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Mélanie Allag, Mymi Doinet

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Poésie

Le début des pieds. Suivi de Ventre

Avec un mélange de fausse candeur, d'humour, et de transparence (transparence qui ne nous épargne rien des mouvements internes du corps), Ludovic Degroote pose dans Le début des pieds l'équation d'une impossible séparation : la séparation du monde tout autant que le rapport au monde est impossible. Récit de chutes, livre d'écoulements, le poème creuse son intériorité en déroulant un regard qui partant de l'intérieur interroge sa place dans le monde : quand bien même on s'y trouve tout entier, on le regarde de l'extérieur - de l'extérieur de tout sauf de son propre corps. Le corps se fait ici le creuset au même titre que le langage des peurs, des maladies, des blessures, des pentes contre lesquelles il est si difficile de lutter. "S'il n'y avait que deux bords on pourrait se rejoindre" dit Ludovic Degroote qui fait le détour par les sitcoms télévisées et les amours de Nathan et Nirina pour rejoindre son propre vertige. Les autres, même personnages virtuels (mais que sommes-nous vis-à-vis des autres justement ? ) peuvent-ils simplifier la complexité du monde, et nos propres complications ? C'est ce qui nous "lie à cette séparation" de soi-même, à ce paradoxe qui pousse à s'écarter de soi sans y parvenir, sans pouvoir même en faire le tour. C'est un épicurisme renversé, en négatif qui est à l'oeuvre ; la mort n'existe pas tant qu'on est en vie, et c'est bien ce qui est terrible, de ne pouvoir se défaire de sa vie sans mourir. Le présent agrandit la plaie de vivre pour Degroote qui attend sans cesse la vie qui "ne saurait tarder" et qui pourtant est là, à creuser les blessures, à mesure que l'on cherche à se sauver, mais à se sauver de quoi puisque la seule issue de la vie est de ne plus vivre ? Que faire contre la mobilité qui est la condition même de la vie sinon suivre le mouvement de ses pieds, que faire contre la fluidité même qui nous traverse le corps sinon la laisser provoquer nos effondrements, que faire sinon accepter de tenir ses cicatrices, en adopter la trace ? Questions qui trouvent leur aboutissement radical dans Ventre, texte inédit que nous publions ici à la suite du Début des pieds lui-même indisponible depuis plusieurs années, et ses poèmes acérés qui agrègent ce que l'on absorbe des autres, tranchent dans le vif de la peau et des os, et de ce qui au fil du temps se rétracte - viscères et mémoire - la peur au ventre, car "nous n'existons que par nos intérieurs" . Ludovic Degroote résout finalement dans ces deux livres réunis la question matrice et motrice de son oeuvre, qui est de supporter la gravité de l'existence avec légèreté, et d'y répondre avec farce et sérieux : "ce qui nous manque c'est de n'avoir pas connu autre chose que la vie" .

06/2023

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Pléiades

Romans et récits. Tome 1, Education européenne ; Les Racines du ciel ; La Promesse de l'aube ; Lady L. ; La Danse de Gengis Khan

La réalité n'est jamais aussi belle que le rêve d'une mère. Gary a connu d'éclatants succès, mais il a vu son oeuvre se heurter à des réticences. La popularité de l'écrivain et sa reconnaissance n'ont pas marché du même pas. Ce n'est pas exceptionnel, et cela s'explique. Les obstacles à une consécration rapide étaient multiples. Le style de l'homme a pu en être un. La manière du romancier en fut un autre. Gary a été un extraordinaire raconteur d'histoires et un inventeur de personnages en un temps, l' "ère du soupçon" , où ces notions, l'histoire, le personnage, étaient réputées périmées. Or pour lui, le récit - l'histoire - n'est pas la part honteuse du roman. Mais c'est se tromper lourdement que de voir en lui, sous ce prétexte, un écrivain conventionnel. La mise en abyme dans Education européenne, la polyphonie des Racines du ciel, la voix narrative fantastique dans La Danse de Gengis Cohn, la dimension autofictionnelle de La Promesse de l'aube et de Chien Blanc, la temporalité dans Les Enchanteurs ou l'inventivité verbale et les dispositifs narratifs d'Emile Ajar ne sont pas précisément des signes de soumission au roman hérité du XIX ? siècle. Encore faut-il, pour s'en aviser, ne pas passer à côté d'une prose qui mélange les genres, avoue ce qu'elle doit à la poésie et s'autorise toutes les libertés, à commencer par un humour qui a pu déconcerter autant qu'il séduit, parce qu'il va de l'ironie la plus fine au grotesque le plus assumé. Cet humour n'est pas un ornement : il est fondamental. D'une part, il conjure la tentation de l'idéalisme ; de l'autre, il permet de "désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus" . Le réel, voilà l'ennemi. Gary l'appelait "la Puissance" . Il a plusieurs visages : guerre, bêtise, vieillissement, solitude... Gary est sensible au tragique de l'Histoire et au malheur des hommes. Ca l'agace : "J'ai tout le temps mal chez les autres". L'humour est donc une défense. L'imaginaire, un refuge. "Nourris de ce siècle, jusqu'à la rage" , les livres de Gary ne sont pas des romans historiques. Ancrés dans l'imaginaire autant que dans l'Histoire, ils relèvent de la "mystique" littéraire de l'aventure qu'ont illustrée, avant lui, Kessel, Cendrars, Saint-Exupéry, et Malraux bien sûr. Cette conception de l'aventure n'est pas de celles qui produisent une littérature populaire de grande diffusion : elle engage une réflexion sur la condition humaine. L'aventure et l'imaginaire luttent aussi contre une forme particulière de réalité, l'identité. Chez Gary, le je est une clôture, un piège. Ce qu'il y a de permanent dans son identité l'exaspère. Il lui faut s'évader, courir le monde, muer comme un python, se "séparer un peu de [s]oi-même" , changer d'identité et vivre d'une vie pseudonyme, au risque de s'y brûler. "L'aventure Ajar"

05/2019

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Pléiades

Romans et récits. Tome 2, Adieu Gary Cooper ; Chien blanc ; Les Enchanteurs ; Gros-câlin ; La Vie devant soi ; Pseudo ; Clair de femme ; Les Cerfs-volants ; Vie et mort d'Emile Ajar

La réalité n'est jamais aussi belle que le rêve d'une mère. Gary a connu d'éclatants succès, mais il a vu son oeuvre se heurter à des réticences. La popularité de l'écrivain et sa reconnaissance n'ont pas marché du même pas. Ce n'est pas exceptionnel, et cela s'explique. Les obstacles à une consécration rapide étaient multiples. Le style de l'homme a pu en être un. La manière du romancier en fut un autre. Gary a été un extraordinaire raconteur d'histoires et un inventeur de personnages en un temps, l' "ère du soupçon" , où ces notions, l'histoire, le personnage, étaient réputées périmées. Or pour lui, le récit - l'histoire - n'est pas la part honteuse du roman. Mais c'est se tromper lourdement que de voir en lui, sous ce prétexte, un écrivain conventionnel. La mise en abyme dans Education européenne, la polyphonie des Racines du ciel, la voix narrative fantastique dans La Danse de Gengis Cohn, la dimension autofictionnelle de La Promesse de l'aube et de Chien Blanc, la temporalité dans Les Enchanteurs ou l'inventivité verbale et les dispositifs narratifs d'Emile Ajar ne sont pas précisément des signes de soumission au roman hérité du XIX ? siècle. Encore faut-il, pour s'en aviser, ne pas passer à côté d'une prose qui mélange les genres, avoue ce qu'elle doit à la poésie et s'autorise toutes les libertés, à commencer par un humour qui a pu déconcerter autant qu'il séduit, parce qu'il va de l'ironie la plus fine au grotesque le plus assumé. Cet humour n'est pas un ornement : il est fondamental. D'une part, il conjure la tentation de l'idéalisme ; de l'autre, il permet de "désamorcer le réel au moment même où il va vous tomber dessus" . Le réel, voilà l'ennemi. Gary l'appelait "la Puissance" . Il a plusieurs visages : guerre, bêtise, vieillissement, solitude... Gary est sensible au tragique de l'Histoire et au malheur des hommes. Ca l'agace : "J'ai tout le temps mal chez les autres". L'humour est donc une défense. L'imaginaire, un refuge. "Nourris de ce siècle, jusqu'à la rage" , les livres de Gary ne sont pas des romans historiques. Ancrés dans l'imaginaire autant que dans l'Histoire, ils relèvent de la "mystique" littéraire de l'aventure qu'ont illustrée, avant lui, Kessel, Cendrars, Saint-Exupéry, et Malraux bien sûr. Cette conception de l'aventure n'est pas de celles qui produisent une littérature populaire de grande diffusion : elle engage une réflexion sur la condition humaine. L'aventure et l'imaginaire luttent aussi contre une forme particulière de réalité, l'identité. Chez Gary, le je est une clôture, un piège. Ce qu'il y a de permanent dans son identité l'exaspère. Il lui faut s'évader, courir le monde, muer comme un python, se "séparer un peu de [s]oi-même" , changer d'identité et vivre d'une vie pseudonyme, au risque de s'y brûler. "L'aventure Ajar"

05/2019

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Religion

Lyon

Histoire de l'Église de Lyon, plutôt que du diocèse, devrait-on dire, pour rendre compte de sa vénérable antiquité, qui fait d'elle la doyenne des Églises de France. Mais cette qualification d'Église vaut aussi en raison du poids qu'exerça toujours la métropole, - et d'abord sur les campagnes avoisinantes : par le promontoire de Fourvière, qui, de loin, la signale, elle paraît adossée à ces pays de Loire, véritable vivier des vocations, où elle puisa toujours ses ressources en hommes, et dominer ces terres « froides » et brumeuses de la rive gauche, beaucoup moins ferventes. Au-delà de la diversité géographique des pays qui la composent, l'Église de Lyon présente des contrastes profonds qui tiennent à sa longue histoire. Sa population, jusque dans ses masses laborieuses, associe étrangement au sens de l'efficacité pratique une franche inclination au rêve, à la méditation religieuse, comme Michelet l'avait fortement observé. Tournée vers les valeurs intérieures, à J'image de ses demeures jalousement encloses entre de hauts murs, elle n'est pas moins ouverte largement aux échanges de biens commerciaux et culturels, - qu'ils proviennent d'Outre-Rhin ou d'Outre-Monts, et de plus loin encore, d'Outre-Mer. Bien plus, entre ces deux tendances contraires, il se produit une communication naturelle, ainsi que le prouve sa vocation missionnaire, éclatante au début du XIXe siècle. Religieusement, Lyon a toujours été ville des frontières et des relations extérieures, comme l'a été la ville marchande, dont la prospérité fut inégalée à la fin du moyen âge et à l'aube des temps modernes : les palais du vieux-Lyon en témoignent… Grande sera la difficulté de cerner l'unité, l'identité de ce christianisme lyonnais, composé d'un curieux mélange d'audace et d'attachement à la tradition la plus vénérable, d'illuminations mystiques confinant à l'ésotérisme et de petits moyens, d' « œuvres » organisées admirablement, jusque dans leur moindre détail. L'ambition de cet ouvrage serait d'apporter à cette difficile question au moins quelques éléments de réponse. Ses spirituels et ses écoles de théologiens, loin de se référer de façon routinière à cette tradition, se la sont appropriée, l'ont ré-actualisée périodiquement. On vérifiera souvent chez elle, une capacité d'inventer les réponses adaptées aux situations inédites, auxquelles les Églises se sont trouvées régulièrement confrontées. Cette ressource lui a valu d'assumer une fonction de pilote à certains moments de crise grave, - par exemple au début de la Réforme catholique, au XVIIe siècle, à celui de la reconstruction concordataire, sous l'épiscopat du cardinal Fesch, ou, plus près de nous, au cours des années tragiques qui suivirent la défaite de 1940 : des initiatives nombreuses sont alors nées du sol de la chrétienté lyonnaise, qui devaient, dans les décennies suivantes, se révéler d'une grande fécondité… Cette primatie d'honneur dont elle s'est depuis longtemps prévalue au sein de l'Église de France ne trouverait-elle pas là sa signification réelle ? Ne serait-elle pas dès lors fondée à en prendre une plus vive conscience et à s'en réclamer, sans forfanterie aucune, pour construire l'avenir ?

