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Allie Reynolds

Extraits

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Philosophie

Dictionnaire Nietzsche

"Les mots et les concepts, écrivait Nietzsche en 1879, nous induisent continuellement à penser les choses plus simples qu'elles ne sont". Conscients de cette mise en garde et du danger qu'il y a à prendre les mots pour des choses, les auteurs de ce Dictionnaire ont suivi un fil d'Ariane dans le labyrinthe de la pensée nietzschéenne : toute interprétation doit être elle-même interprétée, toute valeur doit à son tour être évaluée, avec ce sens de la nuance et cet " art de bien lire " recommandés par le philosophe-philologue, qui était aussi artiste et médecin. Ce Dictionnaire Nietzsche, le premier d'une telle ampleur, fait pénétrer le lecteur dans le monde de la volonté de puissance, du surhumain et de l'éternel retour, dans l'univers de la tragédie et du gai savoir, dans la généalogie " humaine, trop humaine " des passions, des croyances, des idéaux et de la vérité elle-même. Il évoque aussi les adversaires et les alliés, les livres et les lieux, les arts et les sciences qui ont inspiré Nietzsche, reconstituant de proche en proche sa vie et son oeuvre. Ce Dictionnaire témoigne de l'inépuisable créativité du philosophe, esprit libre et solitaire, critique sans concession du passé et du présent, penseur intempestif d'une philosophie de l'avenir dont les remèdes, parfois radicaux mais le plus souvent extrêmement subtils, n'ont pas fini de nous solliciter et de mettre à l'épreuve nos manières de penser. Plus de trente spécialistes de Nietzsche, français et internationaux, ont contribué à ce Dictionnaire qui non seulement cristallise l'état présent des recherches mais indique aussi des directions pour leur évolution future. Accessible à différents niveaux, il s'adresse à tout lecteur curieux, qu'il soit familier ou non de Nietzsche et de la philosophie, en lui offrant des points de repère et des analyses approfondies pour découvrir l'une des pensées les plus déterminantes de l'époque moderne et contemporaine.

03/2017

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Cinéma

La vingt-cinquième image. Une économie de l'audiovisuel, 4e édition

A chaque seconde de projection, la télévision ajoute une vingt-cinquième image, comme pour satisfaire plus rapidement sa boulimie de cinéma. Cette légère accélération a bouleversé le secteur. L'effondrement de la fréquentation a mis le grand écran sous la dépendance du petit, sa forte reprise au tournant du millénaire indique que les deux médias sont passés d'une coexistence plus ou moins pacifique à un développement séparé mais solidaire. La télévision, notamment sous ses formes les plus récentes, utilise des images du septième art pour assurer en partie son expansion ; le cinéma, lui, se sert de ce marché pour assurer son financement. L'avènement du numérique a révolutionné cette industrie. L'utilisation d'un langage informatique unique, alliée à la compression pour traiter et transporter image et son, banalise les supports et les fait converger vers un modèle unique. Cette nouvelle technologie, qui démultiplie les services rendus aux consommateurs et fait exploser la demande de programmes, a besoin d'un marché de masse pour s'épanouir. Elle a engendré un processus de concentration horizontale et verticale inédit dans ce domaine de la communication même si certaines entreprises prennent conscience que le gigantisme ne coïncide pas toujours avec la plus grande efficacité. La compétition mondiale s'en trouve intensifiée et la domination américaine renforcée. En même temps, frontières politiques et espaces économiques nationaux deviennent, grâce au satellite à Internet, de plus en plus virtuels. La France a toujours développé une politique sophistiquée de protection de ses industries audiovisuelles selon un modèle qui peu à peu s'exporte. En 2006, l'Unesco a ainsi adopté une charte de la diversité culturelle. Reste le septième art. Tant qu'il protégera son pouvoir d'émotion et que sa prestigieuse mémoire hantera les esprits, sa survie devrait être assurée. Son seul atout est encore de conserver vingt-quatre images sur vingt-cinq, d'exiger du public ce supplément d'effort qui entretient son désir.

12/2006

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Poésie

Silence, Chavée, tu m'ennuies. 1031 aphorismes

La légende d'Achille Chavée ou le désormais légendaire Achille Chavée. Tout qui, dans sa généalogie possède un aïeul ou un ancêtre qui vécut dans la région du Centre au milieu du vingtième siècle a une anecdote à raconter à propos d'Achille Chavée, quitte à ce qu'elle frise la caricature... Que ce soit l'ombre titubante rejoignant son logis au terme d'une soirée arrosée ou le rebelle affectant des airs dédaigneux à l'égard de certains de ses contemporains ou l'avocat des causes impossibles adoptant parfois des attitudes jugées désinvoltes... Nombreuses sont les légendes qui circulent encore aujourd'hui au sujet du poète louviérois. L'homme ne laissait pas insensible. C'est dans ses différences que ceux qui l'ont détesté et ceux qui l'ont aimé sont allé chercher les causes de leur détestation ou de leur admiration. Rebelle, on l'a dit, mais aussi libre-penseur, agitateur, anarchiste ou communiste et même stalinien, bien loin de la pensée conventionnelle de son époque, l'homme était de tous les combats contre l'oppression et les oppresseurs, Chavée mourut alors que la reconnaissance de son talent poignait à l'horizon : André Miguel sortait le recueil qui lui était consacré dans la célèbre collection "Poète d'aujourd'hui" chez Seghers alors qu'il vivait ses derniers instants. 50 ans après son décès, nous avons voulu mettre en lumière une partie bien spécifique du travail d'Achille Chavée , ses aphorismes. Longtemps dans l'ombre de sa poésie, son art de manier la phrase fulgurante de force et de brièveté mérite qu'on s'y attarde. Le grand public tonnait une dizaine de ses sentences, mais au-delà de ces "classiques", nombreuses sont les productions aphoristiques que l'on peut désormais, grâce à cet ouvrage, savourer sans modération.

06/2019

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Actualité et médias

Le chaudron français

Entre novembre 2013 et janvier 2015, une vingtaine de jeunes habitants de Lunel, petit bout de Camargue coincé entre Nîmes et Montpellier, partent pour la Syrie. Musulmans fraîchement convertis, juifs ou catholiques, ils ont à peine la trentaine, ils sont chômeurs, footballeurs ou ingénieur et tous fuient le bourg, où ils ont grandi, pour rejoindre des inconnus, dont ils ne parlent même pas la langue ; des chefs de guerre djihadistes. Le 27 janvier 2015, alors que sont pleurés les morts de Charlie Hebdo, une opération policière, la première contre les filières terroristes de France depuis les attentats, met un terme à cet exode macabre. Jean-Michel Décugis ne reconnaît plus Lunel, la ville où il a grandi, où il est allé à l'école. Dans ses souvenirs, son bourg ensoleillé n'était que vignes et oliviers, taureaux, football et passion de l'arène. Et voici qu'en quarante ans, la commune est devenue une des plus pauvres de France. Le chômage, la violence, l'immigration et le racisme y ont explosé. La population s'est divisée, les communautés radicalisées et face à ce naufrage, des politiciens locaux attentistes, complaisants, toujours impuissants. A Lunel, si longtemps terre de migrations et de brassage, Renaud Camus, l'écrivain vénéré des milieux identitaires, a pu concevoir sa théorie funeste du " grand remplacement " . Comment Lunel en est-elle arrivée là? Pendant des mois, les auterus ont disséqué cette commune emblématique d'un échec national. Ils ont rencontré des religieux, modérés ou extrémistes, des jeunes et des anciens, des professeurs, chefs d'entreprises, bénévoles associatifs, des élus, des policiers, magistrats, avocats et gendarmes. L'histoire qu'ils nous racontent est celle de jeunes partis mourir et tuer en Syrie. L'histoire de ceux qui, dans l'indifférence générale, les ont soutenus ou embrigadés. L'histoire d'une faillite française.

