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Sarraute Beauvoir Yourcenar

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Histoire littéraire

Lettres européennes. Histoire de la littérature européenne

Nous connaissons tous le cyclope de L'Odyssée, mais combien d'entre nous savent que ses traits rappellent ceux de Tepegöz dans Oghuz, une épopée turque ? Ou que Shakespeare a repris l'intrigue de Hamlet dans une chronique de Saxo Grammaticus, historien danois du xiie ? siècle ? Ou encore que Mélisande, l'héroïne de Maurice Maeterlinck, par sa longue chevelure évoque la Raiponce du conte des frères Grimm ? Ce sont ces filiations, ces entrelacements que mettent en évidence les Lettres européennes. "? L'Europe n'a pas réussi à penser sa littérature comme une unité historique et je ne cesserai de répéter que c'est là son irréparable échec intellectuel ? ", écrit, en 2005, le romancier tchèque Milan Kundera. Irréparable ? C'est le défi que cet ouvrage veut relever : retracer l'histoire de la littérature du continent Europe, de l'Antiquité à nos jours. Période après période, chaque chapitre effectue un tour d'Europe, donnant un aperçu des évolutions littéraires les plus importantes de l'époque, suivi de l'étude d'un genre littéraire caractéristique, puis d'une présentation de quelques-uns des auteurs phares d'alors, dont le rayonnement éclaire encore notre littérature. Cette troisième édition est enrichie d'un chapitre consacré à l'écriture du xxie ? siècle, composé de courts portraits d'écrivains d'aujourd'hui. Une grande traversée de la littérature européenne, de Homère à Zadie Smith, en passant par Dante, Goethe, Baudelaire, Dostoïevski, Virginia Woolf, Cavafy, Auður Ava Ólafsdóttir et Olga Tokarczuk. Cet ouvrage, fruit de la collaboration de plus de 200 universitaires, critiques littéraires et écrivains de toute l'Europe, est dirigé par Annick Benoit-Dusausoy, professeure agrégée en classes préparatoires au Lycée Saint-Louis à Paris, Guy Fontaine, créateur de la résidence d'écrivains européens villa Marguerite Yourcenar, Jan Je ? drzejewski, professeur de littérature anglaise et comparée à l'Université d'Ulster et Timour Muhidine, maître de conférences en langue et littérature turques à l'INALCO.

10/2021

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Critique littéraire

Istanbul rive gauche. Errances urbaines et bohème turque (1870-1980)

De l'autre côté de la Corne d'Or, face à Sainte-Sophie et au palais du Sultan, s'étend un quartier d'Istanbul un peu singulier, Beyo?lu. Dans notre imaginaire contemporain, celui qu'on nommait autrefois Pera ou " la ville franque " reste un mythe. Des générations d'écrivains et d'artistes, aussi bien turcs qu'étrangers, s'y sont précipitées et perdues au XIXe siècle, en quête de modernité, d'altérité et d'avant-garde. Là, dans ce miroir de Paris, a bouillonné toute la vie intellectuelle et éditoriale turque, rythmée par les battements et métamorphoses du quartier depuis les années 1870. Avec le siècle et à mesure que son paysage architectural se dégrade, ses ruines sont devenues la scène d'une bohème sans cesse renouvelée et le terreau d'une production nationale. De nombreux artistes turcs y puisent l'inspiration auprès de leurs frères d'écriture, les Loti et autres Aragon. Ils y respirent l'air fascinant et subversif des capitales culturelles d'alors, Paris ou New York, prêts à partir sur les traces de leurs maîtres à penser, les Sartre ou les Beauvoir. Là s'écrivent les textes qui confèrent leurs lettres de noblesse à la littérature turque d'aujourd'hui (Attilâ Ilhan, Ferit Edgü, Demir Özlü ou Nedim Gürsel). Timour Muhidine nous conduit dans ce Quartier latin d'Orient et, pour mieux comprendre ce siècle de la bohème turque, nous entraîne entre la place de Tünel et Taksim, au hasard des ruelles et des lieux de sociabilité où s'est élaboré un art moderne.

08/2019

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Littérature française

Les rapaces

1971. Marie Vieux-Chauvet est exilée à New York, menacée de mort dans son pays après la parution de son chef-d'oeuvre, Amour, Colère et Folie, publié chez Gallimard à l'instigation de Simone de Beauvoir et qui a provoqué la fureur du tyrannique Duvalier. Peu avant de mourir, elle trouvera la force d'écrire Les Rapaces, impitoyable réquisitoire contre le régime qui fait régner la terreur en Haïti. Dans ce roman, le dictateur, entouré de ministres à sa botte, incite la population à donner son sang pour quelques sous avant de le revendre bien plus cher aux Américains. Il n'hésite pas non plus à vendre des cadavres pour leurs expériences. Et plus il y a de cadavres, plus l'argent rentre. La police a donc carte blanche... Quelques-uns tentent de résister, tel Michel, qui écrit un livre devant servir de base à l'action révolutionnaire. Las, il est dénoncé. Sa maison abandonnée devient le refuge d'Alcindor et de sa pauvre famille. Pour leur malheur, Michel y a caché son manuscrit, que la police veut récupérer. Alcindor croit alors naïvement pouvoir sauver les siens grâce à Poleus, son frère perdu de vue, devenu l'un des chefs de la gendarmerie. En même temps, l'un des ministres en cour se tord d'inquiétude. Sa fille, Anne, a disparu. Son enquête le ramènera fortuitement au manuscrit tant recherché. Le lien se fera entre Michel l'écrivain, Alcindor et Anne. La découverte de la vérité lui ouvrira les yeux. Il sait alors ce qu'il lui reste à faire...

11/2017

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Critique littéraire

Représenter l'événement historique

La littérature s'approprie l'histoire selon des modes multiples, pour y trouver des motifs d'inspiration romanesque, des possibilités de contextualisation et " d'effets de réel ", ou des lieux de réflexion sur l'expérience humaine. Il s'agit ici de voir comment discours et fiction s'emparent de " l'événement ", de " ce qui arrive ", réalité surgissant de manière imprévue et souvent dramatique dans le cours du temps, des choses et des existences, pour en livrer une représentation et lui donner forme et signification ; ou la lui refuser. Les contributions ici rassemblées, issues de journées d'étude organisées par le Centre d'Etudes Littéraires Jean Mourot à Nancy en 2009 et 2010, font apparaître, grâce à la diversité des témoins et auteurs envisagés, des chroniqueurs médiévaux aux romanciers américains du 11 septembre, de Montaigne à Duras en passant par Flaubert, Malraux et Bernanos, Aragon, Claude Simon ou Simone de Beauvoir, autant de lectures et autant de quêtes d'écritures capables de faire valoir la singularité d'un moment sans répétition possible, ou d'en suggérer l'inanité ; capables de l'intégrer à une vision du monde globale, à la précarité d'une trame de vie ou au contraire capables d'en préserver le bouleversement initial. Ce sont donc aussi bien la question du retentissement de l'événement sur celui qui le subit, que celle des moyens de l'écriture et de la représentation, ou encore de la distinction voire de la rivalité entre fiction et témoignage, ou entre roman et media audiovisuels, qui sont entre autres abordées ici.

