Recherche

Identity

Extraits

ActuaLitté

Droits des étrangers

La demande d'asile des mineures et mineurs isolés étrangers

Le droit d'asile est un droit fondamental : il n'est pas nécessaire d'être majeur pour déposer une demande. Le ou la mineure qu'elle soit isolée ou accompagnée de sa famille peut solliciter une protection au titre de l'asile. Mais peu de jeunes sont informés de ce droit. Les mineures et les mineurs isolés étrangers (MIE), ou non accompagnés (MNA), n'ont pas de représentants légaux sur le territoire ou d'adultes désignés pour les prendre en charge durablement. Du fait de leur isolement, ils sont en danger et doivent, à ce titre, bénéficier du dispositif de protection de l'enfance confié aux départements et à leur service spécialisé, l'Aide sociale à l'enfance (ASE). La mise en place de mesures de protection de l'enfance ne fait pas obstacle à ce que leur soit accordée une protection au titre de l'asile s'il existe des risques de persécutions ou de menaces graves dans leur pays d'origine. Ainsi, la protection au titre de l'asile vient s'ajouter à la protection prévue pour les enfants en danger ; elle ne la remplace pas. Il est impératif de s'interroger sur l'opportunité de déposer une demande d'asile, que la ou le mineur soit pris en charge ou non par l'ASE. Il est également fondamental d'expliquer à ces jeunes ce qu'est l'asile et ce qu'implique la reconnaissance d'une telle protection. En effet, déposer une demande d'asile a des conséquences directes sur les relations avec les autorités du pays d'origine : une personne qui sollicite l'asile n'est pas censée entrer en contact avec ces autorités, en particulier pour obtenir des documents d'identité ou d'état civil. Une telle démarche constituerait un acte d'allégeance envers ces mêmes autorités et nuirait à la demande d'asile. Cette publication tente donc d'identifier les principales situations dans lesquelles un ou une mineure a tout intérêt à solliciter l'asile pendant sa minorité ainsi que les protections auxquelles il ou elle peut prétendre. Elle présente des différentes étapes de la procédure d'asile et précise les conditions dans lesquelles le ou la mineure pourra obtenir un titre de séjour, exercer ses droits ou faire venir des membres de sa famille. Ce cahier juridique ne traite pas de la demande d'asile effectuée en zone d'attente ou en centre de rétention, ni de la demande d'apatridie.

06/2022

ActuaLitté

Poésie

La Licorne Bleue d'hier à aujourd'hui

Le temps n'est qu'un grain de poussière dans un sablier. Il emporte dans son au-delà et imprègne les murs de la vie. Pour la Licorne, les Anges et les Fées, ce qui importent ce sont les attentions. Les révélées, les cachées, celles qui se font derrière la porte : les doux secrets. J'ai connu des personnes à l'âme si belle que pour elles, j'ai arrêté mon temps, et me suis ouverte à eux en de multiples attentions : Matitia (mon Booz), mon ami Amir, Monique, qui m'ont fait découvrir mon appartenance intime avec le judaïsme. Cette licorne (bleue) vous fait rejoindre votre intimité, votre identité la plus profonde. Pour une fois, j'ai appris quelque chose sur moi et j'ai obtenu une réponse. Mais également des interrogations sur les relations de l'espace et de l'être intérieur. Lequel se développe-t'il plus vite ? Jusqu'à quel(s) point(s) sont ils interdépendants ? Si le temps est scandé par de grands événements qui font la vie, il est bon d'admettre que les autres, le monde génèrent eux aussi de grands événements. Mais il faut également penser à tous ces petits instants du quotidien qui font la vie de tout un chacun, mortel et pas assez immortel pour refuser le temps. Malgré le vent, la neige, les rafales, j'ai malgré mon judaïsme passé des Noël pleins d'amour et j'ai ressenti un fragment du sacré chrétien. Ainsi j'ai fait la différence avec ceux qui sont comme le vent et ... les aures. Il y a les êtres fleuris qui ancrent l'espoir dans vos jardins intérieurs et qui tels le roseau se plient mais ne romptent pas devant les rafales de vent ; parfois même devant ces bourrasques les fleurs de la vie, laissent s'envoler leurs graines dans les vents même les plus terribles. C'est ainsi que j'observe mon existence : du vent et des fleurs, des abîmes ténébreux remplis soufainement, magistralement on ne sait (par quelle magie ? ) par la lumière. Alors dans ma vie est entrée la providence, et avec elle, l'amour... . . Et, j'ai vu mes forces grandir et vécu l'intimité de la nuit même bleue. Depuis ces instants ... . j'ai compris que la vie avait ses obligations, ses devoirs, ses lois, et que l'on pouvait tout gagner au nom de l'espoir. Il en est ainsi du destin de bien des peuples et/ou des êtres opprimés. La licorne bleue d'hier à aujourd'hui porte à chaque instant sous ses sabots de feu, le fulgurant espoir qui fait bien souvent survire et vivre envers et contre tout. Tous les matins où je m'éveille, je me dis : "S'il faut", j'irai dans la plaine de mon destin pour éc

12/2019

ActuaLitté

Santé, diététique, beauté

Alzheimer

C'est l'une des maladies les plus craintes par les Français, mais aussi l'une de celles que le public connait le moins. C'est le grand mal du siècle, appelé à devenir dans les prochaines années la première préoccupation de santé de nos sociétés, mais un mal que la Recherche et la médecine ne savent pas encore soigner. Pourtant, à terme, il est probable que chacun connaîtra, dans son entourage, un proche atteint de la maladie d'Alzheimer. Les chiffres sont connus : 47 millions de cas de démence dans le monde, plus de 800 000 patients en France, 140 000 nouveaux cas chaque année, avec la perspective de voir ces chiffres doubler d'ici l'an 2030. Près de 20 % des sujets âgés de plus 80 ans en sont atteints. Les syndromes aussi : troubles de la mémoire, perte d'autonomie, démence, apathie progressive. Mais qu'est-ce, précisément, que cette maladie qui nous vole ce que nous avons de plus précieux, nos souvenirs et notre identité ? Qu'est-ce qui, dans le cerveau, dysfonctionne ? Comment la diagnostique-t-on ? Oublier le nom d'untel ou un mot doit-il suffire à nous alarmer ? Et comment la soigne-t-on ? Où en est la recherche ? Un médicament pourrait-il un jour être trouvé ou faut-il nous résoudre à voir de plus en plus d'hommes et de femmes sombrer dans l'oubli ? Quel sera alors le rôle de l'Etat ? Pour répondre à ces questions, et pour la première fois, le spécialiste de la maladie d'Alzheimer, le neurologue Bruno Dubois prend la parole et nous dit tout. Ce qu'est la maladie (I) : comment elle affecte les patients, l'entourage et la société. Comment on la prend en charge, ce que la société en sait. Son histoire (II) : du premier cas diagnostiqué par Alois Alzheimer aux différents plans présidentiels en passant par les aventures médicales et scientifiques qui ont permis de mieux la cerner. Ce que nous pouvons espérer (III). Le suivre dans cette épopée scientifique et ce cours magistral, c'est partager l'expérience d'un neurologue chevronné qui a contribué à définir la maladie pour mieux la vaincre ; comment il a dû se battre pour la faire reconnaitre comme une maladie spécifique, pour obtenir certains appareils nécessaires au diagnostic, pour informer aussi, et aller contre les inepties relayées par les médias, d'après lesquelles un carré de chocolat pourrait prévenir ou même guérir ; comment il se bat aujourd'hui pour lever des fonds. Dans cet ouvrage passionnant, il met enfin des mots sur cette maladie redoutée et livre sans fard toute la vérité sur Alzheimer. Un document choc, nécessaire.

09/2019

ActuaLitté

Psychologie, psychanalyse

Ecouter la filiation. Clinique et technique en thérapie familiale psychanalytique

Le mot filiation au XIIIe siècle, du latin filiatio, était lié à l'ascendance, à la généalogie et à la lignée. Plus tard, au XVe siècle, ce mot s'apparentait à la parentèle, au parentage, au lignage et à la lignée descendante, c'est-à-dire à la question de la postériorité. C'est dans ce même temps qu'il commence à se différencier le degré de parenté : parents proches, parents éloignés, faisant apparaître différents types de filiation : légitime, naturelle, adoptive, maternelle ou paternelle. La filiation est un thème central et actuel pour pouvoir penser les problèmes du temps présent où la technologie pourra introduire de nouvelles variables dans la question des origines et de la descendance, ce qui rendra nécessairement plus complexe l'identité de la famille. Mais pour pouvoir apprendre à écouter la filiation familiale entre enfants et parents et entre frères et soeurs, nous devons définir le champ théorique et clinique à partir duquel on écoute. Ce travail permet de comprendre les racines qui fondent les filiations familiales dans ses relations intergénérationnelles, intragénérationnelles et transgénérationnelles. Le lien de filiation est un organisateur généalogique car il établit un ordre ascendant et un descendant entre les générations. La différence du corps, les différences entre les générations, est régie par le tabou de l'inceste, créant une forme d'échange entre différentes origines filiatives. Les différences de sexuation varient selon les représentations culturelles de la sexualité. La dernière partie de l'ouvrage fait référence aux aspects techniques du travail au sein de la thérapie familiale psychanalytique. L'analyse de la dynamique familiale nécessite la mise en place d'éléments constants : il s'agit de la mise en place d'un champ d'écoute dans lequel tous ou certains membres de la famille de générations différentes sont présents et d'un thérapeute est capable de les écouter. A la fin de chaque chapitre, le lecteur retrouvera un vocabulaire à retenir, dont l'objet est de faciliter l'appropriation de concepts clés, pour aider les cliniciens dans ces réflexions. Ce travail final m'a aidé à rattraper les séquences dans la présentation de chaque unité de lecture. Ainsi différents graphiques au long du texte ont aussi l'objet d'accompagner les concepts par des images. Unité 1 : L'écoute groupale familiale Unité 2 : L'écoute de la filiation en psychanalyse familiale Unité 3 : Transmission familiale et temporalité Unité 4 : Les blessures de la filiation Unité 5 : Transmission de la filiation du corps familiale Unité 6 : La trame des secrets Unité 7 : Méthodes de l'écoute groupale familiale Unité 8 : Formes d'expression des liens et médiations culturelles en thérapie familiale psychanalytique Unité 9 : Les médiations culturelles en thérapie familiale psychanalytique

