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Religion

L'islam de l'Afrique noire

Depuis l'attaque des tours jumelles de New York en 2001, l'islam fait l'objet en Occident de toutes sortes de négativités. Pour beaucoup de politologues, l'islam est devenu un monde à part, homogène et qui n'évolue que dans les technologies les plus agressives. Les particularités centre-asiatiques, maghrébines ou négro-africaines ont vite disparu pour laisser place à un espace rempli de dictatures et de mouvements intégristes. Cette perception, comme le souligne Edward Said, n'a rien de nouveau, mais elle augmente la frayeur de l'Occident et contribue à la simplification du monde globalisé dans lequel l'islam devient l'exemple du côté équivoque ou obscur. Et, subitement, certains analystes découvrent qu'il existe un islam au sud du Sahara et centrent leur attention sur les "Arabes" du Darfour, les lapidateurs du Nord-Nigeria et les "Al-Qaïdiens" de la Somalie tourmentée. Les Etats-Unis ont même créé un commando spécial pour le désert du Sahara car, en quelques années, les Touaregs ont acquis le sinistre profil d'intégristes terroristes. En s'engageant dans la lecture de cette oeuvre rédigée par des spécialistes européens et africains de l'islam quotidien des pays d'Afrique noire, le lecteur découvrira un monde dont les préoccupations, l'histoire et les ambitions futures n'ont rien à voir avec les stéréotypes et les frayeurs de l'Occident globalisateur. Aussi, nous vous souhaitons bonne lecture de cette introduction à l'islam dans le monde négro-africain, sur la vie quotidienne de l'islam de nos jours en Mauritanie ou au Mozambique, sur le succès de l'islam soufi et les difficultés rencontrées par l'intégrisme réformiste pour se déployer dans ce pays. De quelle manière le code musulman affecte-t-il la vie des femmes sur le continent ? Quand l'islam s'est-il étendu en Ouganda ? Pourquoi son déploiement à Madagascar est-il une légende difficilement vérifiable ? Et surtout, pourquoi certains de nos auteurs parlent-ils d'un islam en Afrique alors que d'autres affirment qu'il existe - comme l'a souligné Monteil il y a déjà un demi-siècle de cela - un islam noir ? Cet ouvrage n'apporte pas une réponse définitive à ces interrogations, mais propose des pistes pour la compréhension d'un espace - l'espace africain - doté d'une solide personnalité historique.

06/2012

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Récits de voyage

Le Roi de l'opium et autres enquètes en Asie du Sud-Est

Durant toutes les années 1990, William T. Vollmann n'a cessé de parcourir l'Asie du Sud-Est, ses jungles, ses villages, ses capitales. Au Cambodge, il est parti sur les traces de Pol Pot et des Khmers rouges. En Thaïlande, il a exploré les réseaux de la prostitution, allant jusqu'à enlever une enfant qui avait été vendue comme esclave sexuelle. En Birmanie, il a rencontré le chef révolutionnaire Khun Sa, connu comme étant le principal producteur d'opium du " triangle d'or ". Au Japon, il a enquêté auprès des yahuzas et s'est intéressé à ces " Intouchables " qu'on appelle les Burahumin. L'auteur de Gomorra, Roberto Saviano, écrit : " Vollmann raconte ce que sont l'Histoire et l'humanité, et sonde tous les aspects de cette dernière. Rien de ce qui est humain ne lui est étranger. Dans ses livres-reportages, il est là, enfoncé dans la réalité qu'il explore. Raconter la misère de l'homme, la toxicomanie, la prostitution, l'exploitation farouche ne signifie pas être attiré par l'abjection, ou exalter la dégradation. C'est voir son propre temps plus clairement et rechercher dans les traces du présent, tel un archéologue, les sédimentations du passé, là où l'homme demeure identique à lui-même, dans sa soif de pouvoir, de sang, de conquête. " Le Livre des violences - sur un autre versant de la même démarche - explorait la violence dans l'Histoire. Traduite en français en 2009, cette somme a été un considérable événement éditorial et critique. Le Roi de l'Opium et autres enquêtes en Asie du Sud-Est inaugure une série de volumes, dont les suivants seront consacrés aux enquêtes que William Vollmann a menées en Afrique et dans le monde musulman, dans l'ancienne Yougoslavie, ainsi que dans les pays d'Amérique du Nord et du Sud. Ces textes impressionnent autant par la profondeur de leurs vues et leur puissance d'expression que par l'engagement de l'auteur. S'il a vécu les situations qu'il nous raconte (à la première personne), Vollmann donne surtout la parole aux protagonistes eux-mêmes - qu'ils soient victimes ou bourreaux. Il fait entendre leurs récits, leurs justifications. Et ce faisant apparaissent des vérités dont seule la littérature, portée à ce niveau d'humanité et d'empathie, peut rendre compte.

02/2011

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Histoire de France

L'insurrection de la Grande Kabylie en 1871

Le désastre de Sedan (le l' septembre 1870) sonna le glas du régime militaire en Algérie. Les colons d'Algérie accueillirent avec enthousiasme l'avènement de la république en France. Ils pensaient qu'elle allait favoriser l'assimilation juridique de l'Algérie et donc lever pour eux les obstacles à l'expansion agraire coloniale. La défaite de Sedan, la chute du second empire puis la Commune (de mars à mai 1871) plongèrent l'Algérie dans un profond désordre. L'arrogance des colonialistes n'eut plus de bornes. Les officiers en uniformes ("les capitulards" de Sedan) étaient pourchassés par les civils lors des manifestations de rue. Le spectacle que les Européens offraient aux Algériens musulmans fit vaciller l'ordre colonial. Seul le "péril indigène" avait justifié jusqu'alors les prérogatives de l'armée dans l'Algérie coloniale. Les civils d'Algérie qui se faisaient fort de maintenir seuls l'ordre colonial allaient vite déchanter. Une insurrection d'une ampleur inédite éclata alors menaçant sérieusement le système colonial. Les militaires français qui administraient le pays ont globalement été rendus responsables de l'insurrection. Selon leurs détracteurs, ils avaient favorise la concertation des conjurés afin de prouver au gouvernement civil que k pays n'était pas encore suffisamment pacifié pour accueillir de nouveaux colons et justifier l'application d'un régime administratif civil. Autrement dit, les militaires auraient provoqué l'insurrection afin de se rendre indispensables. L'ouvrage de Robin n'écarte pas cette hypothèse. Mais l'élucidation des ressorts et des différentes formes de mobilisations qui ont encadré l'insurrection est surtout la meilleure façon d'éclairer les recompositions politiques et religieuses qui travaillaient la société algérienne en profondeur. L'insurrection de 1871 a en effet été impulsée et encadrée par deux types d'organisations et de leaders distincts, les uns laïcs, les autres religieux : les Oulad-Mokrani et la confrérie Rahman . Les premiers déclenchèrent l'insurrection et l'encadrèrent seuls durant vingt-cinq jours, du 14 mars au 8 avril, jour où le cheikh de la confrérie religieuse, Mohamed Chérif Amzian El-Haddad, décréta la guerre sainte. Si la mort du principal leader des Mokrani, El-Hadj Mohammed Mokrani, k 5 mai 1871, affecta peu le cours de l'insurrection, la reddition du chef religieux, le 13 juillet 1871, amena la soumission de la plupart des tribus kabyles qui s'étaient soulevées à l'appel pour le jihad. De sorte que, à partir de cette date, seul le frère de Mohamed Mokrani, Bou Mezrag, qui avait pris la succession de son aine, poursuivit les hostilités avec un dernier carré d'irréductibles. La bipolarité de la direction de l'insurrection a été soulignée, àjuste titre ; il nous semble néanmoins que la plupart des historiens ont eu tendance à confondre les mobiles et les stratégies particulières des deux leaders de l'insurrection, Hadj Mohamed Mokrani et cheikh El-Haddad, avec les ressorts qui ont réellement ébranlé les insurgés. Ce sont ces ressorts que l'ouvrage magistral du colonel Robin éclaire.

12/2018

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Arménie

Les Justes et gens de bien du génocide des Arméniens

Parmi les Justes et gens de bien qui prirent des risques majeurs pour sauver les Arméniens pendant le génocide de 1915, il y eut aussi bien des Occidentaux chrétiens ou juifs, que des Orientaux musulmans de diverses confessions. Malgré l'absence d'ordre de son ministère de tutelle le vice-amiral Louis Dartige du Fou net osa prendre les mesures nécessaires pour recueillir les Arméniens qui, retranchés dans la "Montagne de Moïse", avaient résisté pendant plus de quarante jours à une armée turque. Sauvetage des combattants arméniens du Musa Dagh. Témoignage du Pasteur Andreassian (2 sept. 1915) : C'était le Guichen, vaisseau français Pendant qu'on abaissait ne chaloupe, plusieurs de nos jeunes s'étaient élancés vers la mer, et bientôt ils nageaient dans la direction du beau navire qui semblait nous venir de Dieu. Avec des coeurs qui battaient fort, nous descendîmes sur la plage et le capitaine nous invita à lui envoyer une délégation pour rendre compte de notre situation. Il lança un télégramme sans fil à l'amiral et, peu après, le vaisseau Jeanne d'Arc apparaissait à l'horizon, suivi par d'autres navires de guerre français. L'amiral nous dit des paroles d'encouragement et ordonna que chaque membre de notre communauté Rit accueilli à bord des vaisseaux. Raymond H. Kévorkian, Yves T non, Mémorial du génocide des Arméniens, p 447-448. La région montagneuse du Dersim, à l'est de l'Anatolie, était peuplée de Kurdes, en grande partie de confession dévie - marquée par le mysticisme et le respect de la personne humaine - qui ne participèrent pas au génocide des Arméniens, protégèrent ceux-ci, mettant en péril leur propre sécurité, voire leur vie. La politique de turquification mise en oeuvre par Mustafa Kemal entraîna une révolte massive des Kurdes du Dersim (1936-1938), qui se termina par une répression qui fit des milliers de morts. Sauvetage d'Arméniens par des Kurdes du Dersim (un chef de village rassure une déportée sur le sort de sa soeur) : Vallahi, billahi [Jurer Dieu], elle est en sécurité et son honneur autant. J'ai emmené en même temps que les Simonian une centaine de familles dans le seul but de les sauver. Lorsque j'ai vu ta soeur, ta belle-soeur, Mme Anub, des dames si bien élevées. si raffinées. je les ai prises en pitié. Je .savais qu'elles étaient condamnées à périr dans des conditions horribles. Dès lors, j'ai formé le projet de les sauver, mais je n'arrivais pas à les convaincre de la pureté de mes intentions. Elles refusaient obstinément de me suivre. Elles ne cessaient de crier : ,, Nous mourrons s'il le Faux ; ; nais nous n'irons pas avec vous ". Alors, je leur ai envoyé mes Kurdes armés et une charrette pour les emmener de force. Maintenant elles ne savent comment me témoigner leur reconnaissance. Elles voient en moi leur sauveur. Raymond H. Kévorkian. Yves Ternon. Mémorial du génocide des Arméniens, p. 450.

