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Littérature étrangère

Les Travaux du Royaume

Jadis, ils chantaient les exploits de Pancho Villa et d'autres généraux de la Révolution mexicaine dans les fêtes populaires des villages du nord. Aujourd'hui, ils parcourent encore avec leurs accordéons les routes poussiéreuses de Chihuahua et de Sonora, mais ils ont su s'adapter au changement et ils célèbrent désormais les hauts faits de nouveaux héros du peuple : les chefs de grands cartels de la drogue. Notre protagoniste, Lobo, est l'un de ces chanteurs traditionnels, qui sont en réalité les derniers survivants des troubadours débarqués avec les Espagnols cinq siècles auparavant. Ce n'est donc pas un hasard si, dans une taverne perdue, il croise un soir le chemin d'un Roi dont l'autorité et la puissance l'éblouissent au point de changer le cours de son existence. Suivre le Roi, le servir et l'honorer, voilà ce que Lobo veut désormais. Si le trafic de drogue n'est jamais nommé, on devine immédiatement que l'on est quelque part à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, et que ce Roi fabuleux n'est bien évidemment qu'un sanguinaire narcotrafiquant. C'est le début d'une aventure furieuse et sans âge, qui mélange les imaginaires, les discours et les époques. Lobo découvre le Palais, la Cour et le Royaume ; il y rencontre la Sorcière, la Fillette et l'Héritier. Ce qui lui arrive relève parfois du rêve et parfois du cauchemar, comme dans un conte de fées constamment réécrit par un auteur de romans noirs. Pour Elena Poniatowska, avec Les Travaux du Royaume, déjà couronné par plusieurs prix internationaux, Yuri Herrera est entré dans la littérature mexicaine «par la porte d'or». Il signe ici un premier roman aussi incisif que fulgurant.

01/2012

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Théâtre

Je pense à Yu. Suivi de Entrefilet

Je pense à Yu : Madeleine, la cinquantaine, vit comme en suspension dans un nouvel appartement qu’elle n’arrive pas à aménager, entre un travail de traduction qu’elle reporte sans arrêt et des leçons de français qu’elle ne se résout pas à donner. Un entrefilet dans le journal du matin attire son attention. On y annonce que le Chinois Yu Dongyue vient d’être libéré après dix-sept ans de prison. Il avait été incarcéré pour avoir lancé des coquilles d’œuf remplies de peinture rouge sur le portrait de Mao de la place Tienanmen, en mai 1989. Cette nouvelle secoue Madeleine plus qu’elle ne l’aurait cru. Elle s’enferme chez elle pour se plonger dans ces jours de mai 1989, mais sa retraite est perturbée par l’arrivée de Jérémie, un voisin qu’elle ne connaît pas, et par celle de Lin, une jeune immigrante chinoise réclamant ses leçons de français. Etrangers l’un à l’autre, réunis par hasard dans le salon de Madeleine et confrontés à l’histoire de Yu, tous trois voient ressurgir leurs doutes, leurs regrets et leurs espoirs. Madeleine relit son journal intime et adresse des pensées à Yu. Jérémie téléphone et parle de Yu à son fils qui souffre d’un manque affectif chronique et dont il s’occupe seul depuis que sa femme l’a abandonné. Lin envoie des lettres à sa mère restée en Chine, et compare le sacrifice de Yu pour son pays à son propre choix de fuir sa terre natale dans l’espoir d’une vie meilleure. Carole Fréchette est toujours juste dans sa réflexion sur le militantisme et sur la vie. Grâce aux points de vue contradictoires de ses personnages, elle n’offre aucune réponse manichéenne mais ouvre au contraire largement la question de l’engagement, de nos jours.

02/2012

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Policiers

Je reste roi d'Espagne

Juan Carlos a disparu, laissant derrière lui une note énigmatique : “Je pars à la recherche de l’enfant. Je reviendrai quand je l’aurai trouvé. Ou pas. Joyeux Noël.” Pour le retrouver, le ministre de l’Intérieur joue sa dernière carte : José Maria Arregui, l’inspecteur mélancolique et sanguin qui, quelques années plus tôt, a par hasard sauvé la vie du roi une première fois… Quelques semaines avant Noël, le roi d’Espagne a quitté sa résidence, laissant derrière lui un mot dont personne ne comprend le sens. Tout effort pour retrouver sa trace s’avère vain et l’on fait appel, en dernier recours, à un ex-flic, le détective Arregui (déjà croisé dans Nager sans se mouiller) qui lui a jadis sauvé la vie et qui, pour résoudre les cas qui se présentent à lui, doit chercher l’inspiration dans les cabines vidéo des sex-shops. Poursuivi par sa propre mélancolie, par des policiers corrompus et par les hommes de main d’un puissant personnage connu sous le nom du “Chasseur”, Arregui se perd dans une Espagne arriérée, située à une centaine de mètres seulement des grandes routes, traversée par des personnages aussi étranges qu’un voyant “rétroviseur” qui ne peut deviner que le passé, qu’un chef d’orchestre ayant perdu la symphonie censée guérir tous les chagrins, ou qu’un roi déguisé en hippy persuadé de vivre un film d’aventures. Pour revenir à Madrid, ils doivent traverser une rivière dont personne ne se souvient du nom et accepter “que les canards puissent canarder les fusils”. Avec ce matériau, Carlos Salem construit son troisième roman, un road trip dans lequel, derrière l’humour et l’action présents dans tous ses livres, transparaît la tendresse des personnages poursuivis par le temps au rythme doux et mortel d’une ranchera mexicaine.

09/2011

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Littérature française

L'empreinte du lézard

Un col enneigé, une jument abandonnée, trois lettres inscrites sur un rocher qui indiquent la piste d'une communauté hippie aussi introuvable que légendaire. Le jeune héros, Wha, ne sait pas encore qu'il sera bientôt leur passeur et le témoin de la chute de cette utopie réalisée. Embarqué dans cette épopée un peu par hasard, il demeure à part, hanté par la figure magique de Lélia, amour perdu et fantomatique. L'action se déroule quelque part dans le sud de la France mais peu importe, c'est le destin d'une génération qui pensait pouvoir changer le monde qui est relatée ici dans un style flamboyant. On y croise Syd Barret, une comtesse en rupture de ban, un avocat soutenant la fraction armée rouge, un mulet magnifique du nom de Charko, un toxicomane Corse, Francis Cabrel, une prostituée nihiliste au cour gros, des américains de retour du Vietnam et adeptes du sabre khmer et même une amoureuse irlandaise. C'est toute la caravane des années hippies qui défile pour notre plus grand plaisir, d'autant que Philippe Assié parvient à ne jamais tomber dans le cliché et offre ici un roman truculent aussi personnel que grandiose, habité d'un souffle rare dans la littérature française.""Voilà le livre français que l'on esperait depuis longtemps : la verve de Céline dans la profondeur des paysages de Jim Harrison et vous avez une idée de ce western space-spaghetti que ne renierais pas les frères Coen !!"" - Librairie Voyages au bout de la nuit""Comme la nature anarchique et flamboyante, ses phrases s'organisent selon leurs propres règles, leurs propres rythmes sans déroger un seul instant à l'exigence littéraire la plus vive.