06/2012

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Sciences historiques

Histoire de vivre. Mémoires d'une féministe

En 1968, à Paris, Anne Zelensky a trente ans. Le vent de liberté qui souffle, au mois de mai de cette année-là, va lui permettre de rencontrer d'autres femmes qui partagent ses rêves et ses espoirs : ensemble, elles créeront le Mouvement des femmes. Anne Zelensky, qui a adopté le nom de guerre d'Anne Tristan, se lance dans cette aventure à la fois sérieuse et joyeuse qui va changer un peu le monde et beaucoup sa vie. Sur son chemin, qui retrace un pan mal connu de notre histoire, elle croise de nombreuses personnalités : Simone de Beauvoir, Yvette Roudy, Gisèle Halimi, aux côtés desquelles elle se bat pour le droit à l'avortement et à la contraception, ainsi que pour la défense des femmes victimes de violences conjugales. Puis elle travaille avec le ministère du Droit des femmes, qui donne forme aux revendications féministes des années 70. Mais les années 68 font également chavirer les cœurs. Anne se cherche, entre hétérosexualité et homosexualité, avant de se trouver vraiment, en partie grâce à la psychanalyse. Avec humour et profondeur, Anne Zelensky-Tristan raconte ces années historiques. Son itinéraire, à la fois singulier et représentatif, mêle actions publiques et tribulations personnelles. Et surtout, elle apporte un démenti convaincant aux clichés sur le féminisme. Comme elle le dit elle-même : " L'engagement féministe s'accommode plus mal qu'aucune autre entreprise de recréation du monde de la classique division entre vie et œuvre. Son matériau est la vie même, qu'il prétend changer. Celle des autres, la nôtre. "

04/2005

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Littérature française

Les voix. Van Gogh, Tony Montana, Picasso et les autres

Il faut tendre l'oreille pour écouter la Vérité qui sort de la bouche des fous. Orner, peintre connu et reconnu, en sait quelque chose. "Un jour, j'ai été schizophrène. C'est écrit dans le compte-rendu du psychiatre. C'est une erreur d'appréciation. En réalité, j'arrivais à capter la voix intérieure de certaines personnes. J'ai commencé à entendre feu mon père, à sentir la présence de Vincent Van Gogh et à lire dans Elyza comme dans un livre ouvert. Toutes ces voix ont pris le pouvoir sur mon être. J'ai été plus ou moins assiégé. Elles étaient plusieurs à tourmenter mon esprit. Indélogeables, sournoises et revanchardes, elles voulaient s'emparer de mon âme. Elles ont eu le champ libre. Chacune a pu s'exprimer. Je pensais être cartésien, je suis devenu fou. Je pensais être fort. J'avais victorieusement fait taire mon père. Je l'avais maîtrisé, le bougre. Il a été mon premier hôte. Je ne me suis pas méfié, je l'ai laissé entrer..." Dans ce roman, Naïma Guerziz pénètre un monde où tous les verrous explosent et où l'inconscient s'autorise à détruire ou à sublimer, à cheminer là où toutes les limites géographiques et temporelles sont bannies. Elle vous offre un voyage dans l'irrationnel, à la rencontre de Vincent Van Gogh, Tony Montana, Simone de Beauvoir, Marguerite Duras et beaucoup d'autres personnages connus ou pas. Quand la folie d'un homme surgit, elle met en exergue les passions, les peines et les amours indicibles, sans tabou ni hypocrisie.

03/2019

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Critique littéraire

Correspondances 1932-1959. Vouszenserancinq !

Boris Vian a beaucoup écrit. 10 000 pages ont été publiées, restait en suspens la correspondance. Dans les échanges avec sa première épouse Michelle se dessinent notamment l'univers de Saint-Germain-des-Prés, celui de Saint-Tropez avec ses clubs et ses personnalités hautes en couleur. Les copains - écrivains, jazzmen ou artistes - deviennent source d'inspiration, voire des personnages de son oeuvre. Boris Vian leur écrit, mais répond aussi continuellement aux missives d'admiratrices, de lecteurs anonymes passionnés de musique et aux journalistes qui n'aiment pas son style. Quant à la séquence familiale inédite qui ouvre cet ouvrage, elle résonne avec une puissance singulière. Les lettres à sa mère, surnommée Pouche, alors qu'il est en première année de l'Ecole centrale, sont particulièrement touchantes, comme ses charmants échanges plus tard avec ses deux enfants, Patrick et Carole. Ses lettres d'amour nous bouleversent, qu'elles soient coquines, drôles ou poétiques. Et puis un jour le premier amour disparaît pour refleurir ailleurs, avec Ursula, son Ourson. Si l'on connaissait son esprit facétieux et provocateur, cette correspondance révèle l'humeur parfois assombrie d'un homme qui se sait malade depuis l'adolescence et qui vit différemment. Ressort quelquefois le ton d'un écrivain blessé de ne pas avoir été compris ni sous son nom ni sous celui de Vernon Sullivan. Même si Simone de Beauvoir lui écrit avoir aimé "en gros et en détail" L'Ecume des jours ou que Raymond Queneau le soutient contre vents et marées.

