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Littérature française

L'Amant

" Dans L'Amant, Marguerite Duras reprend sur le ton de la confidence les images et les thèmes qui hantent toute son oeuvre. Ses lecteurs vont pouvoir ensuite descendre ce grand fleuve aux lenteurs asiatiques et suivre la romancière dans tous les méandres du delta, dans la moiteur des rizières, dans les secrets ombreux où elle a développé l'incantation répétitive et obsédante de ses livres, de ses films, de son théâtre. Au sens propre, Duras est ici remontée à ses sources, à sa "scène fondamentale" : ce moment où, vers 1930, sur un bac traversant un bras du Mékong, un Chinois richissime s'approche d'une petite Blanche de quinze ans qu'il va aimer. Il faut lire les plus beaux morceaux de L'Amant à haute voix. On percevra mieux ainsi le rythme, la scansion, la respiration intime de la prose, qui sont les subtils secrets de l'écrivain. Dès les premières lignes du récit éclatent l'art et le savoir-faire de Duras, ses libertés, ses défis, les conquêtes de trente années pour parvenir à écrire cette langue allégée, neutre, rapide et lancinante à la fois, capable de saisir toutes les nuances, d'aller à la vitesse exacte de la pensée et des images. Un extrême réalisme (on voit le fleuve ; on entend les cris de Cholon derrière les persiennes dans la garçonnière du Chinois), et en même temps une sorte de rêve éveillé, de vie rêvée, un cauchemar de vie : cette prose à nulle autre pareille est d'une formidable efficacité. A la fois la modernité, la vraie, et des singularités qui sont hors du temps, des styles, de la mode. " (François Nourissier) Marguerite Duras (1914-1996) a reçu le prix Goncourt en 1984 pour ce roman. Traduit dans 35 pays, il s'est vendu à 2 400 000 exemplaires toutes éditions confondues.

03/2022

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Histoire littéraire

Enquête sur l'évolution littéraire

En 1891 s'est produit un événement non négligeable dans l'histoire intellectuelle : un journaliste a eu l'idée d'aller poser des questions aux principaux écrivains du moment et de publier ces entretiens. Jules Huret venait de donner ses lettres de noblesse à l'interview littéraire, née quelques années auparavant. Rassemblés en volume, ces entretiens sont devenus un livre culte. Parmi les soixante-quatre interviewés : Stéphane Mallarmé, Edmond de Goncourt, Joris-Karl Huysmans, Guy de Maupassant, Emile Zola, entre autres. On y trouve la seule interview connue de Paul Verlaine, de précieuses rencontres avec José Maria de Hérédia, Remy de Gourmont ou Octave Mirbeau, ainsi qu'une lettre de Leconte de Lisle provoquant Anatole France en duel, fâché après avoir lu ses réponses au journaliste. Quand ils ne se livrent pas à des piques ou à des éloges à l'endroit de leurs collègues, les auteurs présentent leurs théories, méditent sur leurs oeuvres et tentent d'établir le modèle de l'écrivain futur. Les poètes parnassiens et symbolistes s'affrontent sur la question du vers libre, les décadents et les écrivains socialistes sur le rôle politique de la littérature, tandis que les romanciers, toutes écoles confondues, rivalisent d'ingéniosité pour imaginer les oeuvres d'après le naturalisme. Les entretiens frappent par leur franchise et leur familiarité. On suit Maurice Maeterlinck dans le dédale des brasserie belges ; on écoute Anatole France s'interrompre au milieu d'un profond développement pour plaisanter avec sa petite fille. Chaque reportage est comme une brève nouvelle dont les écrivains seraient les personnages principaux. On y découvre leurs lieux de travail, leurs façons de s'exprimer et de vivre. Le pittoresque se joint à l'intelligence pour faire de ce livre une bible des lettres.

05/2023

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Critique littéraire

C'était les Daudet

De la famille Daudet, on connaît généralement Alphonse, le patriarche provençal, l'auteur de La Chèvre de Mr Seguin et de Tartarin de Tarascon. On connaît aussi son fils Léon, écrivain lui aussi et tribun redouté de la IIIe République, dont la pensée a nourri longtemps l'extrême droite française. Mais sait-on qu'il ne s'agit là que de deux rejetons d'une famille singulière ? C'est l'« âge d'or » de cette famille, du milieu du XIXe siècle à la veille de la Seconde Guerre mondiale, que raconte ce livre. On y croisera Vincent et Adeline, parents d'Alphonse, petits commerçants en Provence, fervents catholiques et monarchistes convaincus ; on verra Alphonse « monter » à Paris et mener la grande vie dans les fastes du Second Empire avec Ernest, son frère aîné, lui aussi écrivain prolifique mais moins brillant. On croisera, dans leur cercle d'amis, les Goncourt, Flaubert, Zola et Tourgueniev, mais aussi Frédéric Mistral et les félibres ; on fera la connaissance de Julia, la femme d'Alphonse, qui écrivait elle aussi aux côtés du grand homme. À la génération suivante, c'est Léon, dont le mariage avec Jeanne Hugo défraya la chronique et qui devint l'un des piliers de l'Action française, mais aussi Lucien Daudet, son frère cadet, poète ami de Proust. Enfin, on apprendra le tragique destin de Philippe, fils d'Alphonse, dont la mort violente fut entourée d'un mystère encore irrésolu. Racontée avec brio, la saga de cette famille hors norme offre une traversée originale d'un siècle d'histoire française : histoire littéraire, culturelle, politique, qui conduit comme sans crier gare de la bohème insouciante du Second Empire aux ombres de la contre-révolution de Vichy.

01/2013

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Récits de voyage

En Argentine

En 1909, le gouvernement du Président du conseil Georges Clemenceau est renversé. Le futur " Tigre " de la grande guerre est contraint au " repos ", ce dont il profite pour retrouver les joies de l'écriture journalistique - les premières amours du fondateur de L'Aurore -, et répondre à quelques sollicitations comme celles de venir donner des conférences lors d'une tournée en Amérique du Sud : Argentine, Uruguay et Brésil. Les notes de voyage prises en Argentine, écrites après-coup à la demande de L'Illustration, sont passionnantes et témoignent des qualités d'observation d'un naturaliste soucieux de ne pas endosser le rôle du donneur de leçon en visite dans un pays neuf. Il ne prend pas la peine de mentionner ses propres conférences sur la démocratie, préférant consacrer toute son énergie et son talent d'écrivain à la description d'un pays alors en plein essor et qui fête en 1910 le centenaire de son indépendance : " Notre infatuation n'admet pas volontiers que nous ayons quelque chose à apprendre de jeunes sociétés dont il nous arrive de parler avec trop de détachement. Nous ne saurions nier pourtant que leur tentative soit belle, et qu'elle s'achemine d'un pas résolu vers le succès ". Les gens et les lieux, les gouvernants et les Indiens, l'architecture et la pampa, l'économie et les espèces sauvages... tout concourt à satisfaire sa curiosité, et la nôtre après lui.