01/1983

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Philosophie

Lénine a marché sur la lune. La folle histoire des cosmistes et transhumanistes russes

Cosmisme Les origines russes du transhumanisme Coloniser l'espace. Repousser la mort et faire renaître les défunts. Créer le vivant. Mettre en place un réseau mondial. Libérer la puissance de l'esprit. Comprendre et contrôler les processus cosmiques. Manipuler les phénomènes atmosphériques. Sauver la terre. Ces projets, dont certains ont été réalisés et d'autres le seront peut-être bientôt, ont une histoire russe. Dans un mélange de recherche scientifique approfondie, de métaphysique pure et de mysticisme, le mouvement appelé cosmisme a modelé le siècle soviétique. Il est l'une des sources d'inspiration des transhumanistes californiens d'aujourd'hui. Le laboratoire secret de Google en reprend toutes les idées. Les cosmistes ont écrit notre futur. Cet ouvrage se propose de tirer les fils de cette histoire, du milieu du 19e siècle à nos jours. Le premier cosmiste était un philosophe farfelu, Nicolas Fedorov, correspondant de Dostoïevski. Il avait le projet de ressusciter concrètement les morts. Certains de ses disciples, comme le grand rival bolchévique de Lénine Alexandre Bogdanov, étaient convaincus que la transfusion sanguine en était le moyen. Le corps de Lénine n'a-t-il pas été momifié à cette fin ? D'autres ont théorisé la conquête spatiale dès les années 1920, afin de peupler une terre devenue trop exigüe. Des savants soviétiques ont tenté de calculer l'effet du soleil sur la vie et l'histoire humaine. Ou, comme Guéorgui Vernadski, ont créé le concept de biosphère et de noosphère, ouvrant le champ d'une physique de la pensée. Délires poétiques ou carrément totalitaires, destinés à créer l'Homme nouveau ? Sans doute. Mais ces hommes ont donné naissance au programme spatial de l'Union soviétique, à ses progrès en cybernétique, à la fascination de ses services secrets pour la parapsychologie. Aujourd'hui Vladimir Poutine cite Vernadski. Le tout nouveau chef de l'administration présidentielle, Anton Vaïno, est le concepteur d'un nooscope, " réseau de scanners spatiaux " destinés à sonder la pensée humaine... Ce pan de la culture russe est soviétique, presque totalement inconnu en dehors de la Russie, paraîtra un peu fou à un esprit cartésien. Il est néanmoins très présent et explique de nombreux traits de la Russie actuelle, et même de sa politique. Depuis quelques décennies, le cosmisme a d'ailleurs une seconde patrie. La Silicon Valley a été massivement investie par des informaticiens et des savants d'origine russe, dont le plus célèbre est Sergueï Brin, cofondateur de Google, et qui rêve... de ce dont rêvaient les penseurs du cosmisme : transhumanisme, nouvelle manière de vivre et de se déplacer sur terre, conquête spatiale. Les vies et les idées de ces savants géniaux et inquiétants dessinent notre futur. Racontons leur histoire, redécouvrons leurs textes (non traduits) et leurs projets. Afin de souligner le lien entre le passé et le présent, le livre comportera également des entretiens avec des personnalités ¿ savants, ingénieurs, intellectuels ¿ en Russie et en Californie. Finalement, nous essaierons de comprendre comment le rêve de progrès, que l'Europe a abandonné, est passé de l'Eurasie vers la Côte Ouest des Etats-Unis.

01/2022

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Sociologie politique

Les structures sociales de l’action publique. Analyser les politiques publiques avec la sociologie des champs

Comprendre une politique publique, son orientation, son style, ses instruments, implique de reconstituer la structure des relations sociales qui sont à son principe. Parmi les différents outils mobilisables pour réaliser un tel programme, la sociologie des champs de Pierre Bourdieu apparaît particulièrement féconde. Ce livre illustre la portée d'une telle analyse, rarement mobilisée en matière d'action publique, en la mettant en oeuvre sur des objets très différents (politiques économiques, usages politiques de l'histoire, salubrité alimentaire, gestion de l'eau, politiques de l'Union européenne, etc.). Il rassemble des contributions de chercheurs du monde entier (Australie, Brésil, Canada, Etats-Unis, France, Suisse) travaillant sur ces pays et d'autres encore (Argentine, Pérou, Pologne). Sur cette base, cette réflexion collective propose une autre manière de voir et d'analyser les politiques qui affectent la vie des populations et régulent les sociétés contemporaines. ComplémentA : points saillants du livre - Cet ouvrage se veut un manifeste théorique, méthodologique et empirique pour fonder sociologiquement l'analyse de l'action publique. - Il propose la première mobilisation systématique des outils de la sociologie de Pierre Bourdieu pour l'analyse des politiques publiques. - Il inscrit cette réflexion dans une perspective internationale. Informations complémentairesA : Auteurs Valentin Behr, chargé de recherches en science politique au CNRS. Pierre Clément, maître de conférences en sociologie à l'Université de Rouen. Joan Cortinas Munoz maître de conférences en sociologie à l'Université de Bordeaux, Centre Emule Durkheim, UMR 5116. Stephan Davidshofer, enseignant et conseiller académique au Global Studies Institute de l'Université de Genève, Suisse. Victor Demenge, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Vincent Dubois, professeur de sociologie et science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Caroline Dufour, Professeure associée au département d'études politiques, York University, Canada. Didier Georgakakis, professeur de science politique à l'Université Paris I - Panthéon-Sorbonne, CESSP, UMR 8209. Jonas Hagmann, chercheur en relations internationalrs à l'Université de Genève, Suisse. Paul Hathazy, chercheur au CONICET, Buenos Aires, Argentine. Thomas Hélie, maître de conférences en science politique à l'Université de Reims, LaSSP (Sciences Po Toulouse). Elisa Klüger, chercheuse postdoctorale au CEBRAP, São Paulo, Brésil. VincentA Lebrou, A maître de conférences en science politique à l'Université de Reims, associé à SAGE, UMR 7363. Thomas Medvetz, professeur associé en sociologie à l'University of California, San Diego, USA. Arthur Morenas, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Jérémie Nollet, maître de conférences en science politique à Sciences Po Toulouse, LaSSP, France. Brian F. O'Neill, doctorant en sociologie à l'University of Illinois, Urbana-Champaign (USA) et à l' Université de la Sorbonne Nouvelle Paris 3. Franck Poupeau, directeur de recherche au CNRS. Florent Pouponneau, maître de conférences en science politique à Sciences Po Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Melaine Robert, doctorant en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Antoine Roger, professeur de science politique à Sciences Po Bordeaux, Centre Emile Durkheim, UMR 5116. Lili Soussoko, doctorante en science politique à l'Université de Strasbourg, SAGE, UMR 7363. Amal Tawfik, chercheur à la Haute école de santé Vaud (HESAV, HES-SO), Suisse.

01/2023

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Droit des personnes

Le consentement

Après plusieurs affaires en matière d'abus sexuels et la sortie du livre de Camille Kouchner, La familia grande (Le Seuil 2021) qui relate l'inceste qu'aurait subi son frère à l'adolescence, le Parlement a adopté, le jeudi 15 avril 2021, une loi renforçant la protection des mineurs contre les violences sexuelles. Lorsqu'il s'agit de vérifier l'existence d'un viol, le consentement des enfants était examiné pendant le débat judiciaire¿ ; le non-consentement des mineurs de 15 ans est dorénavant établi par la loi. Notre environnement moral et libéral ne nous prépare pas à la complexité de la situation de l'individu et de sa volonté. Théoriquement, tout est simple. L'individualisme représente les hommes comme une collection d'individus totalement séparés. Leurs volontés apparaissent évidentes et singulières. Juridiquement, tout est compliqué. La volonté reste équivoque. Car les hommes ne sont pas séparés sans être liés dans un milieu social et politique. Ce sont alors les déterminations culturelles, économiques, psychologiques ou politiques qui ne rangent pas tout le monde dans des fonctions sociales préétablies (citoyen, salarié, consommateur, mari, mineur, etc.) sans peser sur le consentement. Nos travaux se proposent de contextualiser le consentement en analysant son intervention dans diverses branches du droit et dans la société. Ils mettent en évidence des débats et des incertitudes qui règnent autour du consentement du citoyen, du salarié, de l'assuré, de l'artiste, du chargeur dans le contrat de transport maritime, de l'utilisateur d'une carte de crédit, du bénéficiaire d'un droit au logement, d'acteurs locaux devant des décideurs industriels... Le consentement apparaît comme une notion fondamentale, mais complexe. - Fondamentale, puisque nos systèmes juridiques, éthiques et politiques en font un critère cardinal pour distinguer les actions qui seront reconnues ou repoussées par la société : la relation sexuelle consentie et le viol par exemple. - Complexe, car le consentement ne se manifeste jamais comme une volonté isolée et omnipotente, en raison de l'interdépendance des acteurs dans une vie collective. A l'ère de l'Anthropocène et de la pandémie, l'Etat dirige encore plus rigoureusement l'individualité, pour des impératifs de santé publique. Quel consentement dans une communauté politique et un monde où personne ne se débarrasse de l'autre et de son influence, voire de sa contrainte ? Traditionnellement, un système juridique envisage mieux le consentement quand il n'est pas là ! En droit civil, la théorie des vices du consentement caractérise dans le détail les défaillances du consentement, mais elle laisse dans l'ombre sa définition positive. L'histoire nous montre d'ailleurs que les juristes ont cherché la participation de l'homme aux institutions et aux obligations dans des faits différents, selon les cultures et les époques. Avant la modernité, le consentement ne se libère pas de rites et de la religion : le mélange des sangs (blood-covenant), la communion alimentaire, la tradition (la remise d'une chose), le serment, l'imposition des mains... La modernité juge ces conceptions superstitieuses et dépassées. Est-elle plus avancée, en requérant la simple manifestation de volonté ? A-t-elle réussi à établir une volonté libre et éclairée ?

