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Régis Delicata

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Pléiades

Oeuvres romanesques Tome 2

On croit savoir que Freddy Sauser devint poète à New York dans la nuit du 6 avril 1912, qu'il se changea en Blaise Cendrars à cette occasion, puis qu'il renonça au poème, au profit d'une autre écriture, de la main gauche cette fois, dans la nuit du 1er septembre 1917, à Méréville (Seine-et-Oise). Rare précision des dates... A nuancer toutefois. Deux recueils paraissent encore en 1924, et il se peut que la ligne de partage entre poèmes et "fictions" (ce mot, à nuancer lui-même) ne soit pas si nette. Au reste, entre 1917 et 1924, Cendrars renonce au poème, pas à la poésie. L'une des vertus de cette édition, dont les deux titres semblent entériner le mythe de la rupture forgé par l'écrivain, est de mettre en évidence la cohérence souterraine qui fait de lui, dans ses romans aussi bien que dans ses recueils, le poète de la modernité. Modernité, et non avant-garde. Il ne s'agit pas de célébrer le futur. C'est le Profond aujourd'hui qui retient Cendrars, et il est bon que la chronologie place en tête des "Oeuvres romanesques", comme une enseigne, l'inclassable texte de 1917 ainsi intitulé. "La modernité a tout remis en question". Elle crée des besoins "de précision, de vitesse, d'énergie" qui détraquent les sens et le coeur de l'homme. Le romanesque doit mettre au point "le nouveau régime de la personnalité humaine". Telle est l'ambition de Cendrars. Elle ne s'accommode d'aucune "recette". "Consultez mes oeuvres. Il n'y a pas de principe ; il n'y a que des réalisations". L'Or et Moravagine sont "deux pôles aussi différents l'un de l'autre par l'écriture et la conception que s'ils étaient l'ouvrage de deux écrivains sans tendresse réciproque", dira l'ami t'Serstevens. Cendrars ne tient pas à enfoncer le clou. "Quand on aime il faut partir", se renouveler, élargir les cases, se jouer des formes. Les Sonnets sont dénaturés, les Poèmes élastiques, Rhum est un reportage romancé, et les Histoires dites vraies entretiennent un rapport complexe avec la fiction. "Plus un papier est vrai, plus il doit paraître imaginaire". Et vice versa : la fugue du Transsibérien était imaginaire, mais plus vraie que vraie. C'est dire qu'il entre une part de convention dans les intitulés donnés aux volumes que la Pléiade consacre à Blaise Cendrars. Poétiques, romanesques, autobiographiques : la plupart des ouvrages relèvent, dans des proportions variables, des trois catégories. Les territoires respectifs de la fiction et de la réalité se recouvrent. Et à lire le romancier, on voit à quel point les préoccupations du poète demeurent actives, et comment elles atténuent ou effacent les frontières entre les genres. "Les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles", disait Rimbaud.

11/2017

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Pléiades

Oeuvres romanesques précédées des Poésies complètes. Coffret en 2 volumes

On croit savoir que Freddy Sauser devint poète à New York dans la nuit du 6 avril 1912, qu'il se changea en Blaise Cendrars à cette occasion, puis qu'il renonça au poème, au profit d'une autre écriture, de la main gauche cette fois, dans la nuit du 1er septembre 1917, à Méréville (Seine-et-Oise). Rare précision des dates... A nuancer toutefois. Deux recueils paraissent encore en 1924, et il se peut que la ligne de partage entre poèmes et "fictions" (ce mot, à nuancer lui-même) ne soit pas si nette. Au reste, entre 1917 et 1924, Cendrars renonce au poème, pas à la poésie. L'une des vertus de cette édition, dont les deux titres semblent entériner le mythe de la rupture forgé par l'écrivain, est de mettre en évidence la cohérence souterraine qui fait de lui, dans ses romans aussi bien que dans ses recueils, le poète de la modernité. Modernité, et non avant-garde. Il ne s'agit pas de célébrer le futur. C'est le Profond aujourd'hui qui retient Cendrars, et il est bon que la chronologie place en tête des "Oeuvres romanesques", comme une enseigne, l'inclassable texte de 1917 ainsi intitulé. "La modernité a tout remis en question". Elle crée des besoins "de précision, de vitesse, d'énergie" qui détraquent les sens et le coeur de l'homme. Le romanesque doit mettre au point "le nouveau régime de la personnalité humaine". Telle est l'ambition de Cendrars. Elle ne s'accommode d'aucune "recette". "Consultez mes oeuvres. Il n'y a pas de principe ; il n'y a que des réalisations". L'Or et Moravagine sont "deux pôles aussi différents l'un de l'autre par l'écriture et la conception que s'ils étaient l'ouvrage de deux écrivains sans tendresse réciproque", dira l'ami t'Serstevens. Cendrars ne tient pas à enfoncer le clou. "Quand on aime il faut partir", se renouveler, élargir les cases, se jouer des formes. Les Sonnets sont dénaturés, les Poèmes élastiques, Rhum est un reportage romancé, et les Histoires dites vraies entretiennent un rapport complexe avec la fiction. "Plus un papier est vrai, plus il doit paraître imaginaire". Et vice versa : la fugue du Transsibérien était imaginaire, mais plus vraie que vraie. C'est dire qu'il entre une part de convention dans les intitulés donnés aux volumes que la Pléiade consacre à Blaise Cendrars. Poétiques, romanesques, autobiographiques : la plupart des ouvrages relèvent, dans des proportions variables, des trois catégories. Les territoires respectifs de la fiction et de la réalité se recouvrent. Et à lire le romancier, on voit à quel point les préoccupations du poète demeurent actives, et comment elles atténuent ou effacent les frontières entre les genres. "Les inventions d'inconnu réclament des formes nouvelles", disait Rimbaud.

11/2017

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Littérature française

Le grand livre des Lawson. Tome 2, 1883-1932, Les archives d'une famille africaine d'Aného (Togo)

Quarante ans après les premières pages du Grand livre, le contexte a bien changé. Son contenu aussi : il est maintenant avant tout politique. Au début des années 1880, la pression des nations coloniales s'accroît sur cette partie de la côte africaine. A Aného ("Petit-Popo"), l'équilibre politique précaire établi après la disparition du vieux Lawson Ier est remis en question. Inquiets de la menace anglaise, les hommes forts de la ville s'adressent à la France pour demander sa protection ; du coup, les Lawson, anglophones et anglophiles, en appellent à la Grande-Bretagne (à l'époque, personne ne peut imaginer ce que sera la réalité brutale de la colonisation : chacun ne cherche qu'à assurer ses propres positions grâce à un "protectorat" étranger). Paris et Londres, soucieux d'éviter un conflit diplomatique, ne répondent pas. Mais le gouverneur de Gold Coast, lui, veut annexer la côte aujourd'hui togolaise. Comme son ministre le lui interdit, il tente de lui forcer la main : en 1883, il envoie à Petit-Popo un petit-fils de Lawson Ier) William Lawson, alors employé dans son administration, avec pour mission secrète d'y prendre le pouvoir pour faciliter une intervention britannique. William Lawson entreprend aussitôt d'imposer son autorité sur la ville et fait désigner comme "roi" son jeune cousin sous le nom de Lawson III. En réaction, les adversaires des Lawson renouvellent leurs appels à la France, puis, celle-ci ne réagissant toujours pas, à un nouveau venu, dont les commerçants sont de plus en plus présents : l'Allemagne. Comme dans la fable, c'est le troisième larron qui emportera l'objet du litige, faisant ainsi naître le Togo. Les pages du Grand livre rédigées dans les années 1883-1885 sont vibrantes de ces passions politiques. On y voit jour après jour William Lawson accroître le pouvoir des siens, ce qui provoque une première intervention allemande, qui le met hors-jeu. Laissé seul, Lawson III, acharné à défendre ce qu'il croit ses droits de souverain, se débat pathétiquement pour essayer de naviguer entre Anglais, Français et Allemands, et finalement perdre : il ne sera plus, pour ces derniers, qu'un simple chef de quartier de la ville — ce qui n'empêchera pas les soubresauts ultérieurs des "querelles" d'Aného. Dès lors, le Grand livre n'est plus parcouru par le souffle de l'Histoire en train de se faire ; il sera le "livre de raison" où la famille Lawson enregistre ses évènements majeurs, ce qui est moins palpitant mais ne manque pas d'intérêt pour comprendre la vie réelle d'une famille africaine que l'on peut ainsi suivre sur près d'un siècle.

07/2018

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Violence

Désarmez la violence

Le premier livre qui vous aide à lutter contre toutes les formes d'agression, dans la rue, au travail ou même en ligne. Une personne sur 5 ressent souvent ou parfois une forme d'insécurité dans son quartier ou à son domicile. Remis en chiffre, cela représente plus de 10 millions de personnes en France. Chaque année trois personnes sur dix sont victimes ou témoins de phénomènes délinquants gênants dans leur quartier, leur village ou à leur domicile, c'est-à-dire près de 15 millions de personnes. Peut-être êtes-vous l'une de ces personnes. Peut-être le serez-vous un jour. Peut-être ou peut-être pas. Les agressions peuvent prendre 1000 formes, l'insécurité amener à 1000 sentiments, mais ce qui est certain, c'est que la violence existe, qu'elle soit physique, psychologique ou les deux. Alors, si vous deviez vous protéger de cette réalité, que feriez-vous ? Quelle démarche serait la vôtre ? Peut-être commenceriez-vous par prendre votre téléphone pour chercher une solution miracle à votre problème ? Le miracle étant peu probable, vous vous creuseriez sûrement les méninges pour taper un mot qui, si possible, vous lancerait sur la piste laborieuse d'un début de réponse... Agression ? Harcèlement ? Bonne idée mais ce sont des réponses que nous cherchons, le constat nous l'avons. Alors comment se défend-t-on ? En tapant cette phrase simple sur mon moteur de recherche, la première solution proposée m'apparait sous forme de vidéo. Une vidéo dite de " Self défense ". Deux grands gaillards fort sympathiques m'expliquent comment je vais pouvoir frapper sur des gens de façon imparable. La deuxième solution se présente sous forme d'illustrations. Plusieurs étapes d'attitudes sont présentées, accompagnées à chaque fois d'un dessin de jeune homme, en short et tee-shirt, reprenant le principe décrit. Il s'agit, une fois de plus, de techniques dites de self défense. Peut-on considérer que ces recherches nous ont avancé ? Personnellement, non car, tout simplement, ce que j'ai vu ne me ressemble pas. Pourtant, apprendre à se battre, semble une solution plus que rationnelle. Mais bien avant de nous battre, il y a bien d'autres étapes. Bien sûr qu'apprendre à intervenir physiquement est, dans certains cas, nécessaire ; mais si vous ne savez pas quand, où et comment le faire, cela peut être stérile voire dangereux. A qui s'adresse ce livre ? A nous tous, pour ceux qui ont vécu l'insécurité, ceux qui la redoutent, ceux qui s'y préparent. Pourquoi ? Aucun livre ne vous donnera la force physique d'affronter le champion du monde poids lourd sur son ring, en revanche, il vous apportera une nouvelle capacité : celle de pouvoir créer votre propre solution.

