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Virgil Gheorghiu

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Science-fiction

Les Bergères de l'Apocalypse. La Trilogie du Losange - Tome II

Au retour de l'expédition sur le satellite de l'Amande (cf. tome I de La Trilogie du Losange), Ariane amorce une enquête historique sur la guerre des sexes ayant conduit à la société gynocentrique, Anima, dans laquelle elle vit. Les fécondateurs masculins ne sont plus, d'où la question entêtante d'Ariane : "les enfants mâles, qu'avez-vous fait d'eux ? " . A contre-courant des discours officiels, la narratrice interroge cette société et ses mythes, retraçant une histoire apocalyptique qui fait largement écho à ce que nous vivons aujourd'hui. On découvre avec plus de profondeur et de détails l'univers prolifique posé par le tome I de la trilogie, Le Satellite de l'Amande. Dans cette épopée délirante à l'humour corrosif, Françoise d'Eaubonne, mêle avec finesse les genres, de la science-fiction à l'essai en passant par l'utopie et le postapocalyptique. La présente édition est enrichie d'une postface de Nicolas Lontel, spécialiste de l'autrice, pour comprendre l'oeuvre de Françoise d'Eaubonne que l'on redécouvre actuellement, et mettre en perspective les trois tomes de sa saga, La Trilogie du Losange. Un bonheur viril, le troisième tome inédit conservé à l'IMEC (Institut Mémoire de l'Edition Contemporaine), paraîtra en octobre 2022 afin de parfaire une année où l'écrivaine est mise à l'honneur dans de nombreux évènements. "Mes filles, mes reines, mes Mères ! Moi, l'enfant sans mère, l'enfant de cinquante ans, je vous remets ma main de guide : guidez-la. Pourquoi craindre que je crache sur vous ? [... ] Je vois l'an 10, et les Terreurs, et les Années Rouges ; je vois danser crever hurler flamber dévorer saigner fracasser siffler fendre trouer piétiner mutiler déchiqueter trépigner énucléer crépiter raser édenter galoper embraser dénuder rugir enfouir éventrer rougir et jouir l'Apocalypse de la lutte de sexes. Une seule question, Mères : les enfants mâles qu'avez-vous fait d'eux ? "

03/2022

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Science-fiction

La Trilogie du Losange Tome 1 : Le Satellite de l'Amande

A l'orée du XXIe siècle, les femmes transmettent la vie par ectogenèse, sans le concours des hommes, et la civilisation du Losange maîtrise les voyages dans l'espace. Ariane, la narratrice, participe à une mission spatiale destinée à explorer la planète Amande. Sur place, les mystères se succèdent et les péripéties s'enchaînent, de l'auscultation de la planète à la découverte d'une société futuriste bien particulière. Françoise d'Eaubonne, de sa plume foisonnante à l'humour acéré, fait de son space-opéra un magnifique roman symbolique et poétique. Le Satellite de l'amande, premier tome de "La Trilogie du Losange", et sa suite "Les Bergères de l'Apocalypse" qui paraît simultanément, frappent par leur caractère visionnaire qui percute notre présent. Françoise d'Eaubonne, première écoféministe française, a vu plusieurs de ses oeuvres rééditées depuis 2020. Elle fera beaucoup parler d'elle en cette année 2022 avec, notamment, un colloque international qui lui sera consacré en novembre 2022, organisé à l'IMEC (Institut Mémoire de l'Edition Contemporaine). Cette édition est enrichie d'une préface d'Elise Thiébaut, autrice d'une biographie de référence sur Françoise d'Eaubonne, "L'Amazone verte" (Editions Charleston, coll. Les Indomptées, 2021). Elle nous ouvre les portes de l'univers de l'autrice, en nous éclairant sur les éléments de contexte de cette oeuvre très originale avant la publication prochaine du troisième tome de cette trilogie, Un bonheur viril, à paraître en octobre 2022. "Une guerre pareille, de cette dimension, si elle avait été le fait des hommes, aurait laissé la terre exsangue. Mais comme elle fut menée et gagnée par des femmes, la cicatrisation se fit à une allure foudroyante. Les arts reprirent leur cours en même temps que les collèges se relevaient de leurs ruines et que la production des produits de première nécessité, accrue à une cadence galopante, se fixait pour but la fin du contingentement la plus rapide possible, pour limiter les dégâts moraux du marché noir".

03/2022

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Critique littéraire

Dans le cercle d'Achille Bocchi. Culture emblématique et pratiques académiques à Bologne au XVIe siècle

Connu pour son recueil d'emblèmes néo-latins, les Symbolicae Quaestiones (1555), illustré par Giulio Bonasone et qui connut un grand succès dans l'Europe de la Renaissance, Achille Bocchi (1488-1562) fut une figure majeure de la vie littéraire et culturelle à Bologne au Buta siècle. Ce lecteur au Studio de la ville présidait une académie qui se réunissait dans son palais bolonais et accueillait un cercle important d'hommes de lettres, prélats et artistes. Le présent ouvrage, qui fait suite à notre édition commentée et traduite des emblèmes de Bocchi (PUFR/PUR, 2015), propose pour la première fois l'édition, la traduction, et l'annotation de trois textes inédits, accompagnées de vastes introductions, qui permettent de mieux comprendre l'activité de cet auteur et de son cercle, et, plus largement, de comprendre la circulation des idées et des pratiques littéraires au XVIe siècle. Ces trois opuscules complémentaires, qui couvrent une période allant de 1515 à 1556, s'illustrent parleur variété générique et par l'importance des questions philosophiques, politiques et religieuses qui y sont soulevées. Tandis que le Démocrite ou la vanité propose une praelectio hors normes, placée sous le signe d'une verve satirique mordante qui doit beaucoup à Antonio Urceo Codro, Pietro Crinito et Somme, le Tolomei, véritable dialogue politique, met aux prises Claudio Tolomei, Annibale Caro et Gabriele Cesano pour débattre de la difficile question de l'attitude que le prince doit montrer face à ceux qui l'insultent ou le calomnient. La double présence, en arrière-plan, de Pier-Luigi Farnese, duc de Parme et de Plaisance, et du cardinal Hippolyte d'Este, ambassadeur de François 1er, confère une véritable actualité à cet échange qui fait aussi la part belle aux historiens de l'Antiquité et à Machiavel. Quant au troisième texte, le Petit commentaire au Symbole 10 d'Achille Bocchi, rédigé par un ami de l'emblématiste, Giovanni Antonio Delfinio, il entraîne le lecteur dans l'interprétation allégorico-philosophique d'un emblème inspiré par un authentique bas-relief antique, dit "d'Ikarios" ou "de la théoxénie" , qui appartenait à la collection Farnèse, et dans les figures duquel Bocchi et son commentateur pensent pouvoir reconnaitre des personnages de la sixième Bucolique de Virgile.