09/2017

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Littérature française

I love NY

"En fait, je me souviens, on n'a pas fait d'endroits ou de clubs branchés, on n'est pas sorti en boîte, on n'a pas mangé une fois des sushis, on n'a pas ouvert un guide, on n'a pas regardé de carte, on ne s'est pas fait les musées, on n'est rentré dans aucune galerie, on n'a pas fait de shopping, on n'a pas été voir un spectacle sur Broadway, on s'est simplement promené et on a regardé. On a mangé dans des restos inconnus. On s'est fait un pique-nique à Central Park. On n'a jamais allumé la télévision, on n'est pas allé au cinéma. On n'a pas branché une fois notre ordinateur, on n'a pas checké une seule fois nos mails. On n'a croisé aucun de mes potes. On n'a pas mis une fois les pieds dans East Village. On ne s'est pas rendu une fois au Wonderbar. On n'a jamais pris le métro, on était tout le temps dehors. Ça nous est arrivé de marcher toute la nuit. On se baladait à vélo ou en taxi. Lucas, il adore le taxi new-yorkais. Il était comme un gosse. On se faisait des tours, sans avoir de destination en tête. On s'est tiré à Coney Island, on a bu de la vodka, on a mangé du caviar sur la plage. C'était easy. On n'est pas rentré dans une boutique, tout ce qu'on s'est acheté, c'étaient deux sacs de voyage. On est parti avec rien, on n'avait pas de téléphone portable, pas d'ordinateur, pas de matos, le strict minimum."

01/2009

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Littérature française

Hors circuit

« Elle comprit alors qu'elle avait à faire à Galmier et que c'était cuit pour elle. Il avait dû voir qu'elle s'éclipsait et l'avait suivie sans se faire remarquer. Comme un matou pelé, galeux mais encore teigneux, qui ne pouvait s'empêcher de guetter les moineaux fragiles et de leur mettre ses sales pattes dessus. "Ouvre, petite salope, ouvre ! De toute façon, t'es prise au piège !" Mais Fanfan n'ouvrait pas. Elle tiendrait tant que ses forces ne faibliraient pas. Il n'allait tout de même pas détruire la cabane, même s'il était encore costaud ? Et surtout qu'il était ivre ! Son odeur de vieux mal lavé et de vinasse parvenait jusqu'à elle. Il secoua une nouvelle fois la porte rageusement. En vain. Il y eut un moment d'accalmie. Elle pensa un instant qu'il s'était découragé et s'en était allé. Elle ne broncha pas. "C'est peut-être une tactique ? Il attend que je sorte pour me mettre la main dessus." » Placé sous le signe de l'échappée – qui peut être belle à plus d'un sens –, de la liberté à gagner, « Hors circuit » met en scène des femmes – enfants et adultes, innocentes ou terribles, apaisées ou au bord de la rupture – qui se débattent dans les carcans qu'on leur impose, qu'ils viennent des hommes souvent décevants, des institutions ou de la société. Aussi, dans ce recueil qui cultive les thèmes de l'innocence perdue, de la désillusion, de la violence toujours prête à exploser, où le bucolisme peut se montrer vénéneux, traversé encore de références mythiques et contiques, G. Biffiger poursuit-elle, avec la finesse littéraire qu'on lui connaît, le travail débuté avec « Les Hommes de leur vie ».

09/2014

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Poésie

Anthèses Poétiques II Sapience

4e de couverture : par Maître Jacques Trémolet de Villers L'Abbé Jean-Paul André, notre prêtre-poète, a peaufiné son art et lissé sa méthode. L'explication préalable, brève et savante, ouvre à la lecture du poème. Le lecteur, prévenu du mot rare et instruit de son sens, peut se laisser aller à la chanson. La musique lui en donnera une intelligence supérieure. C'est une oeuvre originale que celle de prêcher par voie de poésie. Mais c'est surtout une oeuvre utile. L'Abbé André est un passeur ou un guide. Il nous permet d'entrer dans les voies de la sagesse et puis, la porte franchie, il montre ou il suggère. Il explique un peu puis se tait. Le poème, alors, peut prendre doucement possession de notre coeur et de notre esprit et nous introduire aux joies de la connaissance. Sapiences ! La sagesse a été coulée ici dans la forme du vers, que Maurras disait "si grand ami de la mémoire" . C'est que les Muses sont filles de Mémoire et que, sans mémoire, notre vie se dissout sur "les cristaux du fluide, du fuyant, de l'enfui et de l'en allé" . Par là, le Maître de Martigues pouvait conclure que "le mystère de l'art côtoie le mystère du monde par la vertu du vers en soi, par l'incarnation de la fabuleuse gageure hors laquelle il n'y a que la Prose et le Malheur, la Prose et le Deuil, sans retour" . Dans ces poèmes, les "retours" , en rimes et refrains, césures et cadences, sont la vivante preuve que le vers est bien celui qui "retient dans ses griffes dorées l'appareil éboulé de la connaissance" . Le poème est donc bien, à l'image du divin Maître, Verbe et Vie.

03/2018

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Théâtre

La toute dernière tentation du Seigneur Jésus-Christ ou la tragédie du roi des Juifs. Tome 2

La première tentation du Seigneur Jésus par Satan s'était déroulée dans le désert avant le démarrage de son ministère. Lors de cette opération, le diable échoua lamentablement. Cependant, il n'avait pas démordu. Il tourna autour de Jésus jusqu'à ce qu'une autre occasion se présenta à lui lorsque Dieu décida que Jésus mourût pour la délivrance de l'humanité. Dès que le diable réussit à tuer le Christ, il se mit en confiance et résolu de corrompre son corps. Ce qui, pour lui, serait une grande victoire sur Dieu. Il est vrai que tous les chrétiens sont instruits de la passion du Christ et de sa résurrection. Mais beaucoup ignorent où Jésus a passé les trois jours avant sa résurrection. C'est à travers la confession de foi chrétienne où le symbole des apôtres que nous sûmes que Jésus était descendu " aux enfers " à la suite de sa mort. Or, " l'enfer ", selon sa signification, est un " lieu de tourment ". Si l'on se réfère à la Bible, l'enfer n'est autre chose que le " séjour des morts ". L'enfer est donc, l'autre nom du séjour des morts, le lieu de rassemblement de tous les morts. Il s'ensuit de ce fait qu'il n'est pas un endroit de joie et de paix. Pourtant, c'est dans cet abîme que Jésus passa trois jours. Jésus n'est donc pas allé aux enfers pour se reposer ou pour dormir tranquillement. Il est clair qu'il y eut un véritable combat entre l'armée de Dieu et celle de Satan pendant les trois jours. C'est ce moment sombre, triste, agité et humiliant que le Christ a vécu dans le royaume de Satan, avant sa résurrection, qui est illustré à travers des actes et des scènes.