01/2021

ActuaLitté

Littérature étrangère

No no boy

Seattle, début 1946. Ichiro Yamada, jeune Américain d'origine japonaise rentre enfin chez lui. Après avoir passé deux ans dans l'un des camps créés à la suite de l'attaque de Pearl Harbor pour interner les 100 000 membres de la communauté japonaise-américaine, il a écopé de deux ans de prison pour avoir refusé d'être incorporé dans l'armée américaine. Seattle, début 1946. Ichiro Yamada, jeune Américain d'origine japonaise (un nisei, " deuxième génération " en japonais) rentre enfin chez lui. Après avoir passé deux ans dans l'un des camps créés à la suite de l'attaque de Pearl Harbor pour interner les 100 000 membres de la communauté japonaise-américaine, il a écopé de deux ans de prison pour avoir refusé d'être incorporé dans l'armée américaine. Dans les semaines qui suivent son retour, et malgré l'accueil chaleureux de ses parents (notamment de sa mère qui, dérivant lentement vers la folie, s'imagine que le Japon a gagné la guerre), Ichiro prend la mesure de son statut spécifique. Il tente de redéfinir son identité et de retrouver sa place dans un pays qui, pense-t-il, l'a trahi - et qu'il a trahi. Méprisé par ses camarades nisei et par son frère cadet qui ont fait le choix de s'enrôler dans l'armée, il est pourtant son plus féroce contempteur. Au cours d'une longue errance entre Seattle et Portland et au fil de diverses rencontres, il tente de faire la paix avec lui-même et avec le choix qui l'a mené en prison. Alternance de monologues intérieurs incantatoires et rageurs et de dialogues laconiques dignes d'un film noir, évocation lucide d'une Amérique d'après-guerre où les tensions raciales ne s'apaisent jamais, No no boy met en lumière un aspect historique encore méconnu : le difficile retour à la liberté des citoyens américains d'origine japonaise après la guerre. A propos du titre : le double " non " fait référence au questionnaire que le ministère de la Guerre fit remplir en 1942-1943 aux jeunes Japonais-Américains de deuxième génération internés. Les questions n° 27 et 28 étaient destinées à tester leur loyauté envers les Etats-Unis. N°27 : Etes-vous prêt à rejoindre les forces armées des Etats-Unis et à participer aux combats lorsque cela vous sera demandé ? N°28 : Etes-vous disposé à prêter allégeance aux Etats-Unis d'Amérique et à les défendre en toute loyauté contre toute attaque par des forces étrangères ou nationales, et à renoncer à toute autre forme de soumission ou d'obéissance à l'empereur du Japon ou à d'autres gouvernements, puissances ou organisations étrangères ? Répondre non à ces deux questions était synonyme d'incarcération.

10/2020

ActuaLitté

Sciences politiques

Pouvoir(s). Expressions et représentations, Textes en français et en espagnol

Dans le troisième livre de sa Politique, Aristote rappelle que le pouvoir régit les relations humaines entre les individus, au sein de la cité ou de la famille. L'équilibre et l'exercice du pouvoir semblent alors se construire sur le fait que celui qui ne peut pas, ou ne sait pas, l'exercer doit le subir. Le pouvoir semble ainsi renvoyer à une norme sociale, universelle qui doit être valable et acceptée par tous, de sorte que son exercice ne peut faire abstraction des répercussions qu'il peut avoir sur une tierce personne. C'est dans ce contexte qu'apparaît la problématique de la minorité et de son identification, surtout lorsqu'elle peut, tour à tour, exercer, subir, influencer ou enrichir le pouvoir établi. Considéré, avec la notion de culture, comme un des fondements des relations humaines, le pouvoir présente la double facette, de celui qui l'exerce et de celui qui le subit. Dans des situations conflictuelles ou de mutation sociale ou culturelle, il peut aussi se référer à ceux qui s'y opposent ou qui ne le reconnaissent pas comme un référent absolu. Il s'agit alors d'aborder les manifestations qui altèrent la norme imposée et qui peuvent être qualifiées de dissidentes, d'hérétiques, d'avant-gardistes, voire de marginales, selon le domaine où elles s'expriment. L'identité de ceux qui soutiennent ce contre-pouvoir devient par conséquent une thématique adjacente à la notion même de pouvoir. Les différentes crises politiques et sociales qui ont marqué l'Europe et le continent américain depuis 2010, ont motivé l'organisation du colloque interdisciplinaire Pouvoir(s) : Expressions et représentations (mars 2015, UVHC). Les mouvements nationalistes séparatistes, les confrontations religieuses et les revendications sociales portées par de nouveaux partis politiques qui ont caractérisé le début du XXIème siècle, cherchent souvent à justifier leurs revendications par des références à des situations historiques plus ou moins lointaines. Les arguments proposés par ceux qui exercent le pouvoir autant que par ceux qui s'y opposent, s'inscrivent alors dans des domaines hétérogènes qui embrassent presque toutes les activités humaines. Les actes du colloque ici publiées reprennent les réflexions des différents intervenants sur la notion de pouvoir dans les aires géographiques anglophone et hispanophone. Les domaines abordés sont aussi bien politiques et religieux qu'économiques ou culturels. Les différents travaux recueillis dans cet ouvrage proposent des approches historiques, littéraires et linguistiques pour tenter d'établir les rapports de force qui demeurent sous-jacents dans l'exercice du pouvoir. Aussi, les notions complémentaires de contre-pouvoir, de minorité, de dissidence, de marginalité, d'avant-garde ou de manipulation sont abordées dans les domaines politiques, artistiques, économiques ou sociaux.

05/2019

ActuaLitté

Littérature étrangère

A malin, malin et demi

Douglas Raymer est chef de la police de North Bath, ancienne cité industrielle du New Jersey mal remise de la crise, voisine de la si pimpante Schuyler. Quand Dougie était collégien, sa professeur d'anglais écrivait dans les marges de ses rédactions : "Qui es-tu, Douglas ?". Trente ans plus tard, Raymer n'a pas bougé de Bath et il ne sait toujours pas répondre à la question. Qui est-il ? Dégarni, certes, enclin à l'embonpoint, veuf d'une femme qui s'apprêtait à le quitter. Pour qui ? Voilà une autre question qui torture Raymer. Car depuis la mort accidentelle de Becka, ce policier élu à la tête de son district presque malgré lui vit dans un brouillard, tout juste égayé par la présence de son assistante, la jeune Charice, policière noire fière de son identité. De l'autre côté de la ville, un septuagénaire passe sa retraite sur un tabouret de bar. Sully connaît tout Bath et tout Bath connaît Sully : buveur, fumeur, aussi sarcastique et rusé qu'un vieux loup de mer. Mais comment garder son flegme lorsque résonne encore le diagnostic des cardiologues : "Deux années, grand maximum" ? En regardant, peut-être, les gens passer. Or pour cela, Sully a l'embarras du choix. Il y a Rub, son acolyte bègue ; Carl, le magnat de la ville, qui passe ses nuits devant des films X dans l'espoir de retrouver sa forme d'avant-prostatite. Jerome, le frère jumeau de Charice, maniaque, amoureux de la syntaxe et de sa Mustang rouge. Alice, la femme du maire, qui passe des coups de fil imaginaires depuis un téléphone cassé. Zack, le mari de Ruth, qui collectionne les vieux objets déglingués. Leur fille Janey, menacée par son ancien mari cogneur, à peine sorti de derrière les barreaux. Et puis Rub le chien, qui mordille son pénis en permanence... En quarante-huit heures d'un été torride qui voient - entre autres péripéties - Douglas Raymer s'évanouir au fond d'une tombe, un bâtiment du centre-ville s'écrouler mystérieusement et un cobra s'échapper d'un élevage clandestin, tout ce petit monde à la dérive va se retrouver bouleversé. De courses-poursuites en confessions, de bagarres en révélations, Raymer, Charice, Sully et les autres vont apprendre à affronter les grandes misères de leurs petites existences. Avec la virtuosité qu'on lui connaît, l'auteur du Déclin de l'Empire Whiting revient au roman pur dans cette symphonie humaine féroce et déjantée qui tient autant de Philip Roth que de David Lodge. Fidèle à la ville de North Bath, Russo pose sur ses habitants un regard caustique mais jamais perfide, qui déshabille la sexualité des uns, les frustrations des autres, et place toujours une lumière au bout du tunnel.

08/2017

ActuaLitté

Littérature étrangère

Le prisonnier du ciel

Barcelone, 1957. Les membres de la librairie Sempere & fils - Daniel, sa femme Béa, son père et son complice de toujours, Fermín Romero de Torres - s'apprêtent à célébrer Noël. Fermín prépare son mariage, pourtant quelque chose le tourmente. Malgré l'insistance de Daniel, il refuse de se confier. Tout change le jour où un inquiétant personnage se présente à la librairie. Après avoir acheté une édition rare du Comte de Monte Cristo, il la dédicace à Fermín. Mais pourquoi signe-t-il du patronyme de ce dernier ? Et quels sont ces secrets qu'il menace de dévoiler ? Poussé dans ses retranchements par Daniel, Fermín lève le voile sur les années les plus terribles de son existence. 1939. La guerre civile, commencée en 1936, vient de se terminer avec la victoire franquiste. Dans la forteresse de Montjuïc, prison damnée qui domine Barcelone, croupissent une poignée d'opposants au régime. Fermín fait partie de ce groupe d'hommes haut en couleur, amateurs de blagues et solidaires les uns des autres. Très vite, il se lie avec son plus proche voisin, David Martín, l'écrivain de La Ville des maudits. David Martín, un être à moitié fou, comme possédé par une âme étrangère à la sienne, fait l'objet d'une surveillance très spéciale de la part du directeur. Grand lecteur, romancier à succès, il a l'habitude d'égayer les journées de ses compagnons en leur racontant des histoires. Salgado, le camarade de cellule de Fermín, est d'une autre trempe : criminel endurci, il a assassiné toute une famille pour lui voler ses millions. Malgré les tortures répétées, il refuse de révéler où il a caché son trésor. Après une séance particulièrement violente, Salgado, en plein délire, dévoile malgré lui à Fermín l'endroit où il a caché la clef qui doit conduire à l'argent. Aidé par Martín, Fermín concocte son évasion. Il vole la clef de Salgado, puis, imitant le comte de Monte Cristo, il se fait passer pour mort et se glisse dans le sac destiné aux cadavres. Une fois son évasion réussie, Fermín se forge une nouvelle identité. Après avoir cherché, en vain, le lieu du trésor, il choisit de mener une existence tranquille auprès de ses amis de la librairie Sempere. Mais, au bout de dix-huit ans, le mystérieux inconnu qui ressemble tant à Salgado vient lui demander des comptes. Une lutte pleine de haine et de peur s'engage entre eux. Des secrets de sinistre mémoire remontent du passé, les protagonistes qui, dans l'ombre, continuent à tirer les ficelles, se mettent en mouvement. Le bonheur des uns, la vie des autres et peut-être même l'existence du Cimetière des Livres Oubliés sont menacés.