08/2019

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Critique littéraire

Isabelle Morel-de Gélieu. Journal 1819-1834

"Ce mois me paraissant devoir être de grande importance, j'en veux écrire les journées. Ce sera toujours un échantillon de ma vie actuelle". C'est ainsi qu'Isabelle Morel-de Gélieu (1779-1834) commence son Journal en septembre 1830. Auparavant, elle avait relaté quelques journées de 1819 et rédigé, à partir de 1820, des chroniques annuelles, qu'elle appelle "mon grand journal" . Dans le Journal, elle s'épanche librement : menus faits et gestes, événements importants, travaux saisonniers ou occasionnels, relations avec ses proches, nous révèlent ses émotions, ses états d'âme, ses inquiétudes et les petits bonheurs, plus rares, que la vie lui procure. Au fil des 488 pages de son manuscrit, c'est toute l'atmosphère d'un foyer qui se dévoile, souvent perturbé par des tensions entre les membres de la famille, des soucis d'argent et de santé, des frustrations de toute sorte. Femme de lettres consacrée par les histoires littéraires de Philippe Godet et de Virgile Rossel, Isabelle Morel-de Gélieu s'est illustrée par son roman Louise et Albert, par ses traductions de Schiller, Pestalozzi, Appenzeller, Kotzebue ainsi que par des articles publiés dans divers journaux et revues suisses et étrangers. Elle représente, à ce titre, l'une des grandes figures féminines de la littérature romande au xixe siècle. Dès l'enfance, elle bénéficie d'un environnement favorable à l'épanouissement de l'esprit : élevée à la cure de Colombier, elle y côtoie notables, autorités et autres pensionnaires que reçoivent ses parents, le pasteur Jonas de Gélieu et Marguerite Isabelle, fille de Théophile Rémy Frêne. De plus, Isabelle grandit dans l'entourage bienveillant de Madame de Charrière, sa protectrice. En 1801, elle épouse le pasteur de Corgémont, Charles-Ferdinand Morel, homme énergique qui exploite un domaine agricole et s'intéresse aux questions politiques, économiques et sociales de son temps. Quel contraste entre cette notoriété et le Journal d'Isabelle Morel-de Gélieu ! Ce précieux témoignage sur la sociabilité des élites de l'époque constitue un document unique décrivant le quotidien et le sort d'une femme de lettres résignée et reléguée dans un milieu rural, sacrifiant ses talents littéraires à ses obligations d'épouse et de mère.

10/2020

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Théâtre

Tragédies

Jean de Virey (1548-1623) a reçu une formation de juriste sanctionnée par le grade de Licencié en lois puis il a embrassé l'état militaire aux côtés de Jacques Goyon de Matignon qui fut son mentor. À l'issue des guerres civiles qui ont ravagé la France il publie chez Raphaël du Petit Val, à Rouen, trois tragédies en alexandrins : La Machabee, martyre des sept frères et de Solomone leur mère (1595), puis La Bienheureuse victoire des Machabées sur le roy Anthiocus et la Tragédie de Jeanne d'Arques (1600). Les deux premiers sujets coïncident avec ceux des polémistes qui se sont exprimés pendant la Ligue (1572-1592) dont la Satyre Menippee et les Avertissements des catholiques anglais aux catholiques français. Le recours à l'exemple des Machabées est une banalité de l'époque qui autorise la comparaison entre les massacres perpétrés à Jérusalem sous le règne d'Antiochus IV et les troubles récents vécus par les Parisiens lors du siège de la ville par les troupes d'Henri IV. Le thème de Jeanne d'Arc s'il est absent des polémiques se trouve valorisé par quelques contemporains de Virey comme Béroalde de Verville ou Fronton du Duc et marque l'intérêt naissant pour les sujets d'histoire. L'unité de l'oeuvre se trouve dans la dénonciation du détournement des lois ; ce théâtre revêt donc un fort aspect politique. Cette préoccupation donne à l'écriture de Virey un tour parfois satirique distillé dans des stéganographies dont il a le secret. Il revisite ses sources : Flavius Josèphe, la Bible ou l'histoire de Jeanne et prend pour modèle dramaturgique ses contemporains Jodelle, Filleul et Garnier tout en se souvenant de Virgile et de Sénèque. L'oeuvre de Virey reçut à son époque un accueil chaleureux, elle fut primée et jouée de nombreuses fois tant à Valognes, sa ville natale, qu'à Rouen. Les participations multiples aux recueils quinquennaux initiés par son éditeur prouvent également l'intérêt prolongé que les lecteurs portaient à ses textes. Comme tout témoignage direct de son temps, l'oeuvre a perdu de son impact jusqu'à l'oubli que le présent travail tente de réparer.

10/2013

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Littérature française

Le plongeur

Nous sommes à Montréal au début de l'hiver 2002. Le narrateur n'a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction. Etudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s'endette, aspiré dans une spirale qui menace d'engouffrer sa vie entière : c'est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe. Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement. C'est à ce moment qu'il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d'amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l'alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit. On découvre ainsi le train survolté d'un restaurant à l'approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys. Si certains d'entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C'est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d'une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes. Oeuvre de nuit qui brille des ors illusoires du jeu, Le plongeur raconte un monde où chacun dépend des autres pour le meilleur et pour le pire. Roman d'apprentissage et roman noir, poème sur l'addiction et chronique saisissante d'une cuisine vue de l'intérieur, Le plongeur est un magnifique coup d'envoi, à l'hyperréalisme documentaire, héritier du Joueur de Dostoïevski, de L'homme au bras d'or de Nelson Algren et du premier récit d'Orwell, celui d'un plongeur dans le Paris des années vingt.

02/2019

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Littérature étrangère

Palinure de Mexico

Si le Palinure de Virgile conduit Enée jusque sur les rivages de la terre promise avant de mourir tué par les Lucaniens, celui de Fernando del Paso, lui, nous guide à travers un récit d'une ébouriffante luxuriance, à l'écriture ingénieuse jusqu'au génie, à la fois drolatique et d'une beauté poétique digne du meilleur des surréalistes : roman total, rabelaisien, boulimique, avalant et restituant tous les mondes réels, possibles ou imaginaires, mettant en oeuvre et en " jeu " toute la culture du monde, dans lequel on voit un étudiant en médecine s'éprendre de sa cousine et l'aimer avec une grandiose impudeur avant de tomber sous les matraques de la police à Tlatelolco, l'été des Olympiades, lors d'une tuerie perçue comme la sinistre répétition des sacrifices aztèques et des massacres coloniaux ; roman rabelaisien encore par ses graves et canularesques méditations sur la vie _ prise à la blague ou au tragique, jamais au sérieux _ et la mort, par son humour, sa truculence et sa jubilation, doublées ici d'une tendresse, d'une pudeur qui rendent bouleversante l'expression des passions ; roman physiologique aussi, comme l'auteur le fait dire à l'un de ses multiples avatars, " aussi compliqué et magnifique que l'organisme humain " ; roman épique enfin, auquel ne manquent ni la descente aux Enfers ni le nocher Charon, gardien des cadavres disséqués, et où, poursuivi par la Mort déguisée en personnage de la commedia dell'arte, le héros nous initie aux mystères des Iles imaginaires _ et de son Mexique. Mais le héros mythique et l'épopée sont universels, et comme l'Enéide, l'Ulysse de Joyce ou celui d'Homère, le Palinure de Fernando del Paso ouvre sur le monde entier. Né en 1935 à Mexico, Fernando del Paso a fait des études de biologie et d'économie dans sa ville natale et travaillé une quinzaine d'années dans la publicité avant de s'installer à Londres, où il collabore à la BBC et à divers journaux. Il a publié un premier grand roman en 1966, José Trigo, et obtenu pour Palinure le très important prix Rómulo Gallegos (G. Garcia Marquez, M. Vargas Llosa).