02/2022

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Littérature française

Le déséquilibre du monde

" Durant les sombres jours de Verdun où votre pénétrante sagacité et votre vaillance contribuèrent si puissamment à changer l'orientation du destin, je reçus de vous, mon cher général, une photographie, dont la dédicace rappelait que vous étiez mon disciple. Depuis lors, vous m'avez affirmé que ma doctrine vous avait guidé tandis que vous prépariez la victoire décisive du 18 juillet 1918 et pendant les opérations qui la suivirent. Le psychologue ayant la rare fortune de trouver un tel élève pour appliquer ses principes, lui doit une vive reconnaissance". Les civilisations modernes se présentent sous deux faces, tellement dissemblables, tellement contradictoires, que vues d'une planète lointaine, elles sembleraient appartenir à deux mondes entièrement différents. Un de ces mondes est celui de la science et de ses applications. Des édifices qui le composent rayonnent les éblouissantes clartés de l'harmonie et de la vérité pure. L'autre monde est le ténébreux domaine de la vie politique et sociale. Ses chancelantes constructions restent enveloppées d'illusions, d'erreurs et de haines. Des luttes furieuses le ravagent fréquemment. Cet éclatant contraste entre les divers domaines des grandes civilisations tient à ce que chacun d'eux est formé d'éléments n'obéissant pas aux mêmes lois et n'ayant pas de commune mesure. La vie sociale est régie par des besoins, des sentiments, des instincts légués par l'hérédité et qui pendant des entassements d'âges, représentèrent les seuls guides de la conduite. Dans cette région, l'évolution progressive demeure très faible. Les sentiments qui animaient nos premiers aïeux : l'ambition, la jalousie, la férocité et la haine, restent inchangés. Durant des périodes, dont la science révèle l'accablante longueur, l'homme se différencia peu du monde animal qu'il devait tant dépasser intellectuellement un jour. Dans cette région, l'évolution progressive demeure très faible. Les sentiments qui animaient nos premiers aïeux : l'ambition, la jalousie, la férocité et la haine, restent inchangés. Durant des périodes, dont la science révèle l'accablante longueur, l'homme se différencia peu du monde animal qu'il devait tant dépasser intellectuellement un jour. Restés les égaux des animaux dans le domaine de la vie organique, nous les dépassons à peine dans la sphère des sentiments. C'est seulement dans le cycle de l'intelligence que notre supériorité est devenue immense. Grâce à elle les continents ont été rapprochés, la pensée transmise d'un hémisphère à l'autre avec la vitesse de la lumière. Mais l'intelligence qui, du fond des laboratoires, réalise tant de découvertes n'a exercé jusqu'ici qu'un bien faible rôle dans la vie sociale. Elle reste dominée par des impulsions que la raison ne gouverne pas. Les sentiments et les fureurs des premiers Ages ont conservé leur empire sur l'âme des peuples et déterminent leurs actions.

03/2023

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Musique

Spectres n° 03. Fantômes dans la machines

L'expression "fantôme dans la machine" a trouvé naissance dans un contexte particulier, celui de la critique du dualisme cartésien séparant l'âme et le corps, renouant ainsi avec un certain matérialisme mécaniste. Pour le dire simplement, cette approche nie l'existence d'une âme indépendante (le fantôme) qui serait véhiculée par un organisme corporel (la machine). Elle affirme, au contraire, que "l'âme" n'est qu'une manifestation du corps et ne fait qu'un avec lui. Si cette question est encore délicate à trancher, risquant à tout moment de glisser dans le registre des croyances, elle se réactualise à présent autour de l'émergence des intelligences artificielles : est-ce qu'une telle intelligence existe ? Ne se réduit-elle pas à la somme des opérations binaires qui la génère ? Et qu'est-ce au juste que l'artificiel ? L'artificiel porte toujours en lui un fantasme d'émancipation, d'autonomie et de rupture avec un ordre supposé naturel des choses. Il est subversif. L'IA, en tant, justement, qu'artificielle, embrasse une telle subversion, hybridant les mythes prométhéen et faustien, augurant tout autant de promesses que de dangers potentiels, poussant les enjeux aussi haut que la survie ou l'extinction de l'humanité. A ce titre, le domaine de la création musicale fait figure d'avant-poste. Il est à la fois un terrain d'exploration des applications possibles de l'IA et un domaine possédant déjà une histoire assez longue dans l'intégration des machines et leur puissance de calcul dans le processus de création. De la composition algorithmique aux méthodes de resynthèse, de l'approche logique à la création de systèmes cybernétiques, de la naissance de l'informatique musicale aux réseaux de neurones, la musique, depuis plus d'un demi-siècle, a entamé un dialogue ininterrompu avec l'univers binaire des flux d'électrons et des systèmes de plus en plus complexes qui les gouvernent. Les textes réunis ici racontent, chacun à leur manière, une face différente de ce prisme étrange que forme une telle alliance. Ils projettent chacun un spectre particulier, révèlent un fantôme, et évoquent une apparition composite d'idées, d'électricité et d'opérations. Ce livre ne se destine donc pas à essayer de trancher le noeud gordien que constitue la question des possibles devenirs et mutations de la logique binaire, et notamment de son dernier avatar, l'IA. Il propose au contraire d'apporter un éclairage multiple sur les manières possibles de s'en emparer, des rêves, des promesses et des doutes que ces devenirs soulèvent, qu'ils s'actualisent dans la création de codes et de programmes pour chevaucher les sons, qu'ils insufflent tout un projet compositionnel, qu'ils révèlent l'algorithmique chez l'humain ou encore qu'ils s'emparent directement de la rédaction du texte lui-même, se hissant à la hauteur de l'auteur. Mais plus que tout, l'enjeu, ici, est d'établir en quoi ces devenirs peuvent résonner et comment cela se manifeste, au travers de toutes ces démarches, de tou

10/2021

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Droit

Edition. Convention collective étendue - IDCC : 2121 février 2019, 5e édition

La présente convention est conclue en application des articles L. 133-1 et suivants du chapitre III du titre III du livre Ier du code du travail. Elle règle les rapports entre les maisons d’édition qui ont leur siège en France et les salariés titulaires de contrat à durée indéterminée ou déterminée, à l’exception des VRP statutaires. L’application de la convention collective aux travailleurs à domicile est réglée par les dispositions de l’annexe IV. Cette annexe n’est pas exclusive des autres dispositions de la convention collective pour les correcteurs à domicile dont le statut est régi par l’ensemble des dispositions de la présente convention collective, hormis les spécificités réglées à l’annexe IV. Les parties signataires s’engagent à négocier d’ici au 30 juin 2000 des dispositions complémentaires à l’annexe IV pour l’ensemble des travailleurs à domicile, y compris les correcteurs à domicile. Champ d’application : Par maisons d’édition, on entend les entreprises ou leurs établissements dont l’activité principale est l’édition de livres : activité INSEE 5112, nomenclature d’activité européenne 221-A, à l’exception des éditions musicales (rubrique NAF partitions musicales). Cette définition comprend la phase éditoriale du produit « livre électronique «, lorsqu’elle est strictement identique à celle mise en oeuvre pour le livre en la forme traditionnelle (sélection de textes et d’illustrations, relations contractuelles avec les auteurs, validation des contenus, mise en forme), à l’exclusion de tout autre type d’activité électronique distincte de celle définie ci-dessus (développement de CD-Rom, DVD, logiciels, mise en place et diffusion de sites internet, traitement de données informatisées, notamment). La présente convention ne fait pas obstacle à la conclusion d’accords particuliers ou d’accords d’entreprise. Les entreprises ou leurs établissements dont l’activité principale n’est pas l’édition au sens de la présente convention et qui appliquent actuellement la convention collective nationale de l’édition continueront à le faire tant que l’application d’une autre convention collective, étendue ou dont le contenu correspondra aux normes requises pour obtenir un arrêté d’extension, n’aura pas été négociée à l’intérieur de l’entreprise ou de l’établissement, dans les conditions prévues par la législation en vigueur. Pour les salariés présents à la date d’entrée en vigueur d’une nouvelle convention, cette négociation portera notamment sur le maintien de certaines dispositions prévues par la convention collective nationale de l’édition (plus particulièrement : indemnités de licenciement, indemnités de départ à la retraite, maladie, accidents du travail, maternité...) et sur les modalités de ce maintien.

03/2019

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Art textile

Les chitas d'Alcobaça. Collection Pereira de Sampaio

A l'occasion de la saison croisée France-Portugal 2022, le musée de la Toile de Jouy propose de faire découvrir à son public la collection Pereira de Sampaio de chitas d'Alcobaça. Avec plus d'une cinquantaine de pièces présentées, cette exposition repose sur l'étude approfondie et inédite de ce tissu traditionnel portugais, considéré comme la toile de coton imprimée la plus connue du Portugal. Fabriqués entre la fin du XVIIIe et le XIXe siècle à Alcobaça - une cité de l'ouest portugais développée autour d'un important monastère de l´ordre de Cîteaux -, les chitas participent, comme la toile de Jouy, au rayonnement de leur territoire et influencent encore aujourd'hui la création contemporaine. Un remarquable ensemble de couvre-lits, foulards et serviettes, abondamment décorés, témoignent de celle qui est considérée comme l'une des productions majeures du textile imprimé portugais.

