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Stéphanie Demasse-Pottier, Pauline Kerleroux

Extraits

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Histoire internationale

Auschwitz

Auschwitz est devenu le symbole tant des camps de concentration que de la « solution finale », et plus largement de la violence et de la répression nazies. Il occupe aujourd'hui une place centrale tant d'un point de vue mémoriel qu'historique. Pourtant, hormis l'ouvrage d'Annette Wieviorka, Auschwitz, 60 ans après (R. Laffont, 2005), il n'existe pas d'étude véritable consacrée au sujet en français. Au demeurant, ce paradigme qu'est Auschwitz est paradoxal. Le site est marqué par le gigantisme, qu'illustrent en premier lieu les chiffres : 1,3 million de personnes acheminées là depuis toute l'Europe et 1,1 million de morts. Mais ce gigantisme est multiple et dépasse le seul bilan meurtrier : gigantisme au sein du système concentrationnaire, qui en fait le plus grand des camps de concentration ; du centre de mise à mort, qui en fait le lieu d'assassinat le plus important de la « solution finale » ; du complexe économico-industriel articulé autour des camps et de la ville d'Auschwitz qui en fait un lieu de production particulier, où se mêlent prisonniers du camps, travailleurs forcés tels que des STO français, prisonniers de guerres britanniques ou simples employés et ouvriers allemands. Il s'agit d'un lieu unique, à nul autre pareil, où se sont mêlées et entrecroisées des politiques qui, en général, ne se rencontraient jamais en un même lieu. Car Auschwitz est ensemble complexe, protéiforme, où se croisent des politiques diverses qui n'ont en commun qu'un lieu, qui n'est pas limité au camp de concentration d'Auschwitz, mais est constitué de l'espace de la ville d'Oswiecim-Auschwitz et de ses alentours, où coexistent différents camps, centres de mise à mort et industries. Il s'agit à la fois de brosser l'histoire du complexe d'Auschwitz – en mettant en lumière les éléments et évènements les plus importants – tout en réinsérant celle-ci dans l'histoire plus large des différentes politiques nazies, et parallèlement de procéder à une déconstruction de l'espace connu sous le nom d'Auschwitz, qui a été en perpétuelles construction et évolution durant cinq années.

01/2015

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Religion

Les lettres (1220-1240). La perle de l'école rhéno-flamande

À la source de la mystique rhéno-flamande, l'un des grands textes du patrimoine chrétien, d'une étonnante modernité. Hadewijch d'Anvers vécut en Flandre, au XIIIe s. Mais ce n'est qu'au XIXe s. que les érudits redécouvrirent ses Poèmes, puis les Lettres et les Visions. Il fallut encore attendre les années 1950 pour que Hadewijch ressuscite à travers son œuvre. Tout indique qu'elle rédigea les lettres ici présentées entre 1220 et 1240. Un siècle plus tard, Ruysbroeck l'Admirable, qui jamais ne la cite, lui a sans doute emprunté le meilleur de ce que l'on admire chez lui. Sa vocation et sa mission hors pair n'ont jamais été vraiment évaluées à leur juste mesure. Elle fut au départ du mouvement des béguines, l'un des plus beaux fleurons du monde chrétien. Ce mouvement essentiellement féminin donnait la priorité à la vie contemplative. Leurs vertus étaient hautement reconnues. Un siècle après Hadewijch, des contemporains évaluaient le nombre des béguines à quelque deux cent mille. Rares sont les mystiques qui ont parlé comme elle de Dieu et de l'homme. Son originalité propre la différencie d'une Thérèse d'Avila ou d'une Élisabeth de la Trinité. Sa connaissance de la littérature profane, de l'amour courtois et l'étendue de sa culture théologique sont impressionnantes. Le mouvement de sa pensée et son expérience mystique suivent les mêmes lignes que le courant intellectuel et spirituel connu sous le nom d'école rhéno-flamande, qui se développera avec Maître Eckart, Tauler, Suso... Ce courant mystique annonce ses ambitions : on veut connaître Dieu d'une connaissance qui n'est pas scolastique, mais on aspire à une connaissance infuse qui dépasse images et concepts, et qui sera le meilleur chemin d'ascension de l'âme vers Dieu. Il y a là une aventure spirituelle aussi remarquable par la qualité que par le nombre de ceux qui en furent les acteurs. Hadewijch est sans égale dans cette constellation, tant par sa justesse et sa profondeur théologique que dans l'épanouissement exceptionnel de sa vie contemplative.

08/2002

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Musique, danse

Ballets russes & compagnies. Centenaire des Ballets Russes à Monaco

Imaginé par l'artiste plasticien Philippe Favier pour la célébration du Centenaire des Ballets Russes à Monaco, cet ouvrage retrace 100 ans de création : un voyage d'une effervescence, d'une ébullition artistique digne du créateur des Ballets Russes, Serge Diaghilev, avec une succession d'images de scènes, de souvenirs et de rencontres... L'aventure des Ballets Russes, contemporaine de la naissance de la NRF, a été célébrée à Monaco par de nombreuses manifestations, qui ont dépassé le cadre de la chorégraphie. Le directeur de la compagnie, Jean-Christophe Maillot, voulait à cette occasion renouer avec la tradition multidisciplinaire des Ballets, qui virent la collaboration des plus grands artistes de l'époque : peintres, poètes, musiciens. Cette tradition d'ouverture a largement été abandonnée par la danse contemporaine. Pour la raviver à l'occasion du centenaire, Jean-Christophe Maillot a fait appel aux artistes qui travaillent régulièrement avec lui (Ernest Pignon-Ernest, Yann Maresz, Bruno Mantovani...) pour réaliser une série de spectacles avec des chorégraphes qu'il estime : Jiri Kilian, William Forsythe, Lucinda Childs, Karole Armitage, Sidi Larbi Cherkaoui, Alonso King... Certains ont revisité des oeuvres légendaires des Ballets Russes (L'Après-midi d'un Faune...). Jean-Christophe Maillot souhaitait également attirer vers la danse des écrivains qui puissent, comme jadis Cocteau, apporter leur regard sur cet art. Jean-Marie Laclavetine avait travaillé à plusieurs reprises avec lui sur des arguments de ballet. C'est pourquoi il a fait appel à lui pour solliciter des romanciers, afin de constituer des " tandems " avec des chorégraphes et donner naissance à une série de spectacles. Jean Rouaud, Muriel Barbery, Patrick Goujon, Tristan Garcia, Christian Giudicelli ou Colum Mc Cann ont accepté de prêter leur concours. C'est de cette effervescence du Centenaire, à laquelle ont donc participé, et continuent de le faire, plusieurs auteurs Gallimard, que cet étonnant livre-objet, la couverture souple est taillée dans un authentique tapis de danse, le coffret est habillé d'une carte ancienne de l'URSS, et l'essentiel de l'ouvrage est imprimé en couleurs sur papier sulfurisé translucide, veut rendre compte de façon originale.

04/2011

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Histoire de France

Antonelle l'intègre et le mauvais gouvernement

La Révolution française fait toujours peur ; aussi les beaux esprits y cherchent-ils à sauver les meubles. Pierre-Antoine Antonelle, noble révolutionnaire, plaît ; il a de l'esprit, de l'élégance, des vues profondes et de l'audace. Il est une figure fort utile pour déprécier Babeuf, le bavard du peuple, le myope passionnel que la précipitation messianique a jeté dans l'échec. Le goût du secret et autres considérations littéraires sont sans doute bien utiles pour meubler les conversations ; en revanche, ce genre de propos dénués de toute rigueur est juste bon à attirer l'attention du lecteur occupé ailleurs. Antonelle, député à la Législative, chargé d'informer l'armée des événements du 10 août 92, fut arrêté par La Fayette comme otage de l'inviolabilité du monarque. Il fut encore emprisonné sur ordre du Comité de salut public pour l'écrit où il publiait son droit à motiver ses sentences au Tribunal révolutionnaire. Merlin de Thionville s'efforça de le faire inscrire sur la liste de proscription du 18 fructidor an 5 ; il fut astreint, comme anarchiste incorrigible, à demeurer en Charente-Inférieure. Il fut encore l'un des élus radiés du 22 floréal an 6. On va voir, en lisant ses écrits contre le mauvais gouvernement, ce qu'il nomme la conspiration des tyrans et en faveur de la démocratie vraie et non représentative, qu'Antonelle fut un analyste remarquable, un homme juste et lucide, un ami sincère et audacieux, méchant et ironique à l'encontre des petits-maîtres de son temps, et c'est bien à tort que nos beaux esprits se réclament de lui. Il ne s'agit pas de croire tel ou tel ; pas non plus d'avoir son opinion, sans avoir formé son jugement par des connaissances exactes. L'ennui infini, à défaut, s'empare des esprits et son contrepoison, le rire imbécile. La République des savants se charge de bien penser, et le pur lecteur, passif absolu, toujours occupé à survoler ce qui vient de paraître, incapable d'en rien retenir, se rit de ce qui le dépasse, avide de nouveauté sous le nom de progrès.

