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Tristan Gaston-Breton

Extraits

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Histoire de France

Petites patries dans la Grande Guerre

"Nous sommes relevés par le 65e, des Bretons qui, avec vingt-cinq kilomètres dans les jambes et douze heures sac au dos sans arrêt, ne se plaignent pas et s'entassent sans un mot dans les abris. C'est une race plus sympathique que nos Méridionaux du 16e corps, à qui la division était rattachée". Par ces quelques mots griffonnés dans ses carnets en décembre 1915, le Bourguignon Pierre Perrin, mobilisé dans un régiment dijonnais, dit bien la force des stéréotypes régionaux dans la France de la Grande Guerre, les tensions qui en résultent parfois aussi malgré l'Union sacrée affichée. Pourtant, en dépit des profonds renouvellements de l'historiographie du conflit depuis une trentaine d'années, cette dimension régionale et périphérique des différents phénomènes, loin de Berlin, Londres ou Paris, reste très inégalement prise en compte par la recherche universitaire. En questionnant les liens essentiels entre "petites" et "grande" patries, ce livre souhaite interroger, pour lui-même, le fait régional en guerre. Conditions du recrutement et de la mobilisation, force des solidarités nées d'origines géographiques communes, cultures gustatives spécifiques, traditions musicales valorisées, langues locales ou régionales contribuant à forger une "langue des tranchées", constitution et évolution de stéréotypes régionaux combattants sont quelques-unes des pistes ici empruntées : elles permettent, entre autres, de mieux comprendre comment la "petite patrie" interagit avec la grande et contribue à renforcer la capacité des soldats à endurer les conditions dans lesquelles ils survivent au quotidien. En certains cas, la défense du pays conduit d'ailleurs à une redéfinition des identités régionales, à leur renforcement notamment. On l'aura compris : la région est ainsi moins le cadre de l'étude que l'objet même de la réflexion, à travers des contributions portant sur la Bretagne, la Normandie, le Nord-Pas-de-Calais, mais aussi l'Alsace alors allemande ou encore l'Empire britannique, plus particulièrement le Québec et la Nouvelle-Zélande.

09/2013

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Sciences politiques

Capital, travail et mondialisation. Vus de la périphérie

En ce début du XXIe siècle, le néolibéralisme occidental joue son leadership mondial face à des puissances dites émergentes : Chine, Inde, Brésil...Tandis que d'un côté s'accumulent les fonds souverains, de l'autre se creuse le fossé de la dette souveraine. Les raisons profondes de ce paradoxe sont connues et l'on peut les retracer depuis l'antiquité et le Moyen-âge à travers l'histoire de l'évolution de l'ordre marchand occidental. Pour l'Amérique la plus conservatrice actuelle cependant, les ennemis de l'Occident chrétien et capitaliste ont surtout les visages de l'islamisme radical et de la Chine considérée comme toujours communiste. Le premier adversaire du capitalisme occidental ne se trouve-t-il pas pourtant en son propre sein, tapi dans les excès de sa tendance ultralibérale ? Quelles chances aura le discours ci-dessus auprès des gurus de Wall Street, de la City et de Bretton Woods ? Leurs idéologues, exonérant les responsabilités internes, semblent privilégier pour l'instant la thèse d'un conflit civilisationnel. Tandis que la colère des masses spoliées enfle et menace de basculer les sociétés dans la violence et le chaos, c'est tout juste si le capitalisme établi consent en Occident de petites réformettes. Ce n'est pourtant pas cela qui mettra fin à la crise actuelle qui est loin d'être terminée quoiqu'on en dise. Depuis deux siècles, la mondialisation libérale fait des victimes par centaines de millions partout dans la périphérie ; elle touche de plus en plus aujourd'hui les masses du centre. Comment combattre de tels excès sans comprendre le système qui les génère? Comment sortir du manichéisme qui veut que quiconque critique l'ultralibéralisme ne soit qu'un dangereux socialiste ? Comment faire passer l'idée simple que les idéologies ne sont que des outils entre les mains de groupes organisés - religieux, chefs de guerre et marchands - pour empêcher les travailleurs de jouir concrètement des deux valeurs centrales d'une démocratie véritable, la liberté et l'égalité ?

02/2011

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Sciences historiques

La fin des terroirs. La modernisation de la France rurale (1870-1914)

Voici un portrait saisissant, nouveau, étrange du paysan français du XIXe siècle. Etrange en effet, et étranger, ce " sauvage " couchant dans des huttes sur des bottes de fougère, largement illettré, ignorant le système métrique, la monnaie et la langue française, parfois même le plus grand pays au-delà du sien. Les proverbes - ce livre en fourmille -, les chansons et les contes populaires, les témoignages des contemporains - fonctionnaires, magistrats, prêtres, militaires, instituteurs, touristes - constituent la palette de l'historien Eugen Weber. L'un des bénéfices de son approche est de faire apparaître le fossé qui sépare la France des villes de la France des campagnes, et la diversité de ces dernières. Fiction d'une nation une et indivisible, qui ne fut réalisée qu'au XXe siècle. La communauté paysanne n'est pas une non plus. De notables différences existent entre les paysans bretons et ceux du Limousin, de l'Ardèche, des Alpes, du Morvan, des Pyrénées, entre les parlers, les coutumes, l'alimentation, l'habitat, les modes de cultures... Autant de chapitres encore sur les fêtes et les veillées, la religion, l'émigration, la criminalité et la nuptialité, les communications et la politique, les foires et les marchés, la circulation des nouvelles... Une foison de détails tantôt saugrenus, tantôt monstrueux, insoupçonnés. Weber fait renaître, ce monde disparu. Car le " sauvage " s'est urbanisé, civilisé, policé. Il a gagné les villes, parce que c'est là qu'on peut gagner sa vie ; et les modes des villes l'ont gagné à leur tour. Les grandes peurs, les anciennes croyances, la misère, les maladies ont reculé. Comment ce monde est-il passé de son isolement à l'ouverture sur l'extérieur, d'une économie de subsistance à une économie de marché, de l'usage de la langue locale à celui de la langue officielle ? Weber analyse les facteurs de changement : la francisation de la France.

01/1998

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Autres vignobles

Le renouveau de la vigne et du vin en Bretagne

Historiquement, depuis les temps gallo-romains, le territoire de la Bretagne a toujours accueilli la vigne et produit du vin. Autour de Nantes bien sûr, donnant des appellations célèbres comme le muscadet et le gros-plant, mais aussi dans bien d'autres zones propices comme la vallée de la Rance, la presqu'île de Rhuys, celle de Guérande... L'auteur revient sur ce parcours millénaire et sur le succès des vins nantais, afin de mieux décrire ensuite le progressif abandon de la viticulture en dehors des bords de Loire au sens large, et ses causes qui sont multiples. Les motivations commerciales et les contraintes administratives n'étant pas les moindres. Pourtant, les vins nantais ont désormais rénové leur image, diversifié leur production, affiné leurs goûts. Surtout, de nouveaux vignobles ont vu le jour depuis vingt ans, replantations parfois très urbaines assurées par des passionnés qui, de joyeux farfelus parfois clandestins peuvent être aujourd'hui regardés comme pionniers. Car, le réchauffement climatique aidant, mais aussi grâce à une meilleure connaissance des pratiques adaptées à ses sols, la Bretagne renoue un peu partout avec la vigne. Et des cépages anciens sont remis à l'honneur, du pays de Retz aux îles du Ponant, en passant par Quimper et, de nouveau, les coteaux du fleuve Rance, à cheval entre Côtes d'Armor et pays Rennais. Ce livre très illustré en couleur de cartes, documents d'archives, photographies récentes, cartes postales anciennes fait le tour de ces initiatives. Il analyse, à l'appui d'une documentation impressionnante, autant scientifique qu'humaine, les trajectoires passées et contemporaines de cette activité dont l'intérêt par le grand public va croissant, du niveau local au national. Toutes les études prouvent que le renouveau de la vigne en Bretagne est lancé, et que demain les vins bretons, bien plus variés et riches qu'on ne le pense, tireront leur épingle du jeu. Un livre-découverte à consommer sans modération.

