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Brandir la vague

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Critique littéraire

Mon Kafka. Kafka, l'unique

"Ce dimanche 19 juillet 1910, j'ai dormi, je me suis réveillé, dormi, réveillé, misérable vie". Franz Kafka, Journal. "J'y songe souvent et, chaque fois," je me demande quand dans ma vie est apparu le Journal. Impossible de dater cette apparition, mais il me semble tout de même que ce fut très tôt, dès mes premières années d'étude, presque à l'âge où Kafka a commencé à l'écrire. Il ne m'a plus quitté. Ce grand livre souffrant, tragique et drôle, n'est pas de ceux qui détruisent, mais de ceux qui sauvent, qui donnent de la force. On y revient, sans cesse. Parcouru par la douleur de l'existence, il est traversé par la lumière. D'une beauté déchirante, il est transpercé par l'échec, par l'angoisse lancinante de l'échec, par le désir de solitude et par le désir de la rencontre, par la nécessité menacée d'écrire et la douleur du corps, du "désespoir que me causent mon corps et l'avenir de ce corps" (1910). "Je suis une fois de plus tiraillé à travers cette fente longue, étroite, terrible, dont, à vrai dire, je ne puis triompher qu'en rêve. A l'état de veille et par la seule force de ma volonté, je n'y parviendrais jamais" (5 décembre 1919). Aujourd'hui je parcours à nouveau le Journal par le biais de cette quête particulière de l'écriture de ses rêves, de ses visions d'avant le sommeil ("mais je n'ai pas dormi du tout") et de l'immédiat après réveil. Franz Kafka écrit comme on dessine - c'est l'écriture la plus proche du dessin que je connaisse. Quelque chose que je n'ai jamais vu ailleurs. Et, dans le Journal, le travail incessant de cette écriture se frayant un chemin par approches successives, cet effort pour aller vers cette vérité dépouillée est incomparable - Kafka dessine. "L'insatisfaction dont une rue offre l'image, chacun lève les pieds pour quitter la place où il se trouve" (21 août 1912). "Tout oublier. Ouvrir la fenêtre. Vider la chambre. Elle est traversée par le vent. On ne voit que le vide, on cherche dans tous les coins et l'on ne se trouve pas" (19 juin 1916). "Vague espoir, vague confiance" (2 novembre 1921). "Cet après-midi, rêve d'une tumeur sur ma joue. Cette frontière oscillant perpétuellement entre la vie ordinaire et une terreur en apparence plus réelle" (22 mars 1922). "Mon travail se clôt, comme peut se fermer une plaie qui n'est pas guérie" (8 mai 1922). La plaie n'est pas et ne peut se guérir, chaque page ouverte du journal l'est sur une douleur et sur un récit mêlé de désespoir et de lumière. Pour moi, les images, ce que j'appelle cette évocation si violente qu'elle s'apparente donc au dessin, se reçoivent de façon viscérale, intense ; elles se ressentent physiquement : ce sont des mots qui agissent sur le corps, qui pénètrent avec toute la force que nécessita leur expulsion. "Mon Kafka" , il est celui de tous et celui singulier de chacun. Marina Tsetaïeva écrivit "Mon Pouchkine" en 1937. Mon titre lui est un évident hommage. Anne Gorouben, Paris, juin 2015 Anne Gorouben est née en 1959 à Paris. A l'Ecole nationale supérieure des arts décoratifs, elle suit les cours de Zao Wou Ki. Depuis, elle expose régulièrement ses peintures et ses dessins en France ou à l'étranger. En 2003, elle présente notamment un hommage à Paul Celan au musée d'Art et d'Histoire du judaïsme à Paris. Son cycle "d'Odessa à Odessa" est exposé dans différents centres d'art en France et en Ukraine. Ses oeuvres sont présentes dans des collections publiques et privées en France et à l'étranger. Elle a publié 100, boulevard du Montparnasse en 2011 aux éditions Le Cahier Dessiné et contribue depuis à la Revue.

10/2015

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Littérature étrangère

Terres et forêts

Fuir un village qui sera inondé pour élargir une rivière. Devenir agent de la faune comme son père mort trop jeune. Echapper à ses responsabilités dans un vieux chalet perdu. Lancer sa bague de mariage dans les chutes du Niagara un soir de sa lune de miel. Filmer des paysages époustouflants avec des drones pendant que celle qu'on aime perd lentement son combat contre la maladie. Faire des cours d'escrime pour recommencer à vivre après une rupture difficile. Se perdre en forêt avec un père malade qui cherche désespérément le lac de son enfance. Déménager avec sa fille dans le désert de l'Arizona. Holland, Cara, Wendell, Sarah Lee, Kirk, Claudia, Caspar, Ana Rae et les autres tentent de fuir ou de reconstruire leur vie dans la beauté, la dureté et l'intimité des territoires en mouvement qui les entourent, les habitent et les façonnent. Traversant le continent, les nouvelles d'Andrew Forbes survolent ces existences comme un avion biplan à l'affût des feux de forêt, à l'affût de ce qui détruit et de ce qui permet parfois de renaître.

