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Actualité et médias

Cinq ans avec Mandela

Ce livre raconte une double histoire d’amour. L’amour d’une femme pour un pays aux antipodes du sien : l’Afrique du Sud. L’amour d’un homme pour ce pays, le sien, dont il a été dépossédé. Cet homme a soixante et onze ans quand elle le rencontre. Il est grand, beau, élégant. Il a l’air d’un prince. Il sort de prison. Et la police le tient à l’oeil. Il s’appelle Nelson Mandela. Entre la nouvelle ambassadrice de France Joëlle Bourgois, première femme du corps diplomatique français à cette époque, et ce leader charismatique, qui veut rendre à son peuple, comme il le dit, ce dont l’Histoire l’a privé, se noue d’emblée une relation de confiance forte et inédite. A ses côtés, Joëlle Bourgois devient l’observatrice fervente et passionnée d’un pays qui tente de sortir de l’apartheid. Soucieux d’éviter un bain de sang, Mandela a mis son crédit dans la balance en négociant avec les oppresseurs malgré le désaccord de certains de ses proches, dont sa femme Winnie. Il a perdu son amour, mais soutient son épouse quand elle est poursuivie pour meurtre. Rien n’arrête Mandela, lequel, de déception en catastrophe, de soupçon en drame, garde l’oeil rivé sur l’horizon qu’il a découvert en prison : faire en sorte que les peuples désunis de ce pays y vivent ensemble et sur un pied d’égalité. De temps à autre, Mandela s’accorde un répit dans le petit jardin de sa maison à Johannesburg. Assise à ses côtés, Joëlle Bourgois rit de ses plaisanteries, l’écoute parler de ses petits-enfants, des adversaires à séduire ou à réduire. Dans le même temps, elle s’efforce de mieux faire comprendre ce qui se passe dans le pays aux visiteurs de France. Ils défilent de plus en plus nombreux : DSK, Fabius, Balladur, Juppé et tant d’autres… Enfin, le miracle a lieu, le 26 avril 1994, et la première visite d’Etat dans la nouvelle Afrique du Sud est celle de François Mitterrand dont Mandela n’a pas oublié la fidélité à son égard. Quand, en 1995, elle quitte ce pays où elle a gagné l’amitié de beaucoup d’écrivains, d’André Brink et Nadine Gordimer à J M Coetzee, Joëlle Bourgois sait que cette expérience et sa rencontre avec Mandela ont changé sa propre vie. Ecrit avec beaucoup de sensibilité, de finesse et de poésie, son livre n’a rien à voir avec le récit classique d’un ambassadeur de retour de mission. C’est un témoignage extrêmement vivant, souvent poignant, sur un des grands hommes de l’histoire contemporaine et son aventure politique hors du commun.

04/2011

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Poches Littérature internation

Nouvelles et théâtre

Les neuf nouvelles qui figurent en ouverture de cet ouvrage ont été publiées après la mort de Jane Bowles. Ils faisaient partie des carnets dans lesquels elle avait pris des notes pour un roman inachevé ainsi que son roman paru sous le titre Deux dames sérieuses (qui, à l’origine, s’appelait Trois dames sérieuses mais coupé sur les conseils de son mari). Paul Bowles, malgré ses premières réticences, approuva la publication de ces inédits posthumes. « On y retrouve toutes les obsessions de Jane Bowles, la prise en compte des maladies nerveuses, de la dépression, des crises, des sautes d’humeur, des inquiétudes, des angoisses, des envies de solitude, des réactions imprévisibles et impossibles à maîtriser, et derrière, toujours, l’ombre de la folie et de la souffrance. On y trouve ce besoin de relatons avec les autres, quitte à aller trop loin, à se blesser, à heurter. La honte, la colère, qui s’oublient en un rien de temps pour laisser la place à l’ennui, un ennui tel que certaines femmes semblent devenir totalement imperméables quand d’autres semblent perpétuellement sur le point de se briser. Alors les personnages s’interrogent sur cette faculté que croient avoir certains de pouvoir changer pour se conformer à ce que l’on attend d’eux. Mais on y trouve souvent aussi de l’humour, de la cocasserie, de la drôlerie. Et quelques traits grinçant sur la mesquinerie, la méfiance à l’égard des étrangers ou des pauvres, forcément bizarres et un peu méprisables « Les Irlandais, les juifs ou les gens du cirque » et bien évidemment la bêtise ». (Martine Silber, Le Monde) Ces nouvelles sont suivies de Sa maison d’été, l’unique pièce de théâtre écrite par Janes Bowles. Nous sommes en Espagne, dans la maison de Gertrude qui y vit avec sa fille Molly. Cette dernière, qui voue à sa mère une dévotion excessive, est prise d’un accès de jalousie quand débarque la jeune Vivian; une pensionnaire. Molly n’aime pas non plus ce monsieur Solares qui tourne autour de sa mère et la demande sans cesse en mariage. Frustrée, la jeune fille trouve refuge dans une petite cabane du jardin appelée « Sa maison d’été ». Mais un jour, Vivian disparaît dans la mer. Suicide, meurtre ou accident ? Sa maison d’été s’organise autour de trois rapports mère/fille : Gertrude Eastman Cuevas et Molly, Madame Constable et Vivian, Madame Lopez et Frederica. Les deux principaux montrent, à l’opposé l’un de l’autre, le pouvoir destructeur du lien maternel et filial mal résolu, ans toute sa virtualité tragique et parfois ses effets comiques. Cette relation inégale entre deux femme, le plus souvent une mère et une fille, deux soeurs rivales, parois deux amies, hante toute l’oeuvre de Jane Bowles.

04/2011

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Romans policiers

Palais mental

Il y a une situation, celle de l'énigme policière traditionnelle, une pièce pourvue d'une porte et d'une fenêtre, un meurtre inexpliqué, et il y a les personnages qui sont les acteurs traditionnels de cette situation : un détective, qui ne porte pas de nom (sa fonction pourvoit à tout), son assistant, l'enthousiaste Silbano, et le brigadier Gutiérrez, qui reste à l'entrée afin que personne ne vienne perturber le travail des enquêteurs. Il y a également, bien entendu, le personnage principal (ou subsidiaire), un cadavre, la justification de toute l'affaire, et qui n'est peut-être pas aussi mort qu'on voudrait le croire (il se permet quelques clins d'oeil au détective, qui ne sait pas trop quoi en penser). Il y a aussi une série d'objets, ceux du détective, qui accompagnent sa fonction (une pipe, une loupe), et d'autres, contondants, qui pourraient être (il le faut bien) les armes du crime. Le décor est donc planté (avec, en point de fuite, à l'extérieur, la ville et la nuit, lourde comme un pesant rideau) et puisque nous assistons à une sorte de théâtre, autant respecter les trois règles classiques de l'unité de temps, de lieu et d'action. Mais l'enjeu ne sera pas de résoudre l'énigme. Whodunit n'est pas la question, même si les questions sont nombreuses, infinies, dans la tête du détective. La preuve, elles s'enchaînent à un rythme frénétique, qui est moins celui de la pensée elle-même - toujours tronquée - que celle de la perplexité, qui va en s'épaississant. Le mystère, lui, flotte, statique : il est le même du début à la fin. Il piétine. La question est d'explorer exhaustivement le palais mental du détective, plein de cul-de-sac. On observe le courant de conscience de notre fin limier en restant prudemment à la troisième personne. Une réponse en mène à une autre, qui mène à une nouvelle question ou à une nouvelle contradiction. Nous sommes au théâtre, mais peut-être aussi au concert : différence et répétition, leitmotiv et variation. Un continuum - un seul paragraphe - qui construit la tension et augmente peu à peu la cadence, comme ce courant d'air en provenance de l'unique fenêtre qui finit par se convertir en un tourbillon pour mieux secouer la pièce comme un shaker. La syntaxe, elle, reste impassible : la langue est transparente mais le sens, lui, se fait souvent la malle. Sa recherche incessante, la quête des indices qui en indiquerait l'apparition, est une poursuite de l'unité, une mystique du pauvre. A moins qu'il ne s'agisse simplement de trouver les images de la pensée ou de faire de la pensée un livre d'images. De visualiser la scène.

01/2023

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Suspense romantique

Quand tout le monde dort...