06/2022

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Religion

Besançon et Saint-Claude

Un territoire de quelque 1600 kilomètres-carrés, abstraction faite de la ville et des vingt-six « grandes paroisses » qui constituaient la « Terre de Saint-Claude », tel se présentait autrefois l'immense diocèse de Besançon. En étendue à quoi le comparer parmi ceux qui divisaient le royaume de France ? Au vrai, il en allait différemment du point de vue paroissial, tant la densité de ce pays comtois restait faible. Par la suite, les correctifs qu'ont provoqués les rectifications de frontières du côté suisse, la création des trois départements : Doubs, Haute-Saône et Jura avec pour ces derniers des limites réajustées, enfin le transfert du Territoire de Belfort dans la pastorale de l'archevêché depuis le traité de Francfort en ont modifié l'image traditionnelle. La transformation essentielle ce fut sans nul doute le démembrement de l'ancienne circonscription ecclésiastique et la création, définitive en 1823, d'un nouveau diocèse couvrant l'actuel département du Jura. Cette particularité n'a pas manqué de susciter des problèmes à chacun de ceux qui voulaient se conformer à l'esprit d'une collection où l'on entend mettre l'accent sur l'histoire contemporaine. C'est pourquoi, les rédacteurs se sont efforcé d'unir dans un même récit les faits ayant précédé le XIXe siècle, de séparer ensuite les événements propres aux deux diocèses. D'où la présentation inhabituelle de ce volume. D'autres difficultés ont surgi en cours de route : les abandons auxquels il a fallu remédier sans que les successeurs puissent bénéficier toujours des travaux commencés. Délicat, très délicat certes aura donc été le rassemblement d'une documentation homogène. Par ses recherches critiques poursuivies pendant de longues années, le R.P. de Vregille s'était déjà préoccupé des origines chrétiennes de ce pays jurassien qui est le sien ; ses études personnelles l'ayant mené jusqu'en plein XIIe siècle, tout le désignait comme le présentateur des temps anciens, qu'au surplus un jeune érudit, M. Gérard Moyse, venait de renouveler dans une thèse d'Ecole des Chartes. J'ai pu, pour ma part, recevoir les conseils de M. Roland Fiétier et de M. René Locatelli : le premier, auteur, entre autres choses, d'une thèse monumentale sur la société bisontine allant du début du XIIIe siècle jusqu'au milieu du XIVe, où se trouve consacrée au clergé près de la moitié de son exposé ; le second - et c'est tout dire - est le médiéviste spécialisé dans les questions religieuses. Ajouterais-je aussi des travaux d'étudiants qui ont largement déblayé des fonds mal connus de nos vieux érudits ? Moins favorisé, M. Jean Courtieu, si tôt quitté le XVIe siècle, pour lequel il ne pouvait que s'appuyer sur l'œuvre monumentale de Lucien Febvre, a dû se livrer à des investigations dans le dépôt qu'il dirige. M. le chanoine Etienne Ledeur, ancien supérieur du Grand Séminaire de Besançon, servi par ses enquêtes, les souvenirs qu'il a pu ramasser, aidé aussi par une thèse d'Etat qui a fait époque, celle de M. l'abbé Huot-Pleuroux, enfin par sa connaissance d'un jeune clergé qu'il avait lui-même formé, n'a pas failli à une tâche que des circonstances douloureuses ont malheureusement assombrie. Mais l'obstacle le plus dur à franchir aura été celui qu'avec persévérance, bénéficiant fort heureusement de concours bénévoles, M. l'abbé Pierre Lacroix aura affronté pour le diocèse de Saint-Claude ; par suite d'une bibliographie indigente, il aura fallu procéder à des dépouillements dans les archives publiques, diocésaines et privées. Si quelques-uns se plaignent de la place qui lui a été allouée par rapport à celle acceptée par son confrère, malgré la disparité des deux diocèses, qu'ils se souviennent de ce mot (que je cite de mémoire) d'un théologien fameux: « Je n'ai pas eu le temps de faire court »… Grâce à ce collaborateur diligent, un point de départ aura été donné dans des recherches historiques un peu trop négligées au sud de notre Franche-Comté. Au terme de cet avant-propos, qu'il me soit permis d'insister sur deux originalités de nos deux diocèses. Dès le haut Moyen-âge, la terre jurassienne fut un foyer exceptionnel de monachisme. Cet élan ne s'est, pour ainsi dire, jamais ralenti, tant du moins que les âmes éprises de solitudes claustrales se tournèrent vers l'une des branches de la grande famille bénédictine. Que de monastères, que de prieurés, que de maisons se sont développés au milieu de nos déserts, sur nos montagnes, dans nos étroites vallées, au centre de nos plateaux et de nos clairières, toutes isolées par de vastes étendues forestières, que l'on gravisse les pentes du Jura ou que l'on gagne les rives de la Saône et les eaux stagnantes du pays bressan ! N'est-ce pas ici que s'affirma saint Colomban, que le Bernon d'avant Cluny a groupé ses premiers disciples ? Les ordres réguliers postérieurs, s'étant tourné vers l'apostolat des villes, n'ont pas connu, sauf exception, le même essor magnifique. Peut-être bien la nature physique du pays et la rareté de ses cités le prédisposaient-elles moins aux besoins du temps qui commence avec le XIIIe siècle. Phénomène inverse en quelque sorte, sur lequel nous aimerions attirer l'attention. Dans une région touchée comme ailleurs par la vague de déchristianisation ou, si l'on préfère, d'indifférentisme, les paroisses rurales changent de visage : elles éprouvent le besoin de se regrouper, tandis que dans les villes cl autres paroisses apparaissent, plus nécessaires que jamais. Le mouvement s'accélère depuis la fin de la dernière guerre. A ne considérer que les chiffres bruts, peu de changements dans l'ensemble de la population : 907 000 habitants en 1954 pour les trois départements du Doubs, de Haute-Saône et du Jura; au recensement de 1975, 732 000. Mais la répartition n'est plus la même. Comment comparer les 78 000 âmes de Besançon avec les 129 000 - encore accrues par des banlieues-dortoirs qui ne cessent de grandir ? Et que dire de la « nébuleuse montbéliardaise », à cheval sur trois départements et devenue la plus grosse agglomération de l'archidiocèse: 183 000 au lieu de 113 000 ? Les villes plus petites : Vesoul, Dole, Lons-le-Saunier et, dans leurs montagnes, Saint-Claude et Pontarlier subissent au ralenti une évolution analogue. Que d'interrogations posées par un pareil devenir dans le domaine religieux qui est le nôtre !

01/1977

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Photographie

Deauville photographié par Patrick Braoudé

La première impression lorsqu'on découvre le travail photographique de Patrick Braoudé est la surprise. Est-on vraiment en face d'une photographie ? Beaucoup l'interrogent sur ce qu'ils voient. Est ce une peinture qui est ensuite photographiée ? Est ce une photographie sur laquelle ont été déposées des couches de peinture ? Certains sont sûrs de voir des traces de pinceaux dans les vagues, dans l'écume. Pourtant il n'y a pas de travail de pinceaux. Seule la faible vitesse d'obturation choisie sur l'appareil photographique associée au flou provoqué par la tenue de l'appareil dans la main, sans trépied, construit cette vision particulière. Patrick Braoudé s'amuse à jouer de cette ambigüité. Il nous présente des photos floues avec un fort aspect pictural, sans retouche, aux couleurs saturées, qui s'amusent à donner l'illusion de tableaux, sur un mode "impressionniste" tout en conservant l'instantané de la photographie...des effets obtenus à la prise de vue, sans travail d'ordinateur... Ce flou leur donne une touche d'intemporalité. Un travail qui procure une certaine sensation de bien-être. Le littoral devient délicat, presque surpris dans son intimité. Chaque pixel est comme un coup de pinceau impressionniste. "De l'Impressionnisme Numérique" a dit avec amitié Claude Lelouch lors de la première exposition de Deauville... Ce sont des photographies simples du bonheur au quotidien. Comme un désir du photographe d'être le témoin de ces scènes de plages normandes. Comme un hommage à Eugène Boudin, peintre témoin de la naissance de la mode des bains de mer et de la création de Deauville, qui peignait les scènes de plage de Trouville et Deauville. Eugène Boudin a immortalisé les estivants de la bourgeoisie et de la noblesse parisienne en représentant les mondanités et les élégantes. Aujourd'hui, les plages normandes se remplissent, l'été mais aussi les beaux week-ends, d'une population avide des plaisirs de la plage, population bigarrée, multiple, à la fois bourgeoise et populaire, une représentation fidèle de la population de la France actuelle que Patrick Braoudé peint à son tour avec son appareil photo. Comme cinéaste qui aime regarder ses contemporains, il aime prendre du temps à observer la plage : groupes d'amis se retrouvant pour un moment d'amitié, familles en quête de détente, couples d'amoureux venus s'isoler, solitaires en réflexion... Ses photos sont des instantanés de ces vies "espionnées". Des personnages souvent de dos, parfois masqués, ou en contre-jour, des êtres flous, des ombres chinoises, des "fantômes", parfois même juste des tâches de couleurs... pour que chacun s'y reconnaisse. Avec cette lumière particulière de la Normandie qui donne à la mer ses teintes étonnantes, du gris vert au bleu de Prusse, au sable ce jaune d'une douceur rare, aux parasols et accessoires de plage colorés leur éclat ensoleillé... Ce n'est pas étonnant que les peintres impressionnistes se soient donnés rendez-vous sur les plages de Normandie. Patrick Braoudé nous présente ainsi quelques photos de son Trouville et de son Deauville... comme le story-board d'un de ses films.

07/2020

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Photographie

Trouville photographié par Patrick Braoudé

La première impression lorsqu'on découvre le travail photographique de Patrick Braoudé est la surprise. Est-on vraiment en face d'une photographie ? Beaucoup l'interrogent sur ce qu'ils voient. Est ce une peinture qui est ensuite photographiée ? Est ce une photographie sur laquelle ont été déposées des couches de peinture ? Certains sont sûrs de voir des traces de pinceaux dans les vagues, dans l'écume. Pourtant il n'y a pas de travail de pinceaux. Seule la faible vitesse d'obturation choisie sur l'appareil photographique associée au flou provoqué par la tenue de l'appareil dans la main, sans trépied, construit cette vision particulière. Patrick Braoudé s'amuse à jouer de cette ambigüité. Il nous présente des photos floues avec un fort aspect pictural, sans retouche, aux couleurs saturées, qui s'amusent à donner l'illusion de tableaux, sur un mode "impressionniste " tout en conservant l'instantané de la photographie...des effets obtenus à la prise de vue, sans travail d'ordinateur... Ce flou leur donne une touche d'intemporalité. Un travail qui procure une certaine sensation de bien-être. Le littoral devient délicat, presque surpris dans son intimité. Chaque pixel est comme un coup de pinceau impressionniste. "De l'Impressionnisme Numérique" a dit avec amitié Claude Lelouch lors de la première exposition de Deauville... Ce sont des photographies simples du bonheur au quotidien. Comme un désir du photographe d'être le témoin de ces scènes de plages normandes. Comme un hommage à Eugène Boudin, peintre témoin de la naissance de la mode des bains de mer et de la création de Deauville, qui peignait les scènes de plage de Trouville et Deauville. Eugène Boudin a immortalisé les estivants de la bourgeoisie et de la noblesse parisienne en représentant les mondanités et les élégantes. Aujourd'hui, les plages normandes se remplissent, l'été mais aussi les beaux week-ends, d'une population avide des plaisirs de la plage, population bigarrée, multiple, à la fois bourgeoise et populaire, une représentation fidèle de la population de la France actuelle que Patrick Braoudé peint à son tour avec son appareil photo. Comme cinéaste qui aime regarder ses contemporains, il aime prendre du temps à observer la plage : groupes d'amis se retrouvant pour un moment d'amitié, familles en quête de détente, couples d'amoureux venus s'isoler, solitaires en réflexion... Ses photos sont des instantanés de ces vies " espionnées ". Des personnages souvent de dos, parfois masqués, ou en contre-jour, des êtres flous, des ombres chinoises, des "fantômes", parfois même juste des tâches de couleurs... pour que chacun s'y reconnaisse. Avec cette lumière particulière de la Normandie qui donne à la mer ses teintes étonnantes, du gris vert au bleu de Prusse, au sable ce jaune d'une douceur rare, aux parasols et accessoires de plage colorés leur éclat ensoleillé... Ce n'est pas étonnant que les peintres impressionnistes se soient donnés rendez-vous sur les plages de Normandie. Patrick Braoudé nous présente ainsi quelques photos de son Trouville et de son Deauville... comme le story-board d'un de ses films.