12/2020

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Publicité

40s. All-American Ads, Edition français-anglais-allemand

Au début de la décennie, l'Amérique était en guerre. Le patriotisme faisait partie intégrante de la vie quotidienne, et ce sentiment se reflétait dans la publicité. Quand l'Amérique est sortie victorieuse en 1945 des ténèbres de la Seconde Guerre mondiale, le boom économique de l'époque a favorisé l'augmentation la plus spectaculaire de la qualité de vie, de l'excès et du consumérisme. La fin de la guerre a également apporté une fierté et une prospérité sans précédents au peuple américain, et rien ne reflète mieux la nouvelle vague de consumérisme et de progrès que les publicités de l'époque. Le pouvoir d'achat a considérablement augmenté au cours de la seconde moitié de la décennie, avec un marché du travail florissant et des salaires plus élevés. Grâce au nouveau projet de loi G. I. Bill, des logements abordables ont été pour la première fois mis à la disposition des anciens combattants de retour au pays. Les gens étaient prêts à adopter l'idée du rêve américain. L'après-guerre a supposé un flot de produits et de services pour tous les besoins et toutes les occasions, parvenant à chaque recoin de la société. Tout, du divertissement aux voyages et aux automobiles, en passant par l'alcool et le tabac, la mode et la beauté, la nourriture et les boissons, était très demandé et à portée de main. Cette période a ouvert les vannes des achats, les annonceurs cherchant à répondre aux besoins d'une population qui se remettait d'années de rationnement. Cette collection captivante éditée par Jim Heimann plonge dans la période frénétique, intense et lumineuse de la vie et de la publicité américaines dans les années 1940.

06/2023

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Critique littéraire

Anthologie grecque. Edition collector

La poésie grecque commence avec l'Iliade et finit par l'Anthologie, ce prodigieux florilège réunissant une myriade de petits poèmes appelés épigrammes, composés sans interruption depuis le VIe siècle avant notre ère jusqu'au le VIe siècle ap. J.-C., douze siècles durant lesquels le genre n'a cessé de s'enrichir. Simple inscription à l'origine, éternisant sur la pierre ou le marbre le nom du mort ou du dédicant, l'épigramme se donne bientôt le luxe du vers. Ce genre se déploie d'abord avec l'hexamètre hérité de l'épopée, puis avec l'ïambe, plus apte à exprimer des valeurs quotidiennes, et enfin, favorisé par l'élégie funéraire, grâce au distique élégiaque. Initialement figées dans le même sourire archaïque, ces petites pièces s'animent quand de grand poètes, Archiloque, Sapho, Anacréon, Simonide ne dédaignent pas d'en composer. Les guerres médiques favorisent la vogue de l'épigramme héroïque dont Simonide se fait une spécialité. Mais la véritable éclosion du genre explose à l'époque alexandrine où il fleurit partout : en Sicile avec Léonidas de Tarente et en Grèce continentale avec la poétesse Anytè de Tégée ou Mnasalque de Sicyone. Au même moment les poètes de l'école de Cos, Asclépiade, Posidippe, inventent l'épigramme bachique et amoureuse, à Alexandrie, entre les mains de Callimaque, l'épigramme, devenue la menue monnaie de tous les genres, est un bijou finement ciselé : le lapidaire est devenu un joailler. C'est l'apogée de l'épigramme en Grèce, et pourtant les siècles qui suivent ne nous décevront pas : à l'époque hellénistique et romaine de nouveaux poètes, Antipater de Sidon, admiré par Cicéron, surtout le syrien Méléagre, en qui Sainte-Beuve voyait le poeta minor par excellence et à qui l'on doit la confection de la première Couronne (recueil d'épigrammes) dont nous ayons connaissance : ce geste relance la vogue du genre, qui se développe désormais en milieu romain, marqué par des traits nouveaux : l'épigramme se faisant poésie de circonstance, ou courtisane, et finalement comique et satirique, avec Lucille. Dès ce moment, qui en latin voit naître l'oeuvre de Martial, l'épigramme grecque a achevé son évolution, elle a encore de beaux jours devant elle, mais ne fera plus, si l'on peut dire, qu'involuer. En témoignent un Agathias (qui a réuni le fameux Cycle d'Agathias) ou un Paul le Silentiaire. Il faudra attendre le Xe siècle pour qu'un érudit byzantin, nommé Constantin Céphalas, réunisse la fleur de tout cela, suivi au XIVe siècle par Maxime Planude.

04/2019

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Sociologie

Hermès N° 69 : Sexualités

" Deuxième révolution sexuelle " troisième vague féministe La question sexuelle n'est pas close et n'a pas fini d'occuper l'espace public, de s'inviter dans la sphère politique et sociale. En témoignent les affrontements récents en France autour du mariage pour tous, le manifeste des 343 fraudeuses en faveur de la procréation médicalement assistée ou encore les débats parlementaires sur la prostitution et la pénalisation des clients. Enjeu politique, religieux, éthique, économique ou encore culturel, c'est aussi, profondément, une question de communication, privée comme publique, qui, de la sphère la plus intime à l'arène la plus médiatique, engendre échanges, controverses, revendications, normativité et négociations. C'est la communication dans tous ses états - de la plus ténue et silencieuse à la plus transgressive ou explicite - que les auteurs de ce numéro analysent, pour mieux comprendre non pas la sexualité, mais les sexualités, leur diversité de formes, de manifestations, de pratiques, leur altérité, leur incompréhension ou reconnaissance mutuelles comme leurs ajustements et entrelacements. Mêlant des approches anthropologiques, sociologiques, historiques, littéraires, dans les domaines des sciences de l'information et de la communication, des études des médias ou de genre, ce numéro est l'occasion de croiser des recherches de terrain, des études de cas et des réflexions plus théoriques autour de ce champ éminemment interdisciplinaire. Au fil des pages se dévoilent la richesse et la diversité des approches communicationnelles des sexualités. Celles-ci permettent de dépasser les binarismes et clivages que l'on peut observer dans l'actualité et de replacer dans la longue durée une question, dont la simplicité de notre titre ne peut pas masquer la complexité des enjeux. Etienne Armand Amato, Fred Pailler et Valérie Schafer.