Quand il dort, Daniel est capable de commettre l'irréparable... sans s'en souvenir le lendemain. Alors, pour protéger les habitants de la ville, l'agent Joe Belman n'a plus qu'une possibilité : passer ses nuits avec le somnambule afin de le contrôler... Daniel Whitlock est terrifié à l'idée de dormir, et il a de quoi : il est somnambule et n'a aucun souvenir de ce qu'il fait quand il est inconscient. Comme d'avoir brûlé la maison de Kenny Cooper alors que le jeune homme était à l'intérieur, et ce après que celui-ci l'avait agressé à cause de son homosexualité. De retour dans la petite ville de Logan après avoir purgé sa peine de prison, Daniel s'isole dans une cabane au milieu d'une forêt et, la nuit, il s'enchaîne à son lit. Comme tout le reste de la ville, le policier Joe Belman ne croit pas un mot de la défense de Daniel. Pourtant, quand, en guise de représailles, quelqu'un essaie d'incendier sa cabane et que Bel sauve le jeune homme, il découvre que ce garçon n'est peut-être pas ce que tout le monde pense : un assassin, un menteur, un drogué, un monstre. Bel accepte de surveiller Daniel la nuit pour le bien de ses concitoyens. Daniel est fascinant, mais l'inspecteur ne veut pas s'engager sur ce chemin. Cependant, alors qu'il s'enfonce progressivement dans le monde obscur du jeune homme, Bel se rend compte qu'il aime être aux commandes. Quant à Daniel, se soumettre lui apporte une paix qu'il n'a jamais connue jusque-là. Malheureusement, les démons de Daniel refusent de le laisser tranquille et il va avoir besoin de l'aide de Bel pour les neutraliser une bonne fois pour toutes. Enfin, en admettant que Bel soit prêt à risquer de tout perdre pour le soutenir. #Somnambulisme #Meurtre #Policier #Traumatisme #LightBDSM #Enquête "Il s'agit d'une histoire intense et sombre, marquée par un sentiment de menace pendant la majeure partie du livre. [... ] J'ai été rapidement entraînée dans l'histoire, fascinée par la façon dont tout cela allait se terminer, et je le relirai probablement plus lentement un jour". - Kaje Harper, autrice de la série Se reconstruire "Ce livre n'est pas une simple lecture, c'est une expérience d'immersion totale dans les émotions. Deux des personnages les plus mémorables que j'aie jamais rencontrés". - Kazza(Goodreads) "Ce livre m'a vidé. Il est sombre, abrasif et très angoissant, mais il contient aussi une incroyable romance et des thèmes forts de rédemption et d'espoir". - Adam(Goodreads)

12/2022

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Romans policiers

Double assassinat dans la rue Morgue. Une nouvelle d'Edgar Allan Poe

Double Assassinat dans la rue Morgue met en scène le détective Dupin et l'un de ses amis, qui joue le rôle de narrateur. L'histoire se déroule à Paris, au xixe siècle. Cependant, la plupart des lieux cités dans la nouvelle, dont la rue Morgue, n'existent pas2. Le début de la nouvelle est une réflexion sur l'importance qu'on donne à l'analyse dans l'esprit humain. La suite est un exemple qui décrit l'incroyable capacité d'analyse de Dupin, qui devine à quoi pense son ami juste en observant ses mouvements en marchant dans la rue. Dupin et le narrateur apprennent alors qu'un meurtre déroute les policiers français : on a retrouvé les cadavres de deux femmes de la famille Lespanaye, une mère et sa fille, qui vivaient comme des vieilles filles dans un immeuble de la rue Morgue. Le corps de la fille, présentant des marques de strangulation, était violemment encastré dans le conduit de cheminée. Celui de la mère, la gorge tranchée net, a été trouvé à moitié décapité sur les pavés de la cour derrière l'immeuble. Or, il n'y a ni mobile pour le crime, ni même une explication plausible. Les fenêtres sont fermées et bloquées de l'intérieur et personne n'a pu s'enfuir par la porte puisque des gens, entendant les cris, s'y sont précipités. Tous les témoins (les voisins ayant entendu une partie de la scène) s'accordent à dire qu'il y avait deux voix, bien distinctes, dont une grave, parlant français. Cependant, personne ne peut s'accorder sur la deuxième qui paraît étrangère à tous les témoins. Ceux-ci sont pourtant de plusieurs nationalités. Dupin décide de résoudre l'affaire. Grâce à ses contacts dans la police, il peut fouiller le lieu du crime, et grâce aux indices, parvient à la conclusion sans que le lecteur ne le sache à ce moment-là. Avec le sens de la mise en scène qui lui est propre, Dupin décide de mettre une annonce dans le journal signalant qu'il a retrouvé... un orang-outan. Le soir même, un marin ayant signalé la disparition de son orang-outang vient le chercher chez Dupin. Ce dernier lui explique alors sa théorie. Confondu par les conclusions de Dupin, le maître avoue : son primate est effectivement le coupable, et la première voix entendue est la sienne (il l'avait poursuivi pour le rattraper et l'empêcher de faire une bêtise). La force du primate lui a permis de coincer le corps d'une victime dans le conduit de la cheminée, tête vers le bas, semble-t-il pour cacher sa faute ; la seconde personne ayant été poussée vers l'extérieur, où elle s'est désarticulée.

01/2023

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Littérature française

Vicki et Mr. Lang

1953, Hollywood. Fritz Lang tourne "Human Desire", un remake du film de Jean Renoir, "La Bête humaine", adapté du roman de Zola : un drame de la jalousie qui met en scène un triangle amoureux et le porte à la haine, à la violence et au meurtre. Vicki, une jeune femme mariée à Carl, un homme usé et violent, tente de convaincre Jeff, son amant, jeune cheminot de retour de la guerre de Corée, de l'aider à se débarrasser de son mari. Ce dernier la fait chanter après avoir assassiné un homme riche et influent dans les bras duquel il avait poussé son épouse pour conserver son emploi. Qui est Vicki Buckley ? Une femme fatale cynique, menteuse, perverse, usant de ses charmes pour manipuler les hommes et arriver à ses fins ? Ou bien une jeune femme victime d'une Amérique puritaine, de la violence et de la lâcheté des hommes, qui cherche désespérément à sauver sa peau ? La Bête, c'est elle, martèlent les producteurs. Mais pour Fritz Lang, le Mal est partout, pas seulement sur les épaules de Vicki. Excédé par la bêtise de l'idéologie hollywoodienne et ce qu'il voit comme un moralisme niais, il se bat pied à pied pour déjouer les injonctions des producteurs avec la seule arme qui lui reste⯠: la mise en scène. C'est la mise en scène qui montrera que Vicki n'est pas la garce que le scénario a fabriquée, mais une femme beaucoup plus complexe et riche de secrets. Portrait du vieux Lang en artiste Inspiré de faits réels, "Vicki et Mr. Lang" est un roman construit autour de la relation passionnelle qui unit Lang à son héroïne (le réalisateur n'est-il pas aussi secrètement amoureux de son actrice, Gloria Grahame ? ) : l'auteur réinvente des personnages authentiques (Fritz Lang, les acteurs du film) et fond la fiction dans la fiction, le film dans le tournage du film tel qu'il l'imagine. Entrecoupant le récit de "Human Desire" de scènes d'écriture du scénario, de scènes de tournage, d'autres encore où Lang s'interroge ou se remémore des tournages passés, le roman alterne les points de vue sur Vicki, celui du cinéaste, celui du narrateur, tous deux scrutant son âme, pour mieux la cerner et percer son mystère. Jean-Paul Engélibert imagine un Fritz Lang virtuose de la mise en scène, travailleur acharné, obsessionnel, mais aussi vieillissant (il a 63 ans), solitaire et désabusé, tyrannique sur le plateau : sa carrière américaine touche à sa fin et 3 ans plus tard, ne parvenant plus à tourner à Hollywood, il rentrera en Allemagne pour y faire ses 3 derniers films. Volontiers méditatif, regrettant peut-être sa jeunesse en Allemagne, il se retourne avec nostalgie sur un passé où il avait les coudées franches pour exercer son art.

10/2022

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Policiers

Mauvais sang ne saurait mentir

A l'été 1998, suite à une dispute avec sa femme, le journaliste et écrivain Walter Kirn cherche un moyen de quitter son domicile dans le Montana. Il a absolument besoin de se changer les idées, de prendre le large. Un seul problème : il est à court d'argent... Il parvient néanmoins à voyager tous frais payés jusqu'à New York en répondant à la petite annonce postée par un jeune banquier et collectionneur d'art new-yorkais qui cherche quelqu'un pour lui amener la chienne estropiée qu'il a adoptée sur Internet. C'est ainsi que l'auteur découvre l'univers singulier de Clark Rockefeller, privilégié excentrique qui sera pour finir démasqué comme imposteur en série, kidnappeur d'enfant et meurtrier. En tant que journaliste et écrivain, Walter Kirn est rapidement fasciné par ce personnage qu'il côtoiera pendant des années sans soupçonner le moins du monde son imposture. En 2008, Clark Rockefeller, divorcé depuis peu, enlève sa fille. S'ensuit une chasse à l'homme qui fera la Une de nombreux journaux. On découvre que ce nom n'est qu'une des nombreuses identités d'emprunt utilisées par celui qui se prénomme en réalité Ghristian Gerhartsreiter, ressortissant allemand arrivé aux Etats-Unis dans les années 80. En 1985, époque où il se faisait passer pour le baronnet anglais Christopher Chichester, Gerhartsreiter assassina et démembra un jeune Californien. Après quoi il s'installa dans le Connecticut, changea d'identité et devint un Américain modèle. Vivant grâce au salaire conséquent de sa nouvelle femme, il se fait passer tour à tour pour un producteur de télévision, un marchand d'art et un physicien. Arrêté, inculpé de meurtre, il est jugé en 2013 et condamné à la prison à perpétuité. Walter Kirn assiste à son procès. C'est pour lui l'occasion de s'interroger sur ce qui les a rapprochés, sur les mobiles de Rockefeller et enfin sur sa propre crédulité. Mêlant confession autobiographique, reportage de fait-divers et spéculation culturelle, Mauvais sang ne saurait mentir est un récit à la Dreiser sur la construction de soi, l'ascension sociale et l'arrogance intellectuelle, qui met à nu les strates de l'envie, de la corruption, de l'ambition et de la désillusion qui se cachent sous la figure du grand imposteur américain. Avec Blood Will Out, Walter Kirnplonge le lecteur dans une formidable histoire d'usurpation d'identité. Il analyse également les mécanismes de séduction entre un auteur et son sujet. Il donne également aux lecteurs un certain nombre de clés pour comprendre la société américaine des années 1980, époque à laquelle les immigrés de première génération qui s'installaient aux Etats-Unis pouvaient devenir aussitôt américains, sans attendre les générations suivantes.