10/2010

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Ethnologie

L'univers rural haïtien. Le pays en dehors

En Haïti, deux populations s'affrontent depuis deux siècles : d'une part les Créoles, autrefois liés aux colons par des relations de service et d'échanges culturels, d'autre part les Bossales, ceux qui ont refusé, par le marronnage, le contact avec le Blanc. A partir d'une étude sur les Créoles et les Bossales, et du profond antagonisme entre deux systèmes également cohérents, l'auteur s'attaque en fait à tout un mode de penser le milieu rural haïtien et, de là, au mode de prévoir ce que devrait être son développement. Ainsi, quand on désigne ce milieu par l'expression "en dehors", ne le place-t-on pas d'emblée comme un monde inférieur dans la hiérarchie des mondes ? Quant à l'expression "bossale", qui désigne un homme brut, sans civilisation, l'employer ne revient-il pas à mettre l'homme haïtien dans la position du simple imitateur, qui n'aurait pas assez fréquenté les Blancs et assimilé leur système ? Cet ouvrage concourt ainsi à repenser la vision que les Haïtiens se font eux-mêmes de leurs ruraux, "habitants d'un pays en dehors". N'est-il pas temps de cesser de marginaliser ces derniers, jusque dans les clichés et le vocabulaire, pour les inscrire enfin dans une perspective d'avenir ? La dynamique du monde rural, si on cesse de la nier, ne peut-elle apporter des solutions concrètes au développement d'Haïti ?

02/1991

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BD tout public

Le lettrage de bulles

Le lettrage, c'est un peu la bande-son de la BD : ça fait parler les personnages, chanter les oiseaux, crisser les pneus, grincer les portes... ça fait murmurer et crier (voire hurler), parler égyptien ou goth, dire des gros mots autorisés aux moins de dix-huit ans, ça fait penser aussi... De crac boum hue à la notion de focalisation, Le lettrage des bulles vous initie au lettrage de A à Z. Un bon lettrage sur une planche de BD, c'est comme un bon effet spécial dans un film à grand spectacle : il ne se voit pas. La manière dont les lettres sont tracées ou le choix des polices utilisées, la forme des bulles, l'orientation des queues de bulles, la façon dont phylactères et onomatopées se placent dans la page, tout cela concourt à faciliter la lecture et à guider le regard d'une case à l'autre. Fluidité et lisibilité sont les deux buts à atteindre pour le lettreur. Comment procède-t-il ? Quels outils a-t-il à sa disposition ? Comment lettrer de manière traditionnelle ? Comment les logiciels l'aident-ils dans son travail ? Voici quelques questions parmi tant d'autres qui trouveront des réponses dans cet ouvrage. Trucs et astuces des dessinateurs et lettreurs vous seront dévoilés, et ce sera à vous, ensuite, de lettrer votre première BD. Et en dernière partie de ce tome 7 de la collection Les manuels de la BD, les personnages de Cuivremonde vous disent tout !

01/2010

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Romans historiques

Converso ou La fuite au Mexique

En 1608, Majencio Ausburgo fuit l'Espagne pour le Mexique afin d'échapper à la peur secrète de la persécution qui le poursuit depuis l'enfance. Injures et coups lui ont tôt fait découvrir qu'il descendait d'une famille de " conversos ", juifs convertis de force au catholicisme. Violente révélation ! Elle le fera basculer dans le cynisme, le jeu, l'affairisme et, pour finir, la prison. Libéré, l'homme paie de sa fortune son " droit de passage " vers la Nouvelle Espagne, pays neuf où le soupçon desserre son étau. Pays neuf ? C'est à voir ! Il veut bientôt quitter Mexico, dégoûté par les manières qu'ont les Espagnols de ne jamais oublier, ni faire oublier, qu'ils sont ici dans un pays conquis. C'est " aux confins des possessions anciennes des Indiens Zapotecas, Tzotziles, Quichuas et Mayas " que Majencio Ausburgo trouve l'apaisement. Au contact des Indiens eux-mêmes. Ne le convertiraient-ils pas, cette fois, à l'abandon de toute forme de pouvoir ? En faisant se chevaucher sa vision historique de la Séville du Siècle d'Or et celle, imaginaire, de la vie des Indiens, Michel Host réussit à donner corps à la plus inaccessible, mais aussi à la plus nécessaire des utopies : la tolérance viendra du cœur et non de la seule raison. A cette réussite concourt une écriture incisive, propre à restituer aussi bien la vérité historique que les vérités d'émotion.

05/2002

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Droit

La Société judiciaire depuis le XVIIIe siècle

Ce livre n'est pas une nouvelle histoire de la magistrature à la façon accoutumée. Approche plurielle d'un milieu dans ses structures sociales, professionnelles et mentales, il dit plutôt l'existence de la société judiciaire depuis le dix-huitième siècle, de cette vaste famille des gens de justice que tout concourt à former en groupe sociologiquement clos, que composent non seulement les magistrats judiciaires au sens strict du mot et les avocats que le public connaît un peu, mais aussi les magistrats et auxiliaires de l'ordre administratif, beaucoup plus ignorés. A ce premier trait distinctif s'ajoute l'intérêt de la méthode et de la période choisies. L'institutionnel a été limité au minimum - en petits caractères - indispensable à l'intelligence du propos. L'important est que cette société judiciaire-ci, ces gens de justice se contemplent dans leur histoire et se racontent dans leurs écrits, beaucoup plus que l'auteur ne les regarde ou encore moins les qualifie. Empreints d'une nostalgie séditieuse au crépuscule de la monarchie, ils s'apprêtent à traverser la tourmente révolutionnaire, qu'ils ont contribué à gonfler. Comment en sortiront-ils ? Brusquement saisis en 1789 d'une utopie réformiste, il semble que la tradition persistante les gagne insensiblement et que l'irrésistible reflux les reconduise à leurs origines. Au total, quel peut être le compte des mutations et des permanences de cette société codifiée que l'aujourd'hui a mise en lumière crue, voilà le thème de ce livre.

01/1979

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Essais

Contre la résilience. A Fukushima et ailleurs

Funeste chimère promue au rang de technique thérapeutique face aux désastres en cours et à venir, la résilience érige leurs victimes en cogestionnaires de la dévastation. Ses prescripteurs en appellent même à une catastrophe dont les dégâts nourrissent notre aptitude à les dépasser. C'est pourquoi, désormais, dernier obstacle à l'accommodation intégrale, l'"élément humain ? " encombre. Tout concourt à le transformer en une matière malléable, capable de "rebondir" à chaque embûche, de faire de sa destruction une source de reconstruction et de son malheur l'origine de son bonheur, l'assujettissant ainsi à sa condition de survivant. A la fois idéologie de l'adaptation et technologie du consentement à la réalité existante, aussi désastreuse soit-elle, la résilience constitue l'une des nombreuses impostures solutionnistes à la critique de laquelle cet essai, fruit d'un travail théorique et d'une enquête approfondie menés durant les dix années qui ont suivi l'accident nucléaire de Fukushima, entend prendre part. La résilience est despotique car elle contribue à la falsification du monde en se nourrissant d'une ignorance organisée. Elle prétend faire de la perte une voie vers de nouvelles formes de vies insufflées par la raison catastrophique. Elle relève d'un mode de gouvernement par la peur de la peur, exhortant à faire du malheur un mérite. Autant d'impasses et de dangers appelant à être, partout et toujours, intraitablement contre elle.

