Recherche

Sanctorum Communio

Extraits

ActuaLitté

Beaux arts

Dictionnaire des objets de dévotion. Dans l'Europe catholique

En dépit des apparences, la poignée de paille nouée en croix par un villageois et le précieux crucifix exécuté par un orfèvre célèbre ont la même fonction : relier la terre au ciel, le monde visible au monde invisible. L'objet de dévotion privé s'insère dans la vie quotidienne du dévot pour lui rappeler ses devoirs religieux. Dès les premiers siècles, de nombreux objets jalonnent ces échanges avec l'au-delà des ex-voto témoignent de la démarche spirituelle des chrétiens suppliant un saint de les guérir. Au Moyen Age, l'Église encourage la pratique du chapelet que la Vierge elle-même aurait remis à saint Dominique. Face au protestantisme qui récuse les " bondieuseries " vendues par les colporteurs, la Contre-Réforme catholique, au contraire, utilise l'objet de dévotion pour toucher la sensibilité. Depuis l'Europe centrale, les Jésuites diffusent les crèches de Noël qui, dans le monde entier, remportent un succès immense et durable. Dans le Coin du Bon Dieu des fermes, chaque génération rassemble les souvenirs des grandes cérémonies marquant la vie du catholique, première communion ou mariage, que rappellent une couronne de mariée sous globe, un rameau de buis béni déposé sur la photo d'un défunt, un souvenir de pèlerinage avec une petite relique, ainsi que le cierge béni à la Chandeleur, allumé pour éloigner la grêle ou pour veiller un mourant. Le culte privé des morts génère une foule d'objets religieux, déposés sur les tombes privées qui se multiplient au XIXe siècle. Depuis le XIXe siècle, les folkloristes, puis les ethnologues, s'intéressent à ces objets en train de disparaître mais dont certains, aujourd'hui, subsistent sur les lieux de pèlerinages : qui n'a pas souri devant les bouteilles mariales en plastique vendues à Lourdes ! De grandes collections d'objets de dévotion, privées puis publiques, se sont constituées surtout en Europe centrale, étudiées par d'éminents chercheurs de langue allemande. Un intérêt international s'éveille alors, relayé par bien des musées français. Il était donc grand temps qu'un Dictionnaire de langue française rassemble les noms des objets de la dévotion privée pour en expliquer le sens, grâce à des notices circonstanciées accompagnées de bibliographies. Splendides ou émouvants, ces objets captiveront tous ceux qui sont attirés par un patrimoine encore trop méconnu.

10/2006

ActuaLitté

Critique littéraire

Donnez-nous des maîtres qui célèbrent l'Ici-Bas. Lettre à Emilie Verhaeren Suivies de la Lettre d'un jeune travailleur

Lorsque Rilke rencontre Verhaeren en 1905 dans l'appartement du poète belge à Saint-Cloud, Rilke, à presque trente ans, est encore le secrétaire de Rodin. Verhaeren, à cinquante ans, est déjà au faîte de son ouvre et jouit d'un immense prestige dans l'Europe entière. Avant même qu'ils ne se soient parlé, Rilke se sent " de bonnes affinités silencieuses " avec Verhaeren. Les années ne feront que renforcer ce premier sentiment. À Stefan Zweig, qui écrit sur le poète belge, Rilke déclare en 1907 : " On n'exagère jamais lorsque, pour parler de Verhaeren, on reporte tel quel sur son œuvre tout l'amour qu'on éprouve pour son être. " Verhaeren meurt accidentellement le 27 novembre 1916 à la gare de Rouen : " La mort effroyable de Verhaeren, écrit Rilke, ma touché au plus profond de moi-même, comme une privation intime, c'était l ami qui avait et me communiquait la plus grande force. " Car si Verhaeren, par sa nature, arrive à forcer la porte de l'univers, Rilke doit attendre patiemment, douloureusement, qu'elle s'ouvre à lui. En janvier 1919, Rilke découvre un recueil posthume de Verhaeren, Les Flammes hautes. Tout à coup le passé ne semble plus mort, un message se transmet de poète à poète, la communion reprend : " La vie [... ] à présent veut continuer ; ma passion est de louer, entre toutes les voix qui se sont élevées alors et méritent toujours de vivre, la voix puissante et véridique du grand ami. " De la voix du poète revenue en février 1922 pour lui faire écrire dans un même " ouragan " la fin des Élégies et les Sonnets, il tire un texte étonnant, rédigé entre la Dixième et la nouvelle Cinquième élégies : la Lettre du jeune travailleur. Cette lettre est adressée à un poète, " Monsieur V. ", initiale derrière laquelle se devine sans peine la référence à Verhaeren. Dans un mouvement de colère, le jeune ouvrier lui confie son profond malaise à l'égard d'une compréhension dévoyée du christianisme et lui rapporte cette prière d'un ami très proche : " Donnez-nous des maîtres qui célèbrent 17ci-Bas. " Désormais libéré des contraintes qui l'étouffaient et parvenu à son tour à la pleine possession de son art, Rilke conclut la lettre à Verhaeren par ce suprême éloge : " Vous êtes, vous, un de ces maîtres. "

09/2006

ActuaLitté

Littérature française

La Maison Tellier. une nouvelle de Maupassant

La Maison Tellier par Guy de MaupassantLa Maison Tellier est une nouvelle de Guy de Maupassant publiée en 1881 dans le recueil de nouvelles homonyme, puis reprise dans les revues La Lanterne en février 1889 et Gil Blas en octobre 1892. Se situant dans la continuité des récits sur la prostitution, elle constitue la nouvelle réaliste la plus célèbre de Maupassant après Boule de suif. La maison close d'une petite ville normande, tenue par Madame Tellier, est "fermée pour cause de première communion" au grand dam des habitués. Après un voyage en chemin de fer, les pensionnaires assistent à la cérémonie et sont émues par Constance, nièce de Madame Tellier, et l'atmosphère de recueillement de l'église, si bien qu'elles passeront pour de saintes femmes. Après l'événement sacré, Joseph Rivet, le frère de M Tellier, donne une fête en l'honneur de ces visiteuses qui lui ont valu d'être le point de mire du village. Mais à la fin des festivités, éméché, il cherche à obtenir plus. Henry-René-Albert-Guy de Maupassant est un écrivain et journaliste littéraire français né le 5 août 1850 au château de Miromesnil à Tourville-sur-Arques (Seine-Inférieure) et mort le 6 juillet 1893 à Paris. Lié à Gustave Flaubert et à Emile Zola, Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883, Bel-Ami en 1885, Pierre et Jean en 1887-1888, et surtout par ses nouvelles (parfois intitulées contes) comme Boule de suif en 1880, les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887). Ces oeuvres retiennent l'attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s'en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise stylistique. L'auteur : Guy de Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont "Une vie" (1883), "Bel-Ami" (1885), "Pierre et Jean" (1887-1888, avec sa célèbre préface dans laquelle il expose sa vision du roman naturaliste et critique le genre de l'étude psychologique), et surtout par ses nouvelles (parfois intitulées contes) comme "Boule de suif", qui l'a fait connaître, les "Contes de la bécasse" (1883) ou "Le Horla" (1887). Ses oeuvres retiennent l'attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s'en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise stylistique.

11/2022

ActuaLitté

Développement personnel

Ecoute ton corps, il te parle

Le nouveau best-seller de Dain Heer, auteur à succès de la méthode Access Consciousness. Et si entamer une conversation avec votre corps pouvait être le début de la meilleure amitié que vous ayez jamais eue ? Devenez avec ce livre un "body whisperer", celui qui chuchote "à l'oreille" des corps. Qu'est-ce qu'un "body whisperer" ? Savez-vous si vous en êtes un ? Etes-vous prêt à le découvrir ? Depuis très longtemps, nous ignorons la conscience et les facultés de notre corps. Mais aujourd'hui, elles se réveillent. " Notre corps entend l'appel de la Terre et du monde qui nous entoure et chaque jour, leurs murmures se font de plus en plus tangibles. " Ce livre est une invitation à engager un dialogue subtil avec votre corps, qui en réalité vous parle constamment, sans que vous vous en rendiez compte. La toute première étape consiste à reconnaître que oui, le corps parle, et pas seulement avec des mots. Découvrez les capacités phénoménales de chuchotement corporel dont nous disposons tous, mais que nous n'avons jamais été invités à apprendre. Il s'agit de s'ouvrir à une nouvelle façon de voir, une nouvelle façon d'être et une nouvelle façon de guérir. Vous trouverez dans cet ouvrage les outils nécessaires pour adopter un paradigme totalement différent en matière de guérison, de changement et de transformation pour vous-même et pour les autres. Découvrez comment entrer en communion avec votre corps et profitez du cadeau qu'il peut être. Réalisez la transformation du corps qui est possible à partir d'un choix et d'une prise de conscience. Apprenez le langage énergétique de votre corps et commencer à l'écouter d'une toute nouvelle manière. Comprenez ce que la douleur dans votre corps essaie de vous dire. Commencez par vous poser des questions plutôt que de chercher un diagnostic. Le Dr Dain Heer est un entrepreneur et conférencier reconnu internationalement, co-fondateur d'Access Consciousness, mais aussi l'auteur du best-seller Sois toi et change le monde et du Retour du gentleman, parus chez le même éditeur. Très créatif, il utilise son expérience personnelle et sa façon unique de voir les choses pour inviter, avec humour et bienveillance, les personnes de toutes cultures, de tous âges et de tous niveaux sociaux à créer la vie qu'ils désirent véritablement. drdainheer. com.