07/2020

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Littérature étrangère

Léon et Louise

Léon et Louise n'ont pas vingt ans au moment de leur rencontre dans un petit village français vers la fin de la Première Guerre mondiale. Léon, trop jeune pour partir au front, effectue son service civil en tant qu'assistant-télégraphiste à la gare. Louise assiste le maire - c'est elle qui informe les familles dont le fils est tombé au champ d'honneur. La magie du premier amour sera rapidement brisée. Lors d'une promenade à vélo, ils sont victimes d'une attaque aérienne. Blessés et soignés dans deux hôpitaux différents, ils reviennent au village chacun à leur tour. Mais le maire, jaloux de leur amour, dissimule la vérité, si bien qu'ils se tiennent l'un et l'autre pour morts. Léon se marie, travaille dans le département scientifique de la Police française, au Quai des Orfèvres (il est chimiste et identifie les poisons mortels). Père de quatre garçons (l'un d'entre eux sera le père de l'auteur), son existence de petit fonctionnaire devient de plus en plus précaire, de plus en plus prosaïque aussi. Louise, elle, poursuit seule son chemin. Dans les années 1920, son emploi à la Banque de France l'entraîne au Sénégal - jusqu'à ce jour où, en 1928, alors qu'elle est de retour à Paris, Léon l'aperçoit dans le métro. Ils se revoient. Leur amour est intact, mais fuyant le vaudeville, Louise décide qu'ils ne se reverront plus. Chacun de son côté, Léon et Louise traversent la récession, l'Occupation allemande, la Libération. Alex Capus relate leur histoire en alternance. L'époque de la guerre est restituée à partir de chacun de leurs points de vue. Hésitant entre résignation et rébellion, Léon et Louise s'avèrent être des héros dans un domaine : leur amour durera malgré tout et ne détruira rien ni personne. La liberté de Louise, son courage et son humour la rendent attachante, attirante et érotique.Avec un sens délicat du détail et un souffle narratif puissant et élégant, Alex Capus explore les ressorts complexes de cet amour - sans omettre non plus les autres enjeux de ces deux existences. Des vies ordinaires à Paris, au sein du service public français, la difficulté d'élever les enfants, les actes de résistance avortés, la soif de liberté et le carcan de la discipline. Tout au long de cette histoire, celle de son propre grand-père, l'auteur helvétique déploie un talent d'évocation captivant : avec un réalisme saisissant, surgissent le décor et l'ambiance des différentes époques durant lesquelles nous suivons les péripéties des héros : la Normandie pendant la Première Guerre ; Paris sous l'Occupation ; le Quai des Orfèvres et la Banque de France ; l'action du préfet de police parisienne pour cacher les archives relatives à l'immigration ; l'opération de sauvetage de l'or de la République... Sur un rythme enveloppant, Alex Capus fait rayonner le charme d'un amour vivace malgré l'absence. Les personnages principaux sont étonnamment modernes, et Louise, surprenante de liberté, malgré l'époque et ses conventions. Dans la veine des grands romans classiques, Alex Capus concilie légèreté et intensité, réalisme historique et romanesque. ?? ?? ?? ?? 1

09/2012

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Droit

L'autorité parentale en question

Cet ouvrage est d'abord une réflexion sur le concept même d'autorité parentale. Actuellement, celui-ci devrait se trouver affaibli par l'émergence des droits de l'enfant. On oserait dire que parfois (ex. la liberté sexuelle) la finalité de la fonction parentale c'est l'intérêt de l'enfant tel que ce dernier le définit lui même, et qu'il revendique de défendre en justice' sans son représentant légal puisque précisément l'enfant s'oppose à lui... Certes, mais d'autres droits de l'enfant ont revalorisé l'autorité parentale (le droit d'être élevé par ses deux parents ne renforce-t-il pas l'autorité du parent que l'autre voudrait écarter ?). Dans le même temps, ce concept devrait se trouver raffermi par la volonté collective de re-responsabiliser les parents trop souvent démissionnaires. Cela se traduit par des projets de légiférer sur une responsabilité pénale' des parents, et par une toute nouvelle jurisprudence qui admet la responsabilité civile' de plein droit des parents en dehors même de toute faute de l'enfant... Certes, mais cette jurisprudence excessive n'inciterait-elle pas plutôt les parents à mieux s'assurer qu'à mieux surveiller, et le désir de pénaliser les parents est-il bien crédible tant que l'on n'a guère tenté de leur appliquer les ressources du Code pénal (complicité, etc.) ? C'est dans un tel contexte de tensions multiples que la réforme de l'autorité parentale s'est effectuée. Elle ne pouvait dès lors n'être qu'un délicat compromis, mais celui qui allait être voté le 4 mars 2002 est-il le meilleur ? C'est aussi une réflexion sur l'organisation de l'exercice de l'autorité parentale, les innovations législatives françaises rejoignant sur ces points les réformes étrangères. L'innovation la plus évidente concerne la généralisation de la coparentalité. Désormais, c'est le principe aussi dans les familles où les parents sont séparés. L'idée est que le couple parental doit survivre à la disparition du couple " conjugal ". Ce n'est qu'un pari du législateur... mais que le juge va devoir honorer Dans les familles recomposées, la coparentalité est perturbée par le beau-parent : la nouvelle loi lui donnera-t-elle un statut ? Dans les familles où les enfants font l'objet d'une mesure d'assistance éducatives, la parentalité était le plus souvent occultée : la nouvelle loi incitera-t-elle à changer cette pratique ? Une autre innovation d'importance pourrait être le recours plus systématique à la médiation" pour résoudre les conflits entre les parents. Le médiateur est présenté comme une alternative au juge. Mais si la médiation poursuivait sa " juridicisation ", l'alternative présenterait-elle encore un véritable intérêt ? C'est enfin une réflexion sur les limites de l'autorité parentale dans les rapports que les parents doivent construire avec leurs enfants. Les sociologues préviennent les juristes : le " bon parent " n'est pas celui qui exercerait de façon exemplaire une autorité parentale " modèle ", mais celui qui, en plus, avec un " supplément d'âme ", ferait de son enfant " l'objet de sa sollicitude ", et c'est tout le mérite de Jacques Commaille d'avoir rappelé dans sa conclusion que le droit n'épuisait pas la morale.

03/2004

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Beaux arts

Techniques et matériaux des arts

Le visiteur d'un musée, d'une église ou d'une galerie d'art se trouve en présence d'oeuvres chargées d'histoire et porteuses de significations symboliques, mais aussi au contact quasi direct de leur matérialité, que ce soit la feuille d'or incluse dans les tesselles des mosaïques byzantines, la polychromie brillante et dense du panneau d'un retable flamand, ou les bleus lapis-lazuli stupéfiants que Lorenzo Lotto préparait selon un procédé tout particulier. Ces éléments, toujours très fascinants, ne sont pas que des accessoires dans la construction d'une oeuvre, mais, indissolublement liés au contexte historique et à la personnalité de l'artiste, ils constituent le support du langage symbolique des images. La technologie des procédés et des matériaux a une place plus évidente encore dans les arts appliqués, parfois dits, à tort, mineurs, qui, à chaque époque - voyez le panorama artistique des XVe et XVIe siècles, mais aussi du XVIIIe -, jouent un rôle d'une très grande importance, voire remplissent une fonction de véritable " guide " , pour la peinture, la sculpture et l'architecture. Rappelons, par exemple, que Pollaiolo et Verrocchio commencent par pratiquer l'orfèvrerie, et que de nombreux peintres maniéristes et baroques aiment à concevoir et souvent à réaliser eux-mêmes des bronzes décoratifs et des objets de verre ou de cristal ornés de figures. Au XVIIIe siècle, la redécouverte, par Böttger, de la formule de la porcelaine est si révolutionnaire et si déterminante que le délicat matériau inventé en Chine devient l'un des protagonistes du siècle, influençant l'expression du goût dans la peinture et la sculpture, et s'imposant dans le mobilier et jusque dans l'architecture d'intérieur, comme en témoignent les cabinets de porcelaine du palais royal de Madrid et de celui de Capodimonte. C'est que, derrière chaque oeuvre, petite ou grande, se cachent un infini travail de recherche et d'innombrables expériences, véritables épreuves alchimiques. De surcroît, le hasard et d'heureuses " erreurs " entraînent parfois la découverte de procédés et de méthodes que le temps et la pratique d'artistes et de " maîtres expérimentateurs " perfectionnent et transmettent à travers les siècles. Les articles de ce guide des arts illustrent les techniques artistiques fondamentales en même temps que l'origine et l'emploi des matériaux les plus communément utilisés dans le dessin, l'estampe, la peinture et la sculpture. Les arts appliqués ne sont pas oubliés, et une grande partie de ce guide leur est consacrée : sont notamment examinés la mosaïque, la marqueterie, la céramique, le verre, l'orfèvrerie et la joaillerie. Un dernier chapitre présente un bref panorama de divers procédés employés dans l'art contemporain, ceux qui, selon nous, représentent le mieux le profond changement irréversible opéré dans l'expression artistique du xxe siècle. Conformément à l'esprit de la collection " Guide des arts " , ce volume se propose de fournir une clef de lecture particulière des oeuvres d'art en montrant par l'illustration comment elles sont faites et en dévoilant ainsi au lecteur certains de leurs aspects les plus intimes et les plus cachés.

