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Décoration

René Crevel. Peintre, architecte, décorateur

Artiste prolifique, architecte décorateur, mais aussi peintre, René Crevel apporte une contribution décisive à la naissance et au développement du style Art Déco. Esprit novateur, il s'illustre dans de nombreuses disciplines, abordant avec une égale réussite des domaines aussi différents et exigeants que l'architecture et l'architecture d'intérieur, le mobilier, le papier peint et le tison, le tapis et la tapisserie, la céramique, l'émail, le vitrail ou la fresque. Entre les deux guerres, il signe de remarquables créations pour les prestigieuses manufactures françaises, Sèvres ou Limoges pour la porcelaine, J. Sarlandie pour la dinanderie et l'émail, Isidore Leroy, Essef, Geffroy ou Nobilis pour le papier peint, Aubusson pour les tapis et les tapisseries murales ou encore Krieger pour les meubles. Sa carrière est jalonnée d'importantes réalisations. Architecte d'intérieur et ensemblier, il conçoit l'entière décoration du Théâtre de l'Avenue (1924), aménage l'hôtel de Paris et la bijouterie Gustave Sandoz (1928), le restaurant les Tuileries et l'hôtel Continental, le magasin Frigéco, l'office du tourisme du Portugal (1931), agence l'hôtel Astoria (1933). On lui doit la création du bar de la société Técalémit (1932). Il dessine de nombreuses devantures de magasins, boutiques de luxe, bars et brasseries... Architecte, il construit en 1926 à Saint-Cloud sa villa dans le plus pur style moderniste. En 1930 son projet avant-gardiste d'autos-relais fait la couverture de la revue Je sais tout. En 1937 il trace les plans du Palais de l'Artisanat à l'Exposition Internationale des Arts et des Techniques, puis ceux de la Cité Ouvrière des Laboratoires pharmaceutiques Debat à Garches. Peintre, il poursuit une carrière commencée en 1915 dans le sillage des Nabis et du japonisme, laissant plus de 1000 oeuvres, huiles, gouaches, aquarelles et dessins. Il crée décors et costumes de théâtre, peint panneaux décoratifs et fresques... René Crevel est maintes fois primé par les jurys des grandes manifestations de l'époque. En 1925 cinq diplômes et médailles couronnent sa participation à l'Exposition Internationale des Arts Décoratifs. En 1929 il obtient un diplôme de Grand Prix l'Exposition française au Caire, en 1931 un diplôme d'Honneur à l'Exposition Coloniale. En 1937, lors de l'exposition Internationale des Arts et des Techniques, deux nouveaux diplômes d'Honneur et deux médailles d'or lui sont décernés. Cette première monographie consacre le talent de René Crevel, figure emblématique du mouvement art déco. Elle retrace sa vie et son parcours et aborde chacun de ses modes d'expression, de la peinture aux arts décoratifs et à l'architecture. Illustrée de plus de 1100 photographies, elle offre une contribution essentielle à la redécouverte d'une oeuvre qui occupe une place éminente dans l'histoire de l'art.

11/2019

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Droit

La prise en charge des personnes âgées dépendantes en établissement. Regards sur la crise du modèle français des EHPAD

Instaurés au crépuscule du XXe, siècle, les Etablissements d'Hébergement pour Personnes Agées Dépendantes (EHPAD) se sont imposés dans l'Hexagone comme le modèle d'accueil et d'accompagnement en institution des plus âgés en perte d'autonomie. La France est en effet actuellement l'un des Etats européens qui compte la proportion la plus élevée de personnes âgées résidant en EHPAD. Cependant une vingtaine d'années après leur création, ces structures traversent une crise multifactorielle. Avant même que les terribles conséquences de l'épidémie de la Covid-19 et son trop lourd tribut de morts ne braquent les projecteurs sur leur situation extrêmement difficile, cet ouvrage est né de la volonté de deux juristes de se saisir de la question de la prise en charge des personnes âgées empêchées en établissement ; car si la dépendance des seniors n'est pas une réalité intrinsèquement nouvelle, elle l'est néanmoins par l'ampleur inédite du vieillissement démographique actuel et à venir. Il est donc plus que jamais nécessaire de s'interroger sur les maux dont souffrent les EHPAD, leurs résidents ainsi que leur personnel. Comment la prise en charge des plus âgés a-t-elle évolué dans le temps pour aboutir à notre actuel système et avec quel mode de financement ? Quelles responsabilités pour ces institutions sont en jeu ? Les spécificités de ces patients, leur volonté et leurs droits sont-ils pris suffisamment en compte ? Sont-ils vraiment respectés ? Quid des soignants et de leurs conditions de travail ? Quelles réformes sont à mettre en oeuvre sans tarder ? Est-ce la fin annoncée d'un modèle ? Les diverses problématiques traitées et autour desquelles s'articulent les différentes contributions, sont regroupées en trois grandes parties. La première dans une dimension diachronique présente l'évolution de la prise en charge des plus âgés en établissement depuis le XVIIIe siècle. La seconde dresse un état des lieux sans concession des réalités médico-légales et éthiques de ces lieux de vie et de soins ; les effets dramatiques de la Covid-19 sur les droits et libertés des résidents y sont notamment abordés. Enfin la dernière plus prospective, s'intitule : quel avenir pour les EHPAD et leurs résidents. Dans une démarche scientifique pluridisciplinaire, sont donc réunies dans cet ouvrage seize contributions qui permettent de croiser les visions et analyses de juristes, historiens, médecins, sociologues, économistes et parlementaires sur les sources et les manifestations prégnantes de cette crise tant aujourd'hui que dans les années futures. Il y a en effet urgence à remédier collectivement à cette situation, afin que nos aînés dépendants puissent tous rapidement espérer bénéficier d'une prise en charge bienveillante, respectueuse de leur dignité, de leur intégrité et de leurs droits les plus fondamentaux.

12/2021

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Ethnologie et anthropologie

Citoyens du monde ?. Le sujet à l'oeuvre à l'échelle globale

Daniel Argelès, Meghann Cassidy, Heidi Knörzer, Chantal Schütz et Jeffrey Swartwood enseignent au département Langues et Cultures de l'Ecole polytechnique. Ils sont membres du Groupe de Recherche "Identités, Cultures, Histoires" (GRICH). Comment habiter la planète en citoyens d'un monde toujours plus global ? Cette question, les enseignants du Département Langues et Cultures de l'Ecole polytechnique ont souhaité l'explorer en commun. Depuis les spécificités de leur discipline, de leur "aire culturelle" ou de leur champ de recherche, ils ont observé la façon dont individus et groupes cherchent ou aspirent à se constituer en sujets en négociant à leur manière, dans leurs pratiques sociales ou culturelles, leur engagement ou leurs créations, les dimensions enchevêtrées du local et du global. Les contributions abordent des sujets extrêmement divers. Sous un angle très actuel, elles s'inté¬ressent au plurilinguisme chez les Ouïghours de France, à la notion de citoyenneté mondiale chez les Kurdes, aux manifestations vite devenues virales des femmes chiliennes protestant par le geste et la parole contre les violences sexistes lors du mouvement social d'octobre 2019. Dans une approche plus historique, elles explorent la fluidité des identités de caste chez les habitants de la San Diego coloniale, les modalités d'écriture de la conquête du Mexique par un conquis¬tador et un romancier mexicain du XXe siècle, les tribulations et la place du globe de Gottorp dans la Russie de Pierre le Grand à aujourd'hui, le parcours et l'engagement cosmopolitique d'un essayiste juif de Moravie émigré en France et aux Etats-Unis. Dans une optique plus littéraire, elles se penchent sur la façon dont la littérature et le cinéma contemporains appréhendent l'échelle globale : romanciers et poètes afro-américains et afro-britanniques contemporains cherchant à se définir dans l'espace de la globalisation et de la Relation chère à Edouard Glissant, interrogations d'un auteur québécois sur les possibilités d'habiter (et de représenter) le monde à l'ère des flux de containers sillonnant la planète, possibilités de résistance, chez un cinéaste de science-fiction américain, face au dystopies cosmopolitiques d'Empires à venir reflets de notre présent. Cet ouvrage fait suite à une journée d'étude éponyme qui s'est tenue à l'Ecole polytechnique en 2021, elle-même nourrie par un séminaire de lectures théoriques où les travaux d'Arjun Appadurai et de Stuart Hall ont fait écho à ceux de David Harvey ou d'Hartmut Rosa, les réflexions d'Amin Maalouf et de Rosi Braidotti à celles d'Anna Lowenhaupt Tsing ou de Michel Agier. Il s'inscrit également dans la continuité de deux ouvrages collectifs précédemment parus aux Editions de l'Ecole Polytechnique : le Détail à l'oeuvre (2012) et le Sujet à l'oeuvre (2018).

10/2023

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Histoire de France

L'oeil du pouvoir. Tome 3, Face au terrorisme moyen-oriental, 1981-1986

" Ce troisième et dernier volume de L'OEil du pouvoir, consacré à la période 1981-1986 du premier septennat de François Mitterrand, décrit les assauts répétés - et d'une ampleur exceptionnelle - des terrorismes de la scène moyen-orientale, ainsi que la politique suivie par le gouvernement français et les moyens qu'il utilisa pour y faire face. Jamais jusqu'alors la France n'avait été si violemment attaquée sur son territoire ou à l'étranger, principalement au Liban, pour l'action qu'elle menait afin de contribuer au retour à la paix civile de cette nation, déchirée par déjà six années de guerre fratricide ; pour participer à la difficile réconciliation entre Palestiniens et Israéliens ; enfin, pour avoir fait le choix stratégique du maintien de l'équilibre ancestral entre les mondes arabe et persan en fournissant des armes performantes à l'Irak. Le Liban, où les organisations et les moyens de la terreur florissaient, devint l'exutoire de ces trois conflits majeurs, dans le dédale des rivalités entre factions appuyées par la logistique des Etats qui trouvaient là l'occasion de prolonger leurs ambitions politiques et diplomatiques par l'usage de la violence. Face à ces terrorismes qui frappèrent si durement la France et les Français, civils et militaires - au total près de deux cents morts, des milliers de blessés, une vingtaine de compatriotes prisonniers pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, dans les geôles du Hezbollah libanais, dont l'un, Michel Seurat, ne devait pas revenir -, les gouvernements successifs de François Mitterrand ont été longtemps démunis, parfois impuissants. Quant à la volonté du Président de lutter durement contre le terrorisme, il l'avait lui même définie dans une formule lapidaire résumant sa position face au problème des otages français détenus au Liban : " Tout faire, sauf céder. " Mais l'appareil de lutte contre le terrorisme, inexistant à l'origine, fut long à se mettre en place et jamais performant à l'étranger. La nécessaire unité des acteurs politiques de la scène française fit trop souvent défaut, ceux-ci étant plus enclins à dénoncer leurs déficiences respectives qu'à faire bloc contre des adversaires habiles à exploiter leurs divisions, quand ils ne les suscitaient pas. Pire fut l'absence de communauté de vue et de solidarité dans l'action de la part des pays victimes des mêmes attaques terroristes. Pour illustrer ces constats, cet ouvrage abonde d'exemples, dont certains d'une douloureuse intensité dramatique. Avec le recul du temps, les enseignements à tirer de ces faits sont lumineux. Reste à espérer que si, par malheur, il était nécessaire de s'y référer dans l'avenir, ils seraient entendus. Au-delà du témoignage apporté sur la conduite quotidienne de la lutte antiterroriste, sur le rôle joué dans cette lutte par François Mitterrand et les responsables politiques, et au-delà de l'analyse des causes profondes de la plus violente campagne terroriste endurée par la France dans les années quatre-vingts, telle est l'ambition de cet ouvrage. " Gilles Ménage.