05/2022

ActuaLitté

Ethnologie et anthropologie

Mariage Traditionnel Kongo - Makuela -. Corps résistant du langage culturel bantu

Cette étude sur le Mariage Traditionnel Kongo - Makuela -, intervient dans un contexte de mondialisation qui tente de vouloir uniformiser les us et coutumes de toutes les sociétés. Malgré les injonctions portugaises depuis le 15ème siècle, l'esclavage puis la colonisation européenne qui ont longtemps meurtri la société Kongo, celle-ci a su préserver l'institution du mariage traditionnel (Makuela ou Makwela). Le makuela est un pacte communautaire qui crée une triple alliance : alliance entre deux personnes, alliance entre deux familles et alliance entre ces deux personnes et familles avec toute la communauté. Il concrétise l'élan vital, qui par l'acte de procréation renouvelle la vie dans la famille et le clan. Il pérennise ainsi le lien entre les vivants et les morts. Le makuela est une réalité merveilleuse et très précieuse du Bukongo, car la solitude (bukaka) de l'être humain est un mal social (nsongo), contraire à la sociologie africaine. Bole bantu, bukaka nsongo. Dans une première partie, Rescova présente le royaume Kongo avant l'intrusion portugaise de Soyo, jusqu'aux résistances qui ont jalonné son histoire, du 15ème au 20ème siècle (Nsaku Ne Vunda, Vita NKanga, Kimpa-Vita, Simon Kimbangu, Simao Ntoko, André Grenard Matsoua, etc.). C'est dans la seconde partie que Rescova aborde la réalité du mariage. C'est une étude assez dense qui présente entre autres les rites d'initiation, le choix du conjoint, la remise de la dot, les pourparlers, etc. L'auteur n'élude pas non plus les points obscurs de la vie conjugale. Enfin la troisième partie insiste sur la résistance du mariage traditionnel Kongo en tant qu'institution ayant survécu à l'influence européenne. Les rites du nganga ma sutu (circoncision) et du kikumbi sont des marqueurs culturels qui résistent. C'est le corps qui donne cette capacité de communion et d'interaction. C'est aussi le corps qui permet de résister. Ainsi, le rapport entre mariage et corps est indissociable chez les Kongo. Seule l'expression corporelle du mariage, avec toute sa symbolique, est capable de faire de la réalité humaine une poésie constante et pérenne, qui résiste encore aujourd'hui à sa propre histoire. Ce livre restitue de l'intérieur une réalité sociologique bantu, avec des apports nouveaux. Le makuela contemporain continue de s'adapter à la modernité tout en conservant sa substance fondatrice : une triple alliance, socle de l'équilibre communautaire.

12/2022

ActuaLitté

Critique littéraire

Tué à l'ennemi. La dernière guerre de Charles Péguy

Le 1er août 1914, la France décrète la mobilisation générale. Comme un million d'autres Français, le lieutenant de réserve Charles Péguy reçoit sa feuille de route, embrasse les siens et rejoint son unité, le 276e Régiment d'Infanterie, à Coulommiers. Intellectuel engagé, normalien d'origine modeste, chrétien fervent, conservateur et pourtant républicain et dreyfusard, Péguy est un condensé des contradictions françaises, mais aussi, sans doute, de ce qu'on appelle alors le génie français. S'il vit ce moment avec un sentiment de plénitude frisant l'allégresse, c'est que s'impose à lui comme à tous le devoir sacré de défendre la patrie, et déjà, à travers elle, un système de valeurs égalitaire issu des Lumières et de la Révolution. Ce combat unit aristocrates, bourgeois, paysans et ouvriers, rouges blancs et bleus dans une même détermination, une même exaltation. Les premiers jours du conflit sont catastrophiques sur le plan militaire. Comme des centaines de milliers de soldats, le sous-lieutenant Charles Péguy et ses compagnons doivent marcher jour et nuit pendant trois semaines dans une chaleur torride, les pieds en sang dans leurs godillots cloutés, reculant encore et toujours devant l'ennemi pour l'attirer profondément dans le territoire de France afin qu'une contre-offensive puisse couper son avant-garde du gros de ses troupes et amorcer la reconquête. Charles Péguy ne vivra pas assez longtemps pour voir cette première victoire française. Revenu quasiment à son point de départ dans la Marne la veille de la bataille décisive, le 276e monte à l'assaut d'un régiment de mitrailleurs de la Hesse dans un élan suicidaire conforme à la doctrine de l'offensive à outrance qui fait office de tactique militaire. Péguy se montre impavide sous la mitraille et accueille la mort avec l'orgueil d'un homme qui communie avec les siens dans la défense d'un idéal, et le stoïcisme de celui dont la foi est chevillée au corps. Michel Laval, en racontant les trente derniers jours de sa vie, entonne un requiem à la gloire de ce peuple en marche que fut, le temps d'un été, la France combattante, avant que quatre ans de carnage ne noient dans le sang la "grande illusion" de Charles Péguy et de sa génération.

01/2013

ActuaLitté

Syrie

Comprendre l'imbroglio syrien. Histoire, Conflits, Géopolitique

C'est parce que l'histoire de la Syrie se confond avec l'histoire de l'écriture humaine que ce livre part du plus loin de l'histoire antique. Le temps syrien s'avère une épopée de la lenteur. Son chemin vers la souveraineté et la démocratie est sinueux et son résultat jamais acquis. La construction de cette nation se fait autour d'un socle culturel commun : une communion d'ethnies, de langues et de religions ayant appris à vivre ensemble sous le joug des différentes occupations. Son territoire fut par les siècles défini, mais malgré des décennies d'indépendance ses frontières demeurent contestées, floutées par des contingences politiques opposées. Intérieures comme extérieures. L'histoire plus récente fait se dégager des responsabilités plus claires quant aux problématiques subsistant à l'époque actuelle. L'indépendance survient après une lutte entre les puissances étrangères sur son sol - mandat français entre les deux guerres mondiales et concurrence avec les puissances anglaises et allemandes - comme si les Syriens étaient condamnés à subir l'ingérence à jamais. Différents acteurs politiques entrent en lutte pour le pouvoir lorsque Français et Anglais partent enfin en 1946, mais ce n'est que pour mieux revenir par la petite porte de la lutte d'influence ost-coloniale. Le pouvoir se dispute entre eux et de nouveaux acteurs : la gauche panarabe et nassérienne, les généraux sunnites et les laïques, les Frères musulmans enfin, s'imposant peu à peu comme les opposants principaux à un pouvoir qui se rapproche de plus en plus de Moscou. La prise du pouvoir par le parti Baath à partir de 1963 stabilise le pays, mais les oppositions se cristallisent. La guerre du Liban ensuite se révèle comme le déclenchement des rivalités politiques en jeu. C'est le moment assumé d'entrée dans le jeu des Etats-Unis, mais c'est pourtant Damas qui remporte cette guerre interminable, aboutissant à quinze ans d'occupation de ce pays revendiqué comme partie intégrante de la Grande Syrie. A la passation du pouvoir au dauphin Bachar alors qu'elle a perdu son allié soviétique, Damas se redécouvre un temps une amie avec la France de Chirac. Mais de nouveaux ennemis se profilent : al-Qaïda d'un côté et Washington de l'autre. Plus que jamais courtisée ou menacée par les puissances étrangères ou religieuses, les problématiques auxquelles la Syrie doit faire face en 2011sont indissociables de cette situation géopolitique complexe.

03/2023

ActuaLitté

Non classé

L'émergence de ma chrysalide

Laurent Martel a écrit un livre, à but thérapeutique : les mots sont écrits d'une certaine manière avec un Effet Vibratoire qui rentre en Résonance avec votre être intérieur pour créer l'harmonie, il nous transmet ses connaissances pour devenir CO-CREATEUR de votre vie à travers ce livre. Depuis 1987, il est praticien, enseignant en médecines énergétiques, chamaniques, spirituelles, et psychothérapeute, il exerce à plein temps son métier-passion. A travers ses expériences, son propre chemin, il nous apprend que nos perceptions ne sont pas toujours ce que l'on en perçoit. Il s'agit, pour lui, de nous éveiller vers une perception élargie, en conscience, qui servira à chacun dans leur parcours de cheminement personnel, à transformer ses épreuves vers son chemin d'éveil spirituel, grâce à la dissolution de ses vieux schémas karmiques transgénérationnels familiaux, éducatifs, mémoire erronée, l'ego, qui sont les causes de tous nos conflits et souffrances. Il a appris de ses épreuves, par des prises de conscience, ses habitudes alimentaires, en devenant végétarien. C'est bien plus qu'un choix alimentaire, c'est aussi sa manière d'être et de penser, en respectant toutes les sources de vie, à la paix et à la non-violence. Ses dons de guérison, qu'il a su développer, à gérer ses émotions et celles des autres par une méthodologie qui a fait ses preuves depuis des années, en les guérissant à l'intérieur de lui, pour qu'elle se répercute à l'extérieur de sa vie, pour attirer toutes les belles synchronicités. Il a intégré l'Amour en lui, la paix dans sa vie. Son instinct intuitif s'est développé, le chaman en lui, il est en communion avec les signes de la vie. Il l'enseigne dans son travail en développement personnel, ce qui lui permet d'élargir sa conscience dans l'holistique qui est la médecine naturelle la plus puissante. Cet ouvrage contient des exercices, qui vous permettront d'attirer dans votre vie, en lien avec la loi d'attraction, tout ce que vous désirez, en réveillant votre médecin intérieur. Il peut être même, un très beau cadeau pour vos proches, pour les faire évoluer dans leur cheminement personnel. Il vous propose d'assimiler sa méthode qui a fonctionné pour des centaines de milliers de personnes.

05/2020

ActuaLitté

Religion

Deux pélerinages au XIXe siècle. Ars et Paray-le-Monial

Les grands pèlerinages du XIXe siècle n'ont pas beaucoup retenu l'attention des historiens. Par une heureuse rencontre, deux mémoires de maîtrise d'histoire furent consacrés, l'un au pèlerinage d'Ars, l'autre à celui de Paray-le-Monial. Ces deux travaux, pour l'essentiel, sont repris dans ce volume. Entouré des conseils de Maurice Agulhon et de Claude Langlois, Philippe BOUTRY n'a pas craint, à partir des procès de béatification, des archives paroissiales, des manuels de pèlerinage, de jeter un nouveau regard sur le curé d'Ars. Il décrit une pastorale fondée sur les fêtes, la communion fréquente, les confréries, qui fait d'Ars un ilot de chrétienté. En d'heureuses formules, il montre en Jean-Marie Vianney ce "missionnaire immobile" , que des milliers de pèlerins assaillent à son confessionnal, véritable "prisonnier des âmes" . Il insiste, plus que ses devanciers, sur le culte de sainte Philomène, la "petite sainte" du curé d'Ars, dont Pauline Jaricot avait introduit le culte en France. Guidé par un historien de la spiritualité aussi averti que Claude Savart, Michel CINQUIN, à partir notamment des archives du monastère de la Visitation, fait revivre cet autre lieu privilégié de la France religieuse du XIXe siècle. Du premier versant du siècle, du temps. de la restauration catholique, des oeuvres et des congrégations, l'attention se porte vers ces années où s'affirment la religiosité ultramontaine, un catholicisme intransigeant dans son refus du monde moderne. Ce livre vaut par l'aptitude à faire revivre un monde et à faire sentir, tâche toujours difficile, des réalités spirituelles. Il vaut aussi par la fraîcheur du regard et la nouveauté du propos. Ses auteurs se sont refusés à lire le passé à la lumière des préoccupations du présent, à chercher de fausses continuités, à céder à quelque mode qui idéaliserait la religion romantique et intransigeante. Ils ne sont pas tombés dans les débats parfois artificiels sur la religion populaire. Ils ont, en revanche, restitué dans leur vérité et leur spécificité la physionomie de deux pèlerinages. Du curé d'Ars au culte du Sacré Coeur, ils ont su aller au plus profond de l'histoire spirituelle de la France du XIXe siècle. L'histoire religieuse a paru parfois s'enfermer dans les cadres et les interrogations de la monographie diocésaine. Ce livre, par les horizons qu'il ouvre et les questions qu'il suggère, renouvelle les perspectives.