05/2021

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Littérature française

Le sens de l'orientation

Ferdinand est chirurgien du coeur. Il aime la moto, le foot et la montagne. Eléonore, sa femme, le quitte. Pour une histoire professionnelle, un juge le poursuit. Dans un Paris imaginaire, au café l'Etoile du Nord, il rencontre Paola, solaire, providentielle, énigmatique. S'il est parfaitement concentré sur son activité de chirurgien, il est désorienté dans sa vie amoureuse. Il consulte plusieurs fois par semaine Valentin, médecin des âmes. Valentin, quant à lui, dilue ses émotions dans le jeu. S'étant fait interdire en France, il ira assouvir ses pulsions destructrices dans les salles de jeu de Belgique puis à Monte Carlo où il vérifiera qu'il n'y a pas pour lui de martingale heureuse. Ayant reçu une convocation au Tribunal de Bobigny, Ferdinand suit les conseils de Jules, son avocat, et répond aux questions du policier qui s'interroge sur les liens entre l'industrie médicale et son métier de chirurgien. Quels gestes, quels risques, quelles responsabilités, quels financements ? Ferdinand partage son goût pour la montagne avec Pascal, son ami du Massif des aiguilles rouges. Il leur arrive d'affronter des situations délicates parfois liées à la distraction de l'un ou de l'autre. Au-delà des sommets, le rêve de Ferdinand est de trouver un refuge hors de la maison, une chambre avec vue sur les toits pour jouir de la solitude, quitter cette pesanteur, cette plainte continuelle. Paola lui présente Samir, un jeune couturier dont elle montre les créations et organise des défilés. Mystérieuse et séductrice, Ferdinand va bientôt succomber à son charme de sorcière. Jules et Ferdinand partent en Italie pour un procès qui lui est intenté à la suite d'une opération qui a mal fini. Tout se passait bien mais la patiente n'a pas survécu. Erreur médicale ? Négligence post opératoires ? Telles sont les questions des juges. Ferdinand rentre à Paris, retrouver Paola qui a promis de l'attendre à Orly. Mais elle n'y est pas. Elle ne viendra pas, Ferdinand comprendra plus tard qu'elle a rejoint Valentin. S'il avait eu le sens de l'orientation, Ferdinand aurait remarqué certains signes annonciateurs de ce qu'il prendra pour une trahison : certains silences de Valentin, mais surtout, le vol balancé des mésanges de la volière de Valentin à la terrasse de Paola, et de la terrasse à la volière. Le destin de Ferdinand semble alors se tracer dans la neige : il fera l'expérience de l'impesanteur. Comme T E Lawrence sur sa moto, au début du récit qui glissera sur une route sinueuse de la campagne anglaise, Ferdinand disparaît en montagne sans que l'on sache qui, du désir de s'évanouir ou du hasard - ou de la conjonction des deux, va marquer son sort. Le Sens de l'orientation est le roman d'un chirurgien qui applique à la démarche romanesque l'extrême précision que requiert sa profession.

01/2015

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Pléiades

Romans et nouvelles (1959-1977)

Vivement controversé à ses débuts, Philip Roth s'est peu à peu imposé aux Etats-Unis comme l'un des plus grands auteurs de sa génération. Les cinq livres réunis ici témoignent déjà de ce qui deviendra sa marque de fabrique : richesse de l'imagination, verdeur, vigueur de l'ironie, selon un alliage très particulier d'oralité et d'élégance, d'exubérance et de délicatesse. Cest à cette époque-là, et avec ces ouvrages, que Roth devient Roth. Goodbye, Columbus (1959), l'extraordinaire recueil de nouvelles qu'il publie à vingt-six ans, et bien plus encore la très iconoclaste Plainte de Portnoy (Portnoy et son complexe, 1969) ont fait scandale, l'un au sein de la communauté juive, que les décapants récits de Roth se soucient peu de flatter, l'autre bien au-delà : la chronique familiale, psychologique et sociale dessinée au vitriol par Portnoy va de pair avec un langage où rivalisent le loufoque, la gouaille et une outrancière crudité. Le roman, qualifié de magistrale "orchestration de voix" et d'allègre "festival linguistique" , est un véritable jalon culturel des années 1960. Tel un ventriloque, le protagoniste fait dialoguer sur le divan de son analyste les voix contradictoires qui l'habitent. Dans un torrent d'imprécations et de lamentations sont données à entendre la voix de l'enfant, celle de l'adolescent, celle de l'adulte torturé. Le plus souvent aux prises avec sa yiddishe mame grotesquement castratrice, Portnoy dialogue aussi avec son père humble et soumis, et avec ses maîtresses, de séduisantes shikses (jeunes filles non juives, en principe interdites), en qui il voit les incarnations de l'Amérique qu'il entend conquérir. Multipliant les identités et les masques comme un acteur multiplie les rôles, c'est ensuite David Kepesh que Roth introduit sur la scène de son oeuvre. Ce professeur de littérature se voit transformé en une gigantesque glande mammaire dans Le Sein (1972), fable kafkaïenne à la fois fantastique et burlesque, tandis que Professeur de désir (1977) retrace son enfance en famille, son exploration effrénée de la liberté sexuelle pendant ses études, puis les expériences féminines contrastées de sa maturité. Malgré l'apparence "sage" de ce schéma biographique, la pratique de la fiction est toujours aussi affranchie et ludique - en témoigne, entre autres, l'épisode désopilant de la visite faite en rêve à la "putain de Kafka" . Enfin apparaît Nathan Zuckerman, qui accompagnera Roth jusqu'en 2007. Dans Ma vie d'homme (1974), il essaie de se libérer d'un mariage désastreux. La structure narrative, emboîtée et miroitante, du récit se complexifie, au point que Milan Kundera qualifia le livre de "chef-d'oeuvre de baroque" . On a dit de Nathan qu'il était le travesti littéraire de Philip. Mais comme le souligne Philippe Jaworski dans sa préface, "la présence de "l'auteur" dans ses écrits de fiction ressortira toujours à une réalité de fiction" . Au reste, "la réalité de l'écrivain pourrait tout aussi bien dériver de l'existence de son personnage" .

10/2017

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Histoire de France

Les Juifs de France durant la IIe guerre mondiale. Volume 2, La solution finale de la question juive en France. Traque, solidarité, puis vengeance : de l'été 41 à nos jours

Les archives du IIIe Reich, celles du ministère des Affaires étrangères comme celles de la police de sécurité (le RSHA, où le Sipo-SD était en charge des questions juives), les propos d'Adolf Hitler regorgent de plaintes à l'encontre du maréchal Pétain, chef de l'Etat français, de Pierre Laval, Président du Conseil des ministres, des chefs des polices françaises, singulièrement René Bousquet et Jean Leguay, pour leur opposition aux mesures antijuives. Le maréchal refusera toujours l'imposition de l'étoile jaune aux Juifs de Zone Libre (Zone Sud, à compter du 11 novembre 1942), comme il refusera la dénaturalisation en bloc des Juifs admis à la citoyenneté française depuis 1927 ou 1936 : seuls seront déchus les fuyards de mai-juin 40 et dénaturalisés ceux et celles, peu nombreux, jugés indignes après enquête des membres de la Commission de révision. Les autorités françaises ont tenté de limiter les dégâts provoqués par l'assassinat de soldats allemands désarmés à partir de l'été de 1941. Le cycle infernal attentats terroristes-fusillade d'otages fut un jeu pervers opposant le PCF clandestin à l'Occupant. En raison du grand nombre de Juifs étrangers parmi les activistes communistes, des Juifs firent partie des otages fusillés. Aucune statistique fiable n'existe permettant d'estimer le nombre des Juifs séjournant sur le sol métropolitain durant l'Occupation, ni sur le nombre des Juifs sortis vivants des camps nazis. Lorsque l'Occupant a commencé à rafler puis déporter des Juifs, les autorités françaises ont systématiquement défendu les Juifs citoyens français, les Juifs étrangers ou apatrides décorés pour faits de guerre dans l'Armée française, ainsi que les épouses juives de prisonniers de guerre français. Grâce à l'action vigoureuse de Français, autorités et citoyens charitables, le pourcentage des Juifs déportés, adultes et enfants, fut l'un des plus faibles des pays occupés. Est-il licite de sacrifier des étrangers et des apatrides pour sauver un maximum de citoyens, membres à part entière de la communauté nationale ? La réponse donnée à cette question en France, de la Libération à nos jours, est trop entachée de haine pour être satisfaisante, car, à l'évidence, un vrai chef d'Etat a pour devoir premier de protéger sa Nation. L'Etat d'Israël, de mai 1948 à nos jours, est la parfaite illustration de cet égoïsme communautaire, considéré comme essentiel à la survie de la Nation.