02/2001

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Histoire de France

Mesurer et analyser l'économie sociale. L'apport de l'ADDES depuis 1980

La période de l'entre-deux-guerres, plus que d'autres, est tout à la fois marquée par une combativité et une solidarité ouvrières intenses, dont le Front populaire constitue le point culminant, et une poussée nationaliste et xénophobe dont les travailleurs immigrés sont en grande partie la cible sur fond de crise économique. Dans ce livre, Maria Grazia Meriggi s'efforce de montrer comment cette double réalité trouve à s'articuler sur le lieu du travail, le terrain d'observation qu'elle a fait le choix –qui se révèle judicieux – de privilégier. S'appuyant sur un impressionnant travail de dépouillement d'archives (des archives syndicales aux archives de police), le résultat étonne par sa richesse. L'analyse des grèves en région parisienne (mais aussi dans le Nord) au cours des années 1920 et 1930, dans des secteurs parfois peu étudiés jusqu'alors, l'énergie déployée par certaines organisations syndicales en faveur d'une égalité de traitement entre ouvriers français et étrangers, l'action des sections "ethniques" de la MOI (Main-d'oeuvre immigrée), la propagande xénophobe et antisémite des "jaunes" et des ligues nationalistes sont autant de thèmes que l'auteure aborde ici avec une grande justesse. Surtout, cette analyse "par en bas" ne se fait jamais au détriment du contexte national et international qui est toujours parfaitement restitué dans ce livre auquel la montée des populismes donne hélas une actualité certaine. Peu de temps après la résurgence du concept d'économie sociale en France à la fin des années 1970, ses promoteurs – acteurs et chercheurs – constatent l'absence d'outils statistiques adaptés, rendant impossible toute mesure du poids réel de ce secteur économique. Convaincus que "tout ce qui ne se compte pas ne compte pas", ils fondent l'Association pour le développement des données sur l'économie sociale (ADDES) en 1983, avec pour mission première de peser en faveur de la création d'un compte satellite de l'économie sociale. L'organisation d'un colloque annuel contribue de manière décisive à la mise en réseau des principaux spécialistes de cette économie sociale devenue un objet d'études à part entière. Si, depuis cette date, l'ADDES a connu des évolutions – l'accentuation de son caractère interdisciplinaire (sociologues, gestionnaires et historiens se sont ajoutés aux économistes et statisticiens qui composaient ses premières instances), la création de deux prix de thèse et de mémoire en économie sociale, l'organisation de séminaires –, elle est restée fidèle à ses ambitions initiales et n'a jamais cessé d'être un lieu d'échanges au service de la reconnaissance de l'économie sociale, notamment au plan statistique. Dans cet ouvrage, Patricia Toucas-Truyen nous propose une histoire intellectuelle de ce laboratoire d'idées qu'est l'ADDES. En analysant les débats qui l'ont traversée, elle s'attache à retracer les problématiques et identifier les enjeux à l'oeuvre depuis trente-cinq ans dans ce champ aux frontières mouvantes renouvelé par l'économie solidaire et l'entrepreneuriat social.

10/2018

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Littérature française

La sablière - roman

Un jeune homme, inconnu, blotti dans la cabine du Berliet est arraché d'un mauvais sommeil par Manu qui le découvre là un beau matin en prenant son travail. Il s'appelle Idriz, il a fui le Kosovo en guerre, il est seul, égaré et démuni. Le camion dans lequel il a trouvé refuge appartient à Charlot, vieux et fatigué propriétaire de la sablière qu'il avait renoncé à faire tourner jusqu'à l'arrivée de Manu qui leur a redonné vie à tous les deux... A tous les trois si l'on compte bien... Charlot, Manu et la sablière. Puis, après plusieurs jours de luttes... A tous les quatre ! Malgré le temps qui passe, inexorable pour Charlot, rude pour manu, la sablière se voit devenir symbole de renaissance, d'espoir et inspire à Yves Turbergue, le titre de son nouveau roman. Yves n'a jamais envie de parler de tout, comme il l'écrit, pourtant il parle d'amour qu'il transcende, d'amitié qu'il vénère, de justice... sans commentaires, de destins perdus qu'il veut récupérables, de mauvais plis qu'il veut repasser et de la mort, aussi, bien entendu, qu'il croit apprivoiser... car il y a un ton Turbergue, des mots, des phrases Turbergue, des ponctuations ou pas, Turbergue mais surtout un coeur, une tendresse, une rudesse Turbergue , que la nostalgie effleure et teinte Artisan réservé plus qu'artiste volubile Turbergue maçonne les mots comme du mortier plus que ne les étale afin de ne pas dévier de sa recherche de la vérité et de la solidarité. Mais ne pas se méprendre, avec Yves Turbergue, la poésie se mêle de tout, du plus sentimental au plus tragique sans oublier trois petites notes de musique... Pas de chantier sans chansons, pas de nuit sans harmonica. Extrait : "Le ciel craque d'étoiles. Dans la nuit tiède, une odeur d'herbe humide monte des talus. Ca sent bon l'été dans la mesure où on a envie de coller une odeur à l'été. Vaguement malaise, Manu se traîne vers le campement-logis de son père. Il se collerait des baffes. Tout à l'heure à nouveau, il n'a pas osé aborder la gamine qui hante ses nuits et ses journées depuis le jour où pour la première fois il l'a vue danser. Quoique danser... Disons qu'elle se tortille du mieux qu'elle le peut sur le plancher surélevé d'une loterie cabane de foire. Un décor qui se prétend théâtre ambulant. Une scène, si l'on n'a pas peur des mots. Pauvre gamine risée de tout un parterre de cons, faite pour danser comme lui pour prendre la soutane. Amoureux oui amoureux non, il se demande. Toujours est-il qu'il la poursuit de samedi en samedi, de ville en village depuis qu'a commencé la saison des fêtes foraines sur le secteur. Il voudrait... il faudrait... il pourrait... Il n'ose pas".

11/2016

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Sports

Je ne suis pas un saint

Il est des personnages au destin atypique, dont la vie est une succession de chapitres aussi aventureux que dissemblables, portant avant tout la marque de la liberté. Max Guazzini est de ceux-ci. Dans son parcours, rien d'attendu, de stable, une réinvention permanente au contraire, la traversée d'univers singuliers, une quantité de rencontres exaltantes, et toujours l'audace, le goût du risque, une certaine vision, une certaine foi même qui ont apporté à tout ce qu'il a entrepris le bonheur de la réussite, le sens de la fête, un éclat particulier, une folie. S'il n'est pas un saint, Max Guazzini, qui a grandi à Marseille, dans une famille d'origine italienne, a été marqué dans son enfance par le catholicisme ; il s'en est même fallu de peu qu'il suive la vocation religieuse. Cet élan continuera de l'inspirer, donnant à toutes ses actions, même les plus décalées, la forme d'un engagement. « Monté » à Paris, étudiant en droit et en philosophie au début des années 1970, Max rêve de devenir chanteur et enregistre deux disques. Il rencontre surtout Dalida, dont il deviendra l'un des intimes, et l'attaché de presse après avoir renoncé à son espoir de percer dans le show business. Il se réinvente en avocat pénaliste et, plongé au cœur de grandes affaires, passe son temps en prison, avant de devenir l'un des fondateurs de NRJ dont il fera, dans la fièvre des radios libres naissantes, la fréquence la plus innovante, la plus excitante, la plus populaire de la bande FM et finalement la plus écoutée des radios, vivant à sa tête de passionnantes années de succès et de rencontres. La saga d'NRJ culminera dans la grande manifestation de 1984 rassemblant 300 000 personnes pour empêcher une fermeture décidée par le pouvoir. Cette passion, Max Guazzini la retrouvera dans ce qui sera la deuxième grande aventure de sa vie : le Stade français. Appliquant à la présidence d'un club de rugby le même esprit d'innovation et de fête, le même enthousiasme et la même spontanéité que ceux déployés à NRJ, il va transformer une équipe de quatrième division en plus grand club français, et changer la face du rugby sinon du sport par son goût de la grandeur et son sens du spectacle. Max Guazzini nous entraîne ici dans les coulisses du monde de la musique, dans les vestiaires, sur les terrains et dans les troisièmes mi-temps du rugby, dans les studios de radio, auprès des artistes, des sportifs, des hommes de médias, des politiques. Madonna, Alain Delon, Johnny Hallyday, David Bowie, Mick Jagger, Paul McCartney, François Mitterrand, Jacques Attali, Bertrand Delanoë, Nicolas Sarkozy, Bernard Laporte, Fabien Galthié, Christophe Dominici et encore Jacques Morali, ou la fameuse Denise, figure du club libertin le 41, sont ainsi quelques-uns des héros de son histoire, à côté de Dalida. Le récit de sa vie, sensible, passionné, drôle, mouvementé, offre un festival de portraits et une singulière traversée de notre temps, des années 1950 à nos jours, faisant vivre sous un nouveau jour des personnages et des événements familiers.

03/2017

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Sociologie

Oeuvres complètes. Tome 15, Le mythe vertuiste et littérature immorale

En été 1910, Pareto s'aperçoit, en mettant de l'ordre dans les matériaux recueillis pour le Traité, qu'il a réuni une grande gerbe de faits pour illustrer la théorie des "dérivations". S'il avait placé tous ces faits dans le Traité, il aurait rendu encore plus lourd un livre qui avait déjà des proportions gigantesques. Que faire? Les journaux étaient remplis d'articles sur la pudeur, de défenses de la décence. Les ligues vertuistes prospéraient et se manifestaient ouvertement, de sorte que la tendance que ces faits illustraient pouvait intéresser le public. Et voilà que Pareto soustrait alors au Traité une poignée de fiches qui avaient été recueillies pour lui et il écrit en moins de trois mois Le Mythe vertuiste et lu littérature immorale. Ce petit livre nous révèle quelles lectures Pareto avait faites et leur abondance: aux classiques latins et grecs se sont ajoutés les textes chrétiens recueillis par Migne, qui, dans sa bibliothèque de Céligny, étaient rangés à côté des Satires et des Epîtres de Boileau, des écrivains de l'Encyclopédie et des œuvres complètes de Voltaire et de Machiavel. Le Mythe peut-il être considéré comme la manifestation la plus brillante du tempérament voltairien de Pareto? Assurément l'humour y est brutal, la perspicacité psychologique, le sens de la perception juste, le réalisme de l'observateur capable d'entrevoir le détail atroce et révélateur. Pareto dénonce et se moque, il ensevelit ses malheureux adversaires sous une avalanche de sarcasmes, il use et abuse d'une érudition historique qu'une édition critique du livret révélerait facilement chaotique et parfois même incertaine. L'histoire antique, médiévale et moderne est lancée, avec violence et amertume, à la tête des vertuistes d'hier et d'aujourd'hui. Bien que cet opuscule soit animé, d'un bout à l'autre, d'une indignation sincère, d'un sens de la protestation très véhément, d'une irrévérence joyeuse, on oublie facilement que Le Mythe est un écrit sociologique et que Pareto lui attribuait, sans vanité aucune, la dignité d'une recherche sociologique objective. Il ne s'agit pas simplement d'un avertissement ou, comme on l'a dit, d'une "longue digression" née de l'accumulation trop rapide de notes et de documents en vue de l'énoncé définitif de la doctrine des dérivations. Peut-être la vocation d'écrivain maudit et l'antipathie, quasi épidermique, pour les moralistes de toutes espèces, ne furent-elles pas totalement étrangères à la décision d'écrire Le Mythe vertuiste. Ce petit livre est une introduction, d'allure légère, à la théorie des dérivations. Du reste, la correspondance parétienne confirme cette interprétation: peu d'allusions au livret (et Pareto n'était pourtant pas avare d'indiscrétions sur ses travaux en cours) mais un vrai torrent de renseignements sur la doctrine des dérivations et sur celle des résidus. C'est parce que Le Mythe... et le Traité formaient un tout dans l'esprit de Pareto. Le livre fournit, en fait, un répertoire détaillé d'une classe particulière des dérivations, et en même temps, à partir d'une classe bien déterminée, la documentation qui dans le Traité sera placée dans une perspective plus grande et plus juste.