10/2022

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Romance et érotique LGBT

Prime Time. Tome 2, Destin et coeur volé

Xander Sean Bailey, le frère aîné de mon meilleur ami d'enfance, a toujours été un sacré emmerdeur avec un sale caractère et une attitude revêche. Pourtant, au cours des dernières semaines, je suis tombé amoureux de lui. Il possède un certain charisme, son air bourru a quelque chose de séduisant, et je me suis surpris à voir au-delà de mes a priori et à découvrir une toute nouvelle facette de l'inspecteur Trouduc... une facette que je pourrais aimer. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille et tout peut basculer d'un instant à l'autre. Pour le meilleur et pour le pire. Je sais de quoi je parle : je l'ai vécu hier soir. Je suis allé trouver Sean pour lui demander d'être mon garde du corps. Je ne m'attendais pas à ce qu'il vole mon coeur au passage. #GardeDuCorps #GayForYou #Célébrité #Sexy #MM #RomanceContemporaine "Voir les rapprochements entre ces deux hommes fut une expérience de lecture très agréable, je n'hésiterai pas à me saisir du dernier tome dès qu'il est disponible ! " Meags, Goodreads "Je ne sais pas comment Ella Frank fait pour manier les mots avec tant de talent, mais tous ses personnages me marquent durablement. J'ai hâte de lire le dernier tome de cette série, il faut absolument que je sache comment l'histoire de ces deux hommes se termine ! J'espère que vous les aimerez autant que moi ! " blog Carol's Crazy Bookish World "Ella Frank est la reine de la tension, et même si je savais que ce livre se terminerait sur un retournement de situation, j'avais hâte de savoir de quoi il s'agirait ! " blog Mirrigold : Mutterings & Musings (LGBTQ+ Review Blog)

07/2023

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Terrorisme

Couvrez-les bien, il fait froid dehors…

C'est à l'été 2018 que Sophie Pirson rencontre Fatima Ezzarhouni dans un groupe qui rassemble des proches de jeunes radicalisés, des personnes victimes ou proches de victimes des attentats et des intervenants de première ligne. Le 22 mars 2016, la fille de Sophie a été blessée dans l'attentat du métro Maelbeek. Le fils de Fatima est parti combattre en Syrie le 16 juin 2013. Ces deux mères que tout devrait opposer vont se parler, se découvrir, se construire ensemble une amitié et une intimité fortes, à partir de leurs déchirures et au-delà de l'horreur. Sophie Pirson peint d'une écriture sensible ce récit croisé où les deux voix se répondent en harmonie. Pour conclure son ouvrage symboliquement le 22 mars 2020. David Van Reybrouck, dans sa belle préface écrit : "Cet ouvrage est plus qu'un livre sur les attentats et les combattants en Syrie. (...) C'est le récit d'une amitié nouvelle, inattendue et improbable entre deux femmes fortes, marquées par la vie, mais pas captives. (...) C'est un livre empli de douceur, sur le pouvoir de la vulnérabilité et le réconfort de la beauté." Sophie Pirson écrit les chemins qui se croisent, l'amitié partagée, les larmes et les rires rassemblés. "Nous goûtons à la chaleur de nos élans avec bonheur. Je te lis les pages écrites. Tu complètes, corriges, acquiesces, précises. Nous nous sommes approchées et rapprochées avec notre passé et notre présent. Aujourd'hui, à travers nos échanges, nous nous efforçons d'inventer un futur." Une écriture limpide où la narration se tisse dans l'entrelacs de la conversation, de la réflexion et de la poésie. Une fenêtre largement ouverte sur un monde qui respire. L'ouvrage est conjointement publié dans sa traduction néerlandaise (Alle moeders wenen dezelfde tranen) aux éditions EPO, avec la même préface de David Van Reybrouck.

09/2021

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Correspondance

Funambule majuscule. Lettre à Pierre Michon suivie de Réponse de Pierre Michon à Guy Boley

Avant d'écrire, Guy Boley a lu, énormément, en vrac et à l'emporte-pièce, comme tout autodidacte. Puis, un jour, un livre de Pierre Michon, Vies minuscules. Ebloui par ce texte, il est allé le rencontrer, il y a plus de trente ans, dans une librairie, lors d'une séance de signatures. Ils sont devenus amis. Quelques années plus tard, il lui écrit cette lettre, hommage non idolâtre dans lequel il compare le métier d'écrivain à celui qui fut le sien des années durant : funambule. Qu'ont en commun l'auteur et l'acrobate ? Presque tout de ce qui rend la vie séduisante, dont ceci : chacun doit affronter le vertige, le vide, et le risque la chute. Parce qu'il a su braver la peur et se relever après s'être brisé maintes fois, Pierre Michon mérite, aux yeux de Guy Boley, le titre de Funambule Majuscule. Il nous dit pourquoi. Mais pour illustrer son propos, il se livre également et partage avec nous ses souvenirs d'un temps où il risquait sa peau en traversant le ciel. Il raconte comment il grimpait des mètres au-dessus du sol pour s'élever et tendre ses cordes d'acier avant de se lancer, et nous invite sur les toits, les clochers, les hauteurs, à le suivre. Déclaration d'amour, ce court texte est le plus intime de Guy Boley. Il y assume le je pour se confier, se raconter funambule, lecteur et prétendant auteur, mais aussi revenir sur ses rêves utopiques de jeune soixante-huitard ou la mort de son père. Avec une force et une poésie brutes, il nous livre ainsi une confession inédite et une réflexion profonde et terriblement juste sur l'écriture, la littérature, et la beauté que traquent ceux qui la servent encore. La lettre est suivie de la réponse de Pierre Michon à Guy Boley.

01/2021

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BD tout public

Carnet du Pérou. Sur la route de Cuzco

En décembre 2011, lors d'un atelier en pays Cathare, il croise la route d'une jeune plasticienne en résidence, originaire de Cuzco, qui, selon lui, " dégageait une énergie qu'on sentait jaillie de cette terre lointaine dont je ne savais rien ". Entre eux va naître une forte complicité artistique et humaine. Dès lors, il n'a qu'une obsession : se rendre dans ce pays. Ce qu'il finira par faire en juillet 2012, s'engageant dans un périple qu'il souhaite le moins préparé possible afin d'en conserver toute l'authenticité, la virginité du voyageur qui a tout à découvrir, refusant d'être parasité par les clichés et les préjugés. Hélas, depuis sa sortie initiale, vous connaissez maintenant la triste vérité, Fabcaro n'est JAMAIS ?allé au Pérou et ce carnet de voyage est un faux... Mais quel faux ! Un faux totalement hilarant qui torpille tous les poncifs du carnet de voyage et prends un plaisir sadique à démonter les impostures littéraires du genre. Fabcaro, dessine depuis l'enfance et décide de s'y consacrer pleinement à partir de 1996. Il travaille pour la presse ou l'édition, pour différentes revues de bande dessinée (Fluide Glacial, Psikopat, Jade, Tchô !, L'Echo des Savanes, CQFD... Il a publié chez des petits éditeurs comme chez des gros des ouvrages pleins d'humour ou il passe à la moulinette le comportement de ses contemporains, sans oublier de s'égratigner en premier lieu. Après " Carnet du Pérou " qui fut l'un des livres d'humour marquant de 2013, sélectionné pour les prix d'Angoulême en 2014, son dernier ouvrage chez 6 Pieds sous terre, " Zaï Zaï Zaï Zaï ", paru en 2015 est un énorme succès, tant public que critique, couronné par de nombreux prix et sélections.