10/2022

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Critique littéraire

Études anglaises - N°1/2014

Claire Vial : Clothing the debate : textiles, text-isles and the economy of gift-giving in four Middle English Breton lays Textiles, both as clothes and elements of the codified knightly costume, play a major structuring role in the Breton lays. Whether embodied in recurring poetic motives or staged in descriptive pauses, these text-isles, or recognisable textual islands, contribute to the spiralling aesthetic of the Breton lays with issues of their own, involving narrative and character development, processes of social signposting and potential theatricality. Pièces d'étoffes, vêtements, éléments du costume chevaleresque... sont dotés d'une fonction structurante majeure dans les lais bretons en moyen-anglais. Sous la forme de motifs poétiques itératifs ou de pauses descriptives singulières, ces îlots textuels récurrents participent de l'esthétique en spirale caractéristique des lais anglais, qu'ils enrichissent de problématiques qui leur sont propres, liées au développement des personnages et de l'intrigue, à l'affichage du statut social et aux effets de théâtralité. Denis LAGAE-DEVOLDERE : "Nothing of what is writ" (4. 2. 199) : silenced texts in Measure for Measure Focussing on an aspect often neglected by critics, this paper suggests a word-by-word exploration into the trajectory of the various written texts, letters or "writs" in Measure for Measure. With the New Historicism notion of negotiable, volatile authority/auctoriality, this is an attempt at probing into the political and dramatic consequences of the letter-writing activity and its implications on the ever slippery notion of truth. Such "writs" are turned into instruments of manipulation, and deceit, which defy reason, and call for what one could call blind faith, from both the characters on stage and the off-stage audience. En s'intéressant à un aspect souvent négligé par la critique, cet article propose une analyse détaillée de la trajectoire des messages écrits dans Measure for Measure. Il examine les conséquences dramatiques et politiques de l'activité d'écriture frénétique, notamment celle du Duc Vincentio, producteur de textes à la fois vrais et faux, lus ou tus, à suivre à la lettre ou à lire à l'envers. On verra ainsi comment Shakespeare utilise la chose écrite et l'événement d'écriture pour en faire un signifiant dramatique qui est bien plus qu'un procédé? : par-delà les notions d'autorité et d'auctorialité ainsi mises à mal, les textes de Measure for Measure interrogent le concept de connaissance et celui de vérité, explicitement décliné dans sa version plurielle, et invitent les personnages comme les spectateurs à un acte de foi dramatique. Guyonne Leduc : The dramatic import of letters within letters in Frances Burney's Evelina (1778) That no attention has been paid to the rather numerous letters within letters in this epistolary novel might seem surprising for any critic studying Evelina. Yet a careful reading of those letters within letters, that seem to pass unnoticed in a novel where sight is the most important of the five senses and where the (mis) interpretation of signs is central, proves rewarding if only from a dramatic viewpoint. Indeed, some of those (enclosed, copied, mentioned, commented upon, etc.) letters within the letters collected by the "editor" trigger not just one of the two plots (the quest for Evelina's name and, at least, social identity) but also changes in geographical places, new turns in the two plots (the second one being the love plot), a comic episode, etc. If some of them thwart the reader's expectations, all of them make it possible to approach one of the key issues broached in the novel. Les lettres dans les lettres, pourtant assez nombreuses dans ce roman épistolaire, n'ont pas retenu l'attention, ce qui peut paraître étonnant pour quiconque étudie Evelina. Pourtant, une lecture minutieuse de ces lettres dans les lettres, qui semblent passer inaperçues dans un roman où la vue est le plus important des cinq sens et où l'interprétation (erronée) des signes est centrale, s'avère fructueuse, ne serait-ce que du point de vue dramatique. En effet, quelques-unes de ces lettres (incluses, recopiées, mentionnées, commentées, etc.) dans les lettres collationnées par l' "éditeur" déclenchent, non seulement l'un des deux intrigues (la quête du nom et de l'identité, au moins sociale, d'Evelina), mais aussi des changements géographiques, des tournants dans les deux intrigues (la seconde étant l'intrigue amoureuse), un épisode comique, etc. Si certaines déçoivent les attentes du lecteur, toutes permettent d'aborder l'une des questions-clés traitées dans le roman. Jean-François BAILLON : Tableaux vivants, still lives : tracing Terence Davies in The House of Mirth (2000) This article attempts to trace the presence of Terence Davies as author of The House of Mirth through three distinct but concurrent strategies. First, the recurrent use of symmetrical patterns at every level appears to link the film to Davies's previous output and signals the presence of a mega-narrator. Secondly, the structuring reference to classical Hollywood melodrama can be referred both to Davies's previous films and to his own personal taste. It is also a way for him to claim his attitude to the source material as fundamentally cinematic. Lastly, self-referential scenes at key moments in the narrative foreground the nature of the film as artefact. Cet article tente de repérer les traces de la présence de l'auteur Terence Davies dans The House of Mirth au moyen de trois procédures distinctes mais convergentes. D'abord, l'usage récurrent de figures symétriques à tous les niveaux relie le film à la production antérieure de Davies et signale la présence d'un méga-narrateur. Ensuite, la référence structurante au mélodrame hollywoodien classique renvoie aussi bien aux films précédents de Davies qu'à son propre goût personnel. C'est aussi pour lui un moyen de revendiquer l'essence profondément cinématographique de son attitude envers le texte-source. Enfin, quelques scènes autoréférentielles situées à des moments clés du récit mettent en avant la nature du film comme artifice. Antoine CAZE : Helen in Egypt et Trilogy : les écritures de guerre de H. D. Toute l'oeuvre de H. D. s'enracine dans l'expérience de la guerre. Cet article ­s'attache à montrer comment cette condition première de l'écriture conduisit la poète américaine à inscrire les grandes séquences poétiques que sont Helen in Egypt et Trilogy dans l'intervalle qui à la fois relie et sépare les modes épique et lyrique. En dépit de l'ordre de composition de ces deux recueils - le premier étant postérieur de dix ans au second - la récriture du mythe qu'est Helen in Egypt, transposant l'épopée sur un mode lyrique, est ici envisagée comme le creuset dans lequel se forge l'écriture de Trilogy : événement traumatique à maints égards pour H. D. , la guerre dont se nourrit son imaginaire ne peut en effet être abordée qu'à rebours du temps, dans une logique de l'après-coup (Nachträglichkeit) que rejoue ici la relation entre mythe antique et histoire contemporaine. La voix à la fois transpersonnelle et intime que crée H. D. dans Trilogy - celle d'une "communauté lyrique" - peut alors être comprise comme la tentative d'une médiation qui lui permettrait d'articuler le trauma. H. D. 's entire oeuvre is premised upon the experience of the war. In this article, I attempt to show that such a seminal condition for her writing led H. D. to pitch the tone of her war-related poetic sequences-Helen in Egypt and Trilogy-in the middle ground between the epic and the lyric. In spite of the chronological order of composition of these two books, the first written some ten years after the second, I contend that H. D. 's re-writing of the Helen story, transposing it from the epic to the lyric, can be understood as the crucible in which the materials for Trilogy are melted. For indeed, H. D. can deal with the traumatic event of the war, which so deeply affected her imagination, only by going against the current of time, according to a logic of the aftershock (Nachträglichkeit) which is structurally implicit in the way she intertwines Greek myth with twentieth-century history. The poetic persona which H. D. creates as a speaker in Trilogy, both transpersonal and intimate, may thus be seen as an attempt on her part to mediate and articulate trauma. Yves FIGUEIREDO : De Mount Auburn à Central Park : aux origines du park movement Le park movement américain a été très largement étudié et historicisé depuis les années 1970, mais ses origines ont fait l'objet de peu d'études. Il serait le produit de l'action combinée de trois facteurs : urbanisation et industrialisation, développement du tourisme et des loisirs, renouveau du regard sur la nature. Cet article examine les limites de ces interprétations sur la période précédant immédiatement la création des premiers parcs et étudie l'apport des cimetières paysagers au développement du park movement. The American park movement has been extensively studied and historicized since the beginning of the 1970s, but its origins have been little documented or analyzed. It is understood as resulting from the combined action of three factors : urbanization and industrialization, development of tourism and leisure, evolving perceptions of nature. This paper examines the limits of such interpretations on the period immediately preceding the foundation of the first parks and studies the contribution of rural cemeteries to the park movement. Andrew DIAMOND : Cutting through the "Fog of War" : World War II and the fracturing of the New Deal order in the urban North While the New Deal created a new relationship between ordinary citizens and the federal government with its work relief programs, welfare system, and laws protecting organized labor, this relationship began to sour in a northern wartime context marked by massive black migration, widespread racial conflict, and increasingly militant civil rights organizations. Pressured by black mobilization and the outbreak of violent civil disorders in major war production centers between 1941 and 1943, federal, state, and city authorities moved to create a range of race relations organizations devoted to fighting racial discrimination and fostering interracial cooperation. These organizations, some which were of a quasi-official nature, quickly became fixtures on the local political scene, playing active roles in countering the campaigns of whites to keep blacks out of their neighborhoods and to retain the privileges of whiteness at work. What follows constitutes an attempt to understand how white residents and workers perceived and responded to these new race relations organizations. I will argue that in the eyes of average white residents and workers whose interests seemed to run up against them, the proliferation of these organizations worked to recast the role of the state from protector of the working man to protector of black rights, thereby fracturing the young New Deal order. Le New Deal a mis en place une nouvelle relation entre les citoyens ordinaires et le gouvernement fédéral grâce à ses programmes de création d'emplois, son système d'assistance sociale et ses lois protégeant les droits des ouvriers. Mais cette relation commença à se détériorer dans le contexte de la mobilisation du Nord pour la guerre, caractérisé par une migration massive des Noirs, des conflits raciaux fréquents et des organisations noires de droits civiques de plus en plus militantes. Sous la pression des organisations de défense des droits civiques et des troubles violents qui éclatèrent dans les grands centres de production militaire entre 1941 et 1943, les autorités fédérales, ainsi que celles des Etats et des municipalités créèrent toute une série d'organisations chargées de lutter contre la discrimination raciale et de promouvoir la coopération interraciale. Ces organisations, dont certaines étaient quasi-officielles, devinrent rapidement des éléments essentiels de la scène politique locale, et jouèrent un rôle actif pour contrer les campagnes des Blancs visant à maintenir les Noirs en dehors de leurs quartiers et à conserver sur leur lieu de travail les privilèges attachés à la peau blanche. Cet article essaie de comprendre comment les habitants et les ouvriers blancs des villes du Nord ont perçu ces nouvelles organisations chargées des relations interraciales. Il défend l'idée selon laquelle, aux yeux des habitants et ouvriers blancs ordinaires dont les intérêts se heurtaient aux objectifs de ces organisations, leur prolifération a contribué à transformer leur vision du rôle de l'Etat du protecteur du travailleur en protecteur des droits des noirs.