01/1971

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Droit des personnes

Le consentement

Après plusieurs affaires en matière d'abus sexuels et la sortie du livre de Camille Kouchner, La familia grande (Le Seuil 2021) qui relate l'inceste qu'aurait subi son frère à l'adolescence, le Parlement a adopté, le jeudi 15 avril 2021, une loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. Lorsqu'il s'agit de vérifier l'existence d'un viol, le consentement des enfants était examiné pendant le débat judiciaire¿ ; le non-consentement des mineurs de 15 ans est dorénavant établi par la loi. Notre environnement moral et libéral ne nous prépare pas à la complexité de la situation de l'individu et de sa volonté. Théoriquement, tout est simple. L'individualisme représente les hommes comme une collection d'individus totalement séparés. Leurs volontés apparaissent évidentes et singulières. Juridiquement, tout est compliqué. La volonté reste équivoque. Car les hommes ne sont pas séparés sans être liés dans un milieu social et politique. Ce sont alors les déterminations culturelles, économiques, psychologiques ou politiques qui ne rangent pas tout le monde dans des fonctions sociales préétablies (citoyen, salarié, consommateur, mari, mineur, etc.) sans peser sur le consentement. Nos travaux se proposent de contextualiser le consentement en analysant son intervention dans diverses branches du droit et dans la société. Ils mettent en évidence des débats et des incertitudes qui règnent autour du consentement du citoyen, du salarié, de l'assuré, de l'artiste, du chargeur dans le contrat de transport maritime, de l'utilisateur d'une carte de crédit, du bénéficiaire d'un droit au logement, d'acteurs locaux devant des décideurs industriels... Le consentement apparaît comme une notion fondamentale, mais complexe. - Fondamentale, puisque nos systèmes juridiques, éthiques et politiques en font un critère cardinal pour distinguer les actions qui seront reconnues ou repoussées par la société : la relation sexuelle consentie et le viol par exemple. - Complexe, car le consentement ne se manifeste jamais comme une volonté isolée et omnipotente, en raison de l'interdépendance des acteurs dans une vie collective. A l'ère de l'Anthropocène et de la pandémie, l'Etat dirige encore plus rigoureusement l'individualité, pour des impératifs de santé publique. Quel consentement dans une communauté politique et un monde où personne ne se débarrasse de l'autre et de son influence, voire de sa contrainte ? Traditionnellement, un système juridique envisage mieux le consentement quand il n'est pas là ! En droit civil, la théorie des vices du consentement caractérise dans le détail les défaillances du consentement, mais elle laisse dans l'ombre sa définition positive. L'histoire nous montre d'ailleurs que les juristes ont cherché la participation de l'homme aux institutions et aux obligations dans des faits différents, selon les cultures et les époques. Avant la modernité, le consentement ne se libère pas de rites et de la religion : le mélange des sangs (blood-covenant), la communion alimentaire, la tradition (la remise d'une chose), le serment, l'imposition des mains... La modernité juge ces conceptions superstitieuses et dépassées. Est-elle plus avancée, en requérant la simple manifestation de volonté ? A-t-elle réussi à établir une volonté libre et éclairée ?

12/2021

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Autres

Philosophie N° 149, mars 2021 : Raymond Ruyer

Ce numéro est tout entier consacré au philosophe français Raymond Ruyer (1902-1987). Il s'ouvre sur une lettre de Ruyer à Piaget du 16 octobre 1965. Elle fait suite à la sévère critique que Piaget avait faite de ses Eléments de psycho-biologie où, tout en reconnaissant dans l'ouvrage un certain effort d'information, celui-ci opposait une fin de non-recevoir aux explications des faits par une métaphysique du potentiel et condamnait le recours, jugé purement verbal, à des notions telles que "finalité", "potentiel", "psychisme". On y lira les arguments que Ruyer oppose à la thèse selon laquelle la philosophie n'apporte aucune connaissance véritable, ce privilège étant réservé à la science expérimentale. Dans "Ruyer et les leçons de l'instinct", André Conrad s'attache au problème de la différence anthropologique. Pour l'éthologie compréhensive (Fabre, von Uexkiill, Buytendijk), l'instinct est une embryologie continuée selon une action thématique, et non selon le mécanisme à "déroulements autonomes" (Lorenz, Tinbergen) ou des "comportements régulés". Si l'homme est séparé de l'animal par l'originalité de la fonction symbolique (Cassirer, Langer), l'action thématique ne sépare pm l'embryologie sociale (culture et politique) du mystère de la vie, ce qui fait à la fois comprendre 1a différence et la communauté des vivants. Dans "Etre ou avoir son corps : à propos de trois genres de multiplicités chez Ruyer", Benjamin Berger s'attache à éclaircir le statut du corps dans la philosophie de Raymond Ruyer. Ce dernier se situe au carrefour de deux axes cruciaux, celui de la manifestation et celui des multiplicités, et constitue le lieu de connexion entre la phénoménologie et l'ontologie, de même qu'entre une philosophie de l'incarnation et une philosophie du corps vivant. Dans "Raymond Ruyer et la cybernétique", Alix Veilhan s'intéresse à la lecture ruyerienne des théories rybemétiques, notamment à la façon dont le dialogue avec les thèses formulées par Norbert Wiener permet à Ruyer de soutenir l'hypothèse d'une origine "transspatiale" de l'information et de démontrer l'inadéquation du mécanisme pour élaborer une pensée du vivant. Ruyer invite alors à l'établissement d'une cybernétique renouvelée, en accord avec "éo-finalisme". Dans Rayer, Leibniz et l'unité des corps o, Bertrand Vaillant s'attache à un problème que Rayer hérite de Leibniz, celui de l'unité des corps, et examine à la lumière de cet héritage lebniziu sa résolution au sein de la métaphysique panpsychiste de Ruyer, conçue par ce dernier comme une "monadologie corrigée". L'auteur cherche à montrer que cette philosophie, pensée pour échapper aux difficultés de la monadologie leibnizienne, n'y parvient pas réellement. Dans "Le rapport de Rayer à Whitehead", Fabrice Colonna cherche à établir quelle est la présence exacte de Whitehead dans l'oeuvre de Ruyer. Les points de rapprochement incontestables entre les deux penseurs concernant l'importance de la métaphysique, la critique du schème matérialiste et la pertinence d'un platonisme renouvelé ne doivent pm faire oublier les différences d'accent, qui se manifestent tant au sujet de la question des composés que de certains principes de la théologie spéculative, à laquelle l'un et l'autre auront frayé des voies originales. D. P.

03/2021

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Immigration

Les 21 du Porthos

Le 13 décembre 1920 à Marseille, quelques centaines de jeunes Chinois débarquaient du paquebot Porthos en provenance de Shanghai. Parmi eux se trouvaient vingt-et-un Coréens (dont Li Long-Tsi, le père de l'auteur) qui avaient quitté leur pays annexé par le Japon. En Occident, ils espéraient rencontrer la modernité qui, à leurs yeux, avait manqué à la Corée pour ne pas être écrasée par les rivalités des empires de l'Extrême-Orient. Les Vingt-et-un du Porthos retrace quelques-uns de ces destins, de même que celui d'autres Coréens arrivés par d'autres voies dans l'Europe de l'entre-deux-guerres, et plus longuement la vie de Li Long-Tsi qui, quant à lui, a été conduit à délaisser ses projets de carrière pour finalement faire souche dans la société française. Pour cette recherche, l'auteur n'avait au départ qu'une photo de groupe des vingt-et-un, prise à Paris au lendemain de l'arrivée du bateau, une interview enregistrée sur cassette en 1983 et quelques maigres archives d'autant plus difficiles à déchiffrer que tout cela avait été découvert bien tardivement, après le décès de Li Long-Tsi. L'intérêt récent des Coréens d'aujourd'hui pour la diaspora coréenne du début du vingtième siècle, ravivé par le centenaire de la grande manifestation patriotique du 1er mars 1919 à Séoul, a entraîné d'autres enquêtes. Des noms ont pu être mis sur quelques visages, des parcours de vie sont apparus, ainsi que des amitiés et des séparations. Le livre parle des raisons de l'exil, de la difficulté d'être issu d'un milieu pauvre, de la chance d'avoir le goût d'apprendre. Il montre le bonheur des rencontres amicales ou amoureuses, le drame de voir de loin sa patrie en proie à la guerre, la consolation d'avoir une descendance. Il raconte des vies prises dans l'histoire mondiale et bousculées par les grands enjeux de géopolitique au vingtième siècle. Certaines de ces vies furent prestigieuses, et d'autres modestes, une occasion de s'interroger sur les idées de réussite, de mérite et de transmission. Ce livre devrait rencontrer ceux qui s'intéressent à l'histoire des relations entre Asie de l'Est et Europe, aux parcours d'immigration en France et aux diasporas, mais aussi plus largement il espère toucher ceux qui seront sensibles au récit d'une vie singulière du vingtième siècle. Il pourrait aussi donner lieu à des adaptations pour un public coréen. L'AUTEUR Antoine Li est le cinquième des six enfants que Li Long-Tsi a eus avec Madeleine Koechlin. Né en 1946, il a vécu mai 68 à l'Ecole Polytechnique et s'est réorienté vers l'architecture qu'il a étudiée en Suisse. De retour en France, il s'est alors consacré à inculquer les sciences et les techniques aux futurs architectes. Il est aujourd'hui retraité. Ayant eu l'occasion ces dernières années d'accumuler de nombreuses notes sur la vie de son père comme de ses compatriotes, il a décidé d'en faire un livre.