01/2015

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Littérature sud-américaine

Trahisons de la mémoire

Trahisons de la mémoire est une sorte de suite ou de supplément à L'oubli que nous serons (Gallimard, 2010), dont les trois récits qui le composent sont étroitement liés aux circonstances de la mort du docteur Abad, le père de l'auteur, telle qu'elle nous est racontée par l'auteur dans son précédent livre. Le premier récit revient ainsi sur la polémique lancée par la fin de L'oubli que nous serons. Abad racontait avoir trouvé dans la poche de son père, le jour de l'assassinat, un poème inédit de Borges. Accusé d'avoir menti pour attirer l'attention, il mène une enquête minutieuse pour faire la lumière sur cette affaire littéraire. C'est ainsi que débute un long voyage qui le mène de Bogotá à Buenos Aires et de Buenos Aires à Paris, puis à Berlin, un voyage au cours duquel il rencontrera des éditeurs, des libraires, des bouquinistes, des critiques littéraires, des amis et des ennemis de Borges. Plusieurs versions du poème vont apparaître ici et là, des deux côtés de l'Atlantique - les récits sur sa genèse et sa diffusion vont bifurquer et se multiplier d'une manière vertigineuse - et les versions inédites vont souvent se confondre avec des apocryphes. L'investigation prend fin à Paris. Le poète français Jean-Dominique Rey apporte à Abad la preuve dont il avait besoin pour valider l'authenticité du poème et pour expliquer pourquoi il n'avait pas été inclus dans les oeuvres de l'Argentin. Mais au-delà de l'enquête, Héctor Abad livre une belle méditation sur l'oubli et la mémoire : " Je suis une tête en l'air, un distrait ", écrit-il, " mais je peux néanmoins dire que grâce à mon désir de ne pas oublier cette ombre, mon père, il m'est arrivé quelque chose d'extraordinaire : cet après-midi-là sa poitrine n'était protégée que par un fragile morceau de papier, un poème qui n'a pas empêché sa mort. Mais il est beau de penser que quelques lettres tachées par les dernières gouttes de sa vie aient sauvé un poème oublié de Borges sur l'oubli ". Les deux autres récits décrivent les premières années de l'exil d'Héctor Abad en Italie, après l'assassinat de son père. Rappelons qu'il a lui-même été menacé par les escadrons de la mort après le meurtre et qu'il a dû quitter la Colombie avec sa famille. Le dernier récit prolonge notamment cette mélancolie sous la forme d'une réflexion littéraire sur ce qu'il appelle les " ex futurs moi ", les chemins que l'on aurait pu prendre dans la vie mais également ceux que l'écrivain trace à travers ses personnages.

02/2016

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Policiers

Une enquête d'Emily Roy et Alexis Castells : Mör

Le nouveau roman de Johana Gustawsson va vous couper l'appétit " Une écrivaine audacieuse et bourrée de talent. " RJ Ellory Après Block 46, le duo d'enquêtrices Emily Roy (profileuse de renom) et Alexis Castells (écrivaine de true crime) revient pour une enquête terrifiante qui explore, cette fois encore, l'histoire et les liens familiaux. On retrouve, en Suède, un cadavre de femme amputé de plusieurs kilos de chair. Au même moment, à Londres, Emily Roy enquête sur une disparition inquiétante : une actrice célèbre a été enlevée, et ses chaussures abandonnées à proximité de son domicile, dans un sac plastique, avec une paire de chaussettes soigneusement pliées dedans. Ces deux crimes portent la signature de Richard Hemfield, le serial killer qui a tué l'ancien compagnon d'Alexis Castells. Hemfield est enfermé à vie à l'hôpital psychiatrique de haute sécurité de Broadmoor, pour le meurtre de six femmes, retrouvées, en l'espace de deux ans, assassinées et amputées de leurs seins, de leurs fesses, de leurs cuisses et de leurs hanches... Le problème, c'est que Richard Hemfield est en prison depuis dix ans. Comment expliquer que ses crimes recommencent ? Le nouveau roman de Johana Gustawsson plonge cette fois encore ses racines dans l'histoire : au coeur du Londres du XIXe siècle, dans les ruelles sillonnées par Jack L'Eventreur. Comme chez Camilla Läckberg, à qui on a plusieurs fois comparé Johana Gustawsson, l'évolution personnelle des personnages apporte toute sa profondeur au développement de la série. Mör est un roman d'une grande féminité, qui explore le désir, la fusion, la folie des liens familiaux. Familles dysfonctionnelles, heureuses ou mise en péril par les pulsions et la transmission, violente ou inconsciente, des perversions familiales. Chargés de résoudre de nouveaux crimes atroces, les équipes de recherche suédoise (Bergström, Olofsson, et deux nouveaux personnages féminins, Karla Hansen et Aliénor Lindbergh) et anglaise (Emily Roy, Alexis Castells et Jack Pearce), sentent résonner profondément, dans leur histoire personnelle, les événements auxquels ils sont confrontés. Pour Alexis Castells, Richard Hemfield fait violemment resurgir le passé et la mort de son compagnon : replonger dans les dossiers qui l'obsèdent depuis dix ans est peut-être, cette fois, la seule façon pour elle d'envisager l'avenir. Elle doit combattre ses fantômes et sa peine, achever son deuil, pour revenir à la vie aux côtés de Stellan, rencontré en Suède au cours du premier roman de la série. Emily Roy porte en elle la cicatrice jamais refermée de la mort de son enfant et de la mutilation qu'elle a subie à la fin de Block 46, quand Ebner lui a tranché le sein. Comme Block 46, Mör repose sur un twist majeur qu'il est impossible de révéler sans lui faire perdre toute sa saveur : Johana Gustawsson travaille, de façon documentée toujours, sur la manipulation de son lecteur, pour faire résonner la réalité de ce qui donne chair à la fiction.

10/2017

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Histoire de France

Les mémoires de la guerre 1914-1918 du poilu Georges Savy

Ces "mémoires" ne sont pas une simple évocation ou compilation de souvenirs. Il s'agit bien au contraire du récit autobiographique, méticuleux et précis, tant dans la chronologie que dans la localisation géographique, de ce que Georges Savy, Français de Belgique, rappelé le 3 août 1914, a vécu dans les tranchées de Meurthe et Moselle, à Verdun, dans le Soissonnais ou dans les hôpitaux, pendant toutes les années de guerre ; il participa même à quelques mois d'occupation en Allemagne jusqu'à sa démobilisation en 1919. Toute cette précision, il la doit aux notes qu'il prenait soigneusement dans des carnets qui ne le quittaient jamais. Au printemps 1916, lors d'une période plus calme, il achète un appareil photo, avec les cuvettes et le matériel nécessaire pour le développement. Pendant les périodes de repos, il prend des dizaines de clichés (il n'y a donc pas de photos de scènes de combat), qu'il développe sur place et dont il revend certains à ses camarades. Il les utilisera pour illustrer son récit. Georges a réalisé trois copies successives de ses "mémoires" : la première, écrite sur un papier gris, constitue une sorte de brouillon ; la deuxième, inachevée, est calligraphiée à la plume sur papier quadrillé ; ces deux copies se complètent : de la première ne subsistent que les pages qui n'ont pas été recopiées dans la deuxième ; la troisième version, complète, réalisée bien plus tard à l'âge de la retraite, est retranscrite dans un cahier quadrillé, format A4. Il n'y a pas de différence majeure entre le texte des trois versions. Le récit utilise à la fois le passé simple, l'imparfait, ou le présent ; nous l'avons laissé tel quel. Le texte est monolithique, sans aucune césure de la première à la dernière ligne ; pour en faciliter la lecture, les repères et étapes chronologiques ont été mis en exergue. Ces "mémoires" débutent "ex abrupto" le jour de sa mobilisation à Bruxelles et son départ pour la France. Le récit se termine de la même manière à sa démobilisation. Il nous a donc paru nécessaire de le faire précéder par un bref chapitre "Avant...", qui explique le contexte familial ainsi que les étapes de l'établissement en Belgique, et de le conclure par un autre texte "Après...", encore plus succinct. May Verdickt, A Bon papa, mon Grand-père...

10/2018

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Policiers

Hollywood Stars

?Charlie Rey, un jeune étudiant, va tenter de réussir l'impossible grâce à la rencontre de Sabrina Tores, une actrice de cinéma Hollywoodienne dont il a toujours été fanatique. Mais, Francesca Tores, sa soeur, ne l'entendra pas de cette oreille. Elle aussi est une star de la pornographie. Elle va vouloir mettre la main sur le jeune étudiant, lequel devra en découdre avec Maître Burnes, un avocat redoutable. Celui-ci partira avec l'argent mal acquis que devait remporter Charlie suite à une sélection "Inter Lottery" à Londres dont le directeur se nomme Peter Moore. Plus tard et voyant que Charlie lui oppose une vive résistance, Maître Burnes engagera John, un tueur à gage peu scrupuleux dans le but d'assassiner Charlie afin qu'il ne puisse réussir à s'emparer de cet argent promis par l'avocat. On peut donc le surnommer à juste titre "L'avocat du diable." La suite de Santa Monica, toujours aussi explosive avec le monde des stars, le monde richissime d'Hollywood avec toutes ses joies et ses peines. Cette suite révèle une nouvelle facette du monde de la jet set, strass et paillettes. Au mois d'Août à l'Ohio, une famille bourgeoise s'ennuie de la vie et décide d'y mettre fin en partant en croisière. Emma Jackson, femme au foyer, mais aussi la femme de Steven Peterson, un riche excentrique, se sauvera avec un homme après avoir eu une aventure avec lui sur un bateau, aventure qui ne fait d'ailleurs que commencer. Linda Tores et Franck Tores, les enfants respectifs de célébrités défunts, seront repêchés sur l'île damnée où il y a eu tant de meurtres orchestrés jadis par l'odieux Charlie Rey. Ils viendront en aide aux ados mais ne savent pas qui ils sont, ils ne savent pas comment ils ont survécus depuis tant d'années, ni comment ils ont bien pu échouer ici. Le retour à Santa Monica promet d'être bien rude et les ragots sont déjà de la partie. Un nouveau règne de terreur est sur le point de commencer. Les journaux, les médias, la presse, les paparazzis ne manqueront pas de se relancer dans de nouveaux coups bas et dans de nouvelles aventures pleines de rebondissements. Cinq, quatre, trois, deux, un, action !