05/2011

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Critique littéraire

Lectures en stock

Ne pas manquer de bons livres à lire et pas seulement sur une île déserte, c'est le pari de Lectures en stock afin de plonger avec délectation dans les romans français parus au XXe siècle. Ce guide subjectif de cinquante-deux ouvrages souhaite tout d'abord piquer la curiosité. Ensuite, faire découvrir des romans d'auteurs ensablés. Enfin, donner à lire un texte qui n'a rien perdu de sa capacité de séduction, loin des sentiers battus. Les livres non lus sont bien morts, mais en retrouvant un lecteur, ils peuvent ressusciter. Un auteur délaissé n'est pas forcément un ensablé, et son oubli tout à fait justifié. Mais parfois, l'écrivain oublié a publié une véritable oeuvre dont la qualité reste reconnue par les spécialistes et souvent primée. Seulement, le public ne la lit plus, ou pas assez, ou par hasard. La faute à une mort prématurée, une existence provinciale ou aux modes littéraires bouleversées par la Seconde Guerre mondiale... La littérature, la bonne, n'a pas d'âge. Les articles de cet ouvrage visent à redonner vie à des romans afin de goûter un style, une narration, une histoire hors du temps. Quels merveilleux moments procurés par une lecture qui abolit et le lieu et l'époque lors d'un après-midi pluvieux ou dans une chaise longue au soleil... Avec ces Lectures en stock, le blogue des Ensablés opère une incursion sur papier avec des textes revus et choisis par les contributeurs selon leurs inclinations. Chaque chronique présente en quelques lignes la vie de l'écrivain pour se concentrer ensuite sur le contenu du roman. Une façon de se cultiver, de découvrir un rayon inexploré de la littérature, tout en se démarquant de l'air du temps. Sous les signes imprimés, une seconde vie pour tous...

03/2018

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Ethnologie

Le chemin des humbles. Chroniques d'un ethnologue au Népal

"Je suis entré une première fois au Népal un peu par hasard, ne sachant tout à fait ce que j'allais y chercher. Sur cette bande de terre serrée entre les deux géants de l'Asie, d'innombrables microcosmes s'étagent entre les forêts humides du Sud et les hautes montagnes qui hérissent le Nord de leur chaîne grandiose. La population qui l'habite est à l'avenant : parmi elle, les langues foisonnent, et les modes de vie peuvent diverger du tout au tout. On rencontre aussi bien le résidu de peuples nomades vivant presque comme à la préhistoire qu'une bourgeoisie cosmopolite toujours entre deux avions, tandis que la majorité, elle, vit les pieds dans la glèbe. J'ai vécu à de nombreuses périodes dans des villages de l'ouest du pays, à l'écoute de leurs traditions et de leurs rites. J'ai recueilli notamment des épopées, chants d'un passé lointain déclamés encore aujourd'hui par une caste de musiciens-narrateurs. "Ethnologue", "anthropologue", sans doute, mais il faut aussi savoir n'être qu'un passant, qu'un patient, qu'un marcheur, qu'un amant... La matière première du chercheur de terrain, ce ne sont pas des archives ou des tests de laboratoire, mais bien des personnes et des lieux. Le présent livre est né d'une nécessité, d'une impossibilité de plus en plus grande à servir ces rhétoriques convenues qui s'adressent à un infime lectorat de spécialistes. Le monde dont il est fait témoignage ici est à la fois le lieu d'une certaine permanence, et aussi celui où se font sentir les premiers frémissements de la crue. Ces récits sont à la charnière entre ces deux moments, derniers instants d'une société qui craquelle". Rémi Bordes

10/2017

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Littérature étrangère

Inside

Psychothérapeute de talent à Montréal, Grace tombe par hasard, alors qu'elle skie pour se changer les idées, sur le corps inanimé d'un homme qui vient de faire une tentative de suicide. Elle n'hésite pas à secourir ce mystérieux inconnu mais réalise très vite que ses sentiments pour lui ne sont pas aussi simples qu'elle veut bien l'admettre. Se remettant tant bien que mal d'un divorce douloureux, Grace se sent irrésistiblement attirée par cet homme qui semble cacher tant de choses. Entre-temps, une de ses patientes, Anne, une adolescente troublée qui vient d'avorter, s'enfuit à New York pour faire du théâtre. Quand elle trouve, quelques années plus tard, une jeune fugueuse enceinte réfugiée dans le hall de son immeuble, Anne ne peut s'empêcher de la recueillir chez elle. Pour le meilleur et pour le pire. Mitch, thérapeute à la dérive et ex-mari de Grace, fuit le bonheur de peur qu'il ne se sauve. Il quitte la femme dont il est amoureux et part en mission dans une communauté en difficulté de la région arctique. A son retour, une vieille amie lui apprend que Grace a été victime d'un accident de voiture. Immobilisée, cette dernière a besoin d'aide, notamment pour s'occuper de sa petite fille. Peut-on renouer des liens après dix ans d'absence ? A l'intérieur se déroule sur une décennie, nous promenant de Montréal à New York en passant par Hollywood et le Rwanda. Ce roman nous offre une fresque intimiste qui touche par sa justesse et sa sensibilité. A travers ces différentes destinées cahotées, Alix Ohlin s'interroge sur notre identité, sur ces failles sur lesquelles chacun de nous se construit malgré tout, jour après jour, envers et contre tout. Répétitions, échos, variations : qui sommes-nous réellement à l'intérieur ?

08/2013

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Littérature française

Un verre de rosé très clair très frais Tome 1 : Toscane

" C'est un beau roman c'est une belle histoire... ", avec de l'émotion, de la douleur, de la mélancolie, de la tristesse de l'humour et une immense joie de vivre. " Un verre de rosé très clair très frais " est l'histoire de rencontres improbables, de destins inattendus et d'une intense amitié où se mêlent les sentiments les plus vrais avec des personnages des plus fragiles aux plus forts. Toscane et Vincent, avec autour d'eux Céline, Sylvie, Sébastien, Mathilde, François, Henri, Julien, Sofia di Fa, Thomas, Alexandre le Doyen, sans oublier petit Louis, nous entraînent dans une romance amicale élégante avec larmes et sourires. Le hasard des rencontres succède aux rendez-vous manqués et la valse hésitation s'accompagne de non-dit, de vérités douloureuses et parfois heureuses... Ecrit comme un scénario en quatre volumes, Un verre de rosé très clair très frais nous emmène de la Romieu, à Toulouse en passant par Paris, Londres, Taormine, Lavernose, Baqueira, Cannes, Cormeilles et Hendaye. Rythmées par des dialogues riches en humour et sensibilité, les scènes nous conduisent crescendo sur le chemin de l'amitié où parfois l'amour s'invite au grès " des choses de la vie ". Aude ERMET est née à Toulouse dans les années soixante. C'est dans cette ville qu'elle a grandi, obtenu son baccalauréat, et suivi des études en sciences politiques. Les deux ans passés à Paris pour suivre un enseignement journalistique lui ont permis d'intégrer Sud Radio après des stages à TF1 et à France Inter. Riche de différentes expériences dans la communication et dans la publicité elle a eu le plaisir d'organiser la venue de nombreux auteurs pour présenter leurs derniers romans, recueils, essais...