04/2023

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Compositeurs

Luciano Berio. Coro

Coro de Luciano Berio est l'une des oeuvres magistrales de la musique récente, une oeuvre qui marque l'aboutissement du travail que le compositeur a effectué sur la voix. Composée entre 1974 et 1976 pour une formation insolite de 40 chanteurs et 40 instrumentistes disposés sous forme d'autant de duos voix et instrument, l'oeuvre fut créée en 1976 à Donaueschingen sous la direction du compositeur, puis augmentée d'une partie supplémentaire, à Graz en 1977 sous la direction de Leif Segerstam. Dans sa forme, elle présente une alternance entre des parties solistes et des parties chorales : les premières croissent jusqu'à rejoindre les secondes, les duos s'additionnant les uns aux autres, les secondes décroissant jusqu'à devenir des parties solistes. Berio croise également des textes de provenance diverses : d'une part des poésies pour la plupart anonymes, qui glorifient l'amour, d'autre part, un poème de Pablo Neruda qui renvoie à la répression d'une manifestation populaire et au sang qui coule dans les rues. La musique elle-même est faite d'emprunts à différentes musiques populaires, y compris celle des Pygmées révélée par l'ethnomusicologue Simha Arom, qui joue un rôle important ; ces différentes sources sont absorbées par le langage personnel de Berio. Cette fresque d'une heure environ est donc plus qu'une oeuvre de musique destinée au concert : comme Sinfonia composée quelques années plus tôt, elle pose des questions éthiques, politiques et esthétiques, exprimant à travers la musique l'utopie d'une assemblée humaine faisant fi des différences de culture et d'identité. En ce sens, Coro pourrait être perçu dans le sillage de la Neuvième Symphonie de Beethoven, comme un hymne à la fraternité et à la liberté. L'oeuvre offre des perspectives constamment changeantes, tantôt à partir des individus, qui se multiplient, tantôt à partir de la masse, qui se divise et emporte l'auditeur dans son flux ininterrompu, d'une expressivité et d'une vitalité irrésistibles. Alain Poirier donne un grand nombre de clés pour mieux pénétrer le sens de cette oeuvre. Il offre d'abord une remarquable synthèse de la musique et de la pensée de Berio, puis aborde sa manière de traiter les relations entre texte et musique, qui constituent un aspect essentiel de son style. Etudiant les diverses facettes de Coro, il s'attarde tout particulièrement sur la manière dont Berio a construit le soubassement harmonique de l'oeuvre, qui lui confère son unité, sa cohérence profonde. C'est la partie la plus analytique de cette étude par ailleurs tout à fait abordable par les profanes. Dans un chapitre conclusif, il s'attache à l'impact de l'oeuvre et à sa réception. Curieusement, cette oeuvre majeure du répertoire contemporain n'avait pas fait jusque-là l'objet d'une étude approfondie. Sa diffusion a sans doute été freinée par un dispositif vocal et instrumental particulier, non standard. Mais Coro n'en demeure pas moins une des réussites les plus éclatantes de la musique récente, une oeuvre d'une immense générosité, et qui ne peut laisser indifférent.

03/2023

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Musique

Spectres n° 03. Fantômes dans la machines

L'expression "fantôme dans la machine" a trouvé naissance dans un contexte particulier, celui de la critique du dualisme cartésien séparant l'âme et le corps, renouant ainsi avec un certain matérialisme mécaniste. Pour le dire simplement, cette approche nie l'existence d'une âme indépendante (le fantôme) qui serait véhiculée par un organisme corporel (la machine). Elle affirme, au contraire, que "l'âme" n'est qu'une manifestation du corps et ne fait qu'un avec lui. Si cette question est encore délicate à trancher, risquant à tout moment de glisser dans le registre des croyances, elle se réactualise à présent autour de l'émergence des intelligences artificielles : est-ce qu'une telle intelligence existe ? Ne se réduit-elle pas à la somme des opérations binaires qui la génère ? Et qu'est-ce au juste que l'artificiel ? L'artificiel porte toujours en lui un fantasme d'émancipation, d'autonomie et de rupture avec un ordre supposé naturel des choses. Il est subversif. L'IA, en tant, justement, qu'artificielle, embrasse une telle subversion, hybridant les mythes prométhéen et faustien, augurant tout autant de promesses que de dangers potentiels, poussant les enjeux aussi haut que la survie ou l'extinction de l'humanité. A ce titre, le domaine de la création musicale fait figure d'avant-poste. Il est à la fois un terrain d'exploration des applications possibles de l'IA et un domaine possédant déjà une histoire assez longue dans l'intégration des machines et leur puissance de calcul dans le processus de création. De la composition algorithmique aux méthodes de resynthèse, de l'approche logique à la création de systèmes cybernétiques, de la naissance de l'informatique musicale aux réseaux de neurones, la musique, depuis plus d'un demi-siècle, a entamé un dialogue ininterrompu avec l'univers binaire des flux d'électrons et des systèmes de plus en plus complexes qui les gouvernent. Les textes réunis ici racontent, chacun à leur manière, une face différente de ce prisme étrange que forme une telle alliance. Ils projettent chacun un spectre particulier, révèlent un fantôme, et évoquent une apparition composite d'idées, d'électricité et d'opérations. Ce livre ne se destine donc pas à essayer de trancher le noeud gordien que constitue la question des possibles devenirs et mutations de la logique binaire, et notamment de son dernier avatar, l'IA. Il propose au contraire d'apporter un éclairage multiple sur les manières possibles de s'en emparer, des rêves, des promesses et des doutes que ces devenirs soulèvent, qu'ils s'actualisent dans la création de codes et de programmes pour chevaucher les sons, qu'ils insufflent tout un projet compositionnel, qu'ils révèlent l'algorithmique chez l'humain ou encore qu'ils s'emparent directement de la rédaction du texte lui-même, se hissant à la hauteur de l'auteur. Mais plus que tout, l'enjeu, ici, est d'établir en quoi ces devenirs peuvent résonner et comment cela se manifeste, au travers de toutes ces démarches, de tou

10/2021

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Sociologie

Filmer les grands ensembles. Villes rêvées, villes introuvables, une histoire des représentations audiovisuelles des grands ensembles (milieu des années 1930 - début des années 1980)

Depuis plusieurs années, la ville au cinéma est devenue un objet d'histoire. Des ouvrages majeurs de chercheurs ont mis en évidence la place des grandes villes et des banlieues en tant que personnage dans le cinéma contemporain. Cet ouvrage analyse l'évolution des images filmées des grands ensembles, depuis le milieu des années 1930, moment où les prototypes en sont édifiés, jusqu'au début des années 1980 où l'on envisage leur démolition partielle. L'auteur confronte ainsi les regards filmiques du ministère (MRU, ministère de la Reconstruction et de l'Urbanisme), institution qui a contribué à l'édification des grands ensembles, de la télévision, média qui est né et s'est épanoui en même temps qu'eux, et du cinéma. Explorant ces trois sources - télévision, films institutionnels et cinéma - l'auteur fait l'histoire des représentations audiovisuelles des grands ensembles. L'origine des films est de nature différente : films de commande, reportages, documentaires de création, fictions. Ce livre s'inscrit dans la collection " Lieux habités " des éditions Créaphis, dédiée à l'espace habité, qui regroupe des textes et des documents en histoire urbaine, architecture, urbanisme, sociologie et anthropologie de l'habitat. Parmi les ouvrages publiés : Belleville, Belleville, visages d'une planète, Françoise Morier, Claire Reverchon (dir.), 1995, rééd. 2003 ; Le monde des grands ensembles. Europe, Asie, Afrique, Moyen-Orient, Frédéric Dufaux et Annie Fourcaut, (dir.) 2004 ; La rue, village ou décor ? Deux rues à Belleville, Eric Charmes, 2006 ; Paris/Banlieues. Conflits et solidarités, Annie Fourcaut, Emmanuel Bellanger, Mathieu Flonneau, 2006 ; Désirs de toit, sous la direction de Danièle Voldman, 2011 ; Belleville, quartier populaire ? , sous la direction de Roselyne de Villanova et Agnès Deboulet, 2011 ; Hôtels meublés à Paris, enquéte sur une mémoire de l'immigration, Céline Barrère et Claire Lévy-Vroelant, 2012 ; Villagexpo, Anne Bossé et Marie-Laure Guennoc, 2013 ; Le Bocage pavillonnaire, Pauline Frileux, 2013. A noter aussi en format poche : Pour la ville, Guy Burgel, 2012 ; Villes en crise. Les politiques municipales face aux pathologies urbaines (fin xviiie-fin xxe siècle), Yannick Marec (dir.), rééd. en poche 2008. Camille Canteux docteur en histoire contemporaine, est professeur certifié d'histoire-géographie et enseigne depuis plus de dix ans en Seine-Saint-Denis. Ses recherches sur la banlieue se sont orientées plus précisément vers les grands ensembles, qui commençaient alors à être analysés par les historiens, dont elle a souhaité analyser l'image à travers un corpus audiovisuel original puisqu'il étudiait conjointement des films de natures très différentes.

10/2014

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Beaux arts

Les Civilisations de l'Islam

L’islam est une religion caractérisée par un monothéisme absolu et rigoureux. Sa vision du monde est simple et radicale, indifférente aux spécificités historiques, culturelles et raciales des personnes qui y adhèrent. En l’espace de quelques années après la mort de Mahomet, les armées islamiques, initialement formées d’Arabes, puis de divers peuples assujettis et convertis, conquirent des territoires immenses qui avaient vu fleurir la civilisation gréco-romaine puis judéo-chrétienne en Occident et la civilisation perso-zoroastrienne en Mésopotamie, remportant un succès éclatant. Quelques décennies plus tard, l’islam pénétra en Europe, conquérant l’Espagne et une partie de l’Italie du Sud, franchit le désert du Sahara pour convertir les populations d’Afrique noire en se superposant aux cultes locaux, et s’étendit aux vastes régions asiatiques jusqu’à atteindre l’Inde et rencontrer les cultes védiques et le bouddhisme, tandis que vers le nord il s’introduisait en Transoxiane (aujourd’hui l’Ouzbékistan), surpassant les conquêtes d’Alexandre le Grand lui-même, pour atteindre les frontières de l’empire chinois. Sur le plan de la culture et de l’expression artistique, le monde islamique assimila les énergies créatrices, les techniques et les coutumes des peuples assujettis, extraordinairement riches et diverses, et sut les refondre en une expérience complètement nouvelle et originale, tout en restant fidèle à la révélation coranique, qui impose à tout croyant de suivre ses préceptes et de répandre sa doctrine. Celui qui embrasse l’islam, considéré comme la seule vraie religion, fait alors partie du Dar al-Islam, la « maison de l’islam » : des concepts ancestraux tels que nation, race, activité, culture deviennent alors, du moins en théorie, dénués de signification. L’ensemble du monde islamique parle la même langue, l’arabe, la langue du Coran, dont les lignes directrices ont façonné les différentes traditions culturelles avec une homogénéité surprenante – homogénéité qui a caractérisé, et qui imprègne encore, la culture et le vécu spirituel et politique de centaines de millions de personnes et de nations entières. À l’intérieur de cet horizon culturel commun se sont élaborés au fil du temps des langages artistiques et des coutumes nationales, à travers la réémergence graduelle – quoique au sein de l’identité islamique commune – d’énergies locales vigoureuses, auxquelles l’arrivée de nouvelles populations et les déplacements pour motifs religieux, commerciaux et scientifiques ont apporté par la suite des éléments féconds. Tout discours de caractère général, comme les sujets abordés dans cet ouvrage, doit donc être pris comme une indication globale, à approfondir et clarifier parfois. Il est clair, par conséquent, que dans ce monde islamique diversifié existent côte à côte des réalités culturelles, spirituelles et artistiques d’une richesse et d’une complexité remarquables, mais le substrat commun éthico-politico-religieux, inséparable dans ses composantes, a donné naissance et produit encore des manifestations bien reconnaissables, unies par une spécificité que l’on peut définir comme islamique.

