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Irina Emelianova

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Anthologies

Le Grand Tour. Autoportrait de l'Europe par ses écrivains

"Au dix-huitième siècle, le Grand Tour menait les jeunes aristocrates du nord de l'Europe vers les rivages méditerranéens. Ils allaient parfaire leur éducation et leur connaissance des Humanités. Notre Grand tour, plus modestement, vagabonde dans l'imaginaire européen et invite ses lecteurs aux voyages en montant à bord d'un Trans-Europ-Express utopique - les trains reviennent à la mode, dit-on. Il conte des destins, des villes et des paysages. Il ausculte l'Europe d'aujourd'hui. Il remonte souvent dans le temps, nous sommes un vieux continent. Il présente un panorama inédit de la littérature européenne contemporaine, un autoportrait de l'Europe par ses écrivains, parmi les meilleurs du continent. " O. G. A l'occasion de la présidence française de l'Union Européenne, Olivier Guez a demandé à vingt-sept écrivains, un par Etat-membre, d'écrire sur des lieux évocateurs de la culture et de l'histoire européennes. Dans les récits et les nouvelles inédits qui composent ce recueil exceptionnel, les mémoires, les regards et les climats d'une Europe de chair et de sang s'entrecroisent. Il ébauche une carte émouvante de l'esprit européen du début des années vingt du vingt-et-unième siècle. Les contributeurs de l'anthologie sont : Daniel Kehlmann (Allemagne), Eva Menasse (Autriche), Lize Spitz (Belgique), Kapka Kassabova (Bulgarie), Stavros Christodoulou (Chypre), Olja Savicevic (Croatie), Jens Christian Grondahl (Danemark), Fernando Aramburu (Espagne), Tiit Aleksjev (Estonie), Sofi Oksanen (Finlande), Maylis de Kerangal (France), Ersi Sotiropoulos (Grèce), Laszlo Krasznahorkai (Hongrie), Colm Toibin (Irlande), Rosella Postorino (Italie), Janis Jonevs (Lettonie), Tomas Venclova (Lituanie), Jean Portante (Luxembourg), Imannuel Mifsud (Malte), Jan Brokken (Pays-Bas), Agata Tuczynska (Pologne), Lidia Jorge (Portugal), Norman Manea (Roumanie), Michal Hvorecky (Slovaquie), Brina Svit (Slovénie), Björn Larsson (Suède), et Katerina Tuckova (République tchèque). Textes réunis et préfacés par Olivier Guez.

