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dominique pinon

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Vie chrétienne

L'errant chérubinique. traduit de l'allemand par Oger Munier

Johannes Scheffler, dit Angelus Silesius (1624-1677) est né à Breslau en Silésie (aujourd'hui Wroclaw) dans une famille luthérienne de petite noblesse. Selon l'usage de l'époque, ses études l'amènent à un tour d'Europe : inscrit en mai 1643 à l'Université de Strasbourg pour étudier la médecine, la politique et l'histoire, il arrive à Leyde en septembre 1644, et enfin à Padoue en 1647. Médecin de profession comme Paracelse, il se convertit au catholicisme en 1653 et entre dans l'ordre franciscain en 1661. La même année il devient prêtre. C'est en 1657, à mi-chemin de sa conversion et son entrée dans les ordres, que paraissent les poèmes du Cherubinischer Wandersmann. Réédités dans une version augmentée en 1675, deux ans avant sa mort, ces poèmes s'inscrivent dans la plus haute tradition mystique, étonnamment proches de Maître Eckhart même si marqués aussi par l'expérience ardente d'un Jakob Böhme. Leibniz range Silesius parmi ceux "dont les pensées extraordinairement audacieuses, remplies de comparaisons ardues ... confinent à l'impiété" . De fait, de Hegel à Heidegger en passant par Schopenhauer, l'écho de son oeuvre sur la pensée profane n'a cessé de s'amplifier : "Cette avancée téméraire, écrit Roger Munier, cette tension hardie vers les confins dans l'approche du mystère tant de Dieu que de l'homme, peut-être est-elle pour nous l'écho le plus juste, sinon l'appel le plus directement adressé d'une voix qui a retenti il y a plus de trois siècles ? " C'est dès la traduction du titre que Munier nous introduit à une nouvelle lecture. Car le mot Wandersmann n'a pas le sens premier de "pèlerin" (en allemand Pilger) : il évoque avant tout la marche, le cheminement, les voyages. Sans doute est-il "chérubinique" et pur, cet "homme en route" , mais il n'est qu'un homme en route. Son aventure est celle de tout homme en quête et voué à l'errance, à cette marche extatique dans le temps qui fait de l'âme, selon l'expression même de Silesius, "la tente errante de Dieu" (IV, 219).

02/2023

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Poésie

Scènes et portraits

Fixer le mouvement du monde, par le célèbre poète de Paterson. " J'avais une machine à écrire dans mon cabinet. Il me suffisait d'insérer une feuille et j'étais prêt. Je travaillais à toute allure. Si un patient venait à la porte au milieu d'une phrase, j'écartais d'un coup la machine et j'étais médecin ". William Carlos Williams, alias "Le Doc", comme l'appelait ses amis, s'installe en 1910 à Rutherford, New Jersey, où il est médecin scolaire. Il lui faut écrire " à toute allure ", et c'est bien la première impression que laisse ses poèmes, notamment les plus brefs : celle de jaillissement, sinon de spontanéité, comme s'il lui avait suffi de noter ce qu'il a vu ou entendu lors de visites, de consultations, ou lors de déplacements qui l'ont fait " griffonne[r] au coin de la rue ". Pendant les quarante années qu'il exerce, la médecine nourrit la poésie de William Carlos Williams autant que sa famille : elle lui fait rencontrer une variété de gens du commun auxquels il est plus sensible qu'à d'autres. Reste que saisir les occasions suppose une disponibilité d'esprit et que l'apparente facilité en art requiert à la fois souplesse et précision technique. L'image du monde, le moment qui fuit et vous arrête en même temps, avec sa vitesse et ses sautes de rythme, est la grande affaire de Williams. C'est toute la vie qu'il veut exprimer, la sienne et celle qui l'entoure, avec ses désirs, plaisirs, douleurs, inquiétudes, mais ce rendu au plus près passe par des recherches formelles. Ses idées sur la poésie (et le reste) évoluent moins qu'elles ne s'affirment avec l'expérience. Depuis toujours, il ferraille contre le classicisme, la langue littéraire de T. S. Eliot, et plus généralement contre l'influence du Vieux Monde sur la culture américaine. Williams avait peint dans sa jeunesse : il fréquentait les galeries et musées de New York. Sa poésie traduit son amour des spectacles - ceux de la vie dans la rue ou la nature - et cette anthologie, qui rassemble plus de 100 poèmes, offre une introduction passionnante sur une oeuvre américaine devenue mythique.

09/2023

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Essais

En finir avec l'hystérie (prétendument) féminine

L'hystérie est la plus ancienne maladie psychique du monde occidental, avec la mélancolie. Mais qui sait vraiment ce que cela signifie ? Attribuée à l'utérus, puis au cerveau, et enfin aux nerfs depuis la fin du XVIIIe siècle, l'hystérie est la bête noire de la médecine moderne, et est quasiment devenue une insulte du langage courant. On a du mal à comprendre pourquoi elle subit un traitement si péjoratif sinon par une explication malheureusement simple : l'hystérie serait une " folie femelle ". Honteuse, indigne. La psychiatrie actuelle l'a fait disparaître de son vocabulaire, pourtant l'hystérie exprime une problématique essentielle de l'être humain : en faisant du corps l'expression des souffrances de l'âme, elle souligne bel et bien l'essentielle connexion de l'âme et du corps. De nos jours, les neurosciences ne cessent par ailleurs de l'éclairer de connaissances nouvelles. Assignée depuis toujours aux femmes, l'hystérie ne leur est pourtant aucunement spécifique. Non, l'hystérie n'est pas féminine. Les choses changent : aujourd'hui, elle n'est plus la névrose spécifiquement féminine décrite par Freud en 1895 mais une pathologie sans genre ni âge. De quelle façon se dégenre-t-elle depuis une quarantaine d'années ? A travers des cas de patients, des oeuvres de fiction et des personnages célèbres, tout en s'appuyant sur des travaux scientifiques riches et variés, cet ouvrage explore cette question. Alors qu'on avait pu la croire vaincue par le narcissisme triomphant et les confinements, l'hystérie trouve une nouvelle jeunesse sur les réseaux sociaux, où se joue une séduction généralisée sur fond de tyrannie du paraître, soulevant par là-même des questions sociétales fondamentales. Marqueur de notre besoin d'exister dans le regard des autres, elle reste le fascinant sismographe de notre vivre ensemble. Les femmes n'ont pas fini de se battre pour avoir " un corps à soi ", comme Virginia Woolf revendiquait il y a presque un siècle " une chambre à soi ". Un corps avec lequel être soi plutôt qu'être mal, un corps désirant plutôt que perfusé au désir d'autrui : n'est-ce pas pour les femmes la meilleure façon d'en finir avec cette hystérie qu'on leur accole encore ?

10/2023

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Contes et nouvelles

Refusons l'inhumain ! Les écrivains aux côtés des migrants

Un livre qui nous appelle à l'hospitalité, à demeurer humains " Comment rester sourd aux voix du monde, quand elles crient à nos portes, agitent nos sociétés dans leurs tréfonds, nous interpellent sur nos valeurs ? Rien ne change dirait-on, l'histoire se répète, comme prise dans un enchaînement fatal, sous l'indifférence croissante d'un système médiatique avide de nouveautés tandis que des enfants, des femmes, des hommes, sombrent par milliers en Méditerranée. S'impose l'évidence : nous entrons chaque jour un peu plus dans une zone de tempêtes. A quel avenir nous préparons-nous, quand par milliers les scientifiques nous annoncent que notre planète se meurt ? Que par centaines de milliers, sinon par millions, des réfugiés climatiques demain afflueront ? Il nous faut dès maintenant choisir : la guerre de tous contre tous, le chacun pour soi généralisé - ou l'invention de solidarités nouvelles ? Face au désastre humanitaire qui accompagne les migrations humaines, nous avertit Mireille Delmas-Marty, juriste, professeur émérite au Collège de France, la philanthropie n'y suffira pas : s'impose l'exigence, d'un droit universel à l'hospitalité, opposable aux Etats. Nous avons vécu grâce à la mobilisation de tous une belle aventure éditoriale et humaine traduite par l'édition en 2018 du livre collectif Osons la fraternité ! Les écrivains aux côtés des migrants. De nos échanges est né le désir de poursuivre l'aventure par un nouveau recueil qui prendra pour titre : Osons l'hospitalité, refusons l'inhumanité. Les écrivains aux côtés des migrants. Ce recueil s'inscrit dans la continuité de l'esprit du précédent, tout en étant différent. Il est constitué de deux parties : une première consacrée au récit d'expériences particulières d'inhumanités ; une seconde affirmant qu'au-delà de ce qui meurt, chaque jour un peu plus, en nous et autour de nous, se pose face à ces drames la question de ce que nous sommes prêts à accomplir ou à refuser pour demeurer des êtres humains. " Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris Ouvrage publié sous la direction de Patrick Chamoiseau et Michel Le Bris, et avec le soutien du festival Etonnants Voyageurs

05/2022

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Philosophie

Temps physique et temps tragique chez Aristote. Commentaire sur le Quatrième livre de la Physique (10-14) et sur la Poétique