11/2012

ActuaLitté

Manga guides et revues

Atom N° 16

La capitale japonaise vue par les plus grands mangakas Temple de la pop culture, gigantesque incubateur de nouvelles tendances, capitale culinaire incontournable, ville-phénix en constante mutation... Tokyo demeure cet inaltérable objet de fascination, à la fois pour ses visiteurs du monde entier comme pour ses habitants. En attendant de pouvoir arpenter à nouveau ses rues, ATOM vous propose une visite guidée de la capitale japonaise à travers le regard des grands mangakas qui y vivent, la racontent, la dessinent, l'aiment et parfois la détestent dans ce numéro événement de 244 pages au lieu des 132 habituelles ! Une couverture exclusive et une affiche dessinées par Minetarô Mochizuki Auteur de Dragon Head (Pika), Maiwai (Pika), Tokyo Kaidô et Chiisakobé (Le Lézard noir), Minetarô Mochizuki nous a fait l'honneur d'une illustration exclusive, vision apaisée et colorée de la ville de Tokyo. Un dessin à retrouver en couverture, bien sûr, mais aussi sur l'affiche Collector au format A3, imprimée sur du papier Fedrigoni 215 g et limitée à 300 exemplaires, disponible uniquement pour cette campagne. Voilà un objet de choix pour les lectrices et lecteurs esthètes que vous êtes ! Toutes les facettes de Tokyo Tokyo à l'ère Edo, Tokyo durant la Seconde Guerre mondiale, Tokyo de la reconstruction, Tokyo en pleine expansion à l'aube des Jeux olympiques de 1964, Tokyo de la révolte étudiante de 68, Tokyo de la bulle économique des années 80, Tokyo by night, Tokyo des adolescents en quête d'identité et des adultes désenchantés, Tokyo girly, chic, otaku ou pop, Tokyo LGBT, Tokyo futuriste, Tokyo post-apocalyptique... Toutes les facettes de la mégapole japonaise sont abordées au gré d'entretiens-fleuves inédits avec les mangakas et les experts Minetarô Mochizuki, Inio Asano, Santa Inoue, Shôhei Manabe, Tomoko Oshima, Masakazu Ishiguro, Baron Yoshimoto, Sansuke Yamada, Gengoroh Tagame, Tokushige Kawakatsu, ainsi que les curateurs de la prochaine grande exposition consacrée à la ville de Tokyo, Manga Moshimo Tokyo, prévue à l'été 2021. Vous retrouverez également dans ce numéro exceptionnel un entretien inédit avec le mangaka, dans lequel il revient sur son rapport à Tokyo, intime et artistique. Des dossiers thématiques viendront également apporter un éclairage pertinent sur Tokyo et son histoire : Tokyo d'avant-guerre chez Suehiro Maruo, Tokyo chic des années 2000 chez Akiko Higashimura, Tokyo nocturne chez Moyoco Anno, Kazuo Kamimura et George Akiyama... Avec une prépublication inédite de la dernière série de Shôhei Manabe ! Auteur du noirissime Ushijima, l'usurier de l'ombre (Kana), Shôhei Manabe nous a fait l'insigne honneur d'accepter d'être prépublié dans ce numéro événement. Vous retrouverez ainsi en exclusivité le premier chapitre intégralement traduit en français (par Thibaud Desbief) de sa nouvelle série-choc Kujô no Taizai, dans laquelle il raconte les (més)aventures d'un avocat tokyoïte spécialisé dans les affaires explosives.

02/2021

ActuaLitté

Sciences historiques

La fabrique du sexe. Essai sur le corps et le genre en Occident

L'Occident, comme toute civilisation, n'a cessé depuis les origines de s'interroger sur la différence des sexes. Mais parle-t-on de l'homme et de la femme que l'on n'a encore rien dit : se réfère-t-on au genre - définition culturelle par des qualités morales, affectives, sociales... - ou au sexe - définition par des spécificités anatomiques ? Jamais, en effet, les deux notions ne se recouvrirent. Dès l'Antiquité, Aristote, par la définition de l'ordre des êtres, et Galien, par la définition du corpus anatomique, fondent le modèle du sexe unique, qui sera dominant jusqu'au XVIIIe siècle, et dans lequel le genre définit le sexe : hommes et femmes sont rangés suivant leur degré de perfection métaphysique, le long d'un axe dont le sommet de perfection est occupé par l'homme. Au plan anatomique, nulle différence d'organes entre hommes et femmes, sinon que ceux des femmes sont à l'intérieur du corps, non pas à l'extérieur. Le genre est donc un fait immuable de la nature, dicté par la hiérarchie parfaite du cosmos ; le sexe, un effet de conventions, permettant de distinguer utilement dans l'unicité de l'anatomie. Au XVIIIe siècle, émerge l'autre modèle de la différence sexuelle : le modèle des deux sexes, dans lequel, au contraire du premier, le sexe définit le genre : parce que, au niveau de l'anatomie comme de la physiologie, femmes et hommes sont incommensurablement différents, les genres définissent dès lors qualités, vertus et rôles selon des racines biologiques. Le sexe est un fait immuable de la nature ; le genre, un effet du déterminisme biologique dans l'univers des conventions culturelles, politiques, artistiques et sociales. Ces deux modèles, toutefois, ne se succèdent pas dans une histoire linéaire : dès le XVIe siècle, des auteurs posaient l'irréductible différence anatomique ; au XXe siècle encore, d'autres - tel le Freud des Essais sur la théorie sexuelle - pensent la sexualité selon le modèle du sexe unique... Les deux modèles coexistent dans le temps ; si leur prégnance sur les esprits peut être liée à des évolutions générales - économiques, culturelles, sociales - elle ne peut en aucun cas être strictement expliquée par celles-ci, et moins encore par les progrès de la connaissance anatomique qui se moulent le plus souvent dans les représentations dictées par chacun de ces modèles... Écrire sur la différence des sexes contraint-il dès lors à abandonner l'écriture de l'histoire telle qu'on la pratique communément : causalité par l'économie, la société, les mentalités ; succession ; évolution ? Oui, répond Thomas Laqueur, tant le sujet porte sur notre identité perpétuellement redéfinie : " Au fond, la substance du discours de la différence sexuelle ignore l'entrave des faits et demeure aussi libre qu'un jeu de l'esprit. "

12/1992

ActuaLitté

Dessin

Ostende carnets

Ostende - le carnet est l'origine du livre paru quelques semaines plus tôt, la coulisse où le ballet se prépare, la planque reculée d'où l'on peut mieux observer le paysage, la palette où se mélangent les formes, les couleurs, les gestes des personnages et de leur créatrice. Il témoigne d'une oeuvre en gestation, là où Ostende est l'aboutissement de ce travail. Des objets y mutent comme des êtres vivants, des humains évoluent, expérimentent en secret, se découvrent. Des idées naissent, changent, se fixent mais le plus souvent s'y refusent, avant de trouver leur place dans l'oeuvre finale, la série picturale narrative Ostende, que le carnet de Dominique éclaire d'un jour nouveau. Pour nous, lecteurs et lectrices, le carnet en sera aussi l'aboutissement, la clé de lecture et le révélateur. En voyant ce qui, de la vie des personnages et du travail de l'autrice, n'était pas visible dans les peintures, on percevra ce que les personnages projettent entre les murs d'une grange ou derrière les rideaux. On en apprendra plus sur la majorette et ceux qui l'accompagnent, on y verra des corps ou des parties de corps – bustes, fesses, visages, mains – et l'on comprendra peut-être pourquoi Irène exhibe le sien sur les plages Ostende. Ou peut-être ne le comprendra-t-on pas. On verra, mais on sera libre de donner la suite que l'on veut à ces textes et à ces scènes ouvertes à l'interprétation. On retournera le point de vue, pour voir enfin derrière. On verra les formes abstraites d'Ostende naître, fondre, se transformer jusqu'à devenir cristaux, roches molles, matière aux contours flous ou abrupts. On percevra des mouvements, des bruits sourdre paisiblement de l'espace vierge des pages d'un carnet, espace de liberté formelle absolue pour sa détentrice. Plusieurs niveaux de lecture apparaîtront alors. On pourra observer ces changements comme des mouvements primaires que l'oeil reconstitue, récits sans objet quelque part entre l'animation et la séquence, ou chaînon manquant entre le figuratif et l'abstraction. On pourra voir des personnages en train d'être créés et de se créer eux-même une nouvelle identité, cachée, imperceptible mais pourtant bien présente sur les plages d'Ostende. On verra une artiste se chercher, chercher son propos et les techniques appropriées à celui-ci, et une oeuvre se construire par touches successives, du fourmillement de tentatives chaotiques et audacieuses à la sérénité qui fait la force d'Ostende. Et l'on fera, comme elle, des va-et-vient d'un livre à l'autre, d'un format à l'autre, repérant quelles techniques, quelles présences, quelles formes ont retenu son attention, tentant de comprendre ce qui se joue en chacun des êtres et des lieux représentés.