04/2018

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12 ans et +

Jémonie

Marie, âgée d'un peu plus de 14 ans est en pleine crise d'adolescence. Elle a l'impression que le monde entier lui en veut. Elle est irascible et ne supporte plus ses chipies de petites soeurs, jumelles de 3 ans, reines des bêtises. Ses parents, excédés par l'attitude explosive de Marie, décident de l'envoyer dans un camp de vacances afin de souffler un peu. Jules, petit bonhomme rondouillard de 13 ans, allergique au sport, est un insatiable gourmand. Il chipe régulièrement de la nourriture dans les frigos de ses parents, charcutiers traiteurs. Après une énième visite dans les réserves, suivie d'une dégustation sur une importante commande en cours, ses parents exaspérés l'obligent à partir quelques semaines dans un camp de vacances. Lola, 15 ans, jolie blonde aux yeux gris, orpheline de père, habite avec sa mère dans une petite mansarde en Bretagne. Les fins de mois sont difficiles malgré l'emploi d'assistante de vie de Marinette. Mais le moral de Lola est au plus bas depuis ce satané jour où, accompagnant sa mère à son travail, elle trouva le cadavre de Monsieur Martin, décédé subitement d'une crise cardiaque. Impuissante face à l'état dépressif de sa fille, Marinette décide de l'envoyer en camp de vacances afin de lui changer les idées et de lui redonner le sourire. Tom, 16 ans, superbe brun aux yeux azur, n'a de beau que son physique. Arrogant, fils à papa vivant dans un château en Dordogne, il n'a pas la réputation d'être un adorable jeune homme, bien au contraire. Il est hautain, dédaigneux et parfois même, méchant envers les employés de son château. Suite à plusieurs plaintes de ses employés, son père lui ordonne de partir dans un camp de vacances lambda afin qu'il soit traité comme un jeune ordinaire. C'est donc contraint et forcé qu'il se rendra là-bas. Nos quatre jeunes amis ne se connaissent pas, mais ils vont se retrouver par hasard (ou pas ! ) dans le même camp. Ils vivront une expérience extraordinaire en étant propulsés en pleine nuit d'un banal camp de vacances vers un mystérieux domaine, mais pour en sortir, ils devront accomplir des épreuves abracadabrantes. Ils passeront trois semaines ahurissantes qui les amèneront à redécouvrir des valeurs telles que l'amitié, le respect, la persévérance, la tolérance et la solidarité, tout en s'amusant...

03/2017

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Religion

Les perles des cantiques. Poèmes chantés andalous, Edition bilingue français-arabe

Auteur de plusieurs centaines d'ouvrages, Ibn 'Arabî (1165-1240), né en Espagne, reste plus connu pour sa prose que pour sa poésie. Pourtant à l'image d'un ciel orné d'étoiles, toute son oeuvre en est parsemée. Ses écrits jouissent d'un engouement qui ne s'est jamais amoindri depuis huit siècles, grâce à leur profondeur et leur subtilité mais aussi et surtout grâce à l'amour qui domine l'ensemble de son oeuvre. Cette profondeur et cet amour, si précieux et si chers à notre maître andalou, c'est à travers sa poésie qu'il l'exprime le mieux. "La raison qui m'a amené à proférer de la poésie est que j'ai vu en songe un ange qui m'apportait un morceau de lumière blanche. On eut dit un morceau de lumière du soleil (...) Je sus alors que ma parole atteindrait l'Orient et l'Occident. Lorsque je revins à moi, je déclamais des vers qui ne procédaient d'aucune réflexion, ni d'aucune intellection. Depuis lors, cette inspiration n'a jamais cessé." A travers ce témoignage, Ibn 'Arabî nous rappelle que la poésie a ceci de magique qu'elle peut être le reflet d'une inspiration divine. Elle permet alors, à celui qui s'en imprègne de saisir l'indicible. Ces poèmes andalous chantés dévoilent un jardin secret de celui que l'on surnomme encore aujourd'hui, Al-Shaykh al-Akbar, "le plus grand des maîtres". Nul ne pourrait nous reprocher de les avoir librement renommés "Les Perles des Cantiques". Ils révèlent un aspect extrêmement original et méconnu de sa poésie, elle-même confidentielle au regard de son oeuvre doctrinale considérable. Au sein d'un corpus riche d'environ deux mille poèmes, composés dans le plus pur classicisme arabe, ces chants andalous interpellent à la fois par leur présence et leur rareté. Vingt-neuf joyaux raffinés qui nous convient à un voyage lumineux et émouvant. Nous pouvons alors pénétrer le mystère d'une expérience mystique profondément intime, à travers des images d'une surprenante beauté, dans une langue d'une virtuosité inégalée. Expression originale toujours vivante aujourd'hui de l'âme musulmane et andalouse, ces chants mettent également en lumière les racines spirituelles du Maître dans sa terre natale. Cette édition bilingue réunit pour la première fois ces poèmes en un recueil offrant le texte arabe intégral entièrement vocalisé, une traduction française inédite accompagnée de commentaires et notes. Elle contribuera assurément à enrichir le legs du grand mystique et métaphysicien andalou, qui fut aussi un immense poète.

10/2018

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Littérature française

L'Edit de Mantes

Eté 2027. La France, accablée par une chaleur que rien ne semble pouvoir tempérer, s'embrase. Le pays, fortement communautarisé et dirigé par une classe politique à bout de souffle, bascule dans le chaos. Sur fond de querelles de pouvoir et d'islam conquérant, émeutes et exode des populations "de souche" menacent l'unité de la République. Alors, pourquoi ne pas négocier à Mantes un nouveau concordat avec la religion musulmane ? Mais comment en est-on arrivé là ? Qui se cache derrière la mystérieuse signature 1212IV revendiquant les meurtres d'imams modérés ? Et qui donc attise la rébellion ethnicoreligieuse qui met en ébullition la France toute entière ? C'est ce que va essayer de découvrir le commissaire Raoul Lelièvre, le chef de la section antiterroriste de la crim', un flic à l'ancienne qui s'attache les services d'un grouillot de la presse régionale et coureur de jupons invétéré, Grégoire Deupartou. De Mokhtar-Maurice Massoud, le maire de Saint-Denis aux dents longues et aux moeurs dissolues, aux prédicateurs fanatiques acoquinés à des sicaires brutaux, en passant par cette bien singulière Milady voilée, les suspects ne manquent pas. Et s'il ne fallait pas plutôt les chercher du côté de cette Ligue des Vieux Habitants ? Ceux qui s'opposent aux oummanistes n'avaient-ils pas intérêt eux-mêmes à engendrer le chaos ? Roman d'anticipation haletant, à la fois cruel et haut en couleur, l'Edit de Mantes est un ouvrage riche en références historiques et politiques qui passionnera tous ceux qui s'inquiètent des remises en cause incessantes de la laïcité à la Française et des coups portés à l'unité nationale. Il est une alerte et c'est sûrement ce qui rend cette fiction réaliste. Le polar d'anticipation qu'il faut lire pour imaginer les dangers de partition qui menacent notre pays si les Français ne réagissent pas. L'Edit de Mantes se situe dans la grande tradition des polars politiques et d'anticipation. Il décrit une France confrontée dans dix ans au risque d'éclatement dû aux tensions communautaires d'éléments islamistes de notre population, soucieux d'établir un pouvoir religieux. Ce livre se lit d'une traite car il possède non seulement toutes les qualités du polar de bonne facture mais aussi parce qu'il repose sur une solide documentation. On peut dire dans conteste qu'il faut lire ce livre pour imaginer les dangers de partition de la France qui s'annoncent si les politiques et les Français ne réagissent pas.

11/2016

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Histoire de France

De l'établissement des Français dans la Régence d'Alger. Edition de 1839 augmentée de pièces provenant des éditions antérieures et des archives d'Outre-Mer

Pierre Genty de Bussy fut non seulement le témoin des premiers temps de la colonisation de l'Algérie par la France, mais il en fut également acteur et narrateur. Second intendant civil de l'Algérie, il y séjourne de juin 1832 à septembre 1834, durant cette période décisive qui déboucha sur la pérennisation de la présence française. Partisan du maintien de la France en Algérie, il est également favorable à l'extension des zones d'influence française. En revanche il est farouchement hostile à l'immigration sans contrôle des Européens. Cette attitude lui vaudra l'hostilité déclarée des diverses sociétés et associations qui, tant en France qu'à Alger, militent pour la mise en coupe réglée du territoire. Les militaires qui se considèrent comme les détenteurs naturels du pouvoir ne lui sont guère plus favorables. Genty de Bussy est conscient du désordre administratif qui règne alors à Alger. Durant les deux années de son séjour, il s'efforce, avec le peu de moyens humains et financiers dont il dispose, de mettre sur pied un début de structure administrative ce qui lui vaudra des critiques acerbes de la part des libéraux qui ne verront dans son action que contraintes et charges financières insoutenables. Genty de Bussy est présent en Algérie lors de la venue de la "Commission d'Afrique" . C'est cette venue qui donne naissance au présent ouvrage. Il procède en effet d'un volumineux rapport qu'il rédigea à l'attention des membres de la Commission. Tous les aspects de la colonisation y sont exposés ; le discours est étayé par de multiples documents qui à l'époque étaient inaccessibles à tout autre que lui. L'ouvrage se présente comme une photographie panoramique qui reflète l'Algérie, la Régence d'Alger, selon une perspective économique et politique. C'est l'indispensable complément aux Annales Algériennes de Pellissier de Reynaud qui écrivit sensiblement à la même époque ; ces deux hommes qui partageaient des visions fort proches de l'Algérie, se détestèrent. L'une des originalités de Genty de Bussy réside dans sa perception de la religion musulmane et du droit algérien ; à rebours du courant orientaliste il considère le Coran comme une oeuvre intelligente et digne d'intérêt et regrettera de n'avoir pu mener à bien son projet d'enquête systématique sur le droit ayant réellement cours à Alger au début des années 1830. En ce sens il fut un précurseur de Hanoteau qui réalisa, pour les coutumes kabyles, le rêve de Genty quarante ans plus tard.

