perdue, d'un vieux pays de marécages et de sous-bois, fait d'une matière sonore encore familière à mon cœur errant. Oui, j'y retrouvais les traces de mon royaume ancien ; c'est en franchissant à rebours cet espace d'oralité intime que j'ai tenté de le traduire, poussé par le désir de capter son atmosphère si particulière. Cette ambiance était comme un secret gardé entre lui et moi.

05/2005

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Littérature étrangère

Les commencements

Giuseppe Bonaviri, médecin, écrivain et poète, est né à Mineo, en Sicile, le 11 juillet 1924. Après avoir obtenu un diplôme à Catane, il a exercé le métier de généraliste et s'est installé à Frosinone, au sud-est de Rome, où il se spécialise en cardiologie et où il vécut jusqu'à sa mort, le 21 mars 2009. Son premier roman, Le Tailleur de la grand'rue, fut publié en 1954 par Elio Vittorini aux éditions Einaudi ; sacrifiant formellement aux préceptes néo-réalistes, cette oeuvre première s'en éloigne pour, déjà, désigner l'inscription de l'individu dans le cosmos. Au fil du temps, comme s'il voulait évaluer les possibilités de chacun, il se mesure à tous les genres littéraires : du roman au poème en passant par le conte, la nouvelle ou le récit de science-fiction, sans oublier le théâtre. Avec Les Commencements, paru en 1983 en Italie aux éditions Sellerio, Giuseppe Bonaviri semble enfin avoir trouvé une forme en adéquation avec son imaginaire circulaire, dont l'épicentre est Mineo, sa ville natale, point de départ de son oeuvre, et de ce livre en particulier, entre tous inclassable. Dans une langue étonnement sensuelle, il côtoie de nombreux registres auparavant explorés, augmentés par l'astronomie et l'ethnographie... Et, surtout, tout au long, il alterne ingénieusement prose et poème, l'un et l'autre traitant d'un seul et même thème, où résonne l'espace-temps d'une parole en son rappel authentique, dont l'ampleur des propos, à forte résonance cosmique, retient durablement.

02/2018

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Décoration

Le bouquin de la mode

Le premier homme qui songea à se couvrir inventa le vêtement ; celui qui changea de vêtement inventa la mode. Puis vint celui qui décida de mettre son nom sur sa création : il inventa la haute couture. Le grand couturier était né : Worth, le premier, au XIXe siècle puis Doucet, Poiret, Mme Grès, Chanel, Saint Laurent, Rykiel, Lacroix, Gaultier... Autour d'eux, et pour donner corps à leurs fulgurances, s'organise le monde secret des maisons de couture avec leur hiérarchie et leur savoir-faire. Au fil des décennies, suivant les aléas de l'histoire ou les innovations technologiques, les métamorphoses se succèdent les formes changent (avant de revenir), comme la silhouette des femmes dont la beauté est inlassablement célébrée. C'est cet univers à la fois exigeant et frivole que raconte Le Bouquin de la mode. Conçu par Olivier Saillard et une équipe de spécialistes, ce volume comprend aussi une anthologie de textes dont les plus anciens datent du XIVe siècle et les plus audacieux du XXIe. Depuis toujours, les écrivains témoignent de la mode de leur temps ; certains efforcés de la "systématiser", d'autres l'ont moquée ou magnifiée. Elle est partout, se cache souvent dans le détail des accessoires, dans un sac qui prolonge le bras des filles, dans un bijou, un parfum, un maquillage. Parfois, la Mode prend la parole, et entame de savoure dialogues avec la Vertu ou avec la Mort. Elle s'interroge alors sur ceux qui la font et ceux qui la suivent, elle, la reine du monde moderne

10/2019

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Economie

Journal d'un optimiste. Chronique de la mondialisation 2009-2011

Depuis trente ans Guy Sorman parcourt le monde et en rapporte les changements en se faisant plus attentif à la novation qu'à l'immuable. Contrairement à la plupart des médias et autres observateurs, l'auteur privilégie les tendances de fond plus que l'actualité immédiate et n'écrit qu'à partir de ses observations directes, voyages et rencontres. Au total, à rebours du sentiment commun, par-delà les conflits, les crises et les drames, le destin de l'humanité lui semble s'améliorer : plus d'hommes et de femmes vivent plus longtemps, avec plus de liberté et plus d'espérance que jamais dans le passé.Ainsi, dans ce nouvel ouvrage qui fait suite à Wonderful World, publié en 2009, voit-on les dictateurs tomber comme des quilles, de nouveaux peuples prendre la parole, des continents échapper à la famine, et les idéologies meurtrières reculer.Certains nostalgiques d'une France éternelle s'inquiètent de la dilution de notre identité dans le mondialisme : Guy Sorman y perçoit au contraire un enrichissement puisqu'il nous est désormais permis d'être à la fois français, européen et " du monde ", solidaires de toutes les autres civilisations.Ainsi se réalise peu à peu le rêve universaliste et progressiste des libéraux du XVIIIe siècle, une tradition française dans laquelle s'est inscrit Guy Sorman au cours des vingt livres qu'il a déjà publiés, de La Solution libérale aux Vrais penseurs de notre temps, de L'Année du Coq au Génie de l'Inde, de Made in USA à L'Economie ne ment pas.