12/1985

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Economie

Le business sera humaniste ou ne sera pas

Ce nouveau livre de Sir Richard Branson fera date. Lui qui a créé sa première entreprise à l'âge de 16 ans pour se retrouver aujourd'hui à la tête de l'empire Virgin dresse un constat sans concession : dans un monde où la moitié des individus est condamnée à survivre avec un dollar par jour, sur une planète qui se meurt du réchauffement climatique, il est urgent de se mettre en ordre de bataille pour relever les grands défis du XXIe siècle. Nous n'avons plus le choix. La course folle aux profits est responsable de déséquilibres économiques qui conduisent à des drames humanitaires et à des problèmes écologiques majeurs. Puisque seul le capitalisme a les moyens de réparer les dégâts dont il est responsable, les entrepreneurs sont les mieux placés pour le faire. Ils y parviendront dans des structures où se mêleront entreprises, associations caritatives et pouvoirs publics. Si leur démarche humaniste est bien pensée, elle sera rentable. Qu'ils soient à la tête d'entreprises familiales ou de groupes gigantesques, ceux qui n'ont pas hésité à bouleverser leurs méthodes de gouvernance pour assurer un mieux vivre aux citoyens du monde ont déjà vu leurs résultats s'améliorer de façon spectaculaire. Richard Branson passe au crible de nombreuses expériences tentées partout dans le monde. Il témoigne avec la franchise qu'on lui connaît de la façon dont le pouvoir est partagé depuis que notre monde est connecté et que les réseaux sociaux prennent de plus en plus d'importance. Il nous invite aux réunions de travail des experts scientifiques de son Cabinet de guerre contre le carbone, véritable outil pour lutter contre le changement climatique. Il nous fait rencontrer les plus grands dirigeants et patrons du monde. Il nous entraîne d'un bout à l'autre de la planète avec le conseil mondial des Global Eiders - Nelson Mandela, Aung San Suu Kyi, Kofi Annan, Jimmy Carter et quelques autres des plus grands penseurs de la paix - qu'il a créé et qui travaille sans relâche pour lutter contre la misère, au-delà des clivages politiques. De quoi retrouver optimisme et espoir dans ce monde qui va si mal !

11/2012

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Littérature étrangère

La grandeur inconnue

Ce volume se compose de trois parties qui correspondent à chacune des trois activités, littéraire, philosophique et épistolaire, de l'écrivain. Dans la première partie ont été rassemblées des ouvres littéraires : le premier roman de Broch, La Grandeur inconnue, publié en 1933 et seulement réimprimé en 1961. Le personnage central est un jeune savant qui en arrive, comme Broch lui-même, à la suite d'un drame et de l'expérience de l'amour, à douter de l'efficacité de l'instrument logico-mathématique pour saisir la totalité du réel et à reconnaître, à côté, la valeur de l'intuition poétique et mystique comme moyen de connaissance. A la suite de ce roman figurent le début d'un roman inachevé, Filsmann, et deux nouvelles : Le Miroir de la mer et Le Retour de Virgile au pays natal. Dans la deuxième partie, les essais qui ont été rassemblés donnent une idée de l'évolution de la pensée de Broch, depuis son essai de jeunesse : Note pour une esthétique systématique, encore tout plein de l'influence de Schopenhauer et d'une philosophie de la vitalité inspirée par Nietzsche, jusqu'à ses essais de maturité : La vie sans idée platonicienne et Esprit et Esprit du temps où l'on trouve le thème central de la pensée de Broch : la désintégration du système des valeurs, consécutive à l'obscurcissement progressif d'une vision théologique du monde. La troisième partie de ce volume rassemble les lettres de Broch à Willa Muir, traductrice anglaise des Somnambules, qui recueillit l'écrivain chez elle, en Ecosse, quand l'Autriche fut annexée au Reich national-socialiste. Les lettres, qui vont de 1931 à 1940 et ne figurent pas dans le volume de lettres déjà publié, contribuent à préciser la conception que se fait Broch du roman nouveau, dans une période où toutes les valeurs et surtout celle de la littérature sont en question. Elles sont aussi un précieux document des réactions d'un esprit lucide et prophétique devant la montée et le déferlement du national-socialisme. Tous les écrits rassemblés dans ce volume ont donc le mérite de faire connaître des ouvres inédites ou peu connues d'un écrivain et d'un penseur dont l'importance littéraire et philosophique ne cesse de grandir.

03/1968

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Critique littéraire

Europe N° 1034-1035, juin-juillet 2015 : Pierre Klossowski

Ecrivain, peintre et traducteur, Pierre Klossowski est né à Paris en 1905 dans une famille d'artistes. Frère aîné de Balthus, il a fréquenté dès ses jeunes années Rainer Maria Rilke et André Gide, puis Georges Bataille auprès duquel il participa au Collège de sociologie et à la revue Acéphale. Dans les années trente, sa rencontre avec les écrits de Sade marqua une étape déterminante dans son cheminement placé à la fois sous le signe de la discrétion et de l'excès. Pierre Klossowski apparaît comme l'une des figures capitales de la culture française du XXe siècle. Celui qui affirmait n'être «ni un écrivain, ni un penseur, ni un philosophe - ni quoi que ce soit dans aucun mode d'expression», aura tout de même laissé derrière lui une oeuvre considérable : des textes littéraires comme Les Lois de l'hospitalité, Le Bain de Diane et Le Baphomet, des études sur Sade et sur Nietzsche, mais aussi quelques scénarios, de nombreuses traductions du latin et de l'allemand (Virgile, Nietzsche, Kafka, Wittgenstein...), ainsi qu'une abondante production de dessins de grand format. Autour du concept de «simulacre», son oeuvre traite autant de la mythologie que de la théologie antique, de l'érotisme ou de l'économie générale. De Gilles Deleuze à Michel Foucault, de Giorgio Agamben à Jean-François Lyotard, plusieurs penseurs contemporains se sont intéressés de près à ses travaux. Les études réunies dans ce numéro d'Europe, ainsi que les nombreux inédits qui ont été recueillis, témoignent de l'extraordinaire diversité de l'oeuvre de cette figure atypique dont Georges Perros disait : «Cet homme semble venir de très loin. Pas seulement d'Europe centrale, pas seulement de la Rome impériale, pas seulement de Tübingen. Sous ce drôle de crâne, au front plus haut que nature, se battent, s'étreignent, se haïssent, font l'amour et la mort, comme nuages dans un ciel en difficulté, une multitude de cibles des héros de la mythologie aussi bien que ceux de Kafka, de Nietzsche, d'Hofmannsthal, de Rilke, tous véritables habitants de l'aujourd'hui des siècles et des siècles. Nous ne sommes pour cet homme hanté, cet homme d'extase, que contemporains de hasard.»