10/2020

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Critique littéraire

Cahier. Ivry, janvier 1948

C'est en 1945, alors qu'il est encore enfermé à l'hôpital psychiatrique de Rodez, qu'Antonin Artaud commence à écrire chaque jour dans de petits cahiers de brouillon que lui fournit l'administration. Sur ces fragiles supports, il réinvente un nouveau corps d'écriture, entre texte et dessin, entre théâtre vocal et danse rythmée de coups de couteaux qui transpercent la feuille. Artaud lui-même parle de " cahiers de notes littéraires, poétiques, psychologiques, physiologiques, magiques, magiques surtout ". Magiques en effet ; l'écriture sous ses doigts est vivante, les pages bougent, les dessins sortent de la feuille : pratique conjuratoire, exorcisme. Souvent il écrit dans plusieurs cahiers à la fois, au hasard des pages ouvertes, déployant ainsi les scènes plurielles et éclatées que cherchaient à penser dans les années trente ses théories théâtrales. Jour après jour et jusqu'à sa mort, le 4 mars 1948, il poursuivra ainsi inlassablement la même pratique effrénée d'écriture infinie où il remet en scène, dans un espace qu'il nomme " sempiternel ", son dernier Théâtre de la Cruauté. 406 de ses petits cahiers - la quasi intégralité - sont aujourd'hui conservés à la Bibliothèque nationale de France. Certains contiennent les esquisses des derniers grands textes : Suppôts et Suppliciations. Pour en finir avec le jugement de dieu, Van Gogh le suicidé de la société. Tous sont emplis de fragments de poèmes et de dessins au crayon ou à l'encre. Une bonne partie d'entre eux sont encore inédits. C'est le cas du cahier publié ici en fac-similé, l'un des derniers, datant de janvier 1948. D'une page à l'autre, dans l'entrelacs des textes et des dessins, on y voit se déployer la " machine de souffle ", comme disait Artaud, où s'opère " la matérialisation corporelle et réelle d'un être intégral de poésie ".

11/2006

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Histoire internationale

L'année 2001 dans Le Monde. Les principaux événements en France et à l'étranger

André Malraux, prétend-on, affirmait que le XXIe siècle serait religieux. Il apparaît plutôt dans l'immédiat que le siècle nouveau s'est ouvert sur des usages criminels des religions. Les extrémismes religieux ont poussé partout les feux de la logique de guerre, au Proche-Orient comme aux Etats-Unis. Les attentats meurtriers y ont retenu l'attention, reléguant dans l'ombre les affrontements religieux en Indonésie ou au Pakistan. Choc des civilisations, a-t-on soutenu. Pourtant, les pays occidentaux ne sauraient se targuer du monopole de la défense de " la vie ". De procès en projets de lois, c'est la notion même d'une vie normale, sans hasard génétique ni risque de handicap, qui est débattue, voire prônée - miroir de sociétés dont l'actualité a montré combien elles refusent désormais toute forme de risque, qu'il soit naturel ou technologique. En 2001, la force du droit n'aura pas été seulement celle de la guerre contre le terrorisme. Si l'espoir de voir s'ériger un État viable en Palestine s'est un peu plus effacé devant les incursions israéliennes dans les territoires et le développement de la colonisation, en revanche, la justice, par sa seule force, a rattrapé des tortionnaires et des dictateurs : les tribunaux nationaux et internationaux - mais les Etats-Unis refusent de ratifier toute juridiction internationale - continuent à œuvrer, laissant luire l'espoir que le dernier mot, même tardivement, revienne aux toges, pas aux armes. Cette chronologie inédite, enrichie de cartes et d'articles de synthèse sur de grands événements parus dans le quotidien, a été établie par Maryvonne Roche, avec la collaboration du service Documentation du Monde. L'année dans Le Monde est un outil indispensable pour tous ceux qui, par curiosité ou nécessité universitaire, souhaitent se remémorer les faits essentiels de l'Histoire en train de se faire.

02/2002

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Littérature française

Daily fiction. Histoires de la vie ordinaire

Ce sont des passants dans les rues de Brooklyn, de Paris ou d'Odessa. Peu importe, en fait. Un regard, une ombre sur le mur, une phrase à peine entendue, des choses comme on en voit tant, tous les jours, sans y prêter attention. A tort : Matthieu Raffard et Albéric d'Hardivilliers nous offrent ces instantanés de la vie ordinaire avec un relief et une sagacité nouvelle. L'écriture investit le hors-champ de l'image, le quotidien devient le socle d'une histoire à mille ramifications. Avec ironie parfois, mais toujours tendres et bienveillants, les deux auteurs dessinent une humanité sur le fil, et chacun de ces anonymes, fragiles et magnifiques, de devenir soudain les héros du monde contemporain. La recette est simple, un jeu d'enfant : chaque jour, une photo inspire une histoire de quelques lignes. L'effet est marquant, vif, frais, revigorant. Pendant deux ans, le photographe et l'écrivain ont extrait de la gangue du quotidien, de l'insignifiant porté par le hasard, une matière insolite. Cette centaine de fictions proposent de véritables illuminations. La plage qui se vide, un fils qui visite sa mère, l'inconnue du bistrot, ou cette lumière étrange qui tombait sur Manhattan... Daily Fiction est un beau livre. Par cette combinaison originale de la photographie et de la fiction, par la fraîcheur qui s'en dégage, par la justesse et la nervosité du trait, aussi vif qu'un instantané. Des petits bouts de bonheur, des nouvelles à lire et à voir telle une friandise que l'on s'accorderait tous les soirs. D'Odessa à New York, de Dunkerque à Stockholm, ces quidams deviennent soudain les héros anonymes de notre monde contemporain et renvoient à quelque chose d'universel.