05/2014

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Littérature française

Lettres

Ce volume propose un large choix de lettres de Céline, ainsi que quelques lettres à lui adressées ou le concernant, présentées dans l'ordre chronologique et couvrant plus de cinquante années : depuis le premier séjour que les parents de Louis Destouches l'envoient faire en Allemagne, jusqu'à sa mort en 1961, au lendemain du jour où il a annoncé à Gaston Gallimard le manuscrit de son dernier roman. Les inédits sont nombreux : de 1907 à 1915 - les séjours à l'étranger, les cuirassiers, la guerre et le combat, par exemple, on ne connaissait quasiment aucune lettre. Cet ordre chronologique, préféré à un classement par correspondant, n'est pas sans conséquences. Ce que les lettres permettent désormais de saisir, c'est moins la relation que Céline entretint avec tel interlocuteur que sa propre trajectoire, indissolublement liée à l'histoire du XXe siècle. Ce qu'elles révèlent, c'est l'extraordinaire variété de ses voix, des mieux connues aux plus surprenantes : les manières respectueuses et affectueuses du garçon s'adressant à ses parents et qui ne ressemblent pas à celui que met en scène Mort à crédit ; l'ardeur patriotique du soldat en campagne, en fort contraste avec les propos de Bardamu dans Voyage au bout de la nuit ; le ton déférent ou amical que Céline sait prendre avec les écrivains qu'il estime ; l'attitude protectrice qu'il adopte avec des femmes qui lui furent liées ; le tour dru et cru qu'il donne aux lettres adressées aux hommes avec qui il parle de sexe ; la tendresse qui pointe lorsqu'il écrit à son épouse depuis sa prison danoise ; le besoin d'être compris quand il tente d'expliquer le mouvement de la création littéraire telle qu'il la conçoit (ce qui fait de ces lettres, soit dit en passant, le meilleur accompagnement critique de son oeuvre) ; et, bien entendu, la violence, violence des mots, des sentiments et des idées lorsqu'il est ou se sent attaqué, et, à partir de 1936 surtout, violence débridée de l'antisémitisme : dans un volume qui entendait serrer de près le mystère de Céline, il fallait que ce versant noir soit représenté. Il l'est donc. Céline attire ou repousse, attire et repousse. "Fait par Dieu pour scandaliser" (d'après Bernanos), l'écrivain reste, comme l'homme, une énigme. D'abord en rupture avec la littérature de son époque, son oeuvre est aujourd'hui l'une de celles qui nous parlent le plus. Mais à côté de tant de pages qui répondent à l'idée que nous nous faisons d'une littérature pour notre temps, combien d'autres sont la négation du lien que la création artistique cherche à établir entre les hommes ? Ces Lettres nous font parcourir tout le chemin par lequel Céline en est arrivé là. Sans doute ne donnent-elles pas le mot de l'énigme. Mais, mieux qu'aucune autre source, elles nous permettent d'en faire le tour, au plus près.

11/2009

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Critique littéraire

Correspondance 1928-1968

En 1928, un autodidacte de 28 ans adresse à La NRF le manuscrit d'un roman, Zig-Zag. L'auteur, abandonné par son père, a couru les rues d'une très vieille ville du Midi pour y épier la vie et l'amour, a perdu sa mère à 12 ans et a dû faire toutes sortes de petits métiers pour survivre. Il est passé aussi par le syndicalisme, le Parti communiste et vient de faire son entrée à Monde, hebdomadaire de gauche dirigé par Henri Barbusse... "Considérez-vous comme accueilli à la NRF", lui répond d'emblée Jean Paulhan. Il est vrai que Jean Paulhan et Marc Bernard sont nés à Nîmes à seize ans de distance : 1884 et 1900. Le premier, dès 12 ans, a été emmené vers Paris par son père, bibliothécaire et philosophe, et ne retrouve le Gard de son enfance que de loin en loin. Le second est presque prisonnier de sa ville natale, vers où les difficultés matérielles, les contraintes de l'Histoire, mais aussi le goût de la vie simple le font toujours revenir : même après ses prix Interallié en 1934 (Anny), Goncourt en 1942 (Pareils à des enfants), Marc Bernard garde en ligne de mire les Nîmois, dont il observe les ambitions et les illusions (Les Exilés, 1939 ; La Cendre, 1949 ; Une journée toute simple, 1950). A Paulhan qui lui avoue "Je donnerais cher pour qu'il y ait beaucoup de révolutionnaires comme toi", il ne cache guère certaines conversions radicales : "Je crois qu'il faut en finir avec ce chantage sentimental sur la Russie. Il ne leur reste plus qu'à accumuler toutes les saloperies possibles et imaginables pour dire ensuite : si vous publiez la moindre ligne contre nous, vous attaquez la révolution". Passent Romain Roland, Henri Calet, Jean Blanzat, Jacques Chardonne, Gaston Gallimard... Viennent Madrid et Barcelone dans les années trente, puis la Seconde Guerre mondiale, pendant laquelle les errements de Bernard sont patiemment raisonnés par Paulhan. Avec sa "bien-aimée" Else, juive autrichienne, Marc Bernard doit se cacher en Limousin, où il se lie avec le photographe Izis : les portraits que celui-ci réalise en 1945 figurent dans ce livre (grâce à son fils, Manuel Bidermanas). "Mon petit Marc", "Mon petit Jean" : c'est ainsi que les deux écrivains s'interpellent encore à 84 ans et 68 huit ans passés. Le plus âgé n'a jamais renoncé à être le conseiller littéraire de l'autre, qui, de son côté, l'a toujours lu avec attention : "C'est terrible, ces grands sujets, écrit Jean Paulhan en janvier 1965. Il me semble que les gens modestes (comme nous) devraient se demander, avant de se lancer : "Mais moi, qu'est-ce que je puis apporter de différent, que je sois seul à dire?" et n'en pas démordre". Toutes leurs lettres n'ont pas été retrouvées, mais les 461 présentées ici montrent la courbe de leur amitié : une amitié différente, et qu'ils ont été les seuls à dire ainsi.

11/2013

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Du XVIe au XIXe siècle

Du monde au désert, l'aspiration à la solitude au XVIIe siècle

Dans la première moitié du xviie siècle, un véritable engouement apparaît pour la vie contemplative et solitaire, en dehors des ordres constitués. Cet engouement touche des femmes du siècle, d'anciens militaires, des laïcs, avocats, chevaliers, seigneurs de province, clercs qui tout en souhaitant mener une vie intérieure plus dense et plus contemplative, ne s'engagent pas dans les ordres monastiques. Ils se retirent du monde, totalement ou partiellement, dans des lieux isolés, parfois éloignés des villes et s'engagent au silence, à la prière et à la conversion de leurs moeurs. Ils rejoignent les solitaires de Port-Royal, comme Pierre-Thomas du Fossé, ou fondent, pour certains, des résidences, comme ce fut le cas de Jean de Bernières-Louvigny, Trésorier du roi de France, membre laïc du Tiers-Ordre franciscain et qui fonda, à la fin de sa vie, l'ermitage de Caen. Cet univers de l'entre-deux, du monde au désert, se constitue de façon pérenne dans un contexte encore marqué par le souvenir de la Ligue et bientôt confronté à la Fronde. Il s'élabore dans une période où le sentiment religieux s'individualise et s'approprie la mystique Rhéno-flamande et la Devotio moderna dont la chartreuse de Paris - qui fut une des grandes inspiratrices du désir de retrait du monde - favorisera la diffusion en français. Ces nouveaux convertis s'attachent donc à la contemplation mais aussi à la doctrine de la pauvreté volontaire, dans la mouvance franciscaine, comme Gaston de Renty qui se retirera de la vie militaire, en Normandie, pour se consacrer aux pauvres. Tous sont attirés par la doctrine de l'abandon véhiculée par les écrits de Benoît de Canfield, de Surin et plus tard de Madame Guyon, ce qui vaudra à certains d'entre eux la méfiance de l'autorité ecclésiale, voire la condamnation pour quiétisme. Il s'agit avant tout de fortes personnalités qui iront jusqu'au bout de leur projet, parfois en marge des institutions, comme Jean de Labadie. L'aspiration à la solitude, à travers ses modèles institutionnels, leur dépassement et sa réinvention permanente pose ainsi la question de la liberté de l'homme face aux enjeux de sa foi et de son engagement sociétal dans un XVII e siècle commençant, marqué, comme le soulignait Henri Bremond, par l'invasion mystique. Et au-delà des cas de figure étudiés au cours de la première journée, c'est toute une tradition esthétique du retrait du monde qui se laisse percevoir et qui perdurera dans les milieux laïcs où progressivement retraite et contemplation de la nature se rejoignent laissant un patrimoine architectural et pictural riche qui évoqué dans la troisième partie de ce livre. Conseil scientique : Nathalie Nabert, Institut Catholique de Paris, CRESC, Pascal Pradié (osb), CRESC, attaché de recherches au CNRS, CRAHAM, Jean-Robert Armogathe, Ecole Pratique des Hautes Etudes, président de la Société d'étude du XVII e , Gérard Ferreyrolles Paris IV-Sorbonne, Philippe Luez, Conservateur général du patrimo

04/2021

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Littérature anglo-saxonne

Le mari invisible de Frick Island

" Une histoire d'amour originale pleine d'espoir, de fantaisie et de charme. " Book Reporter " Le Mari invisible de Frick Island est une histoire tendre et surprenante qui explore l'amour et le deuil avec une pointe d'humour. " Phaedra Patrick Chaque être humain - chacun d'entre nous - se réveille le matin en espérant, en croyant que cette journée qui commence n'est pas sa dernière. Que son heure n'est pas arrivée. Que la tempête n'est pas encore là. Que son île ne sera pas effacée de la carte. Qu'il verra le soleil se lever le lendemain. Que la vie vaut la peine d'être vécue. Autrement, personne ne ferait l'effort de sortir de son lit. Piper Parrish mène une vie idyllique dans la bourgade de Frick Island, au coeur de la baie de Chesapeake... à un détail près : son cher mari, Tom, est décédé. Bouleversée, Piper réagit de la plus étrange des manières, en poursuivant son quotidien, comme si Tom était toujours à ses côtés. Et que peuvent faire les habitants, si ce n'est prétendre avec elle pour la réconforter ? La carrière d'Anders Caldwell, journaliste ambitieux, est au point mort. A son âge, il s'imaginait à la tête d'un podcast, lauréat de nombreux prix. Au lieu de cela, il travaille dans un petit journal local. Envoyé à Frick Island pour couvrir une célébration ennuyeuse, Anders y découvre un sujet bien plus fascinant : la ville semble abriter un homme imaginaire. Déterminé à ne pas manquer ce scoop, Anders enquête et rencontre la mystérieuse Piper. Il ne se doute alors pas que, de toutes les vies qu'il s'apprête à bouleverser, c'est la sienne qui va le plus changer. Colleen Oakley, autrice saluée par la critique et lauréate du Prix des Lectrices 2019, nous livre un roman charmant, plein de fantaisie et d'espoir. "Un roman adorable, décalé, surprenant et tout bonnement adorable. Une lecture indispensable ! " Emily Henry, autrice de Comme dans un roman d'été " Cette histoire tout à fait charmante déborde de bonté et d'humanité. " Emily Giffin, autrice de Prête-moi ton homme " Un récit plein d'espoir sur les liens puissants qui peuvent unir une communauté et qui montre ce que nous sommes prêts à faire pour protéger ceux que l'on aime. " Library Journal " Un roman à l'écriture douce sur le deuil, le sens de la collectivité et l'ambition. " Kristan Higgins, autrice de Le Temps d'un été