12/2018

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Religion

Jean de la croix en france

Voici le troisième ouvrage publié par André Bord chez Beauchesne sur le Docteur mystique. Dans Mémoire et Espérance chez Jean de la Croix, préface de Henri Gouhier, était enfin étudiée la faculté spirituelle pourtant privilégiée : la mémoire, et son lien absolument original avec l'espérance théologale. Pascal et Jean de la Croix, préface de Philippe Sellier, révèle que le génie français avait un cousin carme, que l'influence sanjuaniste s'est exercée quotidiennement à Bien-Assis sur la famille Pascal grâce à leurs voisins immédiats les Carmes déchaussés et en particulier sur l'âme profonde de Blaise, témoins ses écrits mystiques. Jean de la Croix en France note la présence du saint Espagnol au cours de quatre siècles. Considérable pour les spirituels Français au XVIIè siècle, moins vigoureuse mais réelle aux XVIIIè et XIXè siècles, grâce surtout aux carmels féminins et aux Jésuites. Eclatante au XXè siècle où elle atteint des philosophes comme Baruzi, Bergson ou Lavelle... , des psychologues comme Henri Delacroix, des poètes comme Valéry, des peintres comme Dali, des critiques tel René Huyghes. Et une foule de spirituels dont Thérèse de l'Enfant-Jésus est le plus prestigieux représentant. Méconnaître Jean de la Croix est se priver d'un trésor aux multiples richesses qui dépasse les frontières, le Carmel, les Ecoles : Docteur de l'Eglise, il est universel ; sa doctrine est d'"une cohérence et d'une modernité absolues" (Jean-Paul II). L'ouvrage présente un tableau très vaste de cette influence, sans oublier l'iconographie et les médias. Les Ouvres de Jean sont éditées plus de quinze fois au XVIIè siècle ; c'est lui qui occupe la troisième place, après saint Augustin et saint Thomas d'Aquin, dans la Vie spirituelle jusqu'en 1933 ; c'est l'auteur le plus cité d'après un questionnaire de cette revue en 1954 auprès de ses lecteurs. Jean de la Croix en France est une synthèse remarquable, richement documentée, très attendue, après le IVè centenaire de la mort de Jean de la Croix et juste avant le centenaire de la mort de la Petite Thérèse.

04/1997

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Littérature française

La vie rachète la vie

Alix est une jeune fille de 16 ans. Elle habite Compiègne avec sa mère alcoolique dans une maison au bord de l'Oise. Elle est enceinte d'un enfant de son ami, Arthur, lycéen comme elle. Elle l'annonce à sa mère, dont l'état lui fait pitié et avec qui les relations sont devenues difficiles. A l'annonce de la grossesse de sa fille, la mère fait front, et l'encourage à suivre son intuition profonde. Alix veut donner la vie à cet enfant pour aller de l'avant et quitter la noirceur de son quotidien. Ce n'est pas l'avis du jeune père. Parallèlement, à Compiègne toujours, un vieux curé, le Père Martigue, accueille un peu las son jeune et nouveau vicaire, le Père François. Il est pessimiste, obligé de constater que sa vie de curé est un échec apparent. Sa paroisse est moribonde. Ses initiatives pastorales n'ont pas empêché son église de se vider. Et avec le temps, il a perdu le lien affectif qu'il portait au Christ quand il était jeune prêtre. Sa vie de prêtre lui paraît un sacrifice absurde et vain. Alix, sa mère et le prêtre : au même moment, ces trois personnages doivent engager un combat intérieur. Renoncer ou aller jusqu'au bout d'une vie qui semble une impasse. Chacun doit livrer un combat spirituel violent. Autour d'eux, l'entourage s'affolent. Le passé terrible de la mère d'Alix refait surface : cette ancienne religieuse a subi un viol… dont est née Alix. La jeune fille l'apprend alors que sa mère meurt. L'issue de ces trois combats et les conséquences des choix posés sur l'entourage de chacun amènera son lot de surprises et de drames. Mais au bout, la vie triomphe et semble apporter un lueur d'espérance… L'analyse psychologique des personnages est bien menée. Elle dépasse le stade de la psychologie pour se hisser jusqu'à la spiritualité. L'auteur démontre à travers cette histoire dramatique que les destins les plus tragiques et toute vie ont un sens.

01/2013

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Philosophie

Le mystère Campanella

Dans la vie de Campanella (1568-1639), la réalité dépasse sans cesse la fiction. Il a été un authentique personnage de roman et l'historien n'a besoin d'ajouter aucun détail pour révéler un parcours fait d'indépendance ombrageuse, de suspicions récurrentes, d'aventures dramatiques, de prisons et de tortures, de retournements surprenants et de dénouements imprévus. Fils d'un Calabrais analphabète, il devint un philosophe de renom international et l'auteur d'une œuvre immense (et touffue), dont la plus grande partie fut rédigée, grâce à sa prodigieuse mémoire, au cours de trente années de prison. Il aurait dû être condamné à mort comme hérétique récidiviste. Mais, soumis à une torture de près de quarante heures, il feignit la folie et échappa à la peine capitale. De ses geôles il envoya avec un aplomb surprenant lettre sur lettre aux papes, à des cardinaux influents, aux souverains d'Espagne, aux archiducs autrichiens, et aussi à Galilée. Réputé pour sa science des étoiles, il devint après sa libération des prisons napolitaines l'astrologue confidentiel d'Urbain VIII, à qui un horoscope annonçait une mort prochaine. Mais le pape, contraint par la conjoncture religieuse de l'époque, ne put lui maintenir son appui et favorisa sa fuite. S'étant rendu en France, Campanella y fut durant les dernières années de sa vie un conseiller de Richelieu pour les affaires italiennes. Sa dernière intervention publique fut, à la demande d'Anne d'Autriche et de Richelieu, l'établissement de l'horoscope du dauphin qui venait de naître, le futur Louis XIV Un tel personnage, auteur à la fois de La Cité du soleil et d'une Apologie de Galilée, prophète millénariste et ennemi d'Aristote et de Machiavel, constitue une énigme, surtout si l'on tient compte de ses retournements - plus ou moins sincères - et des zones d'ombre qui subsistent à son sujet. Qui était-il vraiment ? Quel était le fond de sa pensée ? Quel dossier pour les historiens que cette grande figure de l'histoire culturelle italienne - et occidentale - encore peu connue hors des frontières de la Péninsule !

03/2008

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Développement durable-Ecologie

Les événements météorologiques extrêmes dans un contexte de changement climatique. Rapport au Premier ministre et au Parlement

Notre planète est le théâtre de nombreuses menaces naturelles : tempêtes, cyclones, tremblements de terre, inondations, mouvements de terrain, sécheresses. Les conséquences des catastrophes naturelles sont souvent dramatiques, tant du point de vue du bilan humain qu'en termes de dommages économiques. La France a été particulièrement éprouvée par la canicule de l'été 2003, cause de près de 15 000 décès. Quant au bilan financier, les rapports récents des caisses de réassurance montrent que les colts mondiaux des désastres météorologiques ont atteint un record en 2017 avec plus de 400 milliards de dollars, pour ceux ayant pu être estimés. L'Organisation Météorologique Mondiale rappelle que les phénomènes liés au temps, au climat et à l'eau sont à l'origine de 90% des catastrophes naturelles. Le changement climatique a déjà un impact sur certains événements, avec une recrudescence des événements extrêmes ou des impacts accrus, en termes de risques pour les populations et les activités économiques exposées, de santé et de fragilisation des écosystèmes. Cela concerne les vagues de chaleur, certains types de sécheresses, les précipitations extrêmes dans certaines régions, les cyclones les plus intenses et la hausse du niveau des mers. Le présent rapport décrit l'état de l'art dans le domaine des événements extrêmes (phénomènes météorologiques ou climatiques), leur observation, leur évolution dans un climat changeant, les systèmes de prévision et d'alerte, les crises et leur gestion, la résilience et les pistes d'adaptation. Les vagues de chaleur font partie des extrêmes climatiques les plus préoccupants au regard de la vulnérabilité de nos sociétés et de l'évolution attendue de leur fréquence et leur intensité au XXIe siècle. D'ici la fin du siècle, pour le scénario tendanciel, un épisode tel que celui de l'été 2003 deviendrait ainsi courant, voire serait régulièrement dépassé, tant en intensité qu'en durée. Le changement climatique, loin de remettre en cause les outils de la prévention et de la gestion des risques naturels, leur donne une nouvelle actualité et fait ressortir la nécessité de les mobiliser au mieux. La limitation de l'exposition d'enjeux (habitations, entreprises...), existants ou nouveaux, doit, plus que jamais, être une priorité dans le contexte d'aléas croissants, et se faire dans une démarche d'aménagement durable des territoires.