08/2014

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Livres 3 ans et +

Mélusine et le Sceptre de l'Arc-en-ciel

"Mélusine et Athor oeuvrent à protéger et servir la nature avec chacun un rôle et un outil différent. Mélusine a été choisie pour garder et servir le sceptre de l'arc-en-ciel. Ce bâton magique est un instrument merveilleux pour la petite fée, elle a un grand respect et une grande conscience de sa mission avec le sceptre aux 7 rayons sacrés". Dans cet univers imaginaire teinté de féerie, les sept rayons magiques de Mélusine possèdent tous un pouvoir bien particulier. Le Bleu donne du courage, le Jaune offre la sagesse, le Rose est celui de l'amour et le Blanc confère la joie. Le Vert guérit, le Rubis doré apaise et enfin le Violet libère et transforme. Mais comment s'en servir ? Pas d'inquiétude, Mélusine et Athor, nos amis les fées, sont ici pour vous le montrer ! Peur de l'orage, grosse colère, manque de confiance en soi, rien ne résiste à cette magie. A travers ces aventures pleines de tendresse, découvrez les pouvoirs infinis qui sommeillent en chaque enfant. Une lecture pour apprendre et grandir sous les lumières et les lueurs des sept rayons magiques ! Et comme le dit Alexis, 8 ans : "Lire ce livre... Ca change la vie ! " A partir de 6 ans.

11/2019

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Garder la forme

Bouger ça commence dans la tête. Guide de survie pour lutter contre la sédentarité

Ramenez le mouvement dans votre vie ! Plus personne ne peut ignorer les méfaits de la sédentarité et la nécessité de se mettre en mouvement pour préserver sa santé. Mais bouger, ça commence dans la tête ! Et aucune méthode ne vous convaincra si vous n'avez pas ancré le mouvement dans votre mécanisme de pensée. Pas de temps, pas d'argent, pas envie... Bien des excuses sont trouvées pour ne pas inscrire le minimum d'activité physique dans notre quotidien. Pourtant, cette activité peut y être intégrée sans avoir à aller plus loin que... son salon, et sans avoir à utiliser plus de matériel que... son propre mobilier. Ce livre n'est pas un programme de sport. Son objectif est de faire comprendre pourquoi nous ne bougeons pas, avant de nous donner les clés pour passer à l'action.

05/2023

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BD tout public

Les aventures de la mort et Lao-Tseu Tome 1 : La rage de vivre

La rencontre de la mort et d'un cochon nommé Lao-Tseu... Toute la fantaisie de François Boucq dans des histoires courtes délirantes.

06/2014

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Marketing

Marketing plateformisé. L'IA et la data au service de la précision de masse

Le numérique a bouleversé nos vies, et bien évidemment le marché publicitaire, avec l'essor formidable de Google, Facebook & Amazon qui ont capturé en quelques années la moitié des investissements publicitaires mondiaux, sans produire aucun contenu. La véritable recette de leur succès n'est pas seulement liée à l'adhésion massive des audiences à leurs services, mais surtout à leur capacité à " plateformiser " leur offre publicitaire, à proposer une offre publicitaire plus pertinente et facile d'accès. Celle-ci est " moderne ", riche en données individuelles, simple à acheter, pilotée par des algorithmes, mesurable, agile et véloce. Sa performance n'est pas toujours meilleure que celle des autres médias, mais son accessibilité, son automatisation et sa transparence sont incomparables. La raison pour laquelle les autres médias producteurs de contenus paient les pots cassés et perdent des parts de marché gigantesques contre les plateformes n'est pas qu'ils ont moins d'audience... mais qu'ils n'ont pas de plateformes. Or, tout existe en termes de données et de technologies pour construire des plateformes inclusives de l'ensemble des médias disponibles, digitaux ou non, les faisant tous bénéficier de cette révolution industrielle publicitaire. C'est le marketing de précision... de masse. Et cela change tout pour les consommateurs, les marques et donc l'économie.

12/2021

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Littérature française

Charrue stérile. Le jour où l'Elysée brûla

Dans les années quatre-vingt, la reprise économique portée par un président de la République de droite, Laurent Montcénac, génère toujours plus de besoins énergétiques. Les centrales nucléaires deviennent essentielles. Signe de cette activité, les convois de déchets nucléaires sillonnent la France par fer et par route. Une nuit pluvieuse d'avril, un commando terroriste s'empare dans la campagne nivernaise d'un "château" de transport de plutonium à destination du centre de retraitement de La Hague, en provenance du surrégénérateur de Creys-Malville. Les terroristes, qui tiennent en otage une famille de paysans, font bientôt connaître leurs exigences : obtenir la démission du président de la République sous la menace de faire exploser le container de plutonium usagé ; le nuage radioactif qui se formerait se répandrait sur la campagne environnante et la vallée de la Loire, mettant en danger la vie et la santé de dizaines de milliers d'habitants. Pendant que le gouvernement et le président de la République cherchent comment répondre à ce chantage, les populations locales victimes potentielles et la presse muselée par Montcénac vont s'inviter dans le conflit. Mais les terroristes souhaitent-ils réellement la démission du président ?

01/2018

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Tourisme France

Pour l'amour de Bonifacio

"C'est par la mer, idéalement, qu'il faut arriver à Bonifacio pour la première fois. Sillonner la crête huileuse des vagues, devant cette pâle muraille inexpugnable, chercher la faille. Porter sur le cuirassier blanc le regard carnassier, fiévreux et amoureux, concupiscent, exigeant, jaloux et délirant des Barbaresques, des pirates, des Pisans, des Génois. Il faut convoiter Bonifacio avant de la voir et la voir enfin pour la désirer. C'est une ville qui suscite l'envie, l'envie d'être là, de vivre là, de se lever là, déjeuner devant le soleil matinal et verdissant ou sous le charme de la splendeur suspendue du soleil couchant. C'est une ville à la peau pâle et douce, qu'on doit pourchasser de ses rêves." Sous la plume de Marie-Hélène Ferrari, l'une de ses plus fines observatrices, la ville de Bonifacio, prend toute sa singularité, à la fois par son histoire mouvementée et par sa vie quotidienne originale. Son point de vue corse est clairement assumé, d'autant plus qu'il s'agit du témoignage d'une femme libre qui a décidé de s'installer là, et pas ailleurs, au sud de l'île de beauté.