10/2013

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Histoire internationale

Saint-Francois en Chine ou l'épopée solitaire

Si saint François n'est jamais allé en Chine, son esprit, en revanche, a très tôt visité ce vaste empire. C'est ce que Jean Golfin fait découvrir dans ce livre plein de surprises. Sous la forme d'une biographie " romancée ", fondée sur des détails véridiques, il raconte et fait revivre la passionnante épopée d'un homme solitaire qui a vécu douze années en pays lointain, sans nouvelles de la chrétienté latine : le franciscain Jean de Montecorvino, envoyé en Chine à la fin du XIIIe siècle, sous la dynastie mongole des Yuan. S'il eut des rapports avec les Chinois, il en eut plus encore avec les Mongols et la cour de Temur - il a même converti un prince mongol déjà nestorien. Missionnaire infatigable et énergique, il établit au XIVe siècle l'archevêché de ce qui deviendra Pékin. Il crée aussi plusieurs autres diocèses dans les villes fréquentées par des commerçants étrangers. Lorsqu'il meurt, à quatre-vingts ans, il est vénéré par tous : un dominicain de passage, témoin de son enterrement en Chine (la Tartane ou la Cathay pour l'Occident), a pu en témoigner. L'ouvrage de Jean Golfin est le fruit d'une patiente recherche. Il montre que les Franciscains ont été en Chine avant les Jésuites et le père de Ricci. Par là, il attire l'attention sur une période de l'histoire de l'Eglise en Chine qui est restée par trop inaperçue. En effet, avec la disparition de Jean de Montecorvino, c'est une page de l'histoire du christianisme dans ces régions du monde qui se tourne : d'autres ambassades viendront à Pékin après sa mort, mais sans grand succès, car avec les Ming, et la peste aidant, l'Extrême-Orient se fermera alors pour longtemps.

06/2012

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Littérature étrangère

La nuit de l'infamie. Une confession

" Après avoir tué l'homme aux cheveux roux, je suis allé chez Quinn m'offrir un souper d'huîtres... " Ainsi débute l'extraordinaire confession d'Edward Glyver, fin lettré, bibliophile averti, grand fumeur d'opium et assassin à ses heures. Par une nuit brumeuse d'octobre 1854, près du Strand, à Londres, il vient de tuer froidement un inconnu. Cet acte est la répétition générale du meurtre projeté de celui qu'il appelle son " ennemi ". Edward Glyver se sent promis depuis toujours à un grand destin. Or une découverte fortuite le persuade qu'il a raison. Un grand destin l'attend, assorti d'une influence et d'une richesse immenses. Et la vie qu'il a menée jusqu'ici n'est qu'un mensonge, à commencer par le nom qu'il porte. Désormais il ne doit reculer devant rien pour recouvrer son identité véritable et l'héritage dont il a été spolié à sa naissance. Désormais le meurtre et la duplicité, l'amour, la trahison et la vengeance vont jalonner la route qui le conduit - qui nous conduit - de Londres, la plus grande ville de l'époque, avec sa splendeur et sa misère, jusqu'à Evenwood, la plus sublime, la plus enchanteresse des demeures d'Angleterre. Mais, à chaque pas, un autre le précède et l'entraîne irrésistiblement: Phoebus Daunt, son ennemi mortel. La Nuit de l'infamie reflète une formidable fascination pour l'ère victorienne et ses grands maîtres. Ce livre se rattache aux conventions du roman victorien à suspense, avec son intrigue à rebondissements et à sensations fortes. Il rend hommage au pouvoir de la narration et tient le lecteur en haleine de l'étonnante première ligne à la dernière révélation.

03/2007

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Beaux arts

Une nouvelle introduction à l'art du XXe siècle

Qui sait si Bonnard ne parlera pas plus aux générations futures que son ami Matisse, aujourd'hui plus célèbre car plus expérimentateur, mais moins subtil ? Qui sait si Les Demoiselles d'Avignon de Picasso, dans leur audace, ne touchent pas moins juste que la statuaire africaine dont il s'est inspiré ? Combien plus saisissantes sont les déformations opérées par le même Picasso dans ses œuvres érotiques. Et plus plastiques encore celles de Bellmer. Et les collages de Max Ernst, moins formalistes que ceux des cubistes. Qui sait si Magritte, en peignant platement, n'est pas allé plus loin dans l'art philosophique que les artistes conceptuels, qui ont refusé la peinture jugée trop traditionnelle ? Et le ready-made était-il si riche d'avenir, quand Duchamp résolvait les problèmes qu'il a posés dès L'Urinoir ? Qui sait si Rothko, de Staël et Pollock, en plongeant éperdument dans le " grand vide blanc " où s'étaient lancés les pionniers de l'abstraction, n'ont pas été emportés avec elle ? Dans quelle mesure, et comme jamais, l'art occidental au XXe siècle aura-t-il été bouleversé par la part autre ? Arts de l'Afrique, de l'Orient ; art des premiers âges, depuis Lascaux ; " art des fous " ; et cette part autre de l'inconscient dont la découverte a permis d'explorer, comme jamais là encore, le continent du désir. Tels sont quelques-uns des points de vue et réévaluations que propose ce livre, en vertu de la plus ou moins forte intensité des œuvres et d'une critique d'art qui souhaite dépasser tout discours normatif. Pour ouvrir à une histoire de l'art du XXe siècle qui, apparemment écrite, est loin de l'être. Sans totems ni tabous.

09/2004

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Romans historiques

Aliénor d'Aquitaine Tome 3 : A Jérusalem

1146 à Vezelay, Bernard de Clairvaux prêche la croisade. Les Turcs menacent Jérusalem. Aliénor d'Aquitaine, équipée comme un chevalier sur son destrier telle une Amazone, l'épée au poing, harangue la foule. Elle ira à Jérusalem. Elle en a décidé ainsi. Rien ne saurait l'arrêter. Son mari s'incline. Peut-on laisser une aussi jolie femme seule à Paris ? Un an plus tard, Louis et Aliénor, à la tête de 100000 hommes, quittent Metz pour Jérusalem. Aliénor d'Aquitaine emmène ses dames de compagnie, ses trou­badours, ses atours, ses bijoux, ses robes, sa vaisselle. Croisade ou voyage d'agrément ? Son chevalier servant, Foulques de Fons-Almoy et sa dame de coeur, Marguerite de Saint-Brice, sont du voyage. A Byzance, le basileus dont la duplicité est à la hauteur de sa ma­gnificence, leur offre un séjour inoubliable. Le couple royal est émer­veillé par le luxe inouï que recèle la nouvelle Rome. Aliénor découvre les fastes et l'opulence de l'empire : palais de marbre, églises aux mosaïques rutilantes, eau courante, piscines chauffées, hammams, courses à l'hippodrome, chasses au léopard ... et un basileus qui tente de la séduire. Enfin, c'est la traversée du Bosphore. Six mois d'épreuves acca­blantes les attendent. l'armée allemande, trahie par les Grecs, a été exterminée dans les vallées encaissées du centre de l'Anatolie. Pour éviter un tel désastre, le roi de France décide de longer la côte. Em­buscades, traquenards, trahisons, inondations, disette transforment la Croisade en cauchemar. Etrillés, les Croisés gagnent Antioche où les accueille l'oncle d'Alié­nor, le sémillant Raymond de Poitiers. Les dissensions dans le couple royal se creusent. Raymond et Louis s'opposent. Aliénor soutient son oncle et décide de rester à Antioche. Louis VII doit réagir.