09/1980

ActuaLitté

Religion

Bullarium maronitarum. Bullaire maronite

Aux côtés de Léon X, Grégoire XIII, Urbain VIII, Clément XII et Benoît XIV, souverains Pontifes romains, s'illustrent dans le Bullaire maronite les Patriarches maronites Georges de Sebeel, Estéphan Douwayhi, Siméon Awwad et Toubia Khazen. Quand la traduction du Bullarium Maronitarum fut entreprise, l'objectif était clair : mettre à la disposition des historiens et des chercheurs un outil de travail susceptible de les aider à surmonter divers problèmes, principalement ceux de la langue. 1213 et 1899 sont les dates des deux bulles qui bornent dans l'oeuvre un intervalle de quelques siècles marquant profondément l'histoire des maronites, et des rubriques desquelles se dégage symboliquement une tonalité imprimée à l'ensemble : la communion ecclésiale, souci majeur du Saint-Siège. En effet, la première bulle donnée en 1213 par Innocent III à Jérémie Amchiti, et invitant ce dernier au Concile de Latran projeté en 1215, entend récupérer la Terre Sainte, condamner les hérésies et procéder à la réforme de l'Eglise universelle. L'avant-dernière bulle adressée en 1899 en confirmation de l'élection du Patriarche maronite Elias Houwayek est suivie de la formule de profession de foi prescrite uniformément aux Orientaux et Latins. Néanmoins, si le corpus des deux cent treize bulles réunies par Toubia Anaissi (1870-1950), moine de l'Ordre Mariamite Maronite et abbé de l'Hospice-Collège Maronite de Rome, est imprégné par la prééminence d'une Eglise qui se veut unifiée, il charrie selon un rythme inégal, très timide entre le XIIIe et le XVe siècle et s'intensifiant dès le XVIe siècle pour constituer une solide correspondance, un événementiel lourdement chargé dont les maronites ont vécu les vicissitudes avec plus ou moins d'acuité dramatique : la période mamelouk, la mission franciscaine représentée par Grifon de Courtray, la Compagnie de Jésus par l'Italien Jérôme Dandini, l'ascension du Collège Maronite, tournant décisif dans la vie des maronites dont une élite réussit une brillante insertion dans la République des Lettres, notamment Joseph Simon Semaani, pionnier du Synode Libanais. Lui aussi le Synode bénéficie dans cette littérature épistolaire de l'attention qui lui est due, tout comme l'affaire de Hindiyyé, les élections patriarcales, les réformes dogmatiques et liturgiques, celle du monachisme, la christologie et la communication des décrets de Propaganda Fide.

04/2019

ActuaLitté

Collection Terre humaine

De la pierre à l'âme. La prescience sauvage

Une immersion au coeur du chamanisme inuit, en suivant le parcours et les combats de Jean Malaurie. De la pierre à l'âme, ce grand livre est l'aboutissement d'une vie de recherches et d'exploration menées par Jean Malaurie dans l'Arctique, tout autour du cercle polaire ; du Groenland, point de départ du périple, jusqu'à la Tchoukotka sibérienne, durant plus de cinquante ans. C'est aussi une oeuvre de mémoire, un retour sur soi, une tentative jamais achevée d'élucidation intérieure, une somme intellectuelle qui plonge dès le début le lecteur dans l'effervescence intellectuelle des années de l'immédiat après-guerre. " Je n'enseigne pas, je raconte " dit Jean Malaurie, dont le propos scientifique ou ethnographique n'est jamais didactique, mais s'inscrit dans une aventure personnelle faite de rencontres, d'épreuves, d'obstacles au travers du récit d'une errance souvent périlleuse au milieu d'un décor grandiose. Jean Malaurie est un conteur donnant à lire, à la manière d'un Jules Verne, les tribulations d'un géographe dans le grand nord. De la pierre à l'âme est un texte d'apprentissage et une quête initiatique menant de l'étude de la pierre à travers le prisme d'une science exacte, la géomorphologie, à l'animisme et au sacré. L'histoire d'un chemin de Damas qui conduit un jeune géographe épris de chiffres et schémas à une conversion du regard au contact des Inuit. Au terme d'une lente et douloureuse chrysalide, le narrateur est " inuitisé " et Jean Malaurie raconte ici les moments exceptionnels de communion avec le cosmos vécus auprès d'un peuple animiste. On ne peut qu'être frappé par l'actualité et le caractère prophétique de ce livre entrepris il y a déjà une décennie et revenant sur une aventure humaine inaugurée il y a soixante-dix ans. Jean Malaurie y dénonce le lien rompu avec le cosmos, la destruction de la faune et des milieux naturels, la réduction de la bio - diversité, l'exploitation productiviste des ressources, l'agonie programmée de ces " sentinelles " que sont les peuples racines. " Dans le regard d'un chien ou d'un oiseau, il y a une telle humanité que l'on est pris par la nostalgie d'un paradis perdu ".

10/2023

ActuaLitté

Sciences historiques

Les Habsbourg et la Lorraine

Les liens de la Lorraine avec la maison de Habsbourg ne relèvent ni d'accords diplomatiques, ni d'entreprises matrimoniales, pas même de la simple subordination féodale, puisque le duché de Lorraine, indépendant de fait à l'égard du Saint Empire durant la plus grande partie du Moyen Age, le devenait en droit à partir du traité de Nuremberg de 1542. Les rapports de solidarité entre les deux puissances politiques se fondent essentiellement sur une même conception de l'Europe. Profondément marquée par la Réforme catholique, spécialement par l'esprit tridentin, la Lorraine se considéra investie d'une mission providentielle : celle de faire obstacle par la persuasion, par la controverse ou par les armes, aux progrès de l'"hérésie". En 1525, le duc Antoine écrasa devant Saverne les Rustauds, c'est-à-dire les paysans révoltés venus d'Allemagne. Au XVIIe siècle, au moment où s'ouvrait la guerre plus tard appelée "de Trente ans", le duc Charles IV, en communion de pensée avec son peuple, opta pour l'Europe impériale et catholique - c'est-à-dire la chrétienté - contre l'Europe nationale et laïque du cardinal de Richelieu. La plupart des grands capitaines de l'armée habsbourgeoise furent, durant tout le conflit, des nobles lorrains. Les mêmes raisons ont déterminé les Lorrains à s'engager dans la lutte contre l'invasion ottomane : ils furent les soldats de la dernière croisade, celle du XVlIe siècle. Les victoires de Charles V dans les plaines danubiennes et, en 1683, au Kahlenberg, devant Vienne, sauvèrent à la fois l'Empire et la chrétienté. La célèbre union du duc François III et de l'héritière de l'Empire, Marie-Thérèse, en 1736, ne se réduit donc pas à un brillant fait divers matrimonial : elle est l'aboutissement d'une longue politique fondée sur une même conception de l'Europe chrétienne. Si bien que, depuis le Moyen Age mais surtout depuis le XVIe siècle, l'histoire de la Lorraine repose sur cet étonnant paradoxe : largement tributaire de la France par sa langue et ses valeurs de civilisation, elle demeure proche de l'Empire par sa conception de l'Europe. Ces courants de pensée ont décliné après la Révolution française, mais n'ont pas disparu. Ils susbsistent sous des formes adaptées aux temps nouveaux : au XIXe siècle, avec le mouvement lotharingiste animé par le baron Guerrier de Dumast ; plus près de nous dans l'oeuvre de Maurice Barrès et dans la sensibilité politique de Robert Schumann.

01/1988

ActuaLitté

Essais biographiques

Turner

Le 8 février 1832, Ruskin reçoit pour son anniversaire un livre illustré par Turner. Le jeune garçon n'a que treize ans, mais la passion qui prend naissance ce jour-là ne s'éteindra jamais. Il en sortira un texte unique, flamboyant, proliférant, sans cesse repris, jamais achevé? : Modern Painters / Les peintres modernes. Entrepris pour défendre Turner contre ses détracteurs, poursuivi sur une période de dix-sept ans, il donne du peintre une image de plus en plus riche et complexe. Voici les parties les plus représentatives de ce chef-d'oeuvre du romantisme anglais, où Turner apparaît tour à tour comme un observateur scrupuleux de la nature, un poète et un prophète de la décadence du monde industriel. La lecture de Ruskin reste la voie royale pour accéder à la peinture de Turner. La méthode de Ruskin fait en effet une place de choix à la sensibilité, car montrer la supériorité de Turner comme chantre de la nature, c'est d'abord constater la consonnance entre ses tableaux et la vision de l'écrivain, telle qu'elle s'exprime dans les pages du journal et dans les textes descriptifs qui ont constitué une large part de la réputation de Ruskin. Ce n'est qu'ensuite que les références scientifiques viennent servir de caution à cette communion des sensibilités. En sens inverse, après avoir servi de modèle au dessinateur, Turner sert de norme au spectateur ; après avoir traduit ses émotions, il les canalise et offre une référence à son regard : d'un tableau de Turner on dira que "c'est la nature" , et d'un spectacle naturel que "c'est un Turner" . La vertu du regard de Ruskin, son acuité, est le reflet de la vertu de la main de Turner, son exactitude. Le critique et l'artiste concélèbrent l'office du visible. Les Peintres Modernes obéissent donc à un besoin de totalisation permanente - de connaissances toujours plus riches, d'une expérience jamais achevée - qui fait de Ruskin un "commentateur de l'infini" . Et ce besoin prend une double forme : enseignement et prédication. A ce moment de sa carrière, Ruskin trouve dans son livre une estrade et une chaire. Par la suite, il montera pour de bon à la tribune donner les conférences qui seront les chapitres de ses livres futurs. C'est peut-être comme apologiste du regard que Ruskin a le plus à nous dire quand il nous parle de Turner. Ecrire sur l'art, c'est d'abvord fair droit au regard ? : "? voir clairement, c'est à la fois la poésie, la prophétie, la religion ? ".