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Beaux arts

Arearevue)s( N° 10 Eté 2005 : Vénus. Aspects des luttes et créations féminines

Théma : Alors que pour la première fois la Biennale de Venise accueille près de 40 % d'artistes féminines faisant mentir toutes les statistiques connues sur la présence des femmes dans le monde de l'art, on peut se demander avec les Guerrilla Girls, ce groupe d'artistes féministes new-yorkaises, si ce n'est pas là un nouveau cache-misère. Il était temps de faire un point sur la création féminine et sa relation au mouvement d'émancipation des femmes alors qu'aujourd'hui les brimades intégristes dénient les acquis des luttes d'émancipation. Ecouter Evelyne Sullerot qui nous parle de ce combat né dans la guerre et la résistance, poursuivi après la Libération pour que les femmes aient le droit au choix de la conception. Ecouter Antoinette Fouque ardente militante, co-fondatrice du MLF. Ecouter Pierre Foldès décrire l'actuelle et terrible situation des femmes excisées en France, s'interroger sur les propos de Henri Atlan qui prône l'ectogenèse... Qu'en est-il dans l'art ? Existe-t-il un art féminin ? C'est s'interroger avec Marie-Jo Bonnet. Découvrir enfin Jacqueline Lamba, amour fou d'André Breton, son épouse, qui a cinquante ans durant peint dans l'indifférence. Découvrir les collages de sa fille Aube Breton-Elléouët, se souvenir d'Unica Zürn, de Claude Cahun, d'Aline Gagnaire et de Gina Pane, interroger les plus anciennes, Ode Bertrand, Aurelie Nemours, Niki de Saint Phalle mais aussi Irina Ionesco ou Paula Rego et porter une attention soutenue à quelques jeunes créatrices, Anna Foka, Ann Sophie Staerk, Maja Bajevic, Elodie Pong, Anne-Sophie Bérard, Sophie Lecomte, Sari Myohaen, Lady K, Bindu Mehra, Gaëlle Chotard, Marie Plant, Evelyne Jaffrain, Luz Angela Lizarazo, Silvia Mini, Ingrid Mourreau, Béatrice Dacher, Isabelle Tournoud, Véronique Durieux et aussi s'arrêter à des démarches plus confirmées, Natacha Nisic, Christine Jean, Monique Frydman, Rineke Dijkstra, Colette Deblé, Miss Tic, Olivia Clavel, Luna, Irmgard Sigg, Joan Soulimant, Jenny Saville, Linda Todisco, Frédérique Charbonneau, faire un point sur le cinéma avec Jackie Buet et Klonaris/Thomadaki. Varia : Vénus est aussi la déesse de la beauté. Ne fallait-il pas s'interroger avec Georges Vigarello sur son histoire ? S'interroger encore avec Bernard Stiegler de la nécessité de sauver le symbolique, avec Lucy et Jean-Pierre Vincent de l'aimantation amoureuse, ouvrir encore le champ de sa pensée avec Sapho la chanteuse, Vénus Khoury-Gattha l'écrivain, Anne Brochet la comédienne, Catherine Millet et Sophie Calle. Folio : Autour des intervention d'Antoinette Fouque et d'Évelyne Sulierot là grandes dates du mouvement féministe depuis 1944.

07/2005

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Littérature russe

Théorie du monologue

Né à Moscou le 29 août 1938, Vladimir Kazakov a eu une vie aventureuse. Il termine le lycée en 1955. Fréquente une école militaire d'où il est expulsé en 1956. Il entre ensuite à l'Université, d'où il est à nouveau expulsé en 1958. Pendant les quatre années suivantes, il travaille à Kolyma, au nord-est de la Russie connu pour son goulag et ceux qui s'y sont retrouvés, à l'instar de Varlam Chalamov... Il est tour à tour orpailleur, bûcheron, enseignant chez les nomades tchouktches, charpentier, soutier, marin, etc. De retour à Moscou, il erre un certain temps dans les rues. Devient joueur de cartes professionnel... En 1965, il commence à écrire ; l'année suivante, il fait la connaissance du poète avant-gardiste Andreï Kroutchenykh, lequel aura sur lui une influence incontestable. C'est alors qu'il se consacre entièrement à l'écriture (poésie, prose, théâtre). Il meurt à Moscou en 1988. Ses écrits paraissent clandestinement (samizdat), avant de circuler, à partir de 1971, en Occident, et tout particulièrement en Allemagne. "Théorie du monologue" paraît en 1982 (in le recueil "Vie de la prose", dans une édition allemande de langue russe comprenant des proses de la première moitié des années 1970... L'oeuvre de Vladimir Kazakov poursuit à sa manière les efforts artistiquesdes futuristes et des Obérious. Il est notamment à rapprocher de Alexandre Vvedensky, mais aussi, pour une certaine mise en scène de l'intime comme dans ce texte, de Guennadi Aïgui et de Sasha Sokolov dans son obsession narrative... "Théorie du monologue" peut d'abord surprendre par son titre en rapport à son contenu : 35 lettres d'amour adressées à une femme, entre décembre 1973 et juin 1974, sans que ses réponses à elle nous soient données. D'où toutefois l'indication que ce titre nous convie de recevoir, grave et ironique. Cependant qu'à lire ces lettres une à une, nous devons bien comprendre que réponses et lettres de la part d'Irina, la femme aimée, lui ont bien été transmises. Cependant encore il se pourrait qu'il se le soit imaginé... Livre d'amour alors, et amour que l'on aurait à juste titre droit de qualifier, tout comme chez Breton, de "fou" . Folie paraissant se préciser au fur et à mesure des lettres à la croisée des mots, à compter qu'il n'y a pas de véritable amour qui ne le soit pas, "fou" en miroir de ce que de l'être aimé nous recevons, toutes choses mises en rapport selon une synesthésie (dans des "lignes" de pluie, des rayons de lumière...) qui l'amplifie. C'est que ce livre démontre (et démonte) en ces lettres un rapport qui ne se peut théorisé que sous une forme inattendue à laquelle Vladimir Kazakov, coutumier des déplacements, se prête, traversant l'angoisse.