03/2019

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Poésie

Comme une promesse d'éternité. Oeuvres poétiques complètes

Bernard Mazo s'en est allé pour des vacances sans retour le 7 juillet 2012, sur une plage de la Méditerranée. Cette mer qu'il avait franchie une première fois, à l'âge de vingt ans, avec tant d'autres de sa génération, pour un séjour forcé dans les Aurès. A cet exil en une contrée qui n'était pas la sienne, il survécut grâce à la poésie et à la lecture des poètes, mais il en revint à jamais marqué par la dimension tragique et absurde de l'existence. Dès lors, il éleva sa désespérance à la hauteur d'une morale. La poésie avait sauvé Mazo. Elle ne pouvait donc être que fraternelle. Et il se fit passeur de poètes, collaborant à nombre de revues dans lesquelles il rédigea des centaines de chroniques sur ses grands aînés comme sur ses contemporains. Le tout couronné par une magistrale biographie de Jean Sénac - l'Algérie encore - parue au lendemain de son départ. Ce qui n'empêcha pas Mazo de construire une oeuvre poétique personnelle profonde et d'une grande cohérence dans laquelle, usant d'une langue toujours plus dépouillée, il ne cessa de questionner l'énigme essentielle. S'il n'approcha que tangentiellement - car elle demeure à jamais inatteignable - de l'obscure vérité, du moins fit-il la démonstration que l'homme, par essence foudroyé, par l'écriture se maintient debout. Avec l'amicale collaboration des poètes Jean Orizet, Max Alhau, Jean Poncet et Hamid Tibouchi, c'est toute l'oeuvre poétique de Mazo, dont la rédaction s'étala sur près d'un demi-siècle, qui est rassemblée et présentée ici. Afin qu'elle poursuive sa vie féconde, comme une promesse d'éternité.

06/2018

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Histoire internationale

Thomas Cook. 1808-1892 L'inventeur des voyages

Béatrix de l'Aulnoit et Philippe Alexandre nous révèlent le destin d'un pionnier méconnu, dont le nom est pourtant célèbre dans le monde entier. Leur biographie a le souffle de l'aventure, portée par cette magie de l'ailleurs à laquelle le nom de Cook reste attaché depuis qu'il la fit découvrir au plus grand nombre. Quand Jules Verne publie, en 1872, son Tour du monde en 80 jours, les Anglais lisent dans le Times le récit du vrai voyage de Thomas Cook, parti deux mois plus tôt pour son premier tour du monde organisé. Ce génie du tourisme a tout inventé : la publicité, la brochure de voyage, l'agence, le coupon d'hôtel, le traveller's cheque... Il a créé le "voyage pour tous". Il n'est pourtant jamais allé à l'école. Le 5 juillet 1841, Cook affrète son premier train pour emmener 570 militants à un meeting anti-alcoolique. Puis il organise une excursion à Liverpool pour 1 200 travailleurs : c'est un tel succès qu'il en monte une autre quinze jours plus tard. Il s'aperçoit alors que non seulement le voyage détourne les excursionnistes des tavernes mais qu'en plus il éduque ceux qui ne savent ni lire ni écrire. Pendant quinze ans, il fera visiter la Grande-Bretagne aux Anglais, avant de leur faire traverser la Manche et découvrir Paris, l'Italie, Constantinople, la Terre sainte, où aucun touriste ne s'est encore hasardé... En 1863, ses premiers tours à Genève, Chamonix et Lucerne vont lancer l'hôtellerie alpine. En 1869, il sera le seul Anglais présent à l'ouverture du canal de Suez. Jusqu'à la fin du siècle, il possédera l'unique flotte de bateaux de croisière du Nil et sera le maître de l'Egypte. Ce qui va faire sa fortune.

10/2018

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Sciences historiques

Retrouver un ancêtre soldat de la Révolution ou de l'Empire. 2e édition revue et augmentée

Nous avons tous des ancêtres qui ont participé aux guerres de la Révolution et de l'Empire : on a compté plus de huit millions de combattants et plus d'un million de morts sur vingt ans en Europe... pour une population française de 28 millions en 1789. Autant dire que toutes les familles sont concernées et que la saignée, étalée sur une plus longue durée de temps, a été aussi traumatisante pour le pays que celle de 1914-1918. La littérature du XIXe siècle a largement vanté l'héroïsme des grognards et la dureté du quotidien. Des légendes sont parfois restées dans les familles (l'aïeul aurait combattu à Austerlitz, il serait allé jusqu'en Egypte...), des objets aussi (un sabre, un reste d'uniforme...). D'autres fois, rien ne se devine : l'ancêtre s'est marié et est mort où il était né, il n'y a que les archives qui peuvent vous apprendre que, dans l'intervalle, il avait suivi la Grande Armée jusqu'à Moscou. Ce petit livre est d'autant plus indispensable aux amateurs de généalogie que, si votre aïeul n'est pas officier, il n'est pas si facile de le retrouver à travers la masse d'archives militaires quand on les aborde pour la première fois. Et même s'il n'a pas été enrôlé, les documents livrent bien des informations sur les dispensés ou les réformés. Ils permettent aussi, au-delà des conflits, de préciser une filiation, un lieu de naissance ou de décès, une délocalisation qui conduit à un mariage... travers ce guide riche d'exemples concrets, Jérôme Malhache permet à chacun de retrouver ses ancêtres dans les guerres de la Révolution et de l'Empire, ainsi que leurs tribulations au quotidien.

09/2016

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Histoire internationale

La révolution abolitionniste

Dans cette nouvelle étude d'histoire globale, Olivier Grenouilleau revisite à neuf les trois grandes dimensions d'un très vieux sujet : chronologique, en remontant dans le passé à partir des XVIIIe et XIXe siècles, parfois jusqu'à l'Antiquité ; géographique, en portant le regard au-delà du monde occidental, jusqu'à la Chine, au Japon et aux mondes musulmans ; thématique, en dépassant l'histoire des religions, pour se pencher sur l'analyse de la pensée et des pratiques politiques, la géopolitique et les relations internationales. Loin de se réduire à la France et à Victor Schoelcher ou aux Etats-Unis et à l'Atlantique colonial, la question de l'abolitionnisme couvre en effet un large spectre. Si l'esclavage n'est jamais allé de soi (sinon pourquoi aurait-on inventé tant d'alibis pour le légitimer ?), ce n'est qu'à partir de la fin du XVIIIe siècle que des hommes se sont élevés afin non de le réformer ou de l'"humaniser", mais de l'abolir. L'auteur montre que ce caractère profondément révolutionnaire et largement méconnu du projet abolitionniste se conjuguait avec un réformisme de l'action. Apparu autour de quelques hommes inscrits dans des réseaux internationaux, il s'est incarné dans la création de sociétés abolitionnistes, qui, via la Grande-Bretagne, parviendront à le transformer en une croisade planétaire. Quoique fondé sur des valeurs profanes et religieuses, l'abolitionnisme dut sans cesse se justifier sur le terrain de l'utile, et notamment de l'économie politique. Cela n'alla pas sans des relations ambiguës entre abolitionnisme et colonisation, au nom d'un "commerce légitime" avec l'Afrique en particulier. Au final, Olivier Grenouilleau montre comment le projet abolitionniste a pu s'élever d'un combat solitaire de quelques individus à un phénomène global inaugurant une liste ininterrompue de conquêtes au nom des droits de l'homme.