04/2010

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Littérature française

Chère brigande. Lettre à Marion du Faouët

La silhouette libre et rebelle de Marion du Faouët, « Robin des bois » bretonne qui, dans les premières années du XVIIIe siècle, prenait aux riches pour redistribuer aux pauvres, n'a cessé d'accompagner Michèle Lesbre, traversant comme un feu follet certains de ses précédents livres (notamment Le Canapé rouge, voir citation infra). Parce qu'une femme aux cheveux roux prénommée Marion, qui avait élu domicile dans une boutique désaffectée en bas de chez elle, a soudain disparu après quelques mois de vie miséreuse, les traits de l'autre Marion, la « chère brigande », se superposent à ceux de la SDF parisienne, sorte de contrepoint au désarroi de n'avoir pu lui porter secours. Michèle Lesbre, comme pour conjurer le désenchantement et la pesanteur du monde d'aujourd'hui, décide de partir sur les traces de la Bretonne. Si la longue lettre qu'elle lui adresse va donner chair et corps à la voleuse au grand coeur, elle sera également pour l'écrivain l'occasion d'un texte très personnel – le « je » narrateur, cette fois, est bien celui de l'auteur –, où ses propres désirs, ses utopies et ses révoltes se confondent avec ceux de Marion. Dans le train qui conduit Michèle Lesbre à Quimper, les souvenirs de la vie de Marion reviennent par bribes, qui tendent un miroir à la jeune femme qu'elle a été et dont la conscience politique s'est éveillée avec les tragédies de l'histoire : à dix-huit ans, alors qu'elle découvrait la cruauté des hommes lors des premières manifestations contre la guerre d'Algérie, Marion, elle, créait sa bande de brigands. Avec ses comparses recrutés parmi ses proches, elle allait écumer les bois, redresser les torts, forcer les riches fermiers à partager leur blé avec ceux qui, dans une Bretagne exsangue, n'avaient rien. Le Faouët, les monts d'Arrée, Quimper : tous ces lieux où Marion a grandi et que Michèle Lesbre arpente, évoquent chez la narratrice la fougue et la générosité de son indomptable héroïne. Et même s'il lui arrivait d'administrer quelques coups de bâton, la « chère brigande » se contentait de frotter à l'ortie les réfractaires. La vraie violence, celle des soldats qui ravageaient la campagne, violaient les femmes, pillaient les paysans, a fini par s'exercer contre elle et ses complices, vite jetés en prison, torturés, puis exécutés. Michèle Lesbre, dans ce texte lumineux – qui nous parle aussi d'elle, de nous, du monde dans lequel nous vivons – nous donne à entendre le rire d'une gamine formée à l'école de la vie, d'une grande amoureuse et d'une femme insoumise que l'injustice a mise en marche. Sa belle lettre s'achève ainsi : « Dors tranquille, chère brigande, tu m'as sauvée pendant quelques jours de notre démocratie malade, des grands voleurs qui, eux, ne sont presque jamais punis parce qu'ils sont puissants, de ce monde en péril. Tu n'étais pas un ange, mais les anges n'existent pas. »

02/2017

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Histoire littéraire

Les Labyrinthes. Vingt mille ans de métamorphoses

Ce volume est le premier consacré, avec cette ampleur, à un thème universel : la figure du labyrinthe depuis les temps préhistoriques jusqu'à nos jours dans tous les domaines de la création. L'origine du labyrinthe se perd dans un passé immémorial mais sa résurgence à toutes les époques, sous les avatars les plus divers, prouve qu'il n'a jamais réellement disparu de la mémoire collective. Encore aujourd'hui nombre d'architectures labyrinthiques sont au coeur de nos modes de représentation et de nos usages. L'impressionnant réseau de sens et de formes de ces figures nécessitait une pluralité d'approches disciplinaires ; l'archéologie, l'histoire, la géographie, l'anthropologie, l'architecture, l'urbanisme, la sémiologie, la poésie, la musique, la littérature, les arts modernes et contemporains sont ici convoqués pour rendre compte de la grande diversité de leurs manifestations, de leur richesse interprétative, comme de la complexité de leurs influences culturelles. Une documentation iconographique importante courant depuis les temps paléolithiques jusqu'à notre ère planétaire accompagne les contributions des auteurs. L'art pariétal, le mobilier préhistorique, l'artisanat, l'architecture, les arts graphiques et paysagers participent de ce corpus d'illustrations qui éclaire les phénomènes complexes de variations, répétitions, circularités, détours et autres progressions à rebours caractéristiques des graphies labyrinthiques. En ce sens, les schémas, cartes, dessins au trait, gravures, partitions musicales, calligraphies, photographies se révèlent indispensables à la compréhension des différents types de labyrinthes. La première partie - de la préhistoire au Moyen Age - est en bonne part consacrée à l'examen de la genèse et des évolutions d'un labyrinthe classique appelé communément " de type crétois ". Il symbolise un cheminement initiatique, un itinéraire de salut, un support de procession méditative ou de pratiques liturgiques. La deuxième partie - de la Renaissance au XXIe siècle - est celle d'une rupture. En Italie, autour de 1420, de nouvelles formalisations labyrinthiques, détachées de toute tradition religieuse, contribuent à magnifier les arts du jardin. Un type spécifique de labyrinthe prospère : le dédale, qui n'est plus spirituellement instruit. Cet espace sécularisé truffé de méandres et de culs-de-sac retrouve les lignes brisées du dispositif inventé par le légendaire Dédale. Ces pages accordent une place conséquente au XXe siècle, période de révolutions épistémologiques de laquelle naîtront de remarquables variétés de labyrinthes. Les configurations de type rhizomique sont ainsi devenues une métaphore privilégiée de la condition moderne. Leur structure n'a ni centre ni périphérie, ni dedans ni dehors, ses éléments peuvent se connecter entre eux en plusieurs noeuds selon les intentions de l'individu qui, de lui-même, choisit la direction à imprimer à son propre trajet. Mais les auteurs montrent aussi la face heureuse des labyrinthes, quand le symbole prend la fonction d'un rite conjuratoire ou printanier, d'une quête initiatique de soi, d'une chorégraphie dansée, d'une poétique de la dérive urbaine ou d'une pratique de libertinage amoureux. Ce versant solaire donne aussi le ton de cette étude qui a choisi de ne pas désespérer du labyrinthe.

09/2023

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Récits de voyage

Peregrinations sur la voie de l'eurasie

Une vie de voyages. La vie comme un voyage. Un couple nous invite à les suivre sur leurs voies itinérantes, de l'Afrique à la Chine, en passant par la Turquie, l'Inde, la Russie. A deux voix, les auteurs évoquent leurs longs séjours, les rencontres et expériences de l'autre, la découverte de textes fondateurs et épiques de ces pays, la confrontation de leurs propres références culturelles et religieuses à celles, si diverses, de l'islam, de l'hindouisme, du bouddhisme, du taoïsme ou du confucianisme. Décider en conscience d'aller à la rencontre de l'autre, accepter de contempler le monde par ses yeux, et revenir toujours à soi pour découvrir qu'on peut ne pas se perdre dans ce cheminement qui bouscule tout l'être, à condition de creuser toujours plus profond son propre sillon. Etre ainsi artisan de paix dans ces rencontres interreligieuses, en signifiant à tous ces hôtes-autres qu'on a rien à vendre, rien à imposer, qu'on s'avance simplement vers eux animé du désir de les connaître, de les aimer et de s'en faire connaître. Le pari est parfois tenu, parfois en attente d'une meilleure occasion. Ce chemin de rencontre n'est pas lisse, il s'invente à chaque pas, avec son lot de joies et de peines, physiques et spirituelles. Ce qui est devenu au fil des années un mode de vie, une manière d'exister, d'être au monde, a opéré une lente transfiguration de l'être intérieur, une vision plus profonde qui tend vers la source commune des Traditions, dans l'émerveillement de leurs manifestations esthétiques et spirituelles si différenciées. Les auteurs vous invitent à pénétrer leur riche univers. Ils ont tenté cette autre expérience de mettre en mots d'indicibles émotions et perceptions. Françoise Mirabile est titulaire d'une Maîtrise de Lettres Modernes (Paris VIII), et d'une Licence de Langue et Civilisation en hébreu (Institut national des Langues et Civilisations Orientales). Elle a enseigné dans des lycées et des universités la littérature française, le français comme langue maternelle et comme langue étrangère en France, à Istanbul, en Inde, en Chine et en Sibérie. Elle a aussi fait partie du comité interreligieux à Istanbul aux côtés du Père Jeusset, assurer des formations bibliques et sur les relations judéo-chrétiennes, donner des conférences et écrit des articles sur ces questions. Après avoir voyagé et travaillé de nombreuses années en Afrique et en Europe, Paul Mirabile a obtenu son Doctorat en philologie médiévale sous la direction de Bernard Cerquiglini à Paris VIII. Depuis, il a enseigné les langues, la littérature, l'Histoire et la philologie dans les universités et dans les lycées en Turquie, en Europe et en Asie tout en poursuivant ses recherches sur les épopées médiévales de l'Eurasie restituées dans neuf livres. Il a par ailleurs contribué à une quinzaine de revues en anglais et en français en reprenant et déployant certains aspects de la koiné eurasiatique médiévale qu'il a mise en évidence.

12/2020

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Sociologie

Tel-Aviv. Le quartier de Florentine, un ailleurs dans la ville

Fruit d'une collaboration entre une géographe et un architecte-urbaniste, cet ouvrage propose une lecture inédite de Tel-Aviv. En trois parties et sept chapitres, il fait découvrir au lecteur l'histoire urbaine, sociale et forcément politique de cette ville " globale " du Moyen-Orient, éminemment méditerranéenne et maintenant mondialement reconnue pour son patrimoine architectural et la modernité de son plan d'urbanisme, celui dessiné par P. Geddes en 1925. Ce récit renouvelé de la ville, de son développement au début du XXe siècle et de ses transformations les plus contemporaines, est porté par une géographie urbaine et sociale minutieuse et de longue haleine du quartier de Florentine : un ancien quartier dit juif de Jaffa, de migrants d'abord venus de Salonique, puis d'Iran et aujourd'hui d'Afrique comme d'Asie, longtemps abandonné des services publics et particulièrement défavorisé malgré sa centralité. L'auteur montre, déambulation graphique à l'appui (dessins d'analyse et d'ambiance dans ses rues, arrière-cours et intérieurs), comment ce quartier a en réalité été l'un des pivots, peu connus, du développement de Tel-Aviv comme ville à part entière et prospère de la Palestine mandataire avant même la création de l'Etat d'Israël. Premier quartier commerçant puis industriel d'une ville qui se voulait à ses débuts uniquement résidentielle, Florentine contribuera en effet à établir à la fois la centralité économique et l'autonomie politique de Tel-Aviv. Cela étant, après la conquête de Jaffa et la fin de la guerre de 1948, ce quartier va progressivement être " effacé " de la carte de la ville. Il réapparaîtra un demi-siècle plus tard, au début des années 2000, comme espace de mobilisation civile et culturelle pour la jeunesse du pays et pour les milliers de travailleurs immigrés européens, asiatiques et africains qui y vivent. Porté par ces transformations, Florentine fait maintenant l'objet d'un véritable engouement et d'une fièvre immobilière et de rénovation particulièrement intense et rapide. Articulant enjeux locaux, nationaux et globaux, cet ouvrage met ainsi en regard la géohistoire du quartier, les traces déposées dans ses rues et ses commerces par ses populations successives et les manifestations les plus banales de l'identification au lieu recueillies dans de nombreux entretiens approfondis aussi bien avec des habitants, des militants associatifs que des décideurs politiques. En circulant entre différents registres de sens et niveaux de lecture, il dépasse la simple étude de cas pour nourrir également les débats sur l'urbain et la mondialisation. Comment comprendre, à partir de cet exemple singulier mais emblématique la quête toujours plus forte de lieux et d'espaces d'identification ? Comment, encore, y déchiffrer, la manière dont se nouent le local et le global ? C'est aussi à cette double interrogation que l'ouvrage propose de répondre, pour repenser le sens du lieu et sa place dans la ville.