11/2020

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Russie

Alexandra Kollontaï. La Walkyrie de la Révolution

Alexandra Kollontaï, quelle femme ! Et quel destin ! Aristocrate russe, elle rejette très tôt son milieu, son pays et choisit la révolution et le monde. Révolution de 1905, exil, prison, agitation clandestine, et, en 1917, elle est avec Lénine dans la révolution. Elle fait partie de son premier gouvernement, ministre - commissaire du peuple - alors qu'en Europe les femmes n'accéderont, et rarement, à la fonction de ministre qu'après la Seconde Guerre mondiale. Puis, cinq ans plus tard, première femme ambassadeur que l'histoire ait connue. Mais Alexandra Kollontaï, qui parle plusieurs langues, remarquable oratrice, sera aussi un tribun célèbre, s'adressant avec facilité aux ouvriers américains, aux socialistes allemands, aux marins révoltés de Kronstadt ou aux femmes musulmanes de l'Asie centrale, partout électrisant les auditoires fascinés. Kollontaï est aussi une féministe passionnée, théoricienne de l'amour libre, combattant pour l'émancipation et les droits des femmes. Et encore une amoureuse dont les amours tumultueuses choquent Lénine, ce qui ne l'empêche pas d'être une mère attentive à son fils. Autre Kollontaï, l'écrivain dont les écrits politiques, les romans, le journal tenu tout au long d'une vie constituent une oeuvre remarquable dont la qualité littéraire est unanimement reconnue. Cette existence multiforme, si dense n'a pas empêché Alexandra Kollontaï de s'imposer à l'attention de ses contemporains par sa beauté inaltérable et une élégance constante, saluée toujours par la presse qui la présenta comme un modèle, préfigurant ainsi les " icones " médiatiques du XXe siècle. Enfin, et ce n'est pas le moindre de ses exploits, Alexandra Kollontaï sortit victorieuse de la folie destructrice de Staline. Alors que Staline déshonora et extermina toute la vieille garde bolchevique, Kollontaï échappa au sort tragique de tous ses camarades de combat et vécut, indemne et active, à quelques mois près, aussi longtemps que Staline. Pour retracer ce destin incroyable et comprendre cette personnalité hors du commun et le demi-siècle qu'elle aura marqué, l'auteur a rassemblé une documentation considérable - archives, écrits de Kollontaï, mémoires de bolcheviks présents à l'époque - et des études historiques qui y sont consacrées. Historienne de la Russie, auteur de L'Empire éclaté, Hélène Carrère d'Encausse, membre depuis 1991 de l'Académie française dont elle est Secrétaire perpétuel depuis 1999, a notamment publié aux Editions Fayard Le Malheur russe, Nicolas II, Lénine, Les Romanov, Six années qui ont changé le monde, 1985-1991, Le Général de Gaulle et la Russie, La Russie et la France.

11/2021

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Encyclopédies de poche

Le chamanisme de Sibérie et d'Asie centrale

Les peuples d'Asie septentrionale reconnaissent parmi eux des individus doués de qualités hors du commun à qui ils confient la gestion des relations avec le monde invisible. Le terme utilisé en Occident pour les désigner, "chamane", appartient aux langues toungouses de Sibérie. Au cours de rituels destinés à une communauté, une famille ou un individu, les chamanes font surgir dans leurs chants des esprits anthropomorphes et zoomorphes et miment les dialogues, négociations et combats qu'ils mènent avec eux. Par la force ou l'habileté, le chamane obtient ainsi pour ceux qui le consultent la guérison, la fécondité, le succès à la chasse ou le croît du bétail. Les traditions chamaniques d'Asie centrale et septentrionale présentent une forte unité, notamment en raison de la continuité du fond culturel turco-mongol qui, au fil des migrations, s'est étendu jusqu'à l'Arctique et à la Méditerranée. Comme la plupart des positions sociales dans le monde turco-mongol, la fonction de chamane est fortement héréditaire. Dans les pratiques mêmes des chamanes, de nombreux thèmes directement issus de la civilisation nomade des steppes occupent une place centrale. Souvent assimilé à un guerrier ou un cavalier, le chamane d'Asie se distingue du chamane amérindien par l'attirail d'objets chamarrés dont il s'entoure : tambour, "armes", "cuirasse", "monture", cravache... La diffusion de l'islam en Asie centrale, à partir du VIIIe siècle, ne signe pas la fin du chamanisme, car celui-ci est recomposé avec cette nouvelle religion et, en particulier, avec sa forme mystique, le soufisme. Un phénomène semblable se produit dans les régions où le bouddhisme est introduit à partir du VIIe siècle (Tibet, Mongolie). Dans la nouvelle société musulmane, le chaman remplit généralement une fonction de thérapeute, parfois en association avec l'art du barde. Le XXe siècle a réuni dans un destin commun les chamanes d'Asie centrale et septentrionale, soumis aux persécutions des régimes communistes en URSS et en Chine. Vus comme des alliés de la classe dominante, de nombreux chamanes furent exilés et exécutés. Lorsque les pratiques chamaniques réapparurent au grand jour au début des années 1990, ce fut dans un monde nouveau. Si certains chamanes ont tenu à rester fidèles aux traditions perpétuées dans le secret pendant la période soviétique, d'autres ont choisi de s'adapter au monde urbanisé moderne en vendant leurs services dans le cadre d'associations. Dans les sociétés occidentales, les tenants du New Age prônent un "néochamanisme", dans lequel les rituels de guérison peuvent désormais s'enseigner, se transmettre, voire faire l'objet d'un commerce lucratif.

11/2011

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Histoire internationale

Cinq figures de l'émancipation algérienne

Cet ouvrage présente le parcours de cinq figures marquantes liées à l’histoire de l’Algérie du XXe siècle : deux Français de métropole, Germaine Tillion (1907-2007) et André Mandouze (1916-2006), et trois pieds-noirs, Alfred Bérenguer (1915-1996), Charles Koenig (1921- 2009) et Pierre Claverie (1938-1996). Pourquoi ce choix ? Il permet de traverser l’histoire douloureuse de l’Algérie des années 1930 (apogée de l’époque coloniale avec la célébration du centenaire du débarquement de 1830) jusqu’aux trente premières années mouvementées de l’indépendance, en passant par la période cruciale de la guerre de libération. Dans des positionnements et des engagements différents dus à leur histoire personnelle, faisant souvent preuve d’une clairvoyance prémonitoire, ces personnalités ont cherché, chacune à sa manière, à alerter les Européens d’Algérie et les Français de métropole sur les périls d’un système colonial fondamentalement injuste et sur l’urgence, après les événements de 1945, à s’engager dans la voie de l’émancipation réclamée par le peuple algérien opprimé sur les plans politique, social, culturel et religieux. Attachés à la fois à la France et à l’Algérie, cette femme et ces hommes ont voulu oeuvrer pour une paix juste et rapide et pour la cohabitation continuée d’une communauté européenne avec la population berbéro-arabe et musulmane d’une Algérie souveraine. Mais leur engagement ne vaut pas seulement pour le XXe siècle. « Passeurs des deux rives », ils restent pour aujourd’hui et demain sans doute des modèles de volonté et de courage au service d’un dialogue « à la recherche du vrai et du juste ». Leurs voix méritent de continuer à être entendues pour ouvrir aux deux peuples, algérien et français, la voie d’un renouveau de leurs relations, débarrassées des ressentiments du passé et tournées résolument vers un avenir de coopération et d’amitié nécessaires. C’est le message que cet ouvrage voudrait aussi transmettre aux générations nouvelles qui vivent sur nos deux sols. Michel Kelle, né en 1940, agrégé de grammaire, IPR de Lettres, a enseigné en Algérie en tant que coopérant à Tlemcen de 1965 à 1967, et à Oran de 1982 à 1988. Il a été élu délégué des Français résidant à l’étranger pour l’Algérie au CSFE (Conseil supérieur des Français de l’étranger) de 1985 à 1988. Auteur et coordonnateur d’ouvrages pédagogiques, il a écrit aussi de nombreux articles consacrés à des écrivains francophones d’Algérie, notamment Mouloud Feraoun et Emmanuel Roblès.