03/2017

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Histoire de France

Au service de la France. Tome 6, Les tranchées. 1915

Voici qu'à une année de deuils et de tourments succède une nouvelle année dont la France attend avec confiance la victoire et la paix. J'accomplis, sans le moindre apparat, les gestes rituels du ler janvier. Accompagné de René Viviani, je me rends, sans escorte ni cortège, chez les présidents des deux Chambres. Dans mon automobile qui roule inaperçue, le président du Conseil me parle avec une expansive et frémissante inquiétude des opérations militaires engagées depuis le 20 décembre dans les plaines de Champagne. Il a. ce matin, les nerfs à fleur de peau et s'abandonne, dans l'intimité, à. une crise de découragement. II ne croit pas au succès des offensives en cours ; il va jusqu'à reprocher à notre commandement de n'avoir aucun plan stratégique et de se laisser conduire au jour le jour par les événements. Revenus à l'ßlysée, où je retiens les ministres à déjeuner, nous reprenons la même conversation avec Briand, qui s'exprime, d'un ton plus mesuré, dans le même sens que Viviani. Tous deux se demandent s'il ne serait pas possible de préparer, en collaboration avec les Anglais, un corps expéditionnaire de 4 ou 500 000 hommes, destiné à prendre l'Autriche à revers par la Serbie. On débarquerait dans l'Adriatique ou à Salonique ; on marcherait sur Budapest et sur Vienne, en essayant de soulever au passage tous les Slaves de la monarchie dualiste. Idée séduisante, que m'a suggérée naguère Franchet d'Esperey, lorsque je suis allé visiter son armée et dont je me suis entretenu avec d'autres généraux. La plupart, il est vrai, m'ont fait des objections. Ils se demandent comment on pourrait établir les bases du corps expéditionnaire et, s'il pénètre dans le pays, assurer son ravitaillement et son approvisionnement en munitions.

06/2015

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Histoire des Etats-Unis (1776

L'humour chez JFK - Une arme politique

Bien qu'il soit mort depuis soixante ans maintenant, l'énigme Kennedy demeure, tant la discordance entre l'image lumineuse montrée au grand public et celle d'une réalité beaucoup plus sombre fascine encore aujourd'hui. John F. Kennedy continue d'attirer de ce fait des réactions juxtaposées à la fois d'amour et de haine, d'incarner un idéal à poursuivre ou une forfaiture à condamner, un exemple sur lequel s'appuyer ou dont il conviendrait de se détourner. De façon plus générale, au-delà de ses indéniables talents, pourquoi et comment un homme dont on connaît aujourd'hui très largement les insuffisances, a-t-il pu si durablement imprimer une image appelant nostalgie et regret ? C'est sans aucun doute sur sa personnalité profonde qu'il convient de se pencher ici pour identifier les ressources qu'il est allé puiser au fond de lui-même et qui l'ont autorisé, tout au long de sa vie, à se surpasser avec le succès que l'on sait. Son humour, composante essentielle de son charme, peut à cet égard, constituer la clé qui lui a permis, d'abord de se protéger pendant une enfance douloureuse, et plus tard de se construire un personnage public hors du commun, et ce, en transformant sa capacité à rire et à faire rire, en arme politique de séduction et d'exercice du pouvoir. Diplômé en Droit public et en Etudes politiques, ayant occupé des postes auprès d'élus et dans la haute fonction publique territoriale, en particulier comme Directeur Général des Services d'un Conseil départemental, Christophe Maillot est passionné par les rouages et les mécanismes de la démocratie américaine. Il signe ici son premier ouvrage, et en prépare un second sur un autre Président américain du XXe siècle.

02/2023

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Sciences politiques

Récidive. 1938, Edition revue et augmentée

"Populisme", "néolibéralisme", "nationalisme" : les mots se bousculent et pourtant l'insatisfaction demeure. Pour décrire ce qui nous arrive, nous ne manquons pas de savoirs. La crise de la démocratie fait l'objet de diagnostics récurrents. Mais c'est la stupeur qui domine, comme si la nouveauté du présent contribuait encore à accroître l'inquiétude. Et si cette nouveauté tant de fois mise en avant était un obstacle à la compréhension ? Ce livre décrit la rencontre entre un philosophe inquiet du présent politique et l'année 1938. Tombé presque par hasard sur la presse française de 1938, l'auteur est allé de surprise en surprise. Au-delà de ce qui est bien connu (les accords de Munich et la supposée "faiblesse des démocraties"), il a découvert des faits, mais aussi une langue, une logique et des obsessions étrangement parallèles à ce que nous vivons. L'abandon de la politique de Front populaire, une demande insatiable d'autorité, les appels de plus en plus incantatoires à la démocratie contre la montée des nationalismes, une immense fatigue à l'égard du droit et de la justice : l'auteur a vu dans ce passé une image de notre présent. Ce livre ne raconte pas l'histoire de l'avant-guerre, il n'entonne pas non plus le couplet attendu du "retour des années 30". Il fait le récit d'un trouble : pourquoi 1938 nous éclaire-t-elle tant sur 2018 ? Non sur les événements, bien sûr, mais sur une manière de les interpréter systématiquement dans le sens du pire. "Récidive", c'est le nom d'une errance dans un passé que l'auteur croyait clos. C'est aussi le risque d'une nouvelle défaite.

03/2019

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Littérature française

Sur le pavé des tourments

Ce que j'essaie de décrire dans cette pliure en convalescence, c'est une expérience réalisée par un jeune homme, il m'a conté son récit et ma plume s'est décidée de le décrire. Cette expérience m'est parvenue d'une manière ornée d'une certaine éventualité durant une période donnée, je n'ai dorénavant aucune astuce pour donner une figure à cette période. Je suis une fois allé dans les profondeurs Congolaises, tandis que je me hâtais déjà à débuter ma deuxième année à l'Université, à la faculté de Droit, et avec le même état d'âme, j'ai décidé de n'avoir confiance qu'en ce que je verrai, plutôt que de me poser sur la philosophie notoire de masses populaires qui, n'ont jamais témoigner de la conjoncture d'insecte en détritus que traversent certaines personnes dans cette partie du pays. Oui, ce n'est nullement seule cette partie qui est encombrée, mais bien plus d'autres coins et recoins de la RDC... C'est par là que je commence à marcher sur le bord de ma spéculation, des idées surgissent, je suis un véritable penseur opiniâtre, tourmenté par ce récit envoûtant qui entraîne des nuages sur une ombre sans magnificence, qui en quelque sorte conjure la peine des histoires un peu trop banales. J'ai eu envie de me payer, avec ce récit, un cheval pour aller au bout de mon pays, il y a dedans une image poétique qui réenchante quelques misérables existences. Ici, comme un monstre, pas un monstre d'une autre planète mais un monstre banal et terrestre, j'ai remis en question toutes les péripéties du quotidien de mes personnages...