Dans cet ouvrage posthume de Victor GOLDSCHMIDT, le lecteur trouvera d'abord un commentaire minutieux, véritable guide de lecture, de deux grands textes aristotéliciens : les chapitres de la Physique sur le temps (IV, 10-14) et la Poétique tout entière. Si l'auteur se défend d'avoir voulu rivaliser avec les commentaires ligne à ligné dont ces textes illustres ont déjà fait l'objet, il n'en adopte pas moins, au départ, une position de lecteur au premier degré, s'attachant surtout, selon ses propres termes, " au mouvement du texte, pour essayer d'en restituer la structure qui, elle, fournit le commentaire fondamental, rédigé, si l'on peut dire, par l'auteur lui-même ". On verra qu'à cet égard, ce livre constitue l'illustration peut-être la plus parfaite d'une méthode d'exégèse immanente à laquelle Victor GOLDSCHMIDT n'a cessé de penser, théoriquement et pratiquement. Pourquoi maintenant avoir confronté Physique et Poétique, sinon pour tenter de relier temps physique et temps vécu, et considérer en retour l'action tragique sous les espèces du temps ? C'est ici comme un défi que l'auteur paraît s'être lancé à lui-même, tout en s'interdisant systématiquement les facilités qui lui auraient permis de l'emporter à trop bon compte; de sorte qu'il ne réussit à remplir son contrat qu'à force de ne l'avoir pas directement cherché. Seule la lecture du livre, dans ses patientes approches comme dans ses raccourcis fulgurants, permettra de voir comment les matériaux les plus divers, tirés d'une longue familiarité avec l'œuvre entière d'Aristote, enserrés dans un réseau toujours plus fin et plus délié de rapprochements et de connexions, finissent par constituer, à la " surprise " même de l'auteur, un édifice d'une cohérence imprévue et saisissante. Porté par toute une vie d'étude des textes et de méditations insistantes sur les rapports du temps et de l'œuvre philosophique, le commentaire s'ouvre ainsi sur une vision singulière et pénétrante de la pensée d'Aristote en son unité, et, au-delà encore, sur une véritable philosophie de l'histoire de la philosophie.

10/1982

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Economie

SAY N° 3 : De la pandémie de la peur à l'espoir d'un renouveau

"La confiance, comme l'observent Aurélie Jean et Bertrand Badré, est bien "le chaînon manquant de la relance" . Faut-il pour autant opposer compétence et démocratie, confiance dans les institutions et "technocratie" ? Pourquoi l'opinion américaine sur les vaccins s'est-elle inversée en deux mois ? Pourquoi les Rwandais témoignent-ils à leurs institutions de santé et aux Nations unies, à en croire leur ancienne ministre Agnes Binagwaho, une confiance que les Français refusent aux leurs ? La réponse ne peut se réduire à des incantations rituelles contre fonctionnaires et politiques. D'Olivia Grégoire à Pascal Canfin, une nouvelle génération de responsables politiques vient présenter, dans ce numéro 3, des projets de "nouvelle prospérité" et "d'économie responsable" . Tous deux s'inscrivent dans la mobilisation européenne pour la relance verte et le multilatéralisme. La nouvelle présidence américaine ne devrait pas tarder à s'y rallier. Ces succès diplomatiques, réels et concrets, auront du mal à se faire entendre dans l'opinion. Ce mouvement avance, sinon masqué, du moins travesti par un charabia administratif dont l'Union européenne a le secret. Il faudra convaincre de la solidité de cette politique celles et ceux, Gilets Jaunes de l'avenir, qui se sentent confinés dans des modèles du passé. Le carbone et le nationalisme, fétiches de Donald Trump, ne disparaîtront pas avec lui. Mais qu'en sera-t-il de l'autonomie stratégique que, face à lui, les Européens ont commencé à construire ? " (JEAN ROGNETTA, directeur de la rédaction) Avec, entre autres, les contributions de : Mohamed ElBaradei (prix Nobel de la Paix) Angus Deaton (prix Nobel d'économie) et Anne Case (professeur d'économie, Princeton) Fiona Scott Morton (professeur d'économie, Yale) Joseph E. Stiglitz (prix Nobel d'économie) Mike Spence (prix Nobel d'économie) Robert Schiller (prix Nobel d'économie) Jacques Attali Jean Pisani-Ferry Roger-Pol Droit Thierry Ménissier Laurence Joseph Josep Borrell (ministre des Affaires étrangères de l'Union européenne) Olivia Grégoire (secrétaire d'Etat, France) Pascal Canfin (député européen) Yuriko Koike (gouverneur de Tokyo) Jake Sullivan (ancien conseiller à la sécurité de Joe Biden) Jared Diamond (professeur de géographie, UCLA)

01/2021

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France

Le guide du tourisme et des loisirs ferroviaires en France

Déjà la troisième édition pour le Guide du Tourisme et des Loisirs Ferroviaires ! Et toujours la même ambition. Vous donner l'envie de redécouvrir la France, en la parcourant sur les rails ! Cette nouvelle mouture de ce livre unique en son genre est divis e en deux parties. Dans la première, l'auteur vous invite à visiter les treize régions françaises de l'Hexagone, en vous indiquant comment en rejoindre les principales villes en prenant le train, puis comment circuler entre elles en profitant des meilleures offres tarifaires existantes sur les différents réseaux TER. Plus de 700 escales vous seront suggérées dans des lieux touristiques accessibles en train. Sont répertoriés les sites dignes d'intérêt : les lignes ferroviaires aux parcours les plus spectaculaires, mais aussi les chemins de fer touristiques, les musées, les vélorails, les réseaux de trains miniatures ouverts au public ... Pas mal des adresses mentionnées sont des perles qui restent trop souvent méconnues ! Toutes les informations contenues dans ces pages ont fait l'objet d'une mise à jour depuis la précédente parution de ce guide, et de nouveaux buts d'excursions ont fait leur apparition. Pour prolonger le plaisir, dans cette nouvelle édition, la liste des lieux de restauration et les hébergements ayant pignon sur rails a été considérablement allongée. Dans la seconde partie, le focus est mis sur les associations faisant circuler des trains historiques sur le réseau ferré national, et le matériel roulant qu'elles exploitent ou comptent pouvoir remettre prochainement en état pour réaliser de nouvelles incursions sur les rails. Qu'il s'agisse d'autorails, de machines diesels ou électriques ou même de très imposantes Locomotives à vapeur, un point est fait sur l'état actuel du parc de matériel roulant historique existant dans notre pays, et sur les voyages proposés par les nombreuses associations oeuvrant à la préservation de ce patrimoine roulant. En ces temps où l'on redécouvre les vertus du transport sur rail, La Vie du Rail vous emmène une nouvelle fois au travers de cet ouvrage, pour de nouvelles découvertes et aventures ferroviaires !

06/2023

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Sociologie politique

Laïcité

Dans la France du XXIe siècle, on attend beaucoup de la laïcité, devenue injonction, au risque de devenir discriminatoire dans le discours juridique et politique. Laïcité, donc, un mot " fort " aux enjeux de taille pour notre société, décrypté de manière limpide par la professeure de droit Stéphanie Hennette-Vauchez. Parangon des valeurs républicaines qui connaissent un regain d'exaltation dans le discours juridique et politique, la laïcité se fait métonymie de la République. On lui demande alors de trancher une multitude de questions. A-t-on le droit de porter des tenues religieuses - à l'école, au travail ou à la piscine ? Comment lutter contre le " communautarisme " ou le " séparatisme " ? Ne faudrait-il pas accroître les limites à la liberté d'expression ? Face à cette hypertrophie du champ et de la portée souvent conférée dans le débat public à la " laïcité ", on propose ici une analyse juridique du principe. Le propos poursuit deux objectifs principaux. Le premier, c'est de rappeler que la laïcité est d'abord un principe visant à organiser les rapports entre l'Etat et les cultes - et non un principe censé réguler les conduites individuelles ou collectives. On s'attache ici à restituer l'histoire moderne du principe (XIXe-XXe siècles) et à présenter les trois principes dans lesquels se décline alors la laïcité : séparation (des Eglises et de l'Etat), garantie (de la liberté de culte) et neutralité (des autorités publiques). Dans un second temps, l'ouvrage documente et analyse les multiples bouleversements de ce régime républicain et libéral de la laïcité. Il s'agit en particulier de revenir sur les multiples réformes qui, depuis le début du XXIe siècle, tendent à en faire un principe qui ne garantit plus mais restreint la liberté de culte, via, notamment, la génération d'obligations de discrétion sinon de neutralité religieuse pesant désormais sur les personnes privées. L'analyse de ces mutations est critique, tant du point de vue de la non-neutralité de cette nouvelle laïcité qui s'érige en authentique injonction que du point de vue de ses effets discriminatoires (vis-à-vis, en particulier, de l'islam).