03/2012

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Psychologie, psychanalyse

Le dénouement d'une analyse

Une analyse se termine-t-elle ? La longueur des cures passe parfois pour le résultat des conceptions théoriques et de la pratique des analystes contemporains. Mais en allait-il autrement il y a quelques décennies ? Freud lui-même se plaignait, en 1937, de la difficulté qu'il y avait à écourter la durée des analyses. L'immense majorité des analyses s'interrompt, au mieux, sur un effet thérapeutique heureux, mais elles ne sont pas pour autant achevées. Son procès reste-t-il seulement suspendu dans des conditions plus ou moins précaires ? Peut-il s'interrompre à un moment d'équilibre, permettant à l'analysant d'en finir avec le lien étrange qui l'attache moins à l'analyste qu'à ce qu'il ignore dans sa propre parole ? Existe-t-il au contraire une fin logique, aussi certainement calculable que les conditions qui ont présidé à l'entrée dans la cure ? Si Freud a évoqué la question de la fin de l'analyse tout au long de son œuvre - avant tout dans les termes d'un objectif thérapeutique plus ou moins bien rempli - il ne l'abordera dans sa spécificité qu'au terme de sa vie. Tout en montrant la continuité qui existe de Freud à Lacan, G. Pommier tente de dégager ce qui, dans une analyse, peut logiquement se dénouer de ce qui restera indéfini. Faire la part entre le fini et l'infini est un enjeu d'importance, qui permet de délimiter ce que l'on peut attendre de l'invention freudienne.

05/1996

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Critique littéraire

Ipse dixit ! Le latin en bref

L'expression autos ephên - en latin Ipse dixit - était employée par les disciples de Pythagore pour souligner le caractère irrévocable de l'autorité de leur maître. Dans ce livre, c'est donc aux auteurs latins qu'Estelle Debouy souhaite laisser la parole : ainsi, plutôt que de lui faire réviser des règles de grammaire, elle propose au lecteur qui a le désir de perfectionner son latin, de se replonger dans la lecture des grands auteurs de l'Antiquité latine. A travers la lecture bilingue de proverbes latins en contexte, ce livre permettra au lecteur de se remettre de façon plaisante à l'apprentissage de la langue. Chaque extrait porte sur des expressions familières qu'il aura l'occasion de redécouvrir dans leur contexte original : il trouvera bien sûr des locutions latines employées dans la langue de tous les jours, comme Vrbi et orbi ; mais aussi un certain nombre d'expressions que les Latins employaient déjà : si certaines sont passées telles quelles en français, comme homo homini lupus, d'autres, en revanche, sont directement traduites du latin. On les emploie donc sans savoir quelles viennent de la langue de Cicéron : qui se doute que Cicéron lui-même désignait déjà l'argent comme "le nerf de la guerre" ? Tout en traduisant ces courts extraits, le lecteur pourra non seulement renforcer sa connaissance des principaux points de la grammaire latine, mais aussi redonner du sens à des expressions qu'il emploie quotidiennement. En somme, l'auteur l'invite à "mêler l'utile à l'agréable" !

11/2018

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Romans historiques

Abraham ! Abraham !

" Abraham ! Abraham ! Le Dieu caché lui avait parlé ! L'Invisible s'était manifesté à lui par ses paroles. Et quelles paroles ! C'était une force qui le poussait dans le dos et le tirait en avant, vers un au-delà, un plus loin, un plus tard, un demain. Pour la première fois, Abraham prit conscience du temps. D'un temps qui n'était pas celui des astres qui tournent, des jours et des saisons qui reviennent, mais qui se déployait en un horizon lumineux, qui dessinait un projet. Ce n'était pas une parole, c'était une Promesse ! Il comprit que les hommes ne sont pas nés pour mourir, mais pour innover, s'ouvrir à la naissance et à la renaissance. Abraham se releva et poursuivit son chemin. Il avançait sous le soleil levant qui lui parut fragile. Il sentit son corps dans sa verticalité, surgi comme un point d'exclamation au milieu des choses. Il entendit encore les échos de la voix qui semblait lui dire : " Ne perds pas la force de l'étonnement que tu sens vivre en toi, c'est elle qui te conduira au-delà. " Va pour toi hors de ton pays, De ton lieu natal Et de la maison de ton père, Vers le pays que je t'indiquerai " Ce livre, premier tome d'une longue saga, emmène aux sources d'une grande aventure : la découverte par un homme du Dieu unique, révolution formidable qui offrira à l'humanité un chemin et un souffle nouveaux.

02/1999

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Psychologie, psychanalyse

Autisme et ABA : une pédagogie du progrès

La découverte de l'autisme provoque toujours un choc et un bouleversement des habitudes familiales. Parmi les méthodes destinées à favoriser le développement, l'A.B.A. (Applied Behavior Analysis), également appelée méthode béhavioriste ou comportementaliste, lorsqu'elle est appliquée à l'autisme, est la plus efficace à ce jour. Sa stratégie est double : développer des compétences fonctionnelles avec la mise en œuvre des moyens de communication, et diminuer les comportements problématiques tels que les accès de colère, l'auto-mutilation ou l'autostimulation. Après des décennies de recherches, Ron Leaf et John McEachin exposent ici le programme qu'ils ont mis en place afin d'enseigner les compétences nécessaires à l'autonomie de la personne autiste. La première partie rappelle les techniques behavioristes à maîtriser : le renforcement, la diminution progressive des aides, la technique de l'essai distinct multiple et l'enseignement fortuit. La seconde partie reprend chacun des objectifs visés en les décomposant en petites étapes successives. Elle aborde plus particulièrement l'enseignement de connaissances que les enfants ordinaires acquièrent sans apprentissage spécifique (jeu, imitation, parole, compétences sociales...). Les programmes proposés dans cette partie ne sont que des exemples, à charge pour les parents et les éducateurs de les modifier en fonction de leur situation. Cet ouvrage constituera un outil essentiel pour les parents d'enfants autistes et les professionnels qui les prennent en charge : éducateurs, aides médico-pédagogiques, orthophonistes, ergothérapeutes, psychologues, psychiatres, infirmiers, aide-soignants, auxiliaires d'intégration, professeurs des écoles. Il s'adresse également aux étudiants en sciences de l'éducation, psychologie et psychopédagogie.