03/2021

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Sociologie

Le capital sexuel

Recours à la chirurgie esthétique, apparition de coaches en séduction, développement du marché du sex-toy et du roman érotique... De plus en plus, le sexe est une ressource en vue de gains. Mais il y a davantage : au-delà de la marchandisation des corps, la liberté sexuelle augmente la valeur économique des individus. Nombreux sont ceux qui se servent du sexe pour se valoriser, c'est-à-dire augmenter leur valeur sur le marché du travail. Les états psychologiques, dispositions émotionnelles et autres expériences sexuelles contribuent à l'employabilité des personnes, ainsi qu'à leurs succès professionnels. Non seulement notre sexualité concourt à la reproduction du capitalisme, mais le néolibéralisme a étendu son pouvoir à notre sphère la plus intime. Un essai-phare entre sociologie, science politique et philosophie, pour une approche critique de la sexualité - et du capitalisme. Dana Kaplan est docteure de l'Université hébraïque de Jérusalem. Sociologue de la culture, elle travaille sur les sexualités hétéro et LGBTQ en lien avec la classe sociale et les processus de subjectivation. Sociologue, directrice d'études à l'EHESS, Eva Illouz travaille sur la marchandisation des émotions et l'impact du capitalisme sur nos affects. Récompensée en 2018 par le prix EMET pour l'ensemble de son oeuvre, elle est l'autrice d'une quinzaine de livres traduits dans le monde entier, tels que Pourquoi l'amour fait mal (Seuil, 2012) et La Fin de l'amour (Seuil, 2020). Traduit de l'anglais par Charlotte Matoussowsky

11/2023

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Littérature française (poches)

Devancer la nuit. Suivi de Correspondance avec Roger Nimier

Devancer la nuit nous entraîne dans les rapports épistolaires et amoureux d'Anaïs Dobleï et d'Alexis Deblaise. Lui est un écrivain obsédé par la vanité de l'existence ; elle une jeune journaliste amoureuse. Au fil de leurs joutes verbales se dessine la figure d'un homme suicidaire pour qui seul l'amour des mots, infini territoire de jeux, donne encore un sens à la vie. Face à lui, Anaïs, amoureuse, prête à tout pour le distraire de ses pensées morbides, joue le jeu du marivaudage lexical et poétique pour le maintenir du côté de la vie. Ceci au risque de brader ses propres sentiments. Parviendra-t-elle à empêcher Alexis de se détruire ? Dans ce drôle de livre plein d'humour souvent noir, Béatrix Beck se délecte de la langue, qui est son matériau de prédilection, et nous régale de trouvailles et d'expérimentations entre le sens et l'usage des mots. Seule Madame Blanche, qui s'occupe d'Anaïs, garde les pieds sur terre, tout comme sa langue argotique et proverbiale, d'une extrême drôlerie. Après avoir tenu le prix du livre Inter en 1979 pour La décharge, renouant ainsi avec le succès , Béatrix Beck déstabilise une fois encore ses lecteurs l'année suivante en publiant Devancer la nuit, exercice de style épistolaire d'une incroyable virtuosité, dans lequel elle tente de raviver la mémoire du cher ami Roger Nimier, trop tôt disparu 1962, et qui sert de modèle à Alexis Deblaise. Cette édition de Devancer la nuit est suivie de la correspondance inédite entre Béatrix Beck et Roger Nimier. Quoique fragmentaire, elle fait directement écho au roman tant la personnalité désespérée de Roger Nimier y transparaît. Elle raconte également en creux les années cinquante de Béatrix Beck et, en particulier, sa lutte pour devenir française : ce que le Goncourt n'a pas réussi à faire, Roger Nimier y parviendra.

04/2020

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Beaux arts

Gustave Dreyfus. Collectionneur et mécène dans le Paris de la Belle Epoque

Au cours de sa vie, le collectionneur parisien Gustave Dreyfus (1837-1914) a rassemblé plus de 1600 oeuvres d'art de la Renaissance, qui étaient exposées dans son appartement situé boulevard Malesherbes. Ses nombreux visiteurs avaient ainsi l'occasion d'admirer des sculptures de Desiderio da Settignano et Francesco Laurana, des tableaux attribués à Jacopo Bellini et à Botticelli, et surtout un nombre impressionnant de médailles et de plaquettes : la collection de bronzes de Dreyfus était en effet l'une des plus importantes d'Europe, comparable à celle du musée du Bargello. Amateur passionné, Dreyfus était une figure incontournable dans le milieu intellectuel et artistique de son époque. Il connaissait la marquise Arconati-Visconti, Edmond de Goncourt, la princesse Mathilde Bonaparte, les Camondo et les Rothschild, mais aussi de nombreux artistes comme Auguste Rodin, Gabriele D'Annunzio ou Jules Massenet. Il fréquentait Adolfo Venturi et le jeune Bernard Berenson ; il était un habitué des cabinets du Louvre, où il rencontrait Charles Ephrussi, Léon Bonnat ou des conservateurs réputés comme Clément de Ris et Philippe de Chennevières. Grand voyageur, Dreyfus faisait preuve d'un goût et d'un talent exceptionnels, et toute occasion lui était bonne pour enrichir sa collection en suivant les conseils que lui prodiguaient s. amis Alfred Armand et Wilhelm von Bode. Aujourd'hui, la plupart de ses médailles et plaquettes italiennes, tout comme une bonne partie de ses tableaux et sculptures, se trouvent dans les plus importantes collections américaines, notamment la National Gallery de Washington et la Frick Collection de New York, où elles sont arrivées par le biais du marchand d'art Joseph Duveen. D'autres pièces de première importance - tels le Buste de Diotisalvi Nerani par Mino da Fiesole, le Saint Jérôme de Bartolomeo Bellano, ainsi qu'un corpus d'une centaine de médailles et petits bronzes - enrichissent les collections du musée du Louvre, à la suite de donations effectué. par Dreyfus et sa famille.