12/2021

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Histoire et Philosophiesophie

Mémoires récréatifs, scientifiques et anecdotiques d'un physicien-aéronaute. Tome 1, La Fantasmagorie

Paris 1798 Je ne tardai point à m'installer dans l'ancien couvent des Capucines, sur la place Vendôme... Voyons comment ce genre si nouveau d'exhibition fut accueilli du public. L'apparition presque subite de ces ombres, de ces spectres, de ces habitants des sépulcres et des enfers mêmes, au milieu d'une population si légère, si étourdie, d'une imagination si mobile, firent un effet prodigieux. La salle ne désemplit pas, quoique le prix, des places fût fixé à trois et six livres. Les gens du monde accoururent les premiers, et, avides de toutes les émotions nouvelles, s'empressaient de se procurer ces distractions funèbres... Longtemps, de la Monarchie finissante aux troubles révolutionnaires, de l'Empire vainqueur aux années de la Restauration, E.G. Robertson promènera sa silhouette de savant et de montreur d'images à travers l'Europe. Voyageur incroyable, il le sera sur les routes mais aussi dans la pensée et par le regard. Physicien-aéronaute, il fréquente les milieux savants, lance des expériences qui touchent à l'ensemble des sciences expérimentales d'alors - la physique et l'optique, la chimie et la médecine, l'univers tourmenté du magnétisme. Au cœur de ces savoirs encore enthousiastes personne ne lui est inconnu ; à l'affût, il capte les découvertes, interroge, discute, modifie. Expert en mécanique, il utilise les idées de chacun, invente des machines à merveilles. Il s'en prend au monde des images qui deviennent sa passion, conçoit et met en œuvre la fantasmagorie dont lés scènes cocasses ou tragiques confondront les Cours, les Salons et l'ensemble des villes d'Europe. Au hasard du répertoire La Nonne sanglante, Nostradamus et Marie de Médicis, Louis XVI recollant sa tête, l'Apothéose d'Héloïse, le Tsar Paul l- et la métamorphose des bêtes... A chacune de ses randonnées, il s'éprend des paysages et des airs lors de ses exhibitions en ballon aérostatique. Constamment en éveil, il observe les contrées, ici la Russie ou le Danemark, là le Portugal ; note le détail des lieux, relève les coutumes et les mœurs. Il glane d'innombrables anecdotes pour une mise en tableau de ses contemporains. Il aime mener sa vie selon les promesses de son enfance, s'éprend d'une machine nouvelle dont il dessine les plans, s'offusque des violences, de la sottise et de la guerre partout présentes : il sait parler d'une amitié, de ses conversations peu banales, avec Galvani, Napoléon ou le tsar ; il nous confie ses déboires et les derniers moments de sa petite fille. Peu d 'angoisse, mais une folie certaine des objets ; pas de déception, mais la visite constante et troublante des simulacres. Ces Mémoires nous disent tout cela. Mélange nerveux de descriptions, d'imagination et d'humour, ils constituent un document inestimable sur ces années d'innovations et d'incertitudes. A l'orée du XIXe siècle, ils nous présentent un récit en images de ces temps-là et choisissent, à leur manière, d'en traduire l'impact et la gravité par des jeux d'ombres et des effets de couleur.

02/1985

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Sciences historiques

Les dernières Dames de Montargis

Voilà juste 500 ans que Renée de France est née, et l'occasion est belle de rappeler tout ce que Montargis doit à cette grande Dame. Mais la publication de l'ouvrage doit peu à ce hasard de calendrier. Depuis de nombreuses années, Anne d'Este et Renée de France sont l'objet de l'attention toute particulière des historiens locaux, et d'Huguette Leloup en particulier. L'ouvrage est l'aboutissement de toutes ces recherches menées au sein de la Société d'Emulation et des Amis du Vieux Montargis.
Renée de France et Anne d'Este sont-elles des figures locales ou des personnages incontournables de l'histoire de France ? Voilà bien le choix que toutes les biographies antérieures se sont contentées de faire. Elles sont les deux, et Huguette Leloup montre, pour la première fois, combien les contingences locales interfèrent avec les réalités nationales. Entre 1560, date de l'arrivée de Renée à Montargis, et 1607, à la mort d'Anne, il y a une "exception montargoise" .
Voilà deux femmes de la Renaissance, éprises d'art et de littérature, destinées par leur naissance à une vie de cour futile. Et voilà que les événements les obligent à assumer leur rôle de Dames, c'est-à-dire à exercer le pouvoir de la seigneurie de Montargis. Elles l'exercent avec un mélange d'autorité et de tolérance, et savent se prévaloir au besoin de leur sang royal, hérité d'Anne de Bretagne et de Louis XII.
La mise en perspective des deux biographies permet de mieux mesurer la liberté que les événements laissent aux deux femmes, et la liberté qu'elles se forgent elles-mêmes. Mais ce pouvoir de femmes s'exerce au milieu de guerres d'hommes, terribles et fratricides, dans une des périodes les plus troublées du royaume de France. "Guerres de religion" , dit-on. Renée, empêchée d'être ouvertement protestante, et Anne, contrainte d'être farouchement catholique : Renée et Anne sont sans doute les premières à avoir compris qu'en fait de "guerres de religion" , il s'agit de guerres de pouvoir, dans lesquelles la religion est prétexte.
Comme toujours... Avoir compris cela a sans doute permis à Montargis d'échapper aux grands massacres. On n'hésitera pas à dire que cet ouvrage savant se lit comme un roman. On garde longtemps en mémoire la réponse de Renée à son assiégeant Malicorne, qui avait mission de l'expulser de son château : "Malicorne, avisez ce que vous entreprenez ; car il n'y a homme en ce royaume qui me puisse commander que le roi : et si vous en venez là, je me mettrai la première sur la brèche pour essayer si vous serez si audacieux que de tuer la fille d'un roi".
Quant à Anne d'Este, est-ce le sang des Borgia qui la transforme en "mère louve" ou un désir légitime de vengeance contre ceux qui ont assassiné son mari et ses deux fils ? Cette lecture des biographies croisées de Renée et d'Anne est donc passionnante, mais elle est aussi nécessaire. Elle donne des clés pour les grandes interrogations de notre temps : interrogations sur les limites de la tolérance, sur l'exercic

09/2010

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BD tout public

La guerre des Sambre : Maxime et Constance. Tome 3, Eté 1794, Le regard de la veuve

Conclusion de l'ultime trilogie de La Guerre des Sambre, le 3e chapitre de Maxime & Constance en est la clé de voute, le chaînon sanglant de la malédiction familiale. Avant l'apothéose de la série culte Sambre, Yslaire conclut tragiquement l'ultime trilogie de La Guerre des Sambre, dans un format exceptionnel de 87 pages. Après la trilogie de Werner & Charlotte, qui conte le secret de la naissance de Maxime de Sambre, et celle de Hugo & Iris, qui expose la passion du fils de Maxime pour la future mère de Julie et le conduit à la folie, Maxime & Constance est la troisième trilogie à paraître, mais la seconde dans l'ordre généalogique. Chaînon sanglant de la malédiction familiale, la conclusion de cet épisode 3, abondamment citée dans les tomes des générations postérieures, est la clé de voute de l'architecture. Juin 1794. Le tome 2 se terminait en Aout 1789 par la fuite de Maxime de Sambre et sa famille après l'incendie de leurs château par une révolte paysanne. Cinq ans après, sa femme Louise-Marguerite Collée Des Vignes, enceinte, attend son sort, à la Prison des oiseaux. Elle sait que que la République n'attend que son accouchement pour lui retirer son bébé et l'envoyer à l'échafaud, elle et son fils François. Dans une dernière lettre écrite à sa mère, elle tente de comprendre comment elle et ses deux jumeaux en sont arrivés là... Le remords de n'avoir pu protéger ses enfants de leur père, et la colère à l'égard de ce mari indigne et sans scrupules, coupable d'abandon familial pour une putain de la République, se mêle au désespoir d'avoir elle-même commis l'irréparable... A travers ses yeux de femme blessée, c'est aussi la traversée de la Révolution d'une aristocrate de province, avec un mélange d'effarement, de candeur, et d'aveuglement face à une machine infernale qui broie ses propres enfants. Au passage, le récit tente de rendre justice aux femmes de l'époque, en rappelant des figures historiques aussi contrastées que Marie-Antoinette, Théroigne de Méricourt, féministe martyre, fondatrice avec d'autres du " club des patriotes de l'un et l'autre sexe "... ou encore les terribles tricoteuses. L'auteur des amours tragiques de Bernard & Julie sonde la noirceur des âmes s'affontant dans une guerre amoureuse, tous victimes de leur passé et de leur époque sanglante. Il interroge les mécanismes de la transmission, de la fatalité engendrée par les secrets familiaux. " Avant la passion funeste des amants , il y a toujours celle de leurs ancêtres. ". . En parfaite osmose, Yslaire et Boidin trouvent là leur collaboration la plus aboutie et signent une mise en scène nerveuse et resserrée, alternant les scènes intimistes et passionnelles, aux larges respirations muettes. Le récit est magnifié par le dessin libéré et fluide de Boidin, la richesse de ses cadrages documentés, et une gamme de couleurs réduite au sépia et rouge, pour mieux peindre la violence et la cruauté des sentiments, dans ce contexte historique.

01/2018

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Littérature étrangère

Les immortalistes

A quoi ressemblerait votre vie si vous connaissiez la date de votre mort ? New York, été 1969. Pour tromper l'ennui, les enfants Gold ne trouvent rien de mieux à faire que d'aller consulter une voyante capable de prédire avec exactitude la date de leur mort. Si Varya, Daniel, Klara et Simon veulent tous savoir de quoi demain sera fait, ils sont loin de se douter de ce qui les attend. Des années plus tard, hantés par la prophétie, ils vont faire des choix de vie radicalement opposés. Simon, le petit dernier censé reprendre l'entreprise de confection familiale, s'enfuit sur la côte ouest, en quête d'amour à San Francisco. Klara, la rêveuse, devient magicienne à Las Vegas, obsédée par l'idée de brouiller les pistes entre la réalité et l'imagination. Epris de justice, Daniel s'engage comme médecin dans l'armée après les attentats du 11 septembre. Quant à la studieuse Varya, elle se jette dans des travaux de recherche liés à la longévité, tentant désespérément de percer le secret de l'immortalité. Lorsque le premier d'entre eux trouve la mort à la date annoncée par la voyante, les trois autres craignent le pire. Doivent-ils prendre au sérieux cette prémonition ? N'est-ce la puissance de l'autosuggestion qui pousse les Gold à faire des choix qui les conduisent irrémédiablement vers leur mort ? Fresque de grande envergure, à l'ambition et à la profondeur remarquables, Les Immortalistes se situe entre le destin et le libre arbitre, le réel et l'illusion, l'ici-bas et l'au-delà. Une ode magnifique à ce qui nous échappe et à la force implacable des liens familiaux. "LE roman de l'année". Entertainment Weekly Extrait : "- Sans elle, je ne serais jamais venu à San Francisco. Je n'aurais pas rencontré Robert. Je n'aurais pas appris à danser. Je serais probablement encore à la maison, à attendre que ma vie commence. Il est en colère contre sa maladie. Il est en rage contre ce mal qui le ronge. Et jusque-là, il détestait aussi la femme de Hester Street. Comment, se demandait-il, avait-elle pu annoncer un destin aussi tragique à un enfant ? Mais maintenant, il la considère différemment, comme une mère ou une déesse, celle qui lui a montré la porte et lui a dit : "Vas-y !" Klara semble paralysée. Simon se remémore l'expression de son visage après leur emménagement à San Francisco, un mélange sinistre d'irritation et d'indulgence, et il s'était rendu compte pourquoi cela le perturbait. Elle lui rappelait la femme : elle l'observait, guettant le compte à rebours. A cet instant éclot en lui un sentiment qui ressemble à de l'amour. Il revoit Klara sur la terrasse du toit, la façon dont elle se tenait sur le rebord sans le regarder. "Donne-moi une seule bonne raison qui t'empêcherait de vivre ta vie". - Cela ne te surprend pas que ce soit dimanche, constate Simon. Tu sais depuis le début ? - Ta date, murmure Klara, tu avais dit que tu mourrais jeune. Je voulais t'offrir tout ce que tu désirais. Simon étreint la main de sa soeur. Sa paume est charnue, d'un rose sain. - Et tu as réussi, dit-il".