01/2023

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Paranormal, Bit-lit, Science-f

Le grand méchant Loup Tome 3 : Dans la gueule du loup

L'agent Cooper Dayton s'apprête à rencontrer la famille lupine de son petit ami. Sans armes. Sur leur territoire. Et il amène son chat. Lorsque l'agent Cooper Dayton accepte d'assister aux funérailles du grand-père d'Oliver Park, il ne sait pas dans quoi il s'embarque. Il se trouve que le défunt était l'alpha de la plus puissante meute de loups-garous de la côte Est. Et sa mort est hautement suspecte. Quoi qu'il en soit, Cooper est décidé à aimer et à soutenir Park comme ce dernier l'a fait pour lui. Mais Park ne l'a pas du tout préparé à la politique et à l'étiquette des loups. Des meutes rivales ? Un plan de table bien déterminé ? Un mystérieux personnage nommé le Berger ? Le pire, c'est que Park n'a rien dit d'essentiel sur lui à sa famille, et Cooper a l'impression d'avoir deux longueurs de retard. Et Park, réticent, ne l'aide pas. Plusieurs membres de la meute sont prêts à s'ouvrir sur Park et à expliquer pourquoi Cooper n'est pas fait pour lui. Leurs histoires poussent ce dernier à se demander s'il n'est pas un frein pour son partenaire. Mais il n'a pas le temps de s'appesantir sur la question... Alors que des fléchettes de tranquillisant fatal commencent à voler, Cooper doit résoudre le mystère du décès de l'alpha et se battre pour l'homme qu'il aime - avant que quelqu'un d'autre ne meure. #Paranormal #MM #LoupGarou #Mystère #Enquête #Complot #Sexy #Humour "Ce livre est arrivé en trombe comme une bande de motards, m'a prise à la gorge et m'a entraînée jusqu'à la dernière page. J'ai tout simplement adoré l'écriture - elle est remplie d'intelligence, d'esprit et de personnages authentiques". Eli Easton, autrice de la série Mad Creek "Cette série est un vrai triomphe ! Une intrigue complexe, un univers bien construit, des personnages engageants et complexes et une romance très sexy ! " Blog All about romance. "Les loups-garous vivent parmi nous en secret... Quand l'un d'entre eux interagit avec un humain, cela crée des ennuis, mais aussi une romance mémorable ! Une excellente série ! " Beverley, lectrice Goodreads

07/2023

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Romance et érotique LGBT

Le grand méchant Loup Tome 2 :  Un loup en approche 

Lorsque son père est accusé de meurtre, Cooper se lance dans une enquête aussi effrénée que secrète pour l'innocenter, épaulé par son coéquipier Park. Mais la relation entre les deux agents se complexifie et, pour sauver Park de l'assassin qui court, Cooper sera peut-être obligé de le laisser partir... Retourner dans sa ville natale fait remonter de mauvais souvenirs, alors c'est quelque chose que l'agent Cooper Dayton du Bureau of Special Investigations évite de faire. Quand, poussé par la culpabilité, il se décide à y aller, il emmène Oliver Park, son nouveau partenaire loup-garou très sexy, dans l'espoir que ce voyage les aidera à clarifier leur statut de couple... ou non. Lorsque le fin nez métamorphe de Park révèle la présence d'un cadavre dans le jardin et que le père de Cooper devient le principal suspect, Cooper comprend qu'ils devront se débrouiller seuls. Le fait que sa famille soit impliquée signifie qu'ils ne peuvent pas enquêter officiellement. Ils devront faire bande à part et résoudre discrètement le mystère au risque de voir le père de Cooper incarcéré. Les pistes sont peut-être froides, mais la relation de Park et Cooper se réchauffe au fur et à mesure que l'enquête avance. Et pourtant, si Cooper ne parvient pas à comprendre ce qui se passe entre eux hors de la chambre à coucher, il pourrait perdre quelqu'un qu'il... eh bien, il n'arrive pas vraiment à décrire ce qu'il ressent pour Park. Mais il est sûr d'une chose : il n'est pas prêt à lui dire au revoir. Cependant, avec le vrai tueur qui se rapproche de plus en plus... il n'aura peut-être plus le choix. #MM #Paranormal #Enquête #LoupGarou #Mystère "Ce livre a fait son entrée en trombe comme une bande de motards durs à cuire, m'a prise à la gorge et m'a entraînée jusqu'à la dernière page. J'ai tout simplement adoré l'écriture - elle est remplie d'intelligence, d'esprit et de personnages authentiques". - Eli Easton, autrice "J'ai été totalement impliquée du début à la fin, j'ai voulu le relire dès que je l'ai terminé, et j'ai commencé à tapoter des doigts en attendant impatiemment le livre 2 ! " - Ariana (Goodreads)

01/2023

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Romance sexy

Nouveau départ à Lancaster Tome 2 : Jour de neige

En déménageant dans le New Hampshire, Bowen ne s'attendait pas à trouver l'amour. Ni à devoir se démener pour prouver à l'élu de son coeur que leur relation naissante vaut la peine de se battre. Bowen Merlin - oui, c'est son vrai nom - accepte un poste dans la ville pittoresque de Lancaster, dans le New Hampshire, où il sera désormais le directeur du groupe de musique du lycée. Il quitte New York pour la campagne enneigée de la Nouvelle-Angleterre juste à temps pour les fêtes de fin d'année. Entre les cours, les devoirs, les activités extrascolaires et un concert de Noël surprise dont il doit organiser la conception ainsi que les répétitions, Bowen est plutôt occupé. Et puisqu'il n'a jamais eu beaucoup de chance en amour, prendre du temps pour trouver Monsieur Parfait n'est pas dans ses priorités. Du moins, jusqu'à ce qu'il rencontre le propriétaire de la pommeraie Snowy Ridge, Felix Hansen. Soudain, et pour la première fois de sa vie, accéder au véritable amour semble devenir une possibilité. Les deux hommes vont parfaitement ensemble et font palpiter le coeur de l'autre. Malheureusement, aussi merveilleux que Felix puisse paraître, il garde en lui de vieilles cicatrices qui pourraient mettre fin à leur relation naissante, en particulier avec cette personne en ville qui se donne beaucoup de mal pour saboter leurs carrières. Si Bowen veut survivre à ça, il va devoir s'appuyer sur ses anciens amis ainsi que les nouveaux, convaincre Felix qu'il en vaut la peine et lui prouver que, s'ils font face à la catastrophe ensemble, ils en sortiront plus forts. #MM #PetiteVille #LesOpposésS'Attirent "J'ai vraiment apprécié la qualité d'écriture de cette histoire, ainsi que les personnages et le cadre de cette petite ville. Parfois, je veux juste quelque chose de court que je peux finir en une seule fois et ce petit livre mignon a parfaitement fait l'affaire". - Eli Easton(Goodreads) "C'était adorablement mignon et plus qu'un peu trop sentimental. [... ] C'est une de ces histoires qui vous font sourire tout du long". - Shelby (Goodreads) "Awww !!! Qu'y a-t-il d'autre à dire ? C'était juste trop adorable ! J'ai ADORE Gideon et Silas. Il faut juste le lire, croyez-moi sur parole. Il en vaut vraiment la peine ! " - Melissa (Goodreads)

12/2022

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Géographie

Tourisme et insularité. La littoralité en question(s)

L'essor du tourisme moderne tient en grande partie à sa composante ludique, et à la nature comme à la qualité des produits qu'il est en mesure de proposer aux touristes occasionnels et aux vacanciers avides de dépaysements divers, en période estivale en particulier. Le tourisme balnéaire a depuis lors occupé une place essentielle dans la demande comme dans l'offre y afférentes. En témoigne la surfréquentation saisonnière des littoraux les plus attractifs ou accessibles, caractérisée à la fois par les gratifications qu'en attendent ceux qui les visitent ou y résident, autant que par les inconvénients qui en résultent pour les territoires ainsi mis en tourisme. Les îles offrent pour leur part, outre le dépaysement évoqué et l'opportunité de découverte de modes de vie et de cultures plus endogamiques, spécifiques ou préservées, un rapport superficie-littoralité d'autant plus exceptionnel et attractif qu'elles sont de dimensions modestes et constituent des espaces sans équivalents. Les caractéristiques de l'insularité doivent dès alors être rapprochées de la problématique d'occupation du littoral, à des fins touristiques en particulier. Au moment où l'on s'interroge, face au tourisme "classique", sur l'intérêt et les avantages de tourismes "alternatifs", et où l'activité touristique ne saurait échapper à la prise en compte des problématiques de développement local, appréhendées en termes d'intégration et de durabilité, de gestion participative et communautaire, la question de la relation de l'insularité à la littoralité ne peut être esquivée. C'est là l'objet de ce nouvel ouvrage, qui propose des contributions d'auteurs de différentes origines, à l'endroit de territoires insulaires eux-mêmes divers. Il aborde successivement, à cet effet, la présentation des pratiques touristiques dont ceux-ci sont les cadres ; puis celle des conditions et modalités de leur gestion touristique durable. Jean-Marie Breton est professeur émérite de droit public à l'Université des Antilles et de la Guyane, consultant international, fondateur et ancien directeur du Centre de recherches et d'études juridiques sur l'environnement, le tourisme et l'aménagement (CREJETA), président de la Section Caraïbes de la Société Française pour le Droit de l'Environnement (SFDE), membre de l'Académie des sciences d'Outre Mer (Paris). Ses travaux et expertises et ceux des équipes qu'il dirige portent principalement, dans la Caraïbe comme en Afrique, dans l'Océan Indien, les Amériques et l'Asie, sur la gestion participative des ressources naturelles, dans les aires protégées notamment, sur le cadre légal et institutionnel des parcs nationaux et des réserves naturelles, sur l'élaboration et l'harmonisation des législations et réglementations environnementales ; et sur la mise en cohérence des activités touristiques avec les contraintes environnementales, à travers les problématiques complexes du tourisme alternatif et du développement durable.