06/2015

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Littérature française

Les angoysses douloureuses qui procedent d'amours

Helisenne de Crenne est le pseudonyme partiel de Marguerite Briet, épouse de Philippe Fournel, seigneur de Crenne. Née à Abbeville en Picardie, elle vécut notamment à Paris où elle publia ce roman des Angoysses douloureuses qui procedent d'amours (1538), les Epistres familieres et invectives (1539), le Songe (1540) et une traduction en prose des quatre premiers livres de l'Enéide de Virgile (1541). Le roman des Angoysses douloureuses analyse les angoisses amoureuses avec leur cortège de symptômes et se compose de trois récits. Le premier est celui de l'héroïne prénommée Helisenne. Il commence à sa naissance et s'achève lorsque son mari, jaloux à juste titre, l'enferme dans une tour et qu'elle décide alors d'écrire. Le second récit, celui de Guenelic, raconte comment, en compagnie de son ami Quezinstra, il retrouve et délivre Helisenne après de multiples voyages au loin. Enfin, Quezinstra, dans un dernier récit, relate la mort des deux amants et la découverte du petit paquet de soie blanche dans lequel est enfermé le livre que nous lisons. Ce livre dit ainsi comment un livre advient. Il témoigne aussi de l'émergence du roman français à la Renaissance. On ne saurait le cantonner dans les genres du roman sentimental, du roman féminin, du roman d'aventures, de l'autobiographie édifiante, des dialogues sur l'amour, de l'adaptation d'un matériau italien traduit (en l'occurrence la Flammette de Boccace et le Pérégrin de J Caviceo). Sans doute relève-t-il de tout cela, mais aussi de la recherche d'une langue singulière ici au service d'un "piteux et larmoyant style" et d'une pensée de l'amour. Nous sommes en 1538, dans cet intervalle qui sépare les premières chroniques rabelaisiennes (Pantagruel, 1532 et Garhantua 1534) des dernières (Tiers Livre, 1546 et Quart Livre, 1548), avant les succès d'Amadis de Gaule (1540), de l'Heptaméron de la Reine de Navarre et des histoires tragiques. Les Angoysses douloureuses ont connu le succès. Elles furent constamment rééditées jusqu'en 1560, et après 1543, avec ce qui constitue en quelque sorte leur suite, les Epistres familieres et invectives, éditées par Jerry C Nash dans cette même collection.

01/1997

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Romans policiers

Une enquête de Veronica Speedwell, T1 : Un étrange prélude

Londres, 1887. Maintenant que sa vieille tante est enterrée, Veronica Speedwell est libre de reprendre ses voyages pour une noble cause : la recherche scientifique, et, occasionnellement, un peu de batifolage amoureux. Aussi habituée à chasser les papillons qu'à éconduire ses admirateurs, Veronica a l'intention de s'embarquer dans l'aventure d'une vie ! Mais le destin en décide autrement... Veronica doit bientôt se libérer d'une tentative d'enlèvement, avec l'aide inattendue d'un énigmatique baron allemand. Il la confie à l'un de ses amis, un naturaliste reclus et irascible nommé Stoker. Lorsque le baron est assassiné sans avoir pu révéler ce qu'il savait du complot contre elle, Veronica, poursuivie par un assaillant insaisissable, est contrainte de former une alliance avec Stoker pour découvrir la vérité. " Un duo de choc, une toile de fond historique originale et une intrigue dont les mystères se dévoilent habilement, tel est le style inimitable de Deanna Raybourn. Cette nouvelle série commence en fanfare ! " Library Journal " Un roman brillant ! La narration pleine d'esprit de l'intrépide Veronica et la tension qui existe entre elle et l'excentrique Stoker rendent la lecture très plaisante. Et ce n'est que le début ! " Publishers Weekly " Les excentricités de l'Angleterre victorienne reçoivent un traitement passionnant dans ce roman extrêmement divertissant à la narration énergique. " South Florida Sun-Sentinel " Un régal ! Deanna Raybourn fait partie de ces rares écrivains capables de rendre l'Histoire immédiate et passionnante sans perdre en authenticité. " Rhys Bowen, autrice de Son Espionne Royale mène l'enquête " J'adore ce livre ! La charismatique Veronica Speedwell triomphe de l'adversité et du danger grâce à son esprit vif, son charme et son extraordinaire détermination. Une belle trouvaille ! " Robyn Carr, autrice des Chroniques de Virgin River " Veronica Speedwell fait assurément partie des incontournables du genre policier. " Alan Bradley, auteur de Flavia de Luce " Deanna Raybourn, conteuse hors pair à la voix unique, crée des personnages inoubliables dans un monde riche en détails. " Nora Roberts " Une héroïne intelligente qui a du cran et de l'avance sur son temps. " Fort Worth Star-Telegram

04/2022

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Histoire de France

Les grands discours parlementaires du XIXe siècle. De Benjamin Constant à Adolphe Thiers 1800-1870

Consulat, Premier Empire, Première Restauration, Cent Jours, Seconde Restauration, monarchie de Juillet, Deuxième République et Second Empire : l'énumération suffit à montrer combien la période qui s'étend de 1800 à 1870 est riche en bouleversements politiques. Elle l'est aussi par la grandeur et la diversité du discours parlementaire. Les moments clés du premier XIXe siècle - 1800, 1815, 1830, 1848, 1852, 1870 - ont inspiré la plus haute éloquence et produit d'authentiques morceaux de bravoure. Une place privilégiée a été accordée aux mots et aux phrases qui s'inscrivent dans la mémoire collective de la nation française, de " l'Empire est fait " de Thiers au " cœur léger " d'Ollivier, des imprécations de La Bourdonnaye aux incantations de Lamartine en passant par les prophéties de Tocqueville. Il fallait aussi faire revivre les grandes interrogations du XIXe siècle : la recherche du meilleur des régimes politiques possible, la pondération entre ordre et mouvement ou entre équilibre européen et satisfaction des nationalités, sans oublier l'émergence d'une question sociale à l'ère de l'industrialisation. Il était également indispensable de mettre l'accent sur des débats de société et des problèmes qui sont encore les nôtres aujourd'hui/divorce, peine de mort, durée de travail, droit de grève, question scolaire, place des religions, poids de l'économie, affairisme... Enfin, ce livre est un hommage à ces personnalités de conditions et de convictions diverses qui toutes ont servi la France avec leur immense culture, leur grand talent et leur énergie débordante. Ont donc été convoqués Benjamin Constant, le technicien des constitutions, Carnot, le majestueux avocat de la cause républicaine, Foy, l'incarnation du verbe viril, Rober-Collard, le philosophe-orateur, Chateaubriand, le génie hautain, La Fayette, l'éternel héros des Deux-Mondes, Berryer, le génial improvisateur, Guizot bouche d'or, Thiers, l'esprit du siècle, Lamartine, le lyrisme fait homme, Ledru-Rollin, le tribun théâtral, Hugo, le plus grand des romantiques, Montalembert, le héraut du libéralisme, Ollivier, l'apôtre solitaire, Gambetta, le prophète de la République et tant d'autres encore ! Ce recueil n'est pas seulement une anthologie. Exposés ici de façon chronologique, avec des introductions et des notes, les discours parlementaires permettent de mieux comprendre l'histoire, mais aussi le présent et l'avenir.