02/2023

ActuaLitté

Religion

Attente de Dieu

Ce livre nous apprend le vrai sens de l'illumination qui a fait passer Simone Weil d'un agnosticisme anticlérical à une recherche religieuse qui n'a plus cessé jusqu'à sa mort. Il apporte aussi la réponse à des questions qu'un public de plus en plus étendu, et de tous les pays, n'a cessé de se poser en lisant les différentes publications posthumes qui se sont succédées de façon désordonnée durant ces quinze dernières années. Le titre Attente de Dieu désigne bien l'attitude spirituelle fondamentale de Simone Weil. A condition de l'entendre, non dans un sens passif et définitif, mais comme l'ardente "vigilance du serviteur tendu vers le retour du maître" et comme le stade provisoire d'une recherche qui préfère au plaisir de la chasse l'écoute de la vérité en une intime communion. L'expérience intérieure s'exprime donc dans ces pages avec le double accent de l'intensité et de l'inachevé. C'est un dialogue avec soi-même, avec les autres, avec Dieu, jusqu'aux niveaux les plus profonds et les plus émouvants de l'existence, dans lequel le lecteur se sent constamment interpellé et entraîné. Née à Paris le 3 février 1909, Simone Weil a été élevée dans un complet agnosticisme. Elle éprouve un sens aigu de la misère humaine, qui engendre en elle le plus vif sentiment de compassion envers les pauvres, les travailleurs, les déshérités. Elle est anti-religieuse, militante syndicaliste, éprise de la révolution prolétarienne, mais indépendante de tout parti. Jeune agrégée de philosophie elle partage son salaire avec des chômeurs. En 1934, elle abandonne sa chaire de professeur et se fait ouvrière. En 1936, elle s'engage dans la guerre d'Espagne. En 1938, une illumination transforme sa vie : "Le Christ est descendu et m'a prise.". En 1941, réfugiée dans le midi, elle fait la connaissance des Dominicains de Marseille et de Gustave Thibon ; elle diffuse Témoignage chrétien. En 1942, elle s'embarque pour New-York avec ses parents ; elle n'a de cesse de servir, à Londres où elle arrive fin novembre 1942. Mais la souffrance morale, intellectuelle, physique l'achemine rapidement à l'hôpital, puis au sanatorium d'Ashford, où elle meurt le 24 août 1943. De toute son oeuvre, ces pages spontanées et brûlantes sont des plus propres à communiquer ce qu'elle appelait ses "intuitions pré-chrétiennes" et à faire comprendre ses hésitations personnelles devant le baptême sacramentel.

10/2008

ActuaLitté

Religion

Nous sommes ton Eglise. Propositions pour une catéchèse en communauté

La Commission Interdiocésaine de Catéchèse, sous la présidence de Mgr Guy Harpigny, évêque de Tournai, cherche à promouvoir une pastorale catéchétique d'ensemble dans les quatre diocèses francophones belges, dans la ligne des options catéchétiques fondamentales précisées par la conférence épiscopale belge dans la lettre Devenir adulte dans la foi (2006). A l'intérieur de cette Commission, un groupe s'est réuni depuis 3 ans, sous la présidence de Joël Rochelle (Namur), pour réaliser des outils catéchétiques nouveaux à destination des communautés locales. La catéchèse est l'affaire de toute la communauté chrétienne. C'est vrai dans l'implication de catéchistes issus de la communauté, mais ce l'est tout d'abord dans l'indispensable souci que doit avoir la communauté, ses pasteurs et tous ses membres, de vivre une catéchèse permanente. La catéchèse communautaire est adressée à tous les membres de la communauté, quel que soit leur âge : les paroissiens habituels, les nouveaux arrivants dans la paroisse, les divers "demandeurs" (baptême, confirmation, préparation à la première communion, mariages, funérailles...), mais aussi les personnes qui viennent de vivre un sacrement, un événement (joyeux, douloureux), une étape... Les propositions pour une catéchèse en communauté formulées ici sont destinées aux paroisses, unités pastorales et doyennés. Ce premier cahier fait partie d'un ensemble de cinq catéchèses communautaires à paraître dans les deux années prochaines. Chaque catéchèse communautaire est centrée sur une thématique et une dimension essentielles de la vie chrétienne : Ecriture Sainte, tradition dogmatique, liturgie et sacrements, vie morale, vie de prière. Mais à chaque fois, la richesse cohérente du mystère chrétien est bien manifestée. Le thème choisi ne peut laisser indifférent. Il conviendra bien pour une catéchèse communautaire en début d'année pastorale. Car il y a bien des manières de parler de l'Eglise : du dedans ou du dehors, avec bienveillance ou de façon critique, comme une communauté humaine ou comme un "grand machin". Les médias nous en offrent un large échantillon, régulièrement. Il y a bien des manières aussi de vivre en Eglise, selon l'idée que l'on s'en donne, selon la compréhension que l'on en a, et selon l'expérience que l'on en fait. Eglise : c'est un mot, mais c'est surtout une réalité multiforme, complexe, qui a traversé vingt siècles, depuis son surgissement dans les propos et les gestes du Seigneur Jésus. En choisissant parmi deux portes d'entrée et deux parcours distincts, la communauté chrétienne (re)découvrira que "nous sommes l'Eglise du Christ".

06/2013

ActuaLitté

Religion

L'Esprit de Pentecôte au coeur de la mission de l'Eglise. Le concile Vatican II 50 ans après

Vatican II a connu, durant les quatre sessions du Concile, une profonde maturation pneumatologique, grâce aux Pères orientaux. Cette redécouverte de l'Esprit a beaucoup enrichi les textes et abouti aux deux "tryptiques trinitaires" LG 2-3-4 et AG 2-3-4 en relation avec le Père, le Fils et l'Esprit ; elle a conduit aux épiclèses dans les nouvelles Prières eucharistiques, "un grand progrès doctrinal de notre liturgie". Le décret Ad Gentes a pleinement bénéficié de cette maturation pneumatologique : il montre la source Trinitaire du dynamisme de la mission de l'Eglise : l'amour du Père, qui se réalise dans la mission du Fils et se déploie dans la mission de l'Esprit-Saint. A la Pentecôte, l'Esprit "co-institue" l'Eglise missionnaire sacrement du salut ; l'Eglise est au service de l'Esprit de Pentecôte, protagoniste de la mission. Tout baptisé-confirmé est "disciple-missionnaire", mais l'Esprit suscite dans le coeur de certains le charisme particulier de la Vocation missionnaire pour évangéliser les "païens" : Vatican II apporte des clarifications importantes sur les divers sens du mot missionnaire. Autre clarification, la présence de l'Esprit : les Pères Orientaux distinguent une présence d'opération - l'Esprit agit dans le coeur de tous les hommes - et une présence d'inhabitation dans le coeur des baptisés "pneumatophores - Temples de l'Esprit". Les deux paroles du Christ avant l'Ascension (Ac1, 5 et Ac 1, 8) font découvrir la Plénitude de l'Esprit donné à la Pentecôte, une richesse qui comporte deux versants : hagiologique - Esprit-Saint qui sanctifie - et dynamologique - Esprit comme force pour le témoignage. Ces deux versants complémentaires sont présents dans la vie du Christ (Lc 1, 35 ; 4, 18-19), dans l'Eglise primitive avec l'épisode des Samaritains "seulement baptisés au nom de Jésus" (Ac 8, 16), au Concile Vatican II dans les 2 paragraphes consacrés à l'Esprit-Saint : LG 4 (aspect hagiologique), AG 4 (aspect dynamologique), dans les deux sacrements du baptême et de la confirmation : si le baptême donne l'Esprit-Saint pour la sanctification du disciple, la confirmation - nouvelle piste de réflexion - confère l'Esprit comme force pour le témoignage, pour les vocations personnelles, les charismes et ministères. Le miracle des langues à la Pentecôte (Ac 1, 4, 6, 11) est profondément significatif pour la mission de l'Eglise : la "koinônia - communion de l'Esprit-Saint" réalise l'unité dans la diversité : au plan de l'Eglise locale - diversité des vocations, ministères et charismes, et au plan de l'Eglise universelle - diversité des églises locales particulières.

10/2020

ActuaLitté

Religion

L'Hostie profanée . Histoire d'une fiction théologique

Le Moyen Âge latin a inventé une histoire. Après avoir mis au point la formule rituelle et théologique du rapport des hommes à Dieu (forme de la messe, signification du sacrifice : la présence du Christ sur l'autel et sa communion aux fidèles), un scénario est inventé qui montre le Christ outragé dans son sacrement, livré à l'ennemi théologique et mis à mort. Il faut donc de nouveau que des chrétiens livrent le corps du Christ à ses bourreaux. Tel est le sens de cette histoire qui nourrira pendant des siècles l'hostilité de l'Europe latine à l'égard de toute religion qui conteste les fondements mystiques de son idéologie : toute opposition, théologique ou simplement rituelle, à la forme de la religion de l'Europe latine est immédiatement notée d'hérésie. Les " erreurs " (toujours orientales) sont toutes assimilées à des erreurs juives, prolongeant l'époque de l'Ancien Testament. A travers l'examen de cette histoire et de ses variantes, cet essai envisage l'ensemble des liens qui ont construit l'Occident dans la seule justification du Corps mystique, " le corps du Christ dont nous sommes les membres " est la dernière justification des États chrétiens et le principe de leur organisation. Cette communauté historique est maintenue en vie en vue de son salut par des sacrements, dont, en tout premier, par une participation au corps du Christ. L'évolution du rituel (la forme de la messe) et les débats théologiques seront ainsi orientés : les notions d'image et de symbole devront être remplacées par celles de vérité et de réalité. Cette histoire d'hostie profanée par des juifs, présentée comme un fait divers, est sans doute la dernière illustration de ce que veut être l'Occident latin : seul dépositaire et seul interprète accrédité du message évangélique et des moyens de salut de l'humanité, il doit délimiter et définir précisément ce qu'est la communauté dont l'État garantit la vie. Si le Christ est parmi nous par les sacrements qu'il a institués, il est de toute nécessité que ces sacrements produisent des effets réels. Il faut donc à la démonstration de réalité une preuve de plus : cela s'appelle un miracle. Qui est bénéficiaire du miracle? les membres de la communauté chrétienne, c'est-à-dire la communauté organisée comme le Corps mystique, nom même de l'idéologie de l'État chrétien. Mais voici d'abord une histoire où l'on voit passer l'éternel usurier, le chrétien endetté, Shylock spéculant sur la chair d'un chrétien, Dracula, une souris grignotant une hostie, les aventures de la monnaie, le sacrement du corps périmant le le sacrement en image. Notre histoire.