01/2019

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Correspondance

Regard de l'indifférencié. Correspondance 1977-2000

C'est en 1976 que Jean-Michel Raynard, recommandé par Jacques Dupin, rend visite pour la première fois au poète André du Bouchet, de vingt-six ans son aîné. S'ensuit, dès le printemps 1977, une conversation épistolaire intense, qui ne prend fin qu'avec la mort de du Bouchet, une vingtaine d'années plus tard. C'est Raynard qui en fixe les règles : il veut confier au poète "une réflexion qui persiste" , réflexion qu'il mènera presque seul jusqu'à son terme, du Bouchet n'intervenant que lorsqu'il pense pouvoir apporter une précision ou développer les impressions qu'on lui prête. L'enquête exigeante de Raynard, à mi-chemin de la littérature et de la philosophie, est à la fois d'un lecteur, qui connaît sa puissance de critique, et d'un écrivain à ses débuts, qui cherche sa voix à travers une autre : tout "supplétif" de du Bouchet qu'il se sent, il se fraye néanmoins, peu à peu, un chemin vers une "langue juste" . Et cependant le plaisir que son correspondant manifeste aux échanges aura dépassé le simple fait d'être bien lu. Comme l'explique Clément Layet, Raynard vient pallier à l'impossibilité d'André du Bouchet de faire retour sur ce qu'il a écrit : "Pour ce qui est d'une difficulté à revenir sur ses traces, je la ressens moi-même comme absolue". D'où le "sérieux coup d'oxygène" quand il découvre les commentaires de Raynard : "Rien de ce qui n'aura pas été tout à fait dit ne vous échappe, et avec quelle précision vous savez localiser à un degré de conscience qu'il ne m'est jamais donné d'atteindre, ce que je ne cesse d'entrevoir de façon désordonnée ou confuse" (18 décembre 1984). A aucun moment l'un des épistoliers ne se livre à des confidences susceptibles de remettre en cause le parti-pris esthétique d'André du Bouchet, qui s'est toujours efforcé d'effacer dans ses livres tout repère biographique. Les rares allusions intimes auxquelles les deux amis s'abandonnent sont aussitôt transposées sur un plan impersonnel, celui des grandes questions sur le langage et les rapports mystérieux qu'un poète entretient avec la peinture.

02/2023

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Droits de l'homme

La Laïcité ? Une passion française qui doit rester un humanisme !

Cette "Laïcité selon GABORIAU" est l'essai qui manquait en matière laïque. Fruit d'une carrière, de réflexions et d'expériences, de rencontres et de lectures, d'influences et de confluences, de réactions et de constructions, le présent essai dépasse très largement les fonctions de l'article érudit. Simone GABORIAU-MONTHIOUX y alterne en outre les tonalités dans ses écrits passant ainsi de l'auteure exposant des faits et des convictions à la témoin engagée. Son ouvrage n'est par ailleurs pas qu'un point de vue, enrichi et construit par des années de réflexion, il est un appel : une proposition faite aux lecteurs de réfléchir à ses côtés et de continuer à envisager et à proposer pour que la Laïcité soit un véritable "humanisme" . On ne refermera pas cet ouvrage dans le même état et avec les mêmes connaissances qu'en l'ayant ouvert. Par ces lignes, rappelle l'ancienne Présidente du Syndicat de la magistrature, la Laïcité - on l'oublie trop souvent - c'est "avant tout du Droit" ! A cet égard, le retour d'expérience(s) de la magistrate honoraire sur les liens ou plutôt la confrontation du service public de la Justice à la question laïque entre l'invocation des immeubles marqués par l'histoire et la symbolique religieuse mais encore la tenue et le port de symboles religieux à distinguer selon que leurs porteurs sont agents ou non dudit service public, est un témoignage rare et puissant. En outre, l'essai a le mérite - et le courage - de rappeler l'histoire d'une autre "passion française" aux antipodes de l'humanisme promu et recherché par l'auteure : celle de notre islamophobie. Partant, l'un des grands mérites de cet ouvrage est d'oser réaffirmer la force et l'importance du Droit en matière de questions laïques et ce, au détriment des seules valeurs qui bien trop souvent prennent le dessus (sans être toujours assumées). En explorant cette "passion française" pour la Laïcité, l'auteure entend défendre et assumer comme un nécessaire "humanisme" , elle nous livre une Laïcité vivante et éclairée : l'essai éclairant qui manquait.

07/2023

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Religions orientales

Amma. Quand Dieu est une femme

Elle réunit à travers le monde des millions de fidèles et est à la tête d'un empire philanthropique - et financier - impressionnant : Amma est l'une des figures spirituelles les plus importantes de notre siècle. Mais qui est-elle vraiment ? Et quels secrets lui ont valu tant de critiques ? Journaliste spécialiste de l'histoire de l'Inde, François Gautier décrypte le mythe Amma. La plus célèbre figure spirituelle vivante d'Inde Elle aurait embrassé, depuis 1975, 34 millions de personnes. L'étreinte (darshan) qu'elle réalise est un moment de contact visuel avec un maître spirituel et de transmission d'énergie. Amma passe de huit à plus de vingt heures d'affilée avec ses dévots à leur parler, à écouter leurs problèmes et à leur donner le darshan. Née le 27 septembre 1953 à Idammanel, un minuscule village de la côte du Kerala, en Inde, Mata Amritanandamayi composait, dès ses cinq ans, des chants dévotionnels dédiés à Sri Krishna, le Seigneur d'amour et de dévotion de la tradition indienne. Depuis lors, son adoration de Krishna n'a fait que s'accroître, jusqu'à lui faire atteindre des transes presque incontrôlables, dans une pleine ivresse du divin. Elle a réuni autour d'elle un groupe de disciples qui s'est étendu chaque jour un peu plus. Amma, dont le niveau scolaire ne dépasse pas l'école primaire, originaire de l'une des plus basses castes de l'Inde, est aujourd'hui à la tête d'un courant spirituel qui comprend une cinquantaine d'ashrams en Inde et dans le monde - dont en France, en Eure-et-Loire, où un ancien manoir accueille désormais des fidèles. Elle est également à la tête d'un immense empire philanthropique, avec des écoles parmi les meilleures de l'Inde, des orphelinats, un hôpital ultramoderne à Cochin... Amma, c'est un phénomène planétaire, un empire de plusieurs centaines de millions de dollars et une machine médiatique bien réglée. Avec cette biographie, François Gautier décrypte l'influence d'Amma et son message, à la rencontre notamment de ses disciples français, mais explore également les controverses qui l'entourent, telles que les accusations de secte que le gouvernement a quelquefois porté contre elle.