08/2020

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Religion

Mémoires. Tome 1

Jean Daujat (1906 - 1998) ancien élève de l'Ecole normale supérieure en section sciences, disciple du philosophe Jacques Maritain, fonde très tôt le Centre d'Etudes religieuses destiné à la formation intellectuelle et spirituelle catholique. Des milliers d'hommes d'affaires, de pères et mères de famille, de chefs d'entreprise pourront grâce à lui structurer leur intelligence et leur foi à la lumière de la philosophie thomiste: rendre raison de sa foi, orienter sa vie chrétienne à la lumière de la Vérité révélée, comprendre qui est l'homme et quelles sont ses exigences spirituelles, morales et intellectuelles, acquérir les outils intellectuels pour penser vrai, agir bien... Tel a été le charisme de Jean Daujat. A travers la publication de cette autobiographie posthume, c'est l'homme que l'on découvre, des premières années de sa vie jusqu'à ses fiançailles avec l'artiste peintre danoise Sonia Hansen en 1930. Au fil des pages le lecteur côtoie les figures qui ont joué au XXe siècle un rôle prédominant, notamment dans les domaines religieux, philosophique, scientifique, littéraire, artistique, social, politique ou militaire: tels les comédiens Paul Mounet, Julia Bartet, Sarah Bernhardt, Dullin, Jouvet, les Pitoëff; des normaliens comme Maurice de Gandillac, Chevalley, André et Simone Weil, Cartan, Merleau-Ponty, Étienne Borne, Henri-Irénée Marrou, Sartre et Simone de Beauvoir, Raymond Aron, Bardèche, Brasillach, Thierry Maulnier, Jean Guitton... L'authenticité et la richesse des émotions, les nombreux détails et anecdotes qui émaillent ce récit font de ces mémoires un apport non négligeable pour l'histoire du XXe siècle.

03/2012

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Littérature française (poches)

Thérèse et Isabelle

Voici "Thérèse et Isabelle" tel que Violette Leduc l'avait écrit à l'origine, avec ses pages inédites âpres et précieuses, sa langue nue et violente qui témoignent d'une liberté de ton qu'aucune femme écrivain, en France, n'avait osé prendre avant elle. "Thérèse et Isabelle" constituait la première partie d'un roman, Ravages, présenté aux Editions Gallimard en 1954. Jugée "scandaleuse", elle fut censurée par l'éditeur. C'est au printemps 1948 que Violette Leduc, encouragée par Simone de Beauvoir, entreprit la rédaction de ce texte auquel elle va consacrer trois années. Le défi était de taille : "J'essaie de rendre le plus exactement possible les sensations éprouvées dans l'amour physique. Il y a là sans doute quelque chose que toute femme peut comprendre. Je ne cherche pas le scandale mais seulement à décrire avec précision ce qu'une femme éprouve alors. J'espère que cela ne semblera pas plus scandaleux que les réflexions de Madame Bloom à la fin de l'Ulysse de Joyce. Toute analyse psychologique sincère mérite, je pense, d'être entendue". Au début des années soixante, Violette Leduc greffe une partie de "Thérèse et Isabelle" dans le troisième chapitre de La Batârde : elle supprime des passages, resserre des pages, atténue des métaphores, modifie le déroulement de quelques dialogues ; Thérèse est métamorphosée en Violette. L'autre partie est publiée séparément en juillet 1966. Aujourd'hui, enfin, paraît Thérèse et Isabelle comme une oeuvre en soi, dans sa cohérence initiale et sa continuité.

10/2013

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Histoire de France

Intelligence avec l'ennemi : Le procès Brasillach

Robert Brasillach est le seul écrivain notoire qui, pour avoir collaboré avec les nazis, a été fusillé. L'enquête sur son cas se lit comme un roman, riche en personnages hauts en couleur. Brasillach fait partie de l'élite intellectuelle formée par l'Ecole normale supérieure. Il est bientôt fasciné par l'Allemagne nazie, sa violence, sa théâtralité. Il va diriger Je suis partout, hebdomadaire férocement antisémite, pro-nazi, dénonciateur de Juifs et de résistants. Mais on ne le jugera pas pour ses opinions. On le condamnera pour trahison. En janvier 1945, si Paris est libéré, la guerre n'est pas finie. C'est dans ce climat tendu que s'ouvre le procès de Brasillach. Comme une pièce de théâtre, trois vedettes s'affrontent : Robert Brasillach, le procureur Reboul et l'avocat Jacques Isorni. Alice Kaplan raconte aussi, parce que c'est très éclairant, l'histoire personnelle et parfois le roman familial du procureur Reboul, d'Isorni, des jurés et même de quelques journalistes. Elle a eu accès au dossier de recours en grâce soumis au général de Gaulle. Elle rapporte les cas de conscience, les acceptations et les refus des célébrités à qui l'on a demandé de signer en faveur du condamné. Pour quoi Camus a signé et Simone de Beauvoir a refusé. On découvre comment la mort de Brasillach va peser sur le destin de tous les personnages qui ont été mêlés à son procès. Et comment elle a continué à alimenter les débats intellectuels sur la responsabilité de l'écrivain.

10/2001

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Histoire littéraire

Petits éloges du double

Passionné autant qu'intrigué par la figure du double, Frank Lanot explore les grands duos de notre mémoire, qu'ils soient historiques - de Gaulle & Sartre, Delon & Depardieu, Colette & Beauvoir - ou fictifs - Achille & Ulysse, Alceste & Tartuffe, Dom Juan & M. Prudhomme -, et offre, à travers cette galerie de portraits croisés, une relecture aussi érudite que joyeuse de nos mythes antiques et contemporains. Ce petit livre, placé sous le signe de la dualité, voire du duel, s'inscrit dans la tradition des Vies parallèles de Plutarque, qui faisait le portrait des grands hommes et des héros de son époque, les opposant ou les faisant se rencontrer. Car c'est dans la tension exquise entre deux personnages que peut se révéler la particularité de chacun d'eux : le premier éclaire le second, le second explique le premier. En se réappropriant cette tradition du portrait en miroir, Frank Lanot propose cinquante jeux de doubles, cinquante portraits en face à face, en reflet ou en écho, et tisse, jonglant avec les lieux et les époques, le fil subtil de notre Histoire. Qui pour renvoyer la balle à Cantona ?? Qui pour donner la réplique à Jeanne Moreau ?? Qui pour répondre à Gutenberg ?? Qui pour s'accorder avec Barbara ?? Qui pour dialoguer avec Albert Camus ?? En convoquant les vies, les oeuvres et les légendes, dans des duos et des contre-duos aussi étonnants que détonants, Frank Lanot redonne à notre mémoire sa plasticité, sa liberté et sa profondeur : un véritable antidote à l'à-quoi-bonisme et au prêt-à-penser d'aujourd'hui.