10/2012

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BD tout public

Coup de sang Tome 3 : La couleur de l'air

Dans un ciel sens dessus dessous ponctué d'immenses masses nuageuses aux allures menaçantes progresse le Zeppelin sinistré Garbage et son équipage incongru : un couple de passagers de hasard embarqués à Tanger, Anders Mikkeli et Esther Roblès, deux jumelles orphelines sujettes à de mystérieuses crises de citations littéraires, leur garde du corps et le cadavre démembré du pilote de l'appareil, suspendu à ce qui reste de sa nacelle détruite. Dans les soutes, un mélange de déchets nucléaires instables et d'armes atomiques en état de marche, indice probable des visées terroristes du Garbage. Balloté au gré de la violence des vents, ses équipements verrouillés sur navigateur automatique, l'aérostat semble totalement livré à lui-même, et pourtant… Pourtant quelque chose suggère qu'il y a peut-être là un dessein, une volonté, une direction. Car au même moment, nombre des personnages croisés au fil des deux précédents volumes de la trilogie – Ana et Lester, Bacon et son dauphin hybride, Julia, Roem et Lawrence, l'ex-aumonier militaire – se sont eux aussi mis en mouvement, comme mûs par un appel secret. Leur périple annonce-t-il le stade terminal du « coup de sang » planétaire ? S'agit-il des prémisses de la troisième guerre mondiale annoncée, qui mettra ainsi un point final à la crise environnementale généralisée ? Ou d'autre chose encore, divergeant de tout ce qu'on pouvait imaginer ? Toujours magistral, tant dans la puissance et l'originalité de son récit que dans son traitement graphique et chromatique exceptionnel, Enki Bilal apporte un point final à la trilogie amorcée dans Animal'z et poursuivie dans Julia et Roem. L'un des titres les plus attendus de la fin d'année.

10/2014

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Religion

Une famille juive du temps de l'exode

L'exode, juin 1940. Yvonne Dockès n'a pas vingt ans. Avec ses parents, elle quitte les Vosges pour rejoindre Nîmes dans le Sud de la France. Tous trois voyagent deux jours durant dans leur Citroën, atteignent la Haute Loire et s'arrêtent à Saugues. Pour Yvonne et sa famille, cet arrêt dû au hasard, imposé par la débâcle, dure quatre mois, de juin à octobre 1940. Yvonne écrit alors 150 recettes d'une écriture dense et régulière dans un petit carnet. Celui-ci va l'accompagner tout au long de son existence, un repère, un guide. Que s'est-il passé pour qu'Yvonne ait été prise par l'envie d'écrire ? Est-ce pour ne pas oublier, conserver un héritage menacé de disparaître. Fragments de récits d'une famille juive alsacienne, lorraine. Dans l'exil, la mémoire des nourritures familiales reste un ancrage face au désarroi et à la faim. La cuisine, héritage transmis cahin-caha sur plusieurs générations devient matrimoine, une langue mémoire, un grenier à souvenirs pour faire face au chaos du présent. Entre cuisine juive et autres inspirations, nous entrons dans le récit de familles juives ouvertes sur le monde, transportant leur histoire sans dénégation, ni enfermement. Cet ouvrage raconte l'histoire d'une famille juive alsacienne, lorraine patriote qui doit quitter sa région, est soumise aux lois de Vichy et survit en se réfugiant dans un village cévenol. A travers le chaos, la guerre et la Résistance, cet essai transmet un témoignage et un message pour les générations futures. Il traduit les mutations du judaïsme français à travers trois guerres, les déambulations à la suite de la spoliation de biens et du déracinement. La transmission de la mémoire familiale, des rituels et des savoir-faire au féminin contribuent à cette attention à la vie et jouent une large place dans cette destinée familiale.

02/2017

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Philosophie

Qu'appelle-t-on philosopher ?

La philosophie se pose souvent à elle-même la question de sa définition. Mais nous ne savons rien, ou presque, de ses manières de faire au Jour le jour. Les philosophes aiment en effet à cacher les pistes, tenir secrètes les hésitations et gommer les ratures. Et nous sommes moins curieux des documents de leur travail que de ceux des écrivains, considérant que journaux, brouillons ou correspondances sont déjà de la littérature, pas encore de la philosophie. Il est bien sûr quelques exceptions, tels les fragments posthumes de Nietzsche, le dossier du Livre des passages de Walter Benjamin, les carnets de Wittgenstein. Mais c'est peu pour tenter de relier le visible et l'invisible, les idées et les intuitions. Récemment publié, le Journal de pensée d'Hannah Arendt offre de quoi surprendre quiconque est familier de son œuvre comme le lecteur en quête d'une réponse à la question : qu'appelle-t-on philosopher ? Il illustre admirablement une pratique, un style, un ethos de la pensée. Arendt est demeurée rétive aux programmes de la philosophie, préférant s'adonner à ce qu'elle nommait " pensée libre ". Ses exercices quotidiens doivent beaucoup à la fréquentation des livres classiques, qu'elle cite et commente " pour avoir des témoins, également des amis ". Nous y voyons des idées qui surgissent d'un mot noté au hasard des lectures, se déploient en ligne droite ou bifurquent, s'agencent en tables de catégories, trouvent enfin la forme d'un article ou d'un livre. Mais nous y découvrons aussi des chemins qui ne mènent nulle part et les raisons de quelques échecs. Séjournant dans l'antichambre des livres, serons-nous tentés, pour finir, de donner raison à Kant et dire à sa suite que " le philosophe n'est qu'une idée " ?

03/2006

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Critique littéraire

La grandeur et la grâce. Quand l'Europe parlait français ; Le poète et le roi

Marc Fumaroli présente Quand l'Europe parlait français comme "une promenade au hasard de rencontres entre Français et étrangers, dans un XVIIIe siècle où les Français sont partout chez eux, où Paris est la seconde patrie de tous les étrangers, et où la France est l'objet de la curiosité générale des Européens". Une promenade qui commence avec le siècle des Lumières et s'achève à l'aube de l'Empire napoléonien. Marc Fumaroli restitue cette période de notre histoire - la dernière "où l'on ait cru au bonheur sur la terre" - avec une érudition allègre, sensible et rigoureuse à la fois. Il montre comment l'universalité de la langue française s'est confondue avec celle d'un art de vivre et de penser, où princes, diplomates, esthètes et chefs militaires étrangers ont tous en commun d'être amoureux du français. Le second ouvrage repris ici, Le Poète et le Roi, est consacré à Jean de La Fontaine. L'auteur souligne que de toutes les voix issues du Grand Siècle, la plus modeste, la plus retenue est aussi la seule qui n'a jamais cessé d'émouvoir, au point de se fondre dans le folklore de l'enfance. L'Histoire a fait de La Fontaine un "bonhomme" presque aussi anonyme que la tradition orale qu'il a recueillie. Marc Fumaroli rend ici justice au poète caché derrière le personnage de la légende, et à travers lui nous fait revisiter le Paris de la Fronde, de l'affaire Foucquet et du règne de Louis XIV. Ce volume démontre de la façon la plus éclatante que la grandeur et le rayonnement d'un pays comme le nôtre tiennent d'abord à la vitalité de sa langue et de sa culture.