09/2018

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Policiers

Négations Tome 2

Je vous revois toujours avec ce trouble si caractéristique qui vous rend encore plus désarmant. Qu'est-ce que vous étiez chou mon petit juge ! Rien que d'y penser, j'en suis encore toute chose ! Vous n'arrêtiez pas de me détailler sous toutes les coutures, de regarder mes hanches et mes jambes avec insistance, avec des yeux qui brillaient comme de véritables soucoupes ! Comme si vous aviez eu envie de moi et envie de me... Comme si... Non, mais arrêtez ! Vous vous trompez ! bredouilla un Prédaud moins sûr de lui qui perdait son calme. Qu'est-ce qui vous laisse supposer que... La jeune femme fit comme si elle n'avait pas entendu. Le magistrat semblait presque mûr et il ne manquait qu'une occasion pour le pousser dans ses derniers retranchements de vieux garçon complexé. Vous n'allez pas me dire que vous avez envie de moi tout de même ? protesta Irène comme si elle était vexée de pouvoir ainsi susciter un tel sentiment. Ca ne serait pas... Mais, enfin non... Qu'est-ce qui vous fait croire que... Que vous avez envie de moi ?... Vos yeux, quand ils croisent les miens mon petit juge !... Ils sortiraient même de leur orbite ! Et moi, quand un homme me regarde comme vous me regardez, c'est qu'il me désire. Et quand on me désire comme vous me désirez en ce moment, ça finit par me travailler énormément... A Bressoire, une préfecture comme il en existe quelques-unes, beaucoup coulaient jusqu'alors des jours heureux. Entre deux projets de spéculation immobilière, et une ou deux innovations ! Du moins jusqu'à l'automne dernier où la petite localité a subitement fait davantage parler d'elle. Grâce à une télé réalité, celle de la nouvelle ère et plus tristement aussi, à cause d'une série de meurtres longtemps inexpliqués... ! Ceux de notables dont les excentricités seraient presque passées inaperçues si elles n'avaient pas mis en lumière des agissements condamnables. A leurs côtés, la belle Irène, une jeune femme peu farouche qui n'a pas son pareil pour attirer l'attention. Encore moins celle du juge Prédaud, l'ancien franc maçon, un homme décidément bien complexe que certaines femmes parviennent à troubler. Un dénouement à la hauteur de ce qu'avait suggéré le premier tome d'un polar au terme duquel on pensait enfin avoir mis un terme aux tueries commises...

11/2015

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Histoire de France

L'affaire Chapelant, l'autre vérité

Qui n'a pas été marqué par le film de Stanley Kubrick "Les sentiers de la gloire" ou meurtri par la vision de ces poilus fusillés pour l'exemple. Le martyr dans cet ouvrage, c'est Jean-Julien Chapelant, originaire d'Ampuis (69), exécuté le 11 octobre 1914 au hameau des Loges à Beuvraignes près de Roye (80). L'auteur vous fait revivre les derniers moments de ce jeune lieutenant, le chaos de la France en septembre 1914, la retraite de milliers de fantassins humiliés par l'artillerie allemande dans l'Aisne et l'Oise... Après l'éphémère succès des français sur la Marne, les fleurons des régiments d'infanterie ont connu la déroute dans la Somme. L'Etat-Major dépassé cherchera des boucs émissaires comme Chapelant. A l'aube de son conseil de guerre spécial, les paroles du lieutenant-colonel Didier, réitérant ses menaces aux juges, sont claires : "Vous entendez Gaube, il faut me le fusiller". Les mitrailleuses de Chapelant ont enrayé l'offensive des Poméraniens sur Paris et de clouer au sol 450 Allemands, pourquoi le cacher ? Les pièces de ce dossier ont été falsifiées, les témoins à décharge écartés, les faits de gloire attribués à d'autres. Pour quelle raison a-t-il été exécuté en dépit d'aucun code de justice militaire ? Pourquoi l'avoir inhumé dans une fosse commune aux Loges puis exhumé, transféré en catimini dans un autre lieu connu ? Comment l'affaire Chapelant alimentera ce parjure et la camarilla anti-Joffre durant toute la Grande guerre ? Pourquoi Henri Guernut représentant la Ligue de Défense des Droits de l'Homme dut lutter dès 1919, contre les réseaux résurgents de l'Affaire Dreyfus ? Comment le Général de division Demange attéré, exigera de surseoir à l'exécution du blessé ligoté sur un brancard ? Un imbroglio auquel le chef de corps du 98e R.I répondit : trop tard ? Chapelant a été reconnu "mort pour la France" le 9 novembre 2012. Il est le seul Poilu à l'être ainsi depuis 1934, pourquoi ? Christian Rollat répond à toutes ces interrogations. La stèle légitimement élevée pour Chapelant en 2014, sur le lieu de son exécution en présence des autorités nationales de l'Etat et de la région Picarde ne soulève aucune contestation. Nul ne s'oppose désormais à lever sa condamnation. Puisse ce livre y contribuer et engendrer d'autres reconnaissances.

10/2015

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Poésie

Le Printemps et le reste

Au début des années 1920, le monde se remet d'une guerre mondiale sanglante et d'une pandémie grippale encore plus meurtrière. Les milieux artistiques d'Europe et d'Amérique bouillonnent de créativité, explorent de nouvelles voies, discutent, échangent : les idées et les formes traversent régulièrement l'Atlantique. En 1922, Yeats obtient le Prix Nobel et Rilke publie les Elegies de Duino : la vieille poésie se porte bien. Mais c'est aussi l'année où Eliot fait paraître La Terre Vaine, ce sera une déflagration pour un médecin américain au mitan de sa vie, auteur de livres de poésie, il est aussi pédiatre et met les enfants au monde ; il s'appelle William Carlos Williams. Il répond à la charge poétique d'Eliot avec un livre fou, libre, inclassable : Le Printemps et le reste. Petit livre à la couverture bleue, imprimé à 300 exemplaires Dijon par l'imprimerie Darantière qui avait imprimé le Ulysse de Joyce quelques mois plus tôt. Aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poèmes du XXe siècle, Le Printemps et le reste est un véritable manifeste pour l'imagination - un livre hybride où alternent des sections de prose et de vers libres, qui apostrophe le futur, mais avec les pieds campés dans le ici et maintenant. Il cristallise en déclarations dramatiques, énergiques et magnifiquement cryptiques la façon dont le langage recrée le monde. La poésie est faite de mouvement pour Williams, il désarçonne le lecteur - le terrifie dira Robert Creeley -, déjoue ses attentes, multiplies les chausse-trappes, plante mille questions et s'esquive sans apporter de réponses. Cela ressemble à de l'improvisation, c'est débridé, fou, solaire. Multiple et furieux. Amusé et insensé. Naufrages, meurtres mondiaux, déferlements de couleurs, la voix s'arrête et repart, navigue entre les blancs et les lacunes, commence à l'impromptu comme au milieu d'une conversation et se tait brusquement. Williams croit en l'imagination, mais l'imagination chez lui ne tourne pas le dos à la vie. Il propulse la poésie américaine dans une tension vivante du présent, et la conduit à un carrefour. Le carrefour de la modernité dont Le Printemps est le reste est la boussole espiègle et détraquée. La nouvelle traduction de Valérie Rouzeau rend toute la vivacité de ce livre majeur de la poésie américaine.

06/2021

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Ethnologie et anthropologie

Mariage Traditionnel Kongo - Makuela -. Corps résistant du langage culturel bantu

Cette étude sur le Mariage Traditionnel Kongo - Makuela -, intervient dans un contexte de mondialisation qui tente de vouloir uniformiser les us et coutumes de toutes les sociétés. Malgré les injonctions portugaises depuis le 15ème siècle, l'esclavage puis la colonisation européenne qui ont longtemps meurtri la société Kongo, celle-ci a su préserver l'institution du mariage traditionnel (Makuela ou Makwela). Le makuela est un pacte communautaire qui crée une triple alliance : alliance entre deux personnes, alliance entre deux familles et alliance entre ces deux personnes et familles avec toute la communauté. Il concrétise l'élan vital, qui par l'acte de procréation renouvelle la vie dans la famille et le clan. Il pérennise ainsi le lien entre les vivants et les morts. Le makuela est une réalité merveilleuse et très précieuse du Bukongo, car la solitude (bukaka) de l'être humain est un mal social (nsongo), contraire à la sociologie africaine. Bole bantu, bukaka nsongo. Dans une première partie, Rescova présente le royaume Kongo avant l'intrusion portugaise de Soyo, jusqu'aux résistances qui ont jalonné son histoire, du 15ème au 20ème siècle (Nsaku Ne Vunda, Vita NKanga, Kimpa-Vita, Simon Kimbangu, Simao Ntoko, André Grenard Matsoua, etc.). C'est dans la seconde partie que Rescova aborde la réalité du mariage. C'est une étude assez dense qui présente entre autres les rites d'initiation, le choix du conjoint, la remise de la dot, les pourparlers, etc. L'auteur n'élude pas non plus les points obscurs de la vie conjugale. Enfin la troisième partie insiste sur la résistance du mariage traditionnel Kongo en tant qu'institution ayant survécu à l'influence européenne. Les rites du nganga ma sutu (circoncision) et du kikumbi sont des marqueurs culturels qui résistent. C'est le corps qui donne cette capacité de communion et d'interaction. C'est aussi le corps qui permet de résister. Ainsi, le rapport entre mariage et corps est indissociable chez les Kongo. Seule l'expression corporelle du mariage, avec toute sa symbolique, est capable de faire de la réalité humaine une poésie constante et pérenne, qui résiste encore aujourd'hui à sa propre histoire. Ce livre restitue de l'intérieur une réalité sociologique bantu, avec des apports nouveaux. Le makuela contemporain continue de s'adapter à la modernité tout en conservant sa substance fondatrice : une triple alliance, socle de l'équilibre communautaire.