06/2021

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Musique, danse

Boris Vian

Jazz, théâtre, prose, poésie, traductions, chansons, peinture… l’exposition consacrée à Boris Vian, présentée à la Bibliothèque nationale de France réunit les multiples facettes de son oeuvre afin d’en dégager l’unité et la richesse. Peu reconnu de son vivant, Boris Vian (1920-1959) est découvert de façon posthume quand Jean-Jacques Pauvert réédite L’Écume des jours en 1963. La postérité, fascinée par cet homme toujours jeune, créateur d’une langue originale et d’un univers foisonnant, en fait une légende. Diplômé de l’École centrale, Boris Vian n’exerce son métier d’ingénieur que quelques années et préfère se consacrer à l’écriture. Sous le pseudonyme de Vernon Sullivan, il rédige J’irai cracher sur vos tombes, dans le style des romans noirs américains, en se faisant passer pour le traducteur. Bien que l’ouvrage, jugé scandaleux, soit censuré, trois autres titres de Vernon Sullivan voient le jour jusqu’en 1950. L’image de l’écrivain en pâtit : après L’Écume des jours, les romans signés de son véritable nom passent inaperçus. En 1953, devant l’échec de L’Arrache-coeur, il se détourne de l’écriture romanesque au profit de la chanson, en tant que parolier, chanteur et directeur artistique chez Philips. Il crée également pour le théâtre et le cabaret. Cet ouvrage, publié à l’occasion de l’exposition, emmène le visiteur sur les traces de Boris Vian, de Saint-Germain-des-Prés au Collège de Pataphysique, des clubs de jazz aux cafés fréquentés par les intellectuels engagés comme Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.

10/2011

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Critique littéraire

Malraux, mémoire et métamorphose

" Quels livres valent la peine d'être écrits, hormis les Mémoires ? " écrivait Malraux dès 1928. En dépit de ce que laissait présager ce geste de reconnaissance à l'égard d'un genre vieux de plus de cinq siècles - rien de moins que Le Miroir des limbes, composé des Antimémoires, puis de La Corde et les Souris -, la dimension mémoriale a sans doute été, de toute l'oeuvre d'André Malraux, si ce n'est la moins fréquentée, sûrement la moins explorée. L'étude que lui consacre aujourd'hui Jean-Louis Jeannelle ouvre les chemins de cette " odyssée de la mémoire", depuis le simple journal de bord jusqu'à l' " antipacte mémorial". L'auteur montre l'origine, la logique et la chronologie d'une composition très éclatée que le lecteur a, sans cela, du mal à percevoir. C'est là l'originalité profonde d'une démarche qui consiste à mettre en lumière la réflexion théorique sur un genre hérité d'une lignée apparue avec Commynes et à établir entre les Antimémoires de Malraux et les Mémoires de quelques autres - du général de Gaulle à Simone de Beauvoir -, ou encore entre Malraux et un auteur hanté par la mémoire comme Péguy, l'un de ces "dialogues au sommet" dont Malraux lui-même était coutumier. Livre en abyme, livre en rebonds, livre en facettes, livre en éclats: tout ce jeu de mémoire et de contre-mémoire constitue la meilleure des introductions à ce thème omniprésent dans toute l'œuvre d'André Malraux : la métamorphose.

03/2006

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Sciences historiques

Rouler plus vite, laver plus blanc. Modernisation de la France et décolonisation au tournant des années soixante

Après la Seconde Guerre mondiale, la France connaît sous l'impulsion des Etats-Unis une période de modernisation brutale et massive qui provoque d'importants changements sociaux et culturels. En une dizaine d'années (1955-1965), la société de consommation envahit la vie quotidienne et prétend défaire les inégalités. Mais quels en furent les effets véritables ? Avec un humour et un recul salutaire, Kristin Ross interroge la place accordée aux icônes de l'époque - l'automobile, l'hygiène, les biens de consommation standardisés -, ainsi que les types sociaux et représentations - l'" homme nouveau ", le cadre dynamique, le couple moderne, le culte de l'efficacité... Pour penser ce nouveau modèle culturel, l'auteur met à contribution le cinéma de Tati, Demy et Godard, les écrits de Fanon, Barthes, Debord et Lefebvre, les romans de Sagan, Robbe-Grillet, Beauvoir, Triolet, ou Perec, mais aussi l'idéologie de L'Express et de Elle. Elle montre que la France des années soixante ne peut être appréhendée qu'en maintenant le parallèle entre deux histoires, celle de la modernisation et celle de la décolonisation, et en soulignant leurs tensions spécifiques : celles d'un pays dominant/dominé, exploitant des populations coloniales au moment même où il se trouve amené à collaborer ou fusionner avec le capitalisme américain. Le colonialisme extérieur se convertit alors en " colonisation de la vie quotidienne ". K. Ross établit un autre parallèle, audacieux, entre l'Algérie et le culte de l'hygiène, la pratique de la torture et l'industrie rationalisée. Finalement, quel fut le prix réel de notre modernisation ?

02/2006

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Essais

Le feminin

"Comment devient-on femme ? Qu'est-ce que le féminin ? Jacqueline Schaeffer qui questionne depuis des années cette thématique nous livre cette synthèse accessible à tous. " Mon corps est à moi " ! clamait-on en 1968. Hélas non ! Le corps féminin est encore à conquérir. Il est soumis aux forces de la destinée que sont les règles, la grossesse, l'accouchement, la ménopause. " On ne naît pas femme, on le devient ", énonce Simone de Beauvoir. On ne naît pas femme, certes ! Mais bébé de sexe féminin. De fille, on devient femme, souvent mère. Mais le féminin, érotique, libidinal, au sens où il se différencie de la féminité, se conquiert, s'arrache. Plus qu'un " deuxième sexe ", le féminin est un sexe " autre ". Freud l'énonce sans ambages : " Peut-être ce qui fonde cette crainte, c'est le fait que la femme est autre que l'homme ". Une femme peut être perçue comme hostile et castratrice. " Le refus du féminin " pourrait être une mesure de protection. Mais qu'en est-il alors du maternel, puisque la première femme de tous est la mère ? L'ouvrage différencie le féminin du maternel et précise ce qui à la fois les distingue et les fait se rejoindre. L'auteur propose une conception psychanalytique du féminin qu'elle élabore et précise depuis de longues années. Un féminin construit en fonction du masculin, qui se différencie de la personne de la femme et de la féminité, antagoniste mais non clivé du maternel, porteur de risques de souffrance mais aussi des chances d'un destin d'ouverture et d'épanouissement. "

10/2022

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Lycée

Les Caractères, Livres V à X (Bac 2023, 1re générale). suivi du parcours « La comédie sociale »