10/2005

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Littérature française

La bataille des mouches à feu

Avec ce deuxième roman, Michel Lecorre a écrit une oeuvre magnifique qui ne se calque sur aucune autre, ne rentre pas dans un genre particulier, se situe sur son propre terrain d'influence : l'aventure, la découverte de l'autre, la présence de l'intime. L'auteur nous livre une histoire à la fois extraordinaire, par les mouvements de rencontre entre les personnages, puis par la fascination du jeune Ben pour une nature grandiose qui se prêtera à sa découverte de la chasse et plus particulièrement du piégeage. Roman métaphysique qui retranscrit, au sein des grands espaces sauvages, toute la vie intérieure du héros aux prises en parallèle avec sa passion pour la boxe thaï et ses questionnements autour de sa virilité. Les scènes de désir sont magnifiques. Jamais cela n'a été exprimé avec à la fois autant de tendresse et de violence en littérature. Sur les pas de James Baldwin, l'auteur explose le vieil idéal américain paralysant, celui d'un modèle simpliste d'une masculinité symbolisée par le cowboy et l'indien, le bon et le méchant, le Blanc et le Noir, le viril et le pédé. Benoît, jeune Franco-Américain, se voit donc confronté au monde, à travers la nature et son initiation au piégeage avec des compagnons qui revêtent tous leur importance. Autre sujet qui va de pair avec les lieux, celui de la quête d'amour du père lui-même en proie à un secret lié au drame de la perte d'un premier fils. Une nouvelle séquence rapprochera Benoît de son père : la mort de ce dernier, en tant que policier, tout près de son fils lors d'une fusillade comme seuls en connaissent les Etats-Unis. OEuvre magistrale qui décrit une Amérique aux prises avec ses démons. Benoît se rendra aussi au Québec et reviendra un moment en France pour chasser, aimer, découvrir en lui ce qu'il a de plus fort. On pourrait parler ici d'une oeuvre complexe au sens philosophique puisqu'elle met en jeu des faits, des sentiments, des émotions qui tout en étant opposés se complètent pour créer du sens en nous. Un roman d'intensité, de profondeur et de sublimation...

10/2017

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Critique littéraire

Protée en trompe-l'oeil. Genèse et survivances d'un mythe, d'Homère à Bouchardon

Varius, multiplex, multiformis : cette série d'épithètes dont le pseudo-Aurélius Victor se servait pour qualifier l'empereur Hadrien conviendrait à merveille à Protée, figure quelque peu en retrait du panthéon grec, mais néanmoins complexe, ambiguë et mystérieuse. Présenté par les auteurs antiques comme un dieu ou un mortel, un roi héroïsé d'Egypte ou un devin, Protée est sans doute le plus connu des "Vieillards de la Mer ". Lié aux récits du retour de Ménélas après la guerre de Troie et à l'histoire du berger Aristée qui perdit ses abeilles, il a connu, grâce à Homère et Virgile en particulier, un succès continu depuis l'Antiquité et son nom n'a cessé d'inspirer oeuvres littéraires, plastiques ou musicales. Ses aptitudes et les modalités qui conditionnent son approche sont fascinantes : pour que Protée révèle " ce qui est, ce qui fut, et ce qui sera ", son interlocuteur doit ruser pour s'emparer de lui, attendre, caché, le moment où le dieu relâchera son attention sous l'effet du sommeil. Même pris dans les liens, il continue de se dérober par mille métamorphoses, comme pour mettre à l'épreuve la patience et la ténacité du héros venu le consulter et mesurer l'intensité du désir qu'il a de connaître le vrai. Protée incarne ainsi le paradoxe d'un univers inquiétant, labile, changeant, " protéiforme ", qui se place sous le signe de la transformation, de la ruse et de l'illusion, mais aussi de la vérité prophétique dont l'homme en quête de sagesse doit s'emparer dans la violence et par la contrainte. Image de la matière informée par les idées, visage ambigu d'une humanité plurielle ou voix des aspirations démiurgiques du texte littéraire qui nourrit le dessein secret de restituer la totalité du monde, il a suscité maintes lectures allégoriques et interprétatives. Le présent volume rassemble des contributions qui s'échelonnent de l'Antiquité grecque archaïque à la Renaissance, avec un prolongement jusqu'au XVIIIe siècle français, et espère éclairer les étapes de la genèse, de la diffusion et des exégèses de ce mythe. Il vise à définir, dans leur diversité et leur complexité, les enjeux littéraires, esthétiques, politiques et idéologiques qu'implique l'apparition de la figure de Protée à travers les âges.

01/2010

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Sculpture

The McCarthy collection. Sculpture

This substantial catalogue explores a remarkable collection of medieval European sculpture. Richly detailed with plentiful illustrations and original research, it is a notable contribution to medieval scholarship. The McCarthy collection comprises more than 150 specimens of medieval European sculpture, produced over a period of nearly 600 years. A testimony to the comprehensiveness of Robert McCarthy's interest in the art and culture of the Middle Ages, its geographical, chronological and typological breadth place it among the most important of its kind in private hands. Including a few early examples from Merovingian France, Anglo-Saxon England and Visigothic Spain, its holdings have a strong focus on Romanesque art, with over fifty capitals and other architectural carvings from Iberia, France and the Italian Peninsula. Some of these pieces are associable with such notable workshops as those of Gislebertus, the Master of Agüero and Compostela's Master Mateo, while a great number can be closely compared to anonymous works in major and provincial sites. Notable monuments like the monastic powerhouse of Cluny or the abbatial churches of Autun and Savigny are represented through important sculptural fragments - most published here for the first time. The transition to the Gothic style and the period of its splendour, particularly in France, are witnessed by an ample selection of statuary and architectural fragments - some traceable to such important buildings as Noyon cathedral and Paris' Notre Dame, and others, more loosely, to the artistic circles that gravitated around the great projects of the age. Freestanding sculpture in stone or wood, including a small but precious nucleus of Virgin and Child statuary and some Spanish polychrome figures, constitutes an interesting subset of the collection's late medieval holdings, as do some especially fine examples of Italian trecento sculpture. Enriched with outstanding photography by Barney Hindle and Mark French, entries aim to provide detailed stylistic, iconographic and contextual analyses, with special attention paid to comparanda in public and other private collections. This approach, complemented in some cases by petrographic analysis, has allowed the. authors to connect much of the material presented in these pages with specific buildings, workshops or regional schools, contributing to a better understanding of the pieces themselves, their original settings and their cultural and artistic milieux. This catalogue follows the publication of three volumes dedicated to Robert McCarthy's vast collection of Western miniatures and manuscript leaves (2018-2021), and is part of an ambitious project to document the entirety of his holdings - which also include notable selections of medieval ivories, stained glass and East Christian Art.

04/2024

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Ecrits sur l'art

Toucher la peinture comme la peinture vous touche. Ecrits et entretiens, 1970-1998