06/2019

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Critique littéraire

L'Homme que l'on croyait

Six mois se sont écoulés depuis la mort de Romain Gary. En accord avec sa volonté, je me dois de faire la déclaration suivante :A la fin de l'année 1972, Romain Gary me dit qu'il avait l'intention d'écrire « toute autre chose sous un tout autre nom », parce que, insista-t-il, « je n'ai plus la liberté nécessaire ».Au mois de mars 1973, il finissait le premier jet de Gros-Câlin et l'achevait définitivement au mois de décembre de la même année. Il choisissait alors comme pseudonyme Émile Ajar.Il demanda à un ami de faire parvenir ce texte aux Éditions Gallimard. Pour des raisons d'organisation, le manuscrit fut publié au Mercure de France, au printemps 1974.Au printemps 1975, Romain Gary écrivait de nouveau sous ce même pseudonyme un livre qui sortirait sous le titre de La Vie devant soi. Il me demanda de signer le contrat de publication de ce livre, toujours sous ce même pseudonyme d'Émile Ajar.Le livre fut publié au mois de septembre 1975. A ce moment-là, ni son éditeur, Claude Gallimard, ni celui d'Émile Ajar, Simone Gallimard, ne savait qui écrivait sous ce nom. Ils l'ignoreront jusqu'à sa mort.Pour ce qui me concernait, nul ne connaissait mon identité civile personnelle. Je donnai une interview pour asseoir le personnage. Puis, reconnu, je dus en donner d'autres.Après le prix Goncourt décerné à La Vie devant soi, le romancier écrivit sous ce même pseudonyme deux autres livres : Pseudo, publié en 1976, et l'Angoisse du Roi Salomon, publié en 1979.Le 3 décembre 1980, pour les raisons qu'il a données dans son dernier message, Romain Gary se suicida.Nul n'a su jusqu'à sa mort qu'il était l'auteur dissimulé sous ce pseudonyme. Dès son premier livre signé Ajar, Romain Gary fut déterminé à ne jamais révéler de son vivant qu'il en était l'auteur.Paul Pavlowitch

11/2010

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Critique littéraire

Un joli monde. Romans de la prostitution

Gustave Flaubert a confessé qu'il ne pouvait pas voir passer une prostituée sur le boulevard sans avoir un battement de cœur. Le destin des " filles publiques " lui chatouillait l'âme. Etrange miroir que celui que lui tendaient leurs décolletés et leurs lèvres peintes : " Il se trouve, en cette idée de la prostitution, un point d'intersection si complexe, luxure, amertume, néant des rapports humains, frénésie du muscle et sonnement d'or, qu'en y regardant au fond le vertige vient, et on apprend là tant de choses. " Au XIXe siècle, présentes au cœur des villes, et pas seulement dans les bas quartiers, offertes sur le trottoir ou enfermées dans des bouges, elles habitent les rêves et les obsessions. Un joli monde est une anthologie consacrée aux filles les plus modestes, celles de basse condition, figures de la rue ou de la maison close, promises aux plus extrêmes des solitudes. Beaucoup d'écrivains les ont fréquentées, aimées parfois, peintes souvent dans les pages de leurs livres. Suffisamment en tout cas pour que l'on puisse parler d'" écrivains de filles ". Un certain nombre d'entre eux, Maupassant, Jean Lorrain, Charles-Louis Philippe, J.-K. Huysmans ou Léon Bloy, pour n'en citer que quelques-uns, ont pris les filles publiques pour héroïnes. Ils ont sondé la vérité de leurs personnages de l'intérieur, bien au-delà de leurs apparences de simples objets sexuels, s'attachant parfois, comme Edmond de Goncourt, à faire œuvre de médecin, de savant ou d'historien. Un joli monde a aussi convoqué quelques hommes de lettres remarquablement oubliés, tels Paul Adam (Chair molle) ou Eugène Montfort (La Turque), et des écrivains francophones, comme Georges Eekhoud, qui a illustré avec force les bas-fonds du " riddeck " d'Anvers. Des documents d'époque font écho à ces textes de fiction qui tous nous parlent de l'amour et de sa profanation.

01/2008

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Littérature française

Proust Océan

Rien n'était fait pour que Proust triomphe. Un mondain, un Juif, un homosexuel, qui a osé remporter le prix Goncourt contre un roman de guerre, ce qui lui a valu des persiflages infinis, jusqu'à une revue de cabaret présentant un numéro " Proust ma chère " . D'ailleurs, sa postérité a été lente à s'établir. Elle n'a réellement commencé que dans les années 1950, jusqu'à ce que Proust devienne l'un des écrivains français les plus célèbres du monde. Il y avait une bonne raison à cela. Elle s'appelle A la recherche du temps perdu. Ce livre a apporté à la fiction française des sujets que Proust a été l'un des premiers à traiter sérieusement, comme l'homosexualité, et surtout, surtout, un sujet capital, que personne n'avait jamais abordé, celui de la création. Un écrivain ou futur écrivain personnage principal d'un roman, c'est Proust qui l'a inventé. Plus encore, il a apporté à la littérature française une manière d'écrire authentiquement révolutionnaire. La langue française, si réglée, si sèche, souvent, a été assouplie par Proust à un point inouï. Le proust est ductile et englobant comme la mer. Lire A la recherche du temps perdu, c'est traverser l'Océan. Et c'est très facile, il suffit d'adapter sa respiration. Comme il suffit au lecteur d'adapter la sienne pour plonger dans ce Proust Océan de Charles Dantzig, où l'on retrouve la manière si singulière de l'auteur, ses entrées inattendues, ses alternances de chapitres brefs et plus longs, de saillies et de réflexions, d'érudition et de gai savoir, de gravité et de drôleries. Un livre sur Proust certes, mais aussi un essai d'esthétique proposant une certaine conception de la littérature fondée sur un longue familiarité avec les grandes oeuvres, une pratique des grands auteurs, un savoir encyclopédique. Tout est ici original et stimulant, mimétique de son objet même.

09/2022

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Littérature française

Comédie d'automne

" Comédie d'automne constitue le sixième et dernier épisode de " La vie poétique " . Je travaillais au kiosque quand " le tournant de la rigueur " nous a précipités dans une course à l'argent. Parmi les habitués se trouvait un homme d'une soixantaine d'années, Albert, dont j'appris au fil du temps qu'il était rentier, d'où son intérêt pour la seconde édition du Monde et des cours de la bourse. Spécialiste de Stendhal, il sera mon premier lecteur, et un conseiller avisé. Il est un des trois personnages centraux du livre. Avec ma mère qui ne vit pas d'un bon oeil la parution des Champs d'honneur, et encore moins l'attribution à son fils du prix Goncourt. Ce qui nous amène à cette " comédie d'automne " . On pourrait croire que le prix récompense le seul mérite d'un livre. Ô naïveté, les arcanes de l'édition ne fonctionnent pas sur des critères aussi élémentaires. C'est oublier les intérêts économiques, les rivalités, les ambitions, de sorte que les jurés du prix, dont la probité aux yeux de la presse était sujette à caution, furent très contents de pouvoir l'attribuer à un innocent n'ayant rien à voir avec le milieu, qui plus est auteur d'un livre paru aux très austères et vertueuses Editions de Minuit. L'entreprise de blanchiment était parfaite. Le troisième personnage crucial, car c'est par lui que le livre existe, c'est l'éditeur. Moins détaché qu'il n'y paraît. Et le narrateur ? Tout d'abord spectateur, venant d'une époque où ce genre de prix était discrédité, il assiste depuis son kiosque à cet étrange ballet de journalistes, de curieux, de rumeurs, de caméras de télévision, sans se sentir vraiment concerné. Le moment venu, ce ne sera pas aussi simple. Mais c'est bien grâce à ce livre qu'il fit la connaissance de deux hommes merveilleux : Bernard Rapp et Robert Doisneau. Ensuite, ce n'est plus la même histoire. " J. R.