12/2022

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Théâtre

Macbeth. Une pièce de théâtre de William Shakespeare

Macbeth, duc de Glamis, cousin et fidèle chef des armées de Duncan, roi d'Ecosse, s'illustre par son courage et sa persévérance, menant son armée à la victoire, dans une bataille qui oppose la Norvège à l'Ecosse. Sur le chemin du retour, il rencontre trois sorcières qui l'accueillent en lui donnant trois titres différents : le duc de Glamis, le duc de Cawdor, et le futur roi. Puis, sans donner plus d'explications, elles disparaissent. Peu de temps après, deux seigneurs envoyés par Duncan viennent annoncer à Macbeth que le Roi le nomme duc de Cawdor en guise de récompense. La question se pose : les prédictions des sorcières éveillentelles en Macbeth le désir de se faire couronner, ou participentelles de la fatalité qui le pousse inexorablement vers son Destin ? Toujours estil que Macbeth explique à son épouse cette rencontre, et que cette dernière le pousse illico à tuer Duncan en visite dans leur château. Macbeth devient Roi, après la fuite des enfants De Duncan. Débute alors un règne de peur, de terreur, de meurtres qui conduiront Macbeth à sa chute, à sa propre mort. Macbeth est une tragédie de William Shakespeare. Elle prend place dans l'Ecosse médiévale et retrace de manière très romancée le règne de Macbeth (1040-1057), en s'inspirant de près du récit qu'en fait Raphael Holinshed dans ses Chroniques, parues en 1587. Dévoré d'ambition, le général Macbeth commet le crime de régicide pour s'emparer du pouvoir, poussé par son épouse Lady Macbeth, mais la culpabilité et la paranoïa les font peu à peu sombrer dans la folie. La date de rédaction de Macbeth est inconnue, mais elle pourrait se situer entre 1599 et 1606 si l'on tente de la lire à la lumière des événements contemporains, en particulier l'avènement du roi écossais Jacques VI sur le trône d'Angleterre en 1603 et la Conspiration des Poudres en 1605. Elle est publiée pour la première fois dans le Premier Folio en 1623. Macbeth est la plus courte des tragédies de Shakespeare et l'une de ses plus populaires : de nombreux acteurs de renom ont interprété les rôles de Macbeth et Lady Macbeth, et ses adaptations dans d'autres médias sont nombreuses. Une superstition théâtrale veut qu'elle soit maudite et qu'il faille plutôt l'appeler "la pièce écossaise" que prononcer son nom sur scène.

02/2023

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Beaux arts

Miodrag Mica Popovic (1923-1996). Peindre à travers les mailles du rideau de fer

"Ce livre que Milica Zivadinovic consacre à l'oeuvre de Popovic est d'autant plus important qu'il révèle avec une singulière pertinence que cette "conscience européenne " n'a pas cessé, en dépit d'un rideau de fer qui l'a coupée en deux pendant près de cinquante ans, d'être une réalité pour des artistes comme Mica Popovic, pour lequel Paris aura été une étape décisive. Si l'on n'y prend garde, si l'on n'accorde pas toute l'attention qu'elle mérite à une oeuvre comme la sienne, l'histoire de l'art du XXe siècle continuera d'être hémiplégique, à tout le moins boiteuse et partielle... L'histoire de l'art, de la peinture, doit savoir se tenir à distance des injonctions de cette Histoire qui trace sur les cartes des frontières qu'elle efface bientôt... Au bout du compte - et je veux espérer que ceci n'est pas une illusion -, les pages de ce livre renouent à leur manière avec celles qu'écrivit Stefan Zweig en 1941, dans un temps où l'Europe était écrasée, meurtrie et avilie par la domination nazie, pages où il évoque les années d'avant la Première Guerre mondiale où "on apprenait soudain une nouvelle façon de voir (il vient de citer les impressionnistes et les pointillistes de Paris, Munch le Norvégien, Rops le Belge et leurs prédécesseurs méprisés, Grünewald, le Greco et Goya) et en même temps, en musique, grâce à Moussorgski, à Debussy, Strauss et Schoenberg, des rythmes et des timbres nouveaux ; le réalisme faisait irruption dans la littérature avec Zola, Strindberg et Hauptmann, le démonisme slave avec Dostoïevski, une sublimation et un raffinement du verbe poétique jusqu'alors inconnus avec Verlaine, Rimbaud, Mallarmé. Nietzsche révolutionnait la philosophie... " Ce sont toutes ces pages qui sont un hymne à la culture européenne qu'il faudrait citer. Notre mémoire, notre conscience de ce qu'a été et de ce que doit être la culture européenne, doit être au diapason de ce que Zweig a pu décrire, un temps d'échanges et de défis fertiles. C'est en dépit d'une histoire implacable de conflits politiques, guerriers et idéologiques, que s'est construite l'oeuvre de Mica Popovic. L'ceuvre d'un Serbe, d'un Yougoslave qui aura avant tout été un peintre européen". Pascal Bonafoux, extrait de la préface

06/2014

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Policiers

L'Evangile obscur

En l’an 28 de notre ère, Yeshuâ, fils de Yôsef et de Myriam, exerce le métier de charpentier dans le village de Nazareth. Ce soir-là, il s’endort dans l’atelier où il couche d’ordinaire. Au bout de quelque temps, il est réveillé par le contact d’une lame qui commence à lui entailler le front, à l’endroit où sa peau porte d’étranges cicatrices dont il ignore l’origine. Il ouvre les yeux et voit une forme voilée qui s’enfuit vers la maison familiale. Le père de Yeshuâ semble reconnaître l’assaillant mais il n’a pas le temps d’exprimer sa surprise : le spectre lui a plongé sa lame dans la poitrine et Yôsef rend le dernier soupir dans les bras de son fils.La même nuit à Sepphoris, grande ville située non loin de Nazareth, Imânouel, fils d’un riche Pharisien, regagne en titubant la demeure de son père après avoir fait la tournée des tavernes. Il sombre dans un lourd sommeil dont il n’émerge que sous l’effet du coup que vient de lui porter un individu dissimulé par un voile épais. L’agresseur l’a frappé au front avec une pierre, là où sa peau porte d’étranges cicatrices dont il ignore l’origine.Pour les deux jeunes gens, cette nuit marque le début d’une aventure hors du commun, qui va réunir leurs destins d’incroyable façon, éclaircir le mystère de leurs cicatrices et révéler le sens de leur vie.Partant du constat que Jésus (Yeshuâ) est sans doute l’inconnu le plus célèbre de l’Histoire, Jean-Marie Villemot revisite les Evangiles à la lumière de son imagination et propose des réponses à une énigme non résolue : Jésus n’a eu que deux ans de vie publique et l’on ignore presque tout des années « privées ».Etonnant mélange de récit au ton biblique et de roman d’aventures ponctué de meurtres, complots et trahisons, L’Evangile obscur pose aussi de manière poétique et ironique la question de la naissance et de la destinée. L’une des plus vieilles questions du polar.Passionné de jazz auquel il a consacré un guide, Jean-Marie Villemot est aussi l’auteur de la série Abel Brigand chez Rivages.

05/2010

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Beaux arts

Le château de Lunéville

L'histoire du château de Lunéville compose une vaste fresque, depuis les origines de la forteresse féodale jusqu'au chef-d'oeuvre de l'architecture classique, que nous admirons aujourd'hui. Au l des pages comme des siècles, l'ouvrage qui suit est une invitation à percer les secrets d'un édi ce qui a abrité tant de destins, des plus grands aux plus humbles. Le xviiie siècle prend à Lunéville son visage le plus attachant, majestueux et serein, à l'image des façades de Boffrand, où la grandeur sait toujours se faire aimable. Dès l'entrée, les ailes s'ouvrent vers la ville en signe de bienvenue. A l'intérieur, les gures des derniers ducs de Lorraine quittent leurs cadres d'or pour accueillir leurs hôtes. Elles nous invitent à voir derrière les fastes de la vie de cour ce qui dé nit son originalité parmi les satellites de Versailles, un ton de grâce débonnaire, le sentiment d'une nature toujours proche, qui dialogue avec l'architecture et fait le charme de ce palais aux champs. Les oeuvres acquises par le musée du château depuis l'incendie de 2003 confèrent à ce précieux héritage une valeur plus concrète, un supplément d'âme et d'humanité. Dans cette reconquête de la mémoire, le Département de Meurthe-et-Moselle a reçu et continue de recevoir de généreux soutiens, qu'il nous est agréable de remercier ici. La Ville de Lunéville ainsi que les services de l'Etat et de la Région Grand Est participent à cet effort, tout comme les donateurs privés et les partenaires associatifs, en particulier les Amis du château de Lunéville et de son musée ainsi que l'association Lunéville, château des Lumières. Palais phénix toujours debout malgré les assauts d'un sort contraire, Lunéville partage avec les eurons du patrimoine la faculté de forcer l'admiration et le respect pour l'oeuvre des siècles passés. Au-delà des pierres, ce legs s'exprime dans l'esprit singulier du lieu, qu'il nous revient de faire partager au plus grand nombre, dans un monument dédié au plaisir de la découverte autour d'une culture en partage. Voltaire, l'un de ses hôtes les plus célèbres, avait été conquis par l'endroit et lançait cet appel enthousiaste : " [...] partout des fêtes et de la liberté. " L'invitation tient toujours.