04/2018

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Littérature française

C'est l'amour que nous aimons

Accompagné d’une superbe préface de Marc Lambron, ce volume rassemble les deux premiers romans de l’auteur : L’Amour est un plaisir (1956) et Un amour pour rien (1960), un de ses meilleurs textes autobiographiques, Au revoir et merci, ainsi que sa trilogie inspirée par l’histoire des soeurs Mitford – Le Vent du soir, Tous les hommes en sont fous et Le Bonheur à San Miniato –, laquelle remporta un immense succès (un million d’exemplaires vendus) lors de sa parution dans les années 1980. Un ensemble très cohérent dans l’oeuvre du romancier, une sorte de carte du Tendre où l’exaltation de l’hédonisme et le vertige du temps se conjuguent à la fascination du monde. Les deux premiers récits ont le charme à la fois enivrant et désenchanté des années 1950, dominées par deux monstres sacrés : Françoise Sagan et Roger Nimier. Jean d’Ormesson invente sa partition personnelle à ce moment-là, avec ce mélange de lucidité, de légèreté et d’allégresse qui fait toute la singularité de son style et de sa vision des hommes. Ses thèmes de prédilection sont déjà là : la quête éperdue du bonheur et l’insatiable besoin d’évasion, le culte du soleil, des voitures et des bains de mer. « Je ne faisais rien de ma vie. Je la traînais à travers l’inutilité, l’admiration, les plaisirs, l’amour », confesse l’un des héros de L’amour est un plaisir, roman que Marc Lambron résume en ces termes : « Une seule femme pour trois hommes ; c’est l’équation d’un voyage d’été ». Dans Un amour pour rien, le jeune narrateur se partage, à l’occasion d’un séjour romain, entre deux femmes, illustrant à travers ce dilemme sentimental la célèbre formule proustienne : « J’appelle ici amour une torture réciproque ». Marc Lambron observe que si ce texte a la « résonance du vécu », « l’autobiographie possible est comme censurée par les apanages du roman ». Il faut attendre la parution en 1966 de sa première véritable autobiographie, Au revoir et merci, pour découvrir quel auteur se cache sous ses personnages. À trente-sept ans, Jean d’Ormesson y parle très librement de lui-même, de ses origines, de sa famille, de ses goûts, de ses opinions, tout en feignant de prendre congé d’une carrière littéraire où il n’a connu jusque-là que des échecs. On sait la suite… C’est un auteur largement consacré qui se lance, vingt ans plus tard, dans l’écriture d’une trilogie romanesque, dont Lambron explique ainsi l’ambition : « Récapituler des fragments de l’histoire du monde à partir des méditations d’un esprit qui les rêve. Les généalogies, les continents, les guerres, les amours, les entrecroisements baroques, les hasards secrets, les filiations inconnues. On sent, ajoute-t-il, que l’imagination de l’auteur, libérée des incertitudes du narcissisme, embrasse avec ivresse l’histoire du monde. » Conchita Romero, Rosita Finkelstein, Nadia Wronski, les soeurs O’Shaughnessy, alias les soeurs Mitford, sont autant de composantes d’une sorte de famille universelle représentative de la tumultueuse et tragique histoire du siècle. Jean d’Ormesson remporte ici avec brio son pari, qui est de « ressusciter, sûrement pour mon plaisir, frappé d’un peu de mélancolie, et peut-être pour le vôtre, tout un monde évanoui qui s’agite encore en moi ».

03/2012

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Primaire

A l'école de la laïcité

Le jeu A l'école de la laïcité s'adresse aux élèves de CM1, CM2 et 6e. Il se présente comme un jeu de plateau, mélange de Trivial Poursuit et de Jeu de l'oie. Le but est de répondre à des questions (une cinquantaine). Chaque bonne réponse permet de reconstituer, à la manière d'un puzzle, la charte de la laïcité. Ce jeu est Lauréat 2021 du Prix de la laïcité de la République Française. La boîte de jeu contient : - 54 cartes " Question " - 1 plateau, 4 pions, 1 dé - 1 poster de la Charte de la laïcité à compléter - 15 étiquettes repositionables pour compléter la Charte - la règle du jeu - une page de présentation de notre engagement écologique et éthiquement responsable Les objectifs du jeu - Promouvoir une laïcité d'intelligence dans les classes de cycle 3 au moyen de ce jeu qui permet aux élèves de reconstituer ensemble la charte de la laïcité en répondant correctement à des questions sur les faits religieux et la laïcité en général. Les questions et les réponses ont été établies d'après le Vademecum Laïcité du Ministère de l'Education nationale et de la Jeunesse de 2018, mis à jour en juillet 2021. - Donner aux enseignants un outil leur permettant d'aborder la laïcité, avec le souci d'une appropriation réelle des valeurs et des principes de la République par les élèves plutôt que de l'organiser selon une transmission frontale et/ou moralisatrice, souvent superficielle et inopérante. Aider les enfants à mieux comprendre la laïcité La laïcité est un principe de la République française. La Constitution rappelle que cette République est indivisible, laïque, démocratique et sociale. Mais la laïcité est parfois difficile à définir et à comprendre. Les nombreux débats de société qui l'entourent la rendent parfois illisible pour les plus jeunes, voire installent l'idée fausse qu'elle pourrait être l'ennemie des religions. Comment faire pour combattre les idées reçues et aider les enfants à mieux comprendre la laïcité ? En 1789, au moment de la Révolution française, des jeux ont été conçus pour que les Français s'approprient les valeurs et principes d'une France nouvelle : la liberté, l'égalité devant la loi, devant l'impôt... notamment des jeux de l'oie et des jeux de cartes. Les étudiants de l'INSPE de Lorraine, avec leurs formateurs, ont donc eu l'idée de créer ce jeu, intitulé " A l'école de la laïcité ", sur le modèle du jeu de l'oie de la Révolution française. Les 54 questions sont de nature et de difficulté différentes : elles traitent des dimensions juridiques, philosophiques et sociales de la laïcité, mais aussi des faits religieux. L'objectif est de faire prendre conscience aux élèves que l'Ecole et la République sont laïques, mais que ces dernières n'ignorent pas que la société ne l'est pas. La laïcité permet à tous les Français, quelle que soit leur religion, de " faire société ". A ce jeu de l'oie est associé un poster de la Charte de la laïcité à compléter : le fait de gagner une bonne réponse sur le jeu de l'oie donne accès à un article de la charte, à coller sur l'affiche afin de reconstiituer intégralement les 15 articles de la charte simplifiés pour des élèves de cycle 3 et illustrés. Un jeu éco-responsable Ce jeu est fabriqué de manière responsable. Il est imprimé et fabriqué en France et utilise des encres et matériaux entièrement recyclables.

11/2022

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Sciences historiques

La fin du village. Une histoire française

À travers la description et l’analyse de la vie quotidienne d’une ancienne collectivité villageoise provençale, ce livre s’attache à décrire la mentalité et le style de vie de ses habitants en soulignant les mutations et les bouleversements que cette collectivité a subis depuis la dernière guerre jusqu’aux années 2000. L’urbanisation et la modernisation ne signifient pas seulement la fin d’un monde clos et de son « chauvinisme de clocher » ; elles se paient d’une dissolution du lien collectif, entraînant l’individualisme vers une « postmodernité » problématique. De la « communauté villageoise » et du « peuple ancien » au « nouveau monde », les différentes parties du livre sont ordonnées autour de cette mutation : le développement de la consommation, du loisir et du tourisme ont érodé les anciennes traditions provençales ; les « néo ruraux » formés de couches moyennes urbaines et de catégories fortunées se sont substitués aux anciennes couches populaires touchées par le chômage et la fin de leur « petite patrie » qu’était la collectivité villageoise. La fracture est à la fois sociale et culturelle et met en jeu des conceptions et des rapports différents à la vie individuelle et collective. À rebours d’une vision idéalisée de la Provence, La fin du village montre une autre réalité où les populations locales ont le sentiment d’être « envahies » dans la période estivale – la Provence étant devenue, selon une expression largement usitée dans la région, le « bronze-cul de l’Europe ». Tandis qu’affluent touristes et nouveaux habitants fortunés en mal de soleil et de ciel bleu, les Provençaux se vivent comme les derniers témoins d’un patrimoine qui ne leur appartient plus, ou pire encore, les gardiens d’un décor de théâtre ou une « espèce en voie de disparition ». Aux anciens rapports villageois a succédé un individualisme désaffilié dont le rapport à la collectivité est devenu problématique. Sans nostalgie pour un supposé « bon vieux temps », l’auteur passe au crible de l’analyse critique les dérives du « nouveau monde ». Sur fond de chômage et de « village dortoir », il souligne l’importance prise par les fêtes en tout genre, l’« animation sociale et culturelle » et ce qu’il nomme d’un sobriquet les « cultureux » dont l’« ouverture » et les « pratiques artistiques » constituent un curieux mélange de pédanterie et de militantisme revisité ; il rend compte de formes nouvelles d’éducation et d’animation de la jeunesse qui tentent de façonner des individualités nouvelles avec un angélisme des droits de l’homme et une écologie qui verse dans le moralisme et les bons sentiments ; il s’interroge sur la façon dont la collectivité envisage aujourd’hui son rapport à la nature, à la vieillesse et la mort. Ces conceptions et ces comportements coexistent avec des formes nouvelles de misère et de désaffiliation (la « déglingue ») liées à la combinaison du chômage et à la déstructuration familiale. Le « village bariolé » qui succède à l’ancienne collectivité villageoise fait coexister des catégories sociales et des mondes séparés à l’intérieur d’un même espace géographique vide de projet commun. En ce sens, la « fin du village » constitue une sorte de « groupe témoin » d’une France morcelée et d’une évolution problématique des sociétés démocratiques, que les responsables politiques et les citoyens se doivent d’affronter au plus près des réalités.