09/2021

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Littérature française

À sauts et à gambades

Le recueil de nouvelles, dont l'auteur tient à spécifier qu'il l'a écrit " à sauts et à gambades ", faisant référence à Montaigne, traite de sujets de société multiples d'une actualité brûlante ou de sujets éternels vécus par chacun de nous. Olivier Bonnet s'ingénie à nous surprendre par l'angle d'approche et par son style, suscitant tour à tour, l'humour, l'ironie ou l'émotion. Le recueil regroupe les nouvelles en six catégories, à savoir : Réchauffement climatique & Covid 19 Mort accidentelle & Vieillesse Joug maternel Considération sociale Clan familial Premiers émois & Sexualité.
La science-fiction est morte ! Elle n'a plus lieu d'être. Pourquoi ? Parce qu'aujourd'hui la réalité dépasse la fiction. Certes, de tels propos peuvent paraître pour beaucoup polémiques. Les arguments abondent pourtant en ce sens. Ainsi par exemple, le célèbre roman La guerre des mondes de l'écrivain britannique H. G. Wells : la menace pour l'Humanité ne vient pas aujourd'hui des extraterrestres, mais de l'Homme lui-même.
En prétendant que la menace vient de l'Homme, on ne peut qu'être pris d'effroi, car par expérience, il n'y a pas pire combat à livrer que celui fait à soi-même. Du coup, la menace devient bien plus probable et omniprésente. [... ] Au même moment, est retrouvée morte sur la plage de la baie de Morlaix, dans le département du Finistère en Bretagne, une fillette âgée de huit ans. Nolwenn Legoff, ainsi s'appelait la malheureuse gamine.
C'était une enfant pleine de vie. On n'entendra plus désormais ses rires dans le préau de l'école communale pour filles, on ne la verra plus chez le pâtissier en train d'acheter quelques friandises ni courir pieds nus sur la plage. Mais on verra en revanche ses parents hanter la ville, vêtus de noir, prisonniers de leur tristesse incommensurable, portant le deuil de leur enfant. Il n'y a rien de plus effroyable et de plus inacceptable que la mort d'un enfant.
Qui l'avait tué ? Un pédophile ? Un déséquilibré ? Non, en l'occurrence la question n'était pas " Qui a tué cet enfant ? ", mais " Qu'est-ce qui avait conduit à sa mort ? ".

12/2020

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Philosophie

La démocratie et la raison

Les démocraties occidentales traversent une grave crise de légitimité. La montée des inégalités comme celle des idéologies identitaires menacent aussi bien nos institutions que les valeurs qu'elles incarnent. Si l'ampleur de ces évolutions continue de surprendre ceux qui, après la chute du communisme en 1989, croyaient à une "fin de l'histoire" et au triomphe définitif d'une " révolution libérale " dans un monde globalisé, la crise était, à bien des égards, prévisible. Face à cette évolution inquiétante, quels recours avons-nous ? Publiée en 1971, la Théorie de la justice de John Rawls (1921-2002) a révolutionné la pensée politique et économique avec sa conception anti-utilitariste de la justice comme équité. Pour Rawls, l'égalité et la liberté, loin de s'opposer comme le soutiennent bon nombre de libéraux comme de socialistes, sont compatibles à condition qu'elles oeuvrent pour les plus défavorisés (le " principe de différence "). On a souvent interprété cette approche comme un pur produit, aujourd'hui dépassé, des valeurs et des espoirs des Trente Glorieuses. La thèse ici présentée est tout autre. Plus que le contenu de la théorie, elle interroge l'actualité et la radicalité politiques de la démarche de Rawls — Habermas parle à ce sujet d'une "braise radicale-démocratique" — et la relation constitutive entre raison et démocratie qui la sous-tend. Fidèle à l'inspiration de Rousseau et de Kant, Rawls nous invite à comprendre les principes fondateurs de la démocratie comme l'oeuvre des citoyens eux-mêmes et de leur raison. Bien loin d'être historiquement contingents et arbitraires, ces principes et les raisons d'y adhérer peuvent être réappropriés par chacun et justifiés comme les conditions de toute coopération humaine, même dans un contexte pluraliste. Cet empowerment est constitutif de la citoyenneté et impose une critique vigilante des institutions comme des pouvoirs politiques. Oser cet appel à "la raison humaine libre" (Kant) pour défendre la démocratie et les principes de justice, d'égalité et de liberté contre leurs ennemis était un geste " philosophiquement raisonnable " en 1971. En ce début du XXIe siècle, ne serait-il pas devenu encore plus indispensable et " politiquement radical" ?

03/2019

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Littérature anglo-saxonne

Les Jalna Tome 1 : La Naissance de Jalna , Matins à Jalna ; Mary Wakefield ; Jeunesse de Renny

Préfacée par Katherine Pancol, voici le premier volume de l'intégrale de la saga des Witheoak, Jalna qui a fait rêver des millions de lectrices et lecteurs du monde entier. La naissance de Jalna, Matins à Jalna, Mary Wakefield, Jeunesse de Renny Préfacée par Katherine Pancol, Geneviève Brisac, Alexandra Lapierre et Françoise Nyssen voici l'intégrale de la saga des Whiteoak, Jalna. Cette fresque familiale canadienne fut l'un des plus grands succès de la littérature nord-américaine, dès la parution en 1927 du premier des seize romans, aussi célèbre que Autant en emporte le vent de Margaret Mitchell. La saga des Whiteoak Tome 1 La naissance de Jalna Dès leur première rencontre, le capitaine Philip Whiteoak et la pétulante Irlandaise Adeline Court tombent amoureux. Leur mariage dépasse en splendeur ce qu'a connu la ville indienne de Jalna. La mort de leur oncle de Québec qui leur laisse une fortune considérable les décide à quitter les Indes. Après un faux départ et maints incidents, leur voilier les conduit à Québec, d'où ils partent s'installer dans les verts espaces de l'Ontario. Matins à Jalna Adeline et Philip Whiteoak ont invité Curtis et Lucy Sinclair à séjourner chez eux pendant la guerre qui vient d'éclater aux Etats-Unis. Les Sinclair sont Sudistes, et l'esclavage n'est pas admis au Canada. Mais Adeline a la fougue des natifs d'Irlande et Philip la célèbre obstination anglaise, si bien qu'ils affronteront la réprobation de leurs voisins sans se troubler. Mary Wakefield Trente ans ont passé, Philip héritier du domaine de Jalna, jeune veuf, va s'y installer avec ses deux enfants. Son frère lui envoie une gouvernante : Mary Wakefield orpheline, inexpérimentée et charmante. La Jeunesse de Renny La famille s'est agrandie. Mary et Philip ont eu quatre fils : Eden, Piers, Finch et Wakefield. Renny, l'aîné de Philip, est un adolescent difficile qui méprise les livres et adore les chevaux. Adeline aime sa nature ardente et voit en lui le futur maître de Jalna. Préface de Katherine Pancol. Auteur notamment de Les yeux jaunes des crocodiles, prix Maison de la Presse en 2006.

05/2021

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Moyen Age - Critique littérair

Les figures de Perceval

Notre propos, pour cet ouvrage, ne consistera pas à refaire ce que nombre de savants historiographes et spécialistes de littérature médiévale ont déjà si bien fait notamment dans le cadre de la Société Arthurienne Internationale, mais plutôt d'interroger le sens de cette figure de Perceval, telle que le Moyen-âge nous l'a léguée et telle qu'elle trouve écho en nos esprits, en quoi elle nous provoque. La figure de Perceval, le " nice " chevalier, s'impose en effet certes sur le plan d'une esthétique qui lui est propre et qui dépasse peut-être même les intentions de ses auteurs. Elle peut être interrogée d'abord comme porteuse d'une mythologie inhérente en ses sources et aussi, en tant que telle, comme production littéraire voire philosophique, ou encore être utilisée et replacée dans les contextes culturels de ses productions. Elle doit être aussi examinée telle qu'elle a été reçue et telle que nous la recevons car elle a affaire à l'humain en chacun de nous, et à notre humanité. Elle sollicite nos affects, nos représentations, nos imaginaires. D'un autre point de vue, en quoi le Perceval que nous connaissons a-t-il à voir avec les mythologies indo-européennes auxquelles certains ont pu le rattacher, aux thèmes de la Vengeance, à quel appel l'Autre Monde répond le fils de la Veuve Dame quand le monde qu'il découvre est frappé de stérilité et de mort ? Depuis sa fondation en 1973, le " Cercle d'Etudes Nouvelles d'Anthropologie, les Amis arthuriens de René Bansard (C.E.N.A) ", s'attache à mettre en valeur les mythes contes et récits légendaires liés aux romans de la Table Ronde et ce singulièrement dans les terroirs de l'espace Normandie-Maine, aux marches de la Petite Bretagne. La figure de Perceval ayant été abordée, voici dix-sept ans, dans une journée d'études du C.E.N.A., il a semblé aux membres de l'association qu'un nouveau travail plus complet s'imposait pour approfondir les pistes déjà entrevues, et ouvrir cette approche à de nouvelles interrogations, à d'autres points de vue.