08/2023

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Contes et nouvelles

Les chroniques de Georges Courteline dans "les Petites nouvelles"

Georges Courteline, de son vrai nom Georges Victor Marcel Moinaux, était un romancier et dramaturge français. Après avoir effectué son service militaire, il devient fonctionnaire au ministère des Cultes. Il passe quatorze ans dans la fonction publique, ayant tout loisir d'observer ses collègues, avant que le succès de ses oeuvres lui permette de se consacrer exclusivement à l'écriture. Ces premières expériences lui ont fourni ses principales sources d'inspiration littéraire. Dans ses premières pièces - Les Gaietés de l'Escadron (1886), Lidoire (1891) - il s'amuse à tourner en dérision l'armée. Messieurs les Ronds-de-Cuir (1893) s'attaque aux employés de bureau et aux bureaucrates. Boubouroche (1893), sa célèbre nouvelle qu'André Antoine lui demande d'adapter pour son Théâtre-Libre, prend pour cible la petite bourgeoisie. Les oeuvres suivantes, récits ou pièces de théâtre, sont des croquis pertinents de différents milieux, saisis sur le vif, mais sans vraie méchanceté. Un Client Sérieux (1896) et Les Balances (1901) visent le milieu de la justice et des tribunaux. Le Commissaire Est Bon Enfant et Le Gendarme Est Sans Pitié (1899) dénoncent la bêtise et la méchanceté des forces de l'ordre. Enfin, La Peur des Coups (1894), Monsieur Badin (1897) et La Paix Chez Soi (1903) n'ont d'autre prétention que d'amuser en montrant les ridicules du couple. Dans son oeuvre, servi par un style admirable, Courteline a donné une remarquable description des travers de son époque. Pour sa peinture des caractères, il a notamment su utiliser les dialogues dont il a fait un des ressorts essentiels de son comique. Représentants d'une classe sociale déterminée - le magistrat, le sous-officier - ou types d'individu - la bourgeoise, l'avare -, ses personnages sont tous d'une médiocrité rare et remarquable. Ils apparaissent dans des intrigues inspirées du quotidien, mais d'où surgit l'absurde. Auteur apprécié en son temps pour sa verve satirique propre à dépeindre les travers de la petite bourgeoisie, Courteline est décoré de la Légion d'honneur en 1899 et élu à l'académie Goncourt en 1926.

07/2022

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Thèmes photo

Spettri Di Famiglia

Spettri di Famiglia est une quête fièvreuse. Celle d'un photographe de renom, la quarantaine passée, prenant connaissance de ses origines napolitaines. Il s'ensuivra de multiples voyages qui, à défaut de vérité, nourriront un récit auto- fictionnel empreint de poésie noire. "Ce sont des images charbonneuses, enfouies depuis des lustres, puis lentement remontées des galeries profondes de la mémoire, ces endroits dédiés au pire et où l'on n'aime guère trainer. Ces images sont l'obscur récit d'un abandon, la fin brutale d'une enfance française , tranchée au hachoir. Un soir, à la fin des vacances, un père dit à Charlotte, sa fille d'une dizaine d'années, "on ne peut pas te ramener avec nous, il va falloir que tu restes ici". Et ici c'est l'Italie, c'est Naples, l'étran- ger, le bout du monde et pour une enfant, sans ses parents, la fin de tout. Et ce tout s'est joué sans explication, hors de la raison, du bien comme du mal. Simplement , la foudre du malheur s'est abattue, un soir d'été, à la fin des vacances". Extrait du texte de Jean-Paul Dubois, prix Goncourt 2019 Ulrich Lebeuf, né en 1972, est un photographe français. En mai 2016, il reçoit le prix Jean-Dieuzaide, décerné par l'Académie des arts de Languedoc, qui récompense le travail du photographe, non seulement pour son rôle de témoin lors de grands événements via ses clichés pour la presse française et internationale, mais aussi pour son engagement dans la promotion de la photographie, en tant que directeur artistique. Membre de l'agence MYOP depuis janvier 2007, ses travaux sont publiés dans Le Monde, Libération, The New York Times ou des magazines comme Grazia, VSD, Géo, M Le Monde... En parallèle à son travail pour la presse, il poursuit des travaux photographiques plus personnels, dans lesquels il emploie des techniques proches de l'art pictural.

10/2022

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Beaux arts

Du Romantisme à l'Art Déco. Lectures croisées

Les textes réunis dans le présent recueil traitent de domaines ou de questions chers à Jean-Paul Bouillon, à qui l'on doit bien des études marquantes sur l'art des XIXe et XXe siècles, tant par l'ouverture de champs négligés avant lui que par la qualité de ses propositions méthodologiques. On ne s'étonnera donc guère d'y trouver des contributions relatives au dialogue et à la synthèse des arts, à la figure de l'artiste, à la critique d'art, au marché de l'art comme à la notion de "modernité". Les auteurs ont eu à coeur de s'interroger sur la couleur comme sur la relation entre sculpture et musique, de revenir sur des artistes emblématiques tels que Baudelaire, Edmond de Goncourt, Zola, Maurice Denis, Degas, Cézanne ou Kandinsky, d'apporter un éclairage neuf sur des figures moins consacrées aujourd'hui telles que le peintre et théoricien Alexandre Séon, le critique Guillaume Janneau ou le marchand Léon Gauchez. Mais, au-delà de la découverte d'objets ou de relations nouvelles, d'artistes méconnus ou d'autres inédites, il s'agit aussi de porter la réflexion sur l'histoire de l'art elle-même, sur la définition de ses objets de recherche, sur les modèles historiographiques "lettré" ou scientifique, sur l'idée ambiguë d'"ordre" ou celle de hiérarchie artistique, le tout suivant les principes méthodologiques dont Jean-Paul Bouillon s'est fait le défenseur. Ne convient-il pas, à cet égard, de tenter de clarifier la notion même de mouvement artistique pour, avant d'en user ou d'en abuser, saisir celle-ci dans son historicité ? Cette mise au point passe d'abord par la solidité de références que ne déforment plus les a priori dogmatiques ou les schèmes figés d'une histoire de l'art soumise aux diktats "progressistes". L'histoire de l'art retrouve ainsi une pleine légitimité pour traiter du néo-impressionnisme ou du cubisme, du décor religieux comme des Prix de Rome de l'entre-deux-guerres, en marge du récit orthodoxe de la modernité.