04/2017

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Droit

Lien familial, lien obligationnel, lien social. Tome 1, Lien familial et lien obligationnel

Depuis la fin du XXe siècle, toute une série de travaux n'a cessé de croiser lien familial et lien obligationnel, droit de la famille et droit des obligations. En effet, le lien de famille crée des droits et des devoirs dont il est facile de constater les particularités, mais beaucoup plus délicat d'esquisser une théorie générale. Tantôt droits et devoirs constituent un ensemble ordonné en vue d'une finalité et créent une situation juridique complexe, dont la dimension obligatoire n'est qu'un aspect. Tantôt il existe une charte de devoirs dont on se demande si la technique juridique de l'obligation permet d'en tracer le régime : ainsi les devoirs conjugaux correspondent pouf partie à des obligations civiles au sens classique du terme, pour partie à des liens d'une nature qui semble différente. Dans une troisième série d'hypothèses, c'est bien la technique de l'obligation civile qui sert de fondement. Néanmoins, les rapports familiaux modifient le régime juridique classique des obligations. Par exemple, la réception de l'article 1382 du Code civil dans le domaine de la responsabilité civile des acteurs familiaux fait débat dans la mesure où certains auteurs y voient l'application pure et simple de la théorie de la faute civile, alors que d'autres soutiennent en revanche que la faute, entre membres d'une même famille, n'a pas la même portée qu'entre des personnes étrangères les unes aux autres. Enfin, la figure juridique du contrat semble de longue date, assez ambivalente lorsqu'elle rencontre des liens familiaux. Le contrat de mariage par exemple semble toujours posé par opposition : opposition entre le contrat et le sacrement, opposition entre le contrat et l'institution, opposition entre le contrat de famille ou pacte de famille et d'autres contrats, opposition entre le contrat et l'arrangement familial... Cette opposition va suffisamment loin pour que, d'un certain point de vue le lien contractuel et le lien familial puissent presque passer pour des antonymes. Le lien familial, de ce point de vue, serait tellement pétri d'impératifs que sa "contractualisation" pourrait être suspectée de le vider progressivement de sa substance. On le devine, les deux axes autour desquels se construit la difficile relation entre les obligations et le lien de famille sont, d'une part, la contractualisation du lien familial, et d'autre part, la responsabilisation des acteurs familiaux. Contractualisation et responsabilisation sont bien sûr des figures du discours juridique, de sorte qu'elles se chargent de connotations allant au-delà du sens technique du contrat et de la responsabilité civile. La tendance à la responsabilisation ou le phénomène de contractualisation font sens en faisant image. Pour autant, il serait mal avisé de sous-estimer ces mouvements. En effet, ce sont aussi des concepts qui, dans la pensée juridique, ont une histoire, et qui correspondent à des évolutions marquantes, aussi bien de la politique législative que de la politique jurisprudentielle, évolution que la globalisation du droit ne fait qu'amplifier. L'ouvrage permet d'offrir une réflexion croisée et pluridisciplinaire, entre droit, sociologie, histoire et philosophie sur ce lien d'interdépendance qui peut exister entre lien obligationnel et lien de famille.

09/2013

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Droit

Un autre droit pour un autre monde. Comment sortir des impasses du droit international contemporain ?

Monique Chemillier-Gendrean n'a cessé de développer une approche critique du droit international, construisant sa réflexion sur la longue durée pendant que l'essentiel de la doctrine française développait une vision positiviste et formaliste du droit international. Courageusement, elle n'a cessé de montrer les faiblesses et impasses de cette branche du droit et du système juridique international dans son ensemble, révélant notamment les ambivalences du texte si fondamental que constitue la Charte des Nations Unies, porteuse de tant d'espoirs mais également de déceptions par son appui à la souveraineté des Etats. C'est certainement la compréhension commune de ce concept de souveraineté de l'Etat, altéré de butes parts dans le cadre de la mondialisation, qui est au mur de la réflexion de l'auteure en ce qu'il constitue selon elle l'ultime obstacle à une réelle pacification du monde et à une pensée de l'universel. Il ne s'agit pas de nier que le droit international est en soi un progrès par rapport à l'anomie qui caractérisait naguère les relations internationales soumises au seul jeu du rapport de forces. Il n'en demeure pas moins qu'il est marqué par un certain nombre de lacunes et de fortes contradictions qui minent son application et son efficacité. La segmentation des sociétés en Etats souverains comme leur organisation au sein de l'ONU sont en voie d'être englouties parle monde nouveau qui émerge. Nous serions en effet parvenus à la fin d'un cycle historique qui révèle l'inadaptation du droit international à régir les rapports interétatiques et le développement des actions d'un certain nombre d'acteurs non étatiques. Il ne s'agit toutefois pas de déplorer la situation et d'attendre le grand effondrement comme si l'ordre du monde actuel était inéluctable. Il faut au contraire faire un saut logique considérable, imaginer les bases sur lesquelles doit être construite une société mondiale différente, un monde commun, en tirent les leçons des échecs du droit international. Il convient, pour cela, de recourir à une démarche utopiste assumée, l'utopie constituant l'indispensable renouvellement de l'horizon politique qui repose sur la conviction qu'un autre droit pour le monde à venir sera fondé sur le principe d'une entre-connaissance universelle. Il faut donc notamment réactiver le politique a tous les échelons, briser le principe de domination, assurer le pluralisme juridique, ouvrir une nouvelle page de l'idée de démocratie repenser à nouveaux frais la question du cosmopolitisme. Cela exige un nouvel imaginaire politique et juridique qui puisse faire vivre ensemble des communautés d'êtres humains libres. Alors, l'alliance des Etats se trouvera heureusement complétée et dépassée en se métissant d'une alliance directe des citoyens dans une ère post-nationale, donc post-souveraine, articulée sur une pensée politique du bien commun a l'échelle du monde. Il est en somme question de changer le monde par un nécessaire bouleversement.

10/2019

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Littérature française

Mes yeux a travers monde. Ce confinement nous a perdus

Là, à cet instant, je suis devant mon miroir, je le regarde. Je me regarde. Mes crises d'angoisse, derrière moi. Cette dépersonnalisation oubliée, du passé. Ce cancer, un ange déçu, un démon disparu. Pourtant, je vois ces yeux noirs, d'un noir bizarre venu d'autre part. Une tête dépravée n'appartenant plus à mon être, où suis-je donc passé? Je m'écroule, j'espère que cette fois, ma vie n'est pas terminée... S'il te plaît, laisse moi une chance d'espérer... C'est la fin ? Non, J'ai faim, je suis affamé. Affamé de vivre, au loin il y a cette lumière qui brille, elle, elle vit. Je me lève d'un pas assuré, je la suis on verra bien, en tout cas ce sera mieux qu'ici. L'espoir renaît de ces cendres créées. Je suis décidé, le choix est fait... La vie, je la choisis. Alors, je prends un stylo et débute ce récit : A partir de ce jour, je veux commencer à vivre. Ce soir je suis là, devant toi, insomniaque dû à une grosse peine de coeur, je n'arrive pas à dormir, mes rêves sont lointains. J'ai le coeur lourd, tout stagne. Je commence ces quelques lignes... Puis vint le matin, il fait si beau... La mer est lisse, le soleil brille. Nous sommes sur les iles Saintes, sur une plage. Quelle belle plage ! On est seul au monde, au paradis. Oui, on est au paradis. J'ai envie d'écrire, alors écrivons. Tant de choses à raconter. A te raconter. Je crois en la vie, ayant toujours été quelqu'un de très optimiste, plutôt sensé malgré de très nombreuses dérives et de moments d'égarements, qui sont, d'ailleurs, loin, très loin d'être finis. Ils me suivront surement toute ma vie. Mais avec l'âge, la sagesse, les rencontres, mes amis, ma famille, j'espère trouver ce bonheur. Ce bonheur que l'on recherche tous et qui caractérise tout simplement la vie. J'ai bien dit le bonheur et non le plaisir. Ce plaisir qui m'a toujours dominé, enchaîné, emmené dans les bas-fonds de l'existence, de cet univers immense, imperceptible. Toutes ces péripéties m'ont amené à rencontrer des gens formidables, hors du commun, marqués, étiquetés par cette vie, qui se doit à travers les médias et codes culturels, d'être lisse et sans vague. Cette expérience qui est la mienne, je vous la conte à travers ces quelques lignes. Les différentes étapes qui m'ont forgées, et fait de moi ce que je suis. J'en ai besoin, c'est primordial, je dirai même vital. Je l'ai vécu, je la revis en écrivant ces mots. Un moment très spécial et inédit pour la personne que je suis. Ce moment que j'ai tant attendu, tant reporté...

06/2023

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Autres

Philosophia Scientiae Volume 26 N° 2/2022 : Patrimolialisation des mathématiques (XVIIIe-XXe siècles)

L'objectif de ce dossier thématique est de mettre en perspective historique la manière dont les mathématiques sont patrimonialisées, c'est-à-dire d'évaluer comment elles s'inscrivent dans le temps en enregistrant et en préservant les savoirs qu'elles produisent. Si toutes les disciplines scientifiques entretiennent et ont entretenu, historiquement, un rapport à leur mémoire et à leur histoire, les mathématiques ont ceci de particulier qu'elles sont essentiellement cumulatives. Une fois validés, leurs résultats ne sont généralement pas remis en cause. De ce fait, les mathématiques du passé continuent à être des outils actifs de connaissance pourvu que les acteurs du présent en aient gardé la trace. Cette prégnance n'est pas propre aux institutions académiques. Elle est manifeste dans l'enseignement comme dans les métiers faisant appel aux mathématiques. Ce dossier pose donc la question du rapport des communautés mobilisant les mathématiques aux modes d'expression savantes et culturelles dont celles-ci peuvent faire l'objet. Ce dossier rend compte, dans le temps long, des processus de patrimonialisation à l'oeuvre en mathématiques et repère les acteurs principaux et les figures tutélaires, afin de comprendre ce qui "fait" patrimoine à une époque et pour une communauté données. Certains articles analysent les usages de ce patrimoine : d'une part, la façon dont il est utilisé pour faire des mathématiques, tant dans le domaine de la création que dans celui de la transmission ; d'autre part, la façon dont ce patrimoine est mobilisé pour forger l'identité d'un groupe ou pour accroître la légitimité et la visibilité de la discipline. Les articles s'organisent autour des orientations suivantes : -Communautés et lieux. Certains auteurs cherchent à comprendre la manière dont des communautés identifient les ressources qu'elles estiment important de conserver et de transmettre (notamment par l'organisation d'enseignements ou la mise en oeuvre de projets encyclopédiques), mais aussi comment elles s'organisent en fonction des ressources disponibles (bibliothèque, école de recherche, etc.), et comment ce patrimoine contribue à construire des identités collectives. -Supports et traces. D'autres ont interrogé les traces qui font l'objet d'une patrimonialisation en mathématiques, à travers l'étude de supports (écrits, graphiques, visuels, matériels) conçus pour s'inscrire dans la durée ou destinés à transmettre des connaissances considérées comme essentielles. Cerner ce qui fait patrimoine invite ici à s'intéresser aux processus de construction de filiations, aux modalités de sélection et de légitimation de ce qui constitue, dans un espace social donné, de "bons" savoirs, des "bonnes" pratiques, de "bons" gestes et usages. -Circulations. Enfin cela amène à questionner les échelles et les formes de circulation, dans le temps comme dans l'espace, des supports des connaissances mathématiques. Ces supports peuvent en effet traverser les frontières géographiques et institutionnelles, faire l'objet d'une traduction ou d'une adaptation, et contribuer ainsi à la diffusion d'un patrimoine initialement localisé, à sa pérennisation mais aussi à son évolution.