11/2014

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Critique littéraire

Céline. Paria et génie

Des rampes de Courbevoie en bord de Seine jusqu'à la froidure de l'exil danois, Céline (1894-1961) va se fabriquer une vie étincelante. Dans son histoire personnelle comme dans ses livres. Ce n'est pas par hasard que les critiques littéraires ont affirmé avec conviction que les deux plus grands auteurs français du vingtième siècle s'appellent Proust et Céline. Médiocre médecin généraliste, Louis Destouches prend le prénom de sa grand-mère bien aimée, Céline, comme pseudonyme. Marié en Bretagne et rapidement divorcé, il livre en 1932 son chef-d'oeuvre Voyage au bout de la nuit, une révolution dans la forme et dans les cris. Il le dédicacera au seul amour de sa vie, la danseuse américaine Elizabeth Craig. Son deuxième grand livre, Mort à crédit, n'a pas le succès espéré sauf auprès de ceux qui adorent les fulgurantes envolées lyriques de Céline, les amoureux de son style qui va populariser l'écriture, la rendre percutante. Ce n'est pas de l'argot mais une invention permanente des mots et des phrases. Même dans les abominables pamphlets qui vont suivre comme Bagatelles pour un massacre, l'éblouissant talent de Céline fait oublier son antisémitisme radical et misérable. Céline carbure à la haine mais revient au roman avec l'époustouflante trilogie allemande : D'un château l'autre, Nord et Rigodon. Homme à femmes, il termine pourtant sa vie avec une pénélope fidèle, Lucette Almansor, dans sa retraite de Meudon. Il échappera à une probable et sévère condamnation, grâce à son avocat et à l'inculture de ses juges. On pourra suivre ce parcours démentiel à travers le regard et les très belles illustrations de Philippe Lorin, remarquable observateur des visages de Céline. Paria ou génie ? Aux lecteurs de choisir.

09/2016

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Philosophie

L'influence de l'odeur des croissants chauds sur la bonté humaine. Et autres questions de philosophie morale expérimentale

Vous trouverez dans ce livre des histoires de criminels invisibles, de canots de sauvetage  qui risquent de couler si on ne sacrifie pas un passager, des machines à donner du plaisir que personne n'a envie d'utiliser, de tramways fous qu'il faut arrêter par n'importe quel moyen, y compris en jetant un gros homme sur la voie.Vous y lirez des récits d'expériences montrant qu'il faut peu de choses pour se comporter comme un monstre, et d'autres expériences prouvant qu'il faut encore moins de choses pour se comporter quasiment comme un saint : une pièce de monnaie qu'on trouve dans la rue par hasard, une bonne odeur de croissants chauds qu'on respire en passant.Vous y serez confrontés à des casse-tête moraux. Est-il cohérent de dire : "ma vie est digne d'être vécue, mais j'aurais préféré de ne pas naître" ? Est-il acceptable de laisser mourir une personne pour transplanter ses organes sur cinq malades qui en ont un besoin vital ? Vaut-il mieux vivre la vie brève et médiocre d'un poulet d'élevage industriel ou ne pas vivre du tout ?Cependant, le but de ce livre n'est pas de montrer qu'il est difficile de savoir ce qui est bien ou mal, juste ou injuste. Il est de proposer une sorte de boîte à outils intellectuels pour affronter le débat moral sans se laisser intimider par les grands mots ("Dignité", "vertu", "Devoir", etc.), et les grandes déclarations de principe ("Il ne faut jamais traiter une personne comme un simple moyen", etc.).C'est une invitation à faire de la philosophie morale autrement, à penser l'éthique librement.

09/2011

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Littérature française

La Geste des Jartés. Chanson

"Une PME en difficulté, des salariés qui s'angoissent pour leur avenir, un nouveau P-DG qui arrive, un groupe acharné à rétablir des profits : pour mettre en scène cette réalité sociale tragique et banale, et faire entendre les voix de tous ses acteurs, des plus hauts placés aux "gens sans importance" qui en sont les victimes, j'ai choisi la chanson de geste la plus ancienne forme narrative de notre langue. Elle s'est imposée par sa souplesse et par la liberté qu'elle me donnait de me déplacer à travers toutes les couches du français des plus archaïques aux plus modernes, des chants de trouvères aux slams. Si j'ai choisi l'édition comme univers, ce n'est ni politique ni hasard ; c'est parce que j'ai voulu suivre à ma façon, humblement, le précepte tchekhovien de ne pas parler de ce que je ne connaissais pas ; ainsi souvenirs et rencontres se sont-ils transformés, et les voix se sont-elles mises à résonner, chacune avec sa misère, son rêve, sa peur, son espoir. Au cours de l'écriture, j'ai vu y passer les ombres de beaux ancêtres, certains anonymes, et Turoldus aussi, qui chanta Roland, Durandal, Olivier et les preux celles de Rabelais et de La Fontaine, qui m'a prêté l'un de ses deux pigeons, bien mal en point, et suggéré avec malice l'intrusion d'un hamster. Dans cette geste, il est question de sujets sérieux ; licenciements, harcèlement sexuel et le champ de la bataille annoncée (ce qu'on appelait la rencontre des hommes dans le fracas des armes et le jaillissement vermeil du sang) est un comité d'entreprise. L'excès y passe, le grotesque, le pathétique ; j'en garde avec les rires le goût âcre des larmes".

10/2013

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Littérature française

Quatre années au cambodge

« Que s'est-il passé réellement ? Il ne peut s'agir d'une banale dispute entre promeneurs du dimanche. Ce serait invraisemblable. Ou alors il y a eu provocation et querelle grave. Je suggère à François d'envoyer ses propres enquêteurs sur place. En attendant, nous réfléchissons. Agression visant l'Ambassade de France à travers l'un de ses membres pris au hasard ? Possible. Si cette hypothèse est juste, c'est très grave. Agression beaucoup plus personnelle visant bel et bien Gérard et personne d'autre ? Très vraisemblable aussi. Mais il faut chercher les motifs. Le simple vol de voiture me semble à exclure vu la façon dont se sont passées les choses. D'ailleurs, il paraît qu'elle est réduite à l'état d'épave. Le colonel Prat devrait envoyer quelqu'un la récupérer dans la matinée. Il ne pourrait s'agir que de querelles personnelles, questions d'argent, de femmes... Mais s'il a des petits secrets peu avouables, il ne les racontera pas ! Reste naturellement la solution du rapport entre ses activités d'agent des services secrets français et cette tentative d'assassinat. Tout cela sent le souffre ! » 1991, la France s'apprête à rouvrir son ambassade à Phnom-Penh. L'auteur qui vient d'épouser son compagnon, nommé Attaché de Défense, arrive dans l'ex Kampuchéa. Services secrets, prise d'otages, meurtres... Elle sera le témoin privilégié du microcosme diplomatique et des intrigues tortueuses d'un État aussi corrompu que dangereux. Ses « Quatre années au Cambodge » seront une aventure tour à tour passionnante et effrayante, où l'inattendu côtoiera les désillusions, la fascination, la répulsion. Immersif et instructif, un témoignage rare et sans langue de bois.