10/2007

ActuaLitté

Littérature française

Oeuvres complètes. Tome 15, Cahiers de Rodez (Février-Avril 1945)

Antonin Artaud, les deux premières années de son séjour à Rodez, en dehors des lettres qu'il adresse à ses amis, n'écrit que fort peu, et les testes de cette période, s'ils font montre d'une extraordinaire virtuosité langagière, tel l'Arve et l'Aume, répondent presque toujours à une sollicitation extérieure ou à une demande formulée par le médecin-chef de l'hôpital psychiatrique. C'est au mois de février 1945 seulement qu'il se met à travailler de façon régulière dans de petits cahiers d'écolier qu'il noircit d'une écriture serrée. Les premiers textes cherchent le lecteur potentiel. Ils sont titrés et leur facture est traditionnelle. Ils présentent un commencement et s'acheminent vers une fin, mais très vite Antonin Artaud abandonne ce type de composition et se met à écrire ce qu'il dit être " des notes psychologiques personnelles qui tournent autour de quelques remarques que j'ai faites sur les fonds de l'inconscient humain, ses refoulements et ses secrets ignorés même du moi habituel ". Il écrit alors avant tout pour lui-même, pour obéir à une nécessité, une urgence intérieure pressante qui l'amène à se livrer à une immense méditation où tout se rebrasse : l'être, la mort, l'origine, la filiation, la virginité, la sexualité, où va se consommer, par la mise en cause tant de la métaphysique que de toute religion, sa rupture avec le passé. Sans ces notes qui sont comme la genèse de tous les textes flamboyants qui jailliront après sa sortie de rodez, un maillon nous ferait défaut. C'est leur lecture et leur étude qui nous donneront peut-être un jour de comprendre comment s'est effectué l'incroyable voyage qui a permis le Retour d'Artaud, le Mômo. Ces notes, les destinait-il à la publication ? La question demeure sans réponse. Ce qui est sûr c'est qu'il a apporté ses cahiers de Rodez à Paris, ne les a pas détruits et s'est même, quelques mois avant sa mort, préoccupé de leur conservation. Dans le tome XV, on trouvera les cahiers de février, mars et avril 1945, dans le tome XVI, ceux de mai et juin. Antonin Artaud indique lui-même qu'il a " jeté la communion dieu et son christ par les fenêtres " le dimanche de Pâques 1945, c'est-à-dire au début d'avril. Ainsi, les textes du tome XV appartiennent en majorité à ce que l'on pourrait appeler la période chrétienne d'Antonin Artaud. Mais est-ce si simple ? son catholicisme est quelque peu hérétique, sa conception de la religion l'apparenterait plutôt aux gnostiques qu'il avait autrefois lus avec attention. Dans le tome XVI, les signes de rejet se multiplient, les valeurs basculent, un renversement s'opère, le mythe peut s'installer.

05/1981

ActuaLitté

Religion

Thérèse de Lisieux

Le centenaire de Thérèse a vu éclater un certain nombre de différends sur sa vie et ses écrits. J. -F. Six et R. Laurentin s'étaient opposés publiquement dans Paris-Match et ailleurs. Ils n'ont pas voulu en rester là. Hommes de dialogue, persuadés qu'une confrontation vaut mieux que la polémique et que la lumière de Thérèse porte en elle les chances de toutes les conciliations, les deux auteurs se sont rencontrés devant un magnétophone les 4-6 juillet et le 24 août 1973. Ils ont confronté leurs perspectives sur les questions controversées : le père et la mère de Thérèse, son milieu, le substrat psychanalytique, l'édition des Derniers Entretiens, la nuit de la foi de Thérèse, son actualité, etc. Ils ont tenté de faire converger leurs lumières sans faire cadrer leurs perspectives, d'élargir le débat plutôt que de l'étriquer. Le résultat est extraordinairement positif. La physionomie de Thérèse prend un nouveau relief. Ce dialogue est un bilan des travaux du centenaire et une prospective des recherches en cours : ce qui reste de documents à dévoiler, à éditer ; ce que l'éclairage interdisciplinaire des diverses méthodes scientifiques peut encore apporter ; l'actualité de Thérèse et ce que réserve encore son mystère. Les questions disputées se trouvent réglées parce qu'elles sont éclairées et situées. En terminant, J. -F. Six et R. Laurentin ont pu se poser mutuellement la question : Pour vous, comme homme de foi, qui est Thérèse ? Que représente-t-elle ? Ce livre tonique est à la fois un bilan et un programme au plan de la recherche et de la vie personnelle. Il atteste la fécondité des conflits bien surmontés, et surtout les dimensions méconnues de Thérèse de Lisieux qui reste une source pour notre temps. Jean-François Six Responsable national du Service Incroyance/Foi, consulteur, à Rome, au Secrétariat pour les non-croyants, docteur ès lettres et docteur en théologie, professeur à l'Institut catholique de Paris. S'est attaché à étudier d'un côté l'athéisme contemporain et de l'autre les mystiques contemporains : Charles de Foucauld, Antoine Chevrier, par exemple. C'est dans ce projet d'ensemble que se place son étude en deux volumes sur La véritable enfance de Thérèse de Lisieux et Thérèse de Lisieux au Carmel (Seuil, 1972 et 1973) ; J. -F. Six s'est attaché à montrer quelle révolution spirituelle radicale Thérèse de Lisieux accomplit par rapport à la mystique de son époque et à quel point cette sainte a saisi par avance, avec un sens prophétique extraordinaire, ce que Paul VI a appelé le problème le plus grave de notre époque : l'incroyance. René Laurentin Professeur à l'Université catholique d'Angers. Auteur de Thérèse de Lisieux. Mythes et réalité (Beauchesne). Sa thèse de doctorat ès lettres et ses travaux d'avant le Concile ont élargi les horizons de la "mariologie" préconciliaire, pour faire resurgir le vrai visage de la Vierge Marie, à sa place dans l'histoire du Salut et dans la Communion des saints.

01/1973

ActuaLitté

Romance sexy

Il était une fois Noël. Tome 6

Une rencontre royale : Eleanor d'Edenland vient en Australie pour raison diplomatique et se doit de représenter son royaume du mieux qu'elle peut, pourtant elle se sent prisonnière de sa couronne et de la charge qui repose sur ses épaules. Tout bascule la nuit où elle tombe du bateau sur lequel se tient une réception en son honneur. Kayla, une serveuse un peu rebelle, se jette immédiatement à l'eau pour lui porter secours, entre elles commence une amitié qui évolue rapidement en quelque chose de plus intime. Avec la magie de Noël et la beauté de l'Australie, la princesse tombe sous le charme de la belle et indépendante Australienne. Wintertime love : Maria, 32 ans, est directrice des finances dans un petit hôpital depuis quelques mois. Sa franchise et sa spontanéité lui attirent parfois des ennuis, mais elle conserve un optimisme à toute épreuve. Dotée d'un esprit tordu qui se met en marche dès qu'elle croise un beau spécimen masculin, elle se languit de rencontrer le véritable amour. Parce qu'elle est nouvelle dans l'établissement hospitalier, elle accepte d'être de garde pour Noël et fait face avec humour à une accumulation de difficultés alors qu'une grande vague de froid paralyse la région. Pour couronner le tout, elle doit accueillir une délégation préfectorale le soir du vingt-quatre décembre, pour une traditionnelle visite du service des urgences. Au coeur de la tourmente, elle ignore qu'une rencontre inattendue va changer son destin à tout jamais. Retrouver la magie de noël : Je n'aime pas Noël. Pour moi, c'est la saison des catastrophes. Je m'appelle Eva Larsson, je suis arrivée première de ma promo à Oxford. Je travaille désormais pour un grand cabinet d'avocats parisien. Lorsque mon employeur m'envoie à Nevers où j'ai grandi pour retrouver un mystérieux artiste, j'y vois un moyen d'échapper aux fêtes de fin d'année. Non, je ne passerai pas Noël, seule, devant la télévision à zapper pour fuir cette ambiance festive qui me révulse. En arrivant sur place, je suis loin d'imaginer que rien ne va se passer comme prévu, et que pour la première fois depuis longtemps, mon coeur va s'ouvrir. Gourmandises de noël : Noël, sa joie, ses guirlandes lumineuses, ses chants et ses sapins décorés, tout autant d'ingrédients qui font de cette période un moment de communion et de bonheur. Mais le plus important pour Charlotte, ses gourmandises. Et cette période, qui aurait pu lui laisser un goût amer un an plus tôt, est l'occasion pour elle de régaler les papilles et réchauffer les coeurs avec ses délices chocolatés. Noël, des décorations criardes, ses courses aux jouets, ses mensonges, tout autant d'arguments qui poussent Adriel à éviter cette période de plus en plus. Mais la collision avec une blonde pulpeuse lors de la réunion des anciens élèves va peut-être lui apporter une tout autre vision des choses. Noël est la saison des miracles, n'est-ce pas ?