08/2021

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Prière et spiritualité

L’humilité, ni vue ni connue

L'humilité est tendance. La voici devenue élément de langageA parmi d'autres, tels qu'ils sont choisis, codifiés, recommandés par des communicateurs avertis. D'humilité, vous entendez parler tous les joursA : les puissants s'en délectent, elle est une autorisation de visibilité, un droit de parole, l'adoucissant de la notoriété et un gage de confiance mutuelle. Comme si elle était de nature à "A faire passer la piluleA ".
Elle sert dans les négociations difficiles, utile aux directions qui se heurtent aux oppositions syndicales, elle précède les concertations socialesA , elle accompagne les luttes politique et les campagnes électorales, brandies par les plus fanfarons et les plus fiers candidats, décidés à tout pour être élus. Qui se hausse pour que sa tête dépasse ne manquera pas le marchepied de l'humilité. On pourrait multiplier les exemples.
Mais personne n'est dupe, et l'on est accablé de voir la diaphane humilité enrôlée au service des cyniquesA , le rire qui accueille ces propos est désabusé. C'est le rire triste de la désillusion. Ce peut devenir et cela devient, de fait, une colère juste. Le mot d'humilité est usé et trompeur. Dévalorisé, annexé par la langue de bois. Il est vrai que la langue de bois est comme une deuxième nature pour ceux qui, à tout bout de champ, hissent comme une bannière la pudique et discrète humilité.
Mais alors, comment la trouver sans l'aide des mots, sans l'appui des imagesA ? Que chacun essaie de tendre l'oreilleA : sous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, qu'il retrouve le murmure de sa mémoire. Qu'à la source de son expérience personnelle, il écoute encore⦠Peut-être (sans douteA ! ) dans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho.
Mais alors, comment la trouver sans l'aide des mots, sans l'appui des imagesA ? Que chacun essaie de tendre l'oreilleA : sous les rumeurs de sa vie, pleine peut-être, trop pleine souvent, qu'il retrouve le murmure de sa mémoire. Qu'à la source de son expérience personnelle, il écoute encore⦠Peut-être (sans douteA ! ) dans le bruissement des souvenirs, dans la dureté du présent, en entendra-t-il quelque écho.

10/2021

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Littérature étrangère

Le Pendule de Foucault

A Paris, le soir du 23 juin 1984, dans le Conservatoire des arts et métiers où majestueusement oscille le pendule de Foucault, un homme observe avec révérence et crainte prémonitoire le prodige ! c'est Casaubon, le narrateur, venu de Milan, après l 'appel angoissé de son ami Belbo qui se trouve en danger de mort. Casaubon se cache dans le gothique musée de la technique, s'y laisse enfermer, bien résolu à attendre que sonne l'heure du rendez-vous fatal... C'est ainsi que commence ce thriller au souffle gigantesque. L'abbaye du Nom de la rose a éclaté : notre terre entière est en jeu, à notre époque... Trois amis, travaillant dans une maison d'édition milanaise, ont publié, entre autres, des textes qui explorent le savoir ésotérique, hermétisme, alchimie, sciences occultes, sociétés secrètes... Et comme tous trois, jonglant avec l'histoire des Templiers, des Rose-Croix, des francs-maçons, les textes de la Kabbale, naviguant avec humour et ironie sur les courants souterrains qui parcourent la culture occidentale, sont beaucoup plus intelligents que leurs auteurs fanatiques, ils ont décidé, par jeu et pour déjouer l'ennui, d'imaginer un complot planétaire noué au fil des siècles pour la domination du monde. Mais un beau jour réapparaissent en chair et en os les chevaliers de la vengeance... D'Europe en Afrique, du Brésil au Proche-Orient, des parchemins cryptés aux computers, de Voltaire au jésuites, de Descartes à Hitler, des druides aux druses, l'histoire, la science, les religions, tout notre savoir passe, avec une fluidité géniale, dans ce roman d'initiation aux mille mystères, où ne manquent ni les rites sataniques et les meurtres rituels, ni les passions et les amours que font naître les inoubliables Lia, Amparo, Lorenza ; ni les amitiés fortes fondées sur la noblesse et la liesse de l'esprit... Immense livre où, sous une érudition universelle frappée au sceau final de la sagesse, bat le cœur de l'auteur qui accompagne, à travers l'espace et le temps, les fascinants mouvements du Pendule, quand la réalité dépasse et précède la fiction... J.-N. Schifano.

02/1990

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Sciences politiques

Quelle Chine, pour quel monde, en 2020 ? Colloque du Futuroscope, 30 août 2013

En un tiers de siècle seulement, ta Chine a rattrapé et dépassé tous les pays du monde sauf tes USA en termes de PNB. On prédit qu'elle leur prendra la première place dans moins de dix ans. D'ores et déjà, certains se plaisent à imaginer un monde bipolaire dominé par le couple Chine-Amérique. Cependant, depuis la crise en 2008 du système financier mis aux commandes par l'Amérique, et le renouveau en novembre 2012 de la gouvernance chinoise lors du XVIIIe congrès, l'idée que la Chine suivrait une courbe de rattrapage, hier encore assez fidèle à ta réalité, perd de son pouvoir descriptif. Outre que le modèle de référence lui-même ressort brouillé de cette crise, la croissance chinoise s'avère tendre désormais davantage au développement intérieur qu'au service de ta mondialisation occidentale. Au moment où semblait se dessiner l'hypothèse d'un G2, elle fait place à une divergence stratégique à mesure que la Chine se prend toujours davantage elle-même pour projet, tandis que les USA maintiennent leur préférence pour un magistère universel du commerce. Cette évolution en train de germer oblige d'ores et déjà tous les autres pays - non pas à choisir leur camp, on n'est plus en guerre froide - mais à engager pour leur part des stratégies appropriées pour s'adapter à cette nouvelle donne, et si possible peser sur son cours futur. C'est tout spécialement vrai de l'Union Européenne, première puissance économique mondiale mais instance paralysée par son manque d'unité, de qui on attend qu'elle concoure activement au remodelage du monde qui se dessine. Cent ans après son collapsus de 1914, elle n'en retrouvera l'énergie que dans une plus grande unité de vues franco-allemande. Cinquante ans après avoir, la première, reconnu la République Populaire de Chine, la France est en outre à l'honneur pour impulser en 2014 un partenariat amplifié entre l'Europe et la Chine. A la veille de cette année riche en possibilités fécondes, la Fondation Prospective et Innovation a tenu à en éclairer l'avenir en traitant, au Futuroscope, de Quelle Chine dans quel monde en 2020 ?

09/2014

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Sociologie

Mobilités au féminin. La place des femmes dans le nouvel Etat du monde

Les femmes sont devenues aujourd’hui, plus que par le passé, les protagonistes de l’émigration transnationale. L’attraction la plus forte est toujours exercée par les pays traditionnels tels les États-Unis, le Canada, la Grande-Bretagne, la Belgique, la France et les pays scandinaves, mais aussi par des pays apparus récemment dans la géographie de l’immigration, comme l’Espagne et la Grèce. Mais cette féminisation dépasse largement le cadre occidental. Plusieurs contributions de cet ouvrage l’évoquent également au sujet des migrations intra-africaines, au Moyen-Orient ou en Asie. Dans tous ces pays, les femmes représentent au moins 50 % de la population résidente étrangère et leur nombre augmente à un point tel que les observateurs des flux migratoires contemporains le soulignent comme une tendance de fond. L’ouvrage traite d’un vaste éventail des sujets liés à ces mobilités féminines, en les situant au coeur même des débats sur la mondialisation (travailleuses domestiques, délocalisation des services, marché du sexe, femme réfugiée ou clandestine, femme entrepreneur...). Les auteurs font apparaître aussi la complexification des configurations qui conjuguent migration de travail, asile et exil forcé, regroupement familial, circulations entre les différents pays, migrations légales et clandestines. Les femmes trouvent dans la migration une solution pour améliorer leurs conditions de vie. Qu’il s’agisse des Marocaines en Espagne, des Somaliennes en Italie, des Colombiennes en France, des Mexicaines aux États-Unis, des Philippines au Liban, des Indiennes à Hong Kong, les cas qu’étudie cet ouvrage montrent comment les femmes se transforment et acquièrent plus d’indépendance et de liberté. Les situations restent cependant variées ; elles peuvent comporter de nombreux risques, engendrer des souffrances et des frustrations et conduire à des résultats inégaux. Un élément central cependant les traverse toutes, à savoir la modification progressive mais irréversible des relations entre hommes et femmes et au sein des traditions familiales. Natalia Ribas-Mateos est chercheure à l’Université Autonome de Barcelone (CERAO) et chercheure associée EA ERASME 3389 à l’Institut Maghreb-Europe (Université de Paris 8). Véronique Maury est chargée de mission à l’Agence pour la coopération internationale et le développement local en Méditerranée.