10/2014

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Littérature française

L'officier de fortune

C'est un homme dont la vie embrasse le siècle. Engagé à 17 ans dans les années 20, il est envoyé en Allemagne, officier à 25 ans au Maroc et au Tonkin, chef de bataillon à Nouméa en 1939. Après l'appel du 18 juin, il est un des premiers à rejoindre la France libre. Sa carrière reprend à la tête de régiments en Indochine et en Algérie, jusqu'à un modeste crime de lèse-majesté qui lui coûte cher. Mais en ce début des années 1970, il n'est qu'un vieux militaire retraité, veuf d'un mariage calamiteux, père d'enfants qui le rejettent. Le monde pour lequel il s'est battu n'existe plus, pour lui tout est fini. Tout, sauf Jeanne peut-être. Elle fut le grand et secret amour de sa vie. Et ensemble ils ont eu un fils qui aujourd'hui doit avoir dix-huit ans... Xavier Houssin poursuit sa quête romanesque d'un passé familial dont il ne connaît que des bribes éparses. Ici, il s'attache à la figure de son père, grand absent de son enfance, et le réinvente. C'est le parcours presque exemplaire d'un militaire dont les tribulations aux quatre coins des colonies sont la cartographie animée d'un Empire français au bord de l'effondrement. Quand rien n'a pu être sauvé, reste un homme hagard d'avoir vécu par et pour l'uniforme. Comment se réinventer ? Est-il possible de retrouver Jeanne, de rencontrer ce fils ? De vivre une autre vie, peut-être ? Ecrit à la première personne, L'officier de fortune suit avec pudeur, profondeur et une grande subtilité d'écriture les rêves, les désillusions, les deuils lourds et le colin-maillard sentimental d'un homme qui, sur le tard de sa vie, s'essaye à la douceur.

02/2020

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Monographies

Gaston Chaissac

Improvisateur de génie, Gaston Chaissac (1910-1964) a créé une des oeuvres les plus singulières de son époque. Fils de cordonnier, il est initié à la peinture par Otto Freundlich et Jeanne Kosnick-Kloss, rencontrés par hasard à Paris, en 1937. Encouragé dans cette voie, il invente très rapidement un alphabet pictural qu'il va faire évoluer tout au long de sa vie. Au cours de ces années cruciales, dans un Paris en pleine mutation, Chaissac assimile l'essentiel du contexte artistique d'alors et se forge une vaste culture. Prolifique, ludique, et polymorphe, sa production visuelle aborde tous les genres. L'étourdissant dessinateur qu'il est dès ses débuts exerce sa verve aussi bien dans le domaine de la peinture et du collage, que celui des objets récupérés, métamorphosés avec autant de faconde que de délicatesse, composant un monde paradoxal, à la fois théâtral et confidentiel. Au plasticien se superpose en même temps l'écrivain, dans une activité en miroir, qui révèle un prodigieux épistolier et un poète hors norme. Des milliers de lettres envoyées pendant plus de vingt ans tous azimuts, vont lui permettre aussi de tisser des liens avec grand nombre de ses contemporains (Albert Gleizes, André Bloc, Raymond Queneau, Jean Paulhan, Anatole Jakovsky, André Lhote, Jean Dubuffet, ...) tout en restant volontairement en marge depuis le bocage vendéen qu'il ne quittera jamais. Ce monument épistolaire unique en son genre fascine par l'aisance des jugements, la pertinence des points de vue et la lucidité avec laquelle celui qui se disait "peintre rustique moderne" , joue de son besoin paradoxal de distance et de proximité. Cette première monographie, en forme de portrait, met volontairement à égalité le peintre et l'écrivain, et dessine l'aventure de Gaston Chaissac comme l'une des mutations les plus représentatives que la modernité a connue au siècle dernier.

11/2022

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Sociologie

Retours gagnants. De la sortie sans diplôme au retour diplômant

N'est-il pas étonnant de voir des jeunes qui étaient pour certains dans une relation d'étrangeté sinon d'hostilité à l'Ecole, qui avaient rompu avec celle-ci, jurant— un peu tôt — qu'on ne les y prendrait plus, revenir aux études, s'y tenir, et obtenir une première diplomation, faisant de ce retour un retour (académiquement) gagnant ? L' improbable incarné constitue une figure stimulante pour le chercheur à condition toutefois de ne pas céder à l'illusion héroïque ou à la tentation de l'exception méthodologique (Dobry). La probabilité d'apparition de l'improbable n'est pas distribuée au hasard des appartenances et des conditions sociales et contextuelles. Pour le dire dans un langage plus familier, n'importe quoi (d'ordinaire ou d'extraordinaire) n'arrive pas à n'importe qui, dans n'importe quel contexte. L'auteur s'aventure sur les terrains empiriques en jouant sur le qualitatif et le quantitatif, en se donnant les moyens d'avoir du qualitatif en quantité. Il analyse ainsi les récits de parcours de 215 jeunes (16-30 ans). A bas bruit ou tonitruante, leur sortie sans diplôme ne scelle pas leur destin scolaire, mais ouvre une période hors les murs qu'il convient de caractériser, non de pathologiser en la réduisant à un ensommeillement de la pensée ou à un comas intellectuel. Il dévoile les fadeurs dispositionnels et contextuels qui mettent les jeunes sur le chemin du retour. Avéré, celui-ci ne préjuge pas de la persévérance scolaire. Aussi étend-il la recherche aux conditions permettant le maintien. En fait, il s'agit de ne pas isoler le processus de sortie sans diplôme des processus de retour et maintien aux études. Si le premier peut contenir les germes d'une reprise d'études, les seconds peuvent charrier les conditions d'une nouvelle interruption.