04/2006

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Ethnologie

GASTON LUCAS, SERRURIER. Chronique de l'anti-héros

Gaston Lucas fait partie de ceux que rien ne distingue et à qui rien n'arrive en dehors du travail, de l'amour et de la mort, si ce n'est la guerre. " Un être sans importance socile, rien qu'un individu ", pour reprendre la célèbre phrase de Céline citée par Sartre en exergue de " La nausée ". Ces individus " sans importance "semblent n'avoir d'autre recours pour se faire entendre que le militantisme. Mais Gaston Lucas n'est pas non plus un militant. Né en 1907, il a traversé " sans histoires " trois quarts de siècle d'histoire. Il proclame seulement qu'en définitive seul l'amour de son métier a donné un sens à son existence, il démontre que le travail manuel n'est pas forcément une malédiction et que trouver dans l'effort quotidien un refuge et une valeur suprême n'est pas le privilège exclusif des créateurs. Gaston Lucas ne pouvait prendre la parole que dans la confiance, et la confiance en quelqu'un capable de l'écouter avec rigueur mais aussi "à travers tout ce que les mots ne parviennent pas à dire. Bref, avec l'attention du cœur. Il aura fallu les circonstances fortuites d'une rencontre imprévisible et la naissance d'une amitié heureuse pour que se fasse entendre, à travers Adélaïde Blasquez, la romancière, la voix brûlante de Gaston Lucas, le serrurier, témoin de millions d'hommes juqu'alors silencieux et qui, sans souci de prédication ou de revanche, affirment avec lui leur dignité. C'est ce qui fait de cet exceptionnel document une oeuvre majeure.

11/1983

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Théâtre

Le jeu et la règle

Etre en société nécessite de "jouer le jeu" ! Avant l'invention de la parole, le jeu est au centre de la communication de nos lointains ancêtres, les primates. Le jeu entre dans la conversation quand les règles sont redéfinies dans la spontanéité de l'instant. Il permet d'adopter la perspective d'autrui. "Faire semblant" permet à l'enfant l'acquisition de l'attention et la régulation des émotions nécessaires au développement social et cognitif. Le genre, les identités ou la filiation articulent normes et ambiguïté, biologique et social. Les rites et les rituels sont à la fois des rapports sociaux et des jeux avec les dieux, des représentations et des métaphores du politique. Dans la Grèce antique, entre hasard et stratégie, les règles du jeu figurent l'ordre de la cité. Le jeu est au coeur des arts de la scène quand se croisent présence des corps, conventions, transgressions, imaginaires et attentes des spectateurs. En rassemblant les points de vue de chercheurs en littérature, histoire, sociologie, primatologie, linguistique, psychologie du développement, sciences et neurosciences cognitives, ceux de chorégraphes, metteurs en scène et auteurs, cet ouvrage pluridisciplinaire explore comment le jeu raconte la communication humaine et les sociétés. Avec les contributions de Adrien Meguerditchian, Guillaume Dumas, Sonja Kotz Sasha Waltz, Jochen Sandig, Emanuel Gat, Sylvie Richard, Edouard Gentaz, Véronique Dasen, Philippe Desan, Didier Galas, Alain Badiou, Jacques Moeschler, Rebekah Ahrendt, Vinciane Pirenne-Delforge, Chloé Dabert, Mondher Kilani, Thomas Jolly, Patrick Boucheron, Français Chaignaud, Nino Laisné, Sébastien Chauvin et Catriona Seth.

07/2019

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Sciences politiques

La loyauté à tout prix. Les floués du "socialisme réel"

A la fin de la guerre des antifascistes communistes, parmi lesquels de nombreux Juifs, choisissent de construire "le premier Etat allemand des ouvriers et des paysans". Ce sera la République Démocratique Allemande, pays où l'opposition au régime fut la plus faible du bloc de l'Est : il y eut peu de dissidents, pas d'opposition organisée comme en Pologne ou en Tchécoslovaquie avec la Charte 77, pas d'Ecole comme celle de Georg Lukacs en Hongrie. Par loyauté vis-à-vis d'un régime dont ils approuvaient les buts, mais non le style et les méthodes, les marxistes est-allemands n'ont émis leurs critiques qu'au sein du parti, et ce jusqu'à l'automne 1989. Lorsqu'ils prirent la parole publiquement afin de défendre le maintien d'une RDA non "comme elle avait été, mais comme elle aurait dû être", il était trop tard. Ils ne purent empêcher l'annexion sans condition de la RDA à la RFA dont l'Allemagne pourrait payer aujourd'hui le prix avec le vote, trente ans plus tard, en faveur de l'extrême droite et le retour de l'antisémitisme. Tandis que la mise sur le même plan de la terreur nazie et du régime est-allemand tend à se banaliser outre-Rhin, il convient de remonter aux origines de la RDA. Interroger la notion de loyauté constitutive de l'identité de femmes et d'hommes dont "le rêve a été tué par des imbéciles" (Anderson) incite à repenser dans sa globalité l'expérience communiste.