06/2018

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Histoire de France

L'insurrection de la Grande Kabylie en 1871

Le désastre de Sedan (le l' septembre 1870) sonna le glas du régime militaire en Algérie. Les colons d'Algérie accueillirent avec enthousiasme l'avènement de la république en France. Ils pensaient qu'elle allait favoriser l'assimilation juridique de l'Algérie et donc lever pour eux les obstacles à l'expansion agraire coloniale. La défaite de Sedan, la chute du second empire puis la Commune (de mars à mai 1871) plongèrent l'Algérie dans un profond désordre. L'arrogance des colonialistes n'eut plus de bornes. Les officiers en uniformes ("les capitulards" de Sedan) étaient pourchassés par les civils lors des manifestations de rue. Le spectacle que les Européens offraient aux Algériens musulmans fit vaciller l'ordre colonial. Seul le "péril indigène" avait justifié jusqu'alors les prérogatives de l'armée dans l'Algérie coloniale. Les civils d'Algérie qui se faisaient fort de maintenir seuls l'ordre colonial allaient vite déchanter. Une insurrection d'une ampleur inédite éclata alors menaçant sérieusement le système colonial. Les militaires français qui administraient le pays ont globalement été rendus responsables de l'insurrection. Selon leurs détracteurs, ils avaient favorise la concertation des conjurés afin de prouver au gouvernement civil que k pays n'était pas encore suffisamment pacifié pour accueillir de nouveaux colons et justifier l'application d'un régime administratif civil. Autrement dit, les militaires auraient provoqué l'insurrection afin de se rendre indispensables. L'ouvrage de Robin n'écarte pas cette hypothèse. Mais l'élucidation des ressorts et des différentes formes de mobilisations qui ont encadré l'insurrection est surtout la meilleure façon d'éclairer les recompositions politiques et religieuses qui travaillaient la société algérienne en profondeur. L'insurrection de 1871 a en effet été impulsée et encadrée par deux types d'organisations et de leaders distincts, les uns laïcs, les autres religieux : les Oulad-Mokrani et la confrérie Rahman . Les premiers déclenchèrent l'insurrection et l'encadrèrent seuls durant vingt-cinq jours, du 14 mars au 8 avril, jour où le cheikh de la confrérie religieuse, Mohamed Chérif Amzian El-Haddad, décréta la guerre sainte. Si la mort du principal leader des Mokrani, El-Hadj Mohammed Mokrani, k 5 mai 1871, affecta peu le cours de l'insurrection, la reddition du chef religieux, le 13 juillet 1871, amena la soumission de la plupart des tribus kabyles qui s'étaient soulevées à l'appel pour le jihad. De sorte que, à partir de cette date, seul le frère de Mohamed Mokrani, Bou Mezrag, qui avait pris la succession de son aine, poursuivit les hostilités avec un dernier carré d'irréductibles. La bipolarité de la direction de l'insurrection a été soulignée, àjuste titre ; il nous semble néanmoins que la plupart des historiens ont eu tendance à confondre les mobiles et les stratégies particulières des deux leaders de l'insurrection, Hadj Mohamed Mokrani et cheikh El-Haddad, avec les ressorts qui ont réellement ébranlé les insurgés. Ce sont ces ressorts que l'ouvrage magistral du colonel Robin éclaire.

12/2018

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Littérature française

Le sel, la dame et l'éponge

"Ah, l'existence humaine ; le bonheur est comme une ombre, d'un coup d'éponge humide, le malheur en efface le dessin". Si Gilles Ortlieb a placé cette pensée d'Eschyle en épigraphe de ce nouveau livre où il poursuit ce "mouvement perpétuel de navetteur de l'âme" qu'il évoquait lui-même dans Et tout le tremblement, c'est qu'elle en donne la clé. De quoi s'agit-il, en effet - ici comme dans chacun de ses livres - sinon de tenter de saisir les quelques traits de craie que les vies humaines déposent dans les lieux où les emportent les hasards de l'existence. La découverte, en 2018, à la pointe de la Camargue, dans un bout du monde aussi délaissé que le Grand Est industriel, de la petite cité de Salin de Giraud qui abrite encore aujourd'hui une importante communauté grecque, ne pouvait qu'émouvoir le traduc- teur de Georges Séféris - que l'on a vu dans Journées toujours à l'affût de ce qui, à l'étranger, pouvait lui rappeler son pays. Partout, dans ce bourg presque abandonné, reste vivace le souvenir de ces migrants qui sont venus s'y installer pour gagner leur pain dans les salines au len- demain de la Première Guerre, après avoir été chassés non seulement d'Asie Mineure par les Turcs (comme l'avait été Séféris), mais de la Crimée par la Révolution russe. De là, il était tout naturel pour l'auteur de poursuivre l'enquête en arpentant l'île de Kalymnos, d'où venaient la plupart de ces anciens pêcheurs d'éponge devenus saulniers. Et plus loin ensuite jusqu'à Tarpon Springs, aux USA, autre lieu d'émigration pour les pêcheurs de Kalymnos, mais où, à la différence de Salin de Giraud, la présence d'éponges leur a permis de ne pas changer de métier. Fidèle à sa méthode d'observation du terrain et des hommes, Gilles Ortlieb s'attache à relever dans ces pages - lorsqu'il y décrit une procession de l'épi- taphios, des soirées dans une chambre d'hôtel, ou lorsqu'il y retranscrit, comme Nerval dans Les Filles du Feu, des chansons populaires - tout ce que, au fond, un voyageur peu attentif voit sans songer à le distinguer. Comme s'il était doté d'un regard particulier pour reconnaître ce qu'à son propos Jacques Réda a nommé "l'inaperçu" , et donc les moindres traces du fragile dessin dont parlait Eschyle. Mais s'il prend aussi soin de nous raconter qu'un marin a pris dans ses filets, en 1994, une statue vieille de deux mille ans, la Dame de Kalymnos, peut-être est-ce parce qu'en collectant les manifestations les plus ténues du réel, et leur tremblement, il aspire de même, bien qu'il s'en défende, à faire remonter à la surface de la langue une réalité sous-marine qui, par éclats éphémères, viendrait manifester un certain or du temps - une poésie intemporelle.

03/2024

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Jardinage

Manifeste du jardin émotionnel

Quand la nature sauvage disparaît, quand l'eau devient rare, quand le climat change, pourquoi et comment concevoir un jardin aujourd'hui ? Au plus près des préoccupations actuelles, ce manifeste, écrit par des jardiniers d'expérience, est un guide iconoclaste et sans frontières pour tous ceux qui souhaitent créer un jardin pour eux-mêmes ou pour les autres. Arnaud Maurières et Eric Ossart sont paysagistes et jardiniers. Depuis plus de trente ans, ils créent des jardins publics ou privés à travers le monde et construisent parfois les maisons de leurs jardins. Ils ont publiés de nombreux ouvrages qui témoignent de leur volonté de respecter l'environnement naturel et humain tout en offrant le plaisir de vivre en harmonie entre l'architecture et le végétal. Leur implication dans l'enseignement du paysage et leur participation à de nombreuses manifestations culturelles attestent une démarche pédagogique à tout niveau. Le manifeste du jardin émotionnel est l'aboutissement d'une réflexion basée sur l'expérience de leurs propres créations et l'influence d'architectes et jardiniers remarquables de notre époque. Le manifeste en 15 points : 1/ EMOTION - La fonction naturelle du jardin est l'émotion. 2/ NATURE - Le jardin n'est pas la nature, mais la nature est dans le jardin. 3/ CULTURE - L'architecture est émotionnelle par culture, le jardin par nature. 4/ PARADIS - Le jardin est une nature à l'échelle de l'homme, le paradis est un jardin. 5/ ARCHITECTURE - Architecture et jardin sont indissociables. Le rapport entre les deux détermine un choix de vie individuel et social. 6/ MODERNISME - Une révolution moderniste, ce n'est plus le jardin qui procède de l'architecture mais l'architecture qui procède du jardin. 7/ TERRE - La terre est la matière essentielle du jardin, c'est aussi celle de l'architecture. S'éloigner de la terre, c'est se perdre. 8/ EAU - L'eau est la matière la plus précieuse du jardin. La respecter, la chérir, la sublimer est le devoir de tout jardinier. 9/ VEGETAL - Le végétal est primordial. Le végétal est l'essence même du jardin, il est son âme, sa part vivante et émotionnelle. 10/ ART - Les artistes peuvent devenir paysagistes ou leurs oeuvres enrichir le jardin mais l'art n'est pas le propos du jardinier. 11/ DESSIN - Le dessin du jardin est une trame dont la végétation va s'affranchir pour constituer un paysage qui échappe au dessein initial. 12/ DESSEIN - Le dessin d'un jardin : des murs pour limiter, un seuil pour entrer, des allées pour s'approprier le sauvage. 13/ TALENT - Le talent d'un jardinier : apprivoiser la nature qui lui est donnée pour découvrir sa propre nature. 14/ JARDINIER - On ne peut être paysagiste sans être jardinier, on ne peut être jardinier sans planter son propre jardin. 15/ ETERNITE - Le geste du jardinier est perpétuel. Le jardin apprend la pluie, le vent, le soleil les saisons, le temps ; il apprend les défaites et les conquêtes ; il apprend la vie et donne à la mort un goût d'éternité.

05/2022

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Sciences politiques

Le génocide imaginaire en République du Congo

La République du Congo est une terre où le vivre-ensemble était ancré dans les moeurs, les différentes couches sociales : une terre d'accueil, un lieu d'hospitalité composé de plusieurs ethnies, une mosaïque de peuples et de cultures symbolisant une fraternité forte, un haut lieu de spiritualité et de brassage de populations d'origines diverses. Ces liens fraternels qui tendent à disparaître, étaient fondés sur les valeurs de solidarité, de partage et d'équité. Ils se manifestaient à travers des gestes d'amitié et de respect. Les lois étaient reconnues par la majorité du peuple. Dans la société congolaise, la vie est sacrée. Un enfant est né pour grandir et servir la nation, voire l'humanité, mais un mal est né pour ne pas grandir et pour détruire l'unité née. Dans un tel environnement, comment un génocide peut-il naître ? En République du Congo, il n'y a pas de problème d'espace du territoire qui pourrait conduire les peuples à se confronter mutuellement, l'étendue est suffisamment vaste. Un tel contexte n'est pas censé favoriser l'émergence du sentiment d'extermination d'un peuple par un autre pour des raisons de survie. La gestion du pouvoir est dictée parla volonté du vivre-ensemble. La composition des gouvernements qui se sont succédé ainsi que celle d'autres institutions publiques ont toujours obéi aux exigences de représentativité de tous les départements. Dans l'histoire des conquêtes, des territoires, toute guerre n'a pas été un génocide. Les pratiques ancestrales en matière de règlement et de différends excluent toute discrimination. Le Congo est un Etat complet avec toutes les institutions établies. Il n'y a pas de conflit de terre. Le rêve d'un génocide en République du Congo est une utopie. Le fonctionnement des institutions politiques précoloniales telles que les cours royales, les chefferies de terre, les chefs de cantons, de villages, les conseils notables étaient conformes aux principes démocratiques. Le dialogue, la recherche de compromis, de concession mutuelle, sont des valeurs du vécu quotidien en République du Congo. Le conflit du Pool est une réaction du politique en vue d'éradiquer une action des bandes armées, assimilable au terrorisme. Aucun Etat au monde ne peut admettre qu'une partie de son territoire soit pris en otage par les hors-la-loi. Face a une action de génie, l'Etat emploie des méthodes qui sont celles utilisées par tous, connues et modernes. Les guerres sont des circonstances de parcours d'une société évoluée. Une guerre menée selon les techniques utilisées par les armées modernes ne peut pas justifier un génocide. Il y a des notions de droit, il y a aussi des notions d'éthique populaire. Le conflit armé du Pool n'est pas une action concertée du politique. C'est une volonté des bandes armées imposée à l'Etat. On ne peut négocier facilement avec quelqu'un qui a des armes, mais le Congo a eu l'amabilité de négocier et réussir. La condamnation existe quand il y a volonté de nuire. Ce n'est pas le cas du Congo.