10/2023

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Histoire internationale

L'exploration du monde. Une autre histoire des Grandes Découvertes

Voici une histoire par dates du VIIe au XXe siècle, riche en surprises, qui rend compte des profonds renouvellements qui ont transformé notre vision de ce qu'on appelait autrefois les "Grandes Découvertes". Les dates "canoniques", revisitées à l'aune d'une réflexion critique sur les raisons de leur élection par les chronologies officielles, alternent avec les dates "décalées" qui font surgir des paysages et des personnages méconnus. ll est ici question de détricoter le discours qui, associant exploration du monde et "entrée dans la modernité", en réserve le privilège et le bénéfice à l'Europe, et, pour ce faire, de documenter d'autres voyages au long cours extra-européens. Il est également question, prenant le contre-pied d'une histoire héroïque des expéditions lointaines qui en attribue le mérite à quelques singularités, de rappeler qu'il faut beaucoup d'illusions, et plus encore d'intérêts, pour faire un "rêve", et que Christophe Colomb n'aurait jamais appareillé sans les vaisseaux des frères Pinzón. Il s'agit ainsi de substituer des lieux, des instants et des visages aux cultures en carton-pâte et aux croyances en papier mâché ; de donner à voir les échecs autant que les réussites, les naufrages dans les estuaires de la même façon que les entrées triomphales dans les cités soumises ; d'inclure amiraux ottomans, navigateurs chinois, interprètes nahuatls et pilotes arabes dans le musée imaginaire de l'histoire globale ; de mettre en lumière tout un petit peuple d'assistants et d'auxiliaires, de sherpas et de supplétifs (que seraient Magellan sans le Malais Enrique ou Cortés sans la Malinche ? ) ; de passer outre une histoire au masculin en rendant droit de cité aux voyageuses et aux exploratrices ; et enfin de prêter une égale attention aux êtres et aux choses, sachant que, s'il faut une nef pour traverser un océan, une vague ou un bacille suffisent à la vider de ses occupants. Ce sont donc à la fois une autre histoire du monde et une autre histoire de l'Europe qui se dévoilent au fil des 90 récits d'aventures proposés par 80 des meilleurs historiennes et historiens de ces questions.

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Beaux arts

Grandes heures des manuscrits irakiens. Une collection dominicaine inconnue de manuscrits orientaux (XIIe-XXe siècles)

2015 est l'occasion de commémorer aux Archives nationales le vur centenaire de l'ordre des Prêcheurs (Toulouse, 1215) qui a eu tant d'influence sur la vie intellectuelle et religieuse en Occident. Mais pour changer l'optique traditionnelle d'une histoire dominicaine centrée sur la conversion des Albigeois et la prédication au sein même du monde chrétien, il est proposé au public de découvrir une autre voie de l'essor des Prêcheurs : celle des missions et de l'implantation en Orient, dès le XIIIe siècle. Car, après la reconnaissance de l'Ordre par le pape Innocent III en 1216 et la mort de saint Dominique (1221), les frères élargissent le champ de leur apostolat hors d'Europe, assurant tout à la fois missions diplomatiques et campagnes d'évangélisation. Dans le prolongement des voyages du Fr. André de Longjumeau, dépêché chez les Mongols par le pape Innocent IV et le roi de France Louis IX, les dominicains gagnent la Mésopotamie, séjournent à Bagdad et Mossoul, réactivant des liens fructueux entre les foyers chrétiens de ces régions et les royaumes occidentaux. Demeurées épisodiques, malgré la création d'évêchés latins à Ispahan et Babylone, ces relations reprennent un nouveau souffle lorsque Benoît XIV confie aux dominicains une mission en Mésopotamie en 1 750. Le projet se concrétise par une installation durable au Kurdistan. Une étape décisive est franchie lorsqu'un couvent dominicain est construit à Mossoul entre 1862 et 1866, point de départ de missions vers les populations kurdes et arméniennes, mais aussi centre de culture et d'instruction qui introduit la première imprimerie en Irak (1862). C'est cette histoire de la présence chrétienne en Irak et des collections de la bibliothèque du couvent de Mossoul que l'exposition retrace. Reflet d'un immense effort de préservation et de découverte du patrimoine écrit régional par les dominicains, cet ensemble de 800 manuscrits remonte au me siècle et embrasse une vaste période, jusqu'au seuil du XXe siècle. Constituée de manuscrits arabes, syriaques, chaldéens et soureth, parfois enluminés, la bibliothèque de Mossoul réunissait des textes liturgiques, littéraires, musicaux, hagiographiques, linguistiques, etc. Transférés de Mossoul à Qaraqosh puis à Erbil, ces manuscrits ont bénéficié d'un travail considérable de restauration et de numérisation (Centre numérique des manuscrits orientaux) dont l'exposition détaille les techniques et les enjeux scientifiques. Quelques fac-similés de ces manuscrits irakiens aujourd'hui inaccessibles matérialisent ce savoir sauvé de la destruction : une grammaire arabe du XIIIe siècle, un lectionnaire enluminé du XVIIe siècle, un évangéliaire chaldéen du XVIIIe siècle, par exemple. Pour caractériser la place et le rôle de ces manuscrits dans l'histoire intellectuelle et religieuse de l'Orient, l'exposition se propose de mettre quelques-uns des manuscrits des collections française et romaine en relation avec la collection des dominicains de Mossoul. La Bibliothèque nationale de France, par le biais de la bibliothèque du couvent des Jacobins de Paris et des acquisitions du P Vansleb qui était au service de Colbert, la Bibliothèque apostolique vaticane (manuscrits orientaux rapportés à Benoît XIV vers 1750) et la bibliothèque du Saulchoir sont les principaux centres de conservation de manuscrits orientaux en rapport direct avec la collection de Mossoul.

05/2015

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Cinéma

Mémoires d'un arythmique

Depuis plusieurs semaines, je suis assailli par des rêves bizarres, mais bien réels. Jean-Pierre Elkabbach me chatouille le cou jusqu'à l'étranglement. Mes grands fils traversent des forêts en rigolant comme des tordus alors qu'ils sont poursuivis par des régiments de parachutistes. Je me réveille en nage et angoissé face à Patrick Bruel qui se promène nu sur un balcon avec son architecte d'intérieur ! Une sorte de délire m'envahit. Depuis quinze ans et mon dernier livre, La peur bleue, la vie n'a pas été tranquille, car rien ne correspond à ce que les gens voient. Comme tous les mémorialistes de ma génération, je perçois une France clairement devenue à la périphérie de la Gloire. J'ai croisé François Mitterrand, André Rousselet, Hubert Védrine, Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy, Dominique de Villepin et tant d'autres, mais pas vraiment comme le journaliste politique que je suis. Ceux qui vont se battre pour le pouvoir en 2017 : Hollande, Sarkozy ou Marine Le Pen appartiennent à des générations approximatives. Comme moi. Leurs drames sont des meurtres de couloir. Nous manquons dramatiquement de substance. Une grande partie de la culture contemporaine sophistiquée, la seule qui restera, nous indiffère, englués que nous sommes dans la déférente numérique et le divertissement. Pourquoi avoir consacré tant d'années à la politique ? Alors que les plus brillants de nos représentants ne suscitent plus la moindre magie. C'est à la fois une vraie passion et une vraie routine. Les élections comme le Tour de France ou Roland Garros. Et puis un jour, tout a basculé. Je sortais d'une croisière tragique en Croatie et j'ai explosé en plein vol lors de la canicule de 2003, à quelques jours d'une grande émission prévue avec David Bowie. Encore aujourd'hui, je ne sais pas comment j'ai pu donner le change. Probablement la solitude et les livres pour éviter la noyade. Certainement ma famille. Les années suivantes, j'ai essayé de me reconstituer tout en travaillant. Puis, est arrivé un autre jour bizarre. Je rentrais de Biarritz au milieu du mois d'août. Des types patibulaires attendaient quelqu'un au pied de chez moi dans le désert d'un square "modianesque" du XVIe arrondissement : le jardin du Ranelagh. Le soir même je me suis assis sur un canapé blanc fatigué. Mais le plus éreinté des deux, c'était moi. Mon cour s'est brutalement emballé. Je suis devenu comme presque un million de Français : un arythmique, c'est-à-dire un type qu'on prend pour un hypocondriaque ou un condamné. Je n'ai pas choisi d'écrire et de raconter tout ça. C'est devenu nécessaire, comme une aventure qui nous emmènera dans les coulisses de ma vie, dans des salles d'hosto, avec de grands artistes, mais aussi en Sierra Leone, à Beyrouth, à Shanghai ou au Congo. J'essaye modestement à travers ce livre de me sortir de mon "Apocalyse Now" personnel en souriant. Et en tentant une écriture arythmique. Pas les mémoires classiques d'un journaliste.