06/2022

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Critique littéraire

Plurilinguisme et autotraduction. Langue perdue, langue "sauvée"

Pour un écrivain, transposer son ouvrage dans une autre langue relève d'une forme d'écriture très particulière. A la fois auteur et traducteur, l'écrivain occupe une position double, instituant simultanément un point de vue intérieur et extérieur sur son texte. C'est le cas de Nabokov, Tsvetaeva, Singer, Milosz, Beckett et tant d'autres… Cette posture scripturale ambiguë, impliquant des tensions fécondes entre création et reformulation, constitue l'originalité fondamentale des textes littéraires issus de l'autotraduction. L'évolution de ce phénomène au cours du XXe siècle témoigne des mouvements transculturels dus à l'hétérogénéité croissante de certains environnements. Au lendemain de la révolution russe, le plurilinguisme littéraire est amplifié par les déplacements - exil, mouvements migratoires, déportations, relégations. Les pratiques de traduction auctoriale des écrivains issus d'Europe centrale et des régions de l'ancien Empire russe n'ont pas encore donné lieu à une étude spécifique. Ce travail collectif est l'un des premiers à envisager les divers formes d'autotraduction dans un cadre géoopolitique complexet et, partant, dans un champ littéraire souvent supranational, incluant les oeuvres de langues russe, polonaise, serbe, ukrainienne, géorgienne et yiddish, jusqu'à l'occitan. A ces langues s'ajoutent le français, l'anglais et l'allemand comme langues cibles. L'approche choisie par les auteurs du reueil offre une réflexion sur les rapports entre langue et exil, faisant ressortir la richesse des interconnexions des domaines littéraires. Ils interrogent le statut des langues mises en regard, leur valeur sur les "marchés linguistiques", comme le positionnement des auteurs, de la critique et du public face à la dualité centre/périphérie. Cette opposition, qui prend une acuité particulière dans des aires culturelles marquées par le plurilinguisme, est au coeur de l'ouvrage. Avec les contributions de : Olga Anokhina, Stanley Bill, Iryna Dmytrychyn, Yana Egorova-Moral, Vladimir Feschenko, Eva Gentes, Rainier Grutman, Sabine Haupt, Christine Lombez, Anna Lushenkova-Foscolo, Magdalena Lubelska-Renouf, Atinati Mamatsasvili, Hélne Martinelli, Michaël Oustinoff, Tatiana Ponomareva, Michèle Tauber.

01/2020

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Littérature étrangère

La citadelle de la mémoire

Printemps 1789. L'immense Empire ottoman déverse sa puissante armée devant Paliokastro, petite citadelle perchée sur une montagne d'Epire qui, isolée et protégée par ses remparts, refuse depuis des siècles de se soumettre à l'occupant turc. Or, le siège qu'entreprend Sélim pacha, commandant en chef des forces ottomanes, n'a pas pour objectif l'assujettissement de la ville à l'autorité du sultan. Les ordres de la Sublime Porte sont formels : détruire Paliokastro jusqu'à la dernière pierre, exterminer ses habitants, faire disparaître jusqu'à son cimetière -bref, effacer toute trace de son existence et de son histoire. Quel redoutable danger l'humble citadelle représente-t-elle donc pour un si puissant empire ? Plus de deux siècles plus tard, le narrateur mène l'enquête ; il interroge les moines d'un monastère de la région, consulte de précieux manuscrits dans la bibliothèque. Griffonnée dans les marges d'un vieil évangile, la chronique d'Isidore, ancien bibliothécaire du monastère, surgit peu à peu du passé comme un implacable réquisitoire contre l'agresseur. Du fond de l'histoire d'autres voix s'élèvent, racontent, accusent : celle du capétan Békas et de Photis l'instituteur, ces irréductibles de la liberté ; celle d'Irini, la vieille guérisseuse, et des femmes de Paliokastro, vigilantes gardiennes de la mémoire de tout un peuple -mais aussi celle de Mélétios, l'actuel bibliothécaire du monastère, dernière sentinelle d'un souterrain qui renferme de troublants secrets. Dans ce grand roman au souffle épique, Aris Fakinos, qui n'a cessé de chanter la lutte de l'homme pour la conquête de sa liberté et de sa dignité, nous met en garde contre les Sélim pacha de tous les temps qui voudraient faire table rase du passé, effacer la mémoire des peuples, asservir la pensée humaine -et nous offre de surcroît une précieuse grille de lecture pour déchiffrer le sens des secousses qui agitent notre monde aujourd'hui.