Les livres V à XI des Caractères au programme de 1re générale, suivi du parcours " La comédie sociale " . Dans une édition spécialement conçue pour faciliter la préparation au nouveau bac de français. L'oeuvre Dans Les Caractères, qu'il passa sa vie à écrire, La Bruyère décrit les moeurs de son siècle. Mêlant maximes, réflexions et portraits, il donne à voir les ridicules de ses contemporains et, à travers eux, les imperfections de la nature humaine. Une somme satirique au style acéré, qu'éclaire le regard du moraliste. Le parcours " La comédie sociale " De Molière à Simone de Beauvoir, 10 textes qui dénoncent les faux-semblants de la vie en société. Le dossier Toutes les ressources utiles au lycéen pour étudier l'oeuvre dans le cadre du nouveau bac : - un avant-texte pour situer l'oeuvre dans son contexte - au fil du texte, des clés pour lire et expliquer des extraits emblématiques - dans le dossier qui suit le texte : - des fiches de synthèse sur l'oeuvre et le parcours - des sujets guidés pour l'écrit et l'oral du bac - des fiches de méthode - des prolongements artistiques et culturels sur le thème du parcours Les ressources en ligne - Les extraits étudiés sont associés à une version sonore, enregistrée par un comédien, à laquelle le lycéen peut accéder immédiatement grâce à des mini-liens. - Dans le guide pédagogique, téléchargeable sur www. editions-hatier. fr (Lien -> http : //www. editions-hatier. fr/), l'enseignant trouvera tous les corrigés : des questionnaires au fil du texte, des sujets de bac et des lectures d'images.

10/2022

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Critique

Un été avec Colette

Pourquoi Colette ? Un grand écrivain, c'est aussi un écrivain qui crée des mythes, qui renouvelle notre mythologie. " Créer un poncif, c'est le génie ", disait Baudelaire. Colette a créé quatre mythes : Claudine ; Sido, Gigi, et Colette, elle-même, grand écrivain national, monstre sacré. Admirée par Simone de Beauvoir, pionnière de la transgression et de la provocation, elle fait souffler dans ses romans ce vent de liberté qui nous manque tant aujourd'hui. Antoine Compagnon décline toutes les facettes de Colette, des plus connues ou plus secrètes. De Claudine, sa première héroïne, dont son mari, Willy, s'appropria la paternité, signant de son propre nom les textes de son épouse et récoltant le succès et l'argent à sa place. Sido, inspirée par sa propre mère, sans doute sa plus belle invention romanesque. En passant par Gigi, son double littéraire charmante, légère, heureuse en amour et en mariage – à l'opposé de sa créatrice qui fuira " l'homme, souvent méchant " et trouvera refuge auprès des femmes. De sa Bourgogne natale à la présidence de l'académie Goncourt – elle qui n'avait aucun diplôme –, Colette ne fut jamais là où on l'attendait et emmena la littérature là où personne d'autre n'avait osé aller. Plus accessible que Proust, plus moderne que Gide, Claudel ou Valéry, Colette réussit la prouesse d'être à la fois lue dans les écoles et d'avoir conçu une oeuvre toujours aussi sulfureuse. Lire Colette aujourd'hui, c'est embrasser le XXe siècle dans toute son extravagance, grâce à un style qui n'a pas pris une ride.

05/2022

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XXe siècle

Le barman du Ritz

Juin 1940. Les Allemands entrent dans Paris. Partout, le couvre-feu est de rigueur, sauf au grand hôtel Ritz. Avides de découvrir l'art de vivre à la française, les occupants y côtoient l'élite parisienne, tandis que derrière le bar oeuvre Frank Meier, le plus grand barman du monde. S'adapter est une question de survie. Frank Meier se révèle habile diplomate, gagne la sympathie des officiers allemands, achète sa tranquillité, mais aussi celle de Luciano, son apprenti, et de la troublante et énigmatique Blanche Auzello. Pendant quatre ans, les hommes de la Gestapo vont trinquer avec Coco Chanel, la terrible veuve Ritz, ou encore Sacha Guitry. Ces hommes et ces femmes, collabos ou résistants, héros ou profiteurs de guerre, vont s'aimer, se trahir, lutter aussi pour une certaine idée de la civilisation. La plupart d'entre eux ignorent que Meier, émigré autrichien, ancien combattant de 1914, chef d'orchestre de cet étrange ballet cache un lourd secret. Le barman du Ritz est juif. Philippe Collin restitue avec virtuosité et une méticuleuse précision historique une époque troublée. A travers le destin de cet homme méconnu, il se fait l'oeil et l'oreille d'une France occupée, et raconte l'éternel affrontement entre la peur et le courage. Producteur sur France Inter, auteur d'essais et scénariste de bandes dessinées, Philippe Collin est l'auteur de podcasts très suivis consacrés à Léon Blum, Napoléon, Simone de Beauvoir, Philippe Pétain ou encore aux Résistantes. Le Barman du Ritz est son premier roman.

04/2024

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Essais

Penser la perception

Ce nouvel ouvrage de Jean Daive, recueillant essais mais surtout entretiens avec des artistes et écrivains réalisés pour France Culture, est le troisième volet d'un polyptique composé de : L'Exclusion (éditions Jean Fournier, 2015), Pas encore une image (L'Atelier contemporain, 2019) (A paraître en 2023 : Le Dernier mur, L'Atelier contemporain.). Le premier livre posait et étudiait le constat : ce que je regarde n'est pas ce que je vois ; le second : l'image n'est plus à regarder, mais à lire et l'écriture n'est plus à lire mais fait image. Penser la perception aborde la question du film, de la photographie et de l'écriture. Ce livre, je l'ai conçu (construit) comme un roman où les épisodes interviennent, se suivent dans une dramatisation qui transforme la parole de chaque artiste selon un programme et ses intentions. Montrer des artistes à des moments différents, montrer des artistes en des endroits différents, poser presque les mêmes questions ou poser des questions différentes, montrer ce qui existe et montrer ce qui change comme par exemple une manière de montrer un transitoire malgré l'invariant des questions posées qui n'exclut pas une discipline – tel est l'enjeu du livre : il raconte les vies du mouvement. Ces réflexions, souvenirs, entretiens, écoutes et paroles, ces silences et ces rires, sont aussi le symptôme d'une animation magique de l'image et de l'écriture qui se nourrit des énergies parmi les plus farouches et les plus obscures. La parole est mystérieuse et obscure. L'écoute est mystérieuse et obscure. Un homme, une femme ou bien deux hommes, l'un parle l'autre écoute, se trouvent dans cette situation de l'échange et de l'attente, ils émettent une succession d'ondes permanentes, ils apaisent la peur, ils s'aident à parler des énigmes de l'univers, ils s'aident à l'injonction. Ils excédent toujours la pensée et la signification. Entretiens avec : Jean-Marie Straub et Daniel Huillet, Jean-Luc Godard, Roberto Matta et Alain Jouffroy, Betty Goodwin, Patrick Tosani, Georg Baselitz, Chantal Akerman, Gérard Garouste, Nathalie Sarraute, Jana Sterbak, Gisèle Freund, Francis Ponge, Marguerite Duras, Jean-Luc Moulène, Jean-Michel Alberola, Niki de Saint-Phalle et Jean Tinguely, Joris Ivens, Antoine d'Agata, Pierre Tal Coat, André du Bouchet, Pipilotti Rist, Jean-Pierre Bertrand, Helmut Newton et Alice Springs, Raoul de Kayser...