02/2023

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Paranormal, Bit-lit, Science-f

Bestiaire amoureux Tome 2 : Guide pour apprivoiser un shérif adjoint solitaire partie 2

Puisque tout est possible à Everlasting, se pourrait-il que même un shérif grognon et un jeune homme isolé puissent trouver l'amour ? Depuis qu'une créature magnifique lui a sauvé la vie il y a plusieurs années, Martin a tout fait pour bannir de ses souvenirs cette fameuse nuit. Afin d'oublier sa mère émotionnellement abusive et son penchant pour les hommes, il est même allé jusqu'à trouver refuge dans la drogue. Et comme si être LE mec bizarre de sa petite ville isolée n'était pas suffisant, il faut encore qu'il rajoute une crise existentielle sur son orientation sexuelle. Mais il a beau être devenu une épave ambulante, quelqu'un semble toujours veiller sur lui. Un quelqu'un qui prend souvent la forme d'un grand et sarcastique shérif adjoint du nom de Ian Forrester. Ian et sa famille se sont toujours arrangés pour que les gens en connaissent le moins possible à leur sujet. Il s'est résigné à une vie solitaire. Il rêve peut-être de Martin, mais ça ne reste que ça : un rêve. Martin n'aime pas les hommes, et même si c'était le cas, il n'aime pas Ian. Personne ne l'apprécie, parce qu'il protège ses secrets derrière une façade irascible. Mais les dragons et leur magie sont de retour à Everlasting, mettant ainsi toute la ville sens dessus dessous. Martin pourrait-il s'en sortir s'il se désintoxiquait et affrontait la vérité ? Alors que tout semble possible, ces deux hommes qui n'attendaient plus rien de la vie pourraient-ils espérer une fin heureuse ? #Bi #Gay #Dragons #Shifters #Shérif #Angst #SlowBurn #Magie #RomanceParanormale #MM Ce tome correspond à la deuxième partie du tome 8 anglais.

03/2024

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Histoire des idées politiques

L’Héritage perdu du Parti Communiste Italien. Une histoire du communisme démocratique

C'était le parti communiste le plus puissant et aussi le plus original d'Europe occidentale. A la fin des années 1970, le Parti Communiste Italien représentait près d'un tiers des électeurs de la péninsule, il gérait de nombreuses villes et régions et exerçait son hégémonie sur le monde culturel. Il se distinguait par une participation politique massive et sans précédent de ses militants. Il faisait rêver la gauche européenne. Sa décision de se saborder alors qu'il demeurait une force politique majeure a désespéré des centaines de milliers de militants et a rendu la gauche italienne à jamais orpheline. Cet essai analyse les raisons d'une disparition qui continue d'interroger les historiens. Le "? communisme démocratique ? " inspiré par le marxisme singulier d'Antonio Gramsci a été élaboré par son emblématique secrétaire général Enrico Berlinguer (1922-1984), disparu avant d'être allé au bout de son projet. Mais son héritage doit encore parler à une gauche européenne en déshérence. Précurseur d'une écologie sociale, Berlinguer a été le premier à mettre l'accent sur la nécessité de construire une nouvelle alliance entre les exclus et le mouvement ouvrier traditionnel. C'est lui aussi qui mit en avant le rôle déterminant du mouvement des femmes sans lequel, disait-il, il ne peut y avoir de révolution. C'est bien cet "? héritage perdu ? " et les leçons que l'on peut en tirer pour aujourd'hui qui sont au centre de cet essai. Hugues Le Paige, né en 1946 à Bruxelles, est journaliste-réalisateur. Auteur de nombreux documentaires historiques, il a aussi publié des ouvrages consacrés à la gauche européenne. C'est un spécialiste de l'Italie où il a longtemps vécu et travaillé.

03/2024

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Littérature anglo-saxonne

LE SOURIRE DU JAGUAR. Voyage au Nicaragua

#SalmanRushdie – En juillet 1986, Salman Rushdie s'est rendu au Nicaragua à l'invitation du gouvernement pour une visite de trois semaines. Ce livre est donc la description d'un " moment " crucial dans l'histoire de ce petit pays d'Amérique centrale. Dès le début, Salman Rushdie nous prévient : il n'est pas allé là-bas comme un observateur neutre, " une page blanche " : " Je suis moi-même l'enfant d'une révolte victorieuse contre une grande puissance, ma conscience est le produit du triomphe de la révolution indienne. " Mais, à chaque instant, il s'interroge : " je connaissais bien la tendance des révolutions à se dévoyer, à dévorer leurs enfants, à devenir ce qu'elles avaient pour but de détruire. " Aussi, quand il parle avec les paysans, les écrivains, avec le président Daniel Ortega ou ses ministres, avec la directrice de la Prensa, le journal d'opposition interdit par le pouvoir, il s'informe, il demande, il questionne. Partout, à chaque instant, il y a la présence obsédante de la guerre, des attaques de la Contra, " l'armée révolutionnaire que la CIA a inventée, réunie, organisée et équipée ", le blocus exercé par les Etats-Unis, le rationnement, les morts. Mais partout aussi, la poésie, la religion et la révolution étroitement mêlées, la fierté d'être libre, de se construire un nouveau destin. Inspiré d'une comptine anglaise - où un fauve dévore la jeune fille qu'il portait sur son dos - le titre du livre, Le Sourire du jaguar est ambigu. Si la jeune fille est une révolution de sept ans, pleine d'idéalisme, alors le jaguar représente les Etats-Unis. Mais si la jeune fille est le Nicaragua, alors le jaguar n'est autre que la révolution... Le livre reparaît aujourd'hui avec une nouvelle préface de l'auteur.