01/2014

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Droit

La responsabilité des constructeurs. 3e édition

Dans la majorité des cas, les désordres de la construction proviennent des fautes des constructeurs : erreur de conception, plus fréquemment, mise en oeuvre incorrecte des matériaux et, parfois, vice de ces matériaux lancés sur le marché sans essais suffisants. Mais ces désordres ne se révèlent souvent qu'après un certain temps, si long parfois qu'il est difficile, voire impossible, de les imputer aux constructeurs. Il fallait donc trouver un équilibre entre les intérêts du maître de l'ouvrage et ceux des constructeurs ; c'est ce que les auteurs du Code civil ont fait, il y a maintenant deux siècles, avec les articles 1792 et 2270, et l'on en est resté là pendant plus d'un siècle et demi parce que l'équilibre précédemment choisi était raisonnable et que la manière de construire ne changeait guère. Les soixante dernières années ont connu des bouleversements importants dans la conception, la construction et l'équipement des immeubles. Les habitations sont devenues des produits, répondant à des normes minimales de qualité, auxquels tout le monde doit pouvoir prétendre ; ne parle-t-on pas de droit au logement opposable ? Il en est résulté un déséquilibre entre les exigences des uns et les possibilités des autres, et celui-ci se traduit par une grande instabilité normative. Les textes de 1804 en sont à leur troisième réforme législative d'importance, dont une depuis la première édition de cet ouvrage, tandis que la jurisprudence ne cesse d'évoluer. La responsabilité des constructeurs est ainsi devenue une matière complexe et d'accès difficile. Praticiens et étudiants se sentent trop souvent désarmés devant les problèmes qu'elle pose. Pourtant l'importance des enjeux, qu'ils soient financiers ou humains, interdit de renoncer. Cet ouvrage devrait y aider ; il présente l'état du droit positif dans ce domaine très mouvant ; il dépasse le cadre de la responsabilité traditionnelle des constructeurs pour aborder les modalités d'exécution des contrats de construction et traiter de la responsabilité des fournisseurs. Synthèse claire et accessible du droit privé, il ouvre également des fenêtres sur les problèmes que pose la responsabilité des constructeurs en droit public.

09/2013

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Droit

La protection internationale de l'enfant en droit congolais. Présentation du cadre familial et analyse de la pratique judiciaire et administrative de la République Démocratique du Congo en matière d'adoption internationale et d'enlèvement international d'

Cette étude est consacrée à l'examen des mécanismes de protection internationale au bénéfice de l'enfant prévus par le droit congolais. Pour ce faire, elle a choisi deux exemples en guise d'illustration : l'adoption internationale et l'enlèvement international d'enfants. Elle part de l'idée que la place de l'enfant dans la tradition africaine influe fortement sur son degré de protection dans le droit moderne, car l'autorité croit que l'enfant est déjà pris en charge par la famille élargie et le clan en application du principe de solidarité clanique, et qu'il ne peut donc tomber dans le besoin et l'abandon. Malheureusement, cette croyance est fausse. L'étude analyse le système de l'adoption en RDC où le Code de la famille de 1987 organise une adoption simple, à l'exclusion de l'adoption plénière. Elle analyse aussi le système de la garde d'enfants en cas de séparation parentale ou de divorce. Ici, la garde de l'enfant est automatiquement attribuée à l'un des parents, (souvent le père) et à son clan; et ce clan est déterminé à l'avance avant la naissance de l'enfant. Par ailleurs, le droit congolais fait la part belle aux règles coutumières bantoues d'après lesquelles l'enfant n'est pas un sujet de droit à part entière au même titre que les adultes et ne peut prétendre aux mêmes droits. Il appartient au contraire à sa famille et à son clan dont il doit assurer la survie. Et ce but de l'enfant se confond avec celui du mariage dans sa triple dimension d'alliance, de contrat et d'institution de protection. Dans ce contexte, l'Etat doit s'attaquer au dualisme juridique et donner un sens à son appartenance à la famille moniste pour permettre à l'enfant de bénéficier de la protection prévue par la CDE et le droit moderne en général. Ainsi posé, le problème dépasse le seul cadre de la RDC pour embrasser l'ensemble des pays subsahariens. Un premier regard cursif sur la situation dans les autres pays des Grands lacs africains (le Rwanda et le Burundi) a confirmé cette impression.

02/2013

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Sciences politiques

Le temps de la Chine en Afrique. Enjeux et réalités au sud du Sahara

La montée en puissance de la présence chinoise en Afrique a autant suscité d'analyses qu'elle a éveillé de fantasmes dans les pays du Nord. Cette présence est pourtant ancienne. On se souvient, dans les années 1960 et 1970, des "coopérants" chinois, pieds nus dans les rizières de Casamance, des médecins acupuncteurs dans les quartiers populaires de Lagos ou des ouvriers-bâtisseurs du Palais du Peuple de Kinshasa, du mausolée de Kwame Nkrumah à Accra et des Maisons de la culture dans plusieurs capitales, fiers symboles des Indépendances. La Chine est en Afrique depuis longtemps, mais il faut admettre que les chiffres de la dernière décennie sont imposants ; les échanges entre le continent africain et ce pays ont été multipliés par douze. En 2010, pour la première fois, la Chine a dépassé les États-Unis, devenant le principal partenaire commercial bilatéral de l'Afrique. Le symbole le plus remarquable de l'engagement chinois restera pour longtemps la construction, pour un montant de 200 millions de dollars, du siège de la Commission de l'Union africaine, un édifice de 30 étages de verre et d'acier, réalisé dans un délai de trois ans avec 500 bureaux et 3 salles de conférence totalement équipés. L'impact réel de l'expansion chinoise sur le développement africain reste encore incertain. La Chine n'échappe pas aux critiques sur la structure de ses échanges qui, loin de favoriser l'essor d'une industrie locale et ses retombées en termes d'emploi, de transfert de technologies et de réduction de la pauvreté, tend à conforter l'enfermement des économies africaines dans une spécialisation appauvrissante. La question qui se pose aujourd'hui est la suivante : comment la Chine, qui a capté la production industrielle de masse, pourrait-elle accompagner les pays africains à s'engager sur la voie classique "évolutionniste" qu'elle préconise, allant de l'agriculture à l'industrie, puis aux activités de services ? Dirigé par deux éminents spécialistes, Jean-Raphaël Chaponnière et Jean-Jacques Gabas, ce livre mobilise l'expertise de plusieurs analystes chevronnés. Il apporte d'utiles informations sur les motivations des investissements chinois, sur leurs modalités et leurs impacts.

03/2012

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Musique, danse

Correspondance

Cent vingt ans après la mort du compositeur, la Correspondance de Moussorgski restait inaccessible en traduction française. Elle recèle néanmoins d'incalculables richesses. Outre les informations biographiques grâce auxquelles on peut retracer le parcours personnel et musical du compositeur entre sa dix-huitième année et sa mort, elle permet de cerner sa personnalité, avec ses zones d'ombre et de lumière : ses prises de position sur les sujets brûlants de son époque (l'amour de la Russie, l'abolition du servage, les bruits de guerre en 1870... ) s'expriment avec une violence parfois saisissante. Au travers de ces lettres c'est son activité de créateur que l'on peut suivre, avec le cheminement parfois lent et progressif, parsemé de périodes de doute et d'enthousiasme, de certaines partitions maîtresses, telle La Khovantchina. Ses conceptions esthétiques font également l'objet de développements importants qui, sur des sujets de fond, renferment des assertions indispensables à la compréhension en profondeur de l'œuvre du compositeur et de ses visées artistiques. Le groupe des Cinq auquel appartenait Moussorgski n'était pas une " école " ou une phalange où l'unanimisme aurait été de rigueur, bien au contraire. Les divergences esthétiques ou personnelles entre ses différents membres s'expriment parfois violemment dans la correspondance, et des ruptures interviennent, avec Balakirev lorsqu'il juge sévèrement Une nuit sur le mont Chauve ou avec César Cui qui écrit un article très critique sur Boris Godounov. Si le ton est vif avec les plus proches, il l'est encore plus avec les compositeurs de tendances opposées : Tchaïkovski et Anton Rubinstein en particulier concentrent les attaques les plus virulentes de Moussorgski. Les correspondants de Moussorgski ne sont pas tous musiciens l'intérêt de cet échange épistolaire dépasse ainsi la sphère strictement musicale et apporte des témoignages d'importance sur l'ensemble de la vie culturelle en Russie durant la seconde moitié du XIXe siècle. La personnalité originale de Moussorgski s'exprime dans une langue vigoureuse et audacieuse, qui, par ses constructions verbales, ses inventions de langage, manifeste un tempérament littéraire aussi créatif que celui du musicien.