12/2021

ActuaLitté

Religion

Croire au dieu qui vient. Tome 1, De la croyance à la foi critique

La foi chrétienne a pour singularité, origine et histoire, de croire en un Dieu qui a parlé aux hommes depuis toujours et qui est venu habiter parmi eux voici deux mille ans, incarné en Jésus de Nazareth, mort sur une croix et rappelé par Dieu à la vie pour conduire l'humanité à sa destinée éternelle. Mais cette révélation, reçue de la faiblesse et de la folie de la croix, dit saint Paul, est difficile à croire, et elle tombe de si haut et vient de si loin qu'elle paraît en voie de s'effacer de la culture occidentale qu'elle a si longtemps inspirée et régentée. Ce livre revisite la tradition qui a répandu cette foi et éprouve si elle est encore capable de donner à croire que Dieu vient aux hommes du futur de notre destin. Le nom de Dieu apparaît en toutes langues avec les premières traces de la rationalité humaine ; le dieu des Hébreux surgit lui-même du panthéon du Proche-Orient ancien avant d'être promu Dieu unique par les prophètes d'Israël ; Jésus, se disant envoyé par lui, qu'il appelle Père, le fait reconnaître Père commun de tous les hommes qui veut les réconcilier avec lui et entre eux pour en faire ses fils. Recueillant son enseignement, la tradition chrétienne proclame que Jésus est le Fils éternel de Dieu, né homme de la Vierge Marie pour régénérer l'humanité dans l'Esprit de Dieu et la conduire par l'Eglise à la vie éternelle. Mais la science moderne des textes bibliques et évangéliques a creusé un fossé entre ce qu'on peut connaître avec certitude de l'histoire de Jésus et l'interprétation qui en est faite par le dogme de l'Eglise, dogme que l'évolution des esprits rend peu crédible à nos contemporains. Aussi, les théologiens, qui entendent respecter la vérité historique des textes et les rendre intelligibles à notre temps, se sentent obligés de repenser cette tradition en son entier sous l'éclairage d'une foi critique. Telle est l'ambition de ce livre : entreprendre une démarche de véracité et de liberté dans la recherche du sens de la foi. Il s'attachera dans ce but à déchiffrer le mystère qui tend à s'exprimer sous le mythe de la préexistence du Christ, idée qui est à la base de l'articulation dans le dogme des concepts de trinité, incarnation et rédemption : il s'agit en fait de la révélation de l'humanité de Dieu, comprise comme l'amour par lequel il entre en communication avec les hommes pour les libérer de leur finitude, du repli égoïste et mortifère de chacun sur soi qui les empêche de parvenir à l'unité entre eux et avec l'univers. Un second livre, en préparation, envisagera de dire, dans un langage dépouillé de technicité, en quoi consistent la vie et la mission de l'Eglise, vie de communion fraternelle dans l'Esprit du Christ, mission de "salut" ou d'humanisation du monde.

10/2014

ActuaLitté

Beaux arts

Crépuscules arctiques. Pastels du Groenland à la Sibérie, jusqu'en Tchoukotka

Jean Malaurie, un monument qui incarne à lui seul la défense et l'amour des peuples arctiques ! Ses Derniers rois de Thulé ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs, comme sa collection Terre humaine. Il dévoile enfin ses Pastels arctiques, témoignages inédits d'un homme inspiré, chamanique, habité par les forces cosmiques. C'est l'un des plus grands explorateurs, le premier français à avoir atteint le pôle géomagnétique Nord, le 29 mai 1951, en traineau à chiens. Il a révélé au monde le peuple des Inuits, vécu de longs mois avec eux. Mais c'est aussi un immense scientifique, directeur d'études à l'Ecole des hautes études en sciences sociales, un ethnologue, anthropologue, un éditeur et directeur de collection célèbre. Terre humaine, c'est lui, et il peut s'enorgueillir d'avoir " lancé " Claude Lévi-Strauss avec Tristes tropiques. Aujourd'hui, à 98 ans, dans une forme toujours éblouissante, Jean Malaurie accumule les titres de gloire. A la vérité, il s'en moque. Jean Malaurie n'a qu'une idée en tête, résister, comme ce rebelle dans l'âme l'a toujours fait. Résister contre l'implantation d'une base militaire secrète américaine au coeur du Groenland, en 1951, résister en faveur des peuples premiers et des minorités de l'Arctique, sa grande mission et la passion d'une vie. De ces années au pôle Nord, il a rapporté la matière de livres indispensables, dont Les derniers rois de Thulé, qui ont fait le bonheur de centaines de milliers de lecteurs. On aurait pu croire que tout était dit mais cela aurait été mal connaître Jean Malaurie. Oser, résister , publié l'année dernière, a été salué par la presse et les lecteurs. Et puis maintenant, plus surprenant encore, ces Crépuscules arctiques, Pastel, du Groenland à la Sibérie Tchoukotka Comment, par des températures extrêmes, un homme a-t-il pu réaliser des pastels ? Comment l'idée lui est-elle venue, quel besoin, quelle " folie " le poussait d'apporter ses craies, son papier, pour dessiner au coeur d'un monde de glace ? Il lui fallait saisir, explique Jean Malaurie, ce moment mystérieux où le ciel polaire lutte entre la lumière et l'obscurité, pour sombrer peu à peu dans le noir. Ce moment où des forces qui dépassent les hommes, et presque l'imagination, entrent en jeu. Rendre compte de ce mystère absolu. Voici donc ces oeuvres d'art raffinées qui sont aussi des témoignages d'une pensée devenue quasi " primitive ", en communion profonde avec la nature et l'espace. Car Jean Malaurie, grand homme de science, est aussi un homme habité, sensible aux forces telluriques et cosmiques, un véritable animiste et presque un chaman. Cette quarantaine de pastels de la nuit polaire nous invite à découvrir ce visage inédit et ce témoignage unique, de toute beauté, explicité par un très important texte de présentation de Jean Malaurie lui-même.

10/2020

ActuaLitté

Sociologie

La querelle du sacre

Pour ou contre le sacré? La passion des prises de position montre que la question touche au vif, dans ces obscures régions de l'essentiel où il semble que tout se fonde ou s'écroule. Encore faut-il pouvoir s'en expliquer, au lieu de seulement sentir et affirmer. Deux hommes ici se rencontrent, partageant une même foi, mais combien différents. Pierre Antoine, jésuite, professeur de philosophie, qu'un article qu'il publia dans les Etudes fit passer aux yeux de beaucoup pour un dynamiteur de cathédral. Emile Martin, oratorien, musicien connu, auteur d'un essai sur La Musique et le Sacré, et dont les concerts spirituels, en l'église Saint-Eustache, réunissent les foules dans la communion mêlée d'une ferveur religieuse et d'une émotion esthétique. Un dialogue sinueux, comme tout vrai dialogue, et dont l'amicale franchise n'est pas toujours sans rudesse. Un parcours où les deux interlocuteurs se cherchent, se tâtent, se heurtent, se croisent, se retrouvent et parfois se fuient. Un texte qui révèle, tantôt en filigrane, tantôt dans une gravure aux traits accusés, une large part des questions fondamentales qui sous-tendent la querelle du sacré. Un document humain et spirituel qui ne peut laisser indifférent. Opposition de deux tempéraments : le coeur et la raison, l'artiste et le dialecticien ? Approches complémentaires de l'actualisation de la Parole de Dieu : celle des signes et des symboles, et celle du langage clair, avec des mots ? Interprétations contradictoires du fait de la sécularisation et du défi qu'il lance à la conscience chrétienne ? Ou bien deux façons divergentes de saisir l'essentiel du christianisme, de comprendre, de vivre et d'exprimer sa foi ? Jalons du dialogue POURQUOI LA QUERELLE DU SACRE ? LES MOTS ET LES CHOSES L'EGLISE DOIT-ELLE CHANGER DE LANGAGE ? LA NOTION DE SACRE EST-ELLE UNE CATEGORIE FONDAMENTALE DE LA THEOLOGIE CHRETIENNE ? LES INTERROGATIONS MODERNES SUR LE SACRE LE COUR ET LA RAISON UNE PRATIQUE RELIGIEUSE COUPEE DE LA VIE L'HOMME EN FACE DE LA MORT LA TRANSCENDANCE DE DIEU ET LE SENS DU SACRE NOTRE RAPPORT A DIEU ET LA MEDIATION DU CHRIST AVONS-NOUS ENCORE DES TEMPLES ? L'EUCHARISTIE ET LE SEIGNEUR DE GLOIRE LE SENS DU SACRE ET LE SENS DU PECHE Emile Martin. Né le 7 mai 1914 à Cendras (Gard). Premières études littéraires et musicales sous la direction de son oncle, ancien maître de chapelle de la cathédrale de Nîmes. Etudiant à la Faculté des Lettres de Montpellier, puis à la Sorbonne et à l'Institut catholique de Paris pour la théologie. Diplômé de Grec biblique et docteur ès lettres avec une thèse en Sorbonne sur L'évolution des rythmes dans la lyrique grecque monodique. Membre de l'Oratoire de France depuis 1947. Fondateur et directeur de la Société des Chanteurs de Saint-Eustache (1945), maître de chapelle de l'église Saint-Eustache. Chargé de cours et de conférences aux Universités de Québec, Montréal, Ottawa (1953-1954).

04/1997

ActuaLitté

Droit des personnes

Le consentement

Après plusieurs affaires en matière d'abus sexuels et la sortie du livre de Camille Kouchner, La familia grande (Le Seuil 2021) qui relate l'inceste qu'aurait subi son frère à l'adolescence, le Parlement a adopté, le jeudi 15 avril 2021, une loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. Lorsqu'il s'agit de vérifier l'existence d'un viol, le consentement des enfants était examiné pendant le débat judiciaire¿ ; le non-consentement des mineurs de 15 ans est dorénavant établi par la loi. Notre environnement moral et libéral ne nous prépare pas à la complexité de la situation de l'individu et de sa volonté. Théoriquement, tout est simple. L'individualisme représente les hommes comme une collection d'individus totalement séparés. Leurs volontés apparaissent évidentes et singulières. Juridiquement, tout est compliqué. La volonté reste équivoque. Car les hommes ne sont pas séparés sans être liés dans un milieu social et politique. Ce sont alors les déterminations culturelles, économiques, psychologiques ou politiques qui ne rangent pas tout le monde dans des fonctions sociales préétablies (citoyen, salarié, consommateur, mari, mineur, etc.) sans peser sur le consentement. Nos travaux se proposent de contextualiser le consentement en analysant son intervention dans diverses branches du droit et dans la société. Ils mettent en évidence des débats et des incertitudes qui règnent autour du consentement du citoyen, du salarié, de l'assuré, de l'artiste, du chargeur dans le contrat de transport maritime, de l'utilisateur d'une carte de crédit, du bénéficiaire d'un droit au logement, d'acteurs locaux devant des décideurs industriels... Le consentement apparaît comme une notion fondamentale, mais complexe. - Fondamentale, puisque nos systèmes juridiques, éthiques et politiques en font un critère cardinal pour distinguer les actions qui seront reconnues ou repoussées par la société : la relation sexuelle consentie et le viol par exemple. - Complexe, car le consentement ne se manifeste jamais comme une volonté isolée et omnipotente, en raison de l'interdépendance des acteurs dans une vie collective. A l'ère de l'Anthropocène et de la pandémie, l'Etat dirige encore plus rigoureusement l'individualité, pour des impératifs de santé publique. Quel consentement dans une communauté politique et un monde où personne ne se débarrasse de l'autre et de son influence, voire de sa contrainte ? Traditionnellement, un système juridique envisage mieux le consentement quand il n'est pas là ! En droit civil, la théorie des vices du consentement caractérise dans le détail les défaillances du consentement, mais elle laisse dans l'ombre sa définition positive. L'histoire nous montre d'ailleurs que les juristes ont cherché la participation de l'homme aux institutions et aux obligations dans des faits différents, selon les cultures et les époques. Avant la modernité, le consentement ne se libère pas de rites et de la religion : le mélange des sangs (blood-covenant), la communion alimentaire, la tradition (la remise d'une chose), le serment, l'imposition des mains... La modernité juge ces conceptions superstitieuses et dépassées. Est-elle plus avancée, en requérant la simple manifestation de volonté ? A-t-elle réussi à établir une volonté libre et éclairée ?