01/2022

ActuaLitté

Histoire internationale

Ouest-Est : dynamiques centre-périphérie entre les deux moitiés du continent. La pluridisciplinarité en pratique dans les sciences humaines et sociales. Travaux de l'Université d'été de Cracovie 29 août-4 septembre 2010

Le choix de l'Europe comme objet d'étude ne relève pas d'une option autocentrée et téléologique visant à démontrer la supériorité du sous-continent à l'égard des autres civilisations. L'Europe est loin d'être un espace homogène, et stéréotypes, hiérarchisations et stigmatisations internes ont accompagné la mise en place des sentiments nationaux. Le couple centre-périphérie innerve à la fois la théorie des clivages politiques nationaux issus des révolutions nationale et industrielle de Stein Rokkan et de Seymour Martin Lipset et la théorie des dominations internationales issues du capitalisme commercial moderne de Fernand Braudel et d'Immanuel Wallerstein. Si ces deux théories semblent structurer des échelles géographiques et des champs axiologiques hétérogènes, elles sont en réalité liées par des ambitions heuristiques convergentes - une explication globale de la mobilisation des ressources européennes et de l'imposition du modèle européen au monde. Toutefois, Rokkan refuse les déterminismes mono-causaux, notamment d'ordre économique ; sa réflexion ne relève d'ailleurs pas de la relation, forcément inégale, mais du clivage, donc de la réaction toujours possible, y compris du faible au fort. Ainsi Rokkan, en ajoutant le critère politico-territorial et culturel au schéma explicatif de Wallerstein, aboutit à une tripartition de l'Europe selon sa culture politique liée au capitalisme somme toute assez proche des modifications apportées par Jenö Szücs à Braudel et à Wallerstein. Grâce à l'adoption de ces modèles multicritères de la tension entre centre et périphérie, les divers groupes qui ont participé à ce programme trisannuel - structuré par l'articulation des couples centre-périphérie et est-ouest européen à la lumière d'une approche multidisciplinaire - ont pu y développer librement leurs approches thématiques. Certains ont choisi la pluridisciplinarité convergeant autour d'un objet heuristique ; d'autres, à l'inverse, se sont rassemblés dans des équipes assez homogènes mais avec une diversité de sujets qui assure la variété des centres d'intérêt ; d'autres, enfin, ont combiné les deux attitudes, assurant l'unité de l'équipe par un dialogue plus subtil entre sujets et disciplines. Nous bouclons ainsi l'évolution de cette Europe au destin de centre mondial, passée par une phase de périphérisation durant la guerre froide et qui prétend aujourd'hui retrouver, au terme de l'échec des Etats-Unis à imposer une nouvelle centralité globale, un rôle de centre régional dans une configuration multipolaire. Dans ce retour à une certaine influence, la pluridisciplinarité vient à l'aide de la prise de décision, car la nouvelle figure de l'Europe, l'Union européenne, est une composition complexe qui doit autant définir une identité (con)fédérale qu'essayer de la proposer comme modèle d'influence à un voisinage par définition proche d'autres pôles et d'autres modèles identitaires.

02/2013

ActuaLitté

Sciences politiques

La Belgique et la France. Amitiés et rivalités

Mus par leurs intérêts économiques, mais aussi par des considérations visant à accroître la sécurité de leurs possessions territoriales, les rois de France pratiquèrent avec persévérance, à travers les siècles, une politique annexionniste des territoires belges. Elle se heurta à la résistance des populations de la Flandre, et provoqua l'opposition des puissances, surtout de la Grande-Bretagne, laquelle n'admettait guère que le port d'Anvers puisse tomber un jour sous l'obédience des autorités de Paris. Consécutivement à la Révolution française qui souleva l'enthousiasme des Liégeois, la Belgique fut annexée pendant une vingtaine d'années à la République française, mais lors de son accession à l'indépendance, Louis-Philippe refusa la couronne royale que les Belges auraient voulu offrir à son fils, le duc de Nemours : le gouvernement de Londres y était opposé. La francisation du pays fut néanmoins activement poursuivie : toute l'administration de l'Etat fut française, alors qu'en Flandre même, la langue et la culture françaises restèrent prédominantes. On soulignait volontiers, à Paris et à Bruxelles, qu'il n'existait pas au monde deux pays qui fussent plus rapprochés que la Belgique et la France par la géographie, par l'activité, par la parenté et par l'amitié. Elles ont pratiqué une politique commune en matière de décolonisation et d'intégration européenne, mais les Belges ont regretté que l'opposition française au transfert de souveraineté ait entraîné un certain retard dans la construction de l'Europe. Entre-temps, la prédominance française engendra la prise de conscience de l'identité néerlandophone qui fut à l'origine d'un vaste mouvement de flamandisation. Alors que l'économie wallonne perdait ses charbonnages et sa sidérurgie, l'économie des Flandres s'engagea dans une vaste expansion, et peu à peu les Flamands réclamèrent la réforme des structures fédérales adoptées en 1970 et l'accroissement substantiel des attributions communautaires au détriment de l'Etat fédéral. Ira-t-on vers un confédéralisme ? L'impact politique du nord du pays s'est considérablement accru : depuis 1979, tous les Premiers ministres de l'Etat belge sont des Flamands. Certains nationalistes flamands prônent carrément la dissolution de l'Etat belge et l'indépendance de la Flandre ; à quoi les extrémistes wallons - très minoritaires - opposent l'idée d'un rattachement de la Wallonie à la France. Capitale de l'Europe, Bruxelles, francophone, freine cet extrémisme et plaide pour le maintien de l'Etat belge. Les autorités françaises ont plus d'une fois assuré qu'elles n'avaient pas la moindre intention d'intervenir dans les affaires politiques internes belges, mais on a noté ces dernières années une très forte pénétration des intérêts économiques français en Belgique.

08/2010

ActuaLitté

Pléiades

Romans

Voici, après les deux tomes consacrés aux Contes et nouvelles, le volume qui rassemble tous les romans de Maupassant, y compris ses deux romans inachevés L'Ame étrangère et L'Angélus. Est-il tout à fait assuré que Maupassant appartienne au naturalisme ? Certes, il s'agit pour lui de trouver la vérité de l'homme non plus seulement dans son esprit (comme au XVIIIe siècle) ou dans quelques types exceptionnels (comme au XIX), certes, Taine et Claude Bernard ne sont pas loin, et Flaubert, fils de médecin : les personnages de Maupassant sont au monde "à travers leur corps", corps immergé dans un milieu qui les explique en partie. Et si - cependant - Maupassant était impressionniste, troublé par l'instant qui passe et les crépuscules qui ramènent les monstres ou les doubles que la nuit profère ? Une vie : Jeanne, l'héroïne, est l'hypostase même de l'absence ; c'est une vie quelconque - la sienne -, mais qui pourrait être la nôtre. Bel-Ami, ou l'homme qui arrive par les femmes dans les milieux bien troubles - et pas tout à fait archaïques - d'un certain journalisme et d'une certaine politique. Mont-Oriol, ou comment un type de médecin crée sa propre clientèle en suscitant la maladie de son malade. Pierre et Jean, ou l'obsession de l'identité. Plus fort que la mort : Olivier Bertin meurt - comme dans Racine - quand il reconnaît dans la fille de sa maîtresse le portrait - comme dans Poe traduit par Baudelaire - qu'il a jadis fait de celle-ci. Mais le portrait, ici, est de chair vivante. Notre coeur, ou la frigide qui tient salon : peut-être le seul roman de Maupassant qui sauve son héros par un recours quelque peu rousseauiste à la fraîche nature. Anatole France écrivait de Maupassant dans sa Vie littéraire : "Son indifférence est égale à celle de la nature : elle m'étonne, elle m'irrite. Je voudrais savoir ce que croit et sent en dedans de lui cet homme impitoyable. Aime-t-il les imbéciles pour leur bêtise ? Aime-t-il le mal pour sa laideur ? Que croit-il de l'homme ? Peut-être se dit-il que le monde est bien fait, puisqu'il est plein d'êtres mal faits et malfaisants ? Toutefois, on est libre de penser, au contraire, que M de Maupassant est, en secret, triste et miséricordieux, navré d'une pitié profonde, et qu'il pleure intérieurement les misères qu'il nous étale avec une tranquillité superbe". Faut-il, en définitive, penser de ces cruels romans ce que Maupassant écrivait, dans son premier recueil de vers, des femmes : Il faut dans ces fruits-là ne mettre que la dent : On trouverait au fond une saveur amère.

07/1994

ActuaLitté

Sciences politiques

Quatre-vingt-treize

Les « banlieues » sont devenues l’un des principaux enjeux du débat politique français, et il est probable que ce terme soit l’un des maîtres mots de la campagne pour l’élection présidentielle de 2012. Or, « banlieues », dans cet usage, désigne en réalité les quartiers populaires périphériques où se concentrent notamment des populations d’origine immigrée - et non les banlieues en général, dont la plupart sont « résidentielles ». Enjeu complexe, les « banlieues » représentent à la fois la cristallisation des peurs d’une société inquiète face à des nouvelles « classes dangereuses » du XXIe siècle, et la mauvaise conscience de celle-ci, accusée d’avoir laissé se développer et perdurer des zones d’exclusion en marge de sa prospérité. Cette ambivalence est propice à l’emballement du discours médiatique sur un sujet propre à toutes les surenchères idéologiques ainsi qu’aux simplifications des images-chocs - voitures brûlées, caches d’armes dans les HLM, musulmans en prière sur la chaussée… autant de « figures » de la banlieue dont l’accumulation est censée produire du sens, au détriment d’une construction rationnelle de celui-ci. Ces « figures » sont au coeur du malentendu persistant entre la presse et les habitants des banlieues concernées, qui discrédite à leurs yeux la pratique journalistique « stigmatisante ». Le « trou noir » d’une représentation rationnelle de ce problème crucial renvoie à une question très douloureuse, centrale, qui touche à l’identité même de la France au moment où celle-ci connaît une crise profonde. Cette crise est relayée sur le territoire français par ces zones d’exclusion qui paraissent à la fois défier le pacte républicain traditionnel (elles produiraient le communautarisme) et rester en marge du monde du travail malgré des aides et subventions massives prélevées sur les impôts des classes moyennes - les « banlieues » sont perçues comme un parasite sur le corps malade du pays. Ce sentiment de malaise et de crainte est encore accentué par le vieillissement de la population française « de souche » alors que ces banlieues populaires bigarrées, jeunes et en plein essor démographique, portent en partie l’avenir de la France. Face à l’ampleur de ces bouleversements, et à l’importance des enjeux dont on peut penser qu’ils vont s’exacerber lors de la prochaine élection présidentielle puisqu’il auront une incidence directe sur la conquête du pouvoir politique en France et où Mme Le Pen a déjà pris date, avec ses remarques sur les musulmans comme « force d’occupation », il est important de disposer de travaux et d’un livre qui puissent faire référence afin que les débats de société soient nourris d’une matière que l’on voudrait originale, substantielle et gouvernée par la « neutralité quant aux valeurs » prônée par Max Weber.