09/2019

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Littérature française

La Nuit sacrée

" Rappelez-vous ! J'ai été une enfant à l'identité trouble et vacillante. J'ai été une fille masquée par la volonté d'un père qui se sentait diminué, humilié parce qu'il n'avait pas eu de fils. Comme vous le savez, j'ai été ce fils dont il rêvait. Le reste, certains d'entre vous le connaissent ; les autres en ont entendu des bribes ici ou là. Ceux qui se sont risqués à raconter la vie de cet enfant de sable et de vent ont eu quelques ennuis : certains ont été frappés d'amnésie ; d'autres ont failli perdre leur âme. On vous a raconté des histoires. Elles ne sont pas vraiment les miennes. Même enfermée et isolée, les nouvelles me parvenaient. Je n'étais ni étonnée ni troublée. Je savais qu'en disparaissant je laissais derrière moi de quoi alimenter les contes les plus extravagants. Mais, comme ma vie n'est pas un conte, j'ai tenu à rétablir les faits et vous livrer le secret gardé sous une pierre noire dans une maison aux murs hauts au fond d'une ruelle fermée par sept portes. " Ahmed, " l'enfant de sable ", a grandi. Il (ou elle) a vieilli et prend, à son tour la parole. Dans cette Nuit sacrée, Tahar Ben Jelloun livre peut-être la clé de l'un de ses romans les plus troublants de ces dernières années. L'Enfant de sable avait été salué par toute la critique et lu par des dizaines de milliers de lecteurs. Prix Goncourt en 1987

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Poésie

Kean. 5 actes

Kean ou Désordre et génie fut écrit par Alexandre Dumas père pour le célèbre acteur Frédérick Lemaitre. Cette pièce oubliée - dont on trouvera d'ailleurs, à la fin de la présente édition, le texte intégral -, Jean-Paul Sartre l'a reprise, réécrite et, comme dit Robert Kemp, il en a fait un "bon drame solide, dont il a bien bourré les creux et qui est devenu brillant". Kean est un fameux acteur anglais. Il triomphe au Théâtre Royal de Drury Lane, et tout Londres, au début du XIXe siècle, court l'acclamer. Deux femmes l'aiment : la comtesse Eléna, épouse d'un ambassadeur, et Anna Damby, jeune héritière bourgeoise. Kean est débauché, couvert de dettes, ivrogne et coureur de jupons. Toutefois le prince de Galles n'a pas dédaigné d'en faire son ami. Kean est un homme excessif, qui se moque des contingences, laisse la bride à ses passions, se livre avec volupté à l'insolence, à la générosité, au mépris. Mais, au-delà de ces manifestations d'un tempérament puissant, c'est la condition du comédien et de l'homme de génie que Jean-Paul Sartre a posée dans les termes les plus efficaces. Kean est-il lui-même, ou bien les divers personnages (Roméo, Hamlet, Othello surtout) qu'il incarne ? Dans quelle mesure ces êtres shakespeariens ne dévorent-ils pas sa personnalité ? Un soir, enfin, Kean explose. A la face du public, à la figure du prince de Galles qui cajole la comtesse Eléna dans sa loge, il met son coeur à nu. Et il est hué.

03/1954

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Beaux arts

Pornologie vs capitalisme. Le groupe de happening Zero Jigen, Japon 1960-1972

Zero Jigen (dimension zéro), le plus important groupe de happening du courant antiart, opéra de manière intensive de 1960 à 1972 à Tôkyô et dans tout le Japon, au moyen de rituels provocateurs, les gishiki. Sa guérilla contre-culturelle "arterroriste" consistait en une praxis de l'obscénité dans l'espace public d'un pays en surcroissance qui déniait ses réalités sociétales (violente crise politique, pollutions, guerre du Viêt Nam). Malgré cette intensité créative (300 happenings), Zero Jigen, contemporain du butô de Hijikata Tatsumi et de Gutaï, fut méprisé par la critique au Japon et demeure inconnu ailleurs. Occultation durable confirmant la validité de ses actions improductives reniant formes esthétiques, castes artistiques et parasitant la construction de l'image moderniste du capitalisme japonais. Le Refus de Zero Jigen est une pornologie subversive passant par "le corps" qui, à la différence de nos conceptions, est désindividualisé, dépotentialisé, désublimé et radicalement utopique. Basée sur des sources japonaises, cette monographie, la première dans une langue occidentale sur Zero Jigen, donne accès à un contexte historique bousculant les stéréotypes d'harmonie sociale de sérénité esthétique trop souvent attachés à l'objet Japon. "Bibliothèque art action pensée" est construite sur la mémoire de l'actionnisme viennois et plus particulièrement sur celle d'Otto Muehl. Elle donne la parole à ceux qui osent le pari de la concurrence avec l'ordre établi, avec les valeurs saisies dans la tenaille "églises/état". La collection publie les essais vécus et "hétérotopiques", rassemble les arts liés à l'action, au vécu – dérangeant, vital, sexuel, politique…

12/2013

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Psychologie, psychanalyse

Rester parents malgré la détention. Les Relais enfants-parents et le maintien des liens familiaux

La rupture des relations parents-enfants, consécutive à l'incarcération du père ou de la mère, peut avoir de graves conséquences sur le développement affectif, social et intellectuel de l'enfant. Par ailleurs elle remet en question la parentalité qui ne peut s'exercer au quotidien. Or il apparaît que le maintien des liens familiaux, d'une part aide l'enfant éloigné de son père (ou de sa mère) incarcéré(e) à grandir, et d'autre part contribue à la réinsertion des personnes détenues. Cette cause justifie et motive, depuis 1996, l'action des Relais enfants-parents, associations orientées vers l'action sociale en prison. Cet ouvrage rend compte de l'engagement du relais entants-parents Midi-Pyrénées. En effet, sept ans après sa création, celui-ci coordonne et soutient différentes modalités d'intervention psychosocio-éducative : accompagnement de l'enfant au parloir, accompagnement de jeunes enfants vivant en prison avec leur mère chez des assistantes maternelles à l'extérieur, entretiens individuels avec les détenus, ateliers d'écriture " je communique avec mon enfant ", espace de parole comme soutien à la maternalité, action de médiation auprès des familles. L'analyse des pratiques des auteurs constitue l'ossature de ce livre mais, chemin faisant, on y trouvera l'occasion de réfléchir sur le bien-fondé de ce type d'engagement, sur le fonctionnement d'une organisation implantée à l'intérieur et à la périphérie du milieu carcéral, voire sur les principes et la mise en application de la politique pénitentiaire de notre pays.