11/2015

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Thérapies diverses

Psychothérapies des troubles du sommeil

Malgré la grande fréquence des troubles du sommeil dans la population l'intérêt des psychothérapies pour leur prise en charge est encore peu connu alors qu'elles sont recommandées en première intention par les sociétés savantes pour l'insomnie mais aussi d'autres troubles du sommeil moins fréquents y compris en l'absence de contexte psychologique évident. L'objectif de ce livre vise donc à donner des outils psychothérapeutiques accessibles aux soignants qu'ils soient ou non spécialisés dans les troubles du sommeil. Après le rappel des règles physiologiques et chronobiologiques du sommeil sur lesquelles s'appuie toute prise en charge d'un trouble ainsi que des aspects psychologiques associés ou identifiés comme ayant un rôle dans une pathologie donnée l'ouvrage présente les principes psychothérapeutiques à partir du modèle de l'insomnie où les psychothérapies cognitivo- comportementales et émotionnelles représentent les pratiques les plus évaluées. L'insomnie qui est le trouble du sommeil le plus fréquent coexiste souvent avec un trouble psychiatrique ou s'associe à d'autres plaintes de sommeil (somnolence diurne excessive trouble respiratoire nocturne trouble moteur du sommeil parasomnie...) requérant alors un travail thérapeutique avec des outils spécifiques ou complémentaires. Des notions importantes sont abordées comme l'analyse fonctionnelle d'un trouble ou l'importance de l'alliance thérapeutique qui s'appliquent à l'ensemble des situations cliniques. Une dernière partie présente les prises en charge psychothérapeutiques qui peuvent être proposées dans les autres troubles du sommeil que sont le syndrome d'apnées obstructives du sommeil les parasomnies (cauchemars somnambulisme terreurs nocturnes) la narcolepsie et les troubles du rythme veille/sommeil. Elle traite aussi des troubles du sommeil dans le cadre des pathologies psychiatriques (troubles de l'humeur anxiété stress post-traumatique). Des cas cliniques illustrent les chapitres et des fiches pratiques incluses dans l'ouvrage et téléchargeables en ligne sont proposées aux lecteurs afin d'aider les thérapeutes dans leur apprentissage des techniques et la prise en charge de leurs patients au quotidien. Cet ouvrage s'adresse aux psychiatres aux psychologues aux psychothérapeutes et à tous les professionnels (médecins ou personnels paramédicaux) prenant en charge des patients souffrant d'un trouble du sommeil. Isabelle Poirot est praticien hospitalier au sein de l'Unité de sommeil dans le service de psychiatrie adulte du CHU de Lille. Agnès Brion est psychiatre ancien praticien attaché du service des pathologies du sommeil à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière de Paris (AP-HP). La collection Pratiques en psychothérapie dirigée par Dominique Servant a une ambition double. Didactique pour les thérapeutes en exercice leur permettant de les aider dans le suivi des patients elle a aussi pour vocation d'être un guide pour la formation aux différentes modalités de soins et de prises en charge. Elle s'adresse donc à un large public de professionnels. Les thèmes traités tous liés aux multiples domaines de la psychiatrie et de la psychologie sont variés et ouverts à différents modèles. Les points théoriques cliniques et thérapeutiques développés fournissent au lecteur un grand nombre d'informations accessibles et utilisables dans la pratique quotidienne.

03/2024

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Généralités

Les grands discours à l’ONU. De Harry Truman à Greta Thunberg

L'ONU est souvent vue comme une grande bureaucratie inefficace, un " machin " ainsi que la qualifiait le général de Gaulle en 1960... Mais ce livre entend montrer que l'ONU, c'est aussi la plus grande tribune mondiale, la " voix du monde ", avec son Assemblée générale où les 193 Etats membres sont représentés, et où les grands leaders politique du monde peuvent s'exprimer devant tous les représentants des Etats membres. C'est la plus grande enceinte internationale, la porte-voix des peuples. Cette Assemblée générale, l'enceinte mondiale la plus démocratique puisque chaque Etat, riche ou pauvre, y est doté d'une voix, constitue un formidable forum pour les grands dirigeants, et elle a, au fil de l'histoire, permis à des personnages historiques de prononcer des discours marquants, qui ont eu un impact déterminant sur les relations internationales : guerre froide, conflit israélo-palestinien, attentats du 11 septembre 2001... Ce livre mettra en lumière l'importance de ce forum mondial, en présentant pour la première fois une sélection des grands discours prononcés dans l'enceinte de l'ONU. En effet, cette organisation internationale, universelle, a accueilli des hommes et femmes politiques et personnalités célèbres, du dirigeant soviétique Khrouchtchev qui, lors de son discours en 1960, n'a pas hésité à taper sur la table avec ses chaussures, à Dominique de Villepin en 2003 dans son flamboyant plaidoyer contre la guerre en Irak, ou encore de Fidel Castro qui a fait en 1960 le plus long discours de l'histoire de l'ONU (d'une durée de 4h30 sans pause ! ) au leader palestinien Yasser Arafat en 1974, ou encore au pape François prononçant un émouvant discours à l'ONU en 2015, et jusqu'à la jeune Greta Thunberg, égérie des militants pro-climat, en 2019. Les discours seront sélectionnés en fonction de l'importance internationale des orateurs, et de l'impact qu'ils ont exercé dans les médias et sur les relations internationales. Ce ne sera pas un simple recueil de discours : chaque discours sera précédé d'un paragraphe introductif, présentant le contexte historique, le personnage, analysant des passages précis de chaque discours, et sera suivi d'un ou deux paragraphes d'analyse, examinant la portée, les répercussions de ces mots prononcés dans l'enceinte onusienne. Caractère novateur du livre : Un tel recueil commenté des discours prononcés à l'ONU n'a jamais été fait, et cette manière originale d'aborder l'histoire des Nations unies intéressera le public, car elle est vivante et centrée sur des personnages, elle a donc une dimension humaine, elle humanise cette institution internationale. Public visé : Ce livre intéressera tout d'abord le grand public amateur d'histoire et de relations internationales, car il permettra de revisiter toute l'histoire du XXe siècle, en rappelant les grands discours qui ont marqué la mémoire collective. De plus, il pourra être très utile aux professeurs et étudiants d'histoire, de science politique, aux élèves de lycée, des classes préparatoires littéraires aussi bien que commerciales, ainsi qu'aux étudiants et enseignants de Sciences Po.

04/2024

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Histoire de France

Le Roi Stanislas

Romantique et candide, il est élu roi de Pologne à vingt-sept ans mais il perd son trône aussi vite qu'il l'a conquis. Stanislas Leszczynski (1677-1766) entame alors une vie errante d'exilé permanent, ballotté entre les coups de chance et les catastrophes. Le destin lui fait signe en 1725, le jour où le tout-puissant roi de France, Louis XV, décide d'épouser sa fille, Marie Leszczynska. Huit ans plus tard, la chance se confirme en l'aidant à remonter sur le trône en 1733, mais le trahit de nouveau en le faisant tomber après vingt-quatre jours de règne... Réfugié en France, il a soixante ans quand son gendre lui confie, en 1736, la souveraineté sur les duchés de Lorraine et de Bar : un viager aux pouvoirs limités, en attendant le rattachement de ces territoires à la couronne de France. Mais le " pion " de Louis XV ne l'entend pas de cette oreille. Il gagne le cœur des Lorrains par sa bienfaisance et les amuse par sa passion pour les fêtes qui illuminent son château de Lunéville. La belle histoire va durer vingt-neuf années et permettre aux duchés de conquérir une place brillante dans l'Europe des Lumières. Protecteur attentif des arts, lettres et sciences, Stanislas invente une architecture festive unique en son genre. Féru d'urbanisme, il s'entoure des meilleurs architectes pour offrir à Nancy un exceptionnel ensemble monumental, digne d'une vraie capitale. Soucieux des pauvres, il crée des fondations pour venir en aide aux démunis et veille à l'éducation de ses sujets, fondant à Nancy une académie, une bibliothèque publique et donnant à son université ses lettres de noblesse. Pacifiste et réformateur, utopiste et théoricien du bonheur, il est également l'auteur de travaux littéraires qui conjuguent pragmatisme, esprit des Lumières et traditions chrétiennes. Il demeure l'une des figures éminentes les plus attachantes du XVIIIe siècle européen.

09/2000

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Criminalité

L'éducation d'un voyou

Dans Dealer du tout-Paris, Gérard Fauré évoquait très peu sa jeunesse marocaine. Il revient ici sur cette période cruciale qui l'a initié à la drogue, aux complots politiques et aux vices cachés des élites. Ce récit étonnant permet de mieux comprendre comment il est devenu le " dealer du Tout-Paris " et jette une lumière crue sur le rapport des dirigeants français avec le Maroc depuis 50 ans. Fils du médecin de la famille royale marocaine, Gérard Fauré découvre à travers son père les circonstances troubles de la mort de Mohammed V, qui a permis à son fils Hassan de lui succéder ; les manoeuvres des services secrets français pour s'assurer l'obéissance du nouveau roi ; et enfin le complot ourdi par le général Oufkir, chef des services secrets marocains accusé d'avoir fait assassiner l'opposant Ben Barka, pour s'emparer du trône. A peine sorti de l'adolescence, Gérard devient l'amant d'une femme de pouvoir charismatique qui reçoit chez elle toute la haute société marocaine : Hadja, épouse du général Oufkir. Malgré lui, il est alors mêlé à des affaires d'Etat qui le dépassent. Amoureux comme on peut l'être à 25 ans, Gérard devient un simple pion du " Grand Jeu " des puissances occidentales au Maghreb. Manipulé par sa maîtresse, menacé de mort, il va vivre un véritable thriller, bientôt pourchassé par les polices de plusieurs pays. Récit d'une éducation sexuelle, politique et criminelle, cet épisode inédit livre quelques clés de l'histoire contemporaine, et dévoile les blessures secrètes d'un jeune homme appelé à devenir l'un des grands voyous de son époque. Gérard Fauré a été trafiquant de drogue, membre du SAC, bras droit du parrain Gaëtan Zampa, braqueur de banques... jusqu'à son arrestation en 1986. Ses Mémoires, Dealer du Tout-Paris et Le Prince de la coke, ont connu un très grand succès.