12/2021

ActuaLitté

Décoration

Pourvu qu'on ait l'ivresse. De l'alcool à l'extase : un voyage mondial à travers les arts et les lettres

Au sens propre, l’ivresse vient d’un joyau végétal, soit la vigne, soit des céréales transformées en boisson, source de vie. Mais les symboliques se sont emparées dès l’Antiquité de cette transformation mentale, de cette métamorphose de la conscience, au-delà de la raison, de la logique, de la prison du réel. Parente de la folie, de la transgression, du rêve, l’ivresse première, celle du vin et de tous les alcools, boissons et «eaux-de-vie», suscite dès l’Antiquité de superbes symboliques. En Grèce, c’est le dieu contesté Dionysos, repris par les Romains sous le nom de Bacchus, entraînant des cortèges de ménades, de satyres, de bacchantes, mêlant exaltation et sexualité, violence «comique» (le komos grec est un cortège priapique) et plaisir. C’est aussi la vigne, don divin, qui provoque chez l’innocent patriarche Noé un scandale associant l’impudeur à l’inconscience. Célébration de la vie, l’ivresse est sacrée. Ses effets sont excessifs et contradictoires. L’ego ebrius est seul dans la communion affective du Banquet selon Platon. L’ivresse est associée aux artifices dangereux des paradis imaginaires. De même que le dieu-monstre Dionysos, inspirateur de toute création, est rejeté au nom d’Apollon, mais actif en nous, l’ivresse est condamnée et célébrée. Les éducateurs spartiates enseignent à leurs enfants le mépris de l’ilote ivre ; Rabelais exalte les «bien ivres», adorateurs de la Dive Bouteille. Car l’ivresse, pouvoir physique de boissons divines, s’évade vers d’autres vertiges. Amoureux, mystiques, transcendants, fervents, témoignent tous d’ivresses sans nul alcool. Ils ou elles sont ivres de passion, de bonheur, de Dieu, d’humanité, mais aussi ivres de pouvoir, d’argent, de colère, de haine… Le domaine privilégié des ivresses immatérielles est certainement celui de la création artistique et poétique, jusqu’à l’exigence du «dérèglement de tous les sens» (Rimbaud). Et existent aussi l’ivresse du savoir, de la raison, celle du mathématicien, celle de l’ingénieur. Selon les époques et les civilisations, on perçoit des territoires majeurs de l’ivresse : Antiquité gréco-latine, Moyen Age occidental, islam arabo-persan, Chine et Japon, avec leurs poètes, leurs artistes, leurs musiciens, leurs penseurs, leurs mystiques. Dans l’ivresse de la découverte ou celle de la reconnaissance, on en évoquera, on en citera les plus inspirés. Enfin, un parcours de mots, parmi les métaphores de l’ivresse, scellera l’accord avec les créations calligraphiques et plastiques de Lassaâd Metoui. En effet, le texte proposé dans cet ouvrage ne prendra sens que par ces créations visuelles et colorées, qui, outre l’évocation des grands thèmes interculturels évoqués, fera allusion aux grandes ivresses poétiques et artistiques d’Occident et d’Orient, à Matisse comme à Hiroshige, à Baudelaire comme à Hâfiz ou à ce poète du Ve siècle chinois, Tao Qian, qui intitulait «Ivresse» ou «En buvant» ces vers : «Qu’est-ce, dans ce monde/De permanent ? Les montagnes de vain hasard/Je les surmonte maintenant/Sans rêves illusoires/Sans l’ivresse». Montrant ainsi que l’on ne rejoint la paix heureuse qu’en buvant pour mieux aller au-delà de l’ivresse du réel, vers le tao, sans doute.

11/2015

ActuaLitté

Littérature française

La connaissance du vent

La Connaissance du vent, qui peut se définir comme une "fable spirituelle" , raconte l'histoire de Hannes, jeune restaurateur d'art néerlandais élevé dans les rigueurs moroses du fondamentalisme calviniste, qui a perdu la foi à l'adolescence et sombré dans la débauche et dans les addictions - au sexe, à l'alcool, à certaines drogues -, ce qui le remplit d'une honte morbide (d'autant plus qu'il est gay, ce qui est encore loin d'aller de soi en 1981, année où se situe le récit, a fortiori quand on a reçu son éducation) sans qu'il trouve le ressort pour amender sa vie. Ce solitaire angoissé est aussi hanté par la "disparition" de Kobie, son seul ami et confident, un peintre plus drogué que lui et attiré par le masochisme, sans qu'on sache avant la fin du livre ce qu'il a pu devenir. Pour fuir et se fuir lui-même, Hannes s'en va restaurer un retable baroque dans une abbaye voisine d'une bourgade perdue des Marches italiennes, qui se révèle un lieu à la fois beau et sinistre, car les habitants semblent endeuillés et hostiles, peut-être parce que la petite cité a autrefois été martyrisée par des mercenaires ottomans. Bien accueilli par les moines, un même amour de la musique - qui joue dans l'histoire un rôle essentiel, de même que la poésie et la nature - le rapproche de Guido, jeune novice souriant, érudit et d'une étonnante sagesse. Malgré les résistances de Hannes, Guido lui révèle peu à peu un Dieu tout différent de celui auquel il a jadis tourné le dos : doux, juvénile et miséricordieux. Le Dieu sans colère de Thérèse d'Ávila et de la mystique Hetty Hillesum, qui n'a rien contre les gays ni contre le langage des sens. Mais Hannes freine des quatre fers et en veut même à Guido - dont la santé ne cesse de se dégrader - pour son optimisme et sa sérénité. Il a aussi parlé avec Bertille, artiste installée dans la région, qui proclame sa haine de la foi et de ses serviteurs. Pourtant, des signes se manifestent : une étrange petite brise caressante du crépuscule, qui semble contenir une présence, et aussi les apparitions fugaces et parfois rêvées d'un étrange personnage de jeune Oriental, peut-être un fantôme surgi d'une légende locale, peut-être un messager du divin, qui semble lui tendre la main. Un soir, en un lieu désert où il s'est laissé guider par l'ombre de l'Oriental, Dieu fait irruption dans la vie de Hannes. Cette expérience de metánoia fait dans l'instant de lui un tout autre homme. Mais la révélation a un prix : le même soir, Guido est mort et Hannes comprend confusément que, selon le mystère de la communion des saints, le novice est mort pour lui. Hannes a cependant découvert une paix, une harmonie intérieures qui lui permettent de poser sur sa vie un nouveau regard et d'habiter poétiquement et spirituellement le monde. Mais nous sommes en 1981, et la menace du sida vient d'apparaître... Pourtant, à la fin du livre, la paix de Dieu aura le dernier mot.

10/2023

ActuaLitté

Travail social

L'amour en partage  . Les professionnels auprès des personnes agées au secours du lien social

La période pandémique dont on ne connaît pas la fin a mis à mal, d'une part, l'expression des sentiments comme les échanges amoureux dans leur diversité physico-psychique et, d'autre part, la restitution comme le partage de l'amour reçu aux parents âgés qu'ils soient hébergés en institutions (Ehpad) ou résidant à leur domicile. Les liens entre les générations souffrent également des mesures de distanciation et parents, grands-parents, petits-enfants se savent plus trop quelle démarche adopter pour retrouver les gestes et les marques d'un partage, d'une communion affective d'un passé pourtant proche, mais qui semble suspendu à une échéance encore indéterminée. Par ailleurs, les confinements ont mis les couples face à de nouvelles situations, les obligeant à réinventer des pratiques éprouvées voire routinières, mais désormais exposées à des effets secondaires pesant sur leur quotidien, souvent dans des espaces plus ou moins réduits ; dans tous les cas et en grande majorité, non initialement prévus pour une vie à deux ou plus, en continue. Comme le notent G. Ribes et M. Veluire, (2019) " Chez les couples vieillissants, dans un contexte de réorganisation domestique qui ne laisse pas suffisamment d'espace intime à chacun, peut naître un sentiment d'enfermement, d'envahissement, d'intrusion, voire un rejet de l'autre. Les remparts spontanés (travail, enfants) créant des espaces/temps différents et nourrissant les membres du couple ne sont plus présents. Chacun se retrouve sous le regard de l'autre, et peut se sentir observé, scruté au quotidien, y compris dans ce qui n'est pas fait, dans ce qui aurait dû l'être, dans ce qui devrait être ". Paradoxalement, ce contexte anxiogène, à tout le moins démoralisant, tant l'avenir semble s'assombrir, se traduit par une augmentation du besoin d'être aimé et de partager, d'être reconnu et reçu par des proches ou encore de créer de nouvelles relations avec les perspectives imaginaires qu'elles supposent depuis toujours. Les situations de crise ont, de tous temps, fait ressurgir d'un quotidien parfois lénifiant souvent rassurant, ce besoin d'amour comme celui lié à la nécessité de se sentir exister. Personnes âgées, parents, enfants, petits-enfants, mais aussi amants, aidants... chacun est à la recherche de cet échange des sens et des ressentis fondateurs du lien social, du lien physique/sexuel, du lien sensoriel qui nous unit à l'autre, aux autres dans leur diversité et nous amène à exister et à partager notre besoin d'amour. Les professionnels du secteur, comme acteurs du quotidien mais également comme intermédiaires recherchés par les familles mises dans l'impossibilité de voir leurs proches âgés n'échappent pas à ces épreuves comme à ces bouleversements ; ceci tant dans leur vie personnelle que dans leur vie au contact des patients âgés et de leur famille pris dans la nasse de la pandémie et de ses effets induits en terme de contraintes, d'impossibilités à faire, de réduction des espaces de liberté etc... Vaste thème s'il en est et pourtant si précieux et essentiel, si révélateur de nos joies et de nos faiblesses, de nos attentes comme de nos terreurs. Pour le traiter, les auteurs pressentis ont eu toute l'amplitude de se prononcer avec lyrisme, poésie ou empathie sur la question ; ceci sans se limiter à ces approches qui excluraient le cynisme voire la dérision provoqués par l'expérience de la vie. Sur un thème de réflexion qui englobe les joies et les peines vécues tout au long de nos existences, il y avait de quoi s'épancher plus largement sur les objets " amour " d'une part et " partage " d'autre part. Ainsi, chaque auteur a été appelé à s'exprimer sur son ressenti au regard de son expérience professionnelle comme de son vécu personnel à propos de sujets qui habitent le genre humain depuis le début des temps et qui font de nous tous, des quêteurs éperdus d'amour et de partage.