03/2014

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Sciences politiques

Pierre Naville. Biographie d'un révolutionnaire marxiste Tome 1, De la révolution surréaliste à la révolution prolétarienne, 1904-1939

Issu de la haute bourgeoise genevoise et parisienne, Pierre Naville s'engage très tôt dans l'action politique et révolutionnaire. Séduit parle surréalisme, codirecteur avec Benjamin Péret de La Révolution surréaliste, il invite ses nouveaux camarades à se consacrer avant tout à une tâche de démolition du système en place. Découvrant Marx, Hegel, la révolution d'Octobre, Lénine et Léon Trotsky, il rompt avec sa classe d'origine et se tourne vers le jeune Parti communiste naissant. Prenant en charge avec Marcel Fourrier la revue Clarté d'Henri Barbusse de 1926 à 1928, il en fait un outil d'éducation marxiste et pousse le groupe d'André Breton à venir servir la cause du prolétariat à ses côtés. Mesurant les limites doctrinales du communisme aux prises avec l'arbitraire stalinien, il apporte son soutien indéfectible à Léon Trotsky et devient le dirigeant officiel du mouvement oppositionnel en France de 1929 à 1939. Avec une poignée de militants, il alerte l'opinion sur la montée du nazisme en Allemagne, la réaction fasciste en France, démontre la faiblesse du Front populaire trop peu engagé à défendre les intérêts de la classe ouvrière et multiplie les critiques contre le pouvoir soviétique et son despotisme politique. Refusant de cautionner l'orientation préconisée par L. Trotsky d'un rapprochement avec le PSOP de Marceau Pivert, il est exclu de la IV° Internationale en septembre 1939. Prisonnier de guerre puis libéré en 1941, il s'applique durant l'Occupation à réexaminer sa position idéologique à la lumière d'un marxisme critique et moderniste. Sur le plan culturel, il consacre de nombreux ouvrages au behaviorisme, à la philosophie du baron d'Hol-bach et à l'orientation en milieu scolaire. Après 1945, il concilie recherche scientifique et engagement politique. Fondateur avec Georges Friedmann de la sociologie du travail, il met en lumière les formes d'exploitation qui s'abattent sur les salariés aux prises avec le marché libéral. Acteur reconnu de la Nouvelle gauche, tour à tour dirigeant du MSUD, du PSG, de l'UGS et du PSU, il redouble d'efforts pour rassembler les forces communistes et non communistes. Face à un capitalisme d'Etat hautement bureaucratisé, il se place à l'avant garde d'une pensée socialiste, visant à répondre aux aspirations des travailleurs confrontés à la toute puissance du libéralisme, par l'instauration d'une pratique autogestionnaire ambitieuse. Dans le cadre de son Nouveau Léviathan, il plaide sans relâche pour une transformation du mouvement communiste mettant fin à la dictature du parti unique en Union Soviétique afin de renouer avec un internationalisme respectueux des intérêts du peuple de l'Ouest comme de l'Est.

05/2017

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Histoire de la psychologie

Les formes de la croyance

"Lorsqu'il mourut à l'âge de 87 ans, Pierre Janet travaillait à un ouvrage sur la croyance dont le manuscrit inachevé est resté inédit. Tout nous porte à croire que Janet avait à formuler un dernier secret qu'il a peut-être emporté dans la tombe, mais dont il nous reste quelques fragments épars" . H. F. Ellenberger, "Pierre Janet philosophe" (1973) Les Formes de la croyance constitue la toute première édition de l'essai resté inachevé du philosophe, médecin et psychologue français, Pierre Janet (1859-1947). Cet ouvrage aux relents testamentaires - issu des ultimes leçons au Collège de France de ce savant autrefois mondialement connu, pourfendeur de la psychanalyse - l'a conduit à réviser sur le tard la partie la plus intéressante de son système théorique, bousculé dans ses convictions par sa lecture des Deux Sources de la morale et de la religion d'Henri Bergson. Selon Janet, plusieurs "formes de la croyance" - délirantes, religieuses, philosophiques, scientifiques, historiques et enfin mystiques - s'emboîteraient, en se fructifiant non sans s'opposer. Ebauchées à la lisière du social et de l'individu, elles seraient inhérentes à l'évolution de la pensée humaine ayant fait l'objet, au gré des époques, des lieux, des cultures et civilisations, de transformations psychologiques notables. Traversé par maintes fulgurances - esquissant entre autres certains rapports d'affinités et lignes de rupture entre "mythes religieux" et "récits délirants" - cet écrit foisonnant révèle surtout comment Janet, pétri d'un scientisme revendiqué assimilant les mystiques à des malades mentaux, tel son cas central, Madeleine "l'extatique de la Salpêtrière" , est parvenu à renverser partie de ses conceptions à un âge déjà avancé. Aussi, non sans faire controverse, ira-t-il jusqu'à apparenter lesdits mystiques à des "révolutionnaires" porteurs d'un message avant-coureur à l'adresse de la société moderne, à contre-jour des cadres scientifiques étouffant l'expression de la subjectivité. Par extension, ces réflexions peuvent indéniablement entrer en résonance avec certaines questions agitant le temps présent... La retranscription in extenso du manuscrit, accompagné d'une série de textes annexes qu'agrémente un appareil critique, est précédée d'une double présentation. Elle rend compte, via une foule d'archives inédites, de la trajectoire intellectuelle de l'homme inscrit dans un contexte spécifique et de réseaux, entretissés d'interactions contrastées qu'il put entretenir avec des contemporains - Bergson, Charcot, Ribot, Freud, Jung, Breton, Lacan, Delay, Leiris, Bataille, mais aussi Raymond Roussel, ou Nathalie Sarraute, etc. -, ainsi que de la genèse et des "éclipses" de cet essai longtemps demeuré méconnu. Une postface consacrée au devenir de la vaste bibliothèque personnelle de Janet, dispersée après sa mort, vient ponctuer cet ouvrage appelé à faire référence.

10/2021

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Poésie

Souvenirs de la maison des fous

Novembre 1943. Menacé par ses activités clandestines, Paul Eluard doit quitter Paris et disparaître. Il trouve refuge chez Lucien Bonnafé, psychiatre résistant et visionnaire, directeur de l'asile des fous de Saint-Alban, et passera des mois caché parmi les aliénés... Dans L'Immaculée Conception, en 1930, Paul Eluard et André Breton offraient cinq variations autour des délires recensés par la psychiatrie pour démontrer qu'il n'y avait pas de frontière entre le langage des prétendus fous et celui des poètes, sauf aux yeux de la société. En novembre 1943, lorsque Eluard est accueilli à Saint-Alban par Lucien Bonnafé, épisode auquel fait allusion Xavier Donzelli dans Les Messagers également publié en janvier 2023 chez Seghers, les temps ont changé : l'euphorie et les provocations du surréalisme sont loin, la France est occupée, la poésie doit s'engager. Face aux fous de l'asile public départemental de Lozère, aux aliénés atteints cette fois réellement de débilité mentale, de manie aiguë, de paralysie générale, de délire d'interprétation ou de démence précoce, Eluard se fait confident, interlocuteur. Rappelons-nous que le poète du lyrisme amoureux est aussi le poète de l'indignation face aux injustices et de la compassion envers les malades des sanatoriums, les soldats du front, les femmes tondues de l'après-guerre et de toutes les misères du monde. Dans ce long poème composé de sept parties et d'un épilogue, " Le Cimetière des fou ", il dresse sept portraits de malades servis par les dessins poignants de Gérard Vulliamy, artiste peintre graveur proche du surréalisme et futur gendre du poète. Empreints d'une profonde empathie, ces textes font résonner des voix : celle du poète confronté au mystère impénétrable de l'esprit perdu, " chantant la mort sur les airs de la vie ", ou celle des fous en proie aux hallucinations, à des absences ou à de rares éclairs de lucidité. " Le mannequin en croix est-il un homme ou moi ? " s'interroge une jeune femme triste ; " Peut-être aurais-je pu cacher cette innocence qui fait peur aux enfants ? " laisse entendre une vieille dame dont " un mur de regret cerne l'existence ". Saint-Alban, berceau de la psychiatrie institutionnelle, fut le premier lieu en France à offrir une prise en charge thérapeutique aux fous devenus des patients - à une époque de restrictions qui allait voir mourir de faim la moitié de la population des asiles, soit quarante mille personnes. De la même façon, à travers ce texte, Eluard arrache ces individus à une solitude carcérale et les rend à leur humanité. A notre époque, à l'heure de l'inflation sécuritaire dans les hôpitaux psychiatriques, ses Souvenirs de la maison des fous nous rappellent plus que jamais à notre esprit et à notre humanisme.