02/2022

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 1, A l'épreuve de l'histoire (1944-1968)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Histoire de France

Le siècle traversé. Souvenirs de neuf décennies

Le Périgord de Jacquou le Croquant. La ligne bleue des Vosges au temps de l'Europe sans passeports. Chéchias et casquettes dans le port d'Alger. Le petit train d'Arpajon devant la grille du Luxembourg et l'omnibus Panthéon-Courcelles descendant la rue Soufflot. Lampes à huile et feu de boulets au ministère de l'Intérieur : toute la modernité en 1913. Le drame de Sarajevo. La folle journée du 11 novembre 1918. Sartre en hypokhâgne. Maurras et Maritain. Brunschvicg, Jankélévitch, Raymond Aron, Simone Weil, etc. Claudel, Lyautey, Mauriac. Sur le lac du bois de Boulogne, Hélène et Simone de Beauvoir. Maurice Merleau-Ponty et Zaza. Heidegger et Cassirer à Davos. De Le Revue universelle à Esprit. Gabriel Marcel et Jean Wahl. Berlin en 1935. Goebbels et Carl Schmitt. Mai 40 au centre d'état-major de Compiègne. Tournier et Nimier en philo à Neuilly. Au printemps 44, Sartre et Bataille disputent du péché avec Daniélou et Massignon. L'agrégation de philosophie : Althusser, Foucault, Deleuze, Derrida, Jean d'Ormesson et les autres. Teilhard de Chardin ouvre une avancée nouvelle vers le point Oméga. De l'abbaye de Pontigny au Cercle de Royaumont et au Centre culturel de Cerisy. Des Chaises au Roi se meurt. Le Nouveau Roman et l'Oulipo. A Pondichéry et Sit-Sat-Ananda. Le happening de 68 entre les communistes du SNESup et le cabinet du doyen Durry. L'éclatement de la vieille Sorbonne et les grandes heures de Vincennes... Maurice de Gandillac, longtemps professeur d'histoire de la philosophie à la Sorbonne, auteur de Genèses de la modernité et animateur des décades de Cerisy, nous livre ici sa "traversée du siècle" .

09/1998

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Philosophie

La saga des intellectuels français. Tome 2, L'avenir en miettes (1968-1989)

Nul n'était aussi bien armé que François Dosse pour relever le défi : une histoire panoramique et systématique de l'aventure historique et créatrice des intellectuels français, de la Libération au bicentenaire de la Révolution et à la chute du mur de Berlin. Son Histoire du structuralisme en deux volumes, son attention à la marche des idées, ses nombreuses biographies (de Michel de Certeau, Paul Ricoeur, Pierre Nora, Cornelius Castoriadis) lui ont donné, depuis vingt ou trente ans, une connaissance assez intime de la vie intellectuelle de la seconde moitié du XXe siècle pour lui permettre de couronner son oeuvre par une tentative de cette envergure. Le premier volume, 1944-1968, couvre les années Sartre et Beauvoir et leurs contestations, les rapports contrastés avec le communisme, le choc de 1956, la guerre d'Algérie, les débuts du tiers-mondisme, l'irruption du moment gaullien et sa contestation : un temps dominé par l'épreuve de l'histoire, l'influence du communisme et la progressive désillusion qui a suivi. Le second volume, 1968-1989, va de l'utopie gauchiste, de Soljenitsyne et du combat contre le totalitarisme, à la "nouvelle philosophie", l'avènement d'une conscience écologique, la désorientation des années 80 : un temps marqué par la crise de l'avenir et qui voit s'installer l'hégémonie des sciences humaines. Ce ne sont là que quelques-uns des points de repère de cette saga, qui embrasse une des périodes les plus effervescentes et créatrices de l'intelligentsia française, de Sartre à Lévi-Strauss, de Foucault à Lacan. Le sujet a déjà suscité une énorme bibliographie, mais une fresque de pareille ampleur est appelée à faire date.

09/2018

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Littérature française

Des sirènes

Tant de choses à dire après avoir lu Des sirènes ! Mais le mot qui veut absolument être le premier à venir est celui-ci : délicatesse. Ce n'est pas toujours une qualité en littérature, mais il en faut pourtant beaucoup, de la délicatesse, tant pour composer avec les émotions que pour manier les explosifs. Et Colombe Boncenne ne craint ni les uns ni les autres. La sirène est la métaphore filée qui convenait pour nommer aussi la forme de ce livre, semblable à une toile tissée d'échos subtils. Sa nage est un mouvement d'aiguille, dessus, dessous, qui lie, recoud, répare, suture. L'écriture épouse ce mouvement, on plonge dans les abysses, on respire dans le ciel, le naufrage est toujours possible mais l'île n'est jamais loin. Il y a des trous dans cette toile : le père, pas même cité ni mentionné dans cette histoire de filiation où les pères sont si décevants. La cérémonie des adieux, pour reprendre la belle expression de Beauvoir, est au premier plan. La mère de la narratrice va mourir. Cette mort est la douleur présente qui formule dans son cri la souffrance de quatre femmes blessées (par les hommes, inévitablement) qui ont choisi (ou dû choisir) le silence, jusqu'à ce que ce livre peut-être les délivre. Mais Colombe Boncenne murmure encore, elle ne distribue pas des rôles de tragédiennes emphatiques aux femmes de sa famille qui n'en auraient pas voulu. La voix qui lui est venue pour écrire ce livre est très douce, apaisante, comme une consolation possible. Parle tout bas, si c'est d'amour, au bord des tombes, écrivait Paul-Jean Toulet… » Eric Chevillard