06/2022

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Musique, danse

American Rock Trip

Encore un livre sur le rock ? Pire : un livre sur les musées du rock, et par capillarité sur les musées du blues, de la soul et de la country music. Les Américains n'ont pas de grottes de Lascaux, ni de Chapelle Sixtine mais au beau milieu du XXe siècle ils ont inventé le rock'n'roll et depuis quelques années ils développent un art bien à eux : accommoder leurs reliques en les exposant sous des vitrines. Aussi peu rock'n'roll soit-il, l'arsenal muséal constitue aujourd'hui l'étape ultime du processus de sacralisation des mythologies populaires. Exit une certaine tradition muséale à l'européenne : au pays du rock'n'roll où Elvis Presley est le King, on confère le statut de trésor national à un pied de micro, une paire de santiags ou une brosse à cheveux. Cette patrimonialisation à tout crin peut s'apparenter à " une réaction névrotique devant le vide des souvenirs " (Umberto Eco) - elle révèle en tout cas la place qu'ont prise ces musiques dans la vie de tout un chacun. American Rock Trip est le résultat d'une véritable enquête de terrain menée par un auteur qui, par ailleurs, travaille lui-même dans le plus grand musée du monde (le Louvre). 12 000 kilomètres parcourus pied au plancher, 6 semaines de voyage pour visiter une cinquantaine de lieux et aller à la découverte de musées, de cabinets de curiosités pop et autres singularités locales : du cabanon où a grandi Muddy Waters aux pierres tombales de Robert Johnson, en passant par la chambre à coucher de Britney Spears, l'enfer de Jerry Lee Lewis, les combinaisons luminescentes de Daft Punk, la machine à raffermir les fesses de Dolly Parton, les dessins de Jimi Hendrix, le singe de Michael Jackson, le bunker du plus grand fan au monde d'ElvisPresley, le " Louvre du rock'n'roll " à Cleveland - and so on... American Rock Trip s'ouvre avec une carte du parcours effectué et la liste des lieux visités avec leurs coordonnées (ce qui fait aussi de l'ouvrage un guide pratique à destination des touristes), puis l'ouvrage se divise en trente-trois courts chapitres qui articulent descriptions des lieux visités, analyses de leur fonctionnement symbolique, impressions de fans, témoignages de stars, citations de spécialistes, regards d'artistes contemporains... avec un casting de personnages hauts en couleur rencontrés en cours de route à Seattle, Los Angeles, Las Vegas, Phoenix, Chicago, Detroit, New York, en Louisiane, au Mississippi, dans le Tennessee et au Texas. Chaque chapitre est illustré, à la manière d'un scrapbook, avec notamment des photographies prises in situ - et la couverture se décline en trois versions, rendant hommage à trois monstres sacrés de la pop américaine. En jetant son dévolu sur ces musées d'un nouveau genre, American Rock Trip restitue l'attachement, universel et irrationnel, qui régit la relation entre musiciens et publics. En bref : le rock tel que vous ne l'avez jamais lu.

02/2012

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Ecrits sur l'art

Piero Di Cosimo ou la forêt sacrilège

" Avec Piero di Cosimo, l'incroyable est arrivé : grâce à Vasari, qui fut le premier et le dernier à le célébrer au XVIe siècle, les chercheurs et les historiens du XIXe et du XXe siècle ont tenté de reconstituer ce qui est resté de son oeuvre dispersée et que l'on attribuait souvent à d'autres peintres. L'énigme a resurgi, mutilée mais impressionnante par sa singularité : les surréalistes ne s'y trompèrent pas, qui furent les premiers à lui rendre hommage. " C'est dans cette lignée qu'il faut replacer l'essai d'Alain Jouffroy, premier livre français consacré à Piero di Cosimo, paru d'abord en 1982 dans la collection L'Atelier du merveilleux de Robert Laffont, où des écrivains de renom célébraient des artistes rares. Aussi ancienne, sinueuse et fragmentée que l'oeuvre aujourd'hui attribuée au peintre florentin, cette généalogie n'encombre pourtant pas Alain Jouffroy. Abreuvé aux recherches des érudits, celui-ci fait le choix de la subjectivité : " Je pleure, je ris, je veille et je suis sourd aux appels d'un homme extraordinairement ex-centrique, qui a situé le centre de tout hors de tous les cercles où pourrait subsister ce qu'on appelle un "centre". " C'est de fait son oeuvre profane et mythologique qui intéresse Jouffroy, au détriment d'une oeuvre religieuse dans laquelle il décèle une concession du contemporain des Médicis et de Savonarole " à la malveillance du pouvoir des princes et à la surveillance de l'Inquisition ". Ce n'est pas pour rien qu'il dédie son livre André Breton, défenseur des " briseurs de barrières " et auteur avec Gérard Legrand de L'Art magique : " Piero di Cosimo, affirme-t-il, n'a pas peint ces tableaux pour nous rassurer, mais pour dialoguer avec nous dans un autre langage que celui de la raison : un langage plus exact que celui des mots, où l'ordre que nous croyons par notre pensée introduire dans le chaos du monde est entièrement remis en cause, mais en douceur. " Vénus, Mars et amours, La Mort de Procris, La Chute de Vulcain ou Hylas et les Naïades, Vulcain et Eole, Combat des Centaures et des Lapithes, Persée libérant Andromède... : autant de tableaux qui doivent leur titre à l'iconologie et que Jouffroy scrute à frais nouveaux, avec passion autant qu'avec prudence, pour finalement y déchiffrer " un probable mouvement d'opposition clandestin aux dogmes de la philosophie néo-platonicienne à la mode, comme aux pouvoirs religieux et civils de l'époque ", l'oeuvre d'un " nostalgique du triomphe sur l'impossible, qui aurait trouvé le moyen de s'exiler dans sa propre cité ". Toiles longues et basses d'où le ciel de la transcendance est presque absent ; scènes de chasse, de combats et d'amours sensuelles et meurtrières célébrant l'existence terrestre ; rêveries d'un homme que Jouffroy présente à la suite de Vasari comme un demi-ermite pour qui la peinture fut le moyen de penser à l'écart.

05/2021

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Droit communautaire

Le renvoi préjudiciel. Droit, liberté ou obligation de coopération des juridictions nationales avec la CJUE, 2e édition

Les grands arrêts de la Cour de justice sont, dans leur grande majorité, des arrêts rendus sur renvoi préjudiciel d'une juridiction d'un Etat membre de l'Union européenne. Chaque année désormais, la Cour de justice rend environ 400 décisions préjudicielles. Le mécanisme du renvoi préjudiciel est l'instrument d'une coopération entre les juridictions des vingt-sept Etats membres et la Cour de justice. Cette coopération repose sur un dialogue entre les juges généralistes du droit de l'Union, que sont tous les juges nationaux, et la Cour, qui est le juge spécialiste de ce droit. C'est aux parties et à leurs avocats qu'il revient d'appeler l'attention de la juridiction nationale sur : - la présence d'éléments de droit de l'Union conditionnant la solution du litige pendant devant elle ; - les difficultés que peut soulever soit l'interprétation des traités régissant l'Union européenne ou des actes des institutions, soit l'appréciation de la validité de ces actes ; - et sur la possibilité ou la nécessité de présenter une demande de décision préjudicielle pour établir l'interprétation authentique de ce droit commun ou pour statuer sur la validité des actes de droit dérivé. La maîtrise du fonctionnement du mécanisme préjudiciel nécessite une bonne connaissance des rôles des différents acteurs qui doivent ou peuvent prendre part à la coopération juridictionnelle qu'il permet et de la procédure qui le régit, ainsi que des arrêts de la Cour ayant précisé les règles qui lui sont applicables. La seconde édition de cet ouvrage sous le titre initial de "Coopération entre juges nationaux et Cour de justice de l'UE. Le renvoi préjudiciel" s'efforce d'identifier les interrogations que peut rencontrer l'avocat ou le juge national relativement à l'usage du renvoi préjudiciel, en s'essayant à systématiser et à expliciter l'état du droit en la matière. Ceci guide les choix sur lesquels il repose : - au-delà des éléments de base, sont présentées successivement les deux branches du mécanisme, le renvoi en interprétation et le renvoi en appréciation de validité ; - un chapitre substantiel est dévolu à l'action que peuvent mener les avocats dans le déclenchement et le déroulement de la procédure préjudicielle, et aux choix qu'ils ont à opérer à différents moments ; - le juge national auquel a été présentée une suggestion de renvoi ou qui l'opère de son propre mouvement peut y trouver des indications précises quant aux initiatives qu'il peut ou qu'il doit prendre ; - sont reproduites en annexe les dispositions intégrales ou essentielles de l'encadrement normatif du renvoi préjudiciel et les règles pratiques qui l'organisent ; y figurent notamment les éléments pertinents du règlement de procédure de la Cour de justice et la version la plus récente des recommandations à l'attention des juridictions nationales, relatives à l'introduction des procédures préjudicielles. Ce livre sera utile aux avocats et futurs avocats, aux magistrats ainsi qu'aux professeurs et étudiants spécialisés.

02/2021

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Littérature érotique et sentim

Juste une mise au point. Romance

Alors qu'elle fait une pause dans son couple, Victoire rencontre Antoine et succombe à ses charmes... Victoire décide un beau matin de quitter son mari car elle ne supporte plus la vie qu'elle mène. Avec l'aide de ses filles et de sa famille, elle va s'inventer une existence à son image en Bretagne, où elle ouvre des chambres d'hôte. Dans sa quête de liberté, elle succombe aux charmes d'Antoine, dans les bras duquel elle va se découvrir et s'épanouir. Cependant, son mari, Lucas, est bien décidé à la reconquérir. Qui gagnera définitivement le coeur de Victoire ? Qui de Lucas ou d'Antoine parviendra à (re)conquérir le coeur de Victoire ? Laissez-vous surprendre par cette romance pleine de rebondissements et suivez Victoire dans sa quête de liberté. EXTRAIT Victoire s'arrêta un peu avant Rennes, il lui restait environ deux heures de route. Elle but un chocolat chaud, fuma une cigarette, s'étira comme un chat et reprit la route. Son esprit vagabonda et revint sur cette soirée où elle avait tout dit, y compris le plus intime, à ses filles. Ce soir-là, elle et ses filles étaient allées dans une nouvelle brasserie qui venait d'ouvrir en bas des Champs-Elysées. Victoire adorait vivre au centre de cette grande ville, malgré la foule et la pollution. Elle appréciait les facilités que lui offrait la capitale en matière d'évasion. Elle passait un temps fou à se balader au Louvre, dans les bibliothèques, au bord du canal Saint-Martin, aux Tuileries ; le jardin des plantes et le Luxembourg avaient sa préférence. Le repas s'était déroulé normalement, jusqu'au moment du dessert, où Sacha fit allusion à son anniversaire de mariage et demanda à sa mère : - Maman, pourras-tu me garder les petits ce soir-là ? Roméo me concocte une super soirée et je sais qu'il nous a réservé une chambre dans un hôtel très chic ! Avant même de pouvoir répondre, Victoire fut en larmes. Un flot intarissable semblait sortir de ses yeux, ses filles la regardèrent, déconcertées. Leur maman était une femme forte qui ne craquait jamais, surtout pas en public et en plein milieu d'un restaurant. Sarah parla la première : - Maman, que t'arrive-t-il ? C'est le fait de garder les petits de Sacha ? - Si tu ne peux pas, Maman, ce n'est pas grave, une de mes charmantes soeurs se dévouera, dit Sacha, inquiète. Salomé était très gênée de voir sa mère en pleurs, et ne dit rien, elle la prit juste dans ses bras, ce qui eut pour effet de faire redoubler les larmes de Victoire. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUE Une plume simple, délicate, avec un language à la portée de tous et sa fine touche de new romance. - Evasionlivresque, Babelio Le style d'écriture est fluide, ça se lit tout seul. C'est addictif, l'intrigue est bien menée jusqu'aux dernières pages. - Amelikesbooks, Babelio A PROPOS DE L'AUTEUR Véronique Masagu, maman de trois enfants et originaire de Bretagne, a démissionné de son poste d'assistante de direction pour se consacrer entièrement à l'écriture. Même en abordant des sujets parfois difficiles, elle laisse toujours une grande place à l'amour dans ses romans.