05/2021

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Biographies

Ximénès Doudan (1800-1872). "Une perle inconnue" suivi d'un choix de lettres

" Une perle inconnue ", disait de lui François Guizot. En ouvrant la coquille bien fermée, on découvre en effet une société, une écriture, une personnalité extraordinaires. En 1876 parurent quatre volumes de Mélanges et Lettres, portant le nom de Ximénès Doudan. Pour Henry James, Barbey d'Aurevilly, Amiel et tant d'autres, ce fut une révélation, qu'il fallut d'urgence rééditer. On évoqua Mme de Sévigné et Saint-Simon. Proust s'empara de l'auteur, qui donna à Swann certains de ses traits. Puis le silence se fit, et Doudan emporta son mystère. Quel personnage pourtant ! Esprit comparable à Voltaire pour Victor Cousin, " directeur des consciences littéraires " (notamment féminines) pour Sainte-Beuve, Doudan, modeste pion de lycée venu de Douai, fut bientôt apprécié du milieu intellectuel et politique qui fréquentait le salon libéral de la duchesse de Broglie, fille de Mme de Staël, et du duc Victor, futur président du Conseil de Louis-Philippe, qui l'avaient recruté comme précepteur et dont il devint l'ami et le confident de la famille durant plus de quarante ans. Infatigable épistolier, il décrit avec lucidité et humour la société parisienne, dont des figures de proue comme Guizot, Rémusat, Mérimée, Tocqueville devinrent des proches, commente l'actualité culturelle et politique, de la mort de Louis XVIII jusqu'à la Commune, juge sans ménagement les livres qui paraissent, et qu'il a tous lus, et leurs auteurs, qu'il connaît pour certains : Kant, Stendhal, Balzac, Hugo, Lamartine, F. Cooper, Musset, Flaubert, G. Sand, Renan... tous y passent, dans un style éblouissant. Laurent Theis reconstitue la destinée de ce " célibataire de l'art ", qui dissimula jalousement sa vie privée, et dresse un portrait sensible du personnage dans son environnement d'une richesse exceptionnelle. Suit une sélection de lettres, pour certaines inédites, choisies pour la variété des sujets abordés, leur importance historique, leur qualité littéraire et leur substance humaine, toutes soigneusement annotées.

02/2024

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Vente (Bac pro)

Accompagner et satisfaire le public 1re et Term Bac pro - Livre + licence élève - 2023

Cet ouvrage consommable est conforme au référentiel du Bac Pro Métiers de l'Accueil, et rassemble les dossiers qui traitent de l'accueil du public en face à face et à distance. Toujours dans la même collection plébiscitée par les enseignants, il est proposé au choix en livre papier + licence numérique i-Manuel ou en 100% numérique i-Manuel. En version imprimée, cet ouvrage propose en complément une licence numérique i-Manuel 2. 0, la solution pour mettre les élèves en activité sur ordinateur ou sur tablette. >> Les infos pratiques sur le i-Manuel 2. 0 à découvrir ci-dessous Structure d'un dossier - Une vidéo pour introduire chaque dossier. - Des activités proposées sous forme de missions : - les élèves sont en situation dans des entreprises réelles ou réalistes de secteurs variés (tourisme, commerce, services à la personne, transports, banque, services publics...) ; - des consignes sous forme de dialogue, mail, message écrit ou oral sont données par le tuteur pour mettre en oeuvre les compétences et les notions du dossier. - Une synthèse active adaptée à tous les types de mémorisation : schéma, audio, texte. - Des applications progressives pour retravailler les compétences dans de nouveaux contextes. Jeux de rôle multilingues Ils permettent d'entraîner les élèves à l'oral de manière ludique, avec la possibilité de piocher une carte " billet d'humeur ". Ils sont disponibles en français et en anglais dans l'ouvrage, et téléchargeables par QR Codes en espagnol et en allemand. Scénarios Ils permettent de croiser les compétences et de les travailler de manière active, par groupe, avec des supports informatiques et des travaux à réaliser oralement. Préparation à l'examen Une étude de cas sur les compétences du bloc 3 est proposée pour préparer l'épreuve écrite E2. Nouveau dans cette édition 2023 : - Une grille d'autoévaluation, à remplir au fur et à mesure, permet à l'élève de suivre sa progression. - Un dossier " Conseils et outils " pour la 1re/Tle est disponible en début d'ouvrage (créer son profil LinkedIn, rédiger son projet de formation motivé sur Parcoursup...). - Un carnet de bord du chef-d'oeuvre est proposé pour créer, suivre et présenter son projet à l'aide d'outils numériques. - Les missions ou applications qui font appel à des compétences Pix sont balisées. - En plus, accessibles par QR Codes : - Des activités bonus " A vous de jouer " pour favoriser l'animation de la classe (jeux de rôle, quiz, etc.) ; - Des séquences de co-intervention Français et Mathématiques ; - Des questions supplémentaires qui font le lien avec le programme d'Economie-Droit ; - Des synthèses audio et des quiz interactifs.

04/2023

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Sciences politiques

Dans les coulisses du monde. Du Rwanda à la guerre d'Irak, un grand négociateur révèle le dessous des cartes

Mieux encore qu’un grand diplomate, Jean-Marc de La Sablière a été ce que les Américains appellent un « Deal Maker », un faiseur de paix. Dans tous les postes qu’il a occupés, qu’il s’agisse de la direction d’Afrique au Quai d’Orsay, de ses ambassades en Égypte et en Italie, de sa fonction de conseiller diplomatique auprès de Jacques Chirac et surtout de représentant de la France aux Nations unies, il a géré de nombreuses crises (Rwanda, Darfour, guerre d’Irak, Liban…) et contribué fortement à faire progresser la cause des droits de l’homme. Proche de Jacques Chirac, dont il a été un des conseillers les plus influents, il raconte la vie à l’Élysée sous la cohabitation avec la gauche, dévoile les mécanismes de décision sur les affaires internationales, brosse un portrait à la fois lucide et chaleureux de l’ancien chef de l’État, décrit les forces et les faiblesses de son entourage comme de tous les ministres des Affaires étrangères qu’il a eu à servir, d’Hubert Védrine à Alain Juppé. Il nous fait surtout vivre de l’intérieur l’incroyable bataille diplomatique qu’il a menée au sein du Conseil de sécurité, et en relation permanente avec Jacques Chirac et Dominique de Villepin, pour éviter la guerre d’Irak. Il nous livre ici un document historique de premier ordre, dans lequel on découvre aussi les coulisses des Nations unies, devenue l’instance de décision essentielle au niveau mondial, où les affrontements et les jeux d’influence entre grandes puissances et puissances émergentes peuvent conduire à des blocages ou des évolutions majeures. L’auteur nous fait entrer tout particulièrement dans le secret de quatre grandes négociations qui comptent dans l’histoire des Nations unies, où il a joué un rôle de premier plan. En avril 1991, alors que Saddam Hussein réprime les Kurdes, l’Onu fait une avancée majeure dans le « droit d’ingérence » en reconnaissant pour le première fois, par une résolution arrachée de justesse par la France, que les violations massives des droits de l’homme constituent une menace pour la paix et la sécurité internationale. En 2005, c’est sur l’initiative de Jean-Marc de La Sablière que la situation au Darfour est déférée devant la Cour pénale internationale, alors que cette instance, attaquée par les États-Unis, végétait depuis sa création. Durant cette même période, il est mandaté, au lendemain de l’assassinat de Rafic Hariri, pour faire adopter le texte qui conduira à la création du tribunal chargé de juger les auteurs de ce crime, ainsi que la résolution qui aboutira au départ des troupes syriennes et à la libération du Liban. En août 2006 enfin, il prend une part déterminante dans la résolution qui permettra mettre fin à la guerre entre Israël et le Hezbollah. Fort d’une expérience du monde peu commune et la connaissance qu’il a, en particulier, du monde arabe – son père était consul général à Jérusalem –, Jean-Marc de La Sablière livre ici une analyse très personnelle de la situation en Egypte ou en Syrie. S’agissant de la France, il s’avoue préoccupé par sa perte d’influence et d’une certain manque d’ambition dans son rôle international. Examinant nos atouts et nos faiblesses, il se demande s’il est encore possible de redresser la barre. Fidèle aux idéaux gaullistes, il plaide pour plus de courage et de volonté.