01/2023

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Littérature russe

Théorie du monologue

Né à Moscou le 29 août 1938, Vladimir Kazakov a eu une vie aventureuse. Il termine le lycée en 1955. Fréquente une école militaire d'où il est expulsé en 1956. Il entre ensuite à l'Université, d'où il est à nouveau expulsé en 1958. Pendant les quatre années suivantes, il travaille à Kolyma, au nord-est de la Russie connu pour son goulag et ceux qui s'y sont retrouvés, à l'instar de Varlam Chalamov... Il est tour à tour orpailleur, bûcheron, enseignant chez les nomades tchouktches, charpentier, soutier, marin, etc. De retour à Moscou, il erre un certain temps dans les rues. Devient joueur de cartes professionnel... En 1965, il commence à écrire ; l'année suivante, il fait la connaissance du poète avant-gardiste Andreï Kroutchenykh, lequel aura sur lui une influence incontestable. C'est alors qu'il se consacre entièrement à l'écriture (poésie, prose, théâtre). Il meurt à Moscou en 1988. Ses écrits paraissent clandestinement (samizdat), avant de circuler, à partir de 1971, en Occident, et tout particulièrement en Allemagne. "Théorie du monologue" paraît en 1982 (in le recueil "Vie de la prose", dans une édition allemande de langue russe comprenant des proses de la première moitié des années 1970... L'oeuvre de Vladimir Kazakov poursuit à sa manière les efforts artistiquesdes futuristes et des Obérious. Il est notamment à rapprocher de Alexandre Vvedensky, mais aussi, pour une certaine mise en scène de l'intime comme dans ce texte, de Guennadi Aïgui et de Sasha Sokolov dans son obsession narrative... "Théorie du monologue" peut d'abord surprendre par son titre en rapport à son contenu : 35 lettres d'amour adressées à une femme, entre décembre 1973 et juin 1974, sans que ses réponses à elle nous soient données. D'où toutefois l'indication que ce titre nous convie de recevoir, grave et ironique. Cependant qu'à lire ces lettres une à une, nous devons bien comprendre que réponses et lettres de la part d'Irina, la femme aimée, lui ont bien été transmises. Cependant encore il se pourrait qu'il se le soit imaginé... Livre d'amour alors, et amour que l'on aurait à juste titre droit de qualifier, tout comme chez Breton, de "fou" . Folie paraissant se préciser au fur et à mesure des lettres à la croisée des mots, à compter qu'il n'y a pas de véritable amour qui ne le soit pas, "fou" en miroir de ce que de l'être aimé nous recevons, toutes choses mises en rapport selon une synesthésie (dans des "lignes" de pluie, des rayons de lumière...) qui l'amplifie. C'est que ce livre démontre (et démonte) en ces lettres un rapport qui ne se peut théorisé que sous une forme inattendue à laquelle Vladimir Kazakov, coutumier des déplacements, se prête, traversant l'angoisse.

06/2022

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Monographies

Max Ernst. Mondes magiques, mondes libérés

Catalogue officiel de l'exposition Max Ernst à l'Hôtel de Caumont du 4 mai au 8 octobre 2023. Artiste érudit et prodigieux expérimentateur, Max Ernst traverse le siècle des avant-gardes avec une insatiable soif de création et laisse derrière lui une oeuvre complexe et très personnelle. Artiste associé au groupe dada et au surréalisme, il suit un itinéraire personnel en se détachant des modalités du groupe et réalise des oeuvres visionnaires et pleines de lucidité. A travers près de 120 oeuvres, ce catalogue revient sur les traces de ce génie créateur en tant que personnalité libre et singulière, et met notamment à l'honneur le lien étroit qu'il entretient avec la nature, le jeu, la magie et la liberté. Si la portée de son oeuvre reste encore méconnue du grand public, l'extravagance et la polysémie de la production de Max Ernst sont impressionnantes. Né en Allemagne, il crée en 1919 une communauté dada à Cologne avant de rejoindre Paris où il participe dès le départ au développement du surréalisme d'André Breton. Il crée de nombreux collages et invente de nouvelles techniques, comme le frottage. Après avoir été interné au début de la seconde guerre mondiale non loin de l'Hôtel de Caumont (au Camp des Milles d'Aix- en-Provence), Max Ernst fuit la France et se réfugie aux Etats-Unis. Il rentrera en France en 1953 et continuera de travailler intensément la peinture, le dessin, la sculpture et l'orfèvrerie. Max Ernst n'aura eu de cesse de se réinventer tout au long de sa carrière. Son oeuvre est nourrie de philosophie, de psychanalyse, de science, d'alchimie, de l'histoire de l'art, de littérature et de poésie. Ce catalogue se concentre sur les grands thèmes des mondes créés par Max Ernst en illustrant la récurrence des thématiques qui traversent son oeuvre, notamment celle liée aux quatre éléments - l'eau, l'air, la terre et le feu - qui, selon la tradition philosophique ancienne et l'alchimie, composent l'ensemble de la matière du monde naturel. L'univers de l'artiste déconcerte et étonne. Grand intellectuel et artiste humaniste - au sens néo-Renaissance du terme -, il défie continuellement la perception en combinant la logique et l'harmonie formelle avec des énigmes insondables, tandis que l'onirisme et le fantastique coexistent pour créer des paysages aux mystères impénétrables. Forêts de pierres, animaux chimères, masques incarnés ou oiseaux anthropomorphes, la beauté énigmatique et parfois même ironique des oeuvres de Max Ernst nous plongera dans l'extravagance de ses mondes, magiques et libérés. Cette exposition bénéficiera notamment de prêts exceptionnels du Centre Pompidou, de la Tate, du Guggenheim Venise, du Musée Cantini, du Max Ernst Museum de Brühl et de nombreux collectionneurs privés souhaitant garder leur anonymat.

05/2023

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Littérature française

L'ombre d'une vie ou L’ADN des célèbres colons français, qui ont construit l’île Bourbon, en héritage

"Totoche ! 20/20 en latin ? Comment elle fait pour avoir ces notes tout le temps ?" s'étonne Barret, un jeune garçon châtain clair de la 3e1, épiant la classe tandis que le prof distribue les copies de la 4e1. Serait-ce le génie des Cadet, les célèbres colons dont Marie descend ? Il est dit que les descendants sont des intellectuels, des universitaires... Avec presque 16/20 de moyenne générale, Marie décroche son BEPC d'office. La même année, la propriété de ses parents est dans le viseur de la commune de Saint-Denis. Tandis qu'elle étudie Tartuffe de Molière en classe de seconde, elle voit sa mère pleurer chaque soir. - Ma vie est si triste qu'on peut en faire un roman ! dit-elle, lasse. - Ne pleure pas ! J'écrirai ton roman un jour ! Je dirai au monde entier comment ils se comportent ! promet-elle. Marie a la trouille de perdre ses parents. Crise cardiaque, mort inexpliquée... Des connaissances tombent chaque jour car la mairie de Saint-Denis rase les biens des petits possédants pour y installer du béton. Juin1979, la commune a déjà fait main basse sur la propriété. Tout sourire, le nervi du maire, une femme redoutable, ayant la mère dans son collimateur, pose dans le journal de l'île de la Réunion sur l'immense terrain des parents, bras dessus, bras dessous, entourée du député Debré et de Legros, le maire, son acolyte. Marie ignore encore qu'en même temps que leur périple, et ce depuis 1963, se joue la tragédie des petits Réunionnais arrachés à leurs familles privées d'instruction sous l'Ordonnance Debré. L'histoire bégaie. Après la déportation des esclaves arrivés dans les cales de bateaux, voilà qu'on affrète des avions spéciaux déportant de jeunes enfants que l'on soustrait aux familles pour les installer en métropole, bannissant les liens. Marie ne comprend pas la cruauté de ces hommes sans scrupule d'un Etat censé protéger.

07/2019

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Histoire militaire

Hommes et ouvrages de la ligne Maginot. Tome 3

Ce tome trois est le point d'orgue de la série d'ouvrages qu'Histoire & Collections consacre a la célèbre ligne fortifiée du Nord-Est, système défensif qui avait été conçu et réalisé pour protéger la France d'une attaque brusquée allemande. Le présent livre débute le 3 septembre 1939, jour de la déclaration de guerre : quelle est alors la situation de la ligue Maginot, quel va être son rôle dans la timide offensive de la Sarre, et quels moyens seront ensuite mis en oeuvre durant les huit mois de la "drôle de guerre" pour compléter nos fortifications, de la mer du Nord à la frontière suisse, tels sont les sujets évoqués dans la première partie de cet ouvrage. La seconde partie présente l'inventaire, totalement inédit et extraordinairement détaillé, secteur par secteur, de toutes les fortifications du Nord et de l'Est, du plus imposant ouvrage comptant 1000 hommes d'équipage, à la moindre casemate n'abritant que quelques combattants. Le répertoire est intégral et, grâce à sa cartographie unique, il permet notamment aux amateurs et touristes d'aujourd'hui de retrouver les vestiges de la ligne Maginot partout où ils subsistent. La troisième partie, enfin, relate l'attaque allemande du 10 mai 1940 et les six semaines de Btlitzkrieg : la ligne de défense attaquée sur sa partie la plus faible le long de la Meuse, le drame de l'équipage de la Ferté, la chute des ouvrages du Nord fin mai, puis en juin les assauts déclenchés contre la ligne Maginot proprement dite en Lorraine, en Alsace et sur le Rhin. L'action déterminée des équipages restés seuls sous le béton après le départ des troupes d'intervalle, la prise de haute lutte de certains ouvrages, et finalement la livraison de l'ensemble de la Ligne invaincue, comme triste conséquence de l'Armistice du 22 juin 1940. Une fantastique page d'histoire illustrée a profusion en noir et blanc — avec 500 photos d'époque — et en couleurs : rotes et plans, insignes métalliques, uniformes et fanions des équipages d'ouvrages.

06/2021

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Photographie

Cosmic Communist Constructions Photographed. Edition français-anglais-allemand

Dans cet ouvrage, le photographe Frédéric Chaubin dévoile 90 bâtiments situés dans 14 anciennes républiques soviétiques qui témoignent de ce que l'on pourrait considérer comme la quatrième époque de l'architecture soviétique. Ses images poétiques révèlent une renaissance inattendue de l'imagination, un bourgeonnement jusqu'ici inconnu qui s'est développé de 1970 à 1990. Contrairement aux années 1920 et 1930, on ne distingue ici ni "école" ni tendance dominante. Ces constructions représentent un élan chaotique provoqué par un système qui tombait en décrépitude. Leur diversité annonce la fin de l'Union soviétique. Profitant de l'effondrement de cette structure monolithique, des trous dans le filet qui devenait plus lâche, des architectes ont revisité toutes les périodes et tous les styles, remontant aux sources ou innovant librement. Certains audacieux réalisèrent des projets qui auraient fait rêver les constructivistes (le sanatorium de Druzhba, à Yalta), d'autres ont laissé parler leur imagination d'une manière expressionniste (le Palais du mariage de Tbilissi). Une colonie de vacances, inspirée d'esquisses d'un prototype de base lunaire revendique son influence suprématiste (camp de jeunes Prométhée, à Bogatyr). Sans oublier l' "architecture parlante" qui s'est généralisée pendant les dernières années de l'URSS : un crématorium orné de flammes de béton (crématorium de Kiev), un institut technologique avec une soucoupe volante écrasée sur le toit (institut de Kiev), un centre politique qui vous observe comme Big Brother (la maison des soviets de Kaliningrad). Ce puzzle de styles témoigne de tous les rêves idéologiques de cette période, de l'obsession du cosmos à la renaissance de la vie privée, tout en soulignant la géographie de l'URSS, montrant comment les influences locales ont apporté leurs détournements exotiques avant de porter le coup fatal à ce pays. Cosmic Communist Constructions Photographed, de Frédéric Chaubin a été élu meilleur livre d'architecture de l'année 2010 au Festival international du livre d'art et du film de Perpignan.