05/2013

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Antiquité - Généralités

Simon Rouet Consul de France à Mossoul en 1845, pionnier méconnu de l’archéologie assyrienne

Nommé vice-consul de France à Mossoul (Irak) en juin 1845 en remplacement d'Emile Botta las des vexations et "insolences personnelles du pacha et de son entourage" dont ce dernier était l'objet depuis l'attentat contre le couvent dominicain d'août 1844, Simon Rouet [1818-1848] appartient à cette génération de diplomates européens qualifiés de "consuls-archéologues" qui, férus d'histoire, vont s'adonner avec d'autant plus de détermination et de zèle aux recherches archéologiques en Mésopotamie que les découvertes qui en résulteront seront jugées inestimables - c'est à Rouet que l'on doit notamment la découverte des sites remarquables de Maltaï et de Bavian [Khinis] avec ses sculptures du roi Sennacherib, la poursuite des fouilles à Nimroud, Arbelles ainsi qu'à Quyundijk, la célèbre Ninive. Mais, là où d'ordinaire on ne voyait entre la France et la Grande-Bretagne qu'un conflit d'ordre essentiellement politique sur fond de patriotisme et de nationalisme chauvin, on découvre à travers sa correspondance que cette rivalité entre les deux nations s'avérait d'abord et avant tout religieuse. Lorsque le consulat français est fondé à Mossoul en 1842, l'ordre des Frères Prêcheurs vient d'y établir en août de l'année précédente un couvent tandis que la Grande-Bretagne y avait créé une antenne diplomatique dès 1840, suivie d'une mission anglicane en 1843 confiée au sulfureux Georges Badger, partisan du Puseyisme, dit Mouvement d'Oxford - ce dernier, propre beau-frère du vice-consul britannique Christian Rassam, chaldéen converti au protestantisme. A la même époque, la région toute entière est le théâtre de tentatives répétées des missions américaines "biblistes" visant à convertir les Chrétiens d'Orient [Jacobites, Chaldéens et Nestoriens] et ce, dans un climat ambiant tendu rendu d'autant plus complexe qu'attisé par certaines factions musulmanes fanatiques, anti-occidentales. C'est dans ce contexte de lutte d'influence entre Français et Britanniques qu'apparait Simon Rouet, passé jusqu'ici inaperçu. Ainsi la nature même des rivalités s'en trouve-t-elle éclairée. Et l'on reste en proie à la stupéfaction devant ce manque de discernement des autorités françaises alors qu'au cours de la décade 1845-1855 se jouait le sort de l'archéologie assyrienne - avec les conséquences que l'on sait sur les collections respectives du Louvre et du British Museum. A côté des figures emblématiques de Rawlinson, Botta, Layard, Ross, Kennett Loftus et Place, voici ce portrait de Simon Rouet destiné à le tirer de l'oubli où, fâcheusement, il était tombé.

12/2022

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Histoire internationale

Le grand désenclavement du monde. 1200-1600

Ce livre est né d'une constatation : le monde est en train de vivre des bouleversements considérables et les modalités d'ajustement sont difficiles. Tout se passe comme si l'effondrement de notre monde bipolaire, entre États-Unis et Union Soviétique, avait ouvert la boîte de Pandore des conflits disséminés auxquels nous avons bien du mal à donner un sens. Pourtant, si le monde est devenu plus insaisissable, parce redevenu multipolaire, il l'était déjà il y a plusieurs siècles.C'est entre 1200 et 1600 que l'ensemble du monde a progressivement été mis en relation, aboutissant à un grand désenclavement, ou à une première "mondialisation" pour reprendre un terme à la mode. Refusant l'approche traditionnelle, européo-centrée, de l'histoire des relations internationales, basée sur le concept de l'État-nation, Jean-Michel Sallmann privilégie dans cet essai "politiquement incorrect" le paradigme civilisationnel tel que l'ont décrit Samuel Huntington dans son Choc des civilisations et avant lui Fernand Braudel. Il souligne combien au début du XIIIe siècle, l'humanité est cloisonnée, divisée en quatre grandes civilisations - chinoise, européenne, musulmane et hindoue - qui, par leur poids démographique et leur dynamisme, jouent un rôle majeur sur le plan stratégique, culturel et économique, laissant pourtant des territoires entiers coupés du reste du monde : l'Amérique, l'Afrique noire et le continent austral. Les invasions mongoles viendront briser partiellement l'isolement de cet Ancien Monde, avant que le cataclysme de la seconde moitié du XIVe siècle, engendré par la Peste noire et ses conséquences, redistribue les cartes en faveur de l'Occident chrétien. C'est lui qui sera finalement, contre toute attente, le catalyseur du désenclavement qui se produira avec les Grandes Découvertes du XVe siècle.Un livre foisonnant et ambitieux, à la curiosité salutaire, qui nous entraîne dans un style enlevé sur les routes humaines qui, d'Alep à Quanzhou, d'Ormuz à Calicut, ont de tout temps sillonné le globe, nous offrant un regard neuf sur le monde d'aujourd'hui.Professeur émérite d'histoire moderne à l'université de Paris X-Nanterre, Jean-Michel Sallmann a étendu son champ d'investigation originel sur l'Italie des XVIe-XVIIe siècles à une approche globale de la Renaissance à travers l'Europe : Charles Quint : l'empire éphémère (Payot, 2000 et PBP, 2004); La circulation des élites européennes : entre histoire des idées et histoire sociale, dir. (Seli Arslan, 2002), puis à l'échelle planétaire Géopolitique du XVIe siècle : 1490-1618 (Le Seuil, 2003), prenant ainsi le risque d'aborder des rivages lointains encore inconnus de lui.

04/2011

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Critique littéraire

Le château de Seix. Journal 1992

Vendredi 18 décembre, dix heures du matin. Dans la débauche, je pense à l'amour. Dans la relation sentimentale, je ne peux pas oublier les voluptés de rencontre, ou de passage. Tous mes vœux sont farcis de leur contraire, mes phrases de leur négation, mes opinions de leur critique, mes livres de l'invite à ce qu'on les prenne pour l'opposé de ce qu'ils paraissent, et qu'ils ne veulent pas paraître tout à fait. Ma personne même ne se décide à être personne. Suis-je un riche châtelain avec une belle voiture, ou bien un clochard de campagne, promis à des intérieurs de terre battue, parmi des ruines béantes sans fenêtres ? Ai-je envie d'être envié, ou d'être plaint ? Désiré-je être heureux, ou bien souffrir poétiquement ? Suis-je le critique intraitable des mœurs littéraires, de mon temps, ou bien le chantre de la politesse et de la courtoisie, le Philinte qui écrit des petits mots bien aimables à tous ceux de ses confrères qui lui envoient leurs livres ? Un ours, ou un chien de salon ? Un écrivain d'avant-garde, ou ce qu'il en reste, ou un laborieux producteur de copie, qui essaie d'en tirer sa pitance ? Un homme de gauche, ou un fieffé réactionnaire ? Ai-je vraiment envie de me retirer du monde, ou bien si c'est pour qu'il insiste, afin de me serrer plus étroitement contre lui ? Même dans mes vêtements, je n'arrive pas à me décider. Si demain je vais à Toulouse, sera-ce vêtu d'un vieux jean et d'un blouson de cuir, dans l'espoir d'une rencontre avec quelque moustachu en comparable appareil, ou bien dans la tenue de hobereau anglophile qui s'est plus ou moins imposée d'elle-même, ici, entre mon pigeonnier, la boue, mes chiens et les visites de la générale (qui est venue m'apporter, avant hier, du foie gras de sa propre confection) ? Je n'aperçois de tous côtés que des emplois. Ce n'est pas que je n'y crois pas, mais je ne parviens jamais à m'y voir tout à fait. J'ai toujours envie d'être ailleurs, ou d'être quelqu'un d'autre, dont je soupçonne qu'il pourrait être moi tout aussi bien ?

07/1998

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Littérature française

Par le fil je t'ai cousue

Dans la Tunisie rurale des années 60, une fillette grandit dans l'ombre d'une famille traditionnelle et la soumission à une mère toute-puissante. Destinée à vivre et mourir voilée et analphabète comme ses aînées, elle va, la première, prendre le long chemin de l'émancipation. Le prix à payer sera lourd pour se libérer des sortilèges, des interdits et des secrets maternels. " Du fil, du sang et des mots. Il n'en faut pas plus pour faire disparaître le corps d'une fille. La dématérialiser d'un coup, un seul. Net et sec. Une entaille. Et le liquide qui coule, tout naturellement, dans une odeur de femmes et de secret. Nous étions trois. Ma mère, Dibiza et moi. Plus un métier à tisser. L'armature en bois ne comportait que les fils de trame tendus à l'horizontale. Les fils de chaîne avaient été sectionnés. J'étais debout, pieds nus, la robe relevée au-dessus du genou. Dibiza s'est baissée et a planté un bout tranchant au niveau de la rotule. Une lame à raser ? Un couteau ? Une aiguille ? Je ne me souviens que du reflet du métal. Il passe aujourd'hui encore devant mes yeux comme une ombre. C'est à ce moment-là qu'est intervenue ma mère. Elle a glissé des graines de raisins secs dans la main de Dibiza. Sept. La matrone les a comptées à voix haute, minutieusement. - Vas-y, dit-elle en relevant la tête et me poussant vers le métier à tisser. Tu vas passer au-dessus de la trame. Je me suis avancée. - La jambe droite d'abord. Puis la gauche. Ensuite, tu reviens au point de départ. Et tu recommences. J'ai levé la jambe droite. - Veille à effleurer le fil de ton pied. Après chaque aller et retour, Dibiza s'est penchée sur l'entaille, a badigeonné de sang le raisin sec et me l'a tendu : - Ouvre la bouche. Avale-moi ça. Et elle a psalmodié d'une voix de basse : - Par le fil je t'ai cousue ! Ton sang je t'ai fait avaler ! Nul ne pourra plus t'ouvrir ! Ni l'homme ni le fer ! Tu es un mur contre un fil ! Un mur contre un fil ! Sang de ton genou, ferme ton petit trou ! "