03/2022

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Poésie

Versants

Avec ce nouveau recueil, Jacquy Gil se livre à une quête incessante, celle d'un homme qui regarde en lui les mouvements face à ce qu'il perçoit, et chaque poème semble alors une avancée vers le mystère des choses. Chez lui, c'est la magie ou l'intensité du regard qui prime dans l'instant de découvertes successives, lesquelles, paradoxalement – et il nous le fait bien sentir – ont toujours été là, comme enfouies dans un élan caché avant d'éclore dans cette lumière qui n'est pas différente de lui-même. Chez ce poète dont le regard extérieur n'est autre que le regard intérieur, se fait jour peu à peu une forme d'éveil ne disant pas son nom. C'est un mystère auquel il nous enjoint et qui nous absorbe au-delà même de ce qui pourrait le définir. Jacquy Gil (1948), réside à Saint-Hilaire-de-Beauvoir, son village natal, où il a exercé, entre autres, le métier de vigneron. Membre du comité directeur de la revue littéraire Souffles (LEM) de 1986 à 2012, puis il rejoint le comité de rédaction de la revue la main millénaire. Très impliqué également dans la vie de son village, il est correspondant du journal Midi Libre. Genres littéraires : l'histoire locale et surtout la poésie, domaine dans lequel il a publié de nombreux recueils. Les derniers : Chemins suivi de Ressauts, Collection Méditerranée, revue "la main millénaire" (2019). Le matin était parti d'un cri radieux, Ed. des Deux rues (2019). Viatiques, Ed. unicité (2021). Ces regards qui nous emmènent, Ed. Alcyone (juin 2022).

11/2022

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Critique

Pourquoi la littérature (du vagin) respire mal. Les daltoniennes de l'écriture inclusive

Nous, vous, iels. : France, ta littérature fout le camp, comme étrangère à elle-même. Il était deux fois un monde ne pardonnant rien, sauf la médiocrité d’une orthographe féminine au pluriel ; un pays où tout est permise ; une époque de mâles castrés par des corps transgenres : «Le Livre de Prométhéa». Quand le canapé lit, c’est que l’auteur est prêt à se coucher sur le divan des divas d’Elle. Et le cas de conscience devient immédiat : que lire et surtout quoi s’épargner ? Véritable «lettre ouverte» aux nouvelles maîtresses censeures, prêtresses de l’écriture inclusive et mères la morale d’une féminitude outrancière, l’auteur s’attache à dénoncer l’indigence littéraire de cet «écrire femme» qui sévit depuis 1955, et dont les avatars se nomment Darrieussecq, Despentes et Delaume, jeunes nées d’un sexe qui n’en est plus un. Le polémiste ne cache pas avoir ses têtes, et donc ses têtes de Turques. Tendre dans l’éloge, dur dans l’éreintement, fidèle dans le paradoxe, il s’en prend de préférence aux génies installés, aux notables reconnus, aux vaches sacrées. Beauvoir et Duras en prennent pour leur grade, et d’autant plus que ce grade est élevé. Les tenantes de l’«écrire pour être», Benoîte Groult et Annie Leclerc, Marie Cardinal et Monique Wittig, sont proprement assassinées. Hélène Cixous et Julia Kristeva, collées au mur et sommairement exécutées. C’est bien leurs tours. Les fantaisistes Muriel Cerf et Chantal Chawaf, en revanche, sont ovationnées suivant leurs mérites, et non en fonction de l’opinion régnante ou de leur audience.

10/2023

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Ethnologie

Ce genre qui dérange. Gender that matters

Le débat autour du rapport du féminin et du masculin est l'un des débats les plus difficiles. Il provoque une grande inquiétude et conduit très souvent à des positions passionnées : le bon genre et le mauvais genre, le bon et le mauvais pouvant être attribués alternativement au féminin ou au masculin. Il convient de rappeler ensuite que la question des rapports sociaux de genre est arrivée très tardivement dans le champ de la sociologie et de l'anthropologie. La réflexion pionnière naît incontestablement en France, avec un ouvrage subversif : Le deuxième sexe, publié en 1949 par Simone de Beauvoir qui récuse pour la première fois l'idée d'une nature féminine. Mais c'est incontestablement dans les pays anglo-saxons à travers les gender studies et les women studies que la notion commence à acquérir une consistance théorique. Ce que l'on appelle aujourd'hui la gender theory, qui est une théorie critique, tend à se déplacer de la mise en cause du modèle patriarcal à la mise en question du modèle hétérosexuel. Elle rencontre, ce faisant, une autre problématique posée par la sensibilité gay et plus encore queer qui, à travers des formes de sexualité hybrides, mutantes et métisses, procède à la subversion des distinctions du masculin et du féminin, de l'homo et de l'hétéro. Nous mesurons à quel point, par rapport à la question du rapport aux normes masculines et féminines, l'anthropologie en France a pris un retard considérable. Le livre que voici constitue une incitation à réexaminer, sur des bases résolument ethnographiques, les paradigmes antagonistes de l'universalisme à la française et du différentialisme à l'américaine.

01/2010

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Sociologie

La critique sociale au XXe siècle. Solitude et solidarité

Comment les critiques sociaux s'y prennent-ils pour travailler ? Où trouvent-ils les principes qui fondent leur critique ? Et où se situent-ils pour critiquer la société ? Pour répondre à ces questions, Michael Walzer retrace le parcours de onze écrivains ou philosophes dont l'œuvre a marqué la critique sociale au XXe siècle : Julien Benda, Randolph Bourne, Marin Buber, Antonio Gramsci, Ignazio Silone, George Orwell, Albert Camus, Simone de Beauvoir, Herbert Marcuse, Michel Foucault, Breyten Breytenbach, forment la petite troupe des critiques en compagnie desquels l'auteur nous fait parcourir le siècle qui s'achève. Mais l'intérêt de cet ouvrage n'est pas seulement de nous offrir une série de biographies intellectuelles d'une pénétration et d'une rigueur exemplaires ; au fils de ces analyses, Michael Walzer dégage sa propre conception de la critique sociale. Elle s'inscrit en faux contre toutes les prétentions à fonder la critique sur une éxtériorité radicale, qu'elles invoquent l'autonomie souveraine de l'intellectuel sans attache, l'autorité d'un savoir absolu, la clairvoyance historique des avant-gardes, ou encore la transcendance des universaux. C'est l'enracinement qui valide la critique et la rend efficace. Le critique social appartient à un groupe, un peuple, une classe, une nation. L'engagement dans une communauté fonde l'authenticité de sa rébellion. Les principes qu'il invoque sont ceux du peuple auquel il s'adresse. Ils appartiennent au monde moral de l'expérience quotidienne. Cest au prix de cette dissidence dans l'enracinement, dont Michael Walzer trouve le pradigme dans la prophétie biblique, que le critique social peut espérer accéder à une forme d'universalité.