09/1992

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Policiers

Le manufacturier

Le 19 novembre 1991, une poignée de paramilitaires serbes massacrent une famille à Erdut, un village de Croatie. Laissé pour mort, un garçonnet échappe aux griffes des tortionnaires, les Lions de Serbie. Un quart-de-siècle plus tard, l'avocate Irena Ilic tente de remonter la piste jusqu'à la tête du commando, le sinistre Dragoljub. Le 1er avril 2017, les cadavres d'une femme et de son bébé sont retrouvés dans la banlieue du Havre, atrocement mutilés. Niché dans le dark Web, un inconnu sous pseudonyme revendique le double meurtre et propose les vidéos de ses crimes à la vente sur son site Internet... Depuis quand sévit-il ? Prêt à transgresser la loi, le capitaine de police Vladimir Radiche s'empare de l'affaire qui sème la panique sur le pays, au risque de voir l'inimaginable s'en échapper. Les deux investigations vont se percuter avec une violence inouïe. L'avocate et le flic ont des intérêts divergents et se livreront une guerre sans merci. Emportés dans l'abîme du terrifiant conflit yougoslave, les enquêteurs évoluent dans un vertige noir, gangrené par la violence et la corruption, où les plus pourris ne sont peut-être pas ceux que l'on croit. Crimes contre l'humanité, meurtres en série, fanatismes religieux, trafics entre mafias sans scrupules, l'étau se resserre au fil des chapitres. Les égouts de l'Histoire finiront par déborder et vomir des monstres, trop vite oubliés. N'ayez pas peur. Oui, il y a tout cela dans Le Manufacturier. Non, il n'y a pas d'autre issue. Mattias Köping, l'auteur des Démoniaques, thriller doublement primé en 2018 et acclamé par le public, libère toute sa puissance dans ce vrai page-turner, addictif et haletant, porté par une atmosphère envoûtante et une écriture ciselée. Programmé pour jouer avec les nerfs des lecteurs les plus aguerris de romans policiers, Mattias Köping confirme son entrée implacable parmi les maîtres du thriller français.