09/2019

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Manga

Collection Yaoi Pack N° 23. 5 mangas

Ce pack manga contient : Le Coeur de la méprise (160 pages - Volume : One Shot) : " Et si tu sortais avec moi ? "Miki se retrouve à sortir avec son voisin de classe, Udô, qui vient de rompre avec sa copine. Mais alors que tout ça n'était censé être qu'un jeu, Miki se sent incroyablement bien à ses côtés.... Et lorsque ses mains le touchent quand ils font l'amour, il ne peut s'empêcher de frissonner de plaisir. Ces tendres caresses, cette délicate chaleur... Mais qu'est-ce qui m'arrive ? Ca craint, je ne suis plus moi...Est ce que le Dr Bipolaire aime les gros chiens ? (160 pages - Volume : One Shot) : "Docteur, c'est pour vous ! "Chaque jour, Masumi reçoit des roses de la part d'un jeune (et grand) livreur de fleurs, Fumiaki Inukai, qui vient le voir en consultation quotidienne pour des massages. Toutefois, Masumi n'est gentil avec lui que pour masquer son mauvais caractère, et l'attitude d'Inukai l'agace , de plus, il s'est juré, par principe, de ne jamais toucher à un hétéro. Mais Inukai est obstiné, et Masumi ne sait pas comment lui faire comprendre que ses avances sont indésirables...Comment évoluera la relation entre le bon chien fidèle et le docteur au coeur de pierre ? L'indécision de Nagata-Sensei (176 pages - Volume : One Shot) : Un lycéen encore puceau est chez moi, en train de me raconter ses fantasmes sans pouvoir s'arrêter... Quelle situation ! Ca fait maintenant dix ans que j'écris des romans érotiques. J'avais déjà épuisé toutes mes ressources, mais ma rencontre avec un jeune lycéen, nommé Ihara, a tout bouleversé. Son imagination de jeune vierge est plus que débordante ! Grâce à ses fantasmes, j'ai pu écrire un nouveau roman, qui a connu un grand succès. Cependant quelques jours plus tard, alors que j'ai appelé Ihara-kun chez moi pour lui demander ce qu'il voulait en guise de remerciement, il me pousse au sol en me disant " laissez-moi le faire "... ! ? Hein ? Quoi ! ?? Non seulement je suis un homme, mais en plus je suis plus vieux... ! ? A Monopoly Rate (163 pages - Volume : One Shot) : " Ca te dit qu'on s'amuse ensemble...? "Natsu est amoureux d'Isaka depuis que celui-ci l'a aidé à retrouver une de ses lentilles de contact, tombée à terre dans la rue. Isaka lui ayant avoué qu'il aime les personnes à lunettes, Natsu décide alors de troquer ses lentilles contre des lunettes pour attirer son attention. Mais lorsqu'il devient son voisin, dans la résidence universitaire qu'ils occupent, il se rend compte qu'Isaka est du genre Don Juan, et que le chemin pour arriver à le séduire sera long.Pourtant, Isaka apprécie Natsu, et donne même l'impression de ne pas lui être indifférent... La situation n'est peut-être pas si désespérée que ça ? Le jeu continue (192 pages - Volume : One Shot) : " Je protège un monde de 800 mètres de rayon. "C'est ce que m'a dit Kakeru Mitsuboshi, mon nouveau voisin. Mais qu'est-ce qu'il raconte, il se croit dans un jeu vidéo ou quoi ? Même si j'étais sceptique au début, je me suis vite rendu compte que Kakeru protégeait désespérément son petit monde." En réalité, je me sentais seul. "Ses points de vie ont diminué, il s'est réellement retrouvé blessé.Sans le remarquer, j'ai alors commencé à me dire que je voulais le protéger, lui, qui se battait de toutes ses forces.

02/2015

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Science-fiction

Terre Tome 3 : La fin des temps

Voici la fin de l'histoire des passagers du Jupiter, l'affrontement final entre les survivants et les Intégraux sur Terre. Dans les failles d'une boucle temporelle, les mystérieux Anges garderont-ils leur neutralité ou interviendront-ils pour sauver Mandor et ses amis ? Résumé : Mandor est un androïde de première génération, un de ceux produits avec le plus de finesse par les hommes de l'espace. Il n'est pas seulement doté de meilleurs aptitudes que les humains, plus résistant, plus beau, presque éternel, il a aussi développé des sentiments, aussi puissants que ceux des humains, et c'est précisément ce qui le rend vulnérable. Car si Mandor a une faiblesse, c'est bien la peur de la solitude, de l'oubli, quand tous ceux qu'il aime auront vieilli puis disparu alors qu'il restera éternellement jeune. Cette peur de la solitude le poussera à braver le danger pour sauver sa compagne, au péril de sa vie. Dans ce troisième volume du cycle de Terre - et point final de la série - c'est Pip, vieil homme en paix, qui nous raconte ce qui s'est passé depuis l'atterrissage de la frégate 3 sur Terre. Mandor a été capturé par les Intégraux à bord de l'épave du Jupiter. Il s'aperçoit bientôt que le temps ne s'écoule pas sur Terre de la même manière que sur le vaisseau... et se retrouve face à face avec Yss, sa compagne disparue. Elle est vivante mais vieillie de 20 ans, mère et mariée à Jean d'Orgueil, le chef de la secte de la Courbe. Dans sa cellule, Mandor fait la connaisance de Gaby, sorte d'ange amélioré en mission d'observation sur Terre. Des failles temporelles leur permettent de s'échapper hors de l'épave. Gaby semble savoir ce qui provoque ces sauts de séquences temporelles. Yss les rejoint clandestinement pour prévenir son ancien amour du danger d'une attaque imminente des Intégraux contre le camp des amis de Mandor. Elle l'aime toujours, mais leur différence d'âge rend le dialogue entre eux impossible. Gaby tient conseil avec les siens, qu'il a rejoints, et décide d'agir pour sauver Mandor. Prêts à s'affronter, les deux camps se retrouvent aveuglés par la lumière céleste : les anges ordonnent de ne pas livrer bataille, et les fanatiques se plient à cette volonté divine. Le combat est évité, Mandor retrouve les siens sain et sauf. Pip nous raconte la fin de l'histoire et du premier des Mains d'Or. La boucle est bouclée, les survivants de Haut et Bas-Mesnil vont pouvoir recréer une nouvelle société sur Terre, cette planète que les hommes ont quittée des millénaires auparavant, à moins que ce ne soit des siècles plus tard, car nos descendants et nos ancêtres ne font plus qu'un, si le Temps n'est qu'un éternel recommencement. Présentation : Au croisement entre Bourgeon et Schuiten, le dessin de Dubois nous ensorcèle et nous mène au bout de la pensée de chaque personnage ; chaque plante, chaque décor sert le propos, dans une représentation délicate et visionnaire de la planète Terre. Aux manettes du scénario, Rodolphe enchaîne les actions dans ce dernier tome : l'histoire file trépidante à son terminus, sans oublier de poser la question vertigineuse de l'éternité. Une forme de contemplation poétique est à l'oeuvre dans cette histoire, qui clôture la série de 6 volumes commencée en 2017.

05/2023

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Littérature française

Michel buhler helvetiquement votre

Michel Bühler "Hélvètiquement vôtre" La chanson de Michel Bühler est à l'opposé du tout-venant, de ces insipides ritournelles que pissent en continu les robinets du showbiz et des médias asservis. De ce qu'ils n'osent même plus qualifier de "chanson" mais de "son" . De ce son dont on nourrit les ânes. Cet Helvète puise son art dans d'autres origines, entre Commune et Communale. Commune comme ces soixante-et-onze jours d'utopie qui imaginèrent une démocratie directe, hélas furtive, vite réprimée ; commune comme un chant commun, mutualisé. Communale pour l'instit' qu'il fut, pour encore cette idée de partage, de transmission... Le chant de Bühler est, sinon de combat, au moins d'engagement. A l'évidence d'utilité publique. Il n'existe pas pour franchement distraire, encore que, mais pour témoigner, instruire, à la manière d'une gazette. Pour bien le situer, il nous faut tirer de l'oubli ce terme si beau d'éducation populaire qui, en des temps pas si lointains, allait de pair avec la chanson. Avant que celle-ci, par abandon autant que par vouloir, ne devienne majoritairement outil d'abrutissement... Ca fait cinquante ans que, avec un succès fluctuant digne des montagnes suisses, il chante les gens, la marche de ce monde qui ne sait vraiment que reculer, les méfaits de la mondialisation, la lutte des peuples à disposer d'eux-mêmes. Un chant toujours remis sur le métier, tissé d'humanité, frappé au coin du bon sens. Qui plus que jamais, se heurte au silence, à l'indifférence, et vit dans le maquis où il partage le sort des siens, d'autres artistes de sa trempe, de son caractère, rebelles et insoumis au seul fait qu'ils osent chanter quand rien ne les invite à le faire encore. Ce qui frappe au premier abord chez Bühler, c'est l'évocation des gens, des petites gens. Ceux qui, justement, n'ont jamais voix au chapitre. En cela, Michel Bühler est parent des François Béranger, Anne Sylvestre, Gilles Vigneault, Michèle Bernard et autres encore, qui font large place dans leurs vers à ces vies anonymes, aux espoirs et aux souffrances des peuples, aux lieux où ils vivent. Bühler est empathie, dont le chant rend justice aux déclassés, leur rend la dignité dont on les a spolié. Dans ses vers, les gens existent. Au moins, là, ils ne sont pas invisibles. Le chant de Bühler n'est pas "moderne" au sens des canons, des dogmes du moment : programmateurs et journaleux le raillent pour ça. Mais lui comme nous s'en contrefoutent : il est sans âge et survivra aux modes dérisoires et futiles, aux chanteurs qu'on produit en batterie, hors sol, aux chansons à l'obsolescence programmée, à peine chantée déjà oubliées. Il est d'un chant puissant qui existe depuis toujours et existera longtemps encore, qui trouvera toujours les sillons, les sentiers, les maquis s'il le faut, pour exister, pour instiller une différence qui, à ben l'écouter, n'est jamais qu'une expression de bon sens. Michel Bühler est de cette tradition de colporteurs de nouvelles, de chansons, de presqu