03/2019

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Esotérisme

Règlements de comptes à la Grande Loge

La franc-maçonnerie a toujours intrigué. Elle a été souvent décriée. Cette institution née à Londres en 1717 n'est ni une Eglise ni une secte, mais une assemblée philanthropique dont le but est de " faire d'hommes bien des hommes meilleurs ". Elle puise ses origines diverses dans les guildes compagnonniques médiévales comme au sein des ordres chevaleresques. Elle s'inspire aussi des sociétés initiatiques de l'Egypte et de la Grèce antiques. Elle accompagna l'éclosion du " Siècle des Lumières " et, parmi ses membres, figurèrent des hommes aussi célèbres que divers comme Montesquieu ou Mozart, le roi George VI ou Louis Armstrong, Winston Churchill ou Franklin Roosevelt, mais aussi bien des inconnus qui ont retrouvé là la chaleur de la fraternité des hommes prêchée dans les Evangiles. Ce roman est un " polar " dont l'action se déroule au sein d'une obédience maçonnique. Il n'a pas vocation de faire un quelconque procès à quiconque ; c'est le pamphlet ironique d'une situation possible pouvant survenir à tout moment dans une communauté humaine, avec ses faiblesses et ses forces. Hélas, il en est de la franc-maçonnerie comme de toute communauté d'hommes ; les idéaux servent parfois à dissimuler des dévoiements condamnables. Imaginons alors ici qu'un groupe organisé s'introduise dans une obédience maçonnique et en prenne le pouvoir, que deux meurtres rituels, soient commis à quelque temps de distance. Imaginons qu'un groupe d'hommes lucides entreprenne courageusement de relever le gant et règle les comptes au nom du respect de l'éthique et de l'ordre dévoyé. Matthieu Renard, journaliste d'enquête ; Bruno Margerie, avocat fiscaliste ; Loïc Le Dantec, vétéran de la D. G. S. E. et le commissaire divisionnaire George Noyer vont créer un groupe homogène qui mènera une longue enquête les conduisant jusque dans les bas-fonds de Marseille où sévissent des sbires au service de la mafia qui exécutent des " contrats " sur ordre. Leurs pas les conduiront aussi en Afrique où la franc-maçonnerie est souvent instrumentalisée au profit du pouvoir politique, et ses réseaux utilisés à des fins de blanchiment d'argent sale. Ils seront confrontés à certains hauts fonctionnaires vénaux fermant les yeux sur ces agissements délictueux sous couvert du secret d'Etat. L'enquête verra les coupables démasqués et condamnés, et révélera que bien des cercles d'initiés recèlent aussi de dangereux psychopathes mythomanes prêts aux pires imprudences.

06/2016

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Sciences politiques

L’ARTICLE ANTHROPOPHAGE/ De la dangerosité et des incohérences de l’article 35 de la constitution Iv

Il s'agit sans doute d'une des satires les plus constructives parmi les polémiques redondantes que soulève depuis bientôt seize années, l'article 35 de la constitution de la République de la Côte d'Ivoire. L'argumentaire développé, expose clairement les incohérences et la dangerosité dudit article, de même que son inadéquation avec les réalités et l'évolution progressiste des sociétés, voire de la vie.
Aussi, si les lois sont faites pour garantir les libertés individuelles et collectives des Hommes, de même que la paix entre concitoyens d'un même pays, le constat indubitablement exclusionniste, séparatiste, ségrégationniste, ethno-puriste, "anthropophagique" avéré de certaines d'entre elles - notamment notre constitution dans son article 35, devrait conduire à leur suppression. Surtout quand leur essence létale et fatale pour les états qu'elles régissent, n'est plus à démontrer.
L'auteur y voit à juste titre une oeuvre de "salubrité juridique" ; une oeuvre de salubrité sociopolitique ; une oeuvre de salubrité tout court. Les armes ne tonnent que si les lois sont partiales et mauvaises ! Ali Sy SAVANE invite donc à se débarrasser radicalement dudit article 35 qu'il assimile allégoriquement à un "monstre terrifiant et anthropophage" , car il nie la personnalité juridique de certains Ivoiriens qu'il est sensé défendre, les divise et "dévore" .
Cet article en sa formulation actuelle est une terrible menace et un cauchemar pour la paix, la fraternité et le progrès de la Côte d'Ivoire. Rébellion armée, Coup d'Etat, crimes d'Etat et meurtres de civils, crise postélectorale, guerre fratricide, autisme et cécité intellectuels, de même que fracture sociopolitique virulente, sont les canevas sombres de l'histoire de la Côte d'Ivoire, qui lui sont imputables ! Les cris, les pleurs, les souffrances d'un peuple ne sont audibles ou ne trouvent compassion ou écho à l'extérieure ni en son sein que par la sincérité de ses efforts à en prendre véritablement conscience, avec la ferme volonté d'en circonscrire les causes.
L'auteur s'y attèle intellectuellement, parce que la réconciliation, est certainement à ce prix ! Ecrivain engagé. il interpelle sans aucune ambigüité, le Président de la République, les Députés, les Présidents d'Institutions, les Politiciens, les Intellectuels, et toutes les personnes qui en ont le pouvoir de débarrasser la Côte d'Ivoire de ce "monstre juridique" au matricule 35 !

12/2015

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Connaissance de soi

Métamorphoses. Prémices d'un effondrement ou saut de conscience

Cet essai et son titre sont nés d’un fait d’actualité qui a attiré mon attention sur la fragilité de l’être humain, celui d’un sportif de haut niveau éprouvé par ses souffrances physiques et psychiques inaliénables à la suite d’un accident grave, qui se révèle plus fort et moins vulnérable lorsque la Lumière intérieure vient le surprendre pour l’aider à s’accepter, à vivre désormais avec son handicap irréversible. «S’il est un sens qui survit à l’irréparable catastrophe, il tient à ce murmure en moi d’une présence d’éternité », fait-il savoir par la mobilité de sa pupille, tandis que son corps meurtri le privera désormais de jouir pleinement de la vie. Métamorphose est la transformation ultime que tout être humain peut s’offrir à la condition de se délier de tous ses attachements, de son ‘moi’ impérativement sans l’aliéner, par son retournement, lui révélant le sens vrai de la vie qu’il convient de se dévoiler pour connaître vraiment sa vraie nature, portée par la joie de la Présence venue engrammer son cœur, pleinement conscient du don reçu. Le retournement individuel est le passage obligé pour connaître l’intime de soi, lumière qu’irradie le cœur. L’ego n’est plus le Commandeur du Maître, alors l’homme de chair et d’esprit amalgamés, renaît parce qu’il naît à son être vrai qu’il découvre enfin. L’homme se détache de son appartenance identitaire temporaire. Le vivant renaît en conquérant son axe vertical, sa vie nouvelle n’est plus un chemin de croix, elle est le fruit de la grâce offerte de se dissoudre dans l’Amour infini. Cet essai impromptu est l’offrande que je vous adresse pour accueillir ce don caché, que ce sportif jeune reçut en révélation. Métamorphoses à l’échelle de l’humanité signifie qu’après le désordre mondial en cours, depuis 2021 jusque début 2024, une forme d’éveil planétaire salutaire se présentera, surgissant des profondeurs de l’homme, une résurgence montant des coeurs, que j’ai appelée un saut de conscience individuel puis collectif, pour réinitialiser la dignité de l’homme là où elle est bafouée, le merci qu’il doit à la Vie qui ne lui appartient pas, et par suite donner sens à son passage temporaire sur la Terre.

05/2022

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Littérature française

Croque-monsieur

A propos de Croque-monsieur Bref, si on se place du côté féminin, Croque-monsieur, ce serait l'histoire d'une femme, Irène, qui tue et enchocolate les hommes de sa vie. Mais si on se place du côté masculin, ce serait l'histoire d'Antoine Felix, un jeune avocat né sous X en prison, qui aurait entre les mains une étrange affaire, celle de la mise en liberté de sa mère présumée, Irène Isidori, parvenue en fin de peine après avoir été condamnée à mort puis à perpétuité pour deux meurtres commis avec une rare cruauté. La véritable histoire d'Irène ne se livre pas aux assises, sur le banc des accusés, elle se situe ailleurs, au chapitre des femmes victimes d'un autre âge, inhumain, contenu dans ce qu'elle a nommé "L'homme aux pattes de singe" , un récit intime, griffonné à la main au fil de l'enfance et de l'adolescence, jusqu'à l'aube des blessures du corps féminin parvenu à l'âge adulte. Tout, pour elle, prend sa source dans le maquis, au coeur de la montagne corse, parmi les épines, les châtaignes et les cochons sauvages. Son chemin, c'est le saut des générations émancipées au fil des guerres, des inimitiés consanguines et des abus. Croque-monsieur, c'est un face-à-face, entre deux personnages qui viennent de là, du même ventre, mais qui refusent de se reconnaître, même si l'une a engendré l'un. Elle sait qui il est, mais qu'importe, elle préfère garder le silence sur ce qui les lie. Il sait qui elle est, mais il attend qu'elle lui avoue enfin la vérité sur ce lien. Croque-Monsieur, c'est l'histoire d'une terrible gourmandise entre deux inconnus, coutumiers du temps long et de la douleur discrète, une mère et son enfant, en quête d'une vérité impossible à dire. Parviendront-ils à pardonner l'orgueil, la souffrance, l'injustice, le mensonge, la violence, la haine, et s'entendre enfin sur un sentiment dépourvu de sens, contraire à toute la logique de leur existence, qu'on appelle l'amour ? C'est toute l'interrogation que posent ces personnages de sang mêlé, égarés dans le silence, les yeux dans les yeux.