02/2002

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Non classé

Zafu - Chakra Vishuddha - Bleu

L'être humain est un tout, il possède différents corps : physique, énergétique, émotionnel, mental et spirituel. Lorsque le flux de l'énergie est perturbé, cela se traduit pas des symptômes et des déséquilibres. La science des chakras est un des outils pour rétablir l'équilibre sur tous les plans. Les chakras sont des centres énergétiques situés le long de la colonne vertébrale. Ils reçoivent le prana (l'énergie) par les nadis (méridiens). Chacun des chakras est relié à une glande endocrine et à un niveau de conscience. Travailler sur ses chakras permet de soigner son corps physique mais également d'évoluer dans sa vie grâce à la prise de conscience de tout ce qui fait barrage à la sérénité, à la joie et à la plénitude. 5ème chakra, Vishuddha est le centre de la gorge qui est lié à la communication, la parole et l'écoute. Un fonctionnement harmonieux du chakra Vishuddha apporte la capacité à écouter et recevoir, à s'exprimer et suivre son intuition et à vivre l'instant présent. Le zafu (mot japonais) est un coussin de méditation utilisé dans la pratique de zazen (((C'est la posture qu'utilisait Bouddha pendant ses méditations)). Il faut préciser que le bouddhisme zen est particulièrement rigoureux quant à la posture, et que par ailleurs la pratique est ritualisée, ce qui peut indiquer la portée d'un simple coussin. Caractéristiques du zafu : enveloppe 100% coton, rembourrage : 100% kapok (fibre végétale utilisée depuis des siècles pour la fabrication des coussins de méditation)

03/2010

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Actualité et médias

Un temps troublé

" Ce livre est politique. Le lecteur y trouvera des rappels historiques, des analyses économiques, des réflexions sur la société et sur la réalité internationale. Mon regard porte sur la vie politique et ses forces, il s'élève vers le sommet de l'Etat où plus que jamais le pouvoir se concentre et il embrasse les craintes, les colères et les espérances des citoyens. Membre du Conseil constitutionnel pendant quatre ans, j'ai scrupuleusement respecté la neutralité et la réserve de celui qui avait revêtu, symboliquement s'entend, la toge du juge constitutionnel. Quand j'ai retrouvé en 2019 ma tenue de citoyen et ma liberté de parole, j'ai entrepris d'écrire ce livre. Le paysage politique de notre pays avait changé. J'ai voulu comprendre pourquoi et comment. J'ai aussi observé ce qui en résultait, non plus comme un acteur mais comme un témoin. Que s'est-il passé en 2017 ? Où en sommes-nous en 2020 ? Quelles perspectives s'offrent pour 2022 ? La promesse chimérique d'un "nouveau monde " est restée lettre morte. Notre pays est loin d'adhérer à ce qu'on lui propose aujourd'hui : un néolibéralisme orné de progressisme. Nous vivons un temps troublé. J'examine aussi trois confrontations mondiales à mes yeux décisives pour notre avenir commun : entre la démocratie et le despotisme, entre les migrations et les nations, entre l'expansion de l'homme et la sauvegarde de la vie sur terre. La postface de ce livre est consacrée à la pandémie qui en cette année 2020 a bouleversé le monde " Lionel Jospin.

09/2020

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Philosophie

Ethique de la sincérité. Survivre à l'ère du mensonge

Nombreux sont ceux qui désormais se réclament sans cesse de "vérité" ou encore d'"authenticité" pour asseoir leur légitimité, alors même que se joue une glorification de la transparence. Que ce soit dans le management au coeur des organisations, du point de vue politique ou encore dans nos échanges les plus simples avec les autres, la sincérité est devenue un véritable "prétexte" qui garantirait le bien-fondé de certaines décisions ou actions. Pour autant, qu'est-ce qu'être sincère ? Est-ce seulement possible ? Et plus encore : à l'heure des réseaux sociaux, lieux des informations en inflation, où intervient constamment un jeu sordide entre l'illusion et la vérité, quel sens pouvons-nous donner à la sincérité ? Dans un contexte de fake news (infox) et de post truth (post-vérité) où le mensonge ne se distingue plus de la vérité ; où l'on cherche constamment à satisfaire son bonheur individualiste et à retrouver de la "confiance" en la parole de l'autre, la sincérité se présente comme une valeur-refuge incontournable, et même plus : comme une vertu capable de "panser" notre contemporain. La règle en psychanalyse n'est-elle pas celle du "tout dire" ? Philosophie, éthique, psychanalyse, politique, société, cet ouvrage est une clef pour mieux vivre le virage, parfois douloureux, de notre modernité. L'auteur, en actualisant cette notion dans les différents champs de la société, propose une philosophie de la sincérité inédite, fruit de plus de quinze ans de recherche, et qui donne lieu à une éthique de vie : L'éthique de la sincérité.