11/2022

ActuaLitté

Autres philosophes

Une pensée en exil. La philosophie de Rachel Bespaloff

Ceux qui l'ont rencontrée (Léon Chestov, Benjamin Fondane, Jean Wahl, Gabriel Marcel, Gaston Fessard, Jean-Paul Sartre...) l'ont considérée comme une femme d'une intelligence extraordinaire et d'une pénétration exceptionnelle ; pourtant, Rachel Bespaloff (1895-1949) est une philosophe encore presque inconnue. La rareté des textes qu'elle a publiés de son vivant, son existence trop précocement interrompue, la difficulté qu'il y a à la ranger dans une école particulière de pensée, n'ont pas contribué à sa notoriété. Ce n'est que récemment, et de façon confidentielle, qu'on a assisté au phénomène discret de la redécouverte - ou de la découverte pure et simple - d'une personnalité qui compte au nombre des plus représentatives de la culture européenne de l'entre-deux guerres. Rachel Bespaloff naît le 14 mai 1895 à Nova Zagora, en Bulgarie, et meurt le 6 avril 1949 à Mount Holyoke, une petite ville du Massachussets. Enfant d'une famille cultivée d'origine juive de l'Ukraine (le père, Daniel Pasmanik, était un membre éminent des cercles sionistes, et sa mère, Deborah Perlmutter, avait un doctorat en philosophie), elle vie ses deux premières années d'enfance à Kiev, puis passe son adolescence à Genève, où elle obtient un diplôme de piano et montre un talent hors du commun, au point qu'en 1919 on lui offre une chaire prestigieuse d'enseignement de la musique et de l'eurythmique à l'Opéra de Paris. En 1925, elle décide d'abandonner une carrière musicale qui semblait très prometteuse pour se consacrer entièrement à une sorte de " réveil philosophique " provoqué par la rencontre de la pensée existentialiste du philosophe ukrainien Léon Chestov. Dès lors, Rachel Bespaloff devient l'interlocutrice et la confidente privilégiée de nombreux penseurs d'orientation libérale, comme Benjamin Fondane, Daniel Halévy, Gabriel Marcel, Jacques Schiffrin, Boris de Schloezer ou Jean Wahl, qui louent chez elle des qualités de penseur raffiné et subtil. En 1930, la philosophe ukrainienne doit quitter Paris pour déménager à la Villa Madonna à Saint-Raphaël, où elle commencera bientôt à se sentir coupée de la ferveur intellectuelle de Paris et à souffrir de la solitude. Elle écrit pendant cette période une étude aussi lumineuse que serrée sur Etre et Temps, qui est l'une des premières discussions philosophiques - sinon la première - du livre de Heidegger publiée en français. Suivent d'autres essais sur Marcel, Malraux, Green, Kierkegaard, Nietzsche, Chestov, qui seront repris plus tard dans le volume Cheminements et Carrefours, publié en 1938. Pour échapper aux lois raciales, Rachel Bespaloff doit émigrer en juillet 1942 avec son mari, sa fille et sa mère, d'abord à New York, puis à Mount Holyoke, où elle travaille comme chargée de cours de Littérature française. Elle achève la même année la rédaction de ses Notes sur l'Iliade qui aboutiront à son second et dernier livre, intitulé précisément De l'Iiliade : des réflexions pénétrantes sur les raisons fondamentales de la guerre et sur l'ambivalence des objectifs et des valeurs qui caractérisent les héros homériques (la même année exactement, Simone Weil, relisant le poème d'Homère, écrira elle aussi L'Iliade, poème de la force ; une coïncidence d'intérêts et de recherches unit de façon aussi extraordinaire que remarquable les deux philosophes). Peu avant sa rencontre programmée et volontaire avec la mort, Bespaloff écrit quelques articles sur Van Gogh, Camus, ainsi qu'un essai développé, mais malheureusement inachevé, sur Montaigne, qu'elle intitule L'instant et la liberté. Même si elle connaît en apparence une période de grande créativité et de succès indéniable, auprès notamment de collègues et d'étudiantes qui ont pour elle la plus grande estime, elle vit ses années de séjour aux Etats-Unis comme un exil devenu progressivement insupportable. L'inconfort, la solitude l'emportent : sans laisser de trace ni autoriser d'explication " rationnelle ", elle décide brusquement de mettre fin à ses jours en ouvrant le gaz de sa cuisine. Elle a 54 ans. A la lumière des principaux événements qui ont marqué la biographie de Bespaloff, l'élément le plus significatif à prendre en compte pour étudier l'oeuvre est sans aucun doute l'exil : c'est lui qui résume le mieux en une réalité qui est aussi un rapport à l'existence l'expérience que Bespaloff a connue. Celle-ci doit en effet faire l'épreuve à maintes reprises de la condition d'exilé. Mais il y a plus important encore que les données objectives, qui montrent un exode incessant : la perception subjective de son état par la philosophe. C'est bien comme la sienne propre, c'est-à-dire plus profondément encore ne l'imposent des circonstances dramatiques, qu'elle vit la condition de l'exilé, de l'apatride, du réfugié, de celui qui est sans cesse, quoi qu'il fasse, en voyage, toujours en quête d'une terre qui lui reste interdite, lointaine et inaccessible. On trouve ici, dans toute son évidence, une correspondance impressionnante entre les trois ordres de réalité que sont les principaux épisodes de sa vie, l'histoire et le destin du peuple juif dont elle revendique l'appartenance, et les modalités spécifiques de sa recherche. Loin de toute adhésion à l'existentialisme, dont elle critique sévèrement, au contraire, la tendance à cristalliser en des stéréotypes doctrinaux l'indispensable référence à l'existence, mais aussi sans réduction possible à toute autre position philosophique, la dimension qui reflète le mieux la personnalité théorique originale de Bespaloff est celle de l'exode, de la recherche inlassable d'un point d'ancrage, qui n'est jamais définitivement atteint. La particularité de sa réflexion tient en effet au dialogue serré qu'elle mène avec les " sommets " de la pensée contemporaine, et à ses réticences à se reconnaître inconditionnellement dans une orientation spéculative déterminée. Son débat, direct et indirect, avec des penseurs comme Wahl, Marcel, Heidegger, Weil, Montaigne, Augustin, Chestov, Kierkegaard, Nietzsche - pour ne citer que les plus importants - dessine un itinéraire intellectuel qui prend la forme programmatique d'une confrontation acharnée et presque éperdue. Le seul " point fixe " auquel elle parvient dans sa " pérégrination " philosophique incessante, c'est celui de la " pensée tragique " que font percevoir les vers de l'Iliade : avec les textes bibliques, ils représentent pour elle le point le plus élevé de l'expression poétique. La voix des Tragiques, celle des prophètes qui s'élèvent de la Bible, dans l'analyse qu'elles font des faits et des causes qui mettent brutalement l'homme en face de l'événement de la guerre et de l'origine du mal, l'enjoignent d'adopter une attitude de profonde humilité devant le réel et l'existence, puisqu'il est totalement impossible de supprimer les aspects conflictuels qui caractérisent le monde. Une attitude de grande compréhension et de communion difficile (entre espoir et désespoir) avec la réalité sensible, qu'il faut comprendre et accepter dans son ambivalence constitutive. Reste donc décisif, si l'on sait l'écouter, l'avertissement qui se renouvelle à chaque fois qu'on s'abandonne à la lecture d'Homère et des Prophètes : c'est une réalité profonde et tragique qui sous-tend la vie humaine, dans ses contradictions, ses luttes, ses principes de destruction sans solution possible. Seule la musique, d'après Bespaloff (et là aussi, c'est bien une " pensée-biographie " qu'on voit à l'oeuvre), permet de retrouver les moments de vérité profonde et de n'y pas succomber ; c'est à travers elle qu'elle cherche des affinités et des relations entre les différents penseurs. La musique représente l'une des modalités principales, sinon exclusives, de relation avec la transcendance. C'est spécifiquement dans le désaccord harmonique, dont le rythme musical est l'expression, que Bespaloff identifie le témoignage d'une transcendance à la fois nécessaire et paradoxalement inatteignable. Dans le mouvement musical, se réalise avant tout un équilibre capable d'adoucir la fuite désespérante du temps dans une sorte d'unité extatique : l'instant parfait, ce présent authentique soustrait à la dispersion, et comme tenu dans la même main que le passé et le futur. La vérité ne peut donc être révélée que dans la dimension musicale de l'instant - à condition de préciser que celle-ci ne coïncide nullement avec un état d'âme idyllique : il lui faut au contraire, pour exister, reconnaître tragiquement l'échec existentiel auquel l'homme est condamné depuis toujours. Dans l'instant, l'homme transcende les émotions mêmes dont il est personnellement traversé pour s'élever à la question radicale et tragique du sens de l'existence. Le livre de Laura Sanò propose la première vision d'ensemble d'une grande protagoniste du débat philosophique au xxe siècle, et tâche précisément d'en faire percevoir la dimension. A l'auteur, écrit Remo Bodei dans sa préface, " on doit reconnaître le grand mérite d'avoir mené sa recherche en reliant organiquement deux plans distincts. D'un côté, l'analyse rigoureuse des textes auxquels Rachel Bespaloff a confié sa pensée, arrachée ainsi à l'oubli presque complet où était tombée depuis plus d'un demi-siècle sa "pensée nomade". De l'autre, la reconstruction très documentée du contexte historique dans lequel prend place la recherche de la philosophe ukrainienne. " L'intention de Laura Sanò a donc été de scruter les noyaux théoriques de la réflexion de Bespaloff, pour faire apparaître la remarquable singularité de son positionnement intellectuel, et pour mieux comprendre par ailleurs de quelle manière se rencontrent en lui les avancées les plus significatives de la recherche philosophique contemporaine. En ressort le portrait d'une personnalité philosophique d'une finesse et d'une vigueur exceptionnelles, attentive à toutes les nouveautés théoriques, et prête à chaque instant à tout remettre en discussion, à commencer par elle-même ; le portrait d'une femme raffinée et complexe, qui a su mettre au centre de sa vie une authentique recherche de la vérité, inconditionnellement.

05/2023