02/2011

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Littérature française

L'étoile du Hautacam

Où sont passés les rêves de Simon Meyer, ses rêves de cinéma, de grand spectacle ? Qu'est devenue sa passion pour les formes populaires ? Les emballements : reniés ; les collections : revendues ; l'appartement : vidé. La flamme est éteinte. Quand cette histoire commence, Simon quitte la ville pour s'établir dans son village d'enfance. Mais au moment de le rejoindre, un étrange événement le précipite dans un autre monde. Le rideau s'ouvre sur un monde imaginaire, un monde presque similaire au nôtre, à la seule différence que le village est désormais perché à quinze kilomètres d'altitude au sommet d'une gigantesque tour de béton armé. L'endroit est à l'image de la décrépitude de Simon, superficiel, sans âme, d'une propreté asphyxiante. Ses 365 jours d'ensoleillement annuel en font un site visité par les touristes du monde entier. Simon l'intègre tout à fait naturellement et reprend sa vie là où il l'avait laissée sur Terre, entre footings et missions d'intérim. Il apparaît peu à peu que notre héros n'est pas étranger à la situation insolite des lieux. Son retour, puis ses retrouvailles avec son premier amour, ne sont pas sans conséquences. Un danger plane sur le village, un danger auquel Simon pourrait bien être lié. Alors il n'a plus d'autre choix que d'assumer l'influence mystérieuse de ce galet de magma qualifié de Coeur-étoile, moteur du territoire céleste, symbole de force et de passion. Toutes les fictions qui l'ont bercé durant sa jeunesse, cette mémoire enfouie, remontent à la surface pour s'incarner dans sa vie et l'entraîner dans une suite d'aventures rocambolesques, avec son lot de rebondissements, de coups de théâtre et de personnages farfelus et attachants. L'Etoile du Hautacam fait le pari de l'action, du romanesque, jouant avec l'invraisemblable et les clichés, lorgnant sans détour du côté du cinéma d'animation, du blockbuster hollywoodien, du manga japonais. C'est une fable épique, un roman à grand spectacle.

01/2016

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Grandes réalisations

Le Collège Trefaven. Lorient

Une page se tourne à Lorient. Les collèges Le Coutaller et de Kerentrech ferment et le nouveau collège de Tréfaven, conçu par l'agence d'architecture Valéro Gadan, accueille quelque 480 élèves et a surtout sa propre histoire à construire. "Le projet veut être l'expression de la sobriété et de la durabilité. Toutes les façades, quelles que soient leur orientation, donnent du sens à l'équipement et à son contexte. La volumétrie du bâtiment avec les événements nécessaires à l'affirmation de certaines fonctions font partie d'une réflexion globale. Le bâtiment se déploie en "O" , et positionne la cour de récréation au centre de la composition. La forme volontairement plus fermée est travaillée dans sa limite périphérique comme une bande épaisse qui gère la mise à distance et permet de créer des jeux de pleins et de vides, des percées visuelles et des transparences. L'approche architecturale globale de notre conception à consisté à regrouper et identifier les différents volumes programmatiques. Les espaces fonctionnels ont été abordés non pas comme une succession de volumes autonomes, mais plutôt comme une volumétrie continue. Assemblés entre eux, l'ensemble des volumes regroupés forment une unité participant à l'homogénéité de l'édifice. Les façades sont travaillées sur le thème de l'art optique de la cinétique. Elles se déclinent en strates horizontales, où s'alternent des rythmes de pleins et de vides, créant des perceptions différentes suivant l'angle de vue. Associé au soubassement en béton, un dispositif de lames verticales bois, avec une face recouverte d'une plaque colorée, crée un jeu de reliefs et de rythmes cinétiques et permet d'unifier l'ensemble. Au-dessus du socle, les façades sont traitées par un revêtement aluminium à ondes variées. La variation du rythme des nervures accentue l'effet de stratification recherché. La vêture composée de pliures variées va refléter la lumière, créant un effet qui n'est pas sans rappeler les reflets de la mer sous la lumière variée d'une journée". Agence d'architecture Valéro Gadan

03/2023

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Beaux arts

Architecture : mettre en forme et composer. Volume 13, continuum spatial

La notion de " continuum spatial " est un mode d'organisation de l'espace rendu possible notamment par l'usage d'ossatures métalliques puis en béton armé autorisant une certaine autonomie des enveloppes par rapport à la structure bâtie. Il ne doit pas être seulement envisagé sous son seul aspect formel et ses effets plastiques, mais aussi comme une façon d'habiter l'espace avec des pratiques spécifiques. Les limites entre les intérieurs habités et le contexte extérieur commencent à s'estomper. Un mode de vie nouveau ouvre la voie à un processus de dissolution entre domaines privé et public. Les caractères associés aux anciennes manières de définir l'espace, notamment résidentiel, par pièces distinctes et séries de plans se succédant dans une enfilade, disparaissent au profit de mise en continuité des parois-limites des pièces entre elles. De nouvelles enveloppes spatiales introduisent et mettent en valeur des suites modulables de vues, de lumières ou de passages entre les intérieurs et les extérieurs, avec une dématérialisation partielle de ces enveloppes tirant parti de correspondances d'alignements, de l'implicite à l'explicite. Les rapports plein-vides, les jeux de lumières directes ou réfléchis, les distributions sont effectivement modifiés. L'auteur distingue deux types d'opération pour décrire et analyser ce mode d'organisation en " continuum " : la décomposition et la fusion. Le pavillon de Barcelone de Mies van der Rohe (1929) et l'orphelinat d'Aldo van Eyck (1959) sont des références de décomposition contrôlée où les architectes utilisent un principe de dissociation et de compénétration des limites avec apparition d'espaces intermédiaires et des effets alternés d'ouverture et de fermeture. Le pavillon de la Finlande d'Alvar Aalto pour l'Exposition universelle de New York (1939) et la maison Duncan de Bruce Goff (1965-1967) déclinent des procédés de fusion. Ce mode exploite un jeu de déformations continues des parois sur le thème de l'ondulation dont les replis donnent lieu à des effets divers entre enveloppes internes et externes.

08/2019

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Thèmes photo

Par nos fenêtres. Vues d'Ivry-sur-Seine

Ianna Andreadis a invité les habitants d'Ivry à participer depuis chez eux à un projet de photographie partagée : prendre une vue de la ville depuis leur fenêtre, en incluant le cadre de celle-ci, frontale et axiale. Le résultat produit un panorama spectaculaire et compose un tableau collectif de la ville d'Ivry, un catalogue sensible des manières d'y habiter. D'avril 2020 à avril 2021, dans la période si particulière des confinements successifs, l'artiste Ianna Andreadis a invité les habitants d'Ivry à participer depuis chez eux à un projet de photographie partagée. La règle du jeu a été donnée d'emblée : prendre une vue de la ville depuis leur fenêtre, en incluant le cadre de celle-ci, frontale et axiale, sans déformation exagérée des perspectives. Le résultat produit un panorama spectaculaire et très varié de la ville, où chacun exerce un regard entre l'intime du chez-soi et son extérieur familier, du plus proche au plus lointain. Recouvrant tous les quartiers, les points de vue alternent entre motifs architecturaux emblématiques de la banlieue parisienne et paysages d'une apparente banalité. Identification d'une ville avec son coeur et ses marges, ses horizons et ses vues sur cours, places, rues et cités, ses matériaux de béton, brique et ses végétaux... Ces vues expriment l'emprise du temps : le temps qui passe (ou qui ne passe pas) - heures, jours, saisons, le jour et la nuit ; le temps qu'il fait - neige, pluie et soleil sous d'extraordinaires ciels d'Ile-de-France. L'ensemble compose un tableau collectif de la ville d'Ivry et forme le catalogue sensible des manières d'y habiter. Le texte d'Ianna Andréadis dévoile une partie du processus de cette " fabrication urbaine plurielle " qui peut s'adapter à d'autres villes comme elle l'a déjà fait pour Athènes (Fenêtres d'Athènes, éditions Agra, 2016). Danièle Méaux poursuit ici une réflexion féconde sur ce qu'elle nomme les " géo-photographies " et s'interroge sur le sens de la photographie collaborative.