08/2019

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Judaïsme

Le sionisme en question

"De la nécessité de mener la bataille idéologique contre le sionisme" La guerre au Proche-Orient, c'est bien sûr un colonialisme qui détruit méthodiquement la société et le peuple palestiniens. C'est aussi un pays, Israël, devenu une tête de pont occidentale au Proche-Orient. Et c'est l'aventure militaire permanente avec son cortège de crimes, d'humiliations, de racisme et de violations du droit international. Mais parmi les nombreuses raisons qui permettent la poursuite de cette guerre, il y a l'adhésion massive des Israéliens et plus largement des communautés juives organisées à une forme de pensée et d'idéologie qui les rend totalement aveugles et insensibles à l'autre. Dans ce récit mythique, l'Israélien serait un homme nouveau, supérieur aux autres. Le mouvement de solidarité qui défend les droits du peuple palestinien ne peut qu'attendre (pour être plus efficace) de sa composante juive, et donc de l'UJFP, qu'elle mène le combat idéologique contre la manipulation de l'histoire, de la mémoire et des identités juives. L'UJFP doit combattre le complexe de Massada, la façon dont les Israéliens ont été persuadés que tout le monde hait les Juifs, que leur histoire n'est qu'une succession de persécutions, qu'ils ne peuvent vivre qu'entre eux, qu'Arafat était un nouvel Hitler et les Palestiniens des pogromistes. Elle doit interroger en permanence une éducation à la peur et au mépris de l'autre, une récupération éhontée de l'antisémitisme et du génocide nazi, une tendance permanente à renverser la réalité d'aujourd'hui pour transformer l'occupant en victime. Elle doit remettre en question l'histoire fabuleuse que les sionistes ont fabriquée : il n'y a eu ni exil des Juifs, ni retour. La diaspora n'est pas une parenthèse, c'est l'essence des différentes formes de judaïsmes. Et la Palestine a toujours été une terre où vivaient des peuples différents. Elle doit encourager le débat, la recherche et la confrontation des différentes formes d'identité ou de mémoire juive là où le sionisme affirme qu'il n'y a qu'une seule histoire et qu'une seule voie. La tentative de clore l'histoire juive est une des causes de la continuation de la guerre. Elle empêche des composantes de la société israélienne de prendre conscience que l'Etat israélien pratique une politique d'apartheid et de déni des principes universels d'égalité. Les travaux d'un grand nombre d'écrivains, historiens, cinéastes ou intellectuels israéliens remettant en cause l'histoire officielle et le dogme sioniste doivent être connus de tou(te)s. L'UJFP décide donc pour les années à venir d'impulser toutes les formes de débat, d'expression publique ou de confrontation pour expliquer inlassablement devant tous les publics que les défenseurs du sionisme n'ont aucun droit à parler au nom des Juifs et que la politique qu'ils défendent n'est pas seulement criminelle contre les Palestiniens. Elle est également suicidaire pour les Israéliens et plus largement pour les Juifs.

05/2023

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Histoire et Philosophiesophie

Tara océans. Chroniques d'une expédition scientifique

Après avoir dérivé pendant deux ans dans les glaces de l'océan Arctique afin d'étudier cet environnement extrême, la goélette d'exploration Tara est repartie à l'aventure sur toutes les mers du globe. De septembre 2009 à mars 2012, chercheurs, océanographes et marins se sont relayés à bord de ce bateau unique au monde, dans le cadre de l'expédition Tara Oceans. Le but, très ambitieux, consistait à réaliser la première étude à l'échelle planétaire des récifs coralliens et du plancton marin - cette branche du vivant minuscule comprenant aussi bien des virus et des bactéries que de plus gros organismes comme les méduses. Ces écosystèmes marins riches et complexes sont la principale source de biodiversité qui féconde les océans. Absorbant 50 % du CO2 terrestre, ils sont également considérés comme "le poumon de notre planète". Or, la population planctonique peut très rapidement être affectée par les variations climatiques. Elle peut alors, à son tour, influencer le climat en modifiant l'absorption du carbone. L'étudier, c'est donc prendre le pouls de notre Terre. À cette fin, Tara a prélevé vingt-sept mille échantillons, collectés non pas dans l'esprit d'étudier les propriétés d'un royaume ou d'une espèce en particulier, mais dans celui de comprendre l'ensemble du système écologique de nos océans. Le livre s'inscrit dans la démarche de pédagogie et de communication que la communauté scientifique internationale a mise en place lors de l'expédition Tara Oceans. Tentant d'abandonner l'approche anxiogène qui consiste à alarmer les collectivités et les individualités au sujet de l'environnement, cette aventure montre comment nous devrons nous adapter, faire preuve de sagesse, de solidarité et mobiliser nos ressources intellectuelles et morales pour canaliser les changements à venir. Pour cela, il nous faut mieux connaître le monde qui nous entoure et c'est un panorama inconnu du plancton que Tara Oceans nous dévoile. Dans la lignée des premières grandes expéditions océanographiques du XIXe siècle, la goélette a exploré la biodiversité marine, combinant un grand nombre de méthodes développées depuis l'aventure mondiale fondatrice du Challenger en 1872. Au fil de la progression du voilier sondant la vie océanique, l'ouvrage nous montre comment la volonté de quelques individus a permis de dépasser les barrières du fonctionnement traditionnel des expéditions scientifiques, pour aboutir à une démarche novatrice. Pendant ce tour du monde exceptionnel, deux cents personnes, aux spécialités, cultures et langues différentes, se sont relayées sur la goélette Tara. Ils ont fait escale dans les ports mythiques de trente pays différents, sont allés à la rencontre de leurs populations et de leurs cultures ; dans des conditions météorologiques parfois difficiles, ils ont vécu des moments inouïs, qu'ils relatent au fil de leurs expériences et du journal de bord de l'expédition. Les membres de l'expédition ont découvert un monde mystérieux et pourtant indispensable à la vie sur Terre. Ils ont réalisé une véritable plongée dans l'inconnu et nous livrent en images la beauté et la diversité du monde planctonique.

10/2012

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Sciences de la terre et de la

L'Alpe N° 84, printemps 2019 : Observatoires. Un oeil sur le cosmos

De par leur situation géographique singulière (altitude, températures extrêmes, sites isolés), leur réseau très dense d'universités et leur histoire, les Alpes se sont imposées comme l'un des plus importants laboratoires du monde. Une vigie tournée vers le ciel ou les profondeurs de la Terre. Un observatoire pluridisciplinaire, ouvert sur l'astronomie, la météorologie, la glaciologie, mais aussi la physique des particules ou la médecine. Au sommaire : - Après l'observatoire du pic du Midi de Bigorre en 2013, le parc national des Cévennes en 2018, ce sera sans doute cette année au tour du parc du Gantrisch en Suisse de se voir décerner le label " réserve internationale de ciel étoilé " valorisant l'absence de pollution lumineuse. Lancé par les milieux de l'astronomie professionnelle et amateur, l'engouement pour la création de ces parcs d'un nouveau genre a notamment pris corps autour d'observatoires scientifiques de montagne. - Sur les hauteurs de Nice, l'observatoire (1887) ne manque pas d'attirer tous les regards. Cette imposante demi-sphère immaculée marque les temps pionniers d'une architecture singulière appliquée aux observatoires astronomiques. Avec ses mécènes comme le banquier Raphaël Bischoffsheim et ses figures de proue comme Gustave Eiffel ou l'architecte Charles Garnier. - Aoste, Bauges, Baronnies provençales, etc. : les centres astronomiques sont nombreux à ouvrir leurs portes au public. Un guide pratique pour programmer ses prochaines visites. - Arrimée à plus de 3 500 mètres d'altitude sur le col qui sépare la Jungfrau du Mönch, la station scientifique suisse du Jungfraujoch a été, dès les années 1950, un laboratoire sentinelle pour observer la pollution et le réchauffement climatique. Des scientifiques du monde entier continuent d'y ausculter la chimie de l'atmosphère terrestre. - L'histoire de la construction de l'observatoire Vallot en 1890 par Joseph Vallot lui-même. Météorologue, glaciologue, botaniste et cartographe, il fait fi des réticences de tous pour construire un laboratoire à 400 mètres sous le sommet du Mont-Blanc pour y étudier les phénomènes météorologiques ou le mal des montagnes. De ce lieu improbable, il fera un petit bout d'Asie en décorant le salon à l'orientale. - Le laboratoire des rayons cosmiques, bricolé à dos d'homme au col du Midi à partir de 1947, n'aura pas fonctionné plus de dix ans. La théorie des quarks doit beaucoup à cet observatoire de particules élémentaires, le plus haut du genre à l'époque. - Au début du XXe siècle, Angelo Mosso se fait construire un laboratoire sur les pentes du Mont- Rose. Les études que le professeur de physiologie italien va y mener serviront surtout aux troupes de montagne ou aux futurs himalayistes, voire à l'étude de la santé des aviateurs, un métier alors en devenir. - Particulièrement sensible dans les Alpes, le dérèglement climatique actuel bouleverse les modes d'observation scientifique. La montagne bouge. La science aussi. Pour comprendre ces changements très rapides, les chercheurs en sciences de la nature comme en sciences sociales doivent mettre en place de nouvelles méthodes. Dont les maîtres mots sont " co-construction " et " participatif ". Et aussi : - Jean Mohr (1925-2018) nous a quittés en novembre dernier. Il nous laisse des archives imposantes dont une bonne partie est consacrée aux Alpes. - Vu par le " berger Carnino Michel ", le monde pastoral prend des allures truculentes au fil de ses créations à l'Opinel. - José Le Piez sculpte les arbres. Et de ces sculptures, il tire des sons. Invité de la troisième saison de Paysage Paysages, manifestation artistique qui mobil

03/2019

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Littérature française

L'état des sentiments à l'âge adulte

Tout commence par le brutal déchirement d'un couple - non pas une banale scène de ménage, mais une étreinte désespérée qui vire au viol sous la menace d'un rasoir. Pour la narratrice et Jean-Luc, son compagnon, cette ultime confrontation des corps recouvre d'autres désaccords : entre eux, un fossé s'est creusé invisiblement pour se muer en rupture définitive. Lui, commercial au chômage, ne cesse depuis des mois de combler son sentiment d'échec par une surenchère carriériste sans objet. Entre aigreur et ambition conformiste, il a perdu toute spontanéité et esprit critique. Bref, " il est devenu con ". Elle, forte d'un diplôme en sciences sociales, vient de faire un choix diamétralement opposé, en se faisant embaucher comme aide à domicile auprès de personnes âgés. Petit boulot qui apparaît " dégradant " à son conjoint. Alors que ce conflit sur leurs valeurs respectives vient d'atteindre un point de non-retour, la narratrice va tenter d'y voir plus clair auprès des deux personnes qu'elle côtoie jour après jour dans son métier alimentaire. La première est sa collègue de travail qui la relaie en milieu d'après-midi auprès d'un grabataire de 93 ans, Mariama, une Sénégalaise sans état d'âme ni excès de zèle. Au contact de cette jeune immigrée, aussi désinvolte que généreuse, la narratrice apprend à accomplir les tâches ménagères dans un esprit d'improvisation et d'amusement qui lui ouvre des perspectives inédites. Surtout, elle apprend à ne pas tomber dans le piège de la compassion facile envers leur capricieux protégé, à éviter cette pitié dangereuse qui a déjà fait tant de dégât dans sa vie de couple. La seconde n'est autre que le vieillard alité, que l'ironie du sort a baptisé d'un nom illustre, Victor Hugo. Homonymie qui ne l'empêche pas d'avoir le sale caractère d'un tyran domestique et d'un phraseur vaniteux. Mais son vécu ne manque pas de relief : jeune Résistant presque " par hasard ", puis patron d'une blanchisserie où il fera la rencontre d'une certaine Bérénice, costumière rasée à la Libération qui sera sa passion secrète, il a aussi été témoin de la répression sanglante de la manifestation des travailleurs immigrés algériens du 17 octobre 1961, vision d'horreur qui le conduira à se défier de toutes les valeurs " humanistes ". De la fréquentation de cette mémoire vivante, la narratrice ne tire pas une sagesse illusoire, mais un simple attachement qui fait son chemin en elle par des voies détournées. D'autant qu'à l'heure de sa mort prochaine, cet Hugo-là, outre la préparation de son propre enterrement sans fleurs ni personne, a choisi de transmettre l'essentiel de lui-même à ses deux fidèles accompagnatrices. Une surprise en forme " de gros cadeau " qui les aidera toutes deux, Mariama autant que la narratrice, à trouver l'énergie de bouleverser le cours de leur existence. Pour mieux dynamiter les préjugés moraux, conventions amoureuses et autres servitudes volontaires, Noémi Lefebvre joue sur tous les registres, enchevêtrant envolées réflexives et oralité à vif, aveux intimistes et mise à distance clinique, hyperréalisme et incongruité satirique. Mettant ainsi à l'épreuve des mots les chemins tortueux d'une liberté sans cesse à réinventer.