09/2012

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Poésie

Le Galaté au Bois. Edition bilingue français-italien

- Andrea Zanzotto : " Le Galaté au bois " (Il Galateo in bosco) Le titre, pour partie néologistique en français, emprunte au célèbre traité des règles de savoir-vivre de Monsignor Della casa, intitulé en italien Galateo, oppose culture (les règles sociales) et nature (bois touffu). Il s'agit du premier volet (1978) de la trilogie de la maturité du poète que le plus grand critique italien du siècle dernier, Gianfranco Contini a tenu à présenter. C'est aussi le seul recueil de cet ambitieux projet poétique à ne pas être aujourd'hui disponible en français. Les deux autres pans dudit triptyque, " Idiome " (1983) et " Phosphène "s (1986), sont tous deux présents en librairie. L'ouvrage prend pour thème un lieu défini, celui de la forêt du Montello situé au sud du bourg où le poète est né. Cette région s'avère particulièrement riche en sédiments historiques, échos, réseaux et figures. Là se dressent, par exemple, les ruines d'une grande abbaye où vécu Monsignor Della Casa, dans ces mêmes parages évolua la poétesse de la Renaissance Gaspara Stampa. Ce fut aussi un champ de bataille durant la première guerre mondiale et, de tout temps, un refuge pour les marginaux. Ces éléments, ici rapidement évoqués à titre indicatif, campent un sud et son histoire érodée reconduite à ses bribes surnageant dans l'histoire locale sous forme de fourmillantes historiettes, citations mémorables, épiphanies diverses. Cet enchevêtrement de temporalités dissemblables détermine un mélange stylistique familier aux lecteurs italiens : celui d'un plurilinguisme dont le Dante de la " Divine Comédie " est l'épigone. Autrement dit, la rencontre de styles diversifiés appartenant à des âges différents, tous dûment déhiérarchises dans une promiscuité généralisée mêlant mémoire littéraire, onomatopées, oralité : du sublime au trivial. Cet encyclopédisme langagier se révèle comme le juste rendu stylistique d'une histoire s'offrant tout à tour comme enfouissement et surrection, survivance et oubli, dont la faille périadriatique traversant de part en part la géographie concernée est aussi une métaphore seyante. Une syntaxe inattendue en résulte dans laquelle l'articulation est dévolue non au mot mais, le plus souvent, à des séquences verbales hétérogènes : accidenté, seul leurs heurts, chevauchements, juxtapositions, télescopages assoit le sens. L'histoire littéraire s'en trouve remaniée d'autant : paradoxalement, des styles distincts appartenant à des ères différentes finissent par y tenir un seul et même discours. Les styles mis en oeuvre sont ainsi arrachés à leur historicité pour vérifier la circulation du symbolique qu'ils viennent vérifier par-delà toute prétendue clôture : de langues en langages irréductibles. D'un italien d'une littérarité soutenue à un dialecte simplement parlé, par exemple. La critique italienne y a vu non seulement l'oeuvre maîtresse du poète de Vénétie mais également le chef-d'oeuvre le plus original de la poésie cisalpine du XXe siècle, qui en compte pourtant beaucoup d'autres. Au-delà, on peut tenir pareil recueil pour " généalogique " (dans une acception non nietzschéenne du terme) dans la mesure où prenant conscience du caractère suranné d'une tradition, l'européenne à travers l'italienne, ce recueil opère, idéalement et réellement, une synthèse de toutes les traditions précédentes, un peu comme Rabelais en son temps vis-à-vis de la tradition médiévale, et, cela, rien que pour donner un futur au genre poétique. Au reste, sa temporalité n'est-elle celle d'un futur antérieur (titre d'un célèbre poème de " Phosphènes " : " Futurs simples - ou antérieurs ") ? (Philippe Di Meo)

03/2023

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Ethnologie et anthropologie

Travailleurs de la résistance. Les classes populaires ukrainiennes face à la guerre

Présentation : Contre les attentes de Kremlin, qui espérait que son opération militaire spéciale ne durerait que trois jours, l'Ukraine continue à présent à résister efficacement aux forces d'occupation. Si le rôle de la mobilisation populaire, à travers les innombrables initiatives bénévoles qui ont parsemé le pays, a souvent été souligné, nous ne disposons encore que de peu de travaux sur l'organisation concrète de cette résistance sur le plan local, ainsi que sur les rapports de classe et de genre qui la traversent. En s'appuyant sur une enquête de terrain menée à Kriviy Rih, grand centre d'extraction minière et de métallurgie situé en Ukraine centrale, ce livre s'intéresse à la manière spécifique dont les hommes et les femmes des classes populaires, souvent russophones et anti-Maïdan, s'engagent dans le mouvement de solidarité avec l'armée et les populations civiles touchées par la guerre. Comment s'organisent-ils face à l'agression russe, quelles sont leurs motivations, leurs préoccupations, leurs activités et leurs modes de fonctionnement ? Quel est le degré d'autonomie de leurs initiatives et quels rapports entretiennent-elles avec l'Etat et les pouvoirs locaux, les partis politiques, les syndicats, les ONGI et les organisations des classes moyennes et supérieures ? Le choix méthodologique d'aborder le bénévolat sous l'angle de la sociologie du travail permet en outre d'interroger l'articulation entre le travail bénévole, le salariat et le travail domestique, et de montrer comment l'Etat s'appuie sur cet élan spontané de solidarité, qui met à sa disposition des masses colossales de travail gratuit, pour assurer les services publics cruciaux tout en poursuivant les réformes néolibérales entamées en 2014. Le livre s'intéresse enfin plus largement aux points de vue exprimés par les membres des classes populaires sur la situation économique, sociale et politique de leur pays. Que pensent-ils des évènements qui secouent l'Ukraine depuis 2013 ? Comment évaluent-ils les réformes de ces dix dernières années, les batailles autour de la mémoire historique et de la question linguistique ? Points forts : S'éloignant des approches géopolitiques de la guerre en Ukraine, l'ouvrage en éclaire les enjeux du point de vue de l'expérience de la résistance. L'ouvrage s'appuie sur un travail de terrain de trois mois qui a permis de réaliser une quarantaine d'entretiens individuels et collectifs à Kriviy Rih et à Kiev. L'auteure a pu également observer et participer au travail de deux organisations bénévoles, et les accompagner dans plusieurs missions humanitaires. En se donnant pour objet l'activité bénévole des classes populaires à Kriviy Rih, l'auteure a voulu étudier un cas-limite de la résistance ukrainienne. Les enquêtés étaient en effet en grande partie opposés au soulèvement de l'Euromaidan en 2013-2014 ; ils continuent à parler russe ou un mélange de russe et d'ukrainien, et ont de la famille en Russie ; la référence à l'URSS reste ancrée dans leur mémoire collective. L'ouvrage remet ainsi en question le stéréotype de la division profonde de l'Ukraine entre l'Ouest pro-européen à l'Est pro-russe. Grâce à l'apport méthodologique de la sociologie du travail bénévole, l'ouvrage aborde la résistance ukrainienne comme un phénomène social hétérogène traversé par des rapports de classe et de genre, ce que les approches en termes d' "engagement citoyen" ignorent généralement. Biographie : Daria Saburova est née à Kiev en 1989. Elle est doctorante en philosophie au laboratoire Sophiapol (Université Paris Nanterre) et membre du Réseau européen de solidarité avec l'Ukraine.

04/2024

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Littérature étrangère

Désaccords imparfaits

Trois courtes nouvelles de Coe datant des années 1990 - les seules qu'il ait jamais écrites - sont publiées dans ce petit recueil, ainsi qu'un article sur Billy Wilder, " Journal d'une obsession ", écrit pour un numéro des Cahiers du cinéma. " Ivy et ses bêtises " voit un narrateur adulte revenir sur un épisode de son enfance, lors d'une soirée de Noël, où il fut convaincu d'avoir vu le fantôme d'un homme tué par sa femme, au procès de laquelle la grand-mère du narrateur avait participé. La fin de la nouvelle laisse planer un doute sur l'existence réelle de ce fantôme. " 9e/13e " est une sorte d'exercice de style : un pianiste de bar new-yorkais, à laquelle une séduisante jeune femme demande où elle peut loger ce soir-là, imagine ce qui ce serait passé s'il l'avait invitée à dormir chez lui... ce qu'il n'a bien sûr pas fait. " Version originale " est la nouvelle la plus longue et la plus aboutie ; elle manifeste le goût de Coe pour les intrigues complexes : lors d'un festival du film d'horreur dans une ville de la Côte d'Azur, un compositeur de musique de films, qui fait partie du jury, découvre qu'un des films en compétition a été écrit par une ancienne amie, qui était tombée amoureuse de lui mais que le narrateur avait un peu brutalement éconduite. Le souvenir de cette histoire lui revient à la vision du film, qui en offre une réécriture, et entre en écho avec le flirt qu'il ne peut s'empêcher d'entretenir avec une journaliste présente sur le festival. En peu de pages, Coe évoque les tentations, les opportunités ratées, les souvenirs qui hantent et une certaine mélancolie. " Journal d'une obsession ", dans un tout autre genre, évoque l'obsession, au sens littérale, de Coe pour un film mal-aimé de Billy Wilder, La vie de Sherlock Holmes, et plus précisément pour sa musique composée par Miklós Rózsa. Coe raconte, sous forme de journal intime, comment, à différentes étapes de sa vie, il a rencontré ce film, souvent par hasard. Il raconte aussi ses recherches pour mettre la main sur un enregistrement de cette musique, devenue introuvable. Dans l'introduction du recueil, Coe affirme que la nouvelle est loin d'être sa forme de prédilection, lui préférant la longueur et la complexité qu'offre le roman. Il n'empêche que ce recueil est une réussite, et offre un concentré de son écriture et de ses thèmes favoris : le mélange d'ordinaire et d'étrange dans la première nouvelle, les anti-héros un peu ratés, passant à côté de leur vie, dans les deux autres, et, toujours, un humour pince-sans-rire, mêlé à une tonalité mélancolique. Dans l'article sur Billy Wilder, particulièrement touchant, Coe adopte un mode plus autobiographique : derrière le prétexte de son obsession pour ce film, il évoque de façon assez émouvante un certain rapport à l'enfance, au passé, au temps qui passe. Ses différentes " rencontres " avec ce film et sa musique, scandées par l'évolution des technologies (du livre à la cassette vidéo et au DVD, du 33 tours au CD...) dessinent une sorte de portrait de l'artiste des années 1970 à nos jours. Les quatre textes, sous des dehors assez différents, sont ainsi unis par des thèmes ou des motifs récurrents, en particulier le rapport à la musique, véhicule de souvenirs et d'émotions. Ce recueil démontre s'il le fallait l'évidence du talent de Jonathan Coe, qui atteint en très peu de pages une densité et une émotion exceptionnelles.

03/2012

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Littérature étrangère

Pérégrination vers l'Ouest | Journey to the West | Xi you ji (version chinoise)

La Pérégrination vers l'Ouest (chinois simplifié : ??? ; chinois traditionnel : ??? ; pinyin : Xi Yóu Jì ; Wade : Hsi Yu Chi ; EFEO : Si Yeou Ki) est un roman de Wu Cheng En. Il est aussi connu en français sous d'autres titres : "Le Voyage en Occident" 1, "Le Singe pèlerin" 2, "Le Roi-Singe" 3, "Pérégrinations vers l'Ouest" 4, et "Monkey King" , "Monkey Goes West" , ou bien encore "Journey to the West" dans les pays anglophones. Il retrace l'expédition du moine bouddhiste Xuán Zàng (? ? )5, également appelé Táng San Zàng (? ?? ), "Tripitaka de l'Empire des Tang" , Táng San Zàng étant un titre honorifique pour les moines ayant la maîtrise de l'ensemble du canon bouddhiste, lui-même appelé en sanskrit, Tripi ? aka, les "Trois Corbeilles" . Xuán Zàng se rendit de Chine en Inde pour en rapporter les textes authentiques du courant de la "Conscience seule" (yogacara), afin de les traduire en chinois. Alors que le roman date du XVIe siècle environ, le réel voyage du personnage historique daterait en fait du VIIe siècle (602-664), décrit par son disciple dans le Dà Táng Xi Yù Jì (? ??? ? ), le "Rapport du voyage en Occident à l'époque des Grands Tang" en 646 de l'ère chrétienne. Dans ce roman fantastique, le moine rencontre toute une série de monstres prêts à le dévorer pour obtenir l'immortalité car sa chair pure donnerait dit-on 10 000 années de vie à qui la mangerait. Il est aidé par des Shén (? ) "Divinités" , des Xian (? ) "Immortels" , des Pú Sà (? ? ) (Bodhisattva) en sanskrit et des Fó (? ) (Buddha) qui tiennent à protéger son voyage périlleux. Shì Jia Móu Ní (? ??? ) (Sakyamuni), le Bouddha historique, lui envoie la Bodhisattva, Guan Yin (? ? ), la Grande Miséricordieuse, qui lui adjoint pour sa part quatre protecteurs : un singe immortel, sorte de Hanumân indien, jadis auto-proclamé Qí Tian Dà Shèng (? ??? ), "Grand Saint Egal du Ciel" , plus connu sous le nom de Sun Wù Kong (? ?? ), dont le prénom signifie "Conscient de la Vacuité" , un dragon, Lóngwáng Sanjun (? ??? ) "Troisième Fils du Roi-Dragon" , transformé en Bái Lóng Ma (? ?? ), le "Cheval-Dragon Blanc" , qui sert de monture au bonze, un cochon ou sanglier, Zhu Ba Jiè (? ?? ), "Huit Défenses (Interdits Religieux)" ou Wù Néng (? ? ) "Conscient de ses Capacités" qui ne pense qu'à manger et à fonder une famille et enfin un bonze des sables, Sha Hé Shàng (? ?? ) "Moine des Sables" , aussi prénommé Wù Jìng (? ? ) "Conscient de la Pureté" qui ne pense lui qu'à devenir meilleur. Ces quatre personnages fantastiques ont pour mission de protéger le moine San Zàng ; il s'agit pour Sun Wù Kong de s'assagir et de réaliser son potentiel, et pour les deux autres d'effacer les conséquences de leurs erreurs passées qui les ont transformés en Yao Guài (? ? ) "Démons" . Cette mission leur permettra de racheter leurs fautes passées, d'être pardonnés par le Ciel et de devenir à leur tour des Bouddhas ou des Saints du bouddhisme. Ce roman fait partie des quatre livres extraordinaires. On peut entrevoir au travers du récit l'époque Míng (? ? ) dont le système politique et administratif est reproduit dans l'entourage des démons et dans leurs relations, ainsi que le syncrétisme idéologique et religieux, mélange de bouddhisme, taoïsme, et confucianisme. A l'instar des autres romans chinois classiques, le récit accorde une large part aux usages ainsi qu'aux combats militaires. Il met au jour les mécanismes du pouvoir, notamment la façon dont sont distribuées les charges mandarinales aux puissants, afin de s'assurer de leur loyauté et non de sanctionner une compétence particulière. A ce double titre, le ton parfois humoristique fait qu'elle a pu être interprétée comme une satire de la société de l'époque.