06/2019

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Sciences politiques

Le communisme rural en Haute-Vienne. Etude d'une culture politique de la Libération à la fin des années 1960

Le communisme français n'a pas été seulement celui des ouvriers. Dès l'entre-deux-guerres, de nombreuses communes des campagnes ont dirigé leurs suffrages vers le PCF, en contradiction avec l'image conservatrice qui colle souvent aux paysans en matière politique. Cette implantation précoce ne s'est pas démentie à la Libération, bien sûr en lien avec l'aura acquise par le parti dans la Résistance. C'est ainsi que la Haute-Vienne, dont les campagnes sont les dépositaires d'une tradition rouge et contestataire remontant au XIXe siècle, sont devenues à la fin de la guerre et jusque dans les années 1980 un véritable bastion communiste, malgré le poids considérable de l'autre parti de gauche dans le département, la SFIO. Cet ouvrage se propose de retracer l'historique de cette implantation au cours d'une période charnière dans le monde rural : celle qui court de la Libération à la fin des années 1960, alors que la civilisation paysanne est en train de disparaître. Se dessine une manière d'être communiste à la campagne fortement liée à une identité locale et donnant naissance à une culture politique en apparence paradoxale, au croisement de l'idéologie, des structures et des intérêts portés par le PCF d'une part, des représentations et des revendications des paysans haut-viennois d'autre part. Ces derniers, dans un département marqué par la petite propriété, ne souhaitent pas la révolution prolétarienne ou la collectivisation des terres, mais la protection de leur métier et de leur mode de vie, dont ils sentent bien toute la fragilité sous les coups que leur portent l'essor du productivisme agricole et la dernière vague de l'exode rural.

09/2014

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Littérature française

A l'aube de nos rêves

Un amour désespéré. C'est ce que vont vivre Simon et Lou à travers la disparition d'Arthur. La douleur de Lou, ce vide insupportable creusé par l'absence, sa révolte et son obstination farouche à croire au retour de son amour perdu. La souffrance secrète et silencieuse de Simon qui va le conduire au bord du désespoir. Cette douleur à tous deux qui va les faire se déchirer, se séparer, se retrouver encore. Comment lutter contre cette ombre qui les sépare ? Dans ce roman, qui fait suite à L'amour, c'est comme les oiseaux, l'auteur nous fait entendre à travers la voix de ses personnages, celle d'un nouveau monde où la force de nos rêves se conjugue avec la liberté inaliénable de rêver. "J'avais arrêté le moteur, éteint les phares. Il faisait presque nuit à présent, un vent soufflait par rafales. On regardait les vagues qui venaient se fracasser sur la plage avec un bruit d'écume. On entendait la rumeur monter dans la nuit. C'était la mer, la mer là devant nous, elle prenait toute la place, la mer, elle t'emportait, je le voyais dans ton regard".

07/2021

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Sociologie

L'irrésistible féminisation de la culture

Des sociologues ont proclamé récemment la fin de la domination masculine et l'entrée dans une société de femmes. Prophètes, visionnaires ou simples devins, ils apportent leur caution à cette opinion qui enfle depuis la deuxième vague féministe : que réclament encore les femmes, puisque leur combat est désormais gagné? Notre culture pane depuis ses origines l'empreinte de l'inégalité entre les sexes. L'emprise masculine reste très forte dans des domaines où elle parait inexpugnable, comme la langue, la religion, les comportements sexuels, la conception du passé... Au cours des derniers siècles s'est produit un rééquilibrage en faveur des femmes. Par un lent processus de conquête des positions adverses, elles ont gagné en visibilité et en pouvoir, alors même que l'autorité leur était refusée et que les leviers pour y accéder (réseaux et institutions) leur échappaient. Peu à peu se sont construites des représentations moins inégalitaires des relations entre les sexes. L'évolution est loin d'être achevée, puisque sous reflet de la mixisation croissante de la société, ridée de leur complémentarité, si prégnante au siècle précédent, a été reléguée au rang des pires préjugés sexistes, au profit de celle de leur interchangeabilité. Les avancées des femmes ont toujours été contestées, mais depuis le début du XXe siècle, la peur de la subversion par les valeurs féminines domine la pensée antiféministe. Si la dévirilisation des hommes relève du fantasme, la féminisation de notre culture est une réalité, qui présente un double visage. Le premier, bien visible, source de crainte et d'hostilité, correspond aux avancées féminines et au rééquilibrage des statuts des deux sexes. Le second, insensible et irrésistible, consiste dans la lente diffusion dans toute la société des valeurs qui étaient auparavant assignées aux seules femmes. Ce processus de féminisation est le principal responsable du polissage des moeurs au cours des cinq damiers siècles.

07/2019

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Sciences historiques

Prédateurs et résistants. Appropriation et réappropriation de la terre et des ressources naturelles (16e-20e siècles)

La nouvelle vague d'accaparements de terres et d'expulsions massives des paysans à l'échelle planétaire fait resurgir sous des formes renouvelées d'anciens questionnements. Depuis l'émergence du capitalisme, l'histoire des campagnes n'aurait-elle été qu'un processus plus ou moins accéléré de dépossession des paysans ? N'y a-t-il pas une "lame de fond" aboutissant à la prolétarisation inexorable des ruraux et la fin de la petite et moyenne propriété paysanne ? Le landgrabbing — la saisie des terres —actuel ne serait-il pas tout simplement la poursuite des enclosures entamées depuis la fin du Moyen Age, cette fois-ci sur le plan mondial ? Les auteurs réexaminent ces questions et aboutissent à des conclusions nuancées. Les mondes ruraux qu'ils ont approchés confirment l'offensive entreprise contre les terres, les hommes et les femmes et les ressources naturelles. Mais ils observent aussi la réaction et la riposte des campagnes, parfois d'une façon ouverte et visible, souvent de manière souterraine mais non moins efficace. Ils font état des victoires obtenues dans une dialectique où l'usurpation de la terre et des ressources peut être rapidement suivie par la réappropriation ou par la reprise de contrôle. Le processus apparaît ainsi complexe et moins définitif, avec une variété de moyens mis en oeuvre d'où ressort l'image d'un combat inachevé qui se renouvelle en permanence. D'Amérique en Asie, d'Afrique en Europe, les auteurs nous invitent à parcourir le temps long de l'évolution de la question foncière alors que l'agriculture devra bientôt nourrir 10 milliards d'habitants et que la petite et la moyenne paysannerie continuent à fournir l'essentiel des aliments mondiaux.