05/2023

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Littérature française

Le jardin des absents

Il y a le soleil, la mer, les maisons aux ocres juteuses, les musiques et les danses. Ce pourrait être un village de vacances. Il s'en faudrait de très peu... Et c'est là, au bout du monde, que Joden se réveille un matin. Que lui est-il arrivé ? Est-il fou ? malade ? et qui hurle à voix basse au fond du jardin ? Sans rivage et sans mémoire, Joden se débat dans l'angle mort de sa vie. Alors, survient Agna qu'il n'a jamais cessé d'aimer. Elle est désormais son seul lien avec le passé, mais, changée et meurtrie par les épreuves, acceptera-t-elle de se sauver avec lui ? Autour d'eux, des hommes et des femmes jouent à s'aimer et s'inventent un passé glorieux sous le regard impassible des gardiens. La parade sociale, dérisoire et nostalgique, ne sert qu'à masquer la vacance des esprits et des coeurs. Pour quelle faute, tous ces hommes, doivent-ils subir un éternel été de paresse et d'oubli ? Ainsi qu'une enquête policière, le récit progresse avec une logique implacable de découverte en découverte au rythme de Joden, de ses expériences et de ses tentatives d'évasion. Ce climat à la fois tragique et sensuel provoque un étrange malaise. Sont-elles vraiment si rares ou si lointaines, ces prisons, parfois délicieuses, du plaisir, de l'irresponsabilité ou de l'oubli collectif ? Et, certains matins, ne nous réveillons-nous pas comme exilés de nous-mêmes ? On reconnaît ici l'ampleur et la variété des thèmes qui donnaient déjà aux Gens de Misar leur puissance, leur richesse d'évocation. Nicole Avril, mieux que quiconque, sait rendre vivant le mystère, présent le rêve, intense et émouvant le plus subtil des mythes. Elle nous entraîne, avec ce Jardin des Absents, dans un univers romanesque d'une insolite grandeur. D'abord professeur, Nicole Avril abandonne la pédagogie pour la comédie. Quelques tentatives au théâtre et à la télévision avant de réussir enfin, en 1972, à concilier ses aspirations littéraires et son désir de création par la publication de son premier roman Les Gens de Misar qui obtiendra le prix des Quatre Jurys, la consécration du Livre de Poche et prochainement celle du cinéma. En 1973, elle tourne en Inde un film pour la télévision : Auroville. En 1975, elle écrit Les Remparts d'Adrien, bientôt suivi par Le Jardin des Absents.

08/1977

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Sciences politiques

Qui veut risquer sa vie la sauvera. Mémoires

Jean-Pierre Chevènement nous fait entrer, pour la première fois, dans sa vie personnelle et familiale pour mieux nous raconter cinquante ans d'histoire française, d'engagements et de combats hors du commun. D'une enfance meurtrie dans la France occupée, il tirera l'énergie de paris successifs, mû par l'idée que celui " qui veut risquer sa vie la sauvera " (saint Matthieu). Il rencontre " l'Histoire en train de se faire " durant la guerre d'Algérie. A son retour, il entreprend avec une poignée de camarades de construire une autre offre politique à gauche, qui passe par la création du CERES, la rencontre avec François Mitterrand, le congrès socialiste d'Epinay, d'où s'élance une génération avide de " changer la vie ". Le " Che " nous raconte la conquête du pouvoir de 1971 à 1981 comme un véritable roman, où se mêlent audaces stratégiques et luttes opiniâtres. Multipliant savoureuses anecdotes et portraits sans concession, il démythifie la " deuxième gauche " et croque avec une douce ironie son leader, Michel Rocard. Il évoque Mitterrand à différents moments d'une relation de trente ans, où la complicité le dispute à l'affrontement. Il dépeint aussi les figures de Laurent Fabius et de Lionel Jospin, et rappelle le rôle injustement sous-estimé de Pierre Mauroy et de Jacques Delors qui surent dire " non " à Mitterrand. Education nationale, Défense, Intérieur : pendant près de dix ans, Chevènement donnera une colonne vertébrale à l'Etat. Quand viennent, en 1989-91, le grand retournement du monde et le triomphe planétaire du capitalisme financier, il ne renonce pas : non à la guerre du Golfe et au clash des civilisations ! non à Maastricht et à une Europe coupée des peuples ! Il éclaire les raisons toujours actuelles qui le conduisirent à mettre en pratique à trois reprises sa célèbre formule " Un ministre, ça ferme sa gueule. Si ça veut l'ouvrir, ça démissionne ", contre la " parenthèse libérale " en 1983, contre la guerre du Golfe en 1991 et contre le démantèlement de l'Etat républicain en Corse en 2000. Bref, il nous explique comment nous en sommes arrivés là. Ce récit majeur passionnera tous ceux qui se demandent comment relever les défi s d'aujourd'hui et de demain. Il permet aussi de mesurer la dimension exceptionnelle de l'homme d'Etat, son exigence morale et intellectuelle qui lui valent aujourd'hui respect et considération.

09/2020

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Chanson française

Cali. "Je dois encore vivre"

Vingt ans après la sortie de L'Amour parfait, et à l'occasion de la parution de son nouvel album, David Desvérité revient sur le parcours de Cali, examinant ce qui a fait de lui cet artiste qui a su toucher toute une génération. Sa première biographie La sortie de son album L'Amour parfait en août 2003 assoit d'emblée Cali dans l'univers de la chanson française. Les confessions d'un homme sensible terrassé par la déception amoureuse sont en phase avec l'époque. Il est alors assimilé par la critique aux écorchés vifs dévoilant sans pudeur leurs faiblesses et leurs désillusions, à la manière de Miossec ou Dominique A. " C'est quand le bonheur ? " inonde les radios et se transforme en un hymne générationnel repris en choeur lors de concerts survoltés, tandis qu'" Elle m'a dit " illustre le parfait mélange entre un texte d'une grande tristesse et un refrain joyeux facile à mémoriser. L'album s'écoule à plus de 500 000 exemplaires ! Le chanteur de trente-cinq ans, qui a signé chez EMI, est nommé aux Victoires de la musique 2004 dans la catégorie Révélations. Meurtri par la disparition de sa mère alors qu'il n'a que six ans, Bruno Caliciuri n'aura en réalité jamais cessé de courir après l'amour et l'affection dont ce décès l'a privé. A l'adolescence, Cali comprend que la musique constitue la pierre angulaire de son existence. Suit une période durant laquelle il monte différents groupes, joue dans les bals, fait des concerts dans de petites salles parfois peu remplies, balisant avec constance son chemin vers le succès. La ferveur du public apaisera tant bien que mal la blessure consécutive au deuil maternel. Après avoir enregistré huit albums originaux, Cali est devenu un artiste majeur. Auteur de trois romans et d'un recueil de poèmes, acteur pour le théâtre et le cinéma, Bruno Caliciuri s'est aussi affirmé en dehors de la chanson. Parallèlement, ses nombreux engagements - hérités d'une famille à la conscience politique aiguë -, ses prises de position critiquées, parfois raillées, ont dévoilé une personnalité sincère et entière. Cali a un tempérament exacerbé, hypersensible, démonstratif. S'il confesse volontiers exercer ce métier parce qu'il est toujours en quête d'amour, son public le lui rend bien. Vingt ans après la sortie de L'Amour parfait, l'évidence de cette alchimie ne fait plus de doute.

01/2024

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Histoire de France

De la capture à Verdun à la rupture avec Pétain. Une autre histoire de Charles de Gaulle

Le 2 mars 1916, au fort de Douaumont, le capitaine Charles de Gaulle, monté en ligne la veille à la tête de la 10e Compagnie du 33e RI, est fait prisonnier. S'agit-il d'une capture au terme d'un combat acharné ou, selon certains témoins, d'une reddition, attitude alors inconcevable pour des officiers d'active ? C'est l'une des questions majeures de cet ouvrage où l'on suit de Gaulle, de son arrivée comme lieutenant au 33e RI commandé par le colonel Philippe Pétain, et son engagement à Dinant-sur-Meuse où il est blessé, à son affectation comme capitaine sur le front de Champagne, puis de son envoi à Verdun. Prisonnier en Allemagne de 1916 à décembre 1918, de Gaulle, meurtri et humilié, doutant de son avenir militaire, ronge son frein, tout en mûrissant sa pensée et sa réflexion. La guerre terminée, il est affecté non loin de Varsovie comme instructeur d'officiers polonais contre les bolcheviks, puis à l'Ecole militaire de Saint-Cyr, avant d'enseigner à l'Ecole supérieure de guerre, grâce à la protection constante du maréchal Pétain dont il rejoindra l'Etat-major avec le grade de commandant. Nommé en 1933 lieutenant-colonel, il oeuvre activement pour sa carrière. Mais, en 1938, de Gaulle, qui a écrit – à la demande du Maréchal – un livre que celui-ci laisse dormir depuis des années, décide de le faire paraître sous son nom : ce sera La France et son armée. Une histoire de dédicace achèvera de brouiller les deux hommes. Le 1er juin 1940, de Gaulle est promu général de brigade ; le même mois, Paul Reynaud, nouveau président du Conseil, le nomme sous-secrétaire d'Etat à la Guerre. Le 11 juin, en pleine débâcle, de Gaulle croise Pétain une dernière fois. Une page est tournée. Cet ouvrage, étayé par de nombreux témoignages, ainsi que par des documents d'archives, n'est ni un panégyrique du futur chef de la France libre, ni un pamphlet contre le premier président de la Ve République. C'est un récit qui permet de constater que Charles de Gaulle n'a jamais été un véritable officier de troupe et que son comportement au front, contrasté et controversé, lui a probablement sauvé la vie. Un élément de plus pour éclairer une grande figure.