02/2012

ActuaLitté

Critique littéraire

Patrick Modiano

S'adressant à la fois aux amateurs et aux chercheurs, ce Cahier comporte des inédits de l'auteur et des textes rares, des études approfondies par des spécialistes, des articles critiques, des entretiens, des témoignages et une volumineuse correspondance. Il offre l'occasion de revenir sur les aspects marquants d'une oeuvre littéraire remarquablement cohérente mais aussi de révéler sa diversité en arpentant des territoires encore peu explorés. Ce Cahier permettra de découvrir de nombreux textes de Patrick Modiano, éclairant la formation de l'écrivain (textes de jeunesse inédits) ou portant à la connaissance du grand public des aspects méconnus de son oeuvre (scénarios de film, préfaces, fictions et articles publiés dans des magazines, etc.). Richement illustré de deux cahiers iconographiques et de nombreux fac-similes in texto, il contient un grand nombre de documents susceptibles d'intéresser les spécialistes et les amateurs : critiques des premiers livres, lettres d'écrivains, de cinéastes ou de personnalités, témoignages de proches. Parfois amusants, comme le certificat médical dressé par le psychiatre Gaston Ferdière, d'autres fois poignants, comme les lettres et photographies rassemblées autour de Dora Bruder, ces documents permettent de mieux comprendre l'entrelacement de la vie et de l'oeuvre. Les articles de spécialistes et les critiques d'époque montrent comment s'est progressivement forgée la fameuse petite musique modianesque : des personnages à l'identité trouble, un mélange de flou et de précision dans le style, la passion des noms propres, une mémoire confuse et néanmoins obsessionnelle, hantée par les périodes les plus sombres de l'histoire française - la collaboration - et par les faits divers les plus tragiques. La mélancolie si reconnaissable de cette oeuvre est cependant tempérée par des approches critiques et des témoignages qui s'intéressent à des aspects moins étudiés, comme la représentation de la jeunesse, de l'avenir, ou encore l'influence du cinéma. Toute une section du Cahier permet en effet de prendre la mesure des intersections entre l'oeuvre romanesque et le cinéma, jusqu'ici peu étudiées. Ce volume espère ainsi rendre compte de la richesse d'une oeuvre aux harmoniques certainement plus contrastées qu'on ne le croit souvent. Patrick Modiano né en 1945 de l'union d'une actrice flamande et d'un émigré italien, grandit entre Paris, Biarritz, Jouyen- Josas et la Haute Savoie. Son bac en poche, il décide de se consacrer entièrement à l'écriture. Raymond Queneau l'y introduit. C'est en 1968 qu'il publie son premier roman La Place de l'étoile, couronné du prix Roger Nimier. Auteur d'une trentaine de romans et récits dont Rue des boutiques obscures, Prix Goncourt en 1978, Voyage de noces, Dora Bruder, Un pedigree, etc. Patrick Modiano est considéré comme l'un des plus grands écrivains français contemporains.

01/2012

ActuaLitté

Littérature anglo-saxonne

Vers le paradis

Voici une fiction hors du commun qui se déploie sur trois siècles, de 1893 à 2093. Dans chacun des trois livres qui composent le roman, l'auteure évoque une Amérique différente pour imaginer ce que son pays aurait pu être, ce qu'il a été, et ce qu'il pourrait devenir. Des points communs entre ces sociétés subsistent, bien entendu : certains personnages détiennent le pouvoir, d'autres le subissent, et tous doivent décider ce qu'ils sont prêts à sacrifier pour leur liberté ou au contraire leur sécurité. L'Amérique de 1893 dépeinte par Yanagihara n'est pas celle des livres d'Histoire. Ici, une scission définitive au sein des Etats-Unis a donné naissance aux Etats Libres au nord et aux Colonies dans le sud. Dans ce nouvel état du nord, le mariage entre personnes du même sexe a été promu, mais pas l'émancipation des esclaves. C'est dans cette société que le jeune héritier David Bingham, propriétaire d'une luxueuse demeure sur Washington Square, doit trancher entre un mariage arrangé avec Charles ou une passion à l'avenir incertain avec Edward. Un siècle plus tard, d'autres personnages homonymes et vivant dans les mêmes lieux doivent faire des choix eux aussi. Pour le descendant de l'ancienne famille royale de l'archipel d'Hawaï, la sécurité et le confort d'une vie conventionnelle dans les beaux quartiers de New York peuvent-ils faire oublier le rêve de son père, celui d'une identité hawaïenne pure et originelle ? La ville de New York ne sera plus la même au siècle suivant, en 2093, divisée en secteurs, quadrillée et surveillée par un régime devenu autoritaire après toute une série de pandémies qui a frappé le pays. Un homme portant lui aussi le nom de David Bingham a participé en tant que scientifique à l'élaboration de cette société répressive, dans le but de protéger la population de la maladie et la mort, mais ses derniers efforts seront consacrés à permettre à sa petite-fille Charlie de choisir la liberté... La romancière américaine Hanya Yanagihara, auteure du livre culte Une vie comme les autres, parvient à embarquer le lecteur dans un voyage dans le temps qui impressionne par son originalité et son audace. Réécrire le passé et imaginer le futur, questionner nos ambiguïtés et nos obsessions, Yanagihara fait tout cela sans jamais oublier qu'elle est avant tout une formidable conteuse. Des personnages immédiatement attachants qui incarnent les besoins contradictoires de sécurité et de liberté traversent le roman de la première à la dernière page, suscitant notre empathie, nous tenant en haleine. Traduit de l'anglais (Etats-Unis) par Marc Amfreville

ActuaLitté

Littérature française

Jean diable. Tome 2

A Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l'aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu'il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d'être assassinée d'une assez étrange manière, par simple compression d'un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu'il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n'étant pas plus avancé, décide d'envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L'Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d'un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l'attelage s'est emballé. De l'autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l'un à Lyon, l'autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c'est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage... "Jean Diable" est le premier tome d'un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C'est à la fois un roman d'aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l'un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s'accumulent dans cette sombre affaire et on connait l'identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L'ambiance générale est assez proche de celle des "Mystères de Paris" ou des "Mystères de Londres" . Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d'aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu'il pourrait s'y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c'est un vrai régal que de lire une oeuvre d'aussi grande qualité, à plus d'un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l'époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !

02/2023

ActuaLitté

Lettres classiques

Jean diable. Tome 1

A Londres, Grégory Temple, enquêteur de Scotland Yard est désespéré. En dépit de l'aide de James Davy, son adjoint, et de celle de Richard Thompson, son élève, il ne parvient toujours pas à confondre Jean Diable qu'il pourchasse pourtant depuis des années. Une comédienne célèbre, Constance Bartalozzi vient d'être assassinée d'une assez étrange manière, par simple compression d'un point précis au niveau de la gorge. Un crime qu'il attribue à Jean Diable. Après avoir interrogé la femme de chambre de la victime, Temple, n'étant pas plus avancé, décide d'envoyer sa démission. Quelque temps plus tard, apparait du côté de L'Isle-Adam, Henry de Belcamp, fils d'un hobereau installé depuis peu dans un château de la région. Ce fringant jeune homme marque son arrivée de manière particulièrement chevaleresque. Il sauve une jeune fille dont l'attelage s'est emballé. De l'autre côté du Channel, deux brasseurs anglais, qui ont eu un franc succès dans leurs affaires respectives, l'un à Lyon, l'autre à Bruxelles, fêtent leurs retrouvailles dans une taverne à huitres. Le plus amusant et le plus surprenant pour eux c'est que la belle Constance leur avait promis à tous deux le mariage... "Jean Diable" est le premier tome d'un roman fleuve qui en comporte deux. Il est assez difficile de classer ce pavé de 549 pages paru sous forme de feuilleton au départ. C'est à la fois un roman d'aventures, un roman historique, un roman policier et, selon les experts littéraires, l'un des tout premiers thrillers modernes. En effet, les cadavres s'accumulent dans cette sombre affaire et on connait l'identité du serial-killer. En plus de la comédienne, on a droit aux deux brasseurs, puis aux assassins des brasseurs. On retrouve aussi tous les codes du roman-feuilleton classique avec ses chapitres relativement cours et bien fournis en rebondissements. L'ambiance générale est assez proche de celle des "Mystères de Paris" ou des "Mystères de Londres" . Paul Féval semble prendre un malin plaisir à embrouiller son lecteur avec des personnages hauts en couleurs mais qui disposent de plusieurs identités, changent d'aspect ou de milieu social comme de chemise et à le perdre dans un dédale de pistes qui finissent bien autrement qu'il pourrait s'y attendre. En dépit de quelques descriptions qui peuvent sembler un peu longuettes aux lecteurs pressés que nous sommes, c'est un vrai régal que de lire une oeuvre d'aussi grande qualité, à plus d'un siècle et demi de distance. Quelle chance avaient les lecteurs de journaux de l'époque (1862) de pouvoir profiter chaque jour de plumes aussi déliées que celles de Féval, Zévaco, Sue ou Dumas !