03/2013

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XIXe siècle

De colère et d'ennui

En 1832 à Paris, les funérailles du général Lamarque, icône populaire victime du choléra, déclenchent l'insurrection des 5 et 6 juin. Alors que Victor Hugo choisissait ce décor pour hisser Gavroche sur les barricades, Thomas Bouchet livre une chronique de cette année exceptionnelle à travers les voix de quatre femmes que tout oppose. 1832 : tandis que Paris vibre, vacille et gronde sous les coups redoublés de l'épidémie et de la guerre des rues, Adélaïde s'ennuie. Elle frémit dans son salon à la lecture des journaux, se délecte du chocolat que sa domestique lui rapporte de chez Marquis, s'émerveille en recluse des oiseaux du Jardin des plantes où elle vit, loin des barricades où Gavroche meurt. Emilie se bat et se débat du côté de Ménilmontant et dans les cafés enfumés pour faire entendre la cause féministe chez les saint-simoniens. Louise, marchande ambulante du centre de Paris, atteinte du choléra puis soupçonnée d'avoir participé à l'insurrection, est sans cesse contrainte à faire face - au commissaire, au juge, au médecin, au directeur de sa prison. Lucie enfin, la mystique, souffre et jouit en son corps derrière les murs d'un couvent, puis le choléra l'emporte. C'est dans la compagnie des archives que Thomas Bouchet pratique son travail d'historien. Il s'appuie cette fois, en outre, sur les ressources de la fiction. Les quatre voix qu'il entrelace composent une histoire sensible et sociale du Paris de naguère. Ce livre a reçu le Grand Prix de l'Histoire de Paris - LE GESTE D'OR, catégorie Fiction. "De colère et d'ennui, que publie l'historien Thomas Bouchet, mérite d'être salué à sa juste valeur. Voilà un livre qui ne ressemble à aucun autre". Dominique Kalifa, Libération "Troublant, sensible, l'ouvrage réalise son ambition en forme d'oxymore : celle de "forger et restituer quelques éclats de réel"". André Loez, Le Monde des livres "En reconstituant de façon fictive et pourtant si réelle la "vie affective" de 1832, Thomas Bouchet surpasse les attentes de Lucien Febvre qui, dès 1941, invitait ses pairs à croiser histoire et sensibilité et à plonger "dans les ténèbres de la psychologie". Voilà un nouveau et beau "cri d'artiste" poussé par un "pauvre historien"". Nicolas Dutent, L'Humanité "De colère et d'ennui est une illustration émouvante (littérairement) et convaincante (scientifiquement) de la féconde rencontre entre fiction et sciences sociales. (...) Il y a bien évidemment des vertus pédagogiques à choisir ainsi de rendre compte d'événements historiques ou de phénomènes sociologiques de façon fictionnée/fictionnelle. C'est l'ambition des " passeurs de sciences sociales " que de donner à voir ce qui ne peut se montrer et à entendre ce qui ne se dit pas. Mais il se joue quelque chose d'autre dans cette hybridation, quelque chose qui a à voir avec la puissance créatrice de l'écriture, quelle que soit sa forme. (...) Les quatre femmes de 1832 parlent à la première personne, c'est ainsi Thomas Bouchet qui parle avec elles et c'est l'histoire de cette année méconnue qui résonne à nos oreilles. Nous n'en saurons pas tout, car l'historien ne peut tout dire, mais ce qui demeure lorsque l'on referme le livre, de façon évidente et, pour tout dire, magnifique, c'est l'impression d'avoir entendu, véritablement entendu, les voix à jamais dissoutes des femmes et des habitants du Paris populaire du premier 19e siècle". Camille Froidevaux-Metterie, AOC Lauréat en 2019 du Grand Prix de l'Histoire de Paris - LE GESTE D'OR, catégorie Fiction

04/2024

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Poésie

Betie-son-nan ! Fresque pittoresque

"Le poète Taky refuse les positions partisanes et les flatteries stériles. Ce dont il rêve c'est un monde d'égalité, de liberté et de. justice. Aussi stigmatise-t-il avec véhémence les politiques sans vision, le règne de la terreur, la prédation internationale, la violence sous toutes ses coutures... Les vers qui s'égrènent dans ce recueil sont aussi tranchants que le verbe de Jean-Marie Adiaffi fustigeant les ignares galonnés, aussi violents que des "coups de pilon" d'un David Diop prenant fait et cause pour son peuple martyrisé. A boulets rouges, le poète tire sur ceux qu'il nomme "Vicieux politiciens" et "dirigeants mythomanes". Malgré son ardeur et sa véhémence, le poète, quand il le faut, sait faire preuve de tendresse. Au-delà de la grisaille, il sait arracher à sa plume des vers langoureux et faire chanter à sa cathare le chant sacré de l'amour, à l'honneur de toutes les "Tanella". La beauté qu'il célèbre est celle qui tire son suc de la terre d'Afrique ; l'identité qu'il revendique est celle qui, libérée, désaliénée, tête à la mamelle de la Terre-matrice, la terre d'ébène. C'est admirable que la prise de parole du journaliste-écrivain, cette fois-ci, épouse la forme poétique. La poésie a cela de particulier : elle fait dire aux mots ce qu'ils n'ont jamais pu dire, et ne peuvent pas dire dans un cadre utilitaire et quotidien. La poésie c'est le domaine de l'expressivité, de la suggestion et de l'évocation dans leur forme achevée. Les images, les rimes et les ruptures syntaxiques qui se côtoient dans ce livre n'ont pas d'autres buts que de rendre possible le cri de coeur du poète désabusé, le cri de protestation d'un esprit déçu. Derrière les signes et les codes se dessine un univers à déchiffrer, à débrouiller en vue d'accéder à la substance. Betié-Son-nan ! est un livre engagé, et le poète l'assume entièrement. l'engagement ici est à la fois politique, social que culturel. Cet ouvrage est une invite à l'Afrique à s'aimer, à travailler, à rechercher le beau et le bien. C'est à cette condition qu'elle retrouvera l'âge d'or perdu." Extrait de la préface de Etty Macaire.

01/2020

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Droit

Les transferts d'entreprises. Etude de droit du travail belge et européen

"Protéger les travailleurs en cas de changement de chef d'entreprise en particulier pour assurer le maintien de leurs droits", faire en sorte que le transfert Soit neutre du point de vue des droits qu'ils tirent de leur contrat de travail et réduire les écarts en ce qui concerne la protection offerte aux travailleurs par les différents Etats membres en vue de favoriser le fonctionnement du marché intérieur, tels sont les objectifs de la directive européenne 2001/23/CE, conçue comme un instrument destiné a la fois a améliorer la condition des travailleurs et a réaliser le marché intérieur en rapprochant les charges qu'entraînent ces règles de protection pour les entreprises de l'union. Hormis dans le cas de la faillite, dont il ne sera pas question dans cet ouvrage sinon de manière très sommaire, les aspects sociaux d'un transfert d'entreprise obéissent a l'un ou l'autre des deux régimes que connaît le droit belge. Le premier, destiné a transposer la directive 2001/23/CE, concerne le transfert dit conventionnel et est inscrit dans la convention collective de travail n° 32 bis du 17 juin 1985. Le second résulte d'une combinaison du Code de droit économique et de la convention collective n° 102 du 5 octobre 2011, qui offre, aux entrepreneurs aux abois, une voie de sauvetage de leur entreprise appelée transfert sous autorité de justice. Les conséquences sociales de celui-ci sont. selon le voeu explicite du législateur, exclues du champ de la convention n° 32bis. Nettement moins protectrice que sa cousine 32 bis, la convention collective n°102 s'inspire partiellement de celle-ci mais s'en écarte sur divers points et met en péril le respect, par la Belgique, de ses engagements internationaux. C'est à ces deux régimes juridiques qu'est consacrée cette étude ; ils illustrent les liens tendus qu'entretient le droit de l'entreprise en difficulté avec le droit du travail et reflètent le point actuel du rapport de force entre le monde économique et les syndicats. Ces régimes sont étudiés au regard des exigences du droit européen, avec une attention soutenue pour la jurisprudence foisonnante de la Cour de justice de l'union européenne qui façonne l'interprétation, par le juge belge, des dispositifs nationaux.

10/2019

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Beaux arts

Thomas Lanfranchi. Edition bilingue français-anglais

Thomas Lanfranchi est l'un de ces artistes rares dont on guette avec un intérêt toujours renouvelé la moindre manifestation. Avec la même opiniâtreté qu'y mettrait un savant, il mène depuis des années une même recherche, en marge des grands circuits spectaculaires, quelque part aux confins - et au point instable, sinon même improbable où ils se croisent - de la sculpture, de la performance et du dessin. Partons de la première : Thomas Lanfranchi réalise de grandes formes géométriques. Nul marbre ici cependant, ni rien qui s'en approche. Il prend au rebours les fantasmes de pérennité, de solidité, de masse qui hantent encore souvent la sculpture. Ces formes, en effet, il les fabrique à partir de sacs plastiques, aux couleurs que lui propose l'industrie. Le geste du sculpteur, chez lui, n'est plus que dans la découpe et que dans l'assemblage, à l'aide d'un ruban adhésif, de cette pauvre et fragile membrane. Il appelle pour qu'elle se réalise l'apport d'un élément autre : le vent. Il faut que cela gonfle et s'envole. Et c'est toujours une aventure de voir ses formes s'élever et se découper sur le paysage, à peine retenues à terre par quelques fils. Parfois cela tient - fût-ce pour ce temps par définition court que dure l'évènement -, parfois cela craque d'emblée. L'artiste a beau déployer de patients calculs pour réaliser ses pièces, elles doivent toujours faire face, en situation, aux aléas des forces naturelles. En même temps qu'elle s'encanaille ainsi avec la performance, la sculpture, réduite à cette membrane, engage aussi chez Thomas Lanfranchi un rapport essentiel au dessin : pour déployer qu'il soit dans l'espace et quand bien même il est de plastique, c'est bien un trait, en effet, qui fait pièces. Et c'est par là que ce premier aspect de l'oeuvre - la sculpture pour le redire vite et employer ce qu'on vient de voir n'être qu'une facilité de langage - en rejoint un second : une pratique plus classique du dessin. Plus classique, au double sens où elle se fait sur le papier et où elle accompagne, celle-là, l'artiste tous les jours. Y défilent des animaux, des personnages, découpés - point de hasard - dans les mêmes sacs plastiques, que reprend et complète le crayon.