03/2020

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Non classé

De Neandertal à Homo Breizh

Au millénaire dernier, fortuitement, un site paléolithique fut mis à jour en Bretagne. Son industrie lithique de type Levallois avec des éclats retouchés se singularise par la présence de nombreuses représentations à base de scènes de vie, d'animaux souvent disparus, de vénus et de chasseurs du grand froid. Elles laissent entrevoir la vie d'un petit clan. Par chance, une gravure a permis son identification. C'était celui du Grand Loup. En s'appuyant sur ses connaissances de la nature, de la chasse et de la pêche l'auteur à tenté de retisser des liens pour saisir la signification des représentations paléolithiques découvertes. Une pendeloque comportant plusieurs représentations a été le point de départ. Il a suffi de donner la parole au lointain chasseur qui l'avait réalisée et portée autour du cou. Il y avait enregistré l'essentiel de sa vie. Son témoignage éclaire des facettes de ce qui était déjà la culture mère. L'élan qui guidait Timous du clan du Grand Loup ne s'est jamais éteint. Il sera transmis, pour le meilleur et pour le pire, à des hommes nouveaux, nos ancêtres directs, curieux mais bien moins sages. "De Neandertal à Homo Breizh" ne pourra qu'intéresser ceux qui aiment à réfléchir sur les origines de la dimension culturelle, la naissance de l'art paléolithique et le sens contre nature du parcours de l'humanité. Toutes les représentations du livre sont inédites. Concues par une humanité cousine, elles sont les plus anciennes manifestations de la dimension artistique.

09/2019

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Sociologie

Prendre. Naissance d'une pratique sociale élémentaire

Prêter attention à un objet, le convoiter, le demander, s'en saisir, le délaisser, le transmettre - tout cela renvoie pour chacun d'entre nous à des actes quotidiens, banals, " naturels ". Pourtant, ces actes ne vont pas de soi pour les très jeunes enfants. Il leur faut au contraire apprendre à prendre - et aussi à donner. Car si ce geste tourne plus souvent chez eux que dans le monde adulte au conflit, c'est précisément qu'il implique la difficile maîtrise de règles implicites et d'attentes non formulées. A partir d'une enquête ethnographique menée dans une crèche auprès d'une trentaine d'enfants de deux à trois ans, ce livre surprenant et vivant met au jour les déterminants sociaux de l'appropriation des choses au premier âge. Pourquoi un enfant préfère-t-il, très tôt, tels objets à tels autres ? Comment en vient-il à les réclamer dans les formes ou, au contraire, à s'en emparer par la force ? Et pourquoi tout cela importe-t-il, au moment précis où la vie sociale émerge ? Répondre à ces questions, c'est penser l'inégale disponibilité des choses aux mains des enfants et la genèse de leurs différences sociales, mais aussi la hiérarchie précoce des légitimités – celle qui impose, d'emblée, des objets préférentiels, des gestes souhaitables et des prises de parole plus judicieuses que les autres. C'est aussi s'intéresser, à partir de l'observation minutieuse des premiers instants de l'existence sociale, aux fondements du rapport personnel à la possession et à la propriété.

02/2019

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Critique littéraire

Singulier pluriel. Conversations

" Ce qu'on dit de soi est toujours poésie ", écrivait Ernest Renan, phrase mystérieuse, oraculaire, dont on ne retiendra ici que le verbe " dire ". C'est entre fiction et diction, répondant aux questions d'universitaires et de journalistes, que Maurice Olender donne dans ce livre de Conversations quelques clés de son rapport à la lecture, au savoir, à l'édition. En lisant Singulier Pluriel, on est frappé par l'importance que l'auteur accorde à la parole, aux tensions et liens entre l'oralité et l'écriture. Archéologue de formation, auteur d'une oeuvre multiforme, Olender travaille sur les sexualités extrêmes, l'origine des langues et les mythologies modernes de la " race ". Intellectuel engagé, doté d'une conscience aiguë de la " responsabilité sémantique " et de la fragilité des démocraties, il est aussi le créateur de " La Librairie du XXIe siècle ", une collection au rayonnement international. Ce livre fait entrer les lecteurs dans la fabrique d'un funambule, chercheur indiscipliné qui conçoit l'érudition comme une forme de poésie et la pensée comme une aventure. On y trouvera des paroles, devenues traces écrites d'un cheminement intellectuel et sensible, le rappel de compagnonnages, une esthétique de l'amitié. Car lire, écrire, éditer, c'est tout ensemble se situer dans le monde, rendre les savoirs accessibles, construire un univers entre réel et fiction, une " Librairie ". Christine Marcandier Maurice Olender est historien (EHESS) et éditeur (Seuil). Il a publié notamment Les Langues du Paradis (1989), Race sans histoire (2009) et Un fantôme dans la bibliothèque (2017).

09/2020

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Droit

Femmes et justice

"Sous la robe, point de sexe" dit le célèbre adage, et pourtant... Aujourd'hui, plus de la moitié des avocats en France sont des femmes. La progression s'est accélérée ces dernières années : en neuf ans, leur effectif a augmenté de plus de 50 %. Une répercussion logique lorsque l'on sait que sept élèves sur dix dans les écoles de formation du barreau sont des femmes. Pourtant, c'est seulement en 1900 que plaide une femme pour la première fois. Les caricatures misogynes de l'époque foisonnent, moquant des femmes en porte-jarretelles et corset dans des profession d'homme. Il faut attendre un siècle, en 1998, pour qu'une femme soit élue bâtonnier de l'ordre des avocats de Paris ! La magistrature, elle, ne s'ouvre au principe d'égalité qu'après la Seconde Guerre mondiale. En 2003, la féminisation atteint un sommet avec plus de 80 % de représentation féminine à l'Ecole nationale de la magistrature. Signe d'une évolution remarquable, cette entrée en masse des femmes au sein du monde juridico-judiciaire interroge. Avocat, conseiller, greffier, gardien de la paix… qui sont ces femmes qui, chacune à leur manière, oeuvrent pour un meilleur exercice de la justice ? A travers le portrait et le témoignage d'une centaine d'entre elles, cet ouvrage révèle une justice incarnée, vibrante, terriblement humaine. Des femmes qui n'hésitent pas à prendre la parole et exprimer librement leur ressenti et la vision qu'elles ont de leur métier, de leur pouvoir aussi. Des femmes remarquables, passionnés et passionnantes, qui s'exposent telles qu'elles sont.