04/2017

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Sciences historiques

Sur les projets présentés pour la jonction de la Marne à la Seine, la dérivation de la Seine

Mémoire sur les projets présentés pour la jonction de la Marne à la Seine, la dérivation de la Seine, et les docks ou bassins éclusés à établir dans les plaines de Choisy, d'Ivry et de Grenelle . Par M. J. Cordier,... Date de l'édition originale : 1827 Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF. HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces oeuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande. Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais qui seraient aujourd'hui jugés condamnables. Ils n'en appartiennent pas moins à l'histoire des idées en France et sont susceptibles de présenter un intérêt scientifique ou historique. Le sens de notre démarche éditoriale consiste ainsi à permettre l'accès à ces oeuvres sans pour autant que nous en cautionnions en aucune façon le contenu.

07/2020

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Généralités médicales

La migraine et le syndrome de la peur - La crise d’agressivité, la triade du jeûne, la déréalisation

Le manuel comporte les résultats de travaux de recherche portant sur la migraine et la crise d'agressivité. L'épilepsie tem-porale reste à ce jour moins claire pédagogiquement et thérapeutiquement. A ce propos, nous proposons la bithérapie comme moyen pharmacologique pour ces pathologies. Nous présentons dans ce manuel la déréalisation et la dépersonnalisation responsables des addictions, des suicides, des crises d'agressivité, des échecs, et même des psychoses. A ce sujet, la triade du jeûne est proposée comme moyen psycho-cognitif pour ancrer le mental dans la réalité. De façon intéressante, les résultats de différentes études épidémiologiques montrent le profil de l'épilepsie en Algérie grâce aux 62 variables analysées. Cette démarche, nous a permis de présenter quelques hypothèses particulièrement sur la prédominance des épileptiques parmi les cinq premiers rang dans la fratrie concordant avec la prédominance de la conception de l'enfant épileptique dans la tranche d'âge de 30-34 chez la mère. Le manuel intéressera les chercheurs, les médecins, les psychologues, et même les théologiens à mieux comprendre pour mieux résoudre les difficultés de la peur et de l'anxiété. Souhaitons que ce manuel trouve un intérêt particulier pour constituer le point d'achoppement d'une nouvelle conception de ces pathologies.

10/2017

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Policiers

Au service secret de Marie-Antoinette Tome 6 : Le coiffeur frise toujours deux fois

Le meilleur du cosy mystery à la française ! A la Cour, Necker, le ministre des Finances est au bord du burn-out. D'abord les dépenses faramineuses de la reine, puis l'assassinat de son riche ami banquier... Sur la scène du crime, un oiseau à bec jaune insulte la terre entière. Rose et Léonard, les intrépides détectives de Sa Majesté, vont lui apprendre la courtoisie et à révéler le nom du meurtrier ! La grande organisatrice ! Marie-Antoinette est enceinte ! Pouponner ? Très peu pour elle. Elle préfère s'amuser avec madame de Polignac... Détective amateur n°1 ! Rose Bertin, la modiste la plus en vogue de Versailles, brille par son savoir-faire inimitable, sa répartie et son goût des énigmes. Détective amateur n°2 ! Léonard Autier est à la coiffure ce qu'est Léonard de Vinci à la peinture : un artiste renommé ! Mais aussi un sacré détective... Frédéric Lenormand saupoudre depuis toujours ses intrigues historiques d'un humour savoureux. Récompensé par les prestigieux prix Arsène Lupin et Historia, il est l'auteur de la série Au service secret de Marie-Antoinette dont déjà cinq autres volumes sont disponibles aux Editions de La Martinière.

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Développement durable-Ecologie

Le totalitarisme industriel

Le "Progrès"? Bernard Charbonneau le représente sous la forme d'un bulldozer qui transforme les paysages en terrains vagues et nivelle tout sur son passage. Au cours du xxe siècle, la croissance a engainé l'exode rural, l'annihilation des sociétés traditionnelles, le triomphe de l'agrochimie. Le marché quadrille désormais la planète alors que l'accélération des transports et l'essor des télécommunications compriment les distances. Cette civilisation des machines est aussi celle de la dépersonnalisation : la banlieue s'étend, les modes de vie s'uniformisent, la culture de masse formate les esprits. L'Etat enfle, l'organisation se fait de plus en plus contraignante, les consommateurs passifs sont pris en charge jusque dans leurs loisirs. Et chacun est sommé de s'adapter au changement incessant. Standardisation, concentration, pollution... le développement exponentiel de la science, de la technique, de l'économie est ici analysé comme un phénomène social global. Face au totalitarisme industriel, l'écologie que défend Bernard Charbonneau est révolutionnaire, à la fois libertaire et conservatrice. Elle articule préservation de la nature et conquête de la liberté, et affirme la nécessité de décroître, de penser les limites et l'équilibre contre la quête destructrice de toute-puissance.