01/2021

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Critique littéraire

Martial

Quoi de neuf à la fin du Ier siècle à Rome ? Martial. Curieux : un poète auquel personne ne croyait, sauf lui. Dont personne d'ailleurs n'a parlé à l'époque, sauf Pline. Et qui, miraculeusement, a traversé les siècles. Parce qu'il était obscène (lascivus) et que les moines copistes raffolaient de ce genre de chose ? Pas seulement. Pourquoi ce poète mineur, venu d'Espagne (près de Calatayud, en Aragon), en 64, à vingt-quatre ans, est-il devenu un mythe, un peu comme Pétrone et son Satiricon ? Voilà le mystère. D'abord, l'épigramme latine lui doit tout. Il est le plus grand épigrammatiste romain, et l'épigramme est un genre très moderne. Le goût de la vacherie, de l'exécution en trois mots, comme Truman Capote, on adore ça. Martial est aussi le chroniqueur de Rome (son " publiciste ", pourrait-on dire). Le bruit infernal, les lumières de la Ville, le luxe des grandes domus (sur l'Aventin ou le Janicule), les caves sordides des prostituées (fornices), les tripots clandestins (popinae). Le Prince ? Un tyran. Il s'appelle Domitien. A régné quinze ans (8196). Les quinze ans (grosso modo) où Martial a publié. Et publié des épigrammes. Très dangereux, tout ça. Comment faire, sinon en flattait ? La flatterie, pour Martial, est une ruse. Sa prudentia à lui. Des gens comme Tacite ou Pline le Jeune, des professeurs de morale, feront toute leur carrière politique sous Domitien, mais ne diront rien. Dans cette société de rapaces, Martial fait servir ses courtes poésies (environ 1500) à ses nécessités personnelles : flatter, complimenter, demander, râler, rire, se venger, etc. Bref, il fait de la poésie (comme disait Lautréamont) une " vérité pratique ". Il pose aussi des questions très actuelles : comment peut-on être bisexuel, s'arranger des pueri (quinze, seize ans) et des puellae ? Peut-il y avoir une écriture du plaisir ? Un bon écrivain est-il un écrivain mort ? Martial restera trente-quatre ans à Rome. Puis rentrera en Espagne, après l'assassinat de Domitien. Presque un exil. Il mourra d'ennui. Etait trop lié à la Ville, à son temps, à l'oreille de Rome. Avec on ne sait quoi de mélancolique qui est, paraît-il, le propre du tempérament espagnol. Et on ne sait quoi de libertin qui le fait ressembler au Neveu de Rameau. Décidément, un auteur d'aujourd'hui.

03/2003

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Critique littéraire

Les franco-maghrébines. Autres voix/écritures autres

Qu'en est-il de la littérature "beur" au féminin ? Ce précédent volume consacré aux écrivaines de la deuxième et troisième génération venues du Maghreb qui s'était emparée du verlan pour revendiquer une origine arabe vue au miroir de la France des années quatre-vingts trouve ici un prolongement. En effet, le présent ouvrage aborde les écrits d'une génération en marche vers une troisième voie, celle des Franco-Maghrébines, ne reniant ni leur origine du nord de l'Afrique ni leur nationalité et leur vie françaises. Dès lors, la problématique posée par leurs oeuvres s'avère différente de leurs aînées "beurettes" car il s'agit de dire en quoi t comment elles se sentent à la fois totalement françaises mais aussi héritières d'une culture qu'elles souhaitent conserver comme une preuve de la richesse de leur identité. Ce volume n'a d'autre ambition que d'en définir à travers vingt-huit textes les perspectives, les démarches, tout comme les aléas et parfois les découragements, au sein d'une France de plus en plus frileuse quant au regard porté sur les cultures multiples qui fleurissent sur son territoire. L'expression de ce nouveau métissage, consenti, revendiqué et le plus souvent riche d'apports dans la littérature contemporaine trouve dans ces pages une représentation variée tant sur le plan artistique que sur celui de l'expression humaine d'une condition dont on souhaite qu'elle ne soit plus l'objet d'une catégorie spécifique de la littérature, mais bien un apport riche et varié aux écrits contemporains. L'objectif principal de l'ouvrage est de tenter aussi de pallier un manque grâce aux différentes contributions dans son projet de présenter différentes écrivaines franco-Maghrébines telles que Rénia Aouadène, Sabrina Bakir, Rachida Bali, Lamia Berrada-Berca, Nadia Berquet, Nadia Bouzid, Nora Chaouche, Amale El Atrassi, Sarah Frikh, Fatna Gourari, Sihem Habchi, Nora Hamdi, Nadia Lakehal, Noreil, pour ne citer que celles-ci, afin de prouver l'évolution de ce fait littéraire. Encore faudrait-il que la diversité de leur écriture, la richesse de leurs expériences, les différenrs styles qu'elles proposent et leurs innovations formelles soient pris en compte littérairement et institutionnellement. Sinon, ces autres voix, comme d'autres d'ailleurs auront été que des écritures autres vides sans échos.

11/2014

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Revues

Europe N° 1115, mars 2022 : Georges Séféris, Gilles Ortlieb

Dans la proximité physique comme dans l'exil, Georges Séféris (1900-1971) partagea toute sa vie les nombreuses épreuves qui, au cours du XXe siècle, furent imposées au peuple grec. Chez ce natif de Smyrne, sur la côte orientale de la mer Egée, la gravité de ton et de registre poétique a été déterminée par l'expérience précoce du déracinement, à l'occasion de la "Grande Catastrophe" des années 20, qui fit des milliers de victimes en Asie Mineure et provoqua l'afflux en Grèce de plus d'un million de réfugiés. Poète, diariste, épistolier, romancier, essayiste, traducteur, Séféris a expérimenté ces différentes possibilités d'écriture qui tendent toutes à conférer à l'homme un temps et un espace habitables. "Maître en art et en droiture de vie", il considéra qu'il était de son devoir de dénoncer les abus du pouvoir et notamment la dictature des colonels. Prix Nobel de littérature en 1963, cet admirable poète apparaît comme le héraut d'un style fragmentaire construit sur l'éphémère, mais qui fascine par les profondeurs sur lesquelles il ouvre. Son oeuvre, enracinée dans le passé et le présent de la Grèce et de l'hellénisme, ne s'en adresse pas moins à tous, portée, comme l'écrivait Gaëtan Picon, par "une langue si simple, proche du langage de tous les jours, de l'oraison du matin et du soir, mais toujours consacrée par la solennité poétique". Forte déjà d'une trentaine de livres, l'oeuvre de Gilles Ortlieb est celle d'un écrivain tour à tour flâneur, fantôme, voyageur sans bagages, aventurier de la lenteur, archéologue des friches et des jachères, scribe de l'effacement, géographe de filme du monde, veilleur et éveilleur, dont le langage, soumis au réel, évolue entre le souci d'harmonie et la réceptivité aux surprises. Voir et nommer, pour Gilles Ortlieb, c'est une manière de sauver ce qui reste de paysages à l'abandon d'écrivains et de peintres aux traces effacées parle temps. Le cahier que nous lui consacrons tente de suivre les variations et la basse continue d'une écriture qui emprunte volontiers des chemins de traverse et se sert des mots "moins pour dévoiler leur sens immédiat que pour les contraindre à livrer ce que cache leur silence".

03/2022

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Droit

Droit nucléaire. La santé environnementale

Santé, environnement, sont deux termes qui nous sont familiers et que nous utilisons, sinon quotidiennement, tout au moins régulièrement, sans nous interroger véritablement sur ce qu'ils signifient l'un et l'autre. Or cette signification ne s'impose pas d'emblée, des sens différents sont proposés. De ce fait, la liaison de ces deux termes est source de difficultés : qu'est-ce que la santé environnementale, pourquoi utiliser cette expression ? Si l'on ajoute un troisième terme, celui de nucléaire, on ne peut que multiplier les interrogations, redoubler les problèmes. La santé est devenue une préoccupation essentielle dans le monde contemporain. Ce ne fut pas toujours le cas : pendant des millénaires le souci principal a été de survivre, et de se perpétuer. On ne peut parler de santé que dans la mesure, d'une part, où l'on dispose d'un certain recul, donc d'une certaine capacité de la penser, d'autre part, où les connaissances et les techniques permettent de réparer les dommages de santé, de redonner la santé, voire de l'améliorer. Pour nos prédécesseurs, la notion de santé environnementale n'aurait rien signifié, la notion d'environnement n'entrait pas dans la réflexion, encore moins les programmes d'action. Nous avons pris conscience de cet environnement, de sa fragilité, de sa vulnérabilité, même si la notion d'environnement demeure un objet de débats. Le nucléaire, en tant qu'objet de connaissances mais surtout en tant que source d'énergie, n'est guère plus ancien que la santé environnementale. Fantasmes, peurs et passions se conjuguent lorsqu'il s'agit de nucléaire. Le nucléaire fut d'abord, et demeure, une arme dont l'utilisation historique pour tuer des êtres humains demeure ancrée dans la mémoire collective. En tant que source d'énergie, le nucléaire comporte des risques, risques pour l'homme et risque pour l'environnement. Les accidents nucléaires qui ont eu lieu ont marqué durablement l'environnement. Il faut réparer l'environnement comme il faut réparer les êtres humains. L'environnement est abîmé par bien d'autres facteurs que le nucléaire (les déchets, notamment les plastiques, sont une source de préoccupations majeure), mais celui-ci présente des spécificités quant aux dommages qui peuvent être causés à l'environnement. Les contributions du présent ouvrage tentent d'apporter quelques éléments de réponse à tous ces questionnements.