02/2023

ActuaLitté

Musiques du monde

Idir, un Kabyle du monde

Auteur, compositeur et interprète, Idir, de son vrai nom El Hamid Cheriet, est plus qu'un chanteur. Il est le porte-voix de la langue kabyle, le porte-drapeau d'une culture qu'il a fait découvrir dans le monde entier. De cet homme, qui a disparu en mai 2020 à l'âge de 75 ans, le sociologue Pierre Bourdieu a dit : "Idir n'est pas un chanteur comme les autres. C'est un membre de chaque famille". La jeunesse de Idir, au village de Aït Lahcène et dans les montagnes du Djurdjura qui l'entourent, est profondément marquée par les traditions berbères, les chants et les récits de sa mère et de sa grand-mère. Une enfance qui porte aussi l'empreinte de la guerre d'Algérie, de la captivité de son père lors de la bataille d'Alger et de leur maison pillée par des paras. Passionné de musique mais destiné au métier de géologue, sa carrière musicale démarre presque par hasard un soir de 1973 à la radio. Deux ans plus tard, sa chanson phare, "A Vava Inouva" , devient un tube international qui sera repris dans plusieurs langues. Cet homme doux et à la personnalité attachante n'a eu de cesse de défendre l'identité et la langue berbères durant un demi-siècle de parcours artistique. Mais sa vie et sa carrière ne racontent pas seulement une histoire kabyle et algérienne. C'est aussi une histoire des deux rives de la Méditerranée et même au-delà. Installé en France en 1975, il s'est battu pour les sans-papiers, a chanté pour l'Arménie, collecté des fonds pour SOS Racisme, inauguré l'une des premières écoles Diwan en Bretagne. Idir a fait chanter la Kabylie par d'autres célébrités issues d'horizons divers. En France, Bruel, Aznavour, Cabrel, Maxime le Forestier, IAM, Enrico Macias, Grand Corps Malade, et l'écossaise Karen Matheson et bien d'autres ont travaillé avec lui. Il a jeté des ponts avec l'Afrique en partageant la scène avec l'ougandais Oreyma ou la malienne Ramata Diaketé. Oui, Idir est un Kabyle du monde. Journaliste à Jeune Afrique, Farid Alilat est spécialiste de l'Algérie. En 2002, il a publié chez Editions 1 une enquête sur la révolte en Kabylie, Vous ne pouvez pas nous tuer, nous sommes déjà morts ! L'Algérie embrasée et participé en 2002 à l'ouvrage collectif 100 lettres pour les femmes afghanes, chez Calmann-Levy. Il a publié en 2020 aux éditions du Rocher Bouteflika, l'histoire secrète. Pour ce nouvel ouvrage, il a enquêté auprès d'une quarantaine de témoins qui ont vécu, travaillé ou chanté avec Idir.

04/2022

ActuaLitté

Romans graphiques

La divine comédie d'Oscar Wilde

Le 30 novembre 1900, Oscar Wilde meurt, à 46 ans seulement, dans une chambre miteuse d'un petit hôtel rue des Beaux-Arts à Paris. Il avait été emprisonné cinq ans plus tôt pour homosexualité, et l'intégralité de ses biens avaient été saisis. Après deux ans de travaux forcés, une fois libéré, il avait quitté l'Angleterre pour Paris, sous une fausse identité, où il a vite sombré dans la déchéance. Démuni, alcoolique, il n'a plus écrit une seule ligne. Antithèse de cette fin de vie misérable, l'existence du dramaturge et poète irlandais a été conçue comme une oeuvre d'art. Il considérait en effet sa vie comme le lieu de son génie, tandis que son oeuvre n'était que celui de son talent. Wilde a toujours aimé se regarder dans le miroir de La Divine Comédie, jusqu'à en comparer des passages à des épisodes de sa propre vie. Sa mort, image du drame implacable d'un homme ayant tout eu et tout perdu d'un coup, n'est en outre pas sans rappeler le huitième cercle de l'Enfer de Dante, le Malebolge. Sous le pinceau virtuose de Javier de Isusi, dans une ambiance crépusculaire rehaussée par de superbes lavis sépia, se déroule l'inexorable descente aux enfers d'Oscar Wilde : dans les méandres de nuits parisiennes, entre alcool, voyous et prostitués, ou lors de rencontres avec Gide, Toulouse-Lautrec, les frères Machado et les rares amis qui ne l'avaient pas abandonné. Le récit de la chute du poète s'interrompt parfois pour donner voix et corps aux autres protagonistes de la tragédie qui se joue, à travers de brefs entretiens imaginaires délivrant anecdotes et impressions personnelles. Javier de Isusi ne se borne donc pas au rôle de biographe scrupuleux à l'ouverture de son petit théâtre sur la scène duquel défilent les trois dernières années de la vie d'Oscar Wilde. Il se pose en investigateur, interrogeant l'homme et l'oeuvre. Qui était cet écrivain déchu qui, quelques années plus tôt, outrait les conformistes avec ses phrases assassines et ses élégants paradoxes ? Le personnage Wilde avait-il fini par engloutir son créateur ? Pour quelles raisons avait-il cessé d'écrire à sa sortie de prison ? Tentant d'éclaircir ces quelques mystères, Javier de Isusi fait petit à petit tomber le masque du poète. Il dresse un portrait d'homme sans filtre tout en livrant un récit passionnant sur l'art et la vie, la morale et le plaisir, l'être et le paraître. Le 22 octobre 2020, Javier de Isusi s'est vu décerner le prestigieux Premio Nacional del Cómic, sous le parrainage du ministère de la Culture espagnol, pour La Divine Comédie d'Oscar Wilde.

04/2021

ActuaLitté

Romans policiers

La Lettre volée. Une nouvelle d'Edgar Allan Poe

La Lettre volée ("The Purloined Letter" dans l'édition originale) est une nouvelle d'Edgar Allan Poe, parue en décembre 1844. On retrouve dans cette nouvelle le chevalier Auguste Dupin, apparu dans Double Assassinat dans la rue Morgue. Résumé Le détective Auguste Dupin est informé par G... , le préfet de police de Paris, qu'une lettre de la plus haute importance a été volée dans le boudoir royal. Le moment précis du vol et le voleur, D... , sont connus du policier, mais celui-ci est dans l'incapacité d'accabler le coupable. Malgré des fouilles extrêmement minutieuses effectuées au domicile du voleur, G... n'a en effet pas pu retrouver la lettre. Mettre la main sur cette dernière est pourtant d'une grande importance, car son possesseur se retrouve en mesure d'exercer des pressions sur le membre de la famille royale à qui il l'a dérobée. G... en vient donc à demander l'aide de Dupin. Quelques semaines plus tard, Dupin restitue la lettre au préfet. Il explique alors au narrateur comment certains principes simples lui ont permis de retrouver la lettre. Comme dans Double assassinat dans la rue Morgue, La Lettre volée met en scène Dupin et ses célèbres facultés d'analyse. La réflexion logique est au centre de la nouvelle, et toute une part de l'intrigue s'appuie sur les difficultés à trouver une solution rationnelle à la disparition de la lettre. Lors de sa visite à Dupin, G... explique les raisonnements qui lui ont permis de découvrir l'identité du voleur, D... , et ceux qui lui ont permis de déduire que la lettre était toujours en sa possession, cachée quelque part dans son domicile. En dépit de ses certitudes, G... n'est pourtant pas parvenu à récupérer l'objet : le mystère, pour lui, résulte donc de cette incapacité à obtenir des résultats malgré la possession d'éléments suffisants, en principe, pour réussir. Si Dupin réussit, lui, à résoudre cette apparente contradiction, c'est parce qu'il a su raisonner autrement que le policier, dont les déductions, pour justes qu'elles soient, n'ont pas suffi à résoudre l'affaire. G... a en vain cherché la lettre en la supposant cachée : il a sondé tous les espaces pouvant abriter une lettre qu'on aurait voulu dissimuler. Dupin comprend lui que si G... a échoué, c'est que la lettre volée a volontairement été mise en évidence par le criminel. Loin d'être rangé dans un endroit secret, le billet est en évidence dans le bureau du coupable : la lettre a été froissée, maquillée d'un autre sceau et d'une autre écriture après avoir été pliée à l'envers. Si elle n'attire pas l'attention c'est qu'elle semble sans valeur, ordinaire.

01/2023

ActuaLitté

Poésie

Silvatica

Au fond d'une forêt enneigée, aux confins de la Pologne, résonnent dans un monde de fièvre et de rêve les échos mythiques de la Chasse Sauvage, cette mythologie nordique des chasses du dieu Odin. Livre rugueux et féroce, livre de meute, de traque, livre de pièges de fusils et de chiens, Silvatica conte les amours entre le braconnier Eustachos et une figure féminine, tour à tour compagne et proie du chasseur, dans une indécision des rôles et des sentiments. Helga M. Novak peint une vie reculée dans les bois, au coeur de la force noire de l'hiver, où la vie s'organise au milieu des loups et des sangliers, des chevreuils et des lapins. Le monde y est à portée de main, à la fois visible et tangible ; dans ces motifs de chasse, nous lisons le cycle d'une existence concrète, viande, graisse, peau, vêtements, où l'on chasse un loup quand on a besoin d'une veste. Autour de ces contrées où Eustachos s'est réfugié comme "une dernière chance" , et de son rapport archaïque, âpre et artisanal à la nature, menace par contraste la chasse d'Etat de la nomenklatura, avec ses uniformes, ses tronçonneuses, ses hélicoptères, et leur traque du déserteur, du chasseur chassé à son tour. "Jamais n'a été accordée au tireur la liberté" avertit Helga M. Novak, dont la présence féminine porte le recueil, et qui a conscience de cette oppression sourde du châtiment. Son identité semble mouvante : elle est cette Silvatica qui accompagne le chasseur ou est son trophée, mais aussi Artémis qui suit sa trace, épie ses gestes. "Je n'aimerais pas être une femme sortie de ta côte" , ajoute-t-elle, et nous assistons à la "dernière sauvagerie" de l'amour vu lui aussi comme un ultime acte de chasse, avant de prendre racine dans la solitude, dans la "peau épaisse" de la terre, une fois les voyages révolus, la fuite soldée, l'homme disparu. C'est qu'il y a un âge sûrement pour chaque chose et Helga M. Novak dans les dernières pages du livre semble avouer par la voix de Silvatica qu'elle est désormais trop âgée pour l'amour, elle qui s'est retirée dans ses cachettes, dans sa maison recouverte de neige au fond de la forêt et qui attend sa fin - et peut-être aussi en creux la fin de notre espèce - entourée de murmures de ruches et de chants de coqs. Silvatica multiplie les niveaux de lecture malgré une langue brute et nue, dérive et s'approprie le mythe de la Grande Chasse dans une atmosphère de repli et de sous-bois, pour restituer la fable d'une femme vieillissante, où se mêlent pression politique, inquiétude écologique et quête intime et douloureuse, dans un monde "beau à en geler" .