02/2022

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Géopolitique

La guerre des puissants. Stratagèmes de domination de la Chine et des Etats-Unis

La Chine et les Etats-Unis se livrent à une guerre économique ouverte depuis les années 2010. Les présidents Obama, puis Trump et désormais Biden cherchent à restaurer la suprématie américaine émoussée dans tous les domaines tout en tenant une position protectionniste. En parallèle, le président chinois Xi Jinping érige en priorité d'Etat tous les facteurs de puissance possibles avec pour objectif de rendre la Chine prépondérante à l'horizon 2050. Ces confrontations économiques et industrielles ont bien évidemment des répercussions sur tous les champs d'affrontement que sont la politique et la diplomatie, la R&D, la finance, les territoires et le militaire, champs qui ne sont que peu visibles ou partiellement traités dans les médias occidentaux, mais qui sont inextricablement liés. Cet ouvrage vous propose de dépasser une lecture classique partielle par une vision systémique du prisme d'accroissement de puissance. Il est ainsi le seul à décrypter de manière globale l'affrontement actuel entre la Chine et les Etats-Unis sur l'ensemble des échiquiers économique, politique et militaire. Ces deux puissances sont souvent analysées en parallèle, mais jamais dans le cadre d'une confrontation forte et directe. Au travers d'exemples pragmatiques et récents, notamment dans le secteur des télécoms, les auteurs relatent et détaillent l'enchaînement des nombreux mécanismes et leviers mis en place et utilisés par les deux protagonistes afin d'obtenir l'ascendant sur le monde matériel et immatériel. Cet ouvrage permet de mesurer l'étendue de la confrontation qui oppose les Etats-Unis et la Chine, et que chaque événement n'est pas le fruit du hasard, mais bien celui d'une stratégie pensée et réfléchie avec des enjeux longtemps restés cachés. C'est une plongée éclairée qui permet de découvrir la partie immergée de l'iceberg ? !

02/2022

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Littérature française

À la recherche du père

Ahmet est parti de l'Europe à la recherche des traces de son père dans l'Océan indien accompagné de sa femme Roxane. Ensemble, ils découvrent le charme et la beauté d'un archipel où la vie est régie par la chaleur et l'hospitalité de son peuple. Impressionnés et enthousiasmés par une population souriante, ils se sont faufilés dans la masse en épousant sa culture, sa civilisation et ses coutumes. Tellement que la joie et l'harmonie de la vie leur offrent ce dont ils désiraient depuis leur jeune âge, ils oubliaient le but de leur voyage. Quelque temps après, se sentant delaissée par son mari, Roxane se laisse transporté par l'envie de se rajeunir. Commence alors une relation extraconjugale entre la jeune femme et Idjire, un jeune homme dont sa vision est d'amener au lit le maximum possible des touristes. Ahmet se trouve esseulé et mène en parallèle ses recherches et sa vie. Son ami Ben, un jeune commandant d'un patrouilleur lui permet de dévoiler l'autre visage de sa femme et pénétrer le mystère de la mer en maîtrisant le langage maritime. Le hasard fait que le lendemain de leur remariage, Ahmet et Roxane rencontrent un commerçant qu'ils découvriront quelques jours plus tard qu'il est un membre de leur famille insulaire lors d'une invitation chez Djamila, la cousine d'Ahmet. L'euphorie était à son comble quand ils se sont retrouvés tous autour de la table un jour sacré du mois de ramadan. Nabil attribue à Ahmet le poste du gérant de sa boutique comme tapis d'entrée dans sa famille. Roxane et Ahmet restent vivre leurs amours dans ce petit coin du paradis terreste sans jamais penser retourner en Europe.

07/2018

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Littérature française

Maître-chien

A l'occasion d'un séjour à Rio. un jeune homme qui s'avoue un peu fâché avec la vie décide d'en finir avec. sa propre histoire et endosse presque par hasard l'identité d'un autre. Embauché par une entreprise de gardiennage spécialisée dans le dressage des chiens d'attaque, il va s'affirmer comme un parfait vigile au service de la haute société locale, laquelle se barricade, à deux pas de la misère des favelas, dans des résidences protégées connue des forteresses. Il va. aussi. se mettre au service de la femme qui règne sur ce petit monde de haute sécurité, après qu'il aura découvert qu'elle même est entre les mains de trafiquants sans visage qui la tiennent pour ainsi dire en laisse. Tout à la passion qui le lie bientôt à cette superbe " chienne " - le temps pour l'un et l'autre d'oublier la mort qui rôde -. il est bien loin d'imaginer que cet amour même se trouve manipulé de l'extérieur par un ennemi à qui rien n'échappe... On songe à la fatalité qui depuis toujours accompagne les figures féminines auxquelles fait escorte la meute aboyante : Hécate, Penthésilée... On s'effraie, surtout, de voir à l'œuvre un système de surveillance qui, donnant si bien de la griffe et du croc, n'a d'autre issue que la fuite dans une violence sans fin. Et l'on en vient à se dire, songeant au vieil adage pascalien, que dans une société à ce point emmurée par la terreur, qui pratique I'angélisme sécuritaire avec un raffinement si pervers. la véritable bête (qui est le maître ?.... qui est le chien ?....) n'est peut-être pas celle qu'on croit.

09/2004

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Poésie

Poèmes antiques

"Ô Poëtes, éducateurs des âmes, étrangers aux premiers rudiments de la vie réelle, non moins que de la vie idéale ; en proie aux dédains instinctifs de la foule comme à l'indifférence des plus intelligents ; moralistes sans principes communs, philosophes sans doctrine, rêveurs d'imitation et de parti pris, écrivains de hasard qui vous complaisez dans une radicale ignorance de l'homme et du monde, et dans un mépris naturel de tout travail sérieux ; race inconsistante et fanfaronne, épris de vous-mêmes, dont la susceptibilité toujours éveillée ne s'irrite qu'au sujet d'une étroite personnalité et jamais au profit de principes éternels ; ô Poëtes, que diriez-vous, qu'enseigneriez-vous ? Qui vous a conféré le caractère et le langage de l'autorité ? Quel dogme sanctionne votre apostolat ? Allez ! vous vous épuisez dans le vide, et votre heure est venue. Vous n'êtes plus écoutés, parce que vous ne reproduisez qu'une somme d'idées désormais insuffisantes ; l'époque ne vous entend plus, parce que vous l'avez importunée de vos plaintes stériles, impuissants que vous étiez à exprimer autre chose que votre propre inanité. Instituteurs du genre humain, voici que votre disciple en sait instinctivement plus que vous. Il souffre d'un travail intérieur dont vous ne le guérirez pas, d'un désir religieux que vous n'exaucerez pas, si vous ne le guidez dans la recherche de ses traditions idéales. Aussi êtes-vous destinés, sous peine d'effacement définitif, à vous isoler d'heure en heure du monde de l'action, pour vous réfugier dans la vie contemplative et savante, comme en un sanctuaire de repos et de purification. Vous rentrerez ainsi, loin de vous en écarter, par le fait même de votre isolement apparent, dans la voie intelligente de l'époque" Extrait de la Préface aux Poëmes antiques (1852).