04/2011

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Critique littéraire

Théophile Gautier

Théophile Gautier (1811-1872) est le personnage le plus flamboyant de l'histoire littéraire du XIXe siècle. Le gilet rouge qu'il portait lors de la bataille d'Hernani suffit à le rendre célèbre en une soirée. Puis, à vingt-quatre ans, son roman Mademoiselle de Maupin, fut considéré comme un événement par toute une génération. Prodigieusement doué, il aborda tous les genres et collectionna les succès tout au long de sa vie. Son premier ballet, Giselle, se révéla la plus grande réussite de toute l'histoire de la danse. Ses récits de voyage en firent le maître d'un genre à la mode. Le Roman de la momie et Le Capitaine Fracasse ravirent des générations de lecteurs. Mais, pour ses amis, il était d'abord un poète ; Baudelaire lui dédia Les Fleurs du Mal - on connaît la dédicace fameuse : " Au poète impeccable, au parfait magicien ès lettres françaises... ", et Flaubert disait : " On reconnaîtra plus tard que c'était un grand poète. " Le feuilleton du lundi de Théophile Gautier (d'abord dans la Presse, puis dans le Moniteur) fit de lui, pendant plus de trente ans, le critique dramatique et artistique le plus courtisé et le plus redouté de Paris. À cela s'ajoutait un réseau d'influence, car ses amis étaient innombrables. Mais il considérait son travail de journaliste, qui était à la fois son gagne-pain et la source d'un pouvoir considérable sur les arts et les lettres, comme une servitude qui le détournait de son œuvre de poète - cela ne l'empêcha pourtant pas de composer Émaux et Camées. De l'avis des Goncourt sa parole était un enchantement : ses tirades improvisées faisaient la joie des invités de la Présidente, de la princesse Mathilde ou de la Païva, et sa séduction lui valut de nombreuses aventures féminines. C'est une existence d'une richesse exceptionnelle que relate avec minutie et brio Gérard de Senneville.

10/2004

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Histoire de l'art

Le Japonisme, un art français

"Il est tout à fait évident, écrivait Pierre Francastel en 1937, qu'il ne faut pas confronter Japon et japonisme" : c'est cependant ce qu'on n'a cessé de faire. A rebours d'une approche néo-positiviste qui voit dans le japonisme le résultat d'une influence, ce livre analyse à nouveaux frais un étonnant phénomène d'innutrition, dont l'histoire matérielle est indissociable du programme conceptuel : levier épistémologique, l'art japonais fonctionna comme un génial indicateur et conforta des convictions antérieures à l'ouverture du Japon. Limiter l'étude du japonisme à la France, loin de rétrécir le sujet, l'élargit en permettant de reconstituer ses capillarités et la circulation des représentations dans un milieu osmotique, frémissant d'échos littéraires et artistiques, à une époque où la presse façonnait les représentations esthétiques et sociales. La constitution d'une "planète japonisme" a occulté les débats internes auxquels répondit la révélation des arts du Japon, qu'on ne peut dissocier de l'acclimatation du préraphaélisme en France et plus généralement du médiévalisme. Ecartant les "japonaiseries" (les bibelots et les toiles orientalistes), inversant la logique de l'influence, rendant un rôle moteur aux prétendus influencés, ces pages accompagnées d'une iconographie nouvelle se concentrent sur le japonisme comme "révolution de l'optique" , suivant l'heureuse expression de Jules de Goncourt reprise par son frère Edmond, souvent citée mais mal exploitée. D'Ingres à l'Art nouveau dont le japonisme, contrairement aux idées reçues, n'est pas la conclusion mais en partie l'antidote, elles restituent, dans leur cadre discursif, les phases de son évolution au miroir d'une Grèce en plein bouleversement, en associant largement les écrivains et les critiques d'art, ces acteurs essentiels, grands oubliés d'une histoire qui a sous-estimé les réseaux de sociabilité de la culture d'accueil. Si le japonisme devint un phénomène international, c'est bien parce qu'il fut, d'abord, un art français quand Paris, capitale du XIXe siècle, aimantait les imaginations.

02/2023

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Biographies

Je pense à votre destin. André Malraux et Josette Clotis - 1933-1944

Née dans l'euphorie de son prix Goncourt 1933 et sur un pari farfelu, pour reprendre un mot d'André Malraux, sa liaison avec Josette Clotis devient rapidement une passion - contrariée et d'autant plus flamboyante. La ravissante et jeune romancière, toute gauche qu'elle soit, est aussi une femme rebelle et tenace. Elle ne s'accommode pas de vivre à la marge du couple d'André et de Clara Malraux, laquelle la surnomme " la provinciale " . André et Josette vivent côte à côte plutôt qu'ensemble, voyagent, s'écrivent, s'aiment, ont deux enfants. La guerre ne désarme pas celle qui veut tout Malraux et tout de lui. On ne savait à peu près rien de ce Malraux amoureux. Son enrôlement en 1940 comme soldat de deuxième classe dans une unité de chars à Provins en fait un épistolier malgré lui, attentif et protecteur, pudique et spirituel, toujours tendre envers Josette. Celle-ci, qui excelle dans l'écriture de soi, remplit depuis des années des cahiers secrets, jusqu'à sa mort tragique en 1944, les jambes broyées à la suite d'une chute d'un train. Elle y a consigné les soubresauts de leur relation, mais aussi ses désirs de femme affranchie, loin de la midinette capricieuse ayant capté Malraux à quoi on a trop souvent voulu la réduire. Je pense à votre destin, fondé sur des archives inédites, fait le récit de cette passion qui n'a pas duré moins de douze ans. Il est suivi de trente-cinq lettres de Malraux largement inédites, de fragments issus des cahiers inédits et de projets de romans de Clotis où Malraux apparaît, ainsi qu'un cahier préparatoire de celui-ci, inédit lui aussi, aux Noyers de l'Altenburg, auquel il travaillait du temps de leur liaison. Tous contemporains, ces éléments racontent, chacun à sa façon, une histoire inouïe d'amour et de littérature. Rappel : La Tentation de l'Occident d'André Malraux ainsi que les mémoires de Clara Malraux, en particulier Nos vingt ans, sont disponibles dans la collection Les Cahiers rouges.

03/2023

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Histoire du sport

Des écrivains et du sport. 14 portraits d’auteurs et d’autrices par leur passion sportive

Quand la littérature rencontre le sport, 14 portraits d’auteurs passionnés. Aviez-vous déjà imaginé que les grands auteurs et autrices soient d’excellents sportifs et que cette pratique ait pu influencer leurs œuvres ? Que l’on peut être prix Nobel de littérature et joueur international de cricket ? Prix Pulitzer et boxeur ? Prix Goncourt de la nouvelle, coureur de fond et "fou" de cyclisme ? Pourtant la beauté d’un geste, de l’effort, la ferveur d’un stade, les festivités qui entourent une grande compétition et les athlètes légendaires ont été et sont toujours des sujets prisés des artistes. Dernièrement, on ne compte plus les auteurs et autrices contemporains de renom qui ont écrit sur le sport : Jean Echenoz, Jean-Philippe Toussaint, Tristan Garcia, Jean Hatzfeld, Olivier Guez, Bernard Chambaz, Paul Fournel, Éric Fottorino, Maylis de Kerangal, Lola Lafon, Jean-Paul Dubois ou Philippe Delerm. Pourtant un stéréotype tenace voudrait que ces deux mondes soient antagonistes, on est soit du côté du sport, soit du côté de la littérature, il serait inconcevable qu’un sportif écrive et qu’un auteur soit sportif ! Pour la première fois, un livre rassemble quatorze portraits d’auteurs et d’autrices internationaux sur le thème de leur passion du sport. Pour constater que ce phénomène n’est pas nouveau, on remonte le temps pour découvrir Albert Camus, Pier Paolo Pasolini, Luis Sepúlveda et Vladimir Nabokov en footballeurs , David Foster Wallace en tennisman, Samuel Beckett et Arthur Conan Doyle en joueurs de cricket, Ernest Hemingway et Arthur Cravan en boxeurs, Colette en gymnaste, Harry Crews en karatéka et professeur de bodybuilding, Agatha Christie en surfeuse, Jack Kerouac en footballeur américain, et pour conclure ce périple, Antoine Blondin en coureur de fond et passionné de cyclisme. Cet ouvrage brise le stéréotype qui consiste à séparer l’intellectuel et le sportif, et met fin à l’idée que le sport et la littérature seraient des domaines inconciliables. Dans Des écrivains et du sport, le mur est tombé et la tête et les jambes ne font qu’un.