07/2012

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Sports

Coups de poing et points à la ligne

Ce livre aurait pu s'intituler la boxe dans la ville. Il est une chronique de la vie perpignanaise dans ses rapports avec le noble art de 1885, date à laquelle la boxe anglaise fait son apparition, à la fin du XXe où elle peut fêter plus d'un siècle d'existence. Cet ouvrage est tout à la fois une histoire des boxeurs, des clubs et des prévôts, des dirigeants mais aussi des quartiers, des rues, des cafés... car cette vie sportive s'est inscrite dans des lieux familiers encore visibles qui ne sont plus que hantés par les gants de cuir rouge, les coups de gong et des hommes sur des rings parfois improvisés. L'ancien Alcazar, devenu cinéma Familia et son parc ont disparu, mais l'ancien hôpital militaire avec ce qui fut le siège du Foyer Léo-Lagrange est toujours là, gardien des souvenirs, des sons, des odeurs... aujourd'hui encore en longeant ses hauts murs on voit passer les ombres des cogneurs, des stylistes, des encaisseurs tragiques de coups fabuleux, des k.o. techniques. Dans une soirée, le drame pouvait côtoyer la comédie et le tragique avoir sa part de ridicule devant un public le plus souvent féroce. Le Casal Catala et le Théâtre de Verdure aux Platanes, le Nouveau Théâtre, le Vélodrome ont aussi rejoint le Paradis des constructions festives perdues mais le Centro Espagnol est encore là même si depuis bien longtemps, il n'accueille plus les puncheurs venus de Barcelone et il n'y a plus de combat au Théâtre Municipal.... Il reste les bars, les cafés et il existe le Palais des Congrès. Ce livre fait revivre dans le contexte urbain des figures tutélaires presque mythiques du sport roussillonnais, de la boxe catalane, les héros oubliés : ils sont tous dans ce livre... petits ou grands, amateurs ou professionels... Admirable carrière de Biosca, des salles parisiennes à celles de Madrid, Barcelone, Milan, Alger... Nos boxeurs voyageaient et l'Indépendant donnait parfois de leurs nouvelles. Ils sont tous ou presque dans ce livre avec leurs clubs, leurs dirigeants emblématiques et souvent pittoresques, toujours passionnés : " Napoleon Orliac ", Gaetano, on ne peut les citer... Les petits clubs, les groupements éphémères, ont eux aussi droit au chapitre au même titre que les grands, les omni-sports : l'U.S.A.P. et le Foyer Léo-Lagrange qui eurent encore, vers les années 1960 de formidables équipes de boxeurs. Cette chronique n'oublie pas combien la boxe et le rugby furent proches. Les villes et villages du département, où il y eut des clubs (Rivesaltes, Port-Vendres, Ille sur Têt, Bages...) qui défendaient les couleurs de leur coin de Roussillon. Les jours heureux et les jours noirs, dans la ville qui bouge avant guerre, après guerre qui s'agrandit... L'histoire de la boxe se mélange avec une chronique des grands jours de joies, de fêtes. Chronique contemporaine de ceux qui montent sur un ring pour échanger des coups avec un inconnu et n'ont que quelques minutes pour montrer leur courage et souvent leur limites tant physiques que morales, ceux qui le lendemain reprenaient leur travail à l'usine, aux abattoirs, au nettoiement des rues, aux écuries du faubourg, à la gare, employés, ouvriers, ceux qui après défaite ou victoire, reprenaient l'entraînement amenaient femmes et enfants le dimanche, voir Lord Jim au cinéma ; leurs pères étaient allés voir le cirque Pinder où Carpentier rejouait avec application son match contre Dempsey... ceux là aussi méritaient quelques pages. Perpignan a ses " rugby ", son Castillet, la Sardane, et, grâce à Dalí, le centre du monde.... avec ce livre les Perpignanais n'oublieront pas que des coups de gong ont accompagné son histoire.

04/2012

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Philosophie

Descartes et l'ordre politique. Critique cartésienne des fondements de la politique

À l’effondrement des régimes communistes a succédé le pullulement des nationalismes ethniques et religieux. Des uns aux autres les discours et les symboles ont changé, mais pas l’idée que les hommes, c’est-à-dire des individus, sont d’abord les membres d’un tout (État, parti, nation, ethnie, peuple, communauté religieuse). À ce défi idéologique, il n’est qu’une seule réponse à opposer : un individu n’appartient à personne. Les déterminations qu’il reçoit de l’extérieur (sa race, sa nation, sa religion), pour importantes qu’elles soient, ne tracent pas un cadre dans lequel il doit nécessairement s’inscrire. À tous revient la liberté primordiale de s’inclure dans une communauté ou dans un tout, ou de s’en séparer. C’est le grand enseignement de la critique de l’ordre politique à laquelle se livra Descartes. Critique en apparence paradoxale : si Descartes n’a écrit aucun traité de politique, c’est dans les textes touchant à la morale que se trouvent les deux principaux points d’appui pour résister au politique. C’est d’abord la critique des faux dévots, bigots et superstitieux, qui « sous ombre qu’ils vont souvent à l’église, qu’ils récitent forces prières, qu’ils portent les cheveux courts, qu’ils jeûnent, qu’ils donnent l’aumône, pensent être entièrement parfaits, et s’imaginent qu’ils sont si grands amis de Dieu qu’ils ne sauraient rien faire qui lui déplaise, et que tout ce que leur dicte leur passion est un bon zèle, bien qu’elle leur dicte quelquefois les plus grands crimes qui puissent être commis par des hommes, comme de trahir des villes, de tuer des princes, d’exterminer des peuples entiers, pour cela seul qu’ils ne suivent pas leurs opinions ». De ces lignes, plus actuelles que jamais, qui font du mélange de la politique et de la religion l’essence de la terreur, il résulte que toute conception du monde qui repose sur, ou qui implique une division entre deux catégories d’hommes (fidèles/infidèles ; amis/ennemis ; citoyens/étrangers) est génératrice de violence et de guerre. Les crimes les plus odieux et les plus fréquents dans l’histoire sont inspirés, commandés, justifiés par la politique. C’est ensuite l’idée qu’un individu peut, quelquefois, valoir plus que le collectif et que c’est à lui de le déterminer : « Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion, car on aurait tort de s’exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n’aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver ». Ces deux points sur lesquels on peut édifier une politique cartésienne ne sont pas séparables : la politique, trop liée à la contingence, aux individus, aux époques, ne peut être une science et aucune de ses propositions ne peut être appliquée invariablement — la sagesse et la raison consistant à savoir juger selon les cas. C’est le jugement de chacun et non la règle, la consigne, le commandement, qui remplit l’office de la raison dans le domaine des choses humaines, des actions et des événements. Cette restitution de la pensée cartésienne, confrontée à celles de Pascal, de Hobbes, de Spinoza ou de Rousseau, ne vise pas à construire une théorie politique là où il n’y en a pas, mais à dégager la sortie de la logique qui fait de l’individu un simple élément du corps politique. Cela pourrait s’appeler l’actualité de Descartes.

09/2012

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Histoire de l'art

Iris. Time unlimited (1962-1975)

Iris Clert : peu de noms de galeristes aimantent autant que celui-ci. Pour des générations d'amateurs d'art, elle demeure l'icône flamboyante de l'effervescence artistique parisienne de l'après-guerre. Active du milieu des années 1950 au début des années 1980, elle accueille dans ses galeries successives, Rive gauche puis Rive droite, des expositions mythiques tels Le Vide d'Yves Klein en 1958 et Le Plein d'Arman en 1960, ainsi que certains des artistes les plus importants du XXe siècle comme Pol Bury, Gaston Chaissac, Bill Copley, Lucio Fontana, Leon Golub, Raymond Hains, Ad Reinhardt, Takis et Jean Tinguely. Si cette liste d'artistes, non exhaustive, lui confère évidemment une place de choix dans l'histoire de l'art contemporain, Iris Clert fut aussi - et c'est l'un de ses grands apports - l'inventrice de formats d'exposition et de communication inédits, comme en témoigne sa revue iris. time unlimited. Conçu pour renouveler sa manière de communiquer alors qu'elle emménage Rive droite au début des années 1960, Iris Clert publie pendant treize ans un feuillet de quatre pages, régi par une double ligne rédactionnelle : d'un côté, annoncer et promouvoir les expositions de la galerie et, plus généralement, informer sur le monde de l'art contemporain et son actualité ; de l'autre, proposer un espace de création propice à des interventions comiques, absurdes et polémiques. Le premier numéro paraît le 6 octobre 1962, le dernier numéro en avril 1975. La longévité de la revue est à noter dans un milieu où les expériences de ce type sont généralement éphémères. Chaque numéro présente des caractéristiques communes, tant au niveau du contenu que de la maquette. Reprenant le principe des unes de France-Soir, celles d'iris. time unlimited présentent le titre du journal encadré par deux oreilles, le portrait de la galeriste à gauche et celui de l'artiste de l'exposition annoncée à droite, une tribune ou gros titre et une photographie d'oeuvre en grand format, sous un bandeau d'informations légales. Le tirage oscille entre 4 000 et 6 000 exemplaires tandis que la liste des abonnés contient près de 450 noms. La fréquence de parution est variable, tributaire du rythme des expositions et des séjours d'Iris Clert à l'étranger. La publication accueille des collaborateurs plus ou moins réguliers, des rubriques plus ou moins récurrentes. Parmi celles-ci, des chroniques sur la vie artistique parisienne, des revues de presse, des jeux, des publicités, des présentations de critiques, le " Point de vue d'Iris ", des billets d'humeur, les " Ragots de la galerie ", des petites annonces loufoques et, bien sûr, un horoscope réalisé par la voyante d'Iris Clert. " Mon petit journal, commencé à la blague, deviendra une oeuvre d'art en soi. C'est une symbiose de mystification et de démystification où l'humour a tous ses droits ", résume Iris Clert dans ses mémoires. Bien plus qu'une curiosité de bibliophiles, iris. time unlimited demeure aujourd'hui une référence pour de nombreux éditeurs et galeristes. Collectionné par les bibliothèques universitaires américaines et européennes spécialisées en histoire de l'art et les centres de documentation des musées du monde entier, iris. time unlimited incarne le style qu'Iris Clert a imprimé dans le monde de l'art, mélange de sociabilité, d'humour, d'excentricité et de créativité. Grâce à cette nouvelle impression en fac-similé, au papier et format identiques à l'original, cet ovni éditorial est désormais à la portée de tous. La reproduction complète des 46 numéros est accompagnée d'un livret contenant un texte du critique et historien d'art Clément Dirié, auteur de l'ouvrage remarqué Iris Clert. L'Astre ambigu de l'avant-garde (2021), de photographies ainsi que des biographies des contributeurs et d'un index des abonnés. Sa publication célèbre au jour près le soixantième anniversaire de la parution du premier numéro d'iris. time unlimited.