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Philosophie

Ethique de la différence sexuelle

L'homme et la femme demeurent plus étrangers l'un à l'autre que ne le sont à chacun l'animal, la plante, la pierre, l'univers, les dieux. Cet irréductible de l'un à l'autre s'oublie sans cesse et s'organise en mondes bâtis dans la méconnaissance. Le langage, les échanges en général fonctionnent comme si ces deux moitiés du monde se connaissaient, se parlaient, se partageaient. A peine se font-elles signe de chaque côté d'un miroir qui n'appartient ni à l'une ni à l'autre, d'un abîme infernal ou céleste, d'une proximité que plus rien ne signifie. A moins qu'elles ne se détournent délibérément l'une de l'autre, ou ne tentent de se détruire dans le vertige de quelque renversement dialectique. Ni la femme ni l'homme n'ont construit un territoire qui leur permette d'habiter et cohabiter leur corps, leur chair, de s'étreindre, s'aimer, créer ensemble. Mais la constitution d'une éthique sexuée est toujours reportée à plus tard. Elle emprunte d'étranges détours. S'arrête à l'écologie animale, considère le sexe des végétaux, analyse le comportement de nos cellules, s'efforce de connaître toutes espèces ou genres de mêmes et d'autres selon la taille, la forme, la couleur, la quantité, le nombre... Tout, sauf ce si proche de nous que nous ne le percevons pas et que, le touchant, nous n'abordons souvent qu'à notre nuit. Tant nous fait défaut ce qui dit nos puissances sensibles, leur architecture, leurs abords, leurs seuils, leurs passages du plus intime au plus lointain, en nous, entre nous. La différence sexuelle comme enjeu théorique et pratique est encore abandonnée aux sciences et techniques " secondes " : médecines, arts, modes. Restaurations, reproductions, voiles, masques d'un original qui reste dans l'ombre, et qui vaut d'être interrogé avant d'être imputé à Dieu, ou quelque Autre qui nous fait loi. Qui suis-je ? Qui es-tu ? En quoi consiste l'insurmontable de notre différence ? Quelles sont nos conditions de possibilité de vie, de beauté, de raison commune ? Ces questions s'imposent à notre époque. Mais elles suscitent les polémiques et les refus de qui se veut, se croit, ou s'ignore monopole d'une " philosophie première " - Vérité.

02/1997

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Poésie

Verger

Le verger n'est pas une métaphore, c'est un rapport au monde. Une attention constante au soin, à la forme des fruits, à la hauteur et la direction des branches. Une attention à des cycles plus vastes que l'homme. Faire croître c'est avoir conscience de l'environnement : pruniers, abricotiers, cerisiers, chaque arbre porte son caractère, sa nature. Patience, attention et gestes sûrs sont nécessaires à leur apprivoisement. Cédric Le Penven pèse les heures dans ce livre rythmé par l'écoute des arbres et la récolte silencieuse de leurs fruits. Face à l'immobilité apparente de ces arbres, à leur impassibilité, on presse notre fatigue, notre porosité. Dans le fourmillement de vie, de plantes et d'insectes, on reste malgré tout un intrus, comme si notre capacité à englober toutes ces vies dans notre conscience et dans nos gestes nous en excluait. On cherche à poser notre marque humaine, à faire fructifier : on greffe, on transforme, on mute. Il y a une tension entre ces présences naturelles, l'intervention du gel, le refus mystérieux d'une greffe, le rejet d'un sol, et l'obstination de l'homme, ses outils pour faire plier la nature. Les arbres aussi tombent malades, portent leurs cicatrices. Il faut savoir avec précision ce qu'il faut couper, pour ne pas augmenter le mal, et nettoyer les plaies. C'est une des quêtes du livre, oser poser ses blessures "à l'air libre". Le Penven pose sur son verger une main qui cherche à apaiser, à guérir, à faire grandir. Une main douce et attentive, à rebours des coups et des poings de l'enfance. Contre tous ces arbres que l'on plante à l'intérieur de soi-même, et qui prolifèrent de façon anarchique, envahissante, que l'on est bien impuissants à tailler et qui donnent tant de fruits noirs. C'est que pour se guérir soi-même, la précision de nos gestes ne vaut rien ; on ne peut les porter vers soi. On a beau essayer de savoir, on ne connaît rien de ce qui nous agite et s'agite au dehors. La mémoire, les enfants qui grandissent, les blessures logées à l'intérieur de chacun, pour tout cela il n'y a pas de manuel, et il "ne reste plus qu'à tout aimer sans rien comprendre".

04/2019

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Poésie

Le Printemps et le reste

Au début des années 1920, le monde se remet d'une guerre mondiale sanglante et d'une pandémie grippale encore plus meurtrière. Les milieux artistiques d'Europe et d'Amérique bouillonnent de créativité, explorent de nouvelles voies, discutent, échangent : les idées et les formes traversent régulièrement l'Atlantique. En 1922, Yeats obtient le Prix Nobel et Rilke publie les Elegies de Duino : la vieille poésie se porte bien. Mais c'est aussi l'année où Eliot fait paraître La Terre Vaine, ce sera une déflagration pour un médecin américain au mitan de sa vie, auteur de livres de poésie, il est aussi pédiatre et met les enfants au monde ; il s'appelle William Carlos Williams. Il répond à la charge poétique d'Eliot avec un livre fou, libre, inclassable : Le Printemps et le reste. Petit livre à la couverture bleue, imprimé à 300 exemplaires Dijon par l'imprimerie Darantière qui avait imprimé le Ulysse de Joyce quelques mois plus tôt. Aujourd'hui considéré comme l'un des plus grands poèmes du XXe siècle, Le Printemps et le reste est un véritable manifeste pour l'imagination - un livre hybride où alternent des sections de prose et de vers libres, qui apostrophe le futur, mais avec les pieds campés dans le ici et maintenant. Il cristallise en déclarations dramatiques, énergiques et magnifiquement cryptiques la façon dont le langage recrée le monde. La poésie est faite de mouvement pour Williams, il désarçonne le lecteur - le terrifie dira Robert Creeley -, déjoue ses attentes, multiplies les chausse-trappes, plante mille questions et s'esquive sans apporter de réponses. Cela ressemble à de l'improvisation, c'est débridé, fou, solaire. Multiple et furieux. Amusé et insensé. Naufrages, meurtres mondiaux, déferlements de couleurs, la voix s'arrête et repart, navigue entre les blancs et les lacunes, commence à l'impromptu comme au milieu d'une conversation et se tait brusquement. Williams croit en l'imagination, mais l'imagination chez lui ne tourne pas le dos à la vie. Il propulse la poésie américaine dans une tension vivante du présent, et la conduit à un carrefour. Le carrefour de la modernité dont Le Printemps est le reste est la boussole espiègle et détraquée. La nouvelle traduction de Valérie Rouzeau rend toute la vivacité de ce livre majeur de la poésie américaine.

06/2021

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Histoire ancienne

Les Sénons. Archéologie et histoire d'un peuple gaulois

En participant à la prise et au pillage de Rome au mois de juillet 390 av J-C, les Sénons, peuple celte originaire du centre-est de la Gaule, entre Champagne et Bourgogne, font une entrée fracassante dans l'Histoire. Par cette action hautement politique et symbolique, ils se font connaître des grandes civilisations méditerranéennes qui, jusqu'alors, n'avaient qu'une idée imprécise de l'existence de ces communautés guerrières qui occupaient l'ensemble de l'Europe transalpine. Jamais la puissance naissante de Rome n'avait été autant menacée que durant ces décennies des IVe et Ille s av J-C qui voient l'installation de ces peuples "barbares" dans la plaine du Pô et le long de la côte adriatique, entre Pesaro et la région située immédiatement en deçà du fleuve Esino. L'archéologie, grâce aux découvertes faites en Europe et en Italie depuis le XVIIIe s, a permis d'identifier plus précisément ces populations à travers les vestiges de leurs habitats, de leurs cimetières et de leur culture matérielle. A partir des vestiges mobiliers et immobiliers patiemment et scientifiquement exhumés, l'archéologie nous dévoile les différents aspects de la vie quotidienne de ces farouches guerriers qui ont ébranlé pendant un temps, la première puissance de l'Occident. Elle nous invite également, par la présentation haute en couleur de leurs croyances religieuses et de leurs pratiques funéraires, à porter un regard nouveau sur ces civilisations celtiques qui ont fait l'Europe et façonné de manière durable les paysages dans lesquels nous vivons aujourd'hui. A l'orée du XXIe s, cette exposition labellisée d'intérêt national fait, pour la première fois, le point de nos connaissances sur ce peuple sénon dont le nom restera définitivement attaché à la conquête de l'Italie du Nord et à la prise de Rome. A travers l'évocation de plus d'une trentaine de thèmes complémentaires - agriculture, rites funéraires, guerre, systèmes politiques, commerce et échange -, le lecteur pourra appréhender les dernières découvertes et les ultimes interprétations tirées d'une analyse précise et fine des sources historiques et archéologiques. Chacun de ces thèmes met en valeur un aspect particulier de la vie quotidienne des Sénons, entre le début du IVe s et la fin du Ier s av J-C.