04/2023

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Critique

Ecrire la nature, imaginer l'écologie. Pour Pierre Gascar

En juin 1972 Le Monde consacre un dossier spécial à "Littérature et pollution". L'occasion est fournie par la Conférence de Stockholm, qui établit les bases de la gouvernance mondiale de l'environnement. Quelques mois plus tard paraît en France le premier numéro de La Gueule ouverte. Mensuel écologique, à travers lequel Pierre Fournier, dessinateur libertaire et antinucléaire venu d'Hara Kiri, tente de sensibiliser ses amis gauchistes à l'écologie. C'est au même moment que Pierre Gascar publie Le Présage, un recueil de récits intégralement consacré aux lichens. Gascar, qui dans la décennie qui entoure 1972 fait paraître ses livres majeurs, choisit de voir dans la disparition de ces organismes extrêmement sensibles à la pollution le signe de la détérioration de l'environnement. Avec ce livre, il place l'écologie naissante au coeur de la littérature la plus exigeante. Ironiquement, c'est au moment où Gascar fait résonner ce que nous considérons aujourd'hui comme un enjeu de société majeur, qu'il va progressivement tomber dans l'oubli. L'estime de Kenzaburo Ôé, des dizaines de livres publiés chez Gallimard, un Prix Goncourt remporté en 1953 et le Grand Prix de l'Académie obtenu en 1969 n'y changeront rien, pas plus qu'un engagement social généreux qui date du Front Populaire. Gascar s'est effacé de nos mémoires, balayé par l'esthétique des Nouveaux Romanciers avec lesquels il entretenait pourtant un dialogue fertile. Ignoré par un monde littéraire longtemps indifférent à l'écologie. Cinquante ans après l'année qui constitue le moment pivot marquant la prise de conscience environnementale, il est temps de lire enfin Gascar. Son imaginaire, qui doit autant à une sensibilité pour la nature remontant à une enfance campagnarde qu'à une révolte face à la manière dont l'homme maltraite l'environnement, résonne aujourd'hui avec d'autant plus de force qu'elle est portée par une écriture des sens particulièrement apte à faire voir le monde dans sa matérialité.

05/2021

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Littérature française

Faits d'hiver. 20 journées ordinaires de la vie de 50 femmes

Le JOURNAL ou le JOURNAL INTIME est un genre littéraire à part entière. Celles et ceux qui s'y adonnent sont appelés DIARISTES (de l'anglais Diary, journal intime). La spécificité de l'ouvrage que vous avez entre les mains est que tous les textes des journaux retranscrits ont été écrits par des femmes et qu'ils sont délimités par une période courte et définie : du 21 décembre (solstice d'hiver) au 9 janvier, soit une vingtaine de jours pour traverser le temps et passer de l'année 2021 à l'année 2022. A la base, le JOURNAL (en tout cas le JOURNAL INTIME) est conçu et écrit à usage privé, et généralement touche à l'intimité de son auteur(e). Mais depuis des lustres, ce JOURNAL, intime ou non - certains s'en servent pour parler de l'actualité, des livres, de la nature, etc., et on en vient ainsi à parler plutôt de JOURNAL PERSONNEL - devient un récit littéraire (ou même quelquefois artistique), qui peut se rapprocher de l'autobiographie par le fond, même si la forme est clairement définie : relation des faits par ordre chronologique et daté. De grand(e)s auteur(e)s se sont risqués au JOURNAL et non des moindres : les Frères Goncourt, Jules Renard, André Gide, Benjamin Constant, Léon Bloy, Michelet, Paul Léautaud, Cioran, Simone de Beauvoir, Anaïs Nin et tant d'autres. Certains l'ont appelé JOURNAL, d'autres CAHIERS. Discrédité durant une bonne partie du XXe siècle, le JOURNAL a plutôt tendance à être réhabilité de nos jours avec des diaristes contemporain(e)s qui leur redonnent leurs lettres de noblesse. Notre ambition avec cet ouvrage collectif est de mettre en avant des FEMMES auteures, que l'on ne rencontre pas habituellement sur le devant de la scène littéraire, mais dont l'écriture n'a souvent rien à envier à leurs illustres consoeurs médiatisées. Nous remplissons ainsi pleinement notre rôle de découvreur, défricheur, et vous donnons à lire un contre-courant de la scène littéraire qui, nous l'espérons, parviendra à vous séduire.

05/2022

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Philosophie

Eloge du sommeil à l'usage de ceux qui l'ont perdu

Pourquoi dormir quand il y a tant à faire ? Le sommeil à l'ancienne n'est-il pas dépassé, enterré par les réseaux sociaux, les boutiques et les agendas ouverts 24 h sur 24 ? L'urbanisation nous conduit à un temps uniforme, à une illumination permanente de l'environnement, à une succession de stimulations irrésistibles. Faire une pause, oui. Dormir, plus jamais ! Aujourd'hui, la valeur du sommeil est devenue relative, elle n'est plus gravée dans le marbre de la nuit. II faut donc rappeler sa vertu et sa magie, célébrées dès les premières civilisations humaines. Le sommeil est d'abord ce remède intérieur que s'octroie le corps en s'alignant sur le rythme cosmique. Il nous permet aussi de faire l'expérience troublante d'un oubli de nous-mêmes, d'une abdication de la conscience qui nous donnerait un avant-gout de l'absolu, tout en nous offrant une morale de l'action, un exercice spirituel de la réserve et du détachement. Enfin, dormir crée un lien unique entre les êtres, qu'il s'agisse du couple d'amoureux qui s'observent, ou des veilleurs indispensables au repos de tous, et qui font peut-être du sommeil le fondement de la cité et de la concorde. Cet éloge souhaiterait montrer combien le sommeil est un ressourcement et un art de vivre. Il propose une promenade à travers des siècles de littérature, de philosophie et de sagesses du monde : de l'hindouisme à Shakespeare, de Montaigne à Nietzsche, de Freud à Pessoa... Mais aussi un panorama des dernières connaissances scientifiques sur la valeur et les bienfaits du sommeil. En intermède, quatre éloges originaux sont enfin signés par de grands auteurs contemporains : Alexis Jenni (prix Goncourt 2011), François Garde, Martin Page et Sophie Divry. Sous la direction de Dalibor Frioux, un manifeste engagé contre l'hégémonie d'une vie a flux tendu, pour défendre le plus intime de nos espaces de liberté.