"J'emploie le mot "toucher" par rapport aux notions de "dedans" et de "dehors" et dans le sens où l'emploie Molière. Je voudrais toucher la peinture comme la peinture vous touche. "La toucher", je le dis comme on aime une femme. ? " Lire Leroy c'est d'abord l'entendre reprendre sans fin le récit d'une vie qui recommence pour ainsi dire avec chaque tableau, chaque interlocuteur, chaque souvenir, presque avec chaque mot prononcé. Une vie qui ne sera jamais compatible avec une biographie en bonne et due forme parce qu'elle est faite d'affects et d'émotions qui mêlent intimement le passé au présent. On ne peut parler de Leroy sans avoir à l'esprit les indications qu'il délivre dans un savant désordre, un ordre rebelle à tout programme et qui ne vaut que pour lui. Des déclarations souvent provocantes, non dénuées d'espièglerie, d'une humilité à la Rouault où s'exprime parfois par bouffées une émotion profonde liée au souvenir de personnes qui lui furent chères ou à l'urgence de ce qu'il ne peut exprimer. Leroy, quand il renonce à des développements où parfois il se perd tant ils éveillent contradiction et révolte, sait voir et faire voir avec intensité parce qu'il sait recevoir et donner. Il nous invite surtout, sans les contredire pour autant, à donner un sens plus précis à des termes qui viennent spontanément pour évoquer ses toiles, l'épaisseur, la lourdeur, l'accumulation - il préfère nous parler d'une "? respiration lumineuse ? ". Sa peinture serait donc cette langue de la réalité intérieure que l'on entend sans pouvoir la traduire, que l'on ressent sans pouvoir la définir, que l'on voit sans pouvoir la décrire. Une bonne partie de ses déclarations visent à récuser les termes critiques en usage qui concernent le style, la forme, le sujet et plus encore les notions auxquelles il a pu donner l'apparence d'une caution, la sensualité flamande d'un homme du Nord en particulier qui n'est pas ce que l'on croit. Avec vivacité, impatience, il corrige et il se corrige, cherchant à dire ce qui ne peut pas être dit et qui est pourtant là, à portée du regard. Difficile de ne pas voir en lui quelqu'un qui récuse sans façons la culture dominante de son temps, celle des sciences humaines. Celle qui a mis en cause la peinture et veut établir pour toutes choses une grille d'analyse et l'empire du concept. Sa vie est ailleurs, avec Montaigne, Rabelais, Rimbaud, avec Proust et Joyce, avec Villon ou Virgile plus encore que Platon, avec Thomas Bernhard, Molière et Shakespeare plus encore que Samuel Beckett.

03/2022

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Littérature portugaise

Un jour j'irai à Sagres

A la fois roman d'action et roman d'un flux de conscience, ce récit, de forme autobiographique et qui s'inscrit dans la tradition des romans d'apprentissage, est un voyage dans un Portugal de la deuxième moitié du XIXe siècle mêlant inextricablement réel et imaginaire. Le narrateur, Mateus, y retrace son existence marquée par un traumatisme affectif initial. En quête désespérée d'un amour perdu d'avance, il est passionné par l'histoire portugaise et l'identification chimérique qu'elle permet avec les grands mythes de la mémoire collective. Une action structurée autour de trois lieux : le village pauvre de la province du Minho, à l'extrême nord du pays où il a passé son enfance auprès de son grand-père ; Lisbonne où il se confronte aux modes de vie de la grande ville ; Sagres, dans l'Algarve, destination mythique qui hante ses rêves depuis l'enfance, cité située entre l'Afrique et l'Europe, à l'extrême pointe du Portugal et du continent européen, choisie par l'Infant Henrique (Henri le Navigateur) pour y fonder une école navale et en faire la base de départ des expéditions qui permettront la constitution de l'empire mondial portugais. Le récit est nourri par la récurrence de plusieurs thèmes : la nature, le lien profond avec les animaux, les besoins d'amour et de sexe(s), avec leurs rituels primitifs et leurs délicatesses, le bonheur et le malheur de vivre et de mourir dans une société où le salut est individuel et le naufrage social. Le roman est aussi un hymne à la langue portugaise et à la création littéraire, dont la référence héroïque est Camões, le grand poète-barde-prophète épique des Lusiades, héritier d'Homère et de Virgile, inventeur de la mythologie des expéditions portugaises et de ses héros. " Tout triste rebelle que je suis, j'attribue des formes informes aux miettes de pain éparpillées sur la table. Alors que j'apprécie les produits de la terre, il n'y en a pas beaucoup chez moi, je me nourris pour ainsi dire de petites bricoles. Pourtant sans eux, je ne serais pas ici, sur cette colline de Lisbonne, une des sept existantes, que je parcours en m'appuyant aux murs pour ne pas tomber. Après avoir quitté les terres de mon grand-père et m'être établi à Lisbonne, à Sagres, et puis dans le monde, c'est ici que je suis revenu. Qui suis-je sans les ruines des villes humaines et sans les bribes de mon existence ? Qui suis-je sans ces histoires, mes décombres ? Je vis avec une parcimonieuse économie. Les pièces de monnaie que j'ai dans la poche nourrissent à peine mes rêves. Les restes d'un travail presque esclave, des voyages où jadis nous autres Portugais nous étions passés maîtres. "

05/2022

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Sécurité sociale

Guide du contentieux de la sécurité sociale. Edition 2021

La loi du 18 novembre 2016 de modernisation de la justice du XXIe siècle a réformé en profondeur le contentieux de la sécurité sociale et de l'aide sociale. En effet, ces contentieux qui relevaient, avant le 1er janvier 2019 de trois juridictions différentes, sont désormais traités par le tribunal judiciaire à l'exception du contentieux de la tarification des accidents du travail confié à la cour d'appel d'Amiens. La loi de réforme pour la justice du 23 mars 2019 a affecté quant à elle directement et indirectement le contentieux de la Sécurité sociale. Ce guide, à jour des derniers textes, constitue un outil unique et complet pour tout praticien. Organisé sous forme de fiches et accompagné de modales d'actes de procédure, il a pour objectif de présenter de manière claire et opérationnelle cette nouvelle organisation. Les professionnels trouveront dans ce guide la réponse aux questions qu'ils se posent Comment saisir une commission de recours amiable ou une commission médicale de recours amiable ? Dans quels délais ? Durant la phase contentieuse, quelle juridiction saisir ? Dans quel délai ? Quelle est la procédure à suivre ? Quelles sont les voies de recours ? ide ? Composé de plus de 30 fiches dont 6 formules, le Guide du contentieux de la sécurité sociale s'adresse à tout praticien qui doit appréhender le contentieux de la Sécurité sociale et en particulier les avocats, les magistrats et les organismes de Sécurité sociale.

04/2021

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Romance sexy

Le parfum du désir. Celui qu'elle espérait ; Une bouleversante étreinte ; Une tendre passion

Celui qu'elle espérait, Leanne Banks Incapable de résister à la tentation, Angie pose ses lèvres sur celles de Forrest, et se laisse envahir par une émotion intense. Car, si elle ne le connaît que depuis quelques jours, il ne lui a fallu qu'une seconde pour tomber follement amoureuse de lui. Pour son plus grand bonheur, voilà qu'il réagit à son assaut aussi audacieux que voluptueux. Déjà, leur baiser se fait plus profond ; leur étreinte, plus fougueuse. Il la désire. Se pourrait-il qu'il l'aime aussi ? ... Une bouleversante étreinte, Stella Bagwell Depuis l'arrivée de Mac McLeod à Ruidoso, Ileana ne se reconnaît plus. Elle d'ordinaire si réservée, si solitaire, est soudain emportée dans un véritable tourbillon de passion. Car elle est littéralement envoûtée par cet homme mystérieux et sexy, dont les baisers la bouleversent et les caresses la transportent. Pourtant, si elle savoure chaque moment passé en sa compagnie, elle n'oublie pas que Mac n'est que de passage et que, très bientôt, il s'en ira... Une tendre passion, Judy Duarte Cela ne fait que quelques semaines que Samantha a fait la connaissance d'Hector, son nouveau voisin, et pourtant elle se sent déjà revivre. Jamais encore elle ne s'est sentie aussi désirable, aussi vivante qu'en la compagnie de cet homme viril et séduisant, et surtout incroyablement attentionné. Cependant, si au fond d'elle-même, elle ne peut s'empêcher de rêver d'un avenir à deux, elle sait aussi que la réalité est bien différente et que rien ne sera possible entre eux. Car en effet que se passera-t-il quand Hector découvrira son terrible secret ? A propos des auteurs Leanne Banks est l'autrice de plus de 60 romans, récompensés par plus d'une dizaine de prix. Romancière talentueuse, ses histoires ont su séduire des milliers de lecteurs, par la force de ses personnages toujours attachants, et par l'émotion et l'optimisme qui s'en dégagent. Stella Bagwell aime écrire toutes sortes de romances : elle en a déjà publié plus de 75 ! Elle affectionne particulièrement les sagas familiales, les belles et grandes romances de l'Ouest américain, ainsi que les héros forts, mystérieux et loyaux. Elle vit actuellement avec son mari dans un ranch au sud du Texas. Les romances de Judy Duarte ont su toucher le coeur des lectrices du monde entier. Alors que se faire éditer semblait être un rêve inatteignable et lointain, l'autrice l'a bien réalisé en 2002, quand Harlequin décide de publier son premier livre, premier d'une longue série de plus de cinquante ouvrages aujourd'hui. Judy a notamment été élue meilleure autrice par le USA Today, et a gagné deux Maggies et un National Reader's Choice Award.