09/2019

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Histoire du droit

Louise Michel & le(s) droit(s)

Louise MICHEL (1830-1905) est l'une des plus célèbres femmes politiques françaises et le COLLECTIF L'UNITE DU DROIT a décidé - en un quadriptyque d'études - de confronter les pensées de quatre hommes et femmes politiques (Jean JAURES, Louise MICHEL, Charles MAURRAS & Charles PEGUY) à l'analyse "en Droit" de juristes. L'idée générale des présentes contributions est donc de faire ressortir dans les écrits de Louise MICHEL des thèmes qui nous ont semblé opportuns en matière de droit(s), de libertés et surtout d'Egalité et ce, à partir de ses ouvrages mais également de ses discours et de ses Mémoires. La femme et sa doctrine ont effectivement beaucoup fait l'objet d'études historiques, littéraires, philosophiques et même sociologiques mais très peu "en Droit" justifiant ainsi la présente démarche. Concrètement, l'opus confronte d'abord la pensée de MICHEL à travers les notions juridiques d'Egalité et de libertés à l'existence d'un droit à la révolte, à la religion ainsi qu'à la Justice. Par suite, au prisme de la citoyenneté et de la fraternité, les écrits de la Vierge rouge sont analysés au regard de sa présentation et de ses conceptions des femmes, ses "soeurs" , ainsi que des "étrangers" . Enfin, la doctrine michelienne est également présentée s'agissant des concepts même d'Etat et de Constitution au coeur de la Commune de Paris. Les lectrices et lecteurs seront alors peut-être surpris de découvrir une Louise MICHEL parfois conforme au véritable "mythe" qui s'est construit la concernant (par exemple quand elle fustige la peine de mort et dénonce de nombreuses injustices) mais aussi parfois étonnante sinon décevante (singulièrement quand elle use des raccourcis antisémites et xénophobes de son Temps voire quand elle se complaît dans un confort finalement plus bourgeois que révolutionnaire) ! Le présent ouvrage, issu des actes de l'atelier autogéré de Marseille en date du 29 mai 2021 matérialisé le jour même du 121e anniversaire de naissance de Louise MICHEL, a été réalisé grâce au soutien du Centre de recherche en droit Antoine FAVRE de l'Université Savoie-Mont-Blanc et du Centre de Droit de la Santé de l'UMR ADES (Université Aix-Marseille) ainsi que du COLLECTIF L'UNITE DU DROIT. La gravure sur bois qui orne la première de couverture du livre est l'oeuvre de M. Matthieu ROUSSEL.

07/2023

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Prière et spiritualité

Peut-on gagner sa vie sans perdre son âme ? La doctrine sociale de l'Eglise comme chemin de sainteté

Est-il légitime de vouloir réussir sa vie ? Est-il moral de gagner de l'argent, de réussir dans son activité professionnelle ? Sinon, quel serait le chemin qui satisferait ce qu'il est convenu de reconnaître dans l'enseignement moral ? On se trouve immédiatement confronté à une véritable problématique de société. Telle qu'elle est posée, cette question comporte une part d'ironie, voire de provocation. Elle s'articule autour du précepte évangélique : "Qui voudra sauver sa vie la perdra" (Mc 8, 35 ; Mt 16, 25). Pourtant, une telle question a toute sa pertinence si l'on distingue bien les plans ; de quoi parle-t-on en posant cette question et que nous dit l'Evangile ? La parole de Jésus doit être resituée dans son contexte : le sermon sur la montagne. Jésus y donne une charte de vie en vue du Royaume qui vient. Cet enseignement signifie que la logique purement matérialiste ne conduit pas au salut, tandis que la recherche du Royaume, qui consiste à perdre sa vie pour le Christ, est paradoxalement chemin de vie. Mais le Christ ne nous invite pas à nous croiser les bras ou à nous tourner les pouces, comme si la voie du far niente était recommandée. Au contraire, il s'agit de se retrousser les manches ; c'est ce qui ressort de la parabole des talents, ou des injonctions de saint Paul aux Thessaloniciens[. Ce qui ressort de l'Evangile, c'est qu'il existe différentes manières de gagner sa vie et que ces différents chemins engagent le salut, engagent notre relation à Dieu. "Tu n'es pas loin du Royaume de Dieu" dit un jour Jésus à un scribe. Ce dernier avait reconnu dans les commandements de l'amour de Dieu et du prochain des principes de plus grande valeur que l'offrande d'holocaustes et de sacrifices (Mc 12, 34). On comprend que la manière de vivre et d'exercer une activité professionnelle peut être chemin de salut, chemin de perfection, de sainteté. Ainsi donc, on pourrait comprendre la question du rapport entre réussite et salut selon un mode inversé : je ne serai pas sauvé "malgré" mon labeur professionnel, malgré ma persévérance et peut être les succès que ce labeur induit, mais grâce à tout cela.

06/2023

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Théorie, doctrine économique

Les sciences économiques du futur

L'ouvrage commence par décrypter les théories et les modèles économiques avant l'apparition des défis les plus urgents de l'humanité : le réchauffement climatique, la surpopulation, les pandémies, la destruction des écosystèmes et les conflits interminables entre nations. Auparavant, malgré les crises économiques de plus en plus rapprochées et sévères, les sciences économiques semblaient minimiser les conséquences dramatiques des menaces objets de ses analyses comme l'inflation, le chômage, les déséquilibres budgétaires et ceux de la balance des paiements. A partir du début du XIXe siècle, l'économie avait permis à l'humanité de créer les conditions d'une croissance et d'une amélioration du niveau de vie sans précédent dans l'histoire, malgré quelques déceptions dans la distribution des richesses entre nations. Mais les nouvelles menaces ne peuvent plus être maîtrisées avec les anciens paradigmes. Il nous faut repenser les théories et les modèles économiques de sorte à leur permettre de participer efficacement à circonscrire les terribles menaces qui se profilent à l'horizon lointain. L'ouvrage suggère des pistes de réflexions et d'actions en vue de construire les concepts et les schémas dont nous avons besoin pour agir avec vision et raison. Sinon, les périls naturels et créés par les activités économiques deviendront un processus ravageur et irréversible. Nous n'avons que quelques petites années pour adapter nos comportements et nos concepts d'analyses. Abdelhak Lamiri est né à Azzaba en Algérie. Il possède un MBA et un PH. D de l'université de Claremont en Californie en Finance en plus d'études et de recherches postdoctorales au LEREP (Laboratoire de recherche en Economie de la Production) à Toulouse. Il a publié cinq ouvrages et de nombreux articles. Il a aussi occupé de nombreuses fonctions ministérielles et managériales en Algérie. Mais il s'est surtout focalisé sur les activités académiques. Ses principaux axes de recherches concernent l'interaction entre le management des entreprises et les performances macroéconomiques des pays. Sa longue expérience nationale et internationale lui a permis d'intégrer l'approche de nombreuses disciplines dans la résolution de problèmes concrets. Actuellement, il est membre fondateur, directeur général et chargé de la recherche à l'institut international de management INSIM SUP (établissement privé de formation supérieure agréé par le ministère de l'enseignement supérieur).

05/2023

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Histoire de France

Etre Juif. A Lyon et ses alentours (1940-1944)

Je pensais avoir fait le tour sur la réalité de la "question juive" en France pendant les années de notre déshonneur ; mais je dois l'avouer avec humilité et même honte que l'ouvrage Etre Juif... m'apporte un flagrant et frappant démenti. Sylvie Altar met à nue la réalité de notre mémoire trop souvent tue. Si nous pensions et affirmions que le grand public avait une connaissance peu pertinente et relative sur la persécution juive en ces années 1940-1944, avec la parution de Etre Juif.., cela ne peut plus être vrai. Cet oeuvre devient incontournable sur la connaissance des mécanismes de la Shoah. Comme l'écrit Serge Klarsfeld : On est en présence d'une grande fresque [...]. Et poursuit dans sa préface : C'est un récit passionnant [... ] une histoire qui se lit comme un roman. Si les faits se déroulent dans la n Capitale de la Résistance" et ses alentours, l'esprit dans sa réalité historique générale est de tout notre territoire, de cette science incomparable des faits, de cette horreur mis à crue, de toutes ces choses qui font oeuvre d'histoire. Nous avons, grâce à l'auteure, au travers du microcosme lyonnais, un lieu, un laboratoire où tout chercheur ou tout un chacun de nous peut apprendre, comprendre, reconstituer, analyser le vécu de celui désigné "Juif", et s'imprégner de l'ambiance, saisir les comportements des victimes et des bourreaux. Comme le constate Laurent Douzou : Cet ouvrage est à marquer d'une pierre blanche [...]. Dans ces pages est inscrite l'histoire de ces femmes, de ces vieillards, de ces enfants, de ces hommes qui étaient dénoncés et recherchés pour "Etre Juif". Ces persécutés — pour nombres futurs assassinés —, par leurs parcours personnalisés, leur résistance, leur diversité sociale ou religieuse, ici leur est donné enfin une humanité, sinon une vie d'humains, des êtres simplement et terriblement restés debout. Car même menacés, traqués, bafoués, outragés, méprisés... les Juifs tenteront de garder le contrôle de leur vie, de leur résistance, de leur désobéissance à un Etat scélérat, et sauvegarder une dignité face à l'imposture. Dans sa postface le Grand Rabbin de France Haïm Korsia avisera : Ce livre s'appuie sur un matériau humain, une densité des émotions, des sentiments et des valeurs qui ne laissent pas indifférent [...]. Dans ma volonté de vous faire partager cette découverte, je reprendrai à mon compte ces mots de Serge Klarsfeld : Ce livre est irremplaçable [...]. Michel Reynaud

10/2019