12/2021

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Pléiades

Romans et récits. Tome 2

Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. A la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, "des réserves" . Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes. Cette édition ne fait pas acception de "métiers" ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre. Le "système Kessel" , on croit le connaître : courir le monde, faire provision de "choses vues" , livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman "kényan" de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination. Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins "du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire" (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il "l'air du temps" , qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Ecrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue

06/2020

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Pléiades

Romans et récits. Tome 1

Kessel est difficile à situer dans le paysage littéraire. On l'y prenait parfois pour un intrus. A la NRF, Gaston Gallimard crut très tôt en lui, tandis que Gide (qui changerait d'avis) et Paulhan avaient, comme on dit, "des réserves" . Peut-être n'était-il à leurs yeux qu'un reporter écrivant des romans, avec une circonstance aggravante : le succès. Alors romancier ou reporter ? Un pur romancier ? un authentique reporter ? La question, à vrai dire, ne se pose pas en ces termes. Cette édition ne fait pas acception de "métiers" ni d'ailleurs de genres littéraires. Elle juxtapose dans l'ordre chronologique des ouvrages relevant, à des degrés divers, de la fiction, du récit, du reportage ou de ce que Kessel aimait à nommer documentaire - un mot encore neuf dans les années 1920 et qu'il donna pour titre à la première partie de Vent de sable. Elle bénéficie d'autre part d'un fait nouveau : les manuscrits de Kessel sont désormais accessibles. Ces deux volumes en reproduisent de nombreux éléments - dont le scénario inédit du Bataillon du ciel - et les exploitent pour cerner ce qui fait la spécificité de l'oeuvre. Le "système Kessel" , on croit le connaître : courir le monde, faire provision de "choses vues" , livrer des reportages à la presse, en tirer (selon des modalités variables) un récit, puis publier un roman qui utilise (dans des proportions tout aussi variables) ces reportages et ce récit. Mais les apparences sont trompeuses : Le Lion (roman "kényan" de 1958), par exemple, aurait été conçu avant que ne soit achevé La Piste fauve (récit, kényan lui aussi, de 1954). L'oeuvre ne décrit pas une trajectoire systématique qui mènerait du réel (terrain du reporter) à la fiction (ou littérature). Chez l'auteur de Makhno et sa juive, la réalité n'est jamais chimiquement pure. Kessel pourrait bien être un précurseur de ce qu'on appelle aujourd'hui en bon français la creative non fiction. L'aventure, l'événement, tel homme rencontré, telle situation vécue possèdent pour lui un potentiel poétique ou romanesque qui fait d'eux des objets pour l'imagination. Pour le dire à la manière de Malraux, le réel est une musique sur laquelle nous sommes contraints de danser. Mais Kessel le trouve insuffisant. Comme Malraux lui-même, comme Cendrars, Saint-Exupéry et bientôt Gary, il est de ceux qui offrent à la réalité des prolongements puisés dans l'imaginaire. Ce faisant, il place son oeuvre - et ses aviateurs, ses Russes blancs, ses guerriers masaï, ses cavaliers afghans - aux confins "du réel, du rêve, de l'errance et de l'histoire" (Malraux encore). Il la rend transfrontalière, se rend lui-même inclassable et fait de l'aventure un mythe moderne. Sans doute respire-t-il "l'air du temps" , qui est aussi le nom d'une collection à laquelle il donna des livres ; mais il sait s'en abstraire et atteindre à l'essentiel. Ecrite en un siècle qui menaça de mille manières l'espèce humaine, toute son oeuvre peut être lue

06/2020

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Monographies

Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être

Dans Guillaume Pujolle. La peinture, un lieu d'être, Blandine Ponet part sur les traces de Guillaume Pujolle (1893-1971) qui fut menuisier, douanier, mais aussi peintre. Il fut interné une grande partie de sa vie à l'asile de Braqueville, à Toulouse ? ; c'est de ce lieu qu'est partie Blandine Ponet, où elle-même travaille comme infirmière en psychiatrie. De là, elle tire les fils de la complexe destinée de l'artiste, ce qui l'entraîne aussi à se pencher sur l'histoire de la psychiatrie, du surréalisme, de l'art brut ou de la dévastatrice première guerre mondiale. Telle est sa manière de lutter contre "? l'oubli, l'immobilisme, l'absence d'histoire, l'ordre et la routine ? ". Retrouver quelques noms, quelques dates, quelques faits qui composent une inextricable pelote de passé, cela sauve du vertige face à un "? monde illisible ? ". C'est, pour Blandine Ponet, un premier pas pour appréhender l'art déroutant de Guillaume Pujolle, pour parvenir à regarder ses peintures dans toute leur violence acérée et colorée ? : "? La forme et le chemin qui y mène, dit Paul Klee. Apprivoiser les peintures de Pujolle, construire son propre regard et sa manière de les voir et les comprendre. Apprivoiser ce qu'elles contiennent et transmettent de folie et de douleur pour pouvoir les regarder enfin. ? " Retracer l'histoire du peintre et de son oeuvre, c'est apprendre à voir de manière plus juste, plus vibrante. Blandine Ponet cherche ainsi à remonter aux premiers événements qui témoignent d'une reconnaissance naissante de l'artiste. Lorsqu'une exposition d'oeuvres de malades est organisée en 1946 à l'hôpital Sainte-Anne par le docteur Gaston Ferdière, qui s'occupait également d'Antonin Artaud, on pouvait voir, entre autres, La mort du vieux Boers de Guillaume Pujolle. L'année suivante, à l'occasion de l'exposition Le surréalisme en 1947 à la galerie Maeght, on pouvait voir un étrange revolver fabriqué par Guillaume Pujolle. Dans son récit, Blandine Ponet rend également tout leur intensité à des fragments de l'histoire d'un siècle, en évoquant le choc qu'a pu constituer la première guerre pour Guillaume Pujolle, qui fut mobilisé les quatre années qu'elle dura. Choc que l'on peut pressentir dans plusieurs de ses peintures, notamment dans sa série de bateaux ? : "? Sauf un ou deux qui ne sont pas nommés, ils portent pour la plupart des noms précis qui reviennent ? : Lutetia, Provence, Normandie, Sirocco. [... ] Le Provence était un paquebot transatlantique qui fut lancé en 1906. Converti en croiseur, il sert aussi au transport des troupes vers les Dardanelles en janvier 1915. Quant au Lutetia, c'était un croiseur auxiliaire qui fut également affecté au transport des troupes à Salonique de 1915 à 1917. ? " Guillaume Pujolle lui-même passa deux années à Salonique durant la guerre, dont il se souvient sans doute en peignant ces flots "? impétueux et foisonnants ? ". Regarder avec attention les peintures de Guillaume Pujolle revient alors à tirer de l'oubli leur puissance plastique saisissante autant que la violence des tourments du siècle dernier.

01/2024

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Histoire de France

Les Français libres. L'autre Résistance

Aux combats de la France libre s'attachent quelques noms mythiques : Keren, Kub Kub, Bir Hakeim, El-Alamein... et, plus tard, Paris, Toulon, Strasbourg, Berchtesgaden. La "croisade" gaulliste pour la libération de la France a été maintes fois retracée. Le visage des hommes et des femmes - plus de 60000 - engagés dans les Forces françaises libres de 1940 à 1943 demeure pourtant dans l'ombre. Sous l'uniforme à croix de Lorraine, ils ont été de tous les fronts, ils ont subi tous les climats : l'Éthiopie, le Levant, le désert libyen, les oasis du Fezzan, l'Italie, la Normandie, Paris, la Provence et l'Alsace, mais aussi la Russie, les cieux d'Angleterre et d'Europe, enfin toutes tes mers du globe, et surtout les convois de l'Atlantique. Jean-François Muracciole évoque dans ce livre le parcours singulier de ces combattants, dégageant un portrait aussi étonnant qu'inédit. Une moitié de Français, souvent bretons, parisiens ou pieds-noirs, y côtoient d'anciens républicains espagnols, des antifascistes de toutes nationalités, des juifs d'Europe centrale et d'Afrique du Nord, persécutés à des titres divers, et des soldats coloniaux venus des quatre coins de l'Empire. Et, pour ta première fois, plus de 2000 femmes y reçoivent un vrai statut militaire. Cette petite troupe bigarrée est issue de milieux socio-culturels élevés, au fort ancrage bourgeois et catholique, et l'engagement y relève d'un patriotisme toujours prégnant, mais aussi de logiques plus intimes, où l'affectivité et les structures familiales ont Leur part. L'auteur n'oublie pas la vie quotidienne des combattants : leurs convictions, leurs joies, leurs peines, leurs souffrances, sans oublier l'évaluation délicate de leurs pertes. Enfin, il révèle l'extraordinaire pépinière de talents politiques, administratifs, industriels et scientifiques qu'ont constitué ces combattants pour la France des Trente Glorieuses. Alors que te souvenir des Français libres tend à s'effacer devant celui des résistants de l'intérieur, ce sont les contours de cette "autre Résistance", extérieure et non pas enracinée dans le sol national, que le lecteur découvrira ici.

11/2009

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Récits de voyage

Le voyage en Bretagne. De Nantes à Brest, de Brest à Saint-Malo

Bretagne, « province de l’âme » : la Bretagne est sans doute la seule région française à pouvoir se prévaloir d’autant d’oeuvres de grands écrivains s’attachant à cerner son génie et la singularité de ses paysages ou de ses modes de vie. Ce parcours littéraire, premier en son genre consacré à toute une province française, égrène d’Armor en Argoat, au fil des rivages et jusqu’au plus profond de la Bretagne intérieure, les écrits qui lui sont consacrés et qui appartiennent à son histoire littéraire, depuis Jules César au premier siècle avant Jésus-Christ jusqu’aux auteurs de la fin du vingtième siècle aujourd’hui disparus. Au total, presque deux cents auteurs et deux cent soixante-dix textes, quelques mille deux cent pages. Au-delà de la situation des textes dans le temps et dans l’espace, le premier critère de choix a été le plaisir de la lecture et la qualité littéraire et narrative : textes d’humeur, mémoires, relation d’épisodes historiques, correspondances, notes de voyage, essais. Les grands classiques de la littérature de Bretagne sont évidemment là ; pour n’en citer que quelques-uns : Cambry, Chateaubriand, Renan, La Villemarqué, Le Braz, Segalen, parmi les Bretons, mais aussi Hugo, Michelet, Stendhal, Balzac, Flaubert, Gide ; plus proches, mais tous disparus : Loti, Colette, Max Jacob, Guilloux, Henri Queffélec, Gracq, Mac Orlan, Jean-Edern Hallier … des poètes aussi, des écrivains étrangers, de grands auteurs méconnus, de Tanguy Malmanche à Armand Robin ou Yves Elléouët… et parmi d’autres pépites : Vauban à Camaret, Alexandre Dumas à Roscoff, Sarah Bernhardt à la baie des Trépassés, Saint-Pol Roux en bimoteur au-dessus de la rade brestoise, Villiers de L’Isle-Adam au collège de Vannes, Marcel Proust à Beg-Meil, Joseph Conrad à L’Île Grande, Jean Cocteau à Pont-Aven, le philosophe Alain au Pouldu, Georges Simenon sur un chalutier de Concarneau, le général de Gaulle incognito dans sa DS noire, Le Corbusier à Lesconil, Albert Camus au cimetière de Saint-Brieuc, ou les plus ou moins courtes nouvelles d’Édouard Corbière, de Jeanne Nabert, d’Henri de Régnier et d’Émile Zola dont les formidables Coquillages de M. Chabre révèlent une facette ignorée.

05/2012