11/2015

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Policiers

De bons voisins

New York, années soixante. A la fin d’une froide nuit de mars, la jeune Katrina Marino rentre chez elle après avoir fermé le bar où elle travaille. Garant sa voiture sur le parking en face de sa résidence, elle traverse la rue et s’approche de la porte de son appartement au rez-de-chaussée… quand un homme surgit de l’ombre et la poignarde. L’homme s’enfuit, mais il reviendra une heure plus tard, pour la violer et l’achever de plusieurs coups de couteaux. Mais que s’est-il passé pendant les soixante minutes où Kat est restée seule à agoniser dans la cour de sa résidence ? Malgré l’heure tardive, de nombreux témoins se sont penchés depuis leur fenêtre et ont vu la jeune femme et son agresseur. Pourquoi personne n’a appelé la police ? Quelles pensées occupaient ces hommes et ces femmes pour qu’aucun d’entre eux ne porte secours à leur voisine ? C’est à cette question que tente de répondre le roman de Ryan David Jahn, inspiré d’un fait divers réel, le meurtre de Kitty Genovese dans le Queens, en 1964, qui a lui-même servi de base au développement de la théorie du “bystander effect” en criminologie, en faisant alterner les témoins et le récit de leur nuit : Frank, un mécanicien, part à la recherche de la poussette que sa femme Erin croit avoir renversée plus tôt dans la soirée. Fausse alerte, il n’y avait qu’une poupée dans le landau… mais entre-temps Frank a croisé la route d’Alan, un flic corrompu qui compte profiter du fait que Frank soit noir pour lui faire porter la responsabilité d’un crime violent qu’il vient de commettre. Le jeune Patrick n’arrive pas à dormir, car au lever du jour il doit se présenter à un examen médical des forces armées. S’il est sélectionné, il partira se battre au Vietnam, abandonnant sa mère malade sur laquelle il veille depuis que son père les a quittés. Diane et Larry se déchirent pour la dernière fois. Leur amour a fait long feu, et au cours de la nuit Larry finit par avouer qu’il a une maîtresse. Diane décide de faire ses valises. Thomas a sorti le revolver de son grand-père et il s’apprête à se suicider… c’est alors qu’on frappe à sa porte : Christopher, un partenaire de bowling, aide Thomas à vaincre son isolement et à accepter son homosexualité. Peter, cadre médiocre, cherche à pimenter sa vie en se lançant dans l’échangisme. Il a convaincu sa femme Anne de tenter l’expérience avec un collègue de bureau et son épouse, mais l’aventure tourne à l’humiliation pour Peter, qui risque même de perdre Anne. Enfin, cette nuit-là, le hasard va mettre David, un jeune infirmier, en position de sauver la vie de Nathan Vacanti, l’enseignant qui a jadis abusé sexuellement de lui. Pour faire ce que le devoir exige, David devra surmonter son désir de vengeance….

01/2012

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Sociologie

Destins de garçons en marge du symbolique. Jean le Sot et ses avatars

Ce livre se propose d'explorer les tours et détours de l'initiation des garçons à leur identité sexuée en cheminant au travers du foisonnement créatif fort méconnu des contes de tradition orale, facétieux en particulier, et des pratiques carnavalesques. Les contes facétieux ont en effet été longtemps négligés par les ethnographes qui les écartaient des collectes ou les publiaient dans des ouvrages confidentiels. Ils constituent pourtant un patrimoine d'une richesse insoupçonnée car ils véhiculent des significations psychiques essentielles relatives à la sexualité infantile et à la vie pulsionnelle inconsciente. Ils ont ainsi pour figure emblématique un personnage masculin résolument antihéroïque, Jean le Sot, qui subvertit dangereusement, avec les meilleures intentions du monde, tous les repères logiques, éthiques ou symboliques qui fondent l'ordre social, et dévoile crûment à quel destin fou sont voués ceux qui ne peuvent se détacher de leur mère. À partir de la confrontation d'une centaine de versions françaises, nous commençons donc par examiner la trajectoire complexe et débridée de ce personnage complètement étranger à lui-même dont les mille et une beotiana nous instruisent sur les ratés les plus tragiques du processus initiatique masculin. Nous sommes alors conduits à évoquer le destin d'autres figures folkloriques de la marge qui présentent des affinités parfois surprenantes avec le personnage du niais : ogres et hommes sauvages, enfants monstrueux des fées qui ne grandissent pas et ne prennent langue avec personne : garçons trop forts et terribles qui ont tété trop longtemps leur mère, niais aussi, en amont des collectes orales, dans les grands cycles épiques de la Mésopotamie à l'Irlande, nombre de figures héroïques qui, dans leur déni des limites, sombrent dans la confusion sexuelle et la lassitude mortelle. Tous ces personnages sont à leurs façons des figures tragiques de la démesure qui révèlent la prégnance dans l'imaginaire d'une problématique fondamentale relative aux impasses qui menacent le sexe fort dans l'acquisition de son identité : celle de l'aliénation désexualisante qui attend celui qui ne saurait se dégager des liens incestueux et entamer le meurtre de l'enfant tout-puissant. la destruction de la " représentation narcissique primaire ". Enfin, comme si les figures du narcissisme infantile dégagées au fil des pages exigeaient d'être projetées dans le miroir d'une réalité ethnographique particulière, nous interrogeons les manières facétieuses des garçons dans le Carnaval de Pézenas (Languedoc). Au sein de bandes complices et paillardes, les jeunes pis cénois se livrent en effet à des jeux régressifs et transgressifs avec le corps, avec les mots et avec la mort, par lesquels ils vivent de joyeuses retrouvailles avec la figure de l'infans investie comme le noyau d'eux-mêmes. Nous nous attachons cependant à montrer combien ces jeux recèlent, en tant que processus rituel, une portée initiatique résolutive visant au rétablissement de l'ordre après le surgissement chaotique de l'imaginaire ; si bien que loin d'aboutir au destin funeste que les récits ne cessent de dénoncer, ils constituent de véritables exercices symboliques permettant aux garçons de se déprendre du lien originel et de célébrer l'assomption de leur virilité.

11/2010

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Littérature française

Les départs exemplaires

Ce recueil de nouvelles assassines de Gabrielle Wittkop nous présente, à travers siècles et continents, cinq récits baroques qui sont autant de « départs exemplaires ». Au coeur d’un burg romantique allemand, perchée sur une tour en ruine et livrée aux corbeaux, une jeune femme de bonne famille agonise, devenue l’objet d’un fait divers absurde et lugubre. Un dimanche d’octobre dans une ruelle de Baltimore, un écrivain aux yeux noirs succombe, ivre mort, après avoir perdu sa valise. Dans un New York contemporain, la vie de Seymour M Kenneth ressemble à une lente descente aux enfers ; il s’éteint en vagabond dans les entrailles de la ville. C’est dans un fossé moite de la jungle malaise que s’achève mystérieusement celle de Mr T, esthète et espion, emportant avec lui ses derniers secrets. Enfin, dans l’atmosphère sadienne du XVIIIe siècle français, Claude et Hippolyte, les deux jumeaux hermaphrodites mis au monde par la comtesse de Saint-Effroy, sont assassinés. La mort est au coeur des cinq nouvelles – dont deux inédites : « Les Derniers Secrets de Mr T. » et « Claude et Hippolyte » – qui composent cette réédition augmentée des Départs exemplaires. Elle est organique, marque les corps, s’imprime dans les chairs des femmes élégantes, des monstres androgynes et des dandys rongés par l’alcool ; elle est destin ou hasard malchanceux, meurtre ou énigme, guidant vies et intrigues de ces fictions taillées sur mesure ; elle se lit dans les signes et augures quasi fétichisés – papillons ou corbeaux, perles de grenat, bottines vernies – et engendre le charme vénéneux de l’esthétique de Wittkop, son ton macabre et raffiné, de nos jours inégalé. Au fil d’une prose ornée et mordante, précise et précieuse, dont la tonalité varie en fonction des époques et des décors abordés, la mort fait aussi mystère. Elle fait pencher successivement ces textes « caractérisés par la découverte et le malentendu », vers le fantastique ou l’enquête – c’est bien la silhouette d’Edgar Poe qui se faufile dans « Les Nuits de Baltimore » et celle d’un agent de la CIA en Asie derrière ce curieux Mr T. – ou vers le conte légendaire comme cette femme, cheveux au vent, criant au sommet d’une tour allemande qui rappelle des esquisses de Goya ou de Hugo. Le recueil, d’une forte unité thématique, semble donc décrire, par l’exemplarité des destins et la variation des décors, la permanence d’anciens mythes monstrueux et dérangeants. Ultime force de ce livre, la narratrice (ou l’auteur) mène voluptueusement les drames et personnages à leur sort tragique, irréversible. Mais si le sort s’acharne avec cruauté, non sans humour et un certain goût du supplice, ces victimes expiatoires sont aussi l’occasion de questionner la nature du lien entre vie, trépas et beauté qu’avaient proclamée le romantisme noir ainsi que les esthétiques du XIXe siècle dandy. Ces références constituent alors le fondement spectral de l’art de Gabrielle Wittkop, qui les met à distance pour s’imposer comme une « Peintre de la mort » résolument moderne.

09/2012