02/2022

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Indépendants

Vivre libre ou mourir. Punk et Rock Alternatif en France, 1981-1989

L'utopie du punk rock alternatif français des années 80 - préface de LORAN, Bérurier Noir L'histoire du rock alternatif français des années 80, reflet d'une société en mutation, racontée à travers les destins croisés de musiciens de l'époque. L'histoire de ces groupes français qui ne ressemblaient qu'à eux, Bérurier Noir, Mano Negra, Négresses vertes, les Garçons Bouchers... un récit choral, mettant en scène des personnages clefs de la scène : Loran et François du groupe Bérurier noir, Didier Wampas (The Wampas), François Hadji-Lazaro (Les Garçons bouchers, Pigalle), Helno (Négresses vertes) sont ainsi suivis à travers leurs aventures de l'époque, superposant le temps de l'action et celui du recul et des leçons tirées. On s'intéresse aux destins croisés des uns des autres, révélateur des espérances, des illusions et des désillusions, des réussites et des échecs du "mouvement". Mais cette histoire se distingue des autres aventures purement musicales parce que cette scène fut aussi le précis témoin de son époque, de ses turbulences politiques et sociétales. Née avec l'élection de François Mitterand et achevée la même année que la chute du mur de Berlin, elle épouse l'histoire sociale et politique de la décennie, de l'arrivée de la gauche au pouvoir au tournant de la rigueur, de la cohabitation et des années Pasqua à la création des Restos du coeur, de la marche des Beurs de 1983 au score du Front National aux Européennes de 84, des attentats d'Action Directe à la mort de Malik Oussekine. Chaque événement impacte l'histoire du rock alternatif et conditionne la suite de son odyssée. Dans ce contexte, l'explosion de la popularité du groupe Bérurier Noir, qui est un des ressorts puissants du mouvement, est de première importance : ses disques se vendent par dizaines de milliers, se passent sous le manteau dans les lycées et dans les collèges : c'est un véritable phénomène sociologique, emblématique des tensions et des aspirations de la jeunesse de l'époque. Un groupe politisé, qui politise son public. En guise d'adieu, le groupe, miné par les contradictions internes liées au succès, à la pression médiatique et policière, remplit trois soirs de suite l'Olympia, et une foule de jeunes scande et chante, le majeur levé : "La jeunesse emmerde le Front national". La dissolution des Bérus marque un échec ou la fin d'un rêve, au moment où la Mano Negra, autre groupe emblématique, signe son deuxième album sur Virgin, signant symboliquement l'arrêt de mort d'une certaine innocence, d'une certaine utopie, d'une certaine époque, et d'une certaine jeunesse. Après Underground (2021) Arnaud Le Gouëfflec et Nicolas Moog nous proposent une plongée dans l'histoire du punk rock alternatif français des années 80. A travers divers entretiens et les destins croisés de musiciens, ce livre documentaire se fait le témoin d'une des plus belles utopies de la fin du 20ème siècle en France. Un ouvrage musical et social puissant, préfacé par LORAN de Bérurier Noir.

03/2024

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Manga

Collection Yaoi Pack N° 13. 5 mangas

Ce pack manga contient : Somehow Good Smell (176 pages - Volume : One Shot) : Le strict professeur Konishi-sensei a toujours été intrigué par l'homme désordonné assis à côté de lui, Nagumo-sensei. Pour une raison obscure, il est apaisé quand il sent son odeur... Un jour, Nagumo-sensei l'invite chez lui et à la suite de cette soirée trop arrosée, il l'embrasse...! The pornography novelist is trained (174 pages - Volume : One Shot) : Momiji Tanimoto est auteur de romans érotiques mais ne sait pas bien décrire ce genre de scènes dans ses livres. Son ami d'enfance, Ryû, lui demande alors de faire l'amour avec lui pour avoir de l'expérience. Comment va-t-il réagir face à cette demande, venant de la personne qu'il aime en secret ? My Dear (174 pages - Volume : One Shot) : Le soir, il se rend dans la clinique après les heures de consultation. Et Motoki, le directeur de la clinique Wada, attend ces visites avec impatience... avec son visage imperturbable de médecin. Il s'appelle Kashima, c'est un homme courageux qui s'est voué aux yakuza, et qui est l'assistant du jeune chef du groupe Kitora. Mais en réalité, c'est un homme loyal et maladroit, qui n'a de cesse de penser à son chef. Et malheureusement, Motoki est tombé amoureux de lui. Lorsqu'ils font l'amour après les consultations, ils sont comme deux bêtes affamées. Au début, il pensait qu'ils n'étaient que de simples sex friends, mais... plus leurs corps se touchent et s'emmêlent, plus il a du mal à supporter cette relation, et ses sentiments commencent à déborder. Voici l'histoire d'un amour à sens unique...Dr. Virgin (176 pages - Volume : One Shot) : Impossible d'avoir une érection, et impossible de jouir... Satoru Andô, neurologue, est impuissant. C'est comme ça depuis qu'il est né, et de toute sa vie, il n'a jamais eu d'érection. En d'autres termes, c'est un puceau des plus purs qui soit, n'ayant aucune expérience sexuelle et n'ayant jamais éjaculé non plus. Même après être devenu médecin et entrepris des recherches, sa situation ne s'améliore pas. Mais un jour, Kamijô, le jeune physiothérapeute qui lui tape sur les nerfs, apprend son problème et lui dit : " Je peux vous faire de la rééducation, je suis un pro ". Mais que compte-t-il lui faire... ? Doctor's Special Desire (174 pages - Volume : One Shot) : Shizuka, médecin dans une clinique dentaire, et surtout masochiste convaincu, est désespéré : c'est difficile pour lui de trouver un partenaire qui soit le sadique de ses rêves. Mais lorsqu'il rencontre Mitake, lieutenant d'un clan yakuza, il commence à entrevoir une lueur d'espoir : aurait-il finalement trouvé la perle rare ? Ils commencent donc à sortir ensemble, mais Shizuka ne tarde pas à s'apercevoir que Mitake n'est pas du tout du genre sadique, surtout avec la personne dont il est amoureux... Il va falloir que Shizuka fasse son éducation !