10/2018

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Histoire internationale

IL A FALLU CE DEUIL POUR SE RETROUVER. Journal de la guerre du Kosovo

" Il y a vingt ans, au cours de ma visite à Pristina, j'appris que ce vaste plateau avait été autrefois recouvert par les eaux. Puis, quand vint le temps de leur reflux, une partie de ces flots se dirigea, par le Danube, vers la mer Noire, une autre, par le Vardar, vers la mer Égée, et l'autre, empruntant le cours tumultueux de la Drina, vers l'Adriatique. J'imaginais alors, s'en allant en même temps que ces eaux, poissons, mollusques, anguilles, serpents et monstres marins. Ainsi se terminait la préhistoire de ce territoire, un drame de la nature qui serait suivi un jour d'un drame humain combien plus cruel ! Quand ce fut donc le tour des hommes, que sonna l'heure de l'évacuation du Kosovo de tous ses Albanais, deux des voies que je viens d'évoquer, celle qui conduit vers la Macédoine, et l'autre vers l'Albanie, se remplirent à nouveau comme si elles voulaient reprendre leur cours antique, cette fois sous forme de colonnes de déportés. À la troisième voie, celle du Danube, s'en substitua une autre, impossible à emprunter par les eaux, mais praticable par les hommes : celle du Monténégro. C'est ainsi qu'on s'employa à vider le Kosovo par trois canaux à la fois. Mais advint alors ce à quoi nous avons tous assisté ; en l'espace d'une saison, les Albanais connurent ce miracle tragique : ils tombèrent, puis se relevèrent comme S'ils avaient vécu une Semaine sainte. Par les trois gorges qui avaient servi à le vider, le Kosovo se remplit de nouveau. Un mouvement à rebours, de ceux qui se produisent rarement dans l'histoire du monde et dont on dit qu'ils constituent un " retournement du destin ", empêcha la mort de tout un peuple. Bien des siècles auparavant, à l'aube de la civilisation, un combat chanté par Homère contribua au réveil de la conscience du monde antique. Trois mille ans plus tard, la guerre du Kosovo a ébranlé, comme aucune autre avant elle, l'humanité moderne. Puisse-t-on avoir trouvé dans ces notes quelques traces de ce bouleversement. "

01/2000

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Poésie

Le début des pieds. Suivi de Ventre

Avec un mélange de fausse candeur, d'humour, et de transparence (transparence qui ne nous épargne rien des mouvements internes du corps), Ludovic Degroote pose dans Le début des pieds l'équation d'une impossible séparation : la séparation du monde tout autant que le rapport au monde est impossible. Récit de chutes, livre d'écoulements, le poème creuse son intériorité en déroulant un regard qui partant de l'intérieur interroge sa place dans le monde : quand bien même on s'y trouve tout entier, on le regarde de l'extérieur - de l'extérieur de tout sauf de son propre corps. Le corps se fait ici le creuset au même titre que le langage des peurs, des maladies, des blessures, des pentes contre lesquelles il est si difficile de lutter. "S'il n'y avait que deux bords on pourrait se rejoindre" dit Ludovic Degroote qui fait le détour par les sitcoms télévisées et les amours de Nathan et Nirina pour rejoindre son propre vertige. Les autres, même personnages virtuels (mais que sommes-nous vis-à-vis des autres justement ? ) peuvent-ils simplifier la complexité du monde, et nos propres complications ? C'est ce qui nous "lie à cette séparation" de soi-même, à ce paradoxe qui pousse à s'écarter de soi sans y parvenir, sans pouvoir même en faire le tour. C'est un épicurisme renversé, en négatif qui est à l'oeuvre ; la mort n'existe pas tant qu'on est en vie, et c'est bien ce qui est terrible, de ne pouvoir se défaire de sa vie sans mourir. Le présent agrandit la plaie de vivre pour Degroote qui attend sans cesse la vie qui "ne saurait tarder" et qui pourtant est là, à creuser les blessures, à mesure que l'on cherche à se sauver, mais à se sauver de quoi puisque la seule issue de la vie est de ne plus vivre ? Que faire contre la mobilité qui est la condition même de la vie sinon suivre le mouvement de ses pieds, que faire contre la fluidité même qui nous traverse le corps sinon la laisser provoquer nos effondrements, que faire sinon accepter de tenir ses cicatrices, en adopter la trace ? Questions qui trouvent leur aboutissement radical dans Ventre, texte inédit que nous publions ici à la suite du Début des pieds lui-même indisponible depuis plusieurs années, et ses poèmes acérés qui agrègent ce que l'on absorbe des autres, tranchent dans le vif de la peau et des os, et de ce qui au fil du temps se rétracte - viscères et mémoire - la peur au ventre, car "nous n'existons que par nos intérieurs" . Ludovic Degroote résout finalement dans ces deux livres réunis la question matrice et motrice de son oeuvre, qui est de supporter la gravité de l'existence avec légèreté, et d'y répondre avec farce et sérieux : "ce qui nous manque c'est de n'avoir pas connu autre chose que la vie" .

06/2023