10/2017

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Littérature française

L'EMPREINTE DU DIEU

Van Bergen avait pris la main de Karelina : Regarde, comme c'est beau, Karelina, disait-il. Regarde... Il contempla la cité en silence un long moment. Puis, Karelina l'entendit soupirer. Et il dit tout bas, comme pour lui-même : Durer... Laisser une trace... Voilà ce qu'on désire par-dessus tout, n'est-ce pas, petite ? Moi, c'est de cela, c'est d'Anvers, que j'espère une ombre de survie. Oui... Plus tard, dans bien longtemps, quand je serai mort, des gens viendront encore ici, contempler Anvers, et rêver... J'aimerais, vois-tu, que mon nom, mon souvenir, se rattache à ces choses - et qu'en les revoyant, quelquefois, ils aient une pensée pour moi... Elle eut l'éternelle révolte de la femme, l'instinctive jalousie de l'aimée, envers la rivale, l'oeuvre : Je ne te contente pas ? Je ne te suffis pas ? Il eut un sourire, l'indulgence de sa maturité déclinante, pour cette orgueilleuse et naïve jeunesse : Si, si, Karelina. Tu as raison, je suis un chimérique... Et comme, au fond, il sentait bien qu'il y avait aussi quelque sagesse en elle, et qu'elle approchait plus que lui, poète, la dure et froide réalité des choses, il répéta doucement : Tu as raison... La plus belle des survies, tu me la donnes... Et c'est toute l'immortalité que je demande, pour quand je n'y serai plus. Durer, durer en toi un moment... Laisser en toi mon souvenir, Karelina... Il avait passé son bras autour des épaules de la jeune femme, si émue qu'elle ne pouvait dire un mot. Et il espérait presque, à cette minute, être sincère, et parvenir à se contenter de ce bonheur accessible, à la mesure du commun des hommes... L'Empreinte du dieu, Prix Goncourt 1936, un très beau roman de Maxence Van der Meersch, le célèbre auteur de Corps et Ames.

02/1979

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Montagne

Mont-Blanc. Les plus beaux itinéraires à skis

Le massif du Mont-Blanc est un terrain de jeux fabuleux pour le ski alpin, le free-rando ou le ski de rando. Philippe Batoux, guide de haute montagne, a sélectionné 70 courses parmi les plus belles et les plus exclusives pour rejoindre des sommets, dévaler des pentes sans fin et des couloirs magiques. Ce qui concourt à la notoriété du massif est son accès facile grâce au réseau de remontées mécaniques qui permet de skier beaucoup plus qu'ailleurs et très tard en saison. Certains itinéraires à skis exceptionnels sont accessibles par gravité depuis les remontées mécaniques, ce qui est unique au monde. Pour d'autres, une montée plus ou moins longue avec les peaux sera nécessaire pour rejoindre le début de la descente. La plus belle façon de gravir le mont Blanc est de le faire à skis. Quel bonheur de chausser sur le Toit de l'Europe pour déchausser à Chamonix, 3 700 mètres plus bas, après une des plus longues descentes au monde. Victime de son succès, le massif du Mont-Blanc est très courru par les amateurs de neige. Mais cette fréquentation se concentre sur certains itinéraires et Philippe Batoux présente les grandes classiques ainsi que des courses où la solitude est assurée. Tous ces itinéraires se pratiquent essentiellement sur glacier, mêlant les techniques de l'alpinisme et du ski. Ils sont illustrés par de superbes photos, sont tracés sur photos pour plus de précisions et représentés sur des cartes pour mieux préparer sa course.

12/2020

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Critique littéraire

Lire Du côté de chez Swann

Nouvelle présentation Le 14 novembre 1913 paraît Du côté de chez Swann de Marcel Proust, le premier tome d'A la recherche du temps perdu qui concourt à fonder l'esthétique du XXesiècle. La création de l'univers de Swann invite Proust à transfigurer et à approfondir les grandes questions de sa vie. Comment l'adulte revit-il son "roman familial" ? La maladie est-elle nécessaire à la création ? Comment déguiser et universaliser son expérience amoureuse ? Mais à travers ces questions l'écrivain révolutionne l'art du roman. Le narrateur, qui pourtant dit : je, n'est pas l'auteur. Livré aux interprétations multiples, le roman s'enrichit de son système même. L'histoire d'une vocation d'écrivain ou la recherche du temps perdu, quel sujet l'emporte en fin de compte ? Quel rôle joue exactement Swann par rapport au narrateur ? Les réponses sont à chercher dans les symboles et la construction d'une oeuvre conçue comme une cathédrale. Luc Fraisse, professeur en classes préparatoires littéraires, est un spécialiste de l'oeuvre de Marcel Proust, à laquelle il a consacré sa thèse de doctorat ainsi que de nombreuses publications. Un livre évènement. Marcel Proust déconcerté. Les premiers lecteurs. Naissance d'un art poétique. L'oeuvre et l'auteur. L'écho lointain d'une vie. Le roman dans l'oeuvre. La recherche et la gloire. Les grands moments. "Combray". "Un amour de Swann". "Nom de pays : Le Nom". Proust juge son oeuvre. Enjeux et échos. L'histoire d'une vocation. Les enjeux de l'intrigue. La technique du roman.

07/2005

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Renaissance

Toujours à galerne le soleil se couche

Paris, puis Bretagne de fin 1588 à 1598. 8e et dernière Guerre de Religion. Trois jeunes gens (deux garçons et une fille), logés au Collège de Léon, font leurs études au Collège de Boncourt. Pour apprendre le français et faire leurs humanités. Un des jeunes hommes est un sieur (un noble sans fief car cadet - en Bretagne, les fiefs sont indivisibles et réservés aux seuls aînés) ; c'est un fervent catholique qui embrassera bientôt la cause de la sécession bretonne voulue par le duc de Mercoeur. Le second est le fils d'un marchand de crées de Morlaix, dont la mère est Cornouaillaise de Grande-Bretagne, de confession presbytérienne (protestante non anglicane). Son père et lui-même sont donc soupçonnés de sympathie huguenote. La jeune fille est une véritable pennhêrez (dame détentrice d'un fief), issue d'une noble lignée dont l'origine mystérieuse se perd dans la nuit des temps. Suite à l'assassinat du Duc de Guise à Blois en décembre 1588, la 8e et dernière Guerre de Religion éclate. Nos héros, fuyant la dictature dure alors instaurée à Paris par la Ligue et les fanatiques " Docteurs Noirs de la Sorbonne " pour la Bretagne, vont se trouver embarqués dans cette guerre, la seule guerre de religion ayant eu lieu dans cette province, guerre de religion, politique et sociale, guerre civile, guerre nationale et internationale avec les interventions de l'Espagne et de l'Angleterre. Guerre de guérilla enfin marquée par des atrocités sans nom. Nos héros vont se retrouver pris dans cette tempête. Amour, destin, tragédie, mort.

05/2021