02/2014

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Photographie

Mirages d'Orient, grenades & figues de Barbarie. Chassé-croisé en Méditerranée

Alors que, depuis le début de l'année 2011, les pays arabes qui entourent le Sud-Est de la Méditerranée ne cessent de nous surprendre par leur héroïsme et une dignité retrouvée, la Collection Lambert propose une exposition faisant l'apologie du voyage dans ces pays fascinants. Ils le sont tant par la richesse de leur culture que par une histoire bien plus ancestrale que la nôtre, par la beauté des êtres, et par ce courage dont ces peuples fiers font preuve aujourd'hui. Cette fascination n'est pas récente. Le monde arabe était auparavant décrit aux Occidentaux par des écrivains et des artistes qui accomplissaient des voyages longs et éprouvants. La France a toujours eu le goût de l'exotisme, d'une attirance pour la culture de l'Autre, cet étranger oriental ou arabe qui, lui-même, pendant des siècles, a cultivé le fait de recevoir le voyageur comme un art de vivre à part entière avec un raffinement poussé à son paroxysme. Nos plus grands écrivains en ont rêvé - Chateaubriand, Nerval, Flaubert, Lamartine ou, plus proche de nous, Pierre Loti... -, tout comme nos plus grands artistes, de Delacroix à Matisse. L'exposition s'organisera autour de quatre sections restituant les différentes images de l'Orient, qui se télescoperont tel un kaléidoscope de visions fantasmées ou réelles. Des collections jamais montrées au public seront associées à des oeuvres plus connues. Ainsi, le fonds de l'Association des amis de Pierre Loti présentera des documents inédits de cet écrivain : portraits, peintures et photographies... Une collection privée provenant de Gadagne fera découvrir des objets rares et précieux : bijoux, ustensiles, livres enluminés... À travers des oeuvres de maîtres du XIXe siècle et du début du XXe siècle, on comprendra comment est né cet orientalisme, mouvement aux répercussions si denses dans l'art de vivre en Europe. Des oeuvres sur papier de Delacroix et de Matisse confirmeront l'influence de la Méditerranée. Un lit turc de harem du début du XIXe siècle, entouré de peintures de la fin du XIXe siècle de femmes au bain et accompagné d'un magnifique film tourné dans un hammam par l'artiste anglaise Tacita Dean, donnera une ambiance de langueur. Plus loin, dans un univers plus viril, des photographies de Nan Goldin présentant son amant égyptien, Jabelawe, côtoieront des clichés chez un coiffeur turc de l'Italien Maloberti et des images anciennes d'un quotidien oublié où la tolérance était encore de mise. Dans une section plus contemporaine, les oeuvres engagées de Mona Hatoun, originaire du Liban, se confronteront aux images implacables de l'Iranienne Shirin Neshat, toutes deux féministes engagées et révolutionnaires avant l'heure. Enfin, à côté des vidéos de Douglas Gordon tournées aux portes de Marrakech avec des charmeurs de serpents et de scorpions, deux oeuvres teintées d'espoir et d'optimisme irradieront cette exposition : une installation vidéo de Charles Sandison où des milliers de mots calligraphiés en arabe se transforment en mains qui s'unissent à jamais, alors qu'Idriss Khan a photographié sur une même plaque argentique toutes les pages du Coran. Ces pages se superposent en traçant une immense partition sublime où, dans ce feuilleté visuel, on ne devine plus que la beauté des mots divins insufflés à jamais par le Prophète.

12/2012

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Littérature française

Dans l'ombre de la lumière

Dans l’ombre se tient Elissa dont le prénom (équivalent phénicien de Didon) semblait prédestiné : comme l’héroïne de Virgile, elle a été abandonnée par l’homme qu’elle aimait. Un quart de siècle plus tôt, à Carthage où désormais elle vit, elle a rencontré ce jeune homme féru de rhétorique : Augustinus. Il n’était pas encore l’auteur de très fameux sermons, ni adepte de la religion bientôt officielle : le christianisme. Tous deux pratiquaient la foi manichéenne, favorisant, dans leur hygiène de vie et leur conduite, la victoire de la lumière sur l’obscurité. Très vite Elissa lui a donné un fils, Adeodatus. Puis elle a partagé l’existence quotidienne d’Augustinus, ses débuts dans sa carrière. Elle l’a suivi à Thagaste, a connu sa mère, Monnica, catholique qui tenait le manichéisme pour une hérésie. Ce fut ensuite le long séjour en Italie, où la mère a fini par les rejoindre. Augustinus semble alors traverser une période d’interrogation profonde. Brusquement, il annonce à Elissa son projet de mariage avec une jeune patricienne. Quand Elissa prend la parole, aux premières pages de ce livre, presque douze ans après sa “répudiation”, elle est revenue vivre chez sa soeur et son beau-frère, potier à Carthage. Adeodatus est mort à la fin de l’adolescence, loin d’elle. Partout le manichéisme (auquel elle est restée fidèle) ou les dévotions aux dieux anciens (phéniciens, carthaginois) sont persécutés. Elissa s’est liée d’amitié avec un couple dont le mari infirme, Silvanus, a pour métier de copier sur des parchemins les discours de rhéteurs, d’avocats, ou de l’évêque de Carthage. Par Silvanus et son épouse Victoria, elle apprend le passage prochain à Carthage du nouvel évêque d’Hippo Regius, le très réputé Augustinus. Claude Pujade-Renaud, avec l’habileté qu’on lui connaît, s’attache à subjectiver, par la voix d’un témoin “privilégié”, ce que l’Histoire a pu passer sous silence. Empathie et documentation précise ont été nécessaires à l’élaboration de ce livre qui ne se veut ni roman historique ni pure improvisation fictionnelle : Elissa a bel et bien existé. Sur le mystère que constitue la vie de cette femme après la “rupture”, la romancière déploie toutes les variations que suggère la polysémie du titre. De celui qui a accueilli la révélation de “la lumière divine”, Elissa incarne la part d’ombre. Mais par sa fidélité et sa constance amoureuse elle est à bien des égards, si ignorée qu’elle soit, plus lumineuse que l’homme qui, en quelque sorte sous ses yeux, va rédiger ses Confessions. Par l’entremise du copiste Silvanus, qui ne sait rien de son passé, elle grappille en effet tout ce qu’elle peut apprendre au sujet de cette oeuvre en cours, devenant pour ainsi dire une de ses premières et plus concernées lectrices. Le roman les rend donc indissociables, et sans leur inventer d’improbables retrouvailles, il réfléchit une vie dans et réciproquement par l’autre. Il s’agit bien sûr aussi, pour la romancière comme pour son héroïne, de démêler la trame des motivations (ambition, stratégie, carriérisme) et des influences (la mainmise de la mère sur le destin d’Augustinus) dans un contexte historique qui est tout sauf religieusement neutre. Le roman se construit entre les lignes des mémoires augustiniennes, accompagne les grandes étapes de l’oeuvre du prédicateur sur fond de durcissement de l’intolérance, et aussi de menaces multiples : la vie d’Elissa se poursuit au-delà de la chute de Rome, alors qu’elle-même a accueilli chez elle deux réfugiées, et que le futur saint Augustin prononce son célèbre sermon. Une fois de plus, guettant les moindres traces, interprétant les silences ou les aveux à demi-mots, pressentant les non-dits, déchiffrant le subtil pouvoir du lien maternel, évoquant le corporel, les habitudes, le comportement intime, Claude Pujade-Renaud parvient à élucider ce que seules les femmes (amantes, épouses ou mères) peuvent nous apprendre de ce qu’a négligé l’historiographie des “chers disparus”.

01/2013