05/2018

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Ecrits sur l'art

Feuillages. L'art et les puissances du végétal

Tout est feuille, nous dit Goethe, dont le regard vitaliste introduit au xviiie siècle une singulière extension à la définition du feuillage. Les parties de la plante ne seraient-elles pas toutes comme des modifications d'une seule et même forme : des feuilles transformées, soumises à mesure de leur croissance à des processus de déploiement ou, au contraire, de contraction et d'intensification ? Des feuilles transformées ? Et comment les arts, la peinture mais aussi la photographie et le cinéma, ont-ils composé avec cette forme à la fois volatile et détaillée, bruissante, massive et foliacée, autant qu'avec le milieu, avec l'air, la radiation solaire, sans quoi la forme-feuillage ne saurait exister ? Clélia Nau braque l'objectif sur un motif longtemps condamné à ne croître que dans les marges de l'art. Elle redonne voix à cette vie profondément autre, mystérieuse, à ces feuillages dont le mode d'existence spécifique est de bruire ou de végéter. Un bruire qui n'a pas pour seule fonction d'apporter un supplément de grâce, qui peut aussi perturber la fiction, interférer avec la fable représentée. Un végéter qui n'est pas qu'existence passive : en latin, vegetare désigne ce principe actif de vie grâce à quoi le végétal produit tout au long de sa vie de nouveaux organes, déploie, mieux, invente sa forme, marque même de sa vitalité. L'ambition de ce livre est de montrer par les images, par le pouvoir révélateur des détails, les puissances invisibles, les transactions secrètement à l'oeuvre dans le végétal. Il ouvre des perspectives inédites sur l'activité créatrice, sur la production des formes artistiques, en les ré-enracinant dans l'énergie même du vivant. Il nous apprend à regarder les oeuvres autrement, selon un point de vue non plus exclusivement humain, non plus systématiquement indexé sur la traditionnelle hiérarchie instituée entre les règnes. Ce que l'auteur promeut, c'est une nouvelle " écologie des formes " : les éléments inclus dans l'espace de la représentation sont à penser comme appartenant tous à une même communauté solidaire de vivants. Conçu comme une sorte de cabinet de curiosités végétales, l'ouvrage entend enfin suggérer que l'art est peut-être l'un des derniers lieux où le lien de l'homme avec la nature, si souvent questionné et partout menacé, trouve encore à se redéfinir et à se préserver.

10/2021

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Initiation à la micro

Informatique & numérique à l'usage des seniors... et autres débutants. Famille, loisirs, démarches, services... : comment mieux vivre avec le numérique

Mode d'emploi très simple, illustré, didactique - et parfaitement à jour (Windows 10 - Windows 11) - concentré sur les utilisations les plus courantes qu'ont les particuliers sur ordinateur et internet. Ordinateur, logiciels, internet... Comment s'équiper ? Comment ça marche ? Pour quels services ? Conseils et mode d'emploi... Voici expliquées les bases de l'utilisation de l'ordinateur et des services Internet dans des termes simples, illustrés de nombreux exemples : un point de départ qui permettra au lecteur d'acquérir les bases nécessaires pour découvrir par lui-même les possibilités infinies de la machine et de l'internet. Retrouvez tout ce qui est susceptible d'intéresser un Senior - ou tout autre débutant - dans son cadre familial pour communiquer, s'informer, se consacrer à ses hobbies... voire rompre l'isolement et faciliter le maintien à domicile. Sommaire (extraits) Pour bien commencer... Acheter un ordinateur . Internet chez vous . Autopsie d'un ordinateur . Les cartes . Le disque dur . Périphériques indispensables . Prises . Du bon usage de la souris et du clavier . Logiciels... Installation de l'ordinateur Mettre en marche son ordinateur . Prise en main . Présentation du bureau . Lancer une application . Utiliser un périphérique USB . Arrêter l'ordinateur... Dossiers et fichiers Du bon rangement des choses . L'explorateur Windows . Manipuler les dossiers . Manipuler les fichiers . La corbeille... Utiliser l'ordinateur Exécuter un programme . Les principaux programmes d'application . Installer des logiciels Imprimer . Installer une imprimante . Impression standard . Graver un CD/DVD . Graver un disque de données . Compléter un disque de données déjà gravé . Graver un CD audio . Graver un DVD Vidéo... Le monde de l'internet Se connecter à internet . Principe et vocabulaire . Le navigateur . Atteindre un site . Naviguer sur internet . La sécurité sur internet . Télécharger . La messagerie . Envoyer et recevoir des messages . Gérer ses messages... Communiquer Le téléphone sur internet . Le "chat" . Partager . Envoyer de gros fichiers . Les réseaux sociaux... Se divertir Ecouter un CD ou regarder une vidéo . Récupérer vos vieux vinyles . Les images . La photographie . La vidéo . Jouer... Sécurité et entretien Se prémunir contre les pannes . Sauvegarder vos données . Sauvegarder vos courriels . Se prémunir contre les attaques informatiques . Déclarer un autre utilisateur . Contrôle parental... Pratique Au secours ! . J'ai perdu la barre des tâches ! . Mon ordinateur a l'air bien fatigué ! . Mon ordinateur est planté ! . J'ai effacé un fichier par inadvertance . Trucs et ficelles . Quelle place reste-t-il sur un disque ? . Mise à l'heure . Extensions et icônes des principaux logiciels...

09/2023

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Littérature Italienne

Je choisis la lagune

Plasticienne, Christine Célarier a deux "autres" passions, Venise et la littérature. Depuis de nombreuses années, elle se rend à Venise plusieurs fois par an. Là, au milieu des eaux, elle observe, dessine, prend des notes... Elle y croise des êtres chers. Elle y marche, de jour comme de nuit, dans les pas du grand poète disparu : Franck Venaille. Avec le temps, elle est même devenue l'amie de Micha, Micha Venaille, veuve du poète et lectrice attentive et bienveillante. Comme d'autres avant elle, Christine Célarier a donc choisi la lagune. Elle a choisi Venise, cette incroyable cité en partie engloutie sous les eaux et à laquelle elle offre ses mots comme elle a pu offrir, déjà, de très nombreux dessins. Venise est son royaume de prédilection, royaume placé à mi-distance entre ombre et lumière. Venise, de l'aube jusqu'au crépuscule. Elle nous propose trois nouvelles dont voici un extrait : "Aucun matin n'est semblable. L'un d'eux m'a étreint aux toutes premières heures du jour. Une tasse chaude à la main, le regard porté au dehors, j'ai furtivement vu une femme qui descendait les marches menant à l'eau du canal". Le décor est planté, l'ambiance pareillement. On assiste à la scène. COMMENT ? D'abord plasticienne, Christine Célarier peaufine ses proses avec justesse et précision. Elle ne dit jamais tout d'un seul coup. Elle dévoile, peu à peu. Elle libère. Elle a, surtout, plusieurs cordes à son arc. Et, en choisissant "la lagune" , elle a aussi choisi de percer quelques-uns des mystères de la langue, sa propre langue, en toute discrétion. Christine Célarier sait faire entrer, tout naturellement, la poésie dans la fiction. Ses récits, aux titres évocateurs et troublants, Sang lagunaire, Ombre nuit, Laissant le ciel à sa splendeur, ce dernier emprunté à un poème de Pasolini, ne cherchent au fond qu'une seule chose, l'impossible consolation. QUI ? Christine Célarier est née le 4 mars 1952 à Nevers (Nièvre). Diplômée de l'Ecole nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon (DNSEP). Professeure d'enseignement artistique de 1981 à 2013. Directrice de la classe préparatoire de l'ENSBA de 2006 à 2013. Commissariat d'exposition pour la Grange de Clavière en Ardèche, ainsi que pour La Grande Galerie, (lagrandegalerie. org) dans la Drôme avec un collectif d'artistes. https : //www. christine-celarier. com

09/2023

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Littérature française

La Grimeuse

Dans une ville emmurée où se pratiquent d'étranges rituels, une passeuse clandestine œuvre aux évasions et aux métamorphoses. Le temps d'un spectacle, une marionnette raconte ses pérégrinations, émaillées de rencontres troublantes et d'apprentissages. On y croise des exilés et des bonimenteurs, des travestis désespérés, des femmes aux cuisses lustrées montées sur des échasses, des animaux de compagnie revenus à l'état sauvage, et même une troupe d'enfants parlant un langage oublié. Ces figures entremêlées composent une fable burlesque et sensuelle, le tableau baroque d'un monde aux prises avec l'illusion. S'y font écho la soif de liberté des habitants de Ciutabel et la quête initiatique de Pouc. Des personnages prêts à tout pour briser le miroir aux alouettes, avides d'échapper à la pesanteur des rôles et des enfermements. On dit que, ses sept vies révolues, l'âme d'un chat vient éclore dans une plante aromatique sauvage, une de ces mauvaises herbes utilisées en décoction par les vieilles femmes, pour faire chanter les morts ou venir les filles. A moins qu'elle ne reste prise aux filets d'un bas de soie, entortillée aux mailles serrées qui recouvrent les cuisses des prostituées comme celles, cachées sous d'épaisses robes, des épouses de notables. On dit aussi que le grésillement des cigales est un envoûtement certain, et que l'âme de celui qui l'entend au moment de mourir en reste à jamais prisonnière. Le chant des cigales, il n'est pas prêt de se faire entendre, dans ce champ de ruines. Quant aux prostituées, généralement les premières arrivées et les dernières parties, j'ai fini par me demander si elles avaient jamais paradé ici. Quoi qu'il en soit, avec ou sans elles, se sont évanouis tous les habitants de la ville. Il ne reste que ces moucherons endiablés, et moi. A tel point que je me demande parfois si je ne suis pas en train de rêver. La ville détruite est complètement déserte. Je déambule au milieu des ruines, sans âme qui vive et puisse attester ma propre existence. Suis-je réellement en train de parcourir ces rues ? Je pourrais en douter, mais mes besoins naturels semblent suivre leur cours et témoigner que mon corps fonctionne normalement. Puis-je, dès lors, conclure que je suis bien réel et que par conséquent les restes ébréchés de cette ville le sont aussi ?