05/2022

ActuaLitté

Littérature française

Choisir le Fleuve. Du Mékong à la Seine

Réfugié un jour ... . Etranger toujours. Choisir le Fleuve Les éditions du Sarment/Fayard, aujourd'hui éditions du Sarment/le Jubilé, ont publié de très nombreux ouvrages consacrés aux régimes (Vietcong, Khmers rouges, Pathet Lao) qui ont pris le pouvoir en 1975 dans les pays de l'ancienne Indochine, et, plus particulièrement au drame des réfugiés (les boat et land people). Vingt-cinq ans plus tard, le moment est venu d'établir un bilan humain, d'autant que, par delà les circonstances de l'époque, c'est la permanence et même l'inflation des flux migratoires qui interpelle notre temps. Au temps des témoignages personnels a succédé celui des synthèses historiques, politiques, sociologiques ... Certes ! Mais les victimes ? Cet ouvrage donne à nouveau la parole aux auteurs du bestseller du livre " Du Mékong à la Seine " qui relatait la fuite éperdue d'un jeune Laotien en 1977. Le fil conducteur en était celui d'une rencontre de l'auteur avec Tran Van Theû, voici maintenant quarante-six ans. Le nouveau récit est fait de plusieurs fils entremêlés. Le temps fort en est un retour effectué en 1991, au Laos et en Thaïlande. Le contexte en est un Laos bouleversé par le communisme depuis 1975. Theü, Laotien d'origine Vietnamienne, avait dix-sept ans lorsqu'il s'était jeté dans le Mékong au péril de sa vie. Le livre relate le retour, la quête de sa famille, treize ans après. Le fil subjectif en est une interrogation de portée universelle dès lors qu'on est migrant, étranger, exilé... qu'en est-il de l'identité, de l'idée du métissage culturel ? du choix décisif ? ... Au delà de l'événement ponctuel de la fuite éperdue d'un adolescent, voici le regard long d'un homme de soixante-quatre ans . La réflexion est soutenue par des centaines de photos, souvent clandestines. Le fil, enfin, est celui de l'actualité. Dans la période historique que nous traversons, jamais autant d'êtres humains n'ont été aussi massivement déplacés, poussés à l'émigration, à l'exil... Comment envisager l'accueil, l'insertion bien sûr, mais indissociablement, l'accompagnement psychologique, de ceux qui vivent des souffrances traumatisantes ? L'éditeur est lié - personnellement et statutairement - depuis soixante ans aux peuples du Sud-Est Asiatique. Il en connait intimement les épreuves et en partage nombre de destins. Il sait les risques que peuvent encourir les réfugiés, non seulement lors de leur fuite, mais encore leur vie durant dès lors qu'ils ont laissé des membres de leur famille sur place et que la méconnaissance des situations les fragilise au sein même des pays d'accueil. En publiant aujourd'hui la relation d'un retour discret voici trente ans, il acte d'une situation apaisée. Auteur Louis Bocquent. Psychologue spécialisé dans le domaine de l'enfance.

06/2023

ActuaLitté

Histoire militaire

Anthologie de la pensée militaire

En se focalisant sur la dimension nationale de la pensée militaire, cette anthologie révèle le caractère riche et dialectique de la relation entre la guerre et la nation. La nation est le sujet de la guerre et la guerre est une modalité importante de la construction de la nation. Sur la longue durée, depuis le Moyen Age jusqu'à la fin de la guerre froide, les diverses composantes territoriales, sociales et politiques de la nation ont contribué à l'élaboration de systèmes militaires dans les temps de la guerre et de la paix, ainsi que dans les espaces terrestres, maritime et aérien. La prise en compte de la dimension nationale permet ainsi de d'appréhender l'articulation de cette grande diversité de facteurs. A l'inverse, l'étude de la pensée militaire permet d'interroger le fait national, qui ne se réduit pas à l'affirmation autarcique d'une identité, car la guerre est un phénomène interactif. Au-delà des territoires conquis ou perdus, des populations intégrées ou abandonnées, le fait militaire a contribué à l'affirmation de la nation comme un corps politique inscrit dans un cadre territorial. La démarche anthologique constitue un apport efficace à la compréhension de cette relation dialectique entre la guerre et la nation, car elle permet de restituer la dimension littéraire de la pensée militaire, qui ne se limite pas à un simple procédé formel. La mise en oeuvre d'une pensée l'insère dans un univers culturel, politique et social. A cet égard, l'imprimé et ses usages se sont affirmés comme la modalité dominante, mais non exclusive, de l'insertion de la pensée militaire dans la sphère publique. Cette anthologie offre ainsi au lecteur la possibilité de percevoir la façon dont les auteurs ont mis leur pensée en oeuvre, dans des contextes éclairés par les contributeurs à cette oeuvre collective. Hervé Drévillon : Professeur d'histoire à l'université Paris-I, directeur de l'Institut des Etudes sur la Guerre et la Paix et directeur de la recherche au Service historique de la Défense, il a dirigé, avec Olivier Wieviorka, la monumentale Histoire militaire de la France (2 vol.). Il est par ailleurs l'auteur de L'Impôt du sang et de L'Individu et la Guerre, du chevalier Bayard au soldat inconnu. Jean-Christophe Romer : professeur à l'IEP de Strasbourg, spécialiste de l'histoire des relations internationales, chercheur associé à l'IRSEM, il a notamment publié Les militaires qui ont changé la France (Cherche-midi) et Géopolitique de la Russie (Economica). Thierry Widemann : chargé d'études à l'Irsem, spécialiste des guerres de l'Antiquité et du XVIIIe siècle. Il a notamment publié La pensée stratégique (PUF) et a collaboré au Dictionnaire de la pensée stratégique (Larousse).

08/2024

ActuaLitté

Aviation

Météo du vol à voile et du vol libre. 3e édition

Moniteur de planeur et prévisionniste à Météo France, l'auteur a toujours cherché à comprendre les mouvements atmosphériques qui permettent aux aéronefs non motorisés de rester en l'air. Il ? s'est également intéressé aux situations météo particulières favorables aux longs vols de ? distance ? : 800 à 1 ? 000 ? km en planeur et 200 à 300 ? km en ? parapente. Il a compris que les grands vols en planeur sont liés à des masses d'air caractéristiques et homogènes qui dépendent d'un courant général d'altitude bien défini. En collaboration avec des pilotes de centres de vol à voile régionaux et à travers les récits de vols, il a mené une longue étude sur les conditions météorologiques rencontrées ainsi que sur l'analyse des masses d'air. Cette ? collaboration s'est élargie ensuite avec les pilotes de parapentes. En ? participant à différents championnats régionaux, nationaux et internationaux de vol à voile, l'auteur a su affiner son expérience dans le domaine des très basses couches de l'atmosphère. De plus, en intervenant dans des séances de formation à la prévision aérologique auprès de pilotes de vol à voile, de parapente ou d'ULM, il s'est forgé une méthode d'analyse destinée aux passionnés de vol libre. Il était naturel pour l'auteur, de synthétiser toutes ces données et ces connaissances accumulées et de partager sa méthodologie à travers cet ouvrage. En lisant ce livre, les pilotes de vol libre pourront plus facilement analyser et interpréter les documents météorologiques qu'ils consulteront sur des sites Internet. Ainsi, ils pourront déterminer 2 ou 3 jours à l'avance, les situations les plus favorables aux ? vols. Table des matières Préface Introduction Chapitre Premier : Les masses d'air 1. 1 Profil et identité d'une masse d'air 1. 2 Représentation graphique d'une masse d'air 1. 3 Analyse d'un sondage matinal 1. 4 Evolution défavorable d'une masse d'air Chapitre 2 : Comment interpréter les cartes météorologiques 2. 1 Analyse d'une carte en surface 2. 2 Analyse d'une carte en altitude Chapitre 3 : Interprétation des images satellitales et radar 3. 1 LES SATELLITES METEO 3. 2 Les images radar 3. 3 Les impacts de foudre Chapitre 4 : Situations météorologiques favorables au vol à voile en France 4. 1 En ascendances thermiques de plaine 4. 2 En vols d'ondes Chapitre 5 : Récits de grands vols sur le territoire français 5. 1 Par des pilotes de parapente 5. 2 Par des pilotes de vol à voile Chapitre 6 : AEROWEB et son utilisation 6. 1 Notice utilisateur d'Aéroweb (source Météo France) 6. 2 Présentation de la page d'accueil CONCLUSION Remerciements

01/2022

ActuaLitté

Littérature française

Le colonel Chabert. un roman de Balzac

Le Colonel Chabert, un héros de l'épopée napoléonienne qu'on avait cru mort à la bataille d'Eylau (1807) réapparaît sous la Restauration. Il a tout perdu : sa femme, qui s'est remariée avec un comte du nouveau régime et préférerait Chabert mort, et sa fortune qu'elle s'est appropriée. Emu par la détresse du vieux soldat, le brillant avoué Derville tentera de lui faire retrouver ses droits. Ce roman, un peu à part dans La Comédie Humaine, n'en reprend qu'un seul personnage, Derville. Il oppose aux valeurs de fidélité, de bravoure et d'honneur qu'incarne le vieux "grognard" , le monde de l'argent sans scrupules sur lequel il se brise. Les premiers mots : "Allons ! encore notre vieux carrick ! Cette exclamation échappait à un clerc appartenant au genre de ceux qu'on appelle dans les études des saute-ruisseaux, et qui mordait en ce moment de fort bon appétit dans un morceau de pain. L'histoire commence dans une étude d'avoué où des clercs font des plaisanteries pendant qu'ils travaillent. Puis arrive un vieil homme : tous se moquent de lui, car il porte des vêtements très anciens. Le vieil homme dit qu'il doit parler avec le patron de l'étude, maître Derville. Les clercs lui disent que maître Derville ne voit ses clients qu'à minuit. En réponse à la question d'un saute-ruisseau, le vieil homme, avant de sortir, déclare être le colonel Chabert, mort à la bataille d'Eylau. Le colonel Chabert revient la nuit au bureau de maître Derville, et l'avoué lui accorde une entrevue. Chabert raconte alors son histoire. Hyacinthe Chabert, enfant trouvé, a gagné ses galons de colonel dans la Garde impériale en participant à l'expédition d'Egypte de Napoléon Ier. Il a épousé Rose Chapotel, une fille de joie qu'il a installée dans un luxueux hôtel particulier. Pendant la bataille d'Eylau, en 1807, blessé en participant à la charge monumentale donnée par Joachim Murat , qui force l'ennemi à la retraite , il est déclaré mort. Mais, enfoui sous une montagne de cadavres, il est resté en vie. Le colonel a cependant réussi à faire reconnaître son identité de l'autre côté du Rhin et, après de longs détours, revient à Paris en 1817, pour découvrir que Rose Chapotel, remariée à un homme avide de pouvoir dont elle a deux enfants, porte maintenant le nom de "comtesse Ferraud" . Elle a d'autre part liquidé tous les biens du colonel Chabert, en minimisant sa succession. La fortune du colonel a été distribuée à sa femme, au fisc et aux hospices de Paris. Mais Napoléon a rendu la part du fisc...