02/2019

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Pléiades

Théâtre de l'Inde ancienne

Comme l'opéra occidental, le théâtre de l'Inde ancienne est un spectacle total. Il associe tous les arts de la scène. Présence conjuguée de la danse, de la musique et de la poésie ; alternance de la prose et des vers ; alternance des langues aussi : le sanskrit, réservé aux hommes de haut rang, cohabite avec les prâkrits, langues assignées aux hommes de condition inférieure et aux femmes, reines ou déesses. L'intrigue emprunte à trois sources principales : l'épopée - Mahabharata et Ramayana -, les contes, l'histoire. Ici, ni comédie ni tragédie ; c'est l'émotion esthétique, l'émerveillement, qui prime. Ce théâtre se lit comme un poème. Quant à la règle des trois unités, elle n'a pas cours : l'action, multiple, se situe rarement dans un lieu unique, et certaines pièces se déroulent sur vingt années, ou plus. Quant aux représentations, elles peuvent durer plusieurs jours (et plusieurs nuits). Cette étrangeté a enflammé l'Occident. En 1789, William Jones donne la première traduction anglaise d'une pièce indienne, Sakuntala. L'engouement est immédiat. Goethe est envoûté par la jeune héroïne : « Faut-il nommer les fleurs du printemps avec les fruits de l'automne, le charme qui enivre avec l'aliment qui rassasie, le ciel avec la terre ? C'est ton nom que je prononce, ô Sacontala, et ce seul mot dit tout. » C'est le début de la « Renaissance orientale ». La vague d'enthousiasme ne retombera pas : de Schlegel à Apollinaire, en passant par Théophile Gauthier, Gustave Flaubert ou Camille Claudel, tous reconnaissent en Sakuntala l'héroïne romantique par excellence. Désormais, la découverte de l'Inde se confond avec celle de son théâtre, c'est-à-dire avec le genre que les Indiens considèrent comme la forme la plus achevée de leur littérature.

03/2006

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Histoire de France

Quand la Grande Guerre s'invite à Brive, 1914-1917. Histoire de deux hôpitaux de l'arrière

Brive, dimanche 30 août 1914 : la population attend, fébrile, l'arrivée de "ses" premiers blessés de guerre. "Un spectacle à la fois pénible et grandiose" l'attend. Brive entrevoit les premiers indices du drame qui se joue déjà sur le front. Les hôpitaux corréziens accueillent des soldats martyrisés par l'armement moderne de cette première guerre de masse industrielle. Très vite on s'organise pour porter assistance à ces hôtes exceptionnels nimbés de prestige. Une vague de générosité les enveloppe. Elle ne sera pas de trop pour pallier aux insuffisances initiales d'un service de santé qui entame le conflit avec une doctrine de prise en charge erronée. A l'orée de la guerre, un dépôt de blessés s'installe dans la caserne Brune. Rapidement prise de court, la structure ne doit son salut qu'au soutien de la population civile. Au début de l'année 1915, un nouvel hôpital est aménagé dans le collège Cabanis. Son installation n'est pas exempte de rebondissements malgré l'élan de solidarité locale dont elle fait l'objet. Bien desservie, Brive fait partie intégrante du vaste dispositif d'hospitalisation militaire de l'intérieur qui se construit et évolue au fil de la guerre. L'intrusion soudaine des blessés et des hôpitaux affecte la vie quotidienne de la population civile. La générosité spontanée des premiers temps se trouve peu à peu confrontée au prolongement imprévu de la guerre. La situation s'éternise, l'endurance charitable locale s'étiole... Les archives du fonds 1914-1918 du Service des Archives Médicales et Hospitalières des Armées, du centre de documentation du musée du service de santé ainsi que la presse locale corrézienne ont permis de reconstituer l'histoire des hôpitaux militaires temporaires qui ont fonctionné à Brive et dans ses environs pendant la Grande Guerre.

10/2014

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Histoire de France

Le plus bel âge ? Jeunes et jeunesse en France de l'aube des "Trente Glorieuses" à la guerre d'Algérie

" Crise de la jeunesse ", " fossé des générations ", " nouvelle classe dangereuse " : ces expressions ont rythmé les discours sociaux, politiques et médiatiques de la Libération jusqu'au cœur des Trente Glorieuses. Enquêtes, sondages et réquisitoires divers entendaient sans répit cerner les contours de l'identité des jeunes. De Tricheurs en nouvelle vague, le cinéma les porta en haut de l'affiche. Les " blousons noirs " effrayaient. Cynisme d'une génération désabusée, recrudescence de la délinquance juvénile, symptômes d'une France troublée par son entrée en croissance accélérée : tous les ingrédients semblaient réunis pour ériger, pour la première fois, la " jeunesse " en véritable enjeu de société. Au même moment, les sciences humaines et sociales commençaient à faire des jeunes un sujet d'étude privilégié. La psychologie, la psychanalyse parfois pénétraient les institutions chargées de les encadrer : l'école, l'armée, la justice des mineurs, les centres d'éducation surveillée... Des politiques publiques se mettaient en place qui devaient déboucher sur la création d'un ministère de la Jeunesse. Dans les partis politiques et les syndicats, les aspirations et revendications des générations montantes tenaient à présent une place non négligeable. Pour ces jeunes, les difficultés ne manquaient en effet pas. Les prémisses de la massification mettaient en évidence l'inadaptation du système scolaire à les accueillir convenablement. Pour les jeunes travailleurs, l'âge créait davantage d'obstacles qu'il n'en résolvait. Surtout, nés au temps des " classes creuses ", ces jeunes formèrent aussi une génération de la double guerre, celle qu'ils connurent enfants dans les affres de la défaite et de l'occupation, et celle qui hanta et happa leur jeunesse, la guerre d'Algérie. Tout cela justifie qu'on n'accole pas à leurs vingt ans le qualificatif éculé de " plus bel âge ".