08/2013

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Théâtre

Doña Rosita la célibataire, Le Petit Tréteau de don Cristobal et doña Rosita

" Non, madame. Pour moi, les fleurs sentent l'enfant mort ou le métier de nonne ou l'autel de l'église. Des choses tristes. Là où l'on trouve une orange ou un bon coing, que les roses du monde s'en aillent. Mais ici ! Des roses à droite, du basilic à gauche, des anémones, des sauges, des pétunias et ces fleurs d'aujourd'hui, très à la mode, les chrysanthèmes, décoiffés comme les têtes de petites tziganes. Qu'est-ce que j'ai envie de voir plantés au jardin un poirier, un bananier, un cerisier, un kaki ! " Avec Doña Rosita la célibataire et Le Petit Tréteau de don Cristóbal et doña Rosita, L'Arche inaugure une nouvelle édition du théâtre complet de Federico García Lorca. Comme on le sait, les traductions vivent et meurent avec leur temps. Il était urgent de tenter quelque chose de nouveau. Sur plus d'un plan, Doña Rosita est une pièce intéressante, bien qu'une lecture futile la fasse paraître assez lointaine : nous sommes à Grenade, à la fin du XIXe siècle, une fiancée qui attend désespérément son fiancé ne semble pas être un destin qui nous serait familier. En même temps, la pièce a bien un secret, car l'histoire de Rosita dépasse de loin la " simple " affaire d'un amour déçu. Elle dégage en effet deux perspectives : l'une individuelle et l'autre politique. La perspective politique réside dans la conscience moderne du temps, reflétant la fracture entre la réalité vécue (ici le désir ardent de Rosita) et l'horizon d'attente (le retour du fiancé). Les Lumières et la science moderne nous ont montré le chemin vers cette dichotomie, engendrant, en l'occurrence, amertume et frustration. Au moment où Lorca écrivait l'histoire de Rosita, un sorcier chamarré prétendait guérir les deux maux : le fascisme. Mais l'autre perspective, celle-ci biographique, complète bien cet aspect politique. Depuis sa plus tendre jeunesse, Lorca explore le sentiment d'abandon, de répression provinciale toujours présente chez lui. À 37 ans, lorsque les franquistes l'assassinent, sans procès, dans une carrière près de Grenade, l'amour épanoui, il ne l'a pas connu. Il aura attendu, lui aussi, toute sa vie. Cette Emma Bovary qu'il plaint, il l'a bien comprise.

05/2004

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Guides de France

Ballons des Vosges. 30 belles balades

Un livre qui vous parle, chante à votre oreille et vous donne des ailes ! Survolez les balades en 3D. Ecoutez les conseils d'experts. Identifiez 150 chants d'oiseaux. 30 balades dans le Parc des Ballons des Vosges : entre Alsace, Lorraine et Franche-Comté, découvrez les plus beaux chemins de ce territoire préservé. La route des Crêtes, le Grand et le Petit Ballon, le plateau des Mille Etangs... les paysages se succèdent et l'on passe de versants boisés, aux tourbières et aux cours d'eau. Un espace protégé où la faune et la flore sont abondantes : lynx, faucons pèlerins, chevreuils, chamois, pensées des Vosges, oeillets superbes et l'arnica , célèbre plante médicinale. Découvrez les plus belles balades avec les pages panoramiques du guide ou trouvez la plus proche de chez vous grâce à l'appli mobile. Le livre, très illustré, permet de plonger en plein coeur des secrets naturels de la région avec près de 150 illustrations, des photos en double page et des planches animaux détaillées. Familiarisez-vous avec les circuits proposés en lisant les infos pratiques (niveau de difficulté, accès, durée...) Survolez les itinéraires en Animation 3D grâce à l'appli mobile pour vous faire une idée du relief, de la végétation, de la longueur du parcours... Comme si vous y étiez ! Sur place, choisissez d'être guidé par le livre ou par l'appli mobile. Les deux sont autonomes ! Ecoutez et identifiez plus de 150 chants d'oiseaux en pointant simplement votre téléphone sur le dessin dans le livre, ou en recherchant une espèce dans la rubrique Faune et flore de l'appli mobile. Ecoutez les conseils d'experts avec le Mot du naturaliste : des passionnés vous racontent leurs anecdotes sur la balade ou sur la faune et la flore à observer sur le site. Restez toujours sur le bon chemin grâce à la géolocalisation complète du parcours. En cas de doute, activez votre GPS et sachez instantanément où vous êtes par rapport au tracé de la balade. L'appli mobile est entièrement incluse dans votre achat. Il vous suffit ensuite de la télécharger. Pour la première fois, un guide exploite la qualité visuelle et tactile du livre (superbes photos grand format, plaisir de feuilleter) et toutes les possibilités pratiques du numérique (géolocalisation, son et vidéo, interactivité...).

06/2020

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Tourisme France

Toulouse Métropole. Une histoire en devenir

Trente-sept communes, 762 956 habitants, 45 820 hectares dont 43% d'espaces naturels, agricoles et forestiers, plus de 100 000 étudiants... les chiffres ont toute leur importance pour décrire le paysage socio-économique de Toulouse Métropole. Mais quelle est la "personnalité" de ce territoire ? Comment s'est construit son paysage historique, économique et culturel ? C'est d'abord une histoire partagée, celle qui, de la romanité à nos jours, en a modelé les contours. Après les villae gallo-romaines, ces fermes disséminées autour de l'antique Tolosa, le Moyen Age voit la constitution des seigneuries et la fondation des paroisses ; les communes instituées à la Révolution ont presque toutes conservé leurs limites de 1790. Toulouse ne cesse de grandir et, à partir des années 1960, c'est aussi le tour des trente-six autres communes qui accueillent aujourd'hui près de 40% de la population de la Métropole. Métropolitains des villes et Métropolitains des champs partagent désormais un territoire et un avenir communs. Toulouse Métropole c'est aussi une économie. Jusqu'au début du XXe siècle, Toulouse est une grande cité industrieuse, administrative et commerçante, au milieu d'une vaste plaine agricole plutôt prospère. Le pastel a fait la fortune de quelques riches commerçants au XVIe siècle, mais point d'industrie jusqu'à ce qu'un jeune industriel, ambitieux et avisé, venu des Pyrénées voisines, se lance au sortir de la guerre de 1914-1918, dans la construction d'avions et l'exploitation de lignes aériennes commerciales. Nul ne le savait encore, mais le destin aéronautique de Toulouse était scellé ; le spatial suivra à partir des années 1970. Dans le même temps, l'université, créée en 1229, est devenue la troisième université de France en dehors de Paris. Toulouse Métropole, c'est enfin une culture et un art de vivre qui s'enracinent dans un patrimoine et dans une langue, cette belle langue d'oc qu'on entend encore chanter - un peu - dans l'accent. Une terre fertile depuis longtemps pour la créativité dans tous les domaines : arts littéraires et arts plastiques comme arts du spectacle vivant ; arts du ballon ovale comme du ballon rond ou de la belle foulée ; arts de la gastronomie comme art de la flânerie... Un territoire avec son histoire, son économie et sa culture, c'est ce paysage, cette mosaïque, que ce livre a pour ambition de montrer. Toulouse Métropole, un territoire à vivre, une histoire en devenir.

03/2019

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Théâtre

Annele Balthasar. Edition bilingue français-allemand

Annele Balthasar est publié et représenté en 1924. Le succès est immédiat et se reproduira à chaque nouvelle mise en scène de la pièce. Ici aucune facilité, aucun pittoresque. Une écriture forte et nue. Un thème grave et universel : l'intolérance, l'exclusion, la persécution. C'est une femme qui en est la victime, comme tant d'autres le furent : on estime à quelque 100 000 personnes - bien sûr, en grande majorité, des femmes - le nombre des victimes de la chasse aux sorcières. Nathan Katz s'est directement inspiré du procès d'Anna Balthasar qui a réellement eu lieu, à Altkirch en 1589, et décrit avec une parfaite justesse la terrible mécanique qui, à partir d'une simple dénonciation, fait enfler la rumeur, extorque les aveux et condamne à la mort. Cette chasse aux sorcières, ce n'est pas au Moyen Age qu'elle a eu lieu, c'est à l'époque de Descartes : elle atteint son apogée aux XVIe et au XVIIe siècle (la dernière "sorcière" est exécutée en Suisse en 1782). Ce n'est plus alors l'Eglise qui la mène, ce sont les Etats : ce ne sont pas des inquisiteurs qui jugent Annele Balthasar, mais les magistrats d'un tribunal civil. Plus grave encore : ces politiques de terreur s'appuient sur une large adhésion populaire. On le voit, la chasse aux sorcières ne relève pas d'un lointain passé. Si personne n'imagine plus aujourd'hui des femmes forniquant avec des démons, l'obscurantisme, le fanatisme, le machisme sont toujours là et la désignation de "boucs émissaires" reste un instrument privilégié des dictatures. En cette même année 1924 où Nathan Katz faisait représenter son Annele Balthasar, à 300 kilomètres de là, dans la prison de Landsberg Adolf Hitler rédigeait Mein Kampf qui désignait à la vindicte publique non plus les possédées du diable, mais tous les juifs. "Katz aime les hommes et les plaint, écrivait Guillevic en 1930, il aimerait qu'ils changent et, comme il est bon, il espère en leur perfection. [...] Je crois que Rilke l'aurait beaucoup aimé, lui qui aimait les choses et l'humilité. Il est très grand, et les enfants des imbéciles contemporains le sauront dans quelque dix ans". Treize ans plus tard, sur la carte d'identité française de Katz seraient apposés quatre caractères d'un centimètre de haut : "Juif".

04/2018