02/2012

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Art contemporain

Art Cruel

Au printemps 2022, le Musée Jenisch Vevey proposera aux publics une exposition intitulée Art cruel. Cette manifestation sera placée sous le commissariat de l'historienne de l'art Claire Stoullig, ancienne conservatrice et directrice de grands musées suisses et français et éminente spécialiste de l'art européen du XXe siècle. A cette occasion, elle sera assistée par Emmanuelle Neukomm, conservatrice Beaux-Arts au Musée Jenisch Vevey. L'expression "art cruel" provient du titre d'une exposition qui s'est tenue à Paris en 1937 en gage de soutien aux événements liés à la Guerre d'Espagne. Dans les imaginaires collectifs d'hier et d'aujourd'hui, "l'art cruel" renvoie à un nombre impressionnant d'images qui jalonnent l'histoire de l'art. Crucifixions, martyres, blessures, scènes de supplices et massacres ont traversé les siècles. La création contemporaine explore elle aussi cette thématique. Si la perception de la cruauté a fortement évolué au fil du temps, ses représentations se voient en partie banalisées de nos jours. Largement diffusée sur Internet et les réseaux sociaux, l'image cruelle et violente glace le spectateur autant qu'elle suscite l'indifférence. De Freud au Marquis de Sade - pour qui la cruauté était inhérente à l'humain -, les réflexions autour de la face cruelle du monde se sont développées époque après époque. En dévoiler la violence a constitué un défi permanent que les artistes ont tenté de relever, en montrant la cruauté nue ou maquillée dans des représentations religieuses, historiques ou encore mythologiques. A toutes les périodes, l'artiste est le témoin de la brutalité, et parfois même la victime. Pour autant, peut-il ou doit-il tout dire, tout montrer, en matière de cruauté ? Existe-t-il des limites à la liberté d'expression ? Au travers d'une sélection de 150 à 200 pièces issues des collections du Musée Jenisch Vevey et d'institutions de renom, suisses et étrangères, l'exposition se proposera ainsi de questionner les multiples dimensions de l'art cruel. Des oeuvres puisées aussi bien dans l'art de la Renaissance que dans l'art contemporain seront mises en dialogue à cette occasion - allant des crucifixions de Dürer et Rembrandt, en passant par les fameuses séries de Goya et Callot évoquant les horreurs de la guerre, jusqu'au Chien andalou de Luis Bunuel et aux saints martyrs de Françoise Pétrovitch. L'exposition placera au centre du propos les deux médiums qui définissent l'identité du Musée Jenisch Vevey depuis plus de trente ans : l'estampe et le dessin. Outre les arts graphiques, il s'agira d'enrichir et de diversifier la sélection présentée à l'aide de quelques peintures, sculptures, objets, installations et films emblématiques. Tout en poursuivant l'objectif de valoriser les fonds du Musée Jenisch Vevey, de même que des prêts exceptionnels, l'exposition Art cruel se penchera par ailleurs sur un véritable enjeu sociétal : la violence et la cruauté, sous toutes leurs formes, font l'objet d'une actualité constante à travers le monde. Le Musée Jenisch Vevey a à coeur de s'inscrire dans le présent et de porter un regard sur l'évolution de nos sociétés. En ce sens, ce projet s'adresse à un large public ; il veillera naturellement à respecter les sensibilités des uns et des autres, y compris des plus jeunes visiteurs.

04/2022

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Fantastique

Psi

Cinq jeunes ados dotés de pouvoirs PSI sont embarqués dans une enquête non officielle dont l'objet est de retrouver la victime d'un enlèvement qui est âgée d'une dizaine d'année et n'est autre qu'une star mondial des réseaux sociaux : Adame. L'affaire Adame rassemble Waël, qui peut entrevoir des bribes d'avenir, Judith, qui est capable de converser avec des personnes mortes, Quincy, qui peut déplacer des objets par la seule force de sa pensée et les jumeaux Romane et Yoann, qui sont télépathes. Réunis par une femme énigmatique qui prétend travailler pour le compte du gouvernement, ils sont vite persuadés qu'on cherche à les manipuler. Très vite, l'affaire dérape... Le futur de la planète est sombre. Rien ne semble pouvoir freiner la course au profit qui gangrène nos sociétés. Rien ne semble pouvoir faire fléchir la surconsommation qui épuise de plus en plus nos ressources naturelles. Aucune action n'est engagée pour stopper la destruction des espèces animales, des forêts, des glaciers, des océans, de tout ce qui fait la beauté de nos environnements. Les ouragans et les feux gigantesques qui dévastent nos villes et nos campagnes seront de plus en plus fréquents. La famine, la maladie et la misère seront les récompenses tragiques de ces années d'excès. Ces épreuves ne sont pas des prophéties sorties tout droit d'un film de science fiction. Ces épreuves sont la réalité - la terrible réalité - de ce qui nous attend. Et ces vérités sont assénées au grand public par une fillette nommée Adame. Chaque jour, via son compte "Spread" , l'équivalent futuriste de "Tik Tok" , Adame fait le bilan de ce qui est détruit, de ce qui a disparu, de ce qui aurait pu être fait pour l'éviter et de ce qui ne l'a pas été. Traduit instantanément dans le monde entier, les rapports d'Adame sont accablants. Ses paroles, ses boucles blondes et ses grands yeux innocents touchent le coeur de plus d'un milliard d'individus. Une audience à cette échelle, c'est du jamais vu ! Traitée comme une manifestation divine par les croyants du monde entier, toutes tendances confondues, acclamée comme la sauveuse du monde par des centaines de millions de jeunes followers, considérée comme une menace et une imposture par les lobbies politiques, économiques et industriels, Adame focalise l'attention et ne laisse personne indifférent. L'engouement est-il dû à son très jeune âge ? A son côté messianique etvulnérable ? A sa voix douce ? A sa com' bien orchestrée ? Personne ne sait. Personne ne comprend comment Adame a réussi à concentrer autant d'attention sur elle sur des sujets aussi brûlants, aussi essentiels. Mais force est de constater que du haut de ses 10 ans, Adame porte l'espoir d'un futur meilleur. Elle est un symbole, celui d'un avenir radieux. Jusqu'au jour où - stupeur ! - Adame disparaît. Son entourage affirme qu'elle a été enlevée, sans toutefois être capable d'expliquer comment les ravisseurs ont bien pu s'y prendre pour la kidnapper. Malheureusement pour ses fans, personne ne sait où elle se trouve. En revanche, les suspects potentiels sont nombreux. Mais les interrogatoires menés par la police ne donnent rien. Aucune piste n'est privilégiée. Les recherches sont dans l'impasse. Devant l'énigme de cette disparition médiatique spectaculaire, un groupe de jeunes possédant des pouvoirs PSI est alors réuni dans le plus grand secret. Cette équipe est chargée de retrouver Adame. La combinaison de leurs talents respectifs pourraient aider à localiser l'endroit où la fillette est retenue contre son gré...

10/2023

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Philosophie

Adolphe Appia, Oeuvres complètes. Tome 1, 1880-1894

Scénographe et metteur en scène, praticien et théoricien, mal connu bien qu'universellement admiré, Adolphe Appia est à l'origine des révolutions scéniques les plus profondes du théâtre d'aujourd'hui, et il n'est pas de réalisateur contemporain qui ne lut soit redevable. Il a totalement repensé puis restructuré un art devenu, au cours des siècles, une fabrique à divertissements réservée à une classe de privilégiés. En effet, si la Renaissance a ouvert les vannes de la curiosité humaine et développé une puissance créatrice pratiquement sans limites dans le domaine des sciences et des arts, elle a tué le théâtre en l'enfermant dans le carcan d'une salle (théâtre dit " à l'italienne ", boîte d'optique à fausses illusions) dont l'architecture même faisait du regardant (le spectateur) un regardé (un spectacle pour les autres spectateurs), et sacrifiait le drame au " spectacle ", l'acteur au " décor ". Point de départ de sa réflexion sur l'art du théâtre : le drame wagnérien. Appia réalisa combien la représentation qu'on en donnait trahissait l'œuvre et l'esprit de l'œuvre : toiles peintes et découpées parmi lesquelles l'acteur, réduit au rang de vulgaire accessoire, circulait en étranger ; lumières fixes et crues venant de tous les côtés à la fois ; aire de jeu restreinte poussant l'acteur à l'avant de la scène où il était rendu méconnaissable par l'éclairage de la rampe. Pour restituer à l'acteur sa vraie place, la première, Appia vida la scène, en rendit le sol plastique et l'éclaira avec subtilité au moyen de projecteurs mobiles, véritables " pinceaux du poète-musicien " seuls capables de rendre visibles plastiquement souplesse, malléabilité et mobilité inhérentes à la musique comme au drame intérieur. L'acteur étant le porteur du drame, il lui subordonna dès lors tous les éléments scéniques en établissant une hiérarchie : acteur, espace, lumière, peinture, dans un ouvrage devenu la bible du théâtre moderne : La Musique et la mise en scène (écrit en 1895-97). Après la rencontre avec Jaques-Dalcroze et la rythmique, Appia radicalisa encore sa réforme en modifiant la structure même de la salle : plus de scission entre acteurs et public, mais un espace unique englobant tout et tous, premier exemple (Hellerau, 1911-14) d'un espace théâtral " abstrait " fondé sur la présence vivante de l'acteur. Dans un stade ultérieur, Appia imagina une salle, " cathédrale de l'avenir, pouvant accueillir dans un espace vaste, libre et transformable, les manifestations les plus diverses de notre vie sociale et artistique ". Il développa les notions de théâtre de fête, de théâtre de participation, voire de théâtre " sans spectateurs " : utopies plus que jamais actuelles. Oui, Appia est " le plus noble représentant du théâtre moderne " (E, G. Cratg), mais, venu trop tôt. pour être reconnu, " environ soixante-quinze ans en avance sur le moment propice " (H.S. Chamberlain, 1894), " les temps " ont été " longs à appliquer ses idées de mise en scène " (P, Dukas, 1895). Oui, il a " ouvert les voies nouvelles " du théâtre (Jacques Copeau). Les temps sont venus où, grâce à l'édition de ses Œuvres complètes, nous reconnaîtrons ce que nous lui devons : TOUT.

10/1983