11/2022

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Poésie

Sur la voie abrupte

Jean-Claude Caër a pensé ce recueil durant cet étrange printemps 2020 où le gouvernement nous intimait de nous claquemurer et de limiter nos déplacements à l'essentiel. Plutôt que de rester à Montmartre sans pouvoir n'y rencontrer personne, Caër a décidé de retourner vivre avec sa femme dans la ferme même où il est né, à Plounévez-Lochrist. Ce retour amont sur les terres de son enfance semble l'avoir remis en contact avec tout un pays qu'il avait en partie refoulé lors de ses virées aux bouts du monde, celui, empreint d'une certaine raideur léonarde, de ses parents et grands-parents : "chaque route, chaque talus, chaque sentier / plongent vers les ancêtres" . Ce repaysement forcé est pour l'auteur l'occasion d'une inhabituelle mise à nu, alors même qu'il écrit depuis toujours une sorte de journal de sa vie en poèmes. Entre les ancêtres et lui s'établit un dialogue fait tantôt de connivence tantôt d'effroi : il faut d'ailleurs entendre ce mot d' "ancêtres" dans un sens large, qui recouvre à la fois ceux que la nature lui a donnés pour parents, et ceux qu'il s'est donnés pour maîtres parmi les grands morts : poètes, architectes ou sculpteurs (au cours de ses voyages d'avant et d'après le confinement, Caër se rend par exemple à Saint-Pétersbourg au musée Anna Akhmatova ou au cimetière non catholique de Rome où il se recueille sur les tombes de Shelley et Carlo Emilio Gadda). Reste que ses souvenirs les plus marquants lui sont redonnés en 2020 à travers le paysage immémorial de la Bretagne, où l'intermittent voyageur des confins qu'il est, angoissé par le désert d'hommes alentour, s'attache aux bernaches, ces oiseaux migrateurs en partance pour la Sibérie. Il y a quelque chose d'émouvant à voir Caër faire alors un usage quasi-magique d'objets, au premier rang desquels il y a la machine à écrire étiquetée du Vietnam qui lui vient du grand-père d'une amie, administrateur autrefois sur le territoire des Moï. En voyageant, en écrivant, Caër aura peut- être accompli sous le signe du bonheur ce que ses ancêtres, eux, auront fait, plus ou moins, par nécessité : au séjour contraint de son père en Allemagne pendant la guerre de 40 répond son propre désir - alors empêché - d'une marche en Forêt noire. Le recueil est composé de sept parties ; celle du confinement occupe le centre et donne la tonalité générale au volume qui, s'ouvrant sur une suite de poèmes en hommage discret à sa femme, s'achève, comme dans son précédent opus, sur une évocation de sa mère à l'agonie. Pour autant, ce livre quasi testamentaire, d'adieu au voyage ("Sur la voie abrupte, le monde ne reviendra pas".) n'est pas lugubre ; il est porté par une passion de la vie et un art de la légèreté qui se veut un peu japonais. Cäer évoque, dans l'esprit des haïkus, les sujets les plus graves sans jamais peser : "Après la pluie, les amis. / Après les amis / La neige. / Ah, quel délice ! "

04/2023

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Littérature française

Romans. 1936-1947

En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte "mutilé" et il déplorait "la perte du reste". Sans doute espérait-il que ce "reste" sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient. Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des "avant-textes" de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants. Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le "cycle de Ferdinand" n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe. Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie. Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,

05/2023

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Famille

Mères sans filtre. 8 récits intimes de déclics féministes pour libérer la parole sur la maternité

Dépression du post-partum, charge maternelle, fatigue extrême, inégalité dans la répartition de la sphère domestique... 8 autrices reconnues partagent le déclic féministe qui a accompagné leur expérience de la maternité, un recueil de récits intimes illustré avec délicatesse pour libérer la parole sur le sujet. Cinq ans après la vague #metoo qui a relancé le débat féministe et remis la libération de la parole à l'ordre du jour, cinq ans après la bande dessinée choc de la dessinatrice Emma qui a popularisé le concept de charge mentale, les mères mettent-elles au monde des bébés dans un monde égalitaire ? Apparemment pas constatent avec stupeur les huit autrices de ce recueil confrontées à une réalité loin de l'image d'Epinal de la mère parfaite et sa vie sans nuages qu'elles pensaient vivre. Comment traverser l'expérience de la maternité quand celle-ci se révèle une plus grande épreuve que prévue ? Pourquoi a-t-on tant de mal à parler des difficultés maternelles lorsqu'on y fait face personnellement ? Comment se détacher d'un récit collectif qui passe sous silence les inégalités dans la parentalité ? Une prise de conscience qui mène à un déclic féministe dont les autrices nous livrent le récit, chacune avec sa plume acérée et au travers de sa propre histoire. Ces témoignages émouvants dans lesquels de nombreuses femmes se retrouveront permettront de démystifier la maternité et de penser autrement le rôle de mère, car il est temps de poser un regard féministe sur l'intime. Les autrices contribuent ainsi à la libération de la parole sur la maternité, sujet resté dans l'angle mort du féminisme durant des années, et s'ouvrent ici sur des sujets variés : dépression du post-partum, charge maternelle, fatigue extrême, éducation égalitaire, parentalité queer. Camille Abbey lève le tabou social qui entoure la fatigue des mères. Anne-Sophie Brasme : après avoir frôlé le burn-out maternel, elle s'attaque au mythe de la mère parfaite qui élève un " enfant réussi ". Elodie Font : après un parcours de PMA, elle questionne le rapport ambivalent qu'elle s'est mise à entretenir avec son corps depuis qu'elle est mère. Renée Greusard raconte comment sa dépression post-partum lui a fait prendre conscience de la charge affective et mentale qu'elle portait, avant de s'en libérer Julia Kerninon parle de l'équilibre de vie pro-perso mis à mal par l'arrivée de son bébé, et du déclic féministe qui lui a permis de reprendre le pouvoir et revendiquer sa carrière. Gabrielle Richard : ayant construit une famille queer, elle s'interroge sur les attentes sociétales et patriarcales derrière le mot " maman ", qui norment le rôle de parent. Claire Tran nous confie la difficulté d'adopter une éducation non sexiste, et le déclic qui l'a poussée a cofonder l'association Parents féministes. Illana Weizman traite de l'injonction au silence qui est faite aux jeunes mères par la société, et qui l'a conduite à prendre la parole sur les réseaux et à cocréer le hashtag #MonPostPartum.

03/2023

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Littérature française

Romans. 1952-1955

En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte "mutilé" et il déplorait "la perte du reste". Sans doute espérait-il que ce "reste" sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient. Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des "avant-textes" de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants. Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le "cycle de Ferdinand" n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe. Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie. Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,

05/2023

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Littérature française

Romans. 1932-1934

En publiant Casse-pipe dans la Pléiade en 1988, Henri Godard parlait de ce roman comme d'un texte "mutilé" et il déplorait "la perte du reste". Sans doute espérait-il que ce "reste" sortirait un jour des oubliettes. Rien ne permettait alors de prévoir que ce seraient des milliers de feuillets, concernant des projets romanesques inconnus (Guerre et Londres), ou attestés mais perdus (La Légende du roi René et La Volonté du roi Krogold), ou encore déjà publiés en partie (Casse-pipe), voire en totalité (Mort à crédit et Guignol's band), qui referaient surface, comme ce fut le cas dans l'été de 2021. Les manuscrits n'avaient donc pas été mis au feu : ils hibernaient. Leur importance est considérable. Tous concernent la première moitié de l'oeuvre romanesque de Céline. Pour l'essentiel, ce sont des récits autonomes, et non pas des "avant-textes" de romans publiés par leur auteur (mais quelques-uns relèvent de cette catégorie et ils sont passionnants). S'ils peuvent avoir l'apparence de brouillons, ils ne sont les brouillons que d'eux-mêmes. Ils ont (au moins) deux intérêts : ils favorisent une meilleure compréhension de la manière dont l'oeuvre romanesque de Céline s'est constituée, et ils valent pour eux-mêmes, comme des récits inattendus et captivants. Que nous apprennent-ils ? Par exemple que ce qu'on appelle le "cycle de Ferdinand" n'a pas toujours été composé de Mort à crédit, de Casse-pipe et de Guignol's band (1936-1944). Que Guerre, Londres et le manuscrit retrouvé de Mort à crédit jouent un rôle dans l'affaire. Que la légende du roi Krogold (ou René) n'a cessé de passionner Céline. Ou encore que des liens étroits unissent Guerre et Casse-pipe. Les thèmes et la tonalité des récits retrouvés sont immédiatement reconnaissables : si les textes sont encore, stylistiquement, en chantier, leur univers, lui, est entièrement célinien. La découverte, dans Guerre, de personnages et de situations que l'on connaissait par Casse-pipe est l'une des émotions fortes que peut éprouver un amateur de Céline. On en dirait autant de la rencontre avec le Dr Yugenbitz de Londres, prototype du Clodovitz de Guignol's band. Ou de la présence, dans un récit aussi étrange que Krogold, d'une idée centrale dès Voyage, celle de la vie vécue comme une agonie. Pour recueillir ces nouveautés, deux volumes de la Pléiade ont été remis en chantier. Dans le premier (1932-1934), les textes réapparus en 2021 figurent sous un intitulé, Textes retrouvés, qui traduit leur statut et rappelle qu'il s'agit de manuscrits, non de romans mis au point par Céline. De même, dans le deuxième (1936-1947), les séquences nouvelles de Casse-pipe sont réunies sous la rubrique Scènes retrouvées. Quant aux éditions des romans publiés du vivant de Céline, elles ont été revues et enrichies d'appendices nouveaux. Du manuscrit et du dactylogramme de Voyage, qui n'étaient pas accessibles dans les années 1980, il a été tiré des transcriptions révélatrices. Le passionnant manuscrit de travail de Mort à crédit,

05/2023