06/1997

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Droit des personnes

Droit des personnes

Une vision renouvelée du droit des personnes qui intègre les grandes évolutions qui l'affectent (IA...) Le droit des personnes, dans le droit civil, a pour objet d'étudier les sujets des liens : familiaux, contractuels, délictuels... Il repose traditionnellement sur deux socles distincts : les " personnes " et les " personnes protégées ". Seules les premières sont ici envisagées dans cet ouvrage. Ce droit est un droit d'apparition tardive. Il est né en réaction à des évolutions technologiques importantes et repose sur des soubassements philosophiques forts. Il est en proie surtout à de nombreux changements. Les droits des personnes se multiplient sous l'influence notamment de l'économie numérique (droit au déréférencement, droit à la portabilité, droit à l'autonomie informationnelle...). Les droits subjectifs ne sont toutefois pas les seuls outils de protection des personnes. Il faut aussi compter (le droit au respect du corps humain le montre bien) avec le droit objectif. La pulvérisation des droits subjectifs s'accompagne également d'une sollicitation du statut des personnes. S'expriment, en effet, aujourd'hui de nombreuses revendications afin de doter les animaux, les machines intelligentes voire des entités naturelles telles que des fleuves, de la qualité de personne. Le précédent des personnes morales est souvent invoqué. Le présent ouvrage tend à montrer que ces nouveaux candidats à la personnalité doivent être refoulés du monde des personnes pour être mieux accueillis dans une nouvelle catégorie de biens spéciaux. Autrement dit, la première partie du présent ouvrage vise à la désignation des personnes. La deuxième partie, une fois ces personnes identifiées, expose la composition du droit. Les droits de la personnalité et les droits au respect du corps humain sont successivement envisagés. Le présent manuel allie classicisme et modernité. Il aborde toutes les questions nouvelles posées par l'économie numérique (et notamment par l'intelligence artificielle qui est un des moteurs de cette économie). Il comporte de substantiels développements sur les revendications actuelles du statut des personnes (animaux, machines intelligentes, entités naturelles) mais encore sur les droits de la personnalité qui constituent l'ossature de cette discipline et qui font l'objet d'une approche renouvelée. Ces questions nouvelles sont toujours abordées à partir des notions classiques du droit civil. C'est ainsi que l'ouvrage comporte de nombreuses pages sur la notion de personnalité qui est un concept clé de la matière. Des propositions concrètes sont faites comme celle qui consiste à créer une nouvelle catégorie de biens spéciaux ou à mieux distinguer, au sein du droit des personnes, droits de la personnalité et droits de notoriété. L'ouvrage s'adresse bien évidemment à tous les étudiants de droit civil de licence 1, mais également à ceux des master 1 et master 2 de droit des personnes qui souhaitent approfondir la matière. Les praticiens trouveront également dans ce livre de riches solutions sur les droits au nom, droits à l'image, droit au déréférencement...

09/2023

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Pléiades

Journaux de guerre. Tome 2, 1939-1948

Tome I : "Un jeu magnifique et sanglant auquel les dieux prenaient plaisir" : on songe à Homère et à la guerre de Troie ; c'est 14-18 vue par Jünger. L'idée que des hommes aient pu consentir librement à une telle épreuve est presque scandaleuse aujourd'hui. On préfère penser que les combattants furent des victimes et souligner ce que leur héroïsme doit à la contrainte. Alors Jünger, évidemment, dérange. En 1920, Orages d'acier décrit une expérience des limites dont il a clairement consenti à payer le prix. Un jeu de vie ou de mort, comme une partie de chasse, mais dotée d'une justification morale : chasseur et gibier échangent constamment leur rôle. Jünger, qui n'est pas un fou, ne nie pas que la guerre soit terrible. Simplement, il montre qu'elle transforme l'homme de l'intérieur autant qu'elle l'agresse de l'extérieur. Sous le feu, il prenait des notes. Entre ces notes et les livres, "il y a toute la distance qui sépare l'action de la littérature". Littérature : il s'agit de cela, plus que d'histoire. C'est l'essence anhistorique de la guerre éternelle que Jünger découvre sur le front et consigne dans son journal. En joignant aux versions définitives un choix de textes et de fragments retranchés, ce volume prend en compte les journaux de Jünger dans toute leur complexité. Tome II : 1939. Mobilisé par un régime qu'il déteste, Jünger est à nouveau sous l'uniforme. Ce n'est plus le même homme, ni la même armée. L'expérience, elle aussi, sera différente. Après une campagne au cours de laquelle il n'est jamais en première ligne, et à part une mission dans le Caucase comme observateur, il est un occupant à Paris, puis le chroniqueur d'un coin d'Allemagne occupée. Les journaux de la Première Guerre s'organisaient en grands chapitres ; ceux de la Seconde sont datés au jour le jour. Dans un décousu apparent et très concerté, ils font place à des notations sur les opérations militaires, à des rencontres avec écrivains et intellectuels, à l'examen de soi, des hommes et de la nature, aux amours, aux rêves, aux lectures. Jünger lit notamment la Bible ; le christianisme devient pour lui un allié contre le nihilisme triomphant. Sans dissimuler son hostilité aux nazis et à l'antisémitisme officiel (il lui arrive de saluer militairement les porteurs de l'étoile jaune), il reste à son poste et n'attaque pas le régime de front. On parle d'émigration intérieure pour qualifier cette position complexe, que les contempteurs habituels de Jünger simplifient à l'envi. Hannah Arendt était plus nuancée. Tout en constatant les limites de cette attitude, elle voyait dans les journaux de l'occupant Jünger "le témoignage le plus probant et le plus honnête de l'extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n'ont plus aucune expression visible".

02/2008

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Pléiades

Journaux de guerre. Tome 1, 1914-1918

Tome I : "Un jeu magnifique et sanglant auquel les dieux prenaient plaisir" : on songe à Homère et à la guerre de Troie ; c'est 14-18 vue par Jünger. L'idée que des hommes aient pu consentir librement à une telle épreuve est presque scandaleuse aujourd'hui. On préfère penser que les combattants furent des victimes et souligner ce que leur héroïsme doit à la contrainte. Alors Jünger, évidemment, dérange. En 1920, Orages d'acier décrit une expérience des limites dont il a clairement consenti à payer le prix. Un jeu de vie ou de mort, comme une partie de chasse, mais dotée d'une justification morale : chasseur et gibier échangent constamment leur rôle. Jünger, qui n'est pas un fou, ne nie pas que la guerre soit terrible. Simplement, il montre qu'elle transforme l'homme de l'intérieur autant qu'elle l'agresse de l'extérieur. Sous le feu, il prenait des notes. Entre ces notes et les livres, "il y a toute la distance qui sépare l'action de la littérature". Littérature : il s'agit de cela, plus que d'histoire. C'est l'essence anhistorique de la guerre éternelle que Jünger découvre sur le front et consigne dans son journal. En joignant aux versions définitives un choix de textes et de fragments retranchés, ce volume prend en compte les journaux de Jünger dans toute leur complexité. Tome II : 1939. Mobilisé par un régime qu'il déteste, Jünger est à nouveau sous l'uniforme. Ce n'est plus le même homme, ni la même armée. L'expérience, elle aussi, sera différente. Après une campagne au cours de laquelle il n'est jamais en première ligne, et à part une mission dans le Caucase comme observateur, il est un occupant à Paris, puis le chroniqueur d'un coin d'Allemagne occupée. Les journaux de la Première Guerre s'organisaient en grands chapitres ; ceux de la Seconde sont datés au jour le jour. Dans un décousu apparent et très concerté, ils font place à des notations sur les opérations militaires, à des rencontres avec écrivains et intellectuels, à l'examen de soi, des hommes et de la nature, aux amours, aux rêves, aux lectures. Jünger lit notamment la Bible ; le christianisme devient pour lui un allié contre le nihilisme triomphant. Sans dissimuler son hostilité aux nazis et à l'antisémitisme officiel (il lui arrive de saluer militairement les porteurs de l'étoile jaune), il reste à son poste et n'attaque pas le régime de front. On parle d'émigration intérieure pour qualifier cette position complexe, que les contempteurs habituels de Jünger simplifient à l'envi. Hannah Arendt était plus nuancée. Tout en constatant les limites de cette attitude, elle voyait dans les journaux de l'occupant Jünger "le témoignage le plus probant et le plus honnête de l'extrême difficulté que rencontre un individu pour conserver son intégrité et ses critères de vérité et de moralité dans un monde où vérité et moralité n'ont plus aucune expression visible".

02/2008