04/2001

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Beaux arts

Bordeaux, les formes du désir. Un abécédaire pour voir la ville autrement

Il suffit d'un regard pour que, de manière inexpliquée, presque magique, un fragment remarquable ou insolite de notre environnement le plus quotidien, qui nous avait jusqu'ici échappé, se révèle avec la force de l'évidence. Comme un secret enfoui dans les arcanes de la mémoire, dans les volutes de l'inconscient, qui refait surface. Et nous parle. Infatigable explorateur urbain, Marc Saboya, historien de l'architecture, offre ici un recueil de notes de promenades à travers Bordeaux, telle que la cité se présente à nous aujourd'hui, c'est-à-dire dans toute la plénitude de son décor retrouvé, dans toute son infinie diversité. Insatiable chasseur de ces détails (une corniche tronquée, une cariatide sectionnée) ou de ces caractéristiques (le "Bordeaux classique", le gothique vintage de Sainte-Croix ou de Charles-Perrens) qui "font sens" à condition qu'on sache les reconnaître, il recrée, dans ce dictionnaire sensible et réjouissant, le récit d'une ville au visage intemporel et pourtant toujours changeant. Voyages dans l'espace de la ville et dans le temps de l'humanité, ces parcours qui épousent la fausse fantaisie d'un abécédaire - de A comme "Alchimie" à Z comme " Ziggourat " - entraînent le lecteur dans l'imaginaire merveilleux d'un Bordeaux réenchanté par la force du regard, tout en proposant des correspondances rimbaldiennes à destination de Venise, Cordoue, New York ou Le Caire, ainsi que des escapades "régionales" à Hendaye ou chez Montaigne... Sait-on tout ce que doit la munificente place de la Bourse au théâtre de Vicence ? En quoi le port de Bordeaux a-t-il pu évoquer la baie de Constantinople à Saint-Simon ? Ouel message porte ce soulier abandonné sur une corniche de maison rue Condillac ? Ouel dialogue s'instaure-t-il entre les flèches gothiques de la cathédrale Saint-André et le signal Art déco du Mama Shelter ? Oue deviennent les visions urbaines du futur lorsque celui-ci est dépassé, tel le Mériadeck de Chaban ou le quartier de La Bastide jadis rêvé par Ricardo Bofill ? Bordeaux bruit de mille et une images qui murmurent à l'oreille de qui plonge dans le décor mouvant de son architecture comme dans un miroir d'eau.

04/2018

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Animaux, nature

Lions. Edition français-anglais-allemand

Le photographe français Laurent Baheux dédie son nouveau livre au roi des animaux, le lion. Des images en noir et blanc à couper le souffle créent un portrait puissant de l'une des espèces les plus majestueuses et les plus menacées du monde. Pensez aux lions et au puissant membre du "Big Five", avec un rugissement qui résonne à travers les plaines et une poursuite sans merci de sa proie. Certains penseraient à l'animal de troupe, étonnamment joueur et affectueux dans sa fierté. D'autres penseraient au lion en danger, longtemps la cible des chasseurs et des collectionneurs de trophées. Dans ce nouveau livre photo, Laurent Baheux parcourt l'Afrique pour capturer le lion sous toutes ses facettes complexes. Le résultat en est un portrait photo sensible et intime qui montre le gros chat dans toutes ses nuances : à la fois puissant, fragile et tendre. Les superbes photographies de lion en noir et blanc de Baheux montrent le félin avec la précision et la texture d'un portrait en studio : ses nombreux mouvements, postures, comportements et expressions capturés avec une intimité surprenante. Jouant avec fierté, chassant sa proie ou nous regardant droit dans les yeux, la photographie du lion de Baheux est autant un hommage au caractère, à la puissance et au sentiment du lion qu'elle nous rappelle insidieusement que ce plus impressionnant des animaux fait également partie des espèces sauvages les plus menacées de la planète. Depuis plus de 15 ans, Laurent Baheux crée une collection de photographies animalières monochromes, caractérisées par un style contrasté et condensé. Avec une approche unique qui dépasse les lois de la photographie de la nature, Baheux cherche à saisir le caractère de chaque animal en tant qu'individu. Il collabore activement avec des organisations environnementales, notamment le Fonds mondial pour la Nature (WWF) et le Jane Goodall Institute. En 2013, il a été ambassadeur de bonne volonté du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE) dans le cadre de la campagne Wild & Precious contre le braconnage. Ses photographies sont exposées dans des galeries et des expositions en France et à l'étranger, et font l'objet de nombreux ouvrages et publications.

10/2019

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Critique littéraire

"Révolution". Histoire d'un mot

Révolution : le mot lui-même a aussi son histoire, qui explose précisément en 1789, mais dont les retombées n'ont pas cessé de nous atteindre. Nul mieux qu'Alain Rey, linguiste, historien et directeur littéraire des dictionnaires Le Robert, n'était armé pour en retracer la courbe, citations à l'appui. En explorer la genèse, depuis le XIIe siècle où le mot apparaît jusqu'au XVIIIe où il s'imprègne de sa signification moderne. Pour en parcourir les destinées imprévisibles et fantastiques dans les années qui, avant d'autres, ébranlèrent le monde, et en poursuivre les proliférations ultérieures, les arborescences, les déviations et les usages métaphoriques. Travail indispensable et neuf, qui s'individualise puissamment dans le flot des publications du Bicentenaire. Il resterait cependant d'érudition pure et de sèche philologie si l'auteur ne savait que les signes ne sont que des formes vides quand ils sont privés de leur pouvoir social. Le mot "révolution" porte en effet les cicatrices de l'histoire comme il en révèle les sédiments accumulés. Il est allé dans un premier temps du mouvement des astres au retour des temps, puis aux mutations des gouvernements, des sociétés, de la nature. Il est passé du calme absolu aux renversements dans la violence avant de s'incarner dans le grand événement de 1789 ; et rebondir. Il affirmait jusque-là un rapport entre le renouveau scientifique et philosophique des XVIIe et XVIIIe siècles et les mutations politiques et sociales de l'Angleterre, de l'Amérique du Nord, de la France. En devenant au XIXe siècle le noyau du patrimoine idéologique national, il a reçu avec Marx, le socialisme et l'économie moderne, les ingrédients d'une nouvelle relance, en Russie, mais aussi en Allemagne, en Chine, dans le monde arabe. Le XXe siècle en a fait progressivement éclater les virtualités pour finir par donner au mot une position idéologique centrale qui dépasse de très loin son contenu politique et social, et en faire l'instrument d'une libération totale qui réorganise en les désorganisant les rapports institués entre la loi et les pulsions, entre l'individu et la communauté, entre l'homme et l'homme. Révolution, histoire d'un mot.