04/1994

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Sociologie

Changer le déterminisme social. Chronique philosophique

La complexité donne le tournis. Ivre ou sans gouvernail, le destin personnel est emporté par les événements. La pensée se nourrit du vécu individuel et collectif en recherche d'équilibre. Changer le déterminisme est la réplique à l'incompréhensible complexité de l'existence à voie unique. De la naissance à la mort, la lutte est permanente pour tenir le gouvernail que le destin collectif voudrait commander aux générations. La pensée dominante assure la pérennité des conduites collectives et les répétitions du conformisme social. Tant pis pour ceux que la vague rejette dans la marge ! Pourtant, dans la marge, j'ai rencontré la singularité de personnalités, de langages, d'émotions, de désirs universels, de pensées sans limites. Dans la "pensée brisée", j'ai vu le génie du "désir sans espoir", "sans regard". Touchés par la misère sociale et l'exclusion, de génération en génération, des quartiers de villes vivent sous l'éteignoir de la perte de confiance individuelle et de reconnaissance des autres. Rien n'est inéluctable ! Tout le paraît. L'aléatoire donne le ton. La philosophie de l'événement anime cette chronique où l'induction des générations et la force de la pensée dominent le hasard pour lui donner un sens où le sentiment de bonheur imprègne les rapports humains individuels et collectifs pour donner cohésion au présent et à l'avenir. La force réside en la "confiance en l'énergie individuelle et collective" que chacun porte en soi. Tout le sens de l'action sociale est de la révéler, de proposer des accès à l'égalité des chances et à la croyance en ces réalisations. Les services sociaux doivent rester des passeurs de la "pensée collective" au risque de devenir des engrenages supplémentaires de l'incompréhensible complexité.

05/2012

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Littérature française

L'évanouie

Les voix de trois personnages constituent ce roman. S'élevant tour à tour, elles vont peut-être donner les clefs de trois destinées anonymes. La première est celle d'un homme, qui va s'apercevoir de la disparition de sa mère. Convaincu qu'elle se fait soigner à l'hôpital où il l'a conduite, jusqu'à la porte seulement, il est retourné à ses travaux qui portent sur un auteur latin inconnu, prédécesseur selon lui de Freud et de toute la psychologie moderne. Non seulement sa mère a disparu, mais elle a soigneusement organisé ce départ pour l'inconnu : elle s'est évanouie. La deuxième voix est celle de cette femme. Pour des raisons qu'elle ne donne pas, elle est venue habiter loin de son fils, dans un hôtel modeste. Elle se veut seule. Mais la solitude est-elle possible ? Dans le square où elle se rend chaque fois que sa maladie lui en laisse les forces, et pendant que son fils se livre à de vaines recherches, elle rencontre un vieil homme. Entre eux se nouent, presque sans paroles, des rapports si étroits et si confiants qu'elle accepte d'aller vivre, ou plutôt mourir, chez lui. Le vieil homme parle aussi. Alors qu'il croyait ne plus se soucier que de lui-même, le voici qui se consacre à cette amie rencontrée par hasard, obéissant à un sentiment dont il ne comprend la nature qu'au dernier instant. Reste le fils. Il apprend la mort de sa mère le jour même où il s'aperçoit que ses travaux n'ont aucune valeur. Héritier surpris du vieil homme, il va s'installer dans l'appartement où sa mère est morte, pour y répéter sans doute les gestes d'un homme qu'il n'a pas connu.

10/1985

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Beaux arts

Coup de foudre

Coup de Foudre, n'est qu'un prétexte, une commodité artistique, un écho au lieu d'exposition, la Fondation EDF. Le couple de créateurs hyberTalec, en chroniqueurs lucides, loin d'être uniformes et monolithiques - là est le lien princeps entre les deux artistes -, livre au lecteur/spectateur, de multiples messages, entre richesse onirique et jeux d'enfants. Coup de Foudre, n'est qu'un prétexte, une commodité artistique, un écho au lieu d'exposition, la Fondation EDF. Le couple de créateurs hyberTalec, en chroniqueurs lucides, loin d'être uniformes et monolithiques - là est le lien princeps entre les deux artistes - , livre au lecteur/spectateur, de multiples messages, entre richesse onirique et jeux d'enfants. Le mystérieux " Coup de Foudre ", se dessine, alors, à travers le parcours immersif, poétique, tour à tour merveilleux et angoissant, parfois philosophique, ponctué de personnages outranciers et de situations burlesques, épiques. Le lecteur/spectateur se laisse guidé par le hasard, l'imaginaire et le jeu, à l'instar du Cadavre exquis, de vingt mètres de long, exécuté à deux mains. Vaste labyrinthe, Coup de Foudre, est parsemé de peintures, de dessins, de sculptures, de vêtements...susceptibles de favoriser les rencontres, créer une alchimie avec les visiteurs. Le couple hyberTalec, par l'alliance de leurs travaux parvient à nouer une relation inédite entre eux et le spectateur, jusqu'à susciter le coup de foudre. Au plaisir de la découverte, s'accompagne une réflexion sur l'art, la musique, la mode, le corps... Exposition polysémique, s'il en est, Coup de Foudre, immerge le spectateur dans le processus même de la création, ne concédant paradoxalement aucune dérogation à l'à peu près, mais, en revanche nous alerte sur la précarité du monde.

05/2019

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Littérature française

La bague de Mina

Quand on est enfant et qu'on se laisse glisser sur un toboggan, c'est la grande rigolade. On est tellement heureux d'arriver le derrière sur le sable, sans se faire mal. Plus tard quand on devient un homme et que différentes circonstances dont on est en grande partie responsable vous font glisser sur le toboggan de la vie, c'est brutalement dans la rue qu'on atterrit. La Bague de Mina n'est pas un road movie mais bien plutôt un street movie. Durant sa dérive de cinq ans, Serge y rencontrera une pute au grand coeur, en pleine semaine de bonté, un cinglé amoureux, des constipés dans le métro qui ont oublié leur porte-monnaie, des contrôleurs qui voient leurs contrôles inutiles... des soeurs rapaces, un rêveur haineux d'extrême droite et son chien et bien d'autres personnages, même ceux qu'on a voulu oublier et qui ressurgissent au hasard d'une rame de métro. Quand on arpente le bitume été comme hiver, un film défile continuellement dans la tête, celui de la vie d'avant, de la vie perdue, de la vie des siens, de ceux qu'on a aimés comme cette première femme qui vous a pris dans ses bras, et la vision plus obsédante de toutes, celle de la petite fille qu'on a laissée. Et alors plusieurs signes vous font comprendre qu'on peut s'en sortir. L'espoir renaît. Serge remontera la pente. Il faut d'abord qu'il se prouve qu'il en est capable. Comme dans tous ses livres on retrouvera dans La Bague de Mina, de Daniel Goldenberg, son humour, sa tendresse et des personnages hauts en couleurs qui continuent à vous habiter, la dernière page tournée.

09/2013