01/1996

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Critique littéraire

Le Paris de Sagan

Si Françoise Sagan, née Quoirez, a toujours rappelé qu'elle était originaire du Lot, elle a néanmoins incarné dès sa jeunesse la vraie Parisienne, par son élégance discrète, sa liberté de pensée et l'impertinence de son esprit. Véritable phénomène de la littérature, depuis son fameux Bonjour Tristesse qui lui valut une renommée mondiale, elle a le plus souvent vécu à Paris, élargissant même l'influence de la capitale et ses modes de vie à Saint-Tropez et à la Normandie. Si elle a cantonné Paris à quelques lieux iconiques (le boulevard Malesherbes, Saint-Germain-des-Prés, la rue du Cherche-Midi, les boîtes de nuit de la rive droite, et l'avenue Foch), elle a reconnu cette ville comme le centre le plus ardent, le plus foisonnant, le plus inventif du monde. C'est à Paris qu'elle se sentait profondément au plus juste d'elle-même, parce que le génie de la capitale correspondait à sa façon de vivre, indépendante, émancipée, bohème. Elle aimait la beauté de Paris, préférant les beaux quartiers aux quartiers populaires, le Faubourg Saint-Honoré, la place Vendôme et les palaces à la banlieue. Anti-Simone de Beauvoir et anti- Duras, reine distante de l'underground parisien, elle hanta ses boites de nuit sans conviction, n'aimant guère danser, aimant la paresse de la Seine à laquelle elle voulait ressembler. Nonchalante et distraite, dépensière et futile, mais aussi grave et secrète, elle voyait en Paris, à l'instar de Colette à laquelle on la compara souvent, un lieu d'inspiration et de liberté sereine qui était pour elle le plus "vivable".

09/2015

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Critique littéraire

Jean Genet, une passion méditerranéenne

La Méditerranée a toujours fasciné Jean Genet (1910-1986), l'un des plus grands écrivains du XXe siècle. Enfant abandonné, placé dans une famille du Morvan, il s'évade dans la littérature. Adolescent, enfermé dans la colonie pénitentiaire de Mettray, il s'enflamme en découvrant Villon, Verlaine, Proust... Il rêve de voyages. Dès qu'il le peut. l'adolescent sans mère fugue vers la mer... Nice, Marseille... puis s'engage dans l'armée pour fuir l'univers carcéral. Il découvre ainsi la Syrie, le Maroc... Déserteur, il parcourt l'Espagne. l'Italie... Séduit par les hommes et ces contrées, il n'aura de cesse d'y retourner. Voulant se faire entendre de Ronsard, Jean Genet, dans sa grande période de création littéraire, écrit ses plus belles pages en prison. Libéré grâce à Cocteau, Sartre, Beauvoir..., devenu célèbre, il parcourt inlassablement les rives méditerranéennes séjournant longtemps en Grèce dont la mythologie l'enchante. En 1968, il découvre la cause des Palestiniens qu'il défendra jusqu'à la mort. Il se sent comme eux, dans un exil sans fin, sans mère patrie. Longtemps dans le silence, à la fin de sa vie il se remet à écrire, au Maroc. terre qu'il aime. Il meurt à Paris, corrigeant son dernier chef-d'œuvre Un captif amoureux. Il est enterré au cimetière espagnol de Larache, au Maroc, sa tombe surplombe l'océan, à quelques kilomètres à vol d'oiseau, des côtes méditerranéennes. Il part, libre, vers la transparence qu'il voulait atteindre. Caroline Daviron nous fait découvrir un Jean Genet unique, amoureux de la Méditerranée, dans une quête infinie de la mer(e) symbolique et réelle.

10/2010

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Romans historiques

Hildegarde de Bingen. La puissance et la grâce

Cette vie d'Hildegarde de Bingen se présente clairement comme un "roman historique". La tradition littéraire dans laquelle s'inscrit l'auteure, Lucia Tancredi, est celle de l'Italien Alessandro Manzoni ou de la Française Marguerite Yourcenar. Pour eux, les documents des historiens, s'ils rendent compte des faits et gestes des puissants, n'apportent pas ce "vraisemblable" des poètes et des romanciers qui parvient à pénétrer plus profondément dans tous recoins de la vie des hommes, y compris des plus humbles. Il s'agit d'une approche historique plus libre mais non moins authentique. A la base du parcours existentiel d'Hildegarde de Bingen, demeure une interrogation : les biographies qui nous restent d'elle ont été établies par des hommes, sous sa dictée : Gottfried, Wilbert de Gembloux et Théodore d'Echtemach. On est donc en droit de se demander pourquoi la puissante abbesse, entourée de ses moniales qu'elle voulait pleines de sagesse et intrépides, et avec lesquelles elle communiquait au moyen d'un code secret fait de mots et de sons, n'a jamais transmis sa vie à l'une d'elle. Tout de suite après sa mort, documents, textes manuscrits de ses œuvres et témoignages furent expédiés à Rome pour l'instruction du procès en vue de la canonisation qui ne fut jamais menée à terme. Le roman historique "Hildegarde de Bingen, la puissance et la grâce" se base sur cette trame "vraisemblable" et reconstruit une biographie au féminin qui pourrait avoir été dictée à la moniale Adelheidis, future abbesse de Gandersheim, qui vécut aux côtés d'Hildegarde jusqu'à sa mort. Le récit dicté et recueilli par une femme permet une reconstruction plus intime et fidèle, capable de décrire la vie extraordinaire d'une femme comme Hildegarde, auteure de grandioses sommes mystiques, amie des reines et des empereurs, témoin génial et encyclopédique de son temps, mais aussi enfant "oblate" dans l'enceinte de l'abbaye, fille éprouvée, éducatrice affectueuse et maternelle, musicienne et guérisseuse, capable de trouver, dans les subtilités de la nature, le secret pour se sentir en harmonie avec la beauté et le don de la création.

09/2012