11/1989

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Littérature française

Naissance d'un royaume

"L'homme marche à vive allure, sans se détourner. Les épaules rentrées, tête baissée, il avance sans but, comme un automate déréglé. Sa démarche est brutale et froide. Plutôt que de s'arrêter à la terrasse d'un café, il préfère se rendre à pied chez sa soeur. Ce qui s'est passé ce matin est probablement le moment le plus horrible de sa vie". D'aventure, deux femmes, un homme, aux horizons incertains, se croisent en quête de pré carré. Leur rencontre est décisive. Voyageurs enthousiastes, passagers involontaires d'une épopée qui les dépasse, ils vont s'aimer, se déchirer, se recomposer. Leurs destins sont scellés. Face à la mort qui sépare, l'amour devient credo fédérateur. A Strasbourg, entre Paris et Moscou, nos marcheurs se confrontent au péril de leur vie. Sans raison apparente, une jeune femme est assassinée. L'ingénieur Georges Ostar est formellement accusé. Arpagie ne doute pas un instant de l'innocence de son mari, elle est son ange gardien, sa bonne étoile. Bientôt, les évènements se bousculent, des obstacles se dressent, augurant un mal pour un bien, une chance d'espérer. Pour Georges, à quelque chose malheur ne peut être bon. Alors que l'enquête piétine, l'intrigue se noue au coeur d'une tentative d'espionnage industriel. Acteur malgré lui d'une guerre inédite, mêlant soldats du passé et amants obscurs, Georges connaît l'amour indicible. Natacha le séduit, l'envoûte. Survient une crise migratoire d'une ampleur sans précédent qui balaie les frontières, change les codes. Devant les évènements, l'emblématique jeune femme, officier du renseignement russe, s'arroge les pleins pouvoirs. Georges choisit un autre destin, Arpagie, meurtrie par la perte de l'être cher, nourrit le fol espoir d'être heureuse à nouveau. Face au danger, Natacha martyr devient une légende où l'amour est plus fort que la mort. Loin du bonheur calme, dont ils se savent exclus, nos visiteurs trouvent le chemin dans la traversée des villes et des terres. Si le paradis est à jamais perdu, ils découvrent, à l'aune d'un territoire infini, qu'il règne ici-bas un jardin, à portée de la main, où flotte encore le parfum des délices.

09/2017

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Littérature française

Le metteur en scène polonais

A l'origine, une idée simple : que se passerait-il si un livre changeait tandis qu'on ne le lit pas ? Idée a priori plaisante, mais qui rendra fou le metteur en scène polonais, auquel un directeur de théâtre parisien a confié la tâche d'adapter pour la scène le roman d'un auteur autrichien, roman dont les personnages et les situations disparaissent d'une lecture à l'autre. Les répétitions parisiennes sont catastrophiques : un interprète alcoolique traduit pour les comédiens français les invectives du metteur en scène polonais, un comédien engagé n'a pas été distribué, le spectacle durera huit heures, le budget a été largement dépassé, une grosse armoire trône au milieu du plateau... Le récit tente de réunir les éléments ayant conduit le metteur en scène polonais à se comporter de la sorte. Nous traversons ainsi différentes époques à ses côtés : la mise en scène des Démons de Dostoïevski dans un stade de football en Pologne ; Qu'il s'agisse de l'actrice française, du directeur du théâtre, de la femme du metteur en scène polonais ou d'un philosophe grec logé dans le même hôtel, tous ces personnages sont autant de figures qui se révèlent comme dans un jeu de cartes, abattues sur la table, aussitôt recouvertes, et remises en jeu pour le coup final. Entre eux et le metteur en scène polonais, il n'y a plus de discussion possible, seulement quelques oeufs durs. Dans la poche du metteur en scène polonais se niche une impressionnante quantité d'oeufs durs, que ceux qui devraient négocier, parlementer ou sermonner, préfèrent soudain partager avec lui plutôt que de lui faire le moindre reproche. Ce roman peut être lu comme un conte, prenant pour décor le milieu du théâtre, afin d'ouvrir à un état des lieux européen plutôt fantasque - c'est l'humour qui prédomine ici. Il s'agit également d'une quête. Celle d'un homme devenu détective de ses propres pensées, dont les défaillances sont autant de ressorts comiques ou dramatiques, permettant des sauts extravagants dans le temps et dans la logique.

08/2015

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Littérature française

Iran, ma déchirure

"Souvent le hammam n'est pas chaud quand j'arrive. Après l'avoir mis en chauffe, je patiente en allant chercher dans l'eau du jacuzzi les caresses que nulle ne me prodigue plus. Aujourd'hui, la vasque est déjà occupée par trois trentenaires que j'identifie comme étant Iraniens en reconnaissant quelques mots de persan dans leurs conversations. Après quelques minutes de discrète observation mutuelle, ils m'interpellent. "Are you German ? " . Je me demande bien ce qui a pu leur laisser penser que je pouvais être allemand avec mon mètre soixante-dix et mes cheveux bruns (enfin ceux qui ne sont pas blancs ! ). Dès que je les ai éclairés sur qui je suis - je suis Français, je viens en Iran pour travailler, je ne connais pas encore bien le pays - ils me demandent "do you like Iran ? ". A leurs regards qui plongent dans mes yeux, à leur immobilisme soudain, je sens combien la réponse à cette question est importante pour eux. Je n'ai pas d'efforts à faire pour les rassurer. Je ne sais encore rien de la beauté du pays mais je suis sûr qu'ils lisent sur mon visage la sincérité de mes mots quand je leur dis combien je suis déjà enchanté par la montagne, par la façon dont les habitants de Téhéran en ont fait leur terrain de jeu, de pique-nique, voire occasionnellement de camping. Combien mes compagnons d'expatriation et moi sommes impressionnés par la gentillesse des Iraniens à notre endroit, s'assurant constamment que nous ne sommes pas dans l'embarras et nous aidant spontanément dans le cas contraire. "Do you like Iran ? " Je découvrirai plus tard que cette question est récurrente chez les jeunes Iraniens, et qu'elle dépasse les considérations architecturales et folkloriques. C'est une vraie interrogation existentielle. Cette jeunesse a le sentiment d'être méprisée et rejetée par le monde entier. Ont-ils tort ? Plus que tout ils ne veulent pas être assimilés aux ayatollahs qui les gouvernent et ils sont révulsés par l'idée qu'on puisse les prendre pour des terroristes".

03/2023

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Jazz, Blues, Soul, Rap, Reggae

Mystère Monk

Un livre illustré de photos et de dessins originaux qui propose une approche collective, multiple, textet et image, pour percer le fameux mystère Monk. Dans l'histoire du jazz, il a une place unique. C'est un génie, et un musicien inclassable qui dépasse le genre où il s'est illustré. C'est aussi un personnage énigmatique dont on n'a jamais fini de faire le tour... Il y a quarante ans, le 17 février 1982, disparaissait l'une des figures essentielles du jazz : Thelonious Sphere Monk. Poète de l'essentiel, il a écrit quelques unes de plus belles pages du jazz moderne avec Charlie Parker, Miles Davis, Sonny Rollins et John Coltrane. Le pianiste est singulier, le compositeur, auteur du célèbre standard " Around Midnight ", est l'un des plus prolifiques de l'histoire du jazz. L'homme est fantasque, mutique, mystérieux. Dans Mystère Monk, Franck Médioni a rassemblé plus de cent-vingt contributions de par le monde. Ils sont musiciens (Sonny Rollins, Herbie Hancock, Chick Corea, Martial Solal, Archie Shepp, Bill Frisell, Joe Lovano, John McLaughlin, Laurent de Wilde, Yaron Herman, Henri Texier, Bernard Lubat, Jean-Claude Vannier, Alain Planès, Pascal Dusapin...), journalistes (Michel Contat, François-René Simon, Guy Darol, Edouard Launet...), musicologues (Leila Olivesi, Lewis Porter, Philippe Baudoin), écrivains (Jacques Réda, Yannick Haenel, Philippe Sollers, Jean Echenoz, Yves Buin, Zéno Bianu, Allen Ginsberg, Christian Bobin, Sylvie Kandé, Jack Kerouac, Thomas Vinau, Esther Tellermann, John Edgar Wideman, Julio Cortázar, Roberto Bolano, Nimrod, Eric Sarner, Marcuse Malte, Pacôme Thiellement...), photographes (Jean-Pierre Leloir, Guy Le Querrec, Bob Parent, Roberto Polillo, Marcel Fleiss, Christian Rose...), dessinateurs (Enki Bilal, José Munoz, Cabu, Serguei, Willem, Blutch, Youssef Daoudi, Edmond Baudoin, Louis Joos, Jacques Loustal, Jacques Ferrandez, Serge Bloch, Jochen Gerner, Charles Berberian, Christophe Chapouté, Albin de la Simone...), peintres (Victor Brauner, Willem de Kooning, Miquel Barceló, Ben Vautier, Ernest Pignon-Ernest, Charlélie Couture...) ou réalisateurs (Bertrand Tavernier, Clint Eastwood). Cet ouvrage collectif est kaléidoscopique. Il multiplie les angles (témoignages, analyses, récits, fictions, poésies, photographies, dessins, peintures). Un livre polyphonique qui est à la fois chronologique et thématique. Ecritures variées, rythmes éclatés, images et couleurs démultipliées, un portrait saisissant de Monk s'esquisse.

10/2022