03/2012

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Critique littéraire

Mélancolies. De l'Antiquité au XXe siècle

Premier paradoxe : la mélancolie, telle que l'Occident l'a conçue, est à la fois redoutable et féconde, folle et géniale, inhibitrice et généreuse. Cette ambivalence, qui la distingue de la simple tristesse comme de nos actuelles dépressions, lui confère un statut très particulier. Maladie peut-être, mais maladie culturelle, elle nourrit la créativité, elle est " le seul sentiment qui pense ". Second paradoxe : si diversement qu'elle se manifeste, et si différentes que paraissent les théories médicales, théologiques ou philosophiques qui tentent d'en rendre compte, il y a une unité et une permanence de la mélancolie. Obstinément, sa longue histoire rappelle que l'homme n'est homme qu'en vertu d'une altération qui le travaille au plus intime. Aussi la présente anthologie commence-t-elle par donner la parole à de grands plaintifs : dans une première section, c'est la mélancolie qui parle, par la voix d'auteurs aussi différents que Sappho et Michel-Ange, Pétrarque et Shakespeare, Chateaubriand et Dostoïevski, Baudelaire et Sartre. La deuxième section met en place, dans une perspective cette fois théorique, les principaux modèles suivant lesquels la mélancolie a été pensée dans notre histoire: il s'agit de dégager, depuis le modèle humoral antique jusqu'au texte fondateur de Freud, les articulations majeures et les ruptures significatives. La dernière section, où sont passés en revue quelques grands thèmes (d'" Acédie " à " Vanité "), se place comme les précédentes sous l'invocation de Rilke : " Un monde naquit de la plainte, un monde où tout fut recrée. "

10/2005

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Policiers

Trottoirs

Romain, un SDF, arpente les rues de Paris, ressasse les souvenirs d'un bonheur passé, et rêve sur le corps d'une prostituée venue de l'Est. Un premier sans-abri, un frère donc, est assassiné, très vite suivi d'un second puis d'un troisième. La peur s'empare de la communauté des laissés pour compte. Qui peut avoir intérêt à tuer ceux qui ne possèdent rien ? Représentent-ils une menace ? Jean-Luc Manet donne ici la parole à ceux qui marchent, ces émouvants somnambules qui subissent un quotidien sans futur. Le héros de cette histoire habite la rue. Cet homme cultivé, qui fut libraire dans une ancienne vie, a depuis quelques temps le ciel pour seul toit, et peu d'amis, hormis une jeune prostituée de l'est, la tenancière des bains douche, et un flic du quartier qui lui fait l'obole de quelques restes de déjeuner. Un de ses alter-ego est assassiné. Bizarre, mais à qui manquera-t-il ? Mais bientôt, les cadavres de sans-abri se multiplient, et la mort est donnée de façon violente, comme pour frapper les esprits. Les histoires de Jean-Luc Manet se déroulent souvent dans les rues de la capitale, qu'il connait bien, une métropole occidentale où, hormis quelques ombres qu'on ne voit plus, la la population vit confortablement. Trottoirs ne déroge pas à la règle, et met en lumière des personnages complexes, héros invisibles des marges urbaines, qui révèlent l'envers du décor. Avec humanisme.

09/2015

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Paramédical

Approche polyphonique d'un récit produit en langue des signes française

Selon une approche polyphonique et théâtrale de l'énonciation, nous décrivons dans son intégralité un récit oral produit en langue des signes française (langue visuelle-gestuelle des sourds français), et l'analysons dans le but de définir le rôle tenu par les marques non-manuelles pour la mise en évidence des différents sujets de l'énonciation. C'est par une observation fine et approfondie de phénomènes d'une extrême fugacité de l'ordre du dixième de seconde que nous avons pu découvrir la régularité de certaines procédures liées aux mouvements des sourcils, des yeux (leur orientation et leur ouverture), de la bouche, des joues et du menton. De telles marques peuvent être de nature discrète ou non-discrète. Dans ce dernier cas, elles sont essentiellement responsables des manifestations des émotions ou des attitudes de pensées face à ce qui est dit et mettent clairement au jour la présence de tel ou tel énonciateur. Nous montrons comment le narrateur en langue gestuelle " met en scène " son récit, sans se cacher tout à fait derrière celui-ci : à la façon du chœur dans la tragédie grecque, il en explicite le déroulement par des prises de distance métalinguistiques et phatiques. Il peut même parfois donner son point de vue et devenir alors l'un des énonciateurs qui, sur la scène du discours, se côtoient et se répondent. Une telle étude conduit à découvrir le continuum qui existe entre les deux modalités de parole - vocale et gestuelle - tout spécialement dans le domaine du discours émotif.