11/2022

ActuaLitté

Beaux arts

Les Civilisations de l'Islam

L’islam est une religion caractérisée par un monothéisme absolu et rigoureux. Sa vision du monde est simple et radicale, indifférente aux spécificités historiques, culturelles et raciales des personnes qui y adhèrent. En l’espace de quelques années après la mort de Mahomet, les armées islamiques, initialement formées d’Arabes, puis de divers peuples assujettis et convertis, conquirent des territoires immenses qui avaient vu fleurir la civilisation gréco-romaine puis judéo-chrétienne en Occident et la civilisation perso-zoroastrienne en Mésopotamie, remportant un succès éclatant. Quelques décennies plus tard, l’islam pénétra en Europe, conquérant l’Espagne et une partie de l’Italie du Sud, franchit le désert du Sahara pour convertir les populations d’Afrique noire en se superposant aux cultes locaux, et s’étendit aux vastes régions asiatiques jusqu’à atteindre l’Inde et rencontrer les cultes védiques et le bouddhisme, tandis que vers le nord il s’introduisait en Transoxiane (aujourd’hui l’Ouzbékistan), surpassant les conquêtes d’Alexandre le Grand lui-même, pour atteindre les frontières de l’empire chinois. Sur le plan de la culture et de l’expression artistique, le monde islamique assimila les énergies créatrices, les techniques et les coutumes des peuples assujettis, extraordinairement riches et diverses, et sut les refondre en une expérience complètement nouvelle et originale, tout en restant fidèle à la révélation coranique, qui impose à tout croyant de suivre ses préceptes et de répandre sa doctrine. Celui qui embrasse l’islam, considéré comme la seule vraie religion, fait alors partie du Dar al-Islam, la « maison de l’islam » : des concepts ancestraux tels que nation, race, activité, culture deviennent alors, du moins en théorie, dénués de signification. L’ensemble du monde islamique parle la même langue, l’arabe, la langue du Coran, dont les lignes directrices ont façonné les différentes traditions culturelles avec une homogénéité surprenante – homogénéité qui a caractérisé, et qui imprègne encore, la culture et le vécu spirituel et politique de centaines de millions de personnes et de nations entières. À l’intérieur de cet horizon culturel commun se sont élaborés au fil du temps des langages artistiques et des coutumes nationales, à travers la réémergence graduelle – quoique au sein de l’identité islamique commune – d’énergies locales vigoureuses, auxquelles l’arrivée de nouvelles populations et les déplacements pour motifs religieux, commerciaux et scientifiques ont apporté par la suite des éléments féconds. Tout discours de caractère général, comme les sujets abordés dans cet ouvrage, doit donc être pris comme une indication globale, à approfondir et clarifier parfois. Il est clair, par conséquent, que dans ce monde islamique diversifié existent côte à côte des réalités culturelles, spirituelles et artistiques d’une richesse et d’une complexité remarquables, mais le substrat commun éthico-politico-religieux, inséparable dans ses composantes, a donné naissance et produit encore des manifestations bien reconnaissables, unies par une spécificité que l’on peut définir comme islamique.

04/2010

ActuaLitté

Philosophie

Habiter selon Tanella Boni

On n'y pense pas au verbe habiter. Pourtant, tout se passe comme s'il y avait sur la Terre plusieurs catégories d'humains : ceux qui habitent, qui sont " chez eux " parce qu'ils ont un toit et ceux qui, " sans toit " vivent de " passage ", " en transit " ou " sans domicile fixe ". Or habiter, ce n'est pas être figé quelque part. Ce n'est pas non plus passer son temps à buter contre des murs et des barbelés, sans trouver de chemin ouvert, sans voir un horizon. Il y a donc des images-chocs qui se rappellent à nous, qui nous interpellent. Images de migrations partout dans le monde, comme si des milliers d'humains ne savaient plus où aller, où habiter. Or migrer est-ce habiter ? C'est d'abord faire l'expérience d'un monde difficile à vivre, c'est affronter ses lois. Donc, au 21ème siècle, pour de nombreux humains qui traversent les mers, les vents et toutes sortes d'intempéries, rien n'est moins sûr que l'habiter. Et pourtant, les migrants habitent le monde, ils ont des histoires, des valeurs qui leur permettent de résister. On ne sait plus qui ils sont. Ils n'ont plus de pays, plus de provenance. Parfois, ils ont brûlé leurs pièces d'identité. Pourtant des bribes de cultures continuent de les habiter. Ainsi, Habiter n'est pas un verbe comme les autres. Il raconte qui nous sommes et où nous sommes. Il dit le sens du temps et de l'espace. Il exprime l'essentiel de notre rapport au monde : prendre possession, peupler, construire, bâtir, être relié, vivre, se nourrir, créer, utiliser des outils, laisser traces et empreintes, mourir. Habiter ou créer un chez soi quelque part : en pleine forêt, dans une région froide, dans un désert, faire monde avec la nature, ou un no man's land ou avec une mégapole du futur. De ce point de vue, les animaux et les plantes n'habitent pas la Terre, même s'ils ont d'ingénieux modes de vie. J'ose dire que l'habiter est une spécificité humaine. J'ose dire aussi que toute culture est une variété de l'habiter. Dans ce livre, chaque chapitre est construit comme un récit de voyage et la narratrice raconte de petites histoires de l'habiter : la découverte en Côte d'Ivoire, par une paysanne, de traces (pierres sculptées) d'une civilisation disparue ; la case d'une grand-mère et la vie qui l'entoure, comme mode de résistance à la colonisation ; villes et bidonvilles qui se côtoient mais ne se ressemblent pas. Le plastique envahissant qui transforme les modes de vie après les indépendances des pays africains. Et que signifie ces noms de quartiers et de bidonvilles (Dallas, Washington, Petit-Paris...) qui renvoient au rêve de l'ailleurs et particulièrement au rêve américain ? Tout comme fait, l'imaginaire et le rêve jouent un rôle important dans la manière d'habiter le monde...

10/2018

ActuaLitté

Anglais apprentissage

Le poids du passé. Barack Obama et la question raciale

L’arrivée d’Obama à la Maison Blanche a incontestablement marqué un tournant historique, et son ascension spectaculaire est souvent présentée comme une preuve irréfutable de l’entrée des États-Unis dans une nouvelle ère, dite « post-droits civiques ». Mais les divisions et les inégalités raciales, notamment entre noirs et blancs, demeurent pourtant profondément ancrées dans l’Amérique d’aujourd’hui. L’éminent historien Thomas Sugrue propose ici une analyse sans concession de la manière dont Obama s’est saisi de ce paradoxe. « Le passé n’est pas mort et enterré. Il n’est même pas passé », soulignait Obama dans son célèbre discours de campagne sur la question raciale, en invoquant William Faulkner. Le poids du passé retrace l’évolution des positions d’Obama sur la question des inégalités raciales au cours de sa carrière professionnelle, depuis ses premières années à Chicago en tant qu’organisateur de communautés, avocat et universitaire, jusqu’à son ascension politique en tant que candidat charismatique et aguerri à la présidence des États-Unis. Sugrue replace Obama dans le contexte de l’histoire de la lutte des noirs pour les droits civiques pour mieux comprendre ses conceptions des causes profondes de la pauvreté noire en Amérique, et les réponses qu’il a apportées aux défis qui l’attendaient une fois élu à la présidence. Mais plus fondamentalement, au-delà de la trajectoire personnelle d’Obama, ce livre est, écrit Sugrue, « l’histoire d’un voyage à travers l’une des périodes les plus turbulentes de l’histoire raciale américaine, qui nous conduit du tournant multiculturel des années 1970 au syncrétisme de la politique urbaine noire de la fin du XXe siècle, en passant par le terrain miné des controverses intellectuelles et culturelles sur la question raciale et les “politiques identitaires” de la fin des années 1980 et des années 1990, pour finalement aboutir en ce début du XXIe siècle, à ce moment de l’histoire où l’Amérique vit encore dans l’ombre des luttes inachevées pour les droits civiques du siècle précédent, mais où des journalistes, hommes politiques et universitaires influents saluent l’apparition d’un ordre post-racial. » Les cinquante années que retrace ce livre furent assurément des moments de grande turbulence pour les hommes politiques noirs américains, comme pour les blancs progressistes, qui durent tous se frayer leur propre chemin dans le conflit idéologique persistant entre indifférence à la couleur (color blindness) et conscience raciale. Cette situation est à l’origine de la dérive conservatrice du parti démocrate depuis la fin des années 1960. Suivre le parcours d’Obama à la découverte de son identité politique et raciale permet donc à la fois de comprendre l’évolution des Démocrates et de savoir dans quelle mesure on peut dire que la présidence d’Obama a permis d’entrer de plain-pied dans une nouvelle ère « post-raciale ». Spécialiste des droits civiques, des relations raciales et de l’histoire urbaine, Thomas Sugrue livre un bilan honnête et révélateur sur cette double question.

10/2012