02/2023

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Histoire, Géographie

Histoire-Géographie 2de. Edition 2024

Vous retrouverez dans votre manuel d'Histoire-Géographie 2de : - Un manuel d'histoire-géographie conçu comme un manuel unique pour fournir aux élèves un outil simple et cohérent et pour aider les enseignants à mettre en oeuvre tout le programme de 2de. - En histoire, des études traitées sous différents angles (Regard de l'historien, Parcours croisés, Actrices de l'histoire). - En géographie, toutes les études de cas du programme et des pages "Acteurs et enjeux" et "Labo de Géo" pour travailler autrement et aller plus loin. - Des pages "Grand Angle" : des cartes, des frises, des infographies pour entrer dans les chapitres en Histoire ou pour changer d'échelle en Géographie. - Des supports de révisions variés (synthèse rédigée, activités en groupe, podcasts, exercices interactifs) adaptés à tous les profils d'élèves. - Des exercices guidés préparant progressivement aux exercices du bac, de la voie générale et de la voie technologique. - Un livret de méthodes et d'outils.

04/2024

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Décoration

Kaléidoscope. Claudio Colucci

Diplômé en design graphique de l'école des arts décoratifs de Genève (aujourd'hui HEADI et en design industriel de l'ENSCI-Les Ateliers à Paris, Claudio Colucci travaille avec Pascal Mourgue et Philippe Starck avant de fonder en 1992 les Radi Designers avec Florence Doléac, Laurent Massaloux, Olivier Sidet et Robert Stadler. Un père italien, une mère autrichienne, une enfance tessinoise. Influencé par ce mélange de cultures, Colucci invente une autre idée du monde. Tokyo, Paris, Genève puis Pékin et Shanghai viennent sous-titrer son nom, telle une enseigne de luxe. " Ma première source d'inspiration c'est le voyage... ces allers-retours qui modifient ma vision des choses. " Lorsqu'il arrive au Japon en 1996, ses créations à la fois ludiques et simples, parfois radicales, ainsi que sa compréhension des traditions produisent un impact fort et intrigant qui séduit ses contemporains japonais. La rencontre avec Teruo Kurosaki, qui lui demande de créer sa première collection pour Idée, marque un tournant dans sa carrière. En 2011, il ouvre une agence à Shanghai où, dans une ébullition extravagante, les projets se succèdent : une chambre nuptiale sur une île, le design d'un yacht de 75 pieds d'un luxe exceptionnel... et même un restaurant japonais ! Les objets sensuels et humoristiques qu'il dessine dans son carnet de croquis qui ne le quitte jamais nous projettent dans un univers coloré de formes souples, de poésie et de rêve. Scrutant les histoires que cachent les objets, généreux en pirouettes et paradoxes, il trouve le ferment de sa créativité dans l'art du conte. " J'aime la fabulation, raconter des histoires, inventer... vraies ou fausses... plutôt fausses avec un départ un peu vrai... Brouiller les pistes, jouer ! " Parmi ses innombrables créations, on peut citer le sofa JolyCceur, qui illustre la vision de Claudia Colucci de l'esprit kawaii tant par sa couleur que par sa forme ; sa première lampe en Corian, Squeeze Lamp; Mutant Chair, hommage à Thonet ; la Carafe un verre pour Sentou ; les collections Squeeze pour Christofle ; le Delicabar avec le pâtissier Sébatien Gaudard au Bon Marché à Paris ; le café Moph à Tokyo ; les restaurants Roll Madu et l'aménagement des boutiques Paul & Joe, Agnès B. et Cabane de Zucca, l'institut français de Tokyo, les stands Renault et Pirelli, toutes ces réalisations montrent l'étendue de son talent. Pour Hermès, il invente à chaque saison l'ensemble des vitrines au Japon, qui sont comme " des fenêtres d'art, peut-être même comme l'origine de l'installation artistique ". Entre les citations de Claudio Colucci qui ponctuent les pages du livre publié sous la direction de Sarah Carrière-Chardon, ses compagnons de route dressent le portrait d'un magicien, d'un personnage chaleureux, avide de plaisirs, de rencontres, d'une exceptionnelle curiosité et générosité, qui apporte au design un souffle de gaieté. Ces personnalités marquantes ont toutes pris part à son histoire, ce kaléidoscope où les idées se forment, se déforment et se répondent : les designers Tom Dixon, Christian Ghion, les Tsé & Tsé, le chef pâtissier Sébastien Gaudard, les architectes Astrid Klein et Mark Dytham, le styliste Paul Smith et la douce geisha Kagurazaka Chika ou Michel Temman, ex-correspondant de Libération au Japon, qui comme Claudio s'installe en Chine ; depuis Paris, l'agent Dominique Serrell, avec qui les galeristes Pierre Romanet et Pierre Staudenmeyer ont, les premiers, exposé et édité ses créations ; ses sempaï (" parrains "I nippons : l'incontournable Teruo Kurosaki, le producteur Takaya Iwasaki et le directeur général chargé de la communication d'Hermès Japon, Kozo Fujimoto, qui lui ont ouvert les portes du Levant ; enfin, Kanae Hasegawa, journaliste, Ryu Niimi, professeur à la Musashino Art University, Marie-Laure Jousset, conservateur au Centre Pompidou, Gérard Laizé, directeur du VIA, ou Christine Colin, du ministère de la Culture, ont participé à la reconnaissance de son oeuvre. Riche de plus de 340 illustrations en couleurs, l'ouvrage Claudio Colucci kaléidoscope présente objets, mobilier, installations, aménagements et projets qui mettent en lumière l'inventivité foisonnante de ce designer de renommée internationale nourri de culture européenne et asiatique, puisant son inspiration dans un quotidien qu'il imagine fantastique.

09/2012

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Essais biographiques

Georgia O'Keeffe, une icône américaine

Avant propos : Cet ouvrage est né de la curiosité et de l'admiration pour une artiste découverte sur ses terres natales, dans le Middle West américain, et d'un constat : une lacune bibliographique en français. Doit-on l'imputer à l'absence durable et flagrante de l'artiste sur les cimaises des musées français, alors qu'elle est une icône outre-Atlantique, au même degré que Frida Kahlo et présente dans de nombreux foyers américains sous forme de reproductions ? Ce livre n'a pas l'ambition de combler un vide bibliographique, mais celle d'éveiller la curiosité d'un public français à l'égard d'une oeuvre et d'une vie exceptionnelles. O'Keeffe pourrait être l'héroïne d'un roman d'aventures ou d'un western. Elle est celle de notre livre. Sa liberté est à tout crin. Son sens de l'aventure, doublé d'une ambition intacte et d'une intelligence de la situation (et d'un soupçon d'opportunisme ? ) en font une réussite américaine exemplaire mais non conformiste. La vie de Georgia, la plus américaine des Américaines est un drôle de mélange entre modernité d'un langage visuel et d'un mode de vie, et retour à une Amérique primordiale. Pour celle qui, avant Warhol, fut l'une des premières à comprendre le rôle de l'image dans la promotion d'une oeuvre, l'art et la vie sont indissociables. En résulte une légende dorée et une oeuvre unique qui a traversé le siècle sans se démoder ni se dévaloriser, littéralement. En témoignent les prix qui ne cessent d'augmenter. Celle qui se qualifiait de " diablement indépendante " et que l'on associe trop systématiquement à une peintre de fleurs, a trouvé sa voie dans l'Amérique, dont sa peinture fut aussi la voix. Nous voulions que cette voix résonne en français, en donnant un aperçu de cette vie longue d'un siècle passée entre le plus moderne des hôtels new-yorkais et les canyons de l'Ouest, entre la ferme familiale du Wisconsin et un ranch aux confins du désert, entre la solitude de l'atelier immaculé et les cimaises des plus grands musées américains. Ce fut une vie à créer, patiemment et impatiemment, inépuisablement au gré des mouvements géographiques, avec une exigence infaillible et une curiosité sans cesse renouvelée. Plus qu'aucun de ses collègues masculins, affranchie des étiquettes régionaliste ou moderniste, elle a donné avec sa peinture une identité plastique à ce Nouveau Monde, à travers sa flore, sa géologie, son histoire. Elle est l'un des phares de l'histoire de l'art du XXe siècle. O'Keeffe défie toutes les conventions, morales et esthétiques, sillonne le continent, se choisit soigneusement son entourage et ne vit que pour sa peinture. L'atelier, où de très rares proches sont conviés, est son ultime havre. Avec une discipline de fer, elle s'est tenue fidèlement à l'image qu'elle a, à l'aide des plus grands photographes de son temps, forgée d'elle. Elle n'a laissé au hasard aucune de ses expositions ni le destin d'aucune de ses oeuvres. Figure austère et sophistiquée, fantasque et résiliente à l'image de cette terre américaine dont elle est l'émanation pour ne pas dire la quintessence, elle est devenue une icône, figure admirée au-delà du monde de l'art, par celui de la mode par exemple et par les féministes qui tissent avec elle une généalogie. Déroutant parfois les critiques, cette oeuvre protéiforme, qui court des fleurs monumentales en gros plan aux vues verticales de New York, des levers de soleil sur la plaine texane à l'aquarelle aux ossements tapissant le désert de l'Ouest, du ciel le plus éclatant à une rivière réduite à une virgule balayant un paysage de neige, est d'une poésie inouïe, moins grandiloquente toutefois que celle d'un Walt Whitman ou d'un Terrence Malick qui s'inscrivent dans la même lignée. Nous ne saurions qu'inviter notre lecteur à regarder ses oeuvres, sur les cimaises d'un musée ou reproduites sur les pages d'un livre, car comme le disait notre héroïne, " The meaning of a word - to me - is not as exact as the meaning of a color. Colors and shapes make a more definite statement than words " . Qu'on se le tienne humblement pour dit...