11/1996

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Cinéma

Peter Greenaway

Peter Greenaway est un cinéaste singulier. Il confie volontiers que seule la peinture lui semble digne du visible. Quant au langage, cette autre passion, il n'en connaît pas meilleur usage que littéraire. On demandera... le cinéma ? Entre le dire et le voir, un quelque chose hybride. D'où vient cependant qu'avec Meurtre dans un jardin anglais, Z.O.O. et le ventre d'un architecte, Greenaway nous offre un cinéma insolite, inactuel... et d'une grande séduction ? Cet artiste raffiné, hautement exigeant, fait songer à un prodigieux faussaire. Peintre ou écrivain, reporter ou naturaliste, logicien ou philosophe, il épouse et emporte toutes ces formes, sans jamais se réduire à aucune. En surgissent des visions déroutantes, finement ordonnées, qui invitent l'oeil et l'esprit à se porter ailleurs, hors des contrées du seul cinéma. En premier lieu vers la musique... celle de Michael Nyman. Le musicien nous dit les relations toutes particulières qui l'unissent aux images de Greenaway. Vers la peinture également, la plus classique... la plus moderne dont le cinéaste se sent le très jeune héritier. Vers la philosophie enfin, puisqu'en ses films se joue la plus sérieuse des pensées... proliférante, serpentine et joyeuse. Mais on ne pouvait se contenter d'une parole "sur" une oeuvre en devenir. Comme une bande-image, en entrelacs des textes, Peter Greenaway a monté les photos qui composent ce livre. Il nous raconte son histoire, une histoire, en images autonomes, énigmatiques et immobiles... en attente d'un regard qui viendrait les animer... Moteur donc...

03/1987

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Littérature étrangère

Second adieu

Rome, fin des années soixante-dix : après avoir quitté Prague, où son père a disparu dans les prisons du régime communiste, Marie tente de refaire sa vie dans une communauté. Elle partage un grand appartement avec Thomas, écologiste avant l'heure, poète et homosexuel, et Anne, qui ne sait pas qui est le père de son enfant et qui finira par partir dans une secte au Brésil, et son lit avec Mels (qui s'est inventé ce prénom en honneur de Marx, Engels, Lénine et Staline), révolutionnaire exalté qui rêve d'envoyer tout le monde en camp de rééducation, y compris la mère de Marie. Marie entretient aussi une correspondance amoureuse avec Paul, un ami de son père resté à Prague, qui sous prétexte de lui adresser ses publications scientifiques essaie d'écrire son autobiographie. Plus tard, Jean, autre Tchèque en exil et compagnon de Marie, tâchera de raconter la vie de la femme qu'il aime : " J'ai ici quelques biographies de Marie, la biographie de notre fils et la mienne propre, plus un nombre certain, à savoir changeant, d'alter ego. Rien que des histoires intéressantes. " Sous forme d'un récit éclaté où plusieurs narrateurs prennent tour à tour la parole, Second adieu est un roman sur une génération désemparée, sur la désillusion des utopies et sur l'exil. Mais Richter sonde surtout très profondément la tragédie de l'enfermement et décrit avec force la privation de liberté en Europe centrale avant la chute du Mur.

10/1999

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Paramédical

Oser être femme. Handicaps et identité féminine

A l'heure où le combat des femmes se révèle toujours plus nécessaire pour une pleine et entière reconnaissance de leur rôle au sein de la société, un profond silence entoure encore la vie des femmes handicapées. Les mouvements féministes les ont en effet négligées comme si leur situation de handicap niait la féminité et les empêchait d'accéder aux débats intellectuels ou politiques. De leur côté, les associations de parents comme les associations de personnes handicapées autonomes n'ont guère prêté attention à elles. Oser être femme constitue donc un événement. Pour la première fois en France, dix-neuf femmes prennent la parole pour raconter leur vie. Qu'elles aient grandi avec ou qu'il ait fait brutalement irruption, le handicap a changé leur vie de manière définitive. Il a modifié leurs relations aux autres. Elles ont subi le changement de regard de la société comme celui des hommes sur elles. Leur relation au corps et à l'identité sexuelle s'est construite autrement. Sans références souvent. Ou avec des références destructrices contre lesquelles il a fallu qu'elles combattent. Malgré les avancées des mentalités, les préjugés sociaux ont la vie dure. Chaque jour reste pour elles toutes une guerre engagée contre leur violence indifférente. Pourtant, à la différence des hommes engagés dans les combats institutionnels, les femmes handicapées proposent une réflexion nouvelle pour l'intégration. C'est ce que donne à entendre, à lire et à réfléchir les analyses de l'auteur et les voix des témoins.

05/2000

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Critique littéraire

Flamme double. Amour et érotisme

"Aux côtés du Labyrinthe de la solitude, de L'arc et la lyre, ce dernier essai de Paz se propose comme le troisième volet d'une réflexion qui, depuis plus d'un demi-siècle, ne cesse de s'interroger sur l'enracinement de l'homme dans son lieu, dans son temps, dans son acte de parole. L'amour y tient assurément la place majeure. Encore faut-il qu'on sache le reconnaître sous ses multiples visages, en dépit de ses travestissements et de ses trahisons. La flamme double est tout d'abord l'histoire de cette étrange attirance d'un être vers un autre, qui débute sans doute dans l'aventure culturelle de l'Occident aux confins de la Grèce et de Rome. [...] Mais ce livre est, tout autant, la confidence d'une inquiétude. L'Occident n'était pas seul à écrire l'amour ; l'Islam, l'Inde, l'Extrême-Orient ont concouru jadis à cette exaltation des sens et de l'esprit. Aujourd'hui maître des conduites du monde, l'Occident ne serait-il plus désormais qu'une machine mentale qui désacralise l'amour, qui corrompt les consciences avec le commerce des corps, collaborant ainsi à l'universelle "éclipse de l'âme" ? Octavio Paz questionne les hommes de science, des neurobiologistes aux zélateurs de l'intelligence artificielle. Mais c'est, en vérité, à son lecteur qu'il s'adresse, c'est à lui qu'il pose l'impérieuse question : "Sans liberté, ce que nous nommons la personne n'existe pas. Existe-t-elle sans âme ?" "Claude Esteban.

05/1994