09/2007

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Mer

Phares de Normandie

Tout le littoral normand, de la Bresle au Mont - Saint - Michel, est riche d'une histoire maritime extrêmement florissante. Le trafic en Manche, qu'il soit commercial, militaire ou de pêche, a toujours été très riche et très précoce, si bien qu'au XVIIe siècle la Normandie disposait de la signalisation maritime la plus complète de France. La falaise normande comporte quelques phares de première importance (Ailly, Antifer...), l'estuaire de la Seine des phares de premier ordre (la Hève, Le Havre...), ainsi que deux phares en mer (la Hague, Sénéquet). Très rapidement la Normandie devient un littoral d'innovation technique (électricité, hyperradiante, bouée lumineuse...) car il est facile pour les ingénieurs des phares en poste à Paris de se rendre sur place pour suivre les expériences menées. En 1836, c'est dans la Manche à Réville qu'est construite la première maison phare française, une innovation pour loger les gardiens. C'est cette histoire passionnante des phares sur le littoral normand que nous font découvrir les auteurs, grâce à un magnifique reportage et à des documents d'époque, antérieurs aux terribles destructions de la Seconde Guerre mondiale.

06/2013

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Littérature française

La Semaine perpétuelle

"La semaine perpétuelle est un milliard de vagues, de surprises, de bonheurs, de rires et d'attentions". Diacritik Le père rêve d'une éponge qui lave le passé. La mère est partie, il dit qu'elle n'existe plus. Sorti du monde, le fils poste des vidéos sur Internet et il écrit des poèmes. La fille ne supporte pas la réalité trop proche et toutes ces personnes qui avancent avec leurs millions de détails. La grand-mère entend les clignements et les soupirs de chaque moustique. Tout ce qui leur arrive est dans l'ordre du monde. La Semaine perpétuelle est d'abord un livre sur les gens d'Internet. Ecriture animiste, où toutes les choses du monde peuvent parler. Un livre à la vivacité poétique frappante. Laura Vazquez est née en 1986. Son premier roman, La Semaine perpétuelle (Editions du sous-sol), a reçu la mention spéciale du jury du prix Wepler 2021 et son recueil de poèmes, La Main de la main, publié au Cheyne, a reçu le prix de la vocation en 2014. Son anthologie Vous êtes de moins en moins réels est disponible en "Points Poésie" .

10/2022

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Histoire de France

1914-1919 ceux qui protestaient

1914-1918 fut un intermède belliciste entre deux époques marquées par un fort rejet de la guerre. En 1914 il ne fallut que quelques jours pour que les très nombreuses voix pacifistes qui s'élevaient dans tous les milieux et parmi toutes les sensibilités politiques soient submergées par la vague de violence qui déferlait sur l'Europe. En 1918 l'évidence du désastre et le deuil immense qu'il avait provoqué redonnèrent à ces voix toute leur pertinence et leur poids. Bien des années après, l'influence de ces idées se fait encore sentir dans l'historiographie, au point d'affecter l'analyse de la contestation pendant la durée même du conflit. Galit Haddad reprend donc cette question à nouveaux frais. Elle s'affranchit de la politique et de l'idéologie en questionnant la protestation en tant que phénomène culturel, à travers une analyse du discours des contestataires, combattants et civils, homme ou femmes. Elle décrypte l'argumentaire qu'ils déploient dans un contexte qui leur est hostile, marqué par la répression et les arrestations, ainsi que les rythmes suivis par ce mouvement multiforme. Mais, surtout, elle y expose une découverte qui fera date : il est impossible de comprendre le phénomène de la protestation sans le relier aux idées que se formaient les acteurs sur la durée de la guerre et sur les perspectives de défaite ou de victoire. Ainsi, à partir du moment où la contre-offensive alliée de juillet 1918 ouvre le chemin du succès final, la contestation combattante disparaît de l'armée française. Débarrassée de ses préjugés, cette analyse de la protestation permet au lecteur de rejoindre combattants et civils dans leurs angoisses et leurs espérances d'êtres ordinaires confrontés à un drame qui les dépasse.

03/2012

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Littérature française

Immortelles

Florence, Suzanne, Judith. Elles forment une sarabande dans ma tête. Leur amitié m'a construite et m'a rendu différente. Avec elles, j'ai ressenti ce à quoi nous ne pensions jamais, ce que vivre signifiait. Une nuit d'été, la narratrice se réveille, submergée par une vague de souvenirs qu'elle croyait enfouis dans l'oubli. Sous ses yeux défilent alors les vies des trois amies avec qui elle a grandi, trois femmes aux destins poignants, trois parties d'elle aussi, qu'elle rassemble soudain. Il y a Florence, « la collectionneuse » d'hommes, rencontrée à Avignon parmi la foule venue applaudir Vilar et Béjart, la bohème moderne toujours entourée de comédiens ou d'artistes fantasques, de drogues et de musique. Suzanne, l'affranchie avec qui elle part à Barcelone goûter aux plaisirs d'une existence risquée, qu'elle suit un temps à la clinique de la Borde, aux côtés de Guattari et de Basaglia, et à qui toujours elle écrira, jusqu'en Afrique, où « la gitane » est partie soigner d'autres âmes. Il y a Judith, enfin, l'enfant de Buenos Aires, dont le passé remonte jusqu'au ghetto de Varsovie et que le destin a ramenée à Paris. Judith l'amoureuse, la timide, la studieuse, connue sur les bancs de Jussieu entre un séminaire de Deleuze et un cours de Kristeva, avec qui elle partage l'amour de la pensée. Avec elles, la narratrice a connu l'innocence, l'éveil sexuel, la violence du réel et les désillusions. Se souvenir de leurs visages et de leurs vies, c'est revenir sur les marches de la jeunesse, au pied de l'âge adulte, et replonger dans cette France des années 60-70, encore pleine de liberté et de fougue. Un hymne à l'amitié féminine.