09/2021

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Santé, diététique, beauté

Le nouveau guide des additifs

Voici le premier guide sur les additifs basé sur la science, pas les rumeurs alarmistes. Vous saurez en quelques secondes si un aliment peut être acheté sans inquiétude. Vous découvrirez ce que cachent réellement les codes ou les noms compliqués qui figurent sur les emballages : des additifs sans risque comme le E 330 ou le E 920, ou plus problématiques comme le E 250 ou le E 621. Comment les auteurs ont procédé Pour classer les 338 additifs autorisés, Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie, nutritionniste, et les journalistes scientifiques de LaNutrition.fr ont examiné plus de 200 études scientifiques et toxicologiques et défini 4 catégories : ? rouge : additif qu'il vaut mieux éviter ? orange : à éviter dans des circonstances précises ? gris : additif douteux ? vert : additif qui ne pose pas de problèmes Avec, pour chaque additif : les aliments dans lesquels on le trouve, la dose à ne pas dépasser et s'il vaut mieux l'éviter chez l'enfant ou en cas d'allergie, diabète, maladie rénale, prédisposition au cancer, risque cardio-vasculaire... Et les références des études consultées. Les enseignements du livre 1 additif sur 4 pose problème : ce guide signale donc 90 additifs qu'il vaut mieux éviter de consommer régulièrement ou à dose élevée, car ils pourraient entraîner des problèmes qui ont été identifiés dans des études expérimentales (in vitro, chez l'animal) ou chez l'homme, comme par exemple : des troubles du comportement ; des atteintes cellulaires ; une altération de la flore intestinale. Parmi les substances suspectes : Colorants : très présents dans les confiseries et les aliments pour enfants, plusieurs sont soupçonnés de favoriser l'hyperactivité et les troubles du comportement. Phosphates : ils ont envahi les rayons, des plats préparés aux fromages. Emulsifiants : ces substances qu'on trouve dans les plats préparés, le pain industriel, etc... perturbent la flore intestinale. Nitrites : ces conservateurs présents dans la plupart des charcuteries donnent naissance dans certaines conditions à des nitrosamines cancérogènes. Parmi les révélations de ce livre Les 7 colorants soupçonnés de favoriser l'hyperactivité Pourquoi les additifs au phosphate sont sur la sellette Comment les émulsifiants peuvent perturber la flore intestinale 7 édulcorants à éviter en cas de sucre sanguin élevé Les astuces des industriels pour faire accepter leurs produits L'exemple des produits minceurs : 0% de graisse, mais chargés d'additifs Prenez les yaourts et desserts allégés. En débarrassant le yaourt de ses matières grasses, il perd de son onctuosité. Pour leurrer nos papilles, les fabricants jonglent avec les épaississants et les gélifiants (yaourts 0 % aux fruits). Pour qu'il soit " sans sucre ajouté " tout en ayant un goût sucré, ils font appel à un mélange d'édulcorants. Résultat : des produits qui peuvent contenir jusqu'à 8 additifs ! Les additifs répondent aux besoins des industriels, pas des consommateurs La présence d'additifs dans un produit signale qu'il s'agit d'un aliment ultra transformé. " L'usage des additifs, explique le Pr Jean-François Narbonne dans sa préface, s'est généralisé après la Seconde Guerre mondiale de pair avec la transformation, toujours plus poussée, des aliments. " : Déconstruction, réassemblage entraînant une dégradation des textures et des saveurs, qu'il faut bien compenser ; Recherche de la plus longue conservation possible ; Recherche du coût minimum : les additifs permettent de réduire les quantités d'ingrédients naturels plus onéreux. " Ainsi tout un arsenal chimique appartenant à des familles chimiques diverses, a été mis à la disposition de l'industrie agroalimentaire, écrit le Pr Narbonne, qu'il s'agisse de colorants, de conservateurs, d'antioxydants, d'agents de texture, d'antiagglomérants, d'exhausteurs de goûts ou d'édulcorants. " Une collecte minutieuse des données L'équipe de journalistes scientifiques de LaNutrition.fr, déjà à l'origine du guide de référence Le Bon Choix au supermarché, a réuni pendant plusieurs mois les données scientifiques et toxicologiques sur les additifs, sous la direction d'Anne-Laure Denans, docteur en pharmacie, spécialiste de nutrition. Un travail de synthèse et de vulgarisation sans précédent. Toutes les études consultées (près de 200) sont référencées. Ce guide se distingue donc des autres ouvrages sur le marché, anciens, souvent basés sur des anecdotes invérifiables, des expériences "personnelles", des données douteuses et des rumeurs alarmistes. Le Nouveau guide des additifs est préfacé par le Professeur Jean-François Narbonne, toxicologue, ancien expert auprès de l'ANSES.

03/2017

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Perrault

Le chat botté

Il était une fois un meunier qui avait trois fi ls. A sa mort, il laissa son moulin à l'aîné, son âne au cadet et son chat au benjamin. Ce dernier, prenant son mistigri sous le bras, se désola : " Quel malheur ! Une fois que j'aurai mangé ce maigre matou, il ne me restera que mes yeux pour pleurer. " Le chat, malin, lui proposa alors de l'aider...

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Disques enfants

Le chat botté. Avec 1 CD audio

Raconté par Thierry Hancisse

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Histoires à écouter

La Belle au bois dormant

Il était une fois un roi et une reine qui rêvaient d'avoir un enfant. Lorsque la reine mit au monde une fille, une grande fête fut organisée en son honneur. Mais une méchante fée lui jeta un mauvais sort et lui prédit qu'elle mourrait en se piquant le doigt sur un rouet. Heureusement, une bonne fée changea le sortilège : "La jeune princesse ne mourra pas mais s'endormira pour cent ans". Un conte intemporel "La Belle au bois dormant" est une histoire indémodable, connue de tous les parents. Une collection avec une fabrication solide qui résistera aux manipulations de l'enfant, avec un papier indéchirable. Une collection à petit prix Des histoires d'hier et d'aujourd'hui à petit prix. Une collection à lire et à relire pour une première découverte des contes classiques.

11/2023

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Sociologie

California dreaming. Portraits à la frontière du rêve américain

La société américaine est plus que jamais en mutation. Au début étaient les White Anglo-Saxons Protestants, sur la côte Nord-Est. Puis les vagues d’immigration se sont succédées, toujours plus diverses : l’Europe du Sud, l’Europe de l’Est, le Proche et le Moyen-Orient et maintenant, en masse, l’Asie et l’Amérique latine. Dans moins d’une génération, la majorité blanche sera passée... dans la minorité. Plus de 50% des Américains seront alors issus de minorités : Latinos, Noirs, Asiatiques, etc. Ils seront nés Américains, car sur le sol des Etats-Unis. Mais leurs parents sont ceux qui, aujourd’hui même, s’installent. Malgré Guantanamo Bay, le « Terrorism Act » ou encore ses lois liberticides en matière d’immigration, ce pays s’appelle toujours, et probablement plus que jamais depuis l’élection d’un Président dont le père était kenyan, « The Land of Freedom ». Dans la Déclaration d’indépendance américaine de 1776, la « poursuite du bonheur » figure parmi les droits inaliénables de l’Homme, à côté de la liberté et de l’égalité. Ainsi est né l’American dream, l’idée selon laquelle « n’importe quelle personne vivant aux Etats-Unis, par son travail, son courage et sa détermination, peut devenir prospère ». Ce concept a été, et demeure encore, l’un des principaux moteurs du courant migratoire vers les Etats-Unis, le plus important phénomène d’immigration de l’histoire contemporaine. Le rêve américain, c’est donc la possibilité pour toute personne, quelle que soit la couleur de sa peau, sa classe sociale, ses origines ou son éducation, de « réussir ». Le rêve californien... c’est le bout du rêve américain. « Des Etats d’Amérique, la Californie est, peut-être, le plus ‘américain’ de tous », explique l’historien Kevin Strarr dans son dernier livre, California. Au-delà de ses richesses naturelles, de ses grandes villes ou de son industrie (qui en fait la huitième puissance économique mondiale), la Californie est surtout l’Etat le plus multiculturel du pays. « L’ADN de l’État, c’est sa diversité ethnique », résume Starr. Plus de 90 langues sont recensées par la Los Angeles Unified School District. La Californie, cependant, a été forgée sur la discrimination raciale : racisme envers les Mexicains, envers les Japonais, envers les Noirs (l’exemple de Rodney King, dont le tabassage par des policiers est à l’origine des émeutes de 1992, en est symptomatique). Et il faut attendre les années 1960 pour que les choses s’améliorent. « L’affirmative action » ou discrimination positive, sera abandonnée par la suite, par référendum, dans les années 1990. Mais elle aura porté ses fruits. Aujourd’hui, la Californie s’enorgueillit d’être l’Etat le moins discriminatif, le moins inégalitaire et le plus multiculturel du pays. Malgré le 11 septembre, le Patriotic Act et les mesures répressives entreprises chez ses voisins, notamment le Texas, l’Etat du gouverneur autrichien Schwarzenegger continue de croire en son utopie de terre bénie, à l’image de ses deux grandes villes, Los Angeles, la cité des anges et San Francisco, la ville de la contestation et de la matière grise. Invaincu, donc, malgré huit ans d’administration Bush, ce rêve californien, mélange d’utopie hippie, d’Hollywood et d’horizon sans limites, est aujourd’hui inévitablement menacé par la crise économique. L’Etat vit sa plus grave crise depuis la Grande Dépression. Des dizaines de milliers de Californiens ont perdu leur maison ou leur emploi. Parfois les deux. L’Etat est, officiellement, reconnu comme celui qui souffre le plus de la récession de tout le pays. La classe moyenne inférieure lutte et tombe dans la précarité, pour ne pas dire, parfois, la pauvreté. Les immigrés sont en première ligne. Et les mailles du filet de l’Etat Providence sont trop larges. Le retour au pays est parfois la seule solution. Plus de 50 000 immigrés, en 2008, sont ainsi repartis de la Californie vers le Mexique. Et à la frontière, le rêve vire souvent au cauchemar, les narcotrafiquants mexicains, renfloués par la crise, déplaçant leur guerre sur le territoire californien. Et pourtant, aujourd’hui, peut-être plus que jamais, les Etats-Unis redécouvrent ce rêve qui fait leur fierté autant que leur identité : ils viennent d’élire leur premier président issu d’une minorité, dans un élan d’espoir et de soif de changement rarement vu depuis les frères Kennedy, John en 1960 et peut-être plus encore Bobby en 1968. L’effet miroir fonctionne-t-il ? Les Africains Américains, les Latinos, ont largement voté pour Barack Obama : à plus de 75%... mais aussi une majorité de Blancs. Ce rêve, le nouveau Président Obama l’invoque souvent. « Si nous n’agissons pas vite pour remédier à la crise, le rêve américain risque d’être menacé », martèle-t-il sans relâche. Il y croit, à ce rêve : il l’a ressuscité chez ses compatriotes, lui le fils d’immigré kenyan, qui rappelle au pays ce qu’est sa raison d’être : l’American dream. Au jour le jour, comment devient-on Américain ? Y a-t-il des critères à remplir ? Des codes à s’approprier ? Qu’abandonne-t-on de sa culture d’origine, de ses traditions ? Que conserve-t-on ? Comment aborde-t-on le monde du travail ? Finalement, c’est quoi être américain ?

04/2011

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Histoires à écouter

Pierre et le loup. Avec 1 CD audio

(Re)découvrez le célèbre conte musical de Serge Prokofiev. Laissez-vous bercer par le timbre mythique de Dominique A, emporter par la musique interprétée par l'Orchestre National des Pays de la Loire et envoûter par les illustrations de Lili la Baleine. Une histoire intergénérationnelle à savourer seul. e ou en famille !

11/2021