08/2013

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Littérature française

Postérité

"Eh bien, voilà : tout le monde est tranquille sur les plages, c'est le train-train des, familles et des livres qui n'ont pas plus d'importance que des crèmes de bronzage, quand, tout à coup... Un cri ! Une vague de cris ! Le requin est là, il happe et déchiquette les mamans, les grands-parents, les enfants, l'eau est rouge de sang, c'est affreux, le soleil bascule". Un livre-pirate, à pavillon noir, entré en douce dans la baie ? Oui, l'innommable "Postérit", de Philippe Muray : 438 pages de fiction furieuse, déchaînée, tassée, claire, lisible - mais il faut vouloir lire ! Le narrateur, Jean-Sébastien, est correcteur d'épreuves dans une maison d'édition, le BEST. Cette entreprise est une usine de fabrication de livres en tous genres ; sujets programmés à l'avance, vedettes venant demander d'être écrites par une équipe de nègres spécialisés. Le patron s'appelle Bauquer. Les deux principaux "écrivains" (avec IBM), Alex et Parneix. Leurs femmes, compagnes ou concubines : Angélique, Minisy, Selma, Camille. Les livres se succèdent à une cadence infernale, il faut couvrir tous les thèmes, dossiers confidentiels, astrologie, spiritisme, pornographie, espionnage, biographies, magie, alchimie, histoire enchantée, romans hypercommerciaux. Tous ces mots à consommer et qui ne sont pas faits pour durer, tous ces "succès du mois" sont avalés et traités par la machine dont la description ouvre le livre, la Cameron : "La vérité, c'est la machine. Et la machine se fout éperdument des longs placards imprimés qu'elle fait gicler sur ses tapis roulants, à travers ses pinces, ses rouages, ses broches, ses trépidations de pilon..." Bien. Pour Muray, on le voit, pas de nuances : la littérature est terminée, depuis longtemps, il n'y a plus que de la substance industrielle à fantasmes. La "pente" de l'édition est là, entre la clinique et le laminoir".

05/2014

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Histoire internationale

Relégué en page 7. Quand le New York Times fermait les yeux sur la Shoah

Le sait-on ? Le plus grand journal de tous les temps a fermé les yeux sur le plus grand massacre de tous les temps. Laurel Leff enquête sur ce qui a pu mener le Times à minorer systématiquement les informations sur le sort des Juifs d'Europe entre 1939 et 1945. Ainsi, le 27 août 1943, un article annonçant l'anéantissement de trois millions de Juifs " par la famine, le travail forcé, les déportations, les pogroms et les meurtres méthodiques, dans des centres d'extermination régis par les Allemands ", a été publié en bas de la page 7 plutôt qu'en " une ". Les journalistes doutaient-ils de la véracité de l'information ? Souhaitaient-ils dissimuler ces accablantes nouvelles ? Ni l'un ni l'autre. C'est la crainte de manifester un intérêt trop marqué pour les Juifs qui semble avoir dicté cette politique éditoriale. Issu d'une famille patricienne de la côte Est, Arthur Hays Sulzberger, le patron du Times, est un Juif très assimilé. A priori, on pourrait penser que nul ne serait plus motivé que lui pour dénoncer la Shoah aux lecteurs de son journal et - par l'influence profonde du Times sur les autres médias - au public américain en général. Pourtant, lui et ses journalistes hésitent à brandir les faits sous le nez d'un establishment américain dont ils savent qu'il n'est pas immunisé contre l'antisémitisme, et qui sera prompt à les soupçonner de communautarisme - un soupçon qui pourrait être fatal à la crédibilité du New York Times. Et c'est ainsi que les victimes furent trahies par ceux-là même qui étaient le mieux placés pour faire connaître leur martyre.

10/2007

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Sociologie

Sociologie du risque

La notion de risque a aujourd'hui fait fortune. Remontant au XIVe siècle, le mot est à présent utilisé pour désigner des phénomènes aussi disparates que les OGM, la vache folle, la radioactivité autour de La Hague, le sida ou les accidents de la route... Le risque, devenu social, technologique, écologique, sanitaire, a son vocabulaire : majeur ou diffus, choisi ou subi, maîtrisé ou " managé " ; et ses professionnels : ingénieurs, mais aussi économistes, psychologues et sociologues. Pour certains d'entre eux, là réside l'originalité des sociétés contemporaines, qui seraient des " sociétés du risque ". L'ouvrage, qui retrace l'émergence de la notion, s'interroge sur la construction contemporaine du risque : Est-il aussi moderne qu'on le dit ? La perception des risques échappe-t-elle aux influences sociales et culturelles ? Evidemment non. Toutefois, si les inquiétudes du public ne se calquent pas sur celles des experts (qu'il s'agisse du nucléaire ou de la vache folle, par exemple), elles n'en sont pas pour autant irrationnelles. Ainsi, l'auteur souligne la rationalité propre aux perceptions et aux comportements individuels, et, en retour, interroge les catégorisations " objectives " des experts, qui désignent des comportements et des groupes " à risques ".

11/2000

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Philosophie

Durée et simultanéité

Le premier article d'Einstein sur la théorie de la relativité date de 1905, mais ce n'est que dans les années 1920 que la relativité connaît une immense vogue publique et fait l'objet d'exégèses sans fin. Dans ce contexte, Bergson, alors le maître du temps philosophique, publie en 1922 Durée et simultanéité, avec pour sous-titre A propos de la théorie d'Einstein. Il y développe une évaluation critique de l'impact de la relativité einsteinienne du point de vue de sa propre conception du temps, ou plutôt de la "durée". L'ouvrage déclenche d'assez vives polémiques entre Bergson et les physiciens, et les philosophes qui s'intéressent à la question prennent prudemment leurs distances. On accuse Bergson d'avoir échoué à comprendre la physique du temps relativiste. Pourtant, par-delà ses méprises, l'ouvrage déploie nombre de réflexions qui méritent une attention particulière dans une perspective non seulement métaphysique, mais aussi épistémologique. Car, comme l'écrit Bergson, "une fois admise la théorie de la relativité en tant que théorie physique, tout n'est pas fini. Il reste à déterminer la signification philosophique des